n° 02404 | Fiche technique | 48931 caractères | 48931 8793 Temps de lecture estimé : 36 mn |
07/12/23 corrigé 07/12/23 |
Résumé: Ce jour là Chanette découvre sur son répondeur un message provenant d'une femme. Rendez-vous fut pris, mais que souhaitait donc cette mystérieuse créature ? | ||||
Critères: ff couleurs lunettes caférestau toilettes fsoumise fdomine contrainte cunnilingu donjon attache gifle fouetfesse | ||||
Auteur : Chanette (Chanette, le retour !) Envoi mini-message |
Avant de commencer, plusieurs choses, et déjà un grand merci à tous ceux et celles qui m’ont encouragée. Si la lecture de mes anciens récits n’est pas nécessaire pour lire celui-ci, il manquerait toutefois ma description, la voici :
Pas très grande, fine, le visage très ovale, des seins qui font à l’époque de ce récit du 95 D et qui s’ornent de deux petits piercings en forme de boucles d’or sur chaque téton. Je n’ai pas de piercings ailleurs, je n’ai pas de tatouage. Je suis légèrement mate de peau et je bronze très vite, mes cheveux sont châtain foncé, mais ils en ont vu de toutes les couleurs. Je me souviens parfaitement (et vous saurez bientôt pourquoi) qu’au moment des faits que je vais relater, on m’avait fait d’adorables tresses blondes ! On me trouve mignonne, ce n’est pas mon avis, mais je ne me plains pas !
Je consulte mon répondeur. Un message m’interpelle. Il a été enregistré par une femme. La chose n’est pas si courante. Je rappelle. Elle souhaite un rendez-vous, elle a des choses à me dire !
- — Rien de grave, mais c’est important, enfin important pour moi…
- — Dites !
- — Non, par téléphone ce n’est pas possible !
Je consulte mon agenda.
- — Et on s’accorde combien de temps ?
- — Euh ! Une heure ?
- — Une heure !
Une heure de rendez-vous, et elle y tient… par contre, pas moyen de lui tirer autre chose. J’accepte par curiosité, on convient d’une date. Je verrais bien !
Je suis en cette fin de matinée occupée avec un habitué. Celui-ci souhaite être dominé par deux femmes, j’ai donc demandé, mes autres copines n’étant pas libres, à Anna-Gaëlle de venir m’assister. Elle a accepté de le faire avec un enthousiasme et une conscience professionnelle que je ne me lasse pas de découvrir.
On sonne ! Je demande à l’ex-journaliste d’aller ouvrir.
Je regarde l’heure, elle a un bon quart d’heure d’avance. Anna-Gaëlle l’a logée dans la petite pièce qui me sert de salle d’attente (eh oui, j’ai ça aussi !). Je ne vais pas me presser de finir ce que je suis en train de faire pour autant, j’ai horreur de bâcler le travail !
Je lui demande ensuite de l’installer dans le salon. Quelques minutes plus tard, je me passe un large kimono bleu et noir par-dessus ma tenue de dominatrice et m’apprête à recevoir ma visiteuse.
S’il m’arrive assez régulièrement de recevoir des couples, il est extrêmement rare que je reçoive des femmes seules ! Mais, en l’occurrence, je ne sais même pas ce qu’elle souhaite…
Instant de panique…
Ma visiteuse est une élégante Antillaise, mais je ne la dévisage qu’à peine. Elle a l’air surexcitée, me regarde l’espace d’un instant comme une tigresse prête à me dévorer, et surtout, elle a caché sa main droite à l’intérieur de son sac à main. Je n’aime pas ce geste, mais alors, pas du tout ! Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. Cette fille tient probablement un revolver et va s’en servir pour me trucider. Je sais que je fais un métier où il y a quelques risques… mais… non… pas finir comme ça, pas si bêtement ! Je vais pour ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sort.
Ma vie va-t-elle se conclure à cet instant ?
Vous savez bien que non, chers lecteurs, puisque sinon, je ne serais pas en train de vous raconter tout cela !
En quelques fractions de seconde, le visage de mon étrange visiteuse se transforme, et cette agressivité à peine dissimulée fait place à l’ahurissement. Sa main sort du sac ! Ma voix est toujours paralysée par la terreur. Il n’y a rien dans cette main ! Ouf ! Je pousse un soupir de soulagement qu’elle ne comprend sans doute pas !
Je peux à présent la dévisager sereinement ! Elle est ravissante ! Quand je dis « ravissante », elle est craquante, un visage d’ange qui maintenant respire la douceur et la gentillesse ! Mais alors, qu’est-ce qu’il lui a pris il y a un instant ? « Comment pouvez-vous faire des choses pareilles ? » seront ses premiers mots.
Si mademoiselle veut une domination, je vais la gâter et me régaler, et m’arranger pour qu’après lui avoir fait subir les sévices qu’elle souhaite, je puisse la consoler très, mais alors vraiment très tendrement. Mais non, ne rêvons pas, elle m’a dit vouloir « me dire des choses » !
On la sent déstabilisée. Quelque chose ne se passe pas comme elle l’avait imaginé. Dahlia reprend sa respiration et lance comme dans un souffle :
Et cela est dit sur un ton montant bien qu’elle le déplore.
Aïe ! Le genre de truc qui ne m’était jamais arrivé, et là deux fois en un trimestre, ça commence à faire beaucoup. La dernière visiteuse dans ce genre s’était avérée être une véritable furie, et j’avais dû la virer manu militari. Il m’avait fallu ensuite changer le numéro de ma ligne téléphonique.
Ils sont terribles, les hommes ! Je leur distribue des cartes de visite avec un numéro trafiqué :
Pour avoir mon vrai numéro, tu rajoutes 69 ! Ce n’est pas difficile, tu n’oublieras pas ?
Et que font ces grands couillons ? Ils le recopient sur leur carnet d’adresses, mais ils recopient le vrai, pas le masqué. J’abandonne ma brève rêverie.
Décidément, quelque chose cloche ! Dahlia a dû faire un effort considérable pour accepter de prendre ce rendez-vous et de venir jusqu’à moi. Elle a dû se motiver, se faire son cinéma dans sa tête, se répéter cent fois ce qu’elle allait me dire. Genre : « Si elle me dit ça, je lui réponds ceci, et si elle me répond cela je vais lui dire autre chose », et ainsi de suite. Mais en ce moment, Mademoiselle ne répond que par des phrases ultracourtes.
Ça ne me dit rien, j’ai deux visiteurs noirs assez réguliers, ainsi qu’un troisième plus épisodique, aucun ne se prénomme Jean-Pierre, mais il est vrai qu’ils peuvent inventer n’importe quel prénom de circonstance.
Bien sûr, je suis bête, parfois ! Pourquoi son mari aurait-il été obligatoirement noir ? C’est comme cela que parfois inconsciemment on se laisse envahir par des préjugés imbéciles. Jean-Pierre ? Je ne vois pas ! Je cherche, à moins que ce soit celui-là… Mais je croyais qu’il s’appelait Jean-Paul ?
En voilà deux que je n’arrive pas à m’imaginer ensemble ! En tous les cas, il a beaucoup de chance d’avoir une femme pareille, le Jean-Pierre ! Un visiteur que je ne vois que de temps en temps, environ une fois par mois, très correct, pas trop compliqué, me laissant libre de mes scénarios et acceptant volontiers toutes sortes de fantaisies. Il est en outre plein de charme et d’humour.
Dahlia reprend sa respiration. On dirait qu’elle hésite à balancer la suite, puis, presque d’une traite :
Elle me sort encore quelques considérations générales, comme on dit, et me lance en guise de conclusion ce qui devait pour elle être une idée géniale :
L’idée me paraît complètement absurde. Quelqu’un qui réfléchit un peu ne peut pas avancer un truc aussi farfelu. Mais après tout, sa jalousie morbide l’empêche peut-être de raisonner normalement ? Du coup, cela devient pathétique ! La grande scène de la femme prête à tout pour sauver son amour ! Et puis autre chose cloche, sur quelles bases a-t-elle pu faire de tels calculs ?
Elle dut prendre cela pour un début d’approbation et son visage se détendit.
Bien sûr, Anna-Gaëlle m’attend dans la cuisine.
Mais Anna-Gaëlle est déjà partie, elle salue Dahlia qui paraît surprise de cette intrusion inattendue, s’approche carrément de la petite table où cette dernière a déposé son sac à main.
Elle regarde sur la table, à côté de la table, sous la table. Dahlia dit alors ce que tout le monde aurait dit dans ces cas-là :
Et tandis que Dahlia se penche pour fixer le sol, que ce soit par pur réflexe ou par politesse, Anna-Gaëlle plonge son regard dans le sac à main.
Elle n’en revient pas ! Elle me regarde, interdite. Manifestement, ma réaction dépasse son entendement.
Évidemment qu’elle ne comprend pas, je me sépare d’un visiteur qui de toute façon ne vient pas très souvent et en échange, je m’économise des emmerdes. Mais ça, je ne vais pas le lui dire !
Quel con !
Mais c’est que ma réplique ne lui plaît pas du tout, mais alors pas du tout.
Je vous laisse imaginer le silence !
Je suis sûr qu’elle l’a fait exprès, mais dans quel but ? Je me lève de mon fauteuil.
Anne-Gaëlle a donc gagné son pari !
À cet instant-là elle n’en mène plus large, elle met la main dans son sac, semble hésiter, la ressort, se dirige vers la porte, se retourne, me fixe, se retourne de nouveau, me fixe encore. Elle paraît en pleine confusion.
J’aurais bien sûr pu la jeter à ce moment-là, mais lui fais signe de s’exprimer, uniquement par curiosité. Elle semble hésiter à parler.
Ce n’est pas possible d’être aussi pugnace ! La question me paraît absurde, sans doute souhaite-t-elle simplement gagner du temps.
Je vais peut-être perdre mon pari, mais je vais lui porter l’estocade à cette emmerdeuse.
Elle se tait, elle n’a nullement l’intention d’aggraver son cas. Je continue donc à sa place.
Certes, mais pourquoi est-ce que je le montre à ce point ? Je ne me considère pas comme une pute et j’ai horreur de ce terme ! Je ne vends pas mon corps, n’ayant aucune relation sexuelle avec mes clients. Mon inspecteur des impôts estime d’ailleurs que je pratique une profession libérale. Mais je suis lucide, pour les hommes, c’est du pareil au même ! Et je me sens touchée quand on emploie le mot « pute » au sens dépréciatif ! Je fais d’ailleurs mienne cette citation devenue célèbre de Cavanna : « On n’a pas le droit de critiquer les putes qui font bien leur métier ». Fin de ce nécessaire aparté !
Un silence.
Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Quel est ce trouble qui m’envahit ?
Ressaisis-toi, Chanette, si Clara te voyait, elle poufferait de rire !
Coincée, la Dahlia ! Penaude, elle me fait une petite bise sur la joue. Pour la suite, il me faudra la jouer fine.
Je l’ai bien sûr fait exprès !
Je vais chercher mon agenda, je n’ai pas de rendez-vous avant la fin de l’après-midi. La solution serait peut-être de faire venir Phil, mais il travaille au magasin de vidéo que j’ai acheté. Je bluffe :
L’affaire est loin d’être empaquetée ! Mais j’adore relever des défis. C’est sans doute inconscient chez elle, mais un certain courant passe. Ce courant, il me faut maintenant le capturer, le maîtriser, le diriger. Je me change assez vite, j’opte pour un chemisier classique. Le chemisier a pour moi l’avantage sur la robe décolletée d’être une arme progressive. Encore faut-il que le soutien-gorge s’y prête. Ça va, j’ai ce qu’il faut, je choisis un petit truc pigeonnant bleu et noir tout à fait sexy. Ce sera mon seul vêtement stratégique. Pour le reste, on va faire strict. La sphère « pute » étant pour elle dévalorisante, ce sera plutôt un joli tailleur pied-de-poule, la culotte commune et le collant banal de chez collant banal.
Mais voilà que je me ravise ! Et si ça marchait, et si tout à l’heure elle me déshabillait, n’aimerait-elle pas trouver sur mon corps des bas, des porte-jarretelles et une petite culotte un peu sexy ? Il serait encore temps de changer tout cela, mais je ne le fais pas ! Allez savoir pourquoi ?
Un petit coup de maquillage, je chausse mes lunettes, je me recoiffe, et me voilà dans un look très « secrétaire de direction ».
Elle ne répond pas, le contraire aurait été étonnant !
Et c’est sans aucune arrière-pensée, uniquement pour meubler le silence que je lance :
Elle ne dit rien, elle s’empourpre et me dévisage, interloquée !
Je dévore, tout cela m’a donné faim, l’escalope milanaise est délicieuse et les pâtes « al dente » ! Dahlia par contre aurait plutôt tendance à picorer.
Elle ne peut s’empêcher de me regarder bizarrement. J’ai l’habitude de ces regards, cela fait vingt ans que ça dure ! Il a fallu que j’admette un jour que mon visage fascine, j’ai fini par m’y faire. Parce que le reste, ce n’est pas mal non plus, mais c’est quand même très dans la moyenne. Je sais qu’il existe un fétichisme du visage. Quoique tout le monde ne fonctionne pas pareil ! Certains sont prêts à coucher avec une personne au visage ingrat, mais au corps parfait. Je préfère de loin le contraire. C’est Dahlia qui rompt le silence et m’extirpe de mes rêveries.
Ça devient surréaliste, c’est elle qui prend les initiatives à présent. Je regarde ses yeux, elle me regarde, on se sourit ! Non ! Pas déjà ? Je veux en avoir le cœur net !
Je prends la précaution de prendre mon sac à main avec moi. Si elle me rejoint, j’aurais gagné. Évidemment, je n’entre pas dans la cabine, je fais semblant de me laver les mains, afin de donner le change si quelqu’un entrait. J’attends une minute, deux, trois, ça commence à être long, j’en profite pour aller pisser. En sortant, toujours pas de Dahlia ! Je n’aime pas cela ! Je suis en train de faire de l’excès de confiance, et je viens de me planter, j’aurais pourtant juré… Ou alors elle n’a tout simplement pas compris le signal. Dépitée, je regagne ma place !
On parle de choses et d’autres, elle me surprend, je m’attendais à quelqu’un d’assez primaire, vu la bizarrerie des plans qu’elle m’avait exposés, en fait non, Dahlia était une femme intelligente, cultivée, nuancée dans ces propos. Simplement, c’était un animal blessé, et cette blessure morale parasitait son comportement.
Et tandis que je peste après mes profiteroles dont la pâte à choux ne m’a pas l’air de la première fraîcheur, elle me regarde de nouveau fixement comme tout à l’heure.
Du coup, son visage s’empourpre, et elle plonge yeux baissés vers son orange givrée !
Après le café, elle veut à son tour aller aux toilettes, elle prend elle aussi son sac à main. Je guette en vain un signal d’invite. Non ! Rien ! Et puis ça ne ressemble à rien, nous allons partir et le studio est à deux pas ! S’il doit se passer quelque chose, ce sera là-bas ! J’hésite quand même, et sans le garçon venu encaisser, je crois que je m’y serais précipitée. J’essaie de gagner quelques précieuses secondes et compose à toute vitesse mon numéro de carte bancaire. Il me tend mon ticket, je me précipite vers les toilettes ! Pas de Dahlia ! Elle est encore dans la cabine. Ça m’énerve, ça m’énerve, je voudrais bien savoir ! Je déboutonne deux boutons de mon chemisier et je me lave de nouveau les mains en l’attendant.
Je la fixe, elle me fait un petit sourire. Tout va bien ! Elle remarque mon échancrure, y plonge son regard. Ça marche, ça marche ! Elle me regarde à nouveau ! Je rapproche mon visage. Elle entrouvre la bouche. Je m’humidifie les lèvres avec le bout de ma langue. Sa respiration s’accélère. Je plonge ! Gagnée, Chanette ! Nos bouches fusionnent, elle s’abandonne, me laissant diriger ce baiser, je lui pose les mains sur les seins. La porte… Quelqu’un rentre. Il se racle la gorge, nous prenons un air dégagé, enfin moi, parce que Dahlia, je n’en sais rien ! Je reboutonne mon chemisier et sors de l’endroit, maudissant l’importun !
J’ai senti, une fois dans la rue, Dahlia revenir à une certaine distance. Normal, on avait sans doute été à la fois trop et pas assez loin !
En rentrant, j’ai un message de Phil sur mon répondeur. Il ne peut absolument pas se dégager. Il me précise malgré tout que je peux le rappeler en cas d’urgence absolue. Dans ce cas et dans ce cas seulement il fermerait le magasin. Comme ce n’est pas un cas « d’urgence absolue », je me résous à faire confiance à mes facultés d’adaptations.
Je tente de refaire le numéro de la séduction, sans d’ailleurs trop y croire. Elle détourne son regard. Il faudra donc attendre la prochaine occasion. En attendant, elle est là pour assister à une séance de domination, et patienter jusqu’à 17 heures me paraît bien lourd. La faire revenir impliquerait une baisse de pression qui risquerait de lui faire tout abandonner. Je passe rapidement quelques coups de fil. En vain ! Je pourrais bien sûr lui faire visionner quelques joyeuses vidéos très instructives sur le sujet, cela serait la solution si le but de l’opération est simplement de lui expliquer comment se passe une séance. Seulement, voilà, j’ai parié avec Anna-Gaële, et j’ai vraiment très, mais alors très envie de le gagner, ce pari !
Aïe ! La question piège ! Pourquoi fallait-il qu’elle la pose maintenant ? Il est bien trop tôt pour « personnaliser » ! Je m’aperçois à présent que si elle limite sa vision du sadomasochisme à l’image de l’attaché fouetté et de la maîtresse fouetteuse, la mission qu’elle s’était imposée risque de tourner court. Certes, son époux n’est pas très exigeant, mais il est polymorphe. Comment lui dire qu’il adore se faire pisser dessus ? Comment lui dire qu’il ne déteste pas sucer une autre bite, et même parfois se faire sodomiser ? Comment réagira Dahlia en observant un autre soumis et en s’imaginant son époux subir les mêmes sévices ?
Putain, ce n’est pas vrai ! On ne va jamais y arriver ! C’est bien ce que je pensais, cet échange vient trop tôt !
Ça m’énerve, on ne va pas y arriver ! J’ai à ce moment une envie folle de laisser tomber cette affaire, mais comment lui dire ça ? Ne voyant pas trop, j’en viens à espérer que ce sera elle qui déclarera forfait… et tant pis pour mon pari ! Dahlia est retombée dans l’incertitude et ne s’en sortira pas si elle persiste à ne pas affronter certaines réalités.
Bonne question… On fait quoi ? Et puis soudain, une idée, je vais lui faire découvrir le donjon ; de deux choses l’une : ou la curiosité reprendra ses droits, ou elle s’enfuira en courant !
La tête de Dahlia ! Ça, pour être ébahi, elle est ébahie !
Elle regarde partout, la Dahlia, elle n’en revient pas, elle est sur une autre planète, je la sens à deux doigts de poser des tas de questions, mais elle ne le fait pas. C’est une femme curieuse. Je suis de celles qui pensent qu’une certaine curiosité n’est pas vraiment un défaut, mais plutôt un signe d’ouverture d’esprit ! Mais là, tout cela doit véritablement être trop loin de son monde.
Et puis, bien sûr, au bout d’un moment :
Je lui désigne un système de chaînes à hauteur réglable suspendues au plafond.
Ces quelques minutes de découvertes ont mis Dahlia dans un drôle d’état, sa voix est atteinte de mini-tremblements, ses yeux sont écarquillés. Quelque chose se passe… quelque chose d’indéfinissable que je ne saisis pas bien.
Et moi comme une andouille, je le lui tends ; elle m’attache le poignet ! Mais je suis la reine des connes ! Une force herculéenne m’attrape l’autre bras et sans que j’aie la réelle possibilité de me défendre, l’autre poignet se retrouve lui aussi attaché. Me voici piégée comme une bleue !
La panique me prend ! Justement, il ne faut pas !
Parole gratuite ! Et l’autre qui se délecte en un rictus ridicule :
Ne rien dire, Chanette ! Ne rien dire, ne rien faire, ne pas lui faire remarquer que mes pieds sont libres ; je ne sais pas trop ce que je vais pouvoir en faire, mais c’est déjà ça ! Ne rien dire ! Ne rien dire !
Et joignant le geste à la parole, elle me gifle, elle me fait mal, je hurle !
Je dois faire un effort considérable pour ne rien dire ; j’essaie de contrôler ma respiration ; je n’y arrive pas, je suis en train de perdre mes moyens. Par chance, Dahlia s’éloigne un moment. Elle fouine un peu partout, comme si elle cherchait quelque chose, elle s’arrête devant des objets, s’interrogeant probablement sur leurs destinations. Ce répit est le bienvenu, mais je ne peux empêcher mon cœur de battre la chamade.
Avez-vous remarqué que dans les moments de grande panique le cerveau fonctionne à toute vitesse ? Ne dit-on pas qu’au moment de notre mort toute notre vie défile dans un ultime flash qui ne dure que quelques pauvres secondes ?
Je suis persuadée que son geste n’était pas prémédité. Ce qui lui a fait péter les plombs, c’est la vision du donjon et la révélation que la domination n’était pas seulement du pan-pan cucul !
Maintenant, ou bien elle va se rendre compte qu’elle va trop loin, ou alors elle va laisser cette folie passagère l’emporter, et dans ce cas le pire peut arriver. Prendre un instrument, mal s’en servir, et c’est ma vie elle-même qui est en danger !
Je l’imagine bien aux assises, accusée de mon meurtre, le crime serait classé passionnel, elle s’en tirerait avec cinq ans, elle n’en ferait que la moitié. Voilà une pensée très réconfortante ! Et si elle se contente de me mutiler ? L’horreur absolue !
Chanette, calme-toi ! Mais, je ne peux tout simplement pas !
Dahlia s’est emparée d’une cravache, elle ne l’a sans doute pas fait exprès, mais elle a choisi l’une de celles qui cinglent le plus, d’ailleurs je ne m’en sers que très rarement. Elle s’approche ! Et, surprise, elle pose la cravache ! Ouf !
Elle est en face de moi. Je ne dis rien, elle prend du bout de ses doigts les pans boutonnés du chemisier et tire d’un geste brusque. Le tissu se déchire et tous les boutons pètent. Elle est complètement dingue, il m’a coûté cher, ce chemisier ! Je ne dis rien… et ne dis rien non plus quand elle me retire mes chaussures qu’elle envoie valdinguer à l’autre bout de la pièce ni quand elle réduit en pièces mon collant. Bizarrement, elle n’enlève pas mes sous-vêtements. Me voici dans un drôle d’état, attachée en haillons, à la merci d’une cinglée. Je ne vois pas mon visage, les miroirs étant trop éloignés, mais je sais qu’il doit avoir piètre allure, les quelques larmes que je n’aie pu m’empêcher de verser ayant dégouliné sur le maquillage de mes yeux.
Mais voici qu’elle arme son coup !
Ma peur s’intensifie ! Ne dis rien, Chanette, ne dis rien, méprise-la, elle est folle ! Ne dis rien !
Ben oui, ça a été plus fort que moi !
Je ne réponds pas. Elle frappe. Je pousse un hurlement, la douleur est trop vive. Elle est complètement tarée, on ne frappe pas comme cela ! Une zébrure rose me parcourt le corps à partir du sein gauche jusqu’en haut de ma cuisse droite.
Je me souviens qu’à ce moment-là j’ai failli dire « pitié ». Mais le mot m’est resté dans la gorge, alors que dans mon esprit se formait une image, celle de Nicole, la vendeuse de frou-frou de Saint-Tropez, celle qui en pleine séance de domination m’avait fait douter de moi rien qu’en me toisant de son regard (voir le récit « la trappe »). Alors, au prix d’un effort surhumain, je tente d’oublier la douleur et cherche à fixer Dahlia de mes yeux, sans aucune marque de haine, sans expression particulière, juste un léger sourire au coin des lèvres. Il faut maintenant que je capture son propre regard ! Pour l’instant, elle réarme son bras, et ça y est, nos yeux se croisent. Juste un moment d’hésitation de sa part, presque rien, un frémissement. Mais c’est énorme, car maintenant je commence à dominer ma peur. Cela ne l’empêche pas de porter le coup. Il est moins appliqué que l’autre, mais il fait mal. Je m’efforce de ne pas crier. Je ne peux pas, je gueule, mais je me reprends aussitôt et la fixe à nouveau !
La vieille tactique consistant à dire des choses vides de sens. Elle ne comprend pas ! Évidemment, puisqu’il n’y a rien à comprendre !
Je ne réponds pas, je continue de la fixer !
Je ne réponds toujours pas ! Elle réarme une troisième fois son bras. C’est peut-être maintenant que mon sort va se nouer. Nos regards se croisent à nouveau, j’accentue mon sourire. Tenir, tenir, après ce coup je ne pourrais peut-être plus.
Elle a baissé son bras, un tout petit peu, elle semble se reprendre.
Le bras est baissé, maintenant.
Ses yeux se troublent.
Elle lève le bras, très haut, trop haut, elle va me tuer. Ne pas paniquer, continuer de composer le même visage, mais c’est trop dur. Le coup part, mais elle ne me regarde plus. Et elle ne me vise pas non plus, la cravache vient cogner le sol avec un bruit sec.
Elle lâche la cravache, porte ses mains à son visage. Elle sanglote et s’assoit par terre sur le carrelage. La crise nerveuse !
Je ne suis pas loin de craquer à mon tour, bien que ce ne soit vraiment pas le moment. Je laisse passer les premiers pleurs, ceux contre lesquels on ne peut rien, me ressaisis, puis :
Elle relève péniblement la tête !
Elle hésite, elle doit avoir peur que je lui saute dessus. Crainte stupide, elle me domine physiquement, je m’en suis bien rendu compte quand elle m’a saisi le poignet tout à l’heure. Mais sans doute se méfie-t-elle de la rage destructrice qui anime certaines bêtes blessées !
Dahlia sort de la pièce sans me détacher. Je n’ai de toute façon pas l’intention d’insister, à la limite, si elle décide de se carapater en me laissant entravée, il n’y aura pas péril en la demeure. Je n’habite plus ici, ayant décidé depuis quelque temps de séparer plus nettement mes vies professionnelles et privées. Mais Phil finira par s’inquiéter et par venir regarder ici. Au pire, j’aurais passé cinq ou six heures attachées par les poignets.
J’entends la chasse d’eau, puis de l’eau qui coule. Reviendra-t-elle ? Ne reviendra-t-elle pas ? Elle revient, elle s’est aspergé le visage de flotte. Ignorant dans quelles dispositions elle est à présent, je reprends mon regard de tout à l’heure !
Je ne réponds pas !
Je ne réponds toujours pas, me contentant d’accentuer mon sourire.
Elle quitte de nouveau la pièce, sans me détacher. Elle revient plusieurs minutes plus tard, elle s’est remaquillée en vitesse, a revêtu sa veste de tailleur et a pris son sac à main. Prête à partir, quoi !
Je crois comprendre ce qui va se passer. Effectivement, elle s’approche de moi, me libère un poignet, un seul, puis va pour partir. Je me détends alors comme une panthère et lui fais une clé avec mes jambes. Elle dégringole, se débat, elle est tout en nerf et finit par se dégager ! Faire vite ! Je me détache l’autre poignet, elle fuit, normalement elle n’aura pas le temps d’ouvrir la porte ! Je la rattrape dans l’entrée, et l’agrippe par sa veste de tailleur.
Et hop ! Nouvelle crise nerveuse, la voici qui à nouveau part en larmes.
De mon côté, j’en ai aussi ma claque, je viens de me taper l’une des plus belles trouilles de ma vie, j’ai horriblement mal, là où elle m’a frappé, et voir cette nana dans un état pareil n’a rien pour m’arranger. Je me retiens, je me retiens, et puis, je ne peux plus, et puis, je m’en fous, et les chutes du Niagara coulent de mes yeux.
Ça doit être la surprise de sa vie, elle ne m’imaginait sûrement pas en train de chialer comme ça ; elle me regarde, hébétée, et se jette dans mes bras.
Enfin la bonne question ! Mais en ce moment, ma libido est tombée bien bas. Il faut absolument trouver le moyen de faire un break !
Comment ça « elle s’en fout » ?
On est là comme deux connes, assises par terre dans l’entrée, le bras sur l’épaule l’une de l’autre. J’aime le contact de sa main sur mon épaule. Ses mains sont faites pour la caresse. Et voilà que ma sensualité se réveille. Je lui dis ou je ne lui dis pas ? Elle est vulnérable en ce moment, est-ce bien raisonnable ? D’un autre côté, elle ne m’a pas fait de cadeau, je ne vais pas m’embarrasser de scrupules.
Elle ne répond pas, mais sa main bouge un peu. Oh, juste un peu, imperceptiblement, mais elle a bougé ! Une réponse ? Un signal ? En tout cas rien de plus. Je lui caresse les cheveux, elle se laisse faire, mes doigts effleurent son visage.
Elle ne répond pas, juste un vague sourire. Et puis, je ne sais pas qui en a pris l’initiative, nous voici dans les bras l’une de l’autre, joue contre joue. Je lui offre mes lèvres. Cette fois, je ne me colle pas sur elle, je l’invite à venir. Et elle vient, acceptant ma bouche. Je la laisse m’embrasser, puis la rage me prend, je combats sa langue en une lutte fougueuse. Un baiser que je crois interminable, mais c’est Dahlia qui le rompt brutalement, elle a un mouvement de léger recul et me regarde.
Je sais, mais je ne comprends pas trop ! Mais il sera toujours le temps de trier tout cela après, car moi aussi j’ai envie, j’ai envie de cette folle, et cette envie passe avant celle de comprendre sa folie !
Nous quittons cette entrée exiguë, et nous revoilà dans le salon. Elle a retrouvé son calme et son sourire. Complètement cyclothymique, la nana ! Elle se dévêt rapidement. La voici en culotte et en soutien-gorge, elle semble hésiter à les enlever, à moins qu’elle fasse durer le plaisir. Les sous-vêtements sont fort ordinaires, par contre me voici en train de flasher sur ce corps de déesse noire, de longues jambes fuselées avec des cuisses bien fermes, des bras un tout petit peu dodus, un tout petit ventre, et surtout cette poitrine que le soutien-gorge enferme encore. J’ai soudain l’idée de le lui retirer moi-même.
Elle le fait ! Le dos n’est pas mal non plus. C’est très beau un dos de femme, c’est trompeur aussi, combien de fois à la plage ai-je été fascinée par des dos magnifiques alors que les devants décevaient ? Je l’embrasse entre les omoplates. Cela lui donne la chair de poule.
Ce que je veux ? Vraiment ? On verra peut-être plus tard ! Pour l’instant, je lui dégrafe le soutien-gorge, puis, sans les voir, je prends ses seins à pleines mains, les caresse, les soupèse, en cherche les tétons, les frôle, les fais rouler sans aucune brutalité entre mes pouces et mes index.
Elle m’excite de trop, je vais lui faire la totale, à ma visiteuse ! J’ôte à mon tour mon propre soutien-gorge, et reprends mon doigtage de seins pendant qu’en même temps je frôle la pointe de mes tétons contre son dos ! Je mouille comme une éponge !
Et tout à l’heure quand je lui balançais qu’elle avait des fantasmes lesbiens, elle me répondait que c’était n’importe quoi ! Si je me mets à gamberger, mon excitation va se diluer. Ne pas penser à cela ! Non, je n’y arrive pas, ça me trotte dans la tête !
Et comme je ne réponds pas, elle se retourne ; cette poitrine est superbe, et sa vue est la bienvenue, ça m’évite de m’égarer, une poitrine un peu lourde avec des gros tétons et de larges aréoles. Je m’y précipite, je suce, je lèche, j’aspire ! Pendant ce temps-là, elle me caresse partout où ses mains peuvent atteindre. Elle commence chastement par mon dos, puis s’en va fureter à l’intérieur de ma culotte. Elle m’attrape les fesses, les malaxe, les pétrit, puis les écarte. Ce n’est pas possible que je sois « sa » première femme ! Puis elle introduit la tranche de sa main entre mes deux fesses. À tous les coups, elle va attaquer mon trou du cul ! Gagné, je sens un doigt effleurer l’entrée de mon anus ! Super gonflée, la nana ! Alors, je l’encourage ou pas ? Je l’encourage !
C’est elle qui dit ça ? On aura tout entendu, chez Chanette ! Et puis, c’est instinctif, je fais le truc qui ne faut jamais faire, je regarde ma montre et le regrette aussitôt.
Mais c’est qu’elle a réponse à tout ! Reprends l’initiative, Chanette, sinon tu vas te faire bouffer !
Elle le fait et retire sa culotte en pivotant ! Sans doute ai-je été complètement influencée par ma première expérience homosexuelle où la vue des fesses de ma partenaire d’alors m’avait subjugué. Toujours est-il que cet endroit du corps féminin est celui qui emporte tous mes suffrages, et avant les seins. J’adore leurs courbes, leur galbe, leur volume, et c’est chez Dahlia renforcé par cette magnifique couleur de chocolat à croquer. À croquer, c’est bien le mot ! J’ai envie de lui croquer son cul. Mon Dieu, qu’est-ce que je peux mouiller en ce moment ! Et je sais que ce n’est pas fini !
Elle se met en position, je lui fais cambrer le derrière, écarte ses cuisses ; le spectacle est magnifique, son cul ruisselant de sueur s’offrant à ma vue comme une sphère de plaisir, et puis cette petite touffe de poils crépus, ses lèvres vaginales, elles sont grandes, elles sont humides, je les écarte, dévoilant l’entrée de son sexe. Contraste inouï des couleurs ! C’est tout rose ! Je deviens dingue et plonge ma bouche dans tout ce fouillis. Je lèche, le goût de sa cyprine m’enivre, un goût chez elle un peu fort, mais non désagréable, bien au contraire, je m’en régale, je m’en abreuve, je m’en délecte. Je suis à deux doigts de lui dire de pisser, mais ne le fais pas. Une autre fois quand je la connaîtrais mieux, quand j’aurai cerné le personnage, si je le cerne un jour…
Elle se retourne ; dommage, je l’aurais bien fait jouir dans cette position, mais je devine qu’elle désire me voir, elle s’étale sur la moquette, écarte ses cuisses.
Je reviens vers elle, approche ma bouche de son clito, quelques coups de langue, quelques lapées de chats, elle est au bord de la jouissance. Je sais par expérience que rester au bord ne suffit pas, on peut surfer sur la jouissance une heure avant de l’atteindre (ou de ne pas l’atteindre, d’ailleurs). J’accentue mes mouvements buccaux, et simultanément lui frôle les tétons de mes doigts. Cette fois, elle part. Elle s’agite, elle tremble, elle se tape le cul sur le sol !
Cette fois, elle en fait trop, faut tout de même pas exagérer ! Elle cherche ma bouche, on s’embrasse, je me laisse faire. Va-t-elle comprendre que je jouirais bien à mon tour, ou alors faut-il que je le lui dise ? Non, elle doit avoir compris, car à présent c’est elle qui me suce les seins. Elle se débrouille très bien, mais c’est vrai que dans l’état où je suis, je n’ai aucun mal à être très réceptive. Elle plonge vers mon sexe. Je sais que ça va être très rapide. C’est très rapide ! Mais qu’importe, nous avons du temps devant nous. Nous sommes épuisées, on s’embrasse à nouveau !
On reste assise par terre. Mon envie n’est pas vraiment calmée, mais son intensité a considérablement diminué.
Je regrette presque d’avoir été aussi directe, si elle est vraiment dérangée, elle va le prendre très mal.
Ce n’est pas vraiment le genre de précision que j’attendais !
Je cherche, je ne connais pas de Victor ! Elle me le décrit, je ne vois pas plus, mais c’est vrai que certains viennent ici une seule fois et ne reviennent plus jamais. Du coup, ses plans primitifs deviennent encore plus absurdes.
Elle ne comprend pas, je précise :
Évidemment, voici qui aide à voir les choses autrement.
Elle va chercher son sac et en extrait un objet !
Je comprends mieux maintenant la situation du début, sa main dans le sac.
Et revoilà notre Dahlia qui se remet à chialer comme une madeleine. Je vais pouvoir la consoler, maintenant, l’esprit libre ! Effectivement, on a encore du temps !
- — Allô ! Anne-Gaëlle ?
- — Chanette !
- — J’ai compris, t’as gagné ! Je te dois une paire de boucles d’oreilles en or !
- — Oui, et puis des super belles !
- — Raconte !
- — Non, je te raconterais quand je les aurai !
- — D’accord !
- — Mais avant il faut que je t’emmène quelque part !
- — Au restaurant ?
- — Non ! Je vais t’emmener chez l’ophtalmo !
- — C’est quoi la blague ?
- — Ce n’est pas une blague, tu en as super besoin !
- — Dis ?
- — Ben oui, t’as cru voir un stick de déodorant dans son sac…
- — Ce n’était pas ça ?
- — Non, c’était du gaz lacrymogène !
- — Noooon !
- — Siiii !