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n° 02671Fiche technique41114 caractères41114
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Temps de lecture estimé : 28 mn
25/12/23
corrigé 25/12/23
Résumé:  Une journée bien remplie dans la vie de Jeanette.
Critères:  f fh ff rousseurs inconnu bizarre caférestau toilettes amour volupté vengeance fmast facial fellation cunnilingu pénétratio uro
Auteur : Jeanette      
Bonjour, mauvais jour !

Les trilles s’ajoutent les unes aux autres. Dieu qu’il est bruyant, cet oiseau ! Il faut venir en Californie, pour trouver des oiseaux qui chantent en pleine nuit ! Ce foutu animal s’est égosillé sans interruption, elle l’a entendu par-ci, par-là, durant ses périodes de demi-sommeil vaseux.


La vague de chaleur ne s’arrange pas. Il faisait 38C hier en fin d’après-midi, et bien que toutes les fenêtres soient ouvertes, et qu’elle soit à peine recouverte d’un drap, Jeanette baigne dans la transpiration. Elle se retourne, et ses seins glissent l’un contre l’autre, ses cuisses sont mouillées. La méchante petite douleur lui lance des éclairs dans la tête. Elle a encore bu comme une pocharde, hier soir, et quelque part dans son cerveau, elle sent qu’il y a comme une catastrophe en attente. Elle ne sait pas bien trop quoi, mais pour sûr, c’est un mauvais jour. Elle rejette le drap qui lui plaque au corps, et passe ses mains dans l’humidité.


Quoiqu’elle ait horreur de cette chaleur, elle aime cette transpiration collante. Elle se prend les seins à pleines mains, et les masse lentement, en profondeur, comme si elle étalait de l’huile solaire. Puis elle se pince les bouts. Gentiment, d’abord, puis plus fort, puis cruellement. Les sensations rayonnent dans son corps, son cou, son dos, son ventre. La chatte tout en bas mouille comme une conasse qu’elle est, un petit animal avide et stupide.


Elle l’aime, cette chatte, mais aussi elle la méprise. Jeanette continue à se pincer le bout de ses seins, puis elle se lèche les lèvres, les doigts, et les épaules. Elle se pousse le nez en dessous du bras. Mon Dieu, quelle odeur délicieuse, dégueulasse et piquante ! Au rez-de-chaussée, la chatte commence à palpiter. Jeanette introduit son poing entre ses jambes qu’elle serre, et elle se masturbe avec vigueur. En moins de vingt secondes, c’est le feu d’artifice. Secouée de soubresauts, on ne saurait dire si c’est le poing qui s’agite ou le bas ventre qui tressaute. Qu’importe, ce qui compte c’est de serrer les cuisses, et de tenir bon, jusqu’à ce que les sensations lui fassent perdre tout contrôle. Un son grave et inarticulé lui sort du fond de la gorge. Son poing glisse hors de ses cuisses. Elle ouvre la main et la passe sur cette chatte inondée, ramassant la mouille, qu’elle s’empresse de lécher.

« Tu es vraiment une salope dégueulasse », se dit-elle avec satisfaction.


Elle se lève épuisée, passe dans le couloir, le living sombre, et atteint la cuisine, où elle regarde l’heure sur le four a micro-ondes. 5 h 30 ! Merde, elle n’avait pas envie de se lever si tôt ! Elle démarre la cafetière électrique et le bruit du café qui coule lui donne une envie de pisser, mais une idée lui vient, et elle se retient. Elle se vide une tasse, et rajoute un peu de lait. Puis elle passe dans le living, et ouvre précautionneusement la porte d’entrée. Oui, le journal est là ! Après un coup d’œil circulaire, elle s’en empare, et rentre en vitesse avant qu’on la voie.


Une demi-heure plus tard, elle s’est enfilé quatre tasses, et a fini le journal. Rien de bien neuf. Toujours ces problèmes d’énergie. Il pourrait y avoir des coupures de courant cet après-midi, mais elle s’en fiche comme de l’an quarante. De toute façon, l’appartement n’a pas l’air conditionné. S’ils coupent le courant, elle ira nager !


L’envie d’uriner est maintenant impérieuse, mais elle résiste, profitant au maximum des sensations. Elle boit un grand verre d’eau glacée, et repasse dans la chambre à coucher où elle enfile un short et un tee-shirt. Ni culotte ni soutif, pieds nus. Un autre grand verre d’eau, et la voilà dehors.


Elle marche dans l’allée entre les palmiers mal taillés. Il y a environ cent appartements dans ce condo. Son objectif, la piscine, est à trois cents mètres de là. Peu de monde aux alentours, en cette heure matinale. Rien que quelques cinglés qui font du jogging. Sa vessie est pleine à craquer, et elle ne se retient qu’à grand peine. Dans un brouillard, elle atteint la piscine miteuse et en fait le tour. Puis sans pitié pour elle-même, elle se lance dans un petit trot. Chaque fois qu’un pied frappe le sol, la sensation explose dans son bas ventre, et elle sent des gouttes qui commencent à suinter.

Pour ne pas laisser de traces sur le béton, elle court dans l’herbe, et commence son exercice, laissant couler l’urine puis l’arrêtant. Encore et encore.


Chaque arrêt cause des sensations qui rayonnent dans tout son corps. Arrivée devant sa porte, toujours dans l’herbe, elle s’agenouille, et elle explose, elle lâche tout. L’urine ruisselle sur ses cuisses, elle pisse comme une fontaine, son short est trempé, et elle profite, Dieu qu’elle profite ! Et c’est à ce moment que Steve, le voisin, sort de chez lui. Il la regarde avec stupéfaction.


Au point où elle en est, Jeanette s’en fiche complètement. Elle rentre, fait glisser le short trempé et s’en imprègne les seins à travers le tee-shirt, puis elle le tord dans l’évier de la cuisine. Elle se couche sur le carrelage frais, le short sur la tête, enveloppée dans la délicieuse odeur d’urine, et elle se masturbe avec délice. En moins d’une minute, elle est agitée d’un orgasme dément. Puis elle reste couchée, les jambes ouvertes, et de temps à autre, elle appuie légèrement sur le dessus de sa chatte, ce qui déclenche de délicieux petits soubresauts.


Mais au bout d’un moment, la sensation s’éloigne, et la position devient inconfortable. Elle se lève, et va prendre une douche. Elle shampooine les cheveux, et se savonne vigoureusement tout le corps. Salope, oui. Crado, non !


Tout en s’essuyant, elle repense AU problème.


Depuis trois ans, elle a ce contrat avec cette petite maison d’édition parisienne. Elle écrit des polars, de petits policiers courts et pleins de sexe. Un genre San Antonio bon marché. Son contact avec les éditeurs était Monsieur Gédéon, un vieux mec tout bonasse, qu’elle n’avait vu qu’une fois lors de son unique passage à Paris. Pas contrariant du tout, Gédéon. Bien sûr, il y a une close dans son contrat qui permet aux éditeurs d’imposer des changements de texte. Mais le vieux était toujours content, et n’avait jamais rien demandé. Et bon an mal an, elle publie quatre machins sous le pseudonyme de Julie Chattenfeu. Ça se vend pas mal, et ça lui procure un revenu honnête.


Mais tout cela vient de changer. Gédéon a pris sa retraite, et a été remplacé par un certain Antoine Singenrut, un jeune mec qui a un doctorat en littérature, et comme ambition de réformer l’entreprise.

Il a commencé par lui demander l’adresse de son agent. Quel agent ? Jeanette n’a pas d’agent ! Il a trouvé ça très irrégulier, Antoine. Le premier texte qu’elle lui a expédié, il l’a renvoyé et refusé. Il ne veut plus de sexe, Antoine. Et il veut un langage plus châtié. Et des intrigues plus élaborées. Il veut que ça ressemble à du Simenon, Mossieur Singenrut. Conclusion, il y a six mois que Jeanette n’a plus rien publié, et l’argent commence à se faire rare.


Il y a bien cette proposition que Roberto lui avait faite… Elle se rappelle leur première rencontre, dans ce bookstore.


Un bookstore californien… En France, on appellerait ça une librairie, un endroit où on vend des bouquins, quoi. Mais c’est totalement différent. D’abord, c’est immense. Des livres par milliers ! Et puis, çà et là, il y a des fauteuils et des divans confortables, où l’on peut s’asseoir, et lire son bouquin. On peut même s’amener ici, prendre un livre, lire pendant des heures, et ne rien acheter ! Personne ne vous emmerdera jamais !


Il y a aussi un coffee shop, un endroit ou on peut lire en paix en buvant un expresso ou un cappuccino et en dégustant de petites pâtisseries.


C’était donc il y a deux ans. Jeanette venait juste de finir un polar et de l’expédier. Fatiguée de la chaleur de l’appartement, elle s’en alla au bookstore, et s’acheta le dernier Grisham, le dernier Crichton, et le dernier Clancy. Ces auteurs la fascinent. Des PROS, pas de petits amateurs comme elle ! Tom Clancy, spécialement. Comment fait-il, ce mec, pour sortir un roman super de six cents pages tous les ans ? Sûr, il doit avoir un tas de nègres, mais quand même !


Assise devant un cappuccino géant, dans la douce fraîcheur de l’air conditionné, elle hésitait devant ses trois bouquins, puis choisit Crichton, son préféré.


Quatre tables plus loin, deux hommes se tiennent par la main, et semblent avoir une querelle d’amoureux. L’un d’eux, le Californien typique, jeans et tee-shirt, bronzé, pieds nus, vingt ans à tout casser. L’autre, super bien habillé dans son costume brun clair, de trente-cinq à quarante ans. Soudain, le jeune se lève, repousse la table, et sort. Bon, ça se voit moins ici qu’à San Francisco, mais la Californie fourmille d’homosexuels des deux sexes.


Jeanette s’était replongée dans « Rising Sun », lorsque quelqu’un s’adresse à elle :



L’homosexuel, bien habillé, se penche au-dessus d’elle, et met une main sur la sienne.



L’anglais est parfait, mais il y a cette pointe d’accent…



Ça n’arrive pas souvent, que deux experts se rencontrent. L’un comme l’autre, ils étaient sûrs d’en foutre plein la vue à leur partenaire de rencontre. L’un comme l’autre, ils se rendirent vite compte qu’ils avaient affaire à forte partie.


Jeanette gagna le premier round, lorsqu’elle suça Roberto d’une maîtresse façon, un doigt dans son anus massant sa prostate. Il n’en finissait pas de décharger en beuglant comme un sourd. Pour rajouter la cerise au-dessus du gâteau, elle l’embrassa goulûment, lui faisant boire tout le sperme qu’elle avait gardé en bouche. Comme il était toujours dur, elle s’empala sur lui, et le chevaucha frénétiquement. Une queue parfaite, ce mec. Juste assez longue pour effleurer le fond, juste assez courte pour que le clit s’écrase. Oublieuse de son partenaire, qui de toute façon en avait assez,

Jeanette se fit jouir elle-même sur cette queue magique. Roberto explosa de nouveau, et Jeanette sentit le sperme s’échapper de son trou, générant des bruits obscènes. Une queue molle et flasque s’échappa de sa chatte, et elle se laissa tomber sur le côté, au bord de l’épuisement.


Elle était sur le point de s’endormir, lorsqu’elle sentit cette langue tourner dans son oreille, lui lécher les lèvres, puis s’introduire dans ses narines. Tout naturellement, sa main partit à la recherche de la quette, mais une voix lui dit : « Tiens-toi tranquille, c’est mon tour ». La bouche de Roberto descendit sur ses seins qu’il commença à sucer, puis à mordiller. Les tétons, c’est son point faible, à Jeanette, et les sensations se répandirent, malgré sa résistance. La sale petite bête d’en bas mouillait comme jamais, et son ventre montait, à la recherche d’un contact. Une main se plaqua sur sa moule, la massant légèrement, TROP légèrement. Puis des lèvres aspirèrent son clit engorgé, et une langue pointue se mit à le titiller. Elle ne pouvait lutter contre les sensations aiguës qui frappaient son bouton comme des décharges électriques, et elle s’abandonna au délire, gémissant d’abord, criant ensuite. Totalement sans défense, elle sentit ce gland qui lui frottait la fente, taquinant le trou sans y entrer, remontant vers son bouton, où il déclenchait des sensations intenses, puis descendant à nouveau. La bouche de Roberto, tout contre son oreille, murmurait : « Qui a gagné, hein ? Qui a gagné ? » Sans répondre, Jeanette introduisit la queue dans sa chatte et banda ses muscles intérieurs, la serrant comme dans un étau. Son ventre se mit à s’agiter, puis elle pinça les petits tétons de Roberto entre le pouce et l’index. Il poussa un cri étrangement aigu, et elle sentit son sperme la remplir à nouveau.


Elle avait atteint cet état irréel, où les vagues de sensations parcourraient son corps sans qu’elle puisse les contrôler. Roberto était affalé sur elle comme un corps sans vie, mais la queue toujours dure dans son intérieur. Jeanette retourna Roberto sur le dos, et pencha son visage sur ce pénis violacé qui ne pouvait débander. Puis elle introduisit le gland à l’entrée de sa chatte, et se mit à uriner de tout son saoul, au grand dam de la literie. Sous la chaude inondation, le pénis devint flasque.


Elle lui murmura à l’oreille « Match nul ! », et tomba endormie.


Une main caressant ses cheveux la réveilla.



Elle se gare, et ils marchent jusqu’à l’appartement.


Roberto regarde autour de lui : « Oh, un autre bookstore ! » Et en effet, à l’exception du coin télé, tous les murs sont tapissés de bouquins. Roberto se lance dans l’inventaire :



Pendant que Roberto examine les bouquins, Jeanette commande par téléphone.



C’est au tour de Jeanette d’être surprise. Mais on sonne. Le chinois. Ils mangent dans la cuisine.



Jeanette fouille dans une armoire et lui tend une farde. Roberto lit tout en mangeant.



Ils avaient terminé la soirée au lit, d’une façon détendue et somme toute assez tendre. Et à intervalles irréguliers, après un ou quatre mois, et sans jamais prévenir, Roberto se pointait.


Ça commençait toujours par une partie de jambes en l’air effrénée, et se terminait dans une grande tendresse. Mais pas d’attaches ! Elle ne savait même pas son nom de famille à Roberto ni lui le sien. Les crève-cœur, c’est pas son truc, à Jeanette, elle l’a appris à ses dépens ! Juste deux sexes, qui comme par accident entraient parfois en collision.


Bon, c’est pas tout ça, c’est bien les souvenirs et l’introspection, mais il serait temps de régler l’affaire Singenrut. Elle se rappelle avoir téléphoné plusieurs fois en France hier matin (AT&T va encore jouir et son portefeuille souffrir !), mais elle n’a jamais pu que parler à madame Jitiveux, la secrétaire. Une bonne femme qui était bien sympa du temps de Gédéon, mais depuis l’arrivée d’Antoine, qu’est-ce qu’elle était devenue constipée, et même agressive sur les bords !



Eh merde, elle le sait pourtant bien, que je m’appelle autrement…



Le téléphone avait explosé dans son oreille. Elle se sentait toute fière d’elle-même sur le moment, Jeanette. En y repensant, ça la mettait plutôt mal à l’aise. D’abord, c’était stupide, une bonne façon de se tirer dans le pied. Et puis, c’était si facile, si mesquin, et si bas, de passer ses humeurs sur cette pauvre Jitiveux…


Bon, un cadavre de plus dans son placard ! Mais elle a des excuses quand même ! La deuxième bouteille de vin blanc était déjà finie, à ce moment-là, et en dépit d’une expérience vinicole loin au-dessus de la moyenne, ça a quand même son effet sur la susceptibilité…


Après, ça se perdait dans le brouillard. Elle se rappelait, lisant des emails et y répondant… c’est tout. Il vaudrait peut-être mieux jeter un coup d’œil !


Elle démarre l’ordi et, sans se connecter, lance son email.


Des messages de copains auxquels elle devrait répondre… Oh, une lettre de Roberto ! Il a besoin d’une série de six polars, peu importe le pseudonyme… mais il lui faut le premier dans les deux mois… et la réponse : « Non Merci, Roberto, j’ai trop de boulot avec Tartencroute ». Menteuse !


Et voici une longue lettre de Singenrut. Oh dear, oh dear !


… au regret de vous faire savoir que… qui sont loin d’adhérer aux objectifs de qualité littéraire que… peu soucieux d’être identifiés à de minables débiteurs de pornographie…


Un ultimatum, quoi ! Voyons la réponse. Oh, c’est bon ! C’est TOUT BON ! Une délicieuse ironie. Dans ton cul, Singenrut ! Et le dernier paragraphe… craquant !



« Inamicalement » est original, mais un peu sec. « Cheers », c’est bon pour la Californie. « Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’assurance de mon plus profond mépris » non, c’est pédant. Soyons donc nature : « Ne m’écris plus, Antoine, tu me débectes et je t’emmerde. »


Bravo ! Une fois de plus, elle l’a ouverte, sa grande gueule ! Terminé, Tartencroute ! Elle est soudain prise d’une grande lassitude, d’un profond dégoût de tout en général et d’elle-même en particulier.

Son regard effleure la pile de factures sur le coin du bureau. Elle lance la connexion DSL… quelques emails d’inconnus, le genre publicitaire. Rappeler Roberto ? À quoi bon ?


Elle ne s’est jamais fait d’illusions, Jeanette. Julie Chattenfeu, ça n’était jamais que des polars de dernière catégorie, le genre de bouquins sur lesquels les adolescents se branlent, ou que les mecs oublient dans l’autobus. Mais bon, c’était son petit truc rien qu’à elle, et elle l’aimait bien.


Toujours nue, elle passe dans la cuisine et arrête la cafetière électrique, au fond de laquelle le café commence à caraméliser. Elle se vide un grand verre de vin blanc, et le boit à longues gorgées. Elle papillonne de-ci de-là, débarrasse la table, remet les choses en ordre, puis se paye un deuxième verre. Son estomac vide proteste un peu, mais il faut bien fêter la mort de sa copine Julie ! Elle allume la TV, puis l’éteint immédiatement. « Dodo, bébé », pense-t-elle. Un troisième verre l’aidera ! Elle se l’enfile, et retourne à la chambre d’un pas déjà moins assuré. Elle s’allonge, arrange les coussins.

Sa main gauche se porte tout naturellement à sa chatte, et elle a une dernière pensée avant de sombrer dans un sommeil sans rêves : « Couchée, la bête ! C’est pas le moment ! »


BADIBADING, BABOUM!


Oh non, pitié, pas cet oiseau !!!!


BADIBADING, BABOUM!


Quel mal de tronche ! Non, ce n’est pas l’oiseau, c’est la musiquette de l’email !


Quelle heure est-il ? Deux heures. Elle prépare du café, allume une cigarette.


L’email est de Roberto :



Elle n’hésite pas et répond trois simples mots :



Elle s’étire. Comme les choses peuvent changer en quelques heures ! Elle a faim, mais aucune envie de préparer quoi que ce soit ! Elle prend une douche rapide, et s’habille. Un tee-shirt gris avec une inscription rose, et sa jupe de cuir noir fendue sur le côté. Elle se regarde dans le miroir, et se dit :

« Non, tu n’es pas jolie ! Même pas mignonne. Un visage un peu trop typé, les lèvres un peu trop épaisses, les dents trop grandes, les sourcils trop touffus… Mais j’aime ton air malicieux, gamine ! »


Moins de dix minutes plus tard, elle fait son entrée au restaurant mexicain. « El Burro », ça s’appelle. Pas la grande classe, mais on y mange bien. Le soir, c’est toujours bourré, mais à trois heures de l’après-midi, l’endroit est désert. Une très grande salle très sombre, séparée en deux par un bar. Sur chaque table, une petite lampe qui éclaire à peine. De lourds chandeliers de fer forgé ornent le plafond.

De l’autre côté du bar, une seule table est occupée par six vieilles dames, qui ont l’air prêtes à partir.

Le seul autre client, une jeune femme à qui l’on vient d’apporter son repas, est à deux tables d’elle.


Jeanette commande une enchilada suiza, un verre de vin blanc, et picore les chips de maïs et la salsa en attendant.


L’atmosphère est détendue. Le garçon, un genre bellâtre super musclé, discute à haute voix en espagnol avec le barman, sans se préoccuper des deux clientes. Jeanette n’est jamais arrivée à aligner deux phrases d’espagnol sans avoir l’air ridicule, mais elle comprend tout.


Une conversation très macho qui tourne à l’obscène. Il semble que ce Casanova ait fait une proposition à l’autre cliente, proposition qu’elle a acceptée, et dès son service terminé, dans une demi-heure, il va la troncher bien fait. Le barman se moque de lui, disant qu’il baise vraiment n’importe quoi.


Jeanette tourne son attention sur la fille en question, et c’est vrai qu’elle ne casse pas les briques. Une rousse de petite taille, assez frêle, la poitrine peu développée. Un teint très pâle et des lèvres fines. Elle regarde le bellâtre avec un petit sourire timide.


Elle non plus, elle n’est pas belle, mais ce petit visage mangé de taches de rousseur est plein de personnalité. Cette femme respire la fragilité. Comme un petit moineau qui donne envie qu’on la protège. Elle ressemble vraiment à… un fantôme surgi d’un passé lointain.


Entre-temps, Jeanette a commencé à manger, et la conversation des deux hommes est passée de l’obscène au crado.



Jeanette a terminé son repas. Sa main droite qui tient son verre tremble légèrement. Elle dépose vingt dollars sur la table, et le garçon s’empresse.



Tout en disant cela, Jeanette lui masse la queue à travers le pantalon, au vu de tout le monde. Le barman et la jeune femme regardent bouche bée.



Il est des propositions auxquelles on ne résiste pas. Ils s’engouffrent dans les toilettes. Elle se jette sur sa ceinture et lui baisse la culotte.



À genoux devant lui, elle se lance dans un pompier effréné, un de ceux auxquels personne ne résiste longtemps, d’autant plus qu’une main lui caresse les couilles en profondeur. Dès qu’elle sent les premiers spasmes, elle pince vigoureusement la base de l’urètre pour empêcher le sperme de sortir. Puis elle lâche cette queue frustrée et se relève rapidement.



Puto !


Et en un clin d’œil, elle sort des toilettes, laissant le mec debout les jambes nues, le pantalon sur les souliers et la queue larmoyante.


Charlotte ! Où est Charlotte ? Au moment même où elle pense ce nom, son cœur se serre. Mais non, pauvre conasse, c’était il y a quinze ans, Charlotte ! Elle est MORTE, Charlotte ! Jeanette court comme une folle, à la recherche de cette fille inconnue. Là ! Tout au bout ! Cette robe bleue qui marche à grands pas ! Jeanette la rejoint, lui met une main sur l’épaule.



La rousse éclate en sanglots.



Et de repartir dans ses sanglots. Tout son corps tressaute. Jeanette la prend par la main, et elles s’asseyent à une terrasse. Elle commande des cafés, et le silence se fait lourd.



Le prénom la frappe au milieu de la poitrine avec une violence inouïe. Sa gorge se serre. Quelle incroyable coïncidence. Quelle ironie ! Jeanette reste silencieuse. La fille reprend :



Sans un mot, Jeanette se lève et prend Charlotte par la main. Le trajet en voiture est court. Arrivée à l’appartement, Charlotte se met à regarder les bouquins, mais Jeanette la tire par la main, et l’emmène dans la chambre. Charlotte est plantée comme un mannequin. Jeanette fait glisser la robe sur le sol, et découvre le petit corps frêle. Elle enlève ce soutien-gorge, qui ne sert pas à grand-chose, baisse la culotte blanche à l’ancienne mode. Elle pousse son nez dans une légère broussaille rousse.



Gentiment, elle emmène Charlotte sur le lit et la couche.



Charlotte est couchée nue comme une poupée sans vie. Jeanette lui picore les lèvres très légèrement, puis elle se fait plus insistante. Sa langue caresse les lèvres, et essaye de s’infiltrer, mais sans succès. Puis soudain, Charlotte la happe, et leurs langues dansent un ballet endiablé.


La main de Jeanette caresse légèrement le petit corps frêle, ses doigts effleurent les seins, le ventre, les cuisses, puis s’égarent sur une chatte trempée, qu’elle masse très légèrement.



Maintenant, Jeanette masse sans ménagement, Charlotte tressaute et balbutie.


Ça a duré longtemps. Bien des fois, Charlotte a joui comme une folle. Jeanette aussi, sans jamais que Charlotte la touche.


Elles sont couchées, endormies, la tête de Charlotte entre les seins de Jeanette. Jeanette s’éveille, et arrange un coussin sous la tête de Charlotte, qui ouvre des yeux aveugles et murmure :



Jeanette serre Charlotte contre elle, de toutes ses forces, et les larmes lui coulent sur les joues.


Elle se lève, recouvre la jeune femme, et s’en va dans la cuisine se faire du café. Deux heures du matin. La journée a été longue !


Jeanette ne sait pas très bien quoi faire. Cette Charlotte n’est pas Charlotte. Il n’y aura jamais qu’UNE Charlotte ! Mais elle lui ressemble d’une façon frappante. Et déjà, Jeanette sent qu’elle pourrait l’aimer. Allons, à quoi bon se mentir à soi-même ? Elle l’aime déjà, cette gamine, tous les signes sont là. La sensation dans la poitrine, la douleur dans la gorge, ce mélange de bonheur fou et de désespoir, et cette attraction physique qui frôle la démence. Mais peut-on vivre deux fois un tel amour ? Elle est bien morte, la Jeanette d’il y a quinze ans. Remplacée par une personne plus âgée, plus raisonnable, moins généreuse, moins sincère, plus réaliste, à la fois plus forte et tellement plus faible. Ne te conduis pas comme une vieille folle, « Djinn » ! Et puis cette fille a douze ans de moins qu’elle, elle mérite autre chose qu’une vie en marge avec une autre femme qui ne sera plus jeune longtemps. Et ce mélange de sentiments quelle exhibe ! Maman ! Mais le pis, c’est que Jeanette aussi, elle a très envie d’être sa maman ! Tout ça est profondément malsain, et à terme, ne peut finir que très mal.


Soudain, le téléphone sonne. Elle s’en empare immédiatement, pour ne pas que Charlotte s’éveille.



Ils parlent pendant un bon quart d’heure.



Un silence,



Jeanette se remet au lit à côté de Charlotte. Elle lui embrasse le front, lui picore les lèvres, puis l’embrasse à pleine bouche. La jeune femme dans un demi-sommeil lui répond fougueusement, et projette sa chatte vers le haut. Mais Jeanette l’ignore et pince doucement les petits tétons en regardant Charlotte dans les yeux, puis elle suce doucement ces petits bouts de seins tous dressés, et sa main s’égare dans une mouillure qu’elle caresse sans hâte. Quand le son rauque sort de la gorge de Charlotte, tout son corps à elle frémit. Charlotte s’étire comme un petit chat.



Roberto et Charles firent leur entrée, et se jetèrent sur une petite collation que les deux femmes avaient préparée. Dès qu’ils eurent fini, Jeanette se leva.



Elle prend Charlotte par la main, et l’emmène dans la chambre. Roberto suit.



Et là-dessus, elle sort et ferme la porte derrière elle.



La conversation languit, et les bruits qui s’échappent de la chambre ne laissent aucun doute au sujet des activités qui s’y perpètrent. Jeanette se lève, allume la télé, et démarre un film des plus pornos, le genre gay pur et dur.



Sans dire un mot, Charles la rejoint sur le divan. La gêne est palpable, mais une demi-heure plus tard, il est évident que le film l’intéresse diablement. Son pantalon exhibe une bosse des plus éloquentes.



Cela dit, elle commence à lui défaire la ceinture, et comme il ne se rebiffe pas, elle poursuit son œuvre de déshabillage, et une pine bandée à bloc jaillit du caleçon comme un diable de sa boîte.



Les doigts de Jeanette glissent très légèrement sur le long pénis, tandis que son autre main effleure le ventre contracté, y provoquant de petits frissons. Puis la main descend sur les testicules, les explorant tout en douceur, mais bien en détail. Elle décalotte le gland, et rend sa langue pointue pour taquiner le frein, ce qui cause chez Charles de petits tressautements involontaires. Finalement, elle l’engloutit en un océan de salive, et se lance dans de lents et profonds mouvements de pompage.

Charles était sur le point de se rendre, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit, et qu’un Roberto et une Charlotte tout habillés en émergèrent.



Là-dessus, défournant cette queue de sa bouche, elle la masturbe vigoureusement. De longs jets de sperme s’en échappent et la frappent au visage. Jeanette s’essuie un œil, et lèche le foutre de ses doigts.



Roberto sort le premier. Charlotte regarde Jeanette d’un air stupéfait et vaguement dégoûté, puis elle le suit sans un mot. Charles s’est éclipsé dans la salle de bain. Jeanette se baigne le visage d’eau froide à l’évier de la cuisine, et s’essuie. Charles réapparaît, l’air plus embêté que jamais.



Charles sort, se ravise, et revient.



Jeanette sourit.



Elle referme la porte. Déjà, le jour se lève. Jeanette laisse tomber son peignoir sur le sol du living et s’en va nue dans la cuisine. Elle rince la vaisselle, et remet les choses en ordre. Elle ouvre une bouteille de Chardonnay, cherche un verre, puis se ravise. La bouteille à la main, elle retourne à la chambre. Elle s’assied nue sur le lit, et se cale le dos avec trois oreillers. La bouteille lui fait tout froid entre les seins. C’est le moment de faire un petit voyage. Elle boit au goulot, longuement.

Et elle revoit… elle revoit…


Un p’tit coin d’paradis. Ces mois enchanteurs avec Jean et Charlotte, dans l’appartement au-dessus du parc. Les trois corps mélangés qui jouissent tous ensemble, les baisers, les mélanges. Le bonheur total, à en péter, à en crever, sans fin, sans retenue. Les soupers aux chandelles, les fenêtres grandes ouvertes dans la moiteur d’août.

Les nuits sur le grand lit rond, nus, transpirants, tous les trois collés ensemble. Un courant d’air frais vient de la fenêtre, et l’un des trois s’éveille. Il bande ou elle mouille, et commence à caresser les deux autres corps endormis.

Ils deviennent pures sensations, trois animaux fous qui s’entrelacent, qui se mélangent, qui entrent et qui ressortent les uns des autres, qui se lèchent, qui mouillent et qui éjaculent. Mais cette intimité va bien plus loin que leurs corps. Chacun connaît, des deux autres, les forces et les faiblesses, les vantardises et les timidités, les générosités et les lâchetés. Ils les connaissent, et ils les aiment, tout pêle-mêle. L’amour, avec un grand « A ».

L’amour à trois, pas prévu dans le dictionnaire. Un amour total, profond, et désespéré. Une identité, une UNITE.


Jeanette s’enfile une autre goulée, et une autre image apparaît.


La Cortina GT rouge, écrasée contre ce mur, désintégrée. Et à l’intérieur, les corps de Jean et de Charlotte tout foutus, tout cassés, à peine reconnaissables. Le sang sur le sol, et cette horrible odeur d’excréments.


La bouteille est presque vide. Elle la finit, mais s’y cramponne.


Charlotte ! Charlotte et sa guitare, qui la regarde en plein dans les yeux avec son petit sourire timide, et qui chante en détachant bien les syllabes :


Sidonie a plus d’un amant.

Qu’on le lui reproche ou l’en loue…

Elle s’en moque également…

Sidonie a plus d’un amant.


Je t’aime tant, l’artiste ! De grosses larmes coulent sur le visage de Jeanette. Puis elle se met à sangloter, comme une conasse qu’elle est. Mais l’alcool a fait son effet, et son visage tombe sur sa poitrine. Un filet de bave coule au coin de sa bouche. La bouteille lui sort des mains, et une petite rivière de vin guillerette descend sur son ventre et se perd dans sa touffe. Sur sa tête, la blancheur incongrue d’un grumeau de sperme oublié contraste avec ses cheveux bruns.


La température a recommencé à monter, et dehors, l’oiseau reprend ses trilles.


Steve sort de chez lui, se demandant s’il verra encore la folle d’à côté pisser dans sa culotte…



San José, juillet 2001.

(c) Jeanne Libon (Jeanette).