Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 01067Fiche technique9351 caractères9351
Temps de lecture estimé : 6 mn
25/09/00
corrigé 12/07/07
Résumé:  Le légionnaire Raymondo Aranjuez est furieux de recevoir une enveloppe rose. Il décide d'attendre un peu pour l'ouvrir.
Critères:  fh uniforme neuneu campagne zoo nonéro conte humour -humour
Auteur : Ursulin Neveway  (T'auras du boudin ! T'auras du boudin !)
Un moment dans la vie de Raymondo Aranjuez


Raymondo eut une montée d’adrénaline lorsque le vaguemestre lui tendit l’enveloppe. Une enveloppe rose ! Il détestait cette couleur ! Lorsqu’il croisait un homme avec une chemise rose dans la rue, il ne pouvait s’empêcher d’emplir son cœur de haine. Pour lui, le rose était la couleur des pédés. Un point c’est tout. Il n’y avait pas à discuter. Quand ses amis viendront au pouvoir, ils interdiront les chemises roses et les pédés ! Et là, il fallait qu’on lui écrive en rose. Il hésita à ouvrir. Il allait partir en permission. Cette lettre encore cachetée lui gâchait déjà son plaisir, alors une fois ouverte… Il palpa l’objet. Son contenu était cartonné.


« Un faire-part », se dit-il.


Sans doute était-il invité à un mariage ou à un baptême. Il aimait se rendre à ce genre de cérémonie. Il y allait toujours dans son beau costume de légionnaire, bien impeccable, il pouvait discuter avec un tas de gens, ce n’était pas si courant. Il décida de s’informer du contenu de la lettre un peu plus tard, quand il serait en ville, au bistrot.


Ça y est, le garçon lui avait apporté son demi, il allait pouvoir savoir. Il sortit l’enveloppe de sa poche. Bon Dieu ! Ce rose ! Il réalisa qu’on pouvait le voir en train de lire un truc rose, il se dissimula tant qu’il put, et il ouvrit la missive. Un prénom : Mélusine. Un prénom ridicule ! C’était un faire-part de naissance : avec ahurissement, il découvrit qu’il s’agissait de sa propre sœur ! La salope, même pas mariée, elle s’était fait faire un gosse par ce salaud de Patrick ! De rage, il déchira le carton. Quand ses amis viendront au pouvoir, ils interdiront les enfants adultères ! Il réalisa soudain qu’il avait une nièce. Il était tonton ! Un tonton légionnaire, ça ne faisait pas sérieux ! Puis il lui vint une pensée ridicule :


« Il vaut mieux être tonton que tata ! »


Il faudrait qu’il replace cette bêtise. Mais en attendant, il fallait qu’il se calme ! Une bonne bagarre ? Pourquoi pas ? Mais il était en début de permission et il avait peur de salir son bel uniforme ! Boire un coup ! Pour commencer ! Il allait leur montrer de quoi il était capable, il était un homme, lui ! Pas une lavette ! Il quitta la table, se dirigea vers le bar ! Son sergent-instructeur lui avait dit :



Ce sergent était son modèle. Il avait toujours la bonne opinion sur tout ! Il conseillait bien, renseignait bien et savait donner des ordres. Raymondo était fier d’être sous son commandement. Son précédent record était de 14, il quitta sa table s’approcha du comptoir et commanda :



Raymondo empoigna la chemise du serveur et commença à le secouer.



Il relâcha le garçon qui recula, se mettant hors d’atteinte du légionnaire.



Déjà, le garçon s’emparait du téléphone. Raymondo sortit, il avait un autre moyen de se calmer, un moyen beaucoup plus agréable que de se bagarrer pour rien ! Il prit l’avenue l’emmenant à la sortie de la ville. Bientôt les maisons s’espacèrent, puis disparurent presque complètement. Il tourna à droite, il connaissait bien le chemin, il fallait maintenant monter un sentier assez cahoteux, et on arrivait sur une sorte de plateau. Pourvu qu’elle soit là ! Elle était là ! Elle était seule ! Elle ne faisait pas attention à lui ! Il l’appela :



Fuguette ne répondit pas, tout occupée à brouter n’importe quelles mauvaises herbes. Raymondo franchit l’enclos, il savait qu’à cette heure personne ne le dérangerait, il s’approcha de la chèvre et la caressa. La bestiole devait être dans un mauvais jour. Elle qui répondait d’habitude à ses caresses par des bêlements approbateurs, jouait aujourd’hui les indifférentes. Néanmoins le contact avec l’animal fit bander Raymondo.



Il fallait croire que non !



Raymondo se positionna derrière l’animal, déceintura son pantalon, le baissa ainsi que son slip et s’agrippa aux cuisses de la chèvre afin de préparer son introduction. À ce moment-là, Fuguette avança de deux mètres. Raymondo se rapprocha de nouveau et fit un deuxième essai. Peine perdue, la chèvre avança de nouveau.



Il fit une troisième tentative qui se solda par le même scénario ! La bestiole ne tenait pas en place. Il se dit qu’il allait essayer une dernière fois, et que si ça ne marchait pas cette fois-ci, il faudrait qu’il trouve un truc pour l’immobiliser.


C’est à ce moment-là qu’il entendit l’hélicoptère. Il était tout près ! Il leva le nez, c’était un hélicoptère de l’armée française, il avait l’air en difficulté et cherchait à se poser. Raymondo, dépité, remonta son pantalon. L’engin se posa, et un militaire en descendit. Un militaire ! Non, "une" militaire !


« Une pétasse ! »


Qui avait eu un jour l’idée saugrenue d’autoriser les femmes dans l’armée ? Les pédés du ministère sans doute ? Quand ses amis viendront au pouvoir, ils interdiront les femmes dans l’armée et dans la police, et ils interdiront les pétasses !


br>

La fille se présenta en faisant le salut réglementaire :



« Truc en ski ? Encore une Rousskof ou une Polak ? Si ça se trouve c’est une espionne ? Elle ne peut pas s’appeler Dupont ou Martin, comme tout le monde ? » pensa Raymondo Aranjuez.



Il ne pouvait pas faire autrement, il fallait maintenir une pièce dans une certaine direction pendant qu’elle réglait une sorte de grosse vis. L’affaire dura une bonne demi-heure.



Raymondo dévisagea Marie-Ange, elle était magnifique, un visage régulier, les yeux bleus, une poitrine de rêve, il se surprit à bander. Il lui revint en mémoire les paroles de son sergent-instructeur :



N’empêche qu’elle l’excitait !



Et en disant cela, elle se passa sensuellement la langue sur les lèvres. Et reprit :



Et elle passa coquinement sa main sur sa chemise, à l’emplacement de sa poitrine. Le cerveau de Raymondo fonctionnait à 100 à l’heure et son sexe n’en pouvait plus, tellement l’érection était intense. Oserait-il lui demander ? L’occasion était trop belle ! Ne pas le faire et il le regretterait sans doute amèrement ! Il lui fallait vaincre sa timidité maladive envers les femmes !



Elle commençait à déboutonner sa chemise.



Il avait du mal à s’exprimer.



Alors Raymondo, retenant sa respiration, finit par lui dire :





Fin