n° 02590 | Fiche technique | 11381 caractères | 11381 1994 Temps de lecture estimé : 8 mn |
21/07/01 corrigé 12/03/08 |
Résumé: Après le cataclysme, le héros a pour mission de repeupler la terre (rien que ça)
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Critères: grp couleurs bizarre hmast pénétratio humour -sf | ||||
Auteur : Estonius (Un coeur à prendre aimant l'insolite et le bizarre) |
La cocoon-nef l’avait rejeté sur la plage.
Tout était calme à présent mais l’humanité avait disparu nonobstant les éventuels survivants. Ce serait désormais sa mission, les retrouver, et rebâtir avec eux un semblant de civilisation. Reconstruire le monde des vivants et surtout le reconstruire autrement.
Il sortit de la cocoon-nef, il était nu ; il s’en foutait, non il ne s’en foutait pas, il en était fier ; fier de sa mission, fier que ce soit lui qui ait été choisi pour l’accomplir, lui le héros au sens nietzschéen du terme. Et de penser cela faisait bander sa bite ! Fièrement et irrésistiblement. Des effluves mâles s’en échappaient alors, et filaient par le vent. C’était donc sa première tentative de contact. Son sexe allait s’occuper de tout. Merci son sexe !
Il huma l’air environnant cherchant un indice, quelque chose qui lui dirait que le message avait été reçu, mais en vain. Il scruta le ciel, lourd d’orageuses menaces et s’efforça de décrypter les formes aléatoires que se plaisaient à former les nuées facétieuses. Il essaya d’y deviner un visage, un sein, un sexe, une silhouette. Aucun signe tangible, donc ! Mais on peut faire dire aux signes ce que l’on veut, et l’absence de signes est en elle-même un signe lourd de signification.
Il en conclut que si on n’estimait pas nécessaire de la guider, c’est que la mission était tracée, limpide. Il en éprouva comme une certaine gêne. Il ne fallait pas non plus que ce soit trop facile ! Son odorat hyper développé par l’entraînement qu’il avait subi ne captait que l’odeur de la marée, et le trop-plein d’iode. Il sortit de sa sacoche quelques tablettes nutritives, il ne lui en restait pas beaucoup, il les miam-miama avec lenteur faisant durer le plaisir gustatif. Avec malice il se dit que désormais il lui faudrait aussi glougloutir avant de dodozifier.
Un quart d’heure était passé. Il huma à nouveau l’atmosphère, mais toujours en vain. Sans doute l’émission avait-elle été trop faible ? Il empoigna alors vigoureusement son sexe de la main droite et il entreprit de se faire rebander
Le sperme jaillit tel un geyser devenu fou et atterrit au sommet d’un étrange galet. Il le ramassa, l’éleva dans ses mains telle une offrande aux Dieux !
Vingt fois, trente fois il refit l’invocation ! Épuisé, il s’assit sur le sable. Il fallait maintenant attendre !
Alors il attendit ; un quart d’heure, une demi-heure, une heure et rien ne revint en retour ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? Il était né pour cette mission, il ne pouvait faillir ! Il était le héros, celui que dans mille ans, dans dix mille ans, on représenterait monté comme Pan, dans la statuaire des jardins et des promenades, des monastères et des ministères ! Son destin était inébranlable !
Le mot le fit frissonner ! L’absence de survivants ne pouvant être à ses yeux qu’aberrante, il se dit que la raison de ce contretemps était sans nul doute la faiblesse de son émission foutrale. Quoi ! Lui le héros, ne pas émettre assez de sperme ! Mais bien sûr, cela aurait été trop facile ! Un héros doit aussi connaître l’humilité, doit apprendre à devenir un héros ! Ce serait sinon trop simple et sans mérite aucun !
Alors le héros remiam-miama, il se remplit les poumons de l’air du large, se tapa sur le torse de façon cheeta-tarzanesque, il avait compris maintenant comment accomplir sa mission. De nouveau il se masturba, évoquant comme tout à l’heure les sept déesses de la féminité. Elles vinrent tout de suite dans son esprit.
Mais quel était cet intrus ! Ce pâtre grec aberrant aux cheveux frisés et au sourire de diable !
L’intrus déguerpit de son cerveau, mais le mal était fait, une partie de sa bandaison était de son fait, cette érection n’était pas pure ! Qui donc s’amusait à foutre des putains d’embûches sur les marches de la gloire du héros qu’il était ?
Il ne craignait pas de franchir les pentes escarpées de cette gloire afin d’en atteindre les sommets lumineux, encore fallait-il que les choses se passent normalement. Le mieux serait de poser la question aux Dieux…
Alors exhibant son zob dressé face aux nuées, il interpella les créatures toutes puissantes :
Le cri railleur que poussa alors un grand cormoran lui sembla être la réponse, une réponse pleine de moquerie, de dérision, pour ce héros qui non seulement n’émettait pas assez de sperme mais qui laissait son cerveau s’envahir d’images de diversions !
Il dodozifia quelque temps, ne sachant quelle décision prendre et fort marri de cette perte de temps imprévue ! « Un héros ne perd pas de temps ! » se dit-il au réveil. « Où a-t-on vu pareille chose ? C’est à moi de faire l’invocation de façon à ce qu’aucun escogriffe ne vienne y mêler ses obscénités ! »
Et il refit l’invocation ! Le pâtre grec ne vint pas la troubler, mais la blackette se trouva remplacée par un mâle monté comme un percheron sacré, et qui de plus, s’amusait à lui taquiner l’anus !
Fichtre ! Diable et Motocrotte, ceci était sorcellerie, les Dieux le provoquaient-ils ou étaient-ils tout simplement dépassés par leurs créatures ? Après tout, qu’étaient-ils, ces Dieux qui avaient fait mourir la terre ? Qu’étaient-ils, ces Dieux qui voulaient que l’humanité ressuscite par le sexe ! Alors que celui-ci avait été persécuté par leurs prêtres ?
Lui, le héros, venait comme ça sur cette plage de Bretagne de décréter, tout seul et sans aide, que ces Dieux-là étaient désormais hors-la-loi ! Cela faisait partie de sa mission, il était plus fort que les Dieux, il ne jouait pas, lui, avec les misères du monde. Quand cette mission serait terminée, il savait qu’une autre suivrait, encore plus grandiose, encore plus exaltante, celle de se convier au banquet des Dieux, de les provoquer et de s’instaurer comme le Dieu des Dieux, carrément, ben oui ! Il s’adressa alors très calme à l’intrus mâle, et lui dit en ces termes :
Alors le héros d’instinct écarta ses fesses, mais l’invocation ne revint pas !
« Ha ! ha ! ha ! » se dit-il. « Courageux mais sans témérité ! »
Il fallait donc faire semblant de rentrer dans ce jeu, pour que l’autre en disparaisse. Il apprenait décidément tous les jours. Il se dit alors qu’il était un héros, décidément le plus grand des héros, et même le plus grand des plus grands des héros. Carrément !
Alors il regarda le sol, symbole de son humilité, et le sol grouilla, la céleste punition avait touché les grands mammifères, ceux dont le rythme de gestation et de reproduction ne savait pas faire face aux cataclysmes ! Les oiseaux s’en étaient déjà mieux sortis, les reptiles mieux encore, mais que dire de ces créatures qui grouillaient, faisant onduler le sable, savourant leur revanche ! Oh sales crabes ! Votre revanche sera courte, l’empire des Chatchka renaîtra de par ma volonté divine, ce n’est pas demain que les homards dirigeront le bleu de ma planète !
Alors, il se masturba, regiclant sur le galet noir, puis il attendit une dizaine de minutes, et recommença, et il recommença encore, et encore jusqu’à ce que son sexe irrité de ces frottements forcenés lui fasse mal, jusqu’à ce que ses forces périclitent. Alors dans un dernier sursaut de volonté il éleva la pierre gluante et, par dérision, l’offrit aux cieux.
Il ne put lutter contre le sommeil, il dodozifia, mais à son réveil l’effluve était là, elle venait du nord, il irait à sa rencontre. Le repeuplement de la Terre était désormais en marche… Inéluctablement en marche…
Il marcha, marcha, s’étonnant néanmoins que ces effluves puissent avoir parcouru des dizaines de kilomètres. Ceci lui paraissait par trop singulier !
L’odeur se rapprochait, elle était désormais toute proche, peut-être fallait-il franchir encore cette colline et sans doute, l’autre versant !
Ça y est ! Il percevait des silhouettes. Le monde n’était pas complètement mort, il ne s’était pas trompé, non seulement il y avait des survivants mais en plus, ils l’attendaient. Combien étaient-ils ? Il compta et n’en vit que six ; il avait pourtant invoqué sept déesses. Mais qu’importe ! Il s’avança et sa queue se redressa de nouveau dans l’attente de voir de plus près ces magnifiques créatures.
« Mais que se passe-t-il ? Quelle est encore cette diablerie ? » Plus il avançait, plus ces personnages ne lui semblaient en rien correspondre à ce qu’il était venu chercher. Deux des femmes étaient vieilles, très vieilles, sèches et édentées, deux autres étaient probablement malades, et les deux dernières étaient… des hommes.
Alors le héros baisa les six personnages sans s’occuper de leurs âges, de leur santé, ni même de leur sexe. Il fallait repeupler la Terre, qu’importaient les moyens.
Mais croyez-vous qu’après cela les Dieux l’auraient remercié en faisant changer d’aspect ses créatures diaboliques ? Non ! Mais cela ne l’étonna point, il était en conflit avec les Dieux, désormais…
Cela voulait dire qu’il n’avait pas terminé sa mission ; il lui fallait donc continuer sa route, et baiser à tour de bras des hordes de survivants qui ne survivraient pas longtemps, jusqu’à ce qu’il trouve la bonne, celle qui verrait grossir dans son ventre le nouvel Abel.
* * * * *
Fin