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n° 02824Fiche technique21565 caractères21565
Temps de lecture estimé : 13 mn
08/09/01
Résumé:  Une rencontre dans en bar avec une fille énigmatique...
Critères:   fh grosseins poilu(e)s bizarre volupté pénétratio
Auteur : Drapeau Noir
Kas Unlimited



Cette histoire porte en elle une grande part de vérité. Les faits qui y sont relatés se sont effectivement produits tel qu’ils sont ici rapportés. Quelques adaptations mineures néanmoins.


En hommage à Annick


J’étais en train de me sodomiser les méninges avec un récit pompeusement poétique. L’auteur y dégoulinait de suffisance, le style "Je suis beau, il n’y a que moi sur terre, et tous les autres sont des brêles". Et cet enfoiré de dégueuler sur la pornographie des êtres frustes et négligeables en utilisant un vieux langage putride et pas piqué des vers. Si t’es si fort que ça, t’as qu’à te casser et pas te mélanger aux nazes, foutu taré !

Il nous parlait d’esthétique, l’esthétisme étant cette science merdeuse inventée par des bourges de la pire espèce, Pro-Sadiens et friqués, qui se branlent d’envie dans les dîners mondains, toute une clique de bâtards qui me donnent la gerbe et qui évoluent dans leur monde opaque et figé. L’esthétisme est cette religion contemplative, mirifique et conceptuelle -c’est pas parce que je te chie pas à la gueule que je te pisse pas au cul-.


J’ai zappé sur un texte anodin, concentré de lieux communs mal agencés, encore un récit sans âme, c’est pas ce soir-là que j’irais me branler. Aucune salope vicieuse et perverse, le vide absolu. Justement ce soir-là ils passaient un film de Q sur Canal. Je n’attends rien de ce genre de truc mais j’ai regardé au cas où. À vous dégoûter du sexe tous ces gros plans purement mécaniques. La vie vaut-elle la peine d’être vécue ?

Cela faisait pas mal de temps que je voulais me suicider. Mais personne n’était au courant, comme ça j’étais peinard. Alors je hantais fantômatiquement tous les lieux de perdition !


Je suis sorti dans la nuit qui pluviassait et j’ai foncé vers l’un de mes deux troquets favoris. Il y avait là toute une faune qui dégoisait dans la vinasse et aussi quelques personnages bien désaxés. Rien que des révoltés en tout cas, des gens qui veulent vraiment tout casser, à commencer par eux-mêmes, par simple dépit et pour l’amour d’enfin en terminer. Quelques-uns s’observent, les autres bavassent, ça plane jamais vraiment haut, pourtant c’est un concentré d’univers qui passe ici, définitif et terminal, le genre de truc que voudraient néantifier les amateurs du "bien pensé". Et pourtant ça existe et ça vous fait chier qu’on se laisse ainsi aller, tous ces vauriens qui refusent le bon univers sanctifié par la majorité silencieuse.


J’étais au bar, entouré de deux cloches, je bibinais tranquillement en matant une vieille pouffiasse alcoolique que deux mecs essayaient de tripoter, avec des miches bien tombantes, elle avait des heures de vol la grondasse.

Puis mes yeux imbibés ont dérivé vers le fond de la salle où une (jeune) femme endeuillée savourait la divine solitude de l’indifférence. Peut-être une sidaïque, que je me suis dit, une nouvelle pestiférée ! Je me suis approché sans en avoir l’air, en ayant l’air de rien, surtout pas d’un être humain, plutôt d’un grotesque pantin malhabile et hésitant. Elle avait le regard fuyant. Je me suis installé à la table d’à côté.



J’avais rien à ajouter et elle non plus, tout avait déjà été dit maintes et maintes fois. Ce vieux monde était en train de s’écrouler tout autour de nous et partait en lambeaux de sinistre désespérance.



Etrange et inquiétant, une fille qui vous fait comme ça de but en blanc de telles avances. Il n’y avait rien en filigrane entre nous, aucune possibilité, aucune tendance non plus, nulle attirance… Mais bon, puisque c’était juste pour discuter et que je n’avais de toute façon rien d’autre à faire de ma pauvre vie.


Dans la rue, nous avancions côte à côte sans rien dire, comme deux zombies à la dérive, deux gros tarés que le monde a oublié. Perdus chacun dans des boîtes crâniennes hermétiquement fermées, fouettés par la pluviosité. Cette fille là était vraiment impersonnelle, un gouffre insondable remplissait ses silences, pire que moi, c’était atroce, elle sniffait des non-dits. Une belle grande brune, toute brune, très brune, avec une chevelure abondante.

A chaque marche, l’escalier de bois grinçait et ça puait l’encaustique.


Chez elle, j’ai été estomaqué. C’était tellement bizarre, tellement différent de tout ce que je connaissais. Imaginez un intérieur bien classique de facture rustique et quelque peu désuète, proche du siècle dernier… Mais au milieu de tout ça, plein de trous, plein d’entorses, plein d’incohérence, comme si Victor Hugo avait hébergé une extraterrestre. Dans toutes les cloisons il y avait plein de trous, de formes diverses et variées, placés là anarchiquement avec une logique démente, processus de gruyarisation fanatique. Et puis aussi toutes ces pseudos sculptures faites de bric et de broc avec du bric à brac de poubelle. Enfin toutes ces taches de couleur du plus mauvais goût qui parsemaient ça et là les murs et les meubles.

Etrange et inquiétant surtout qu’elle est allée s’allonger directos sur le lit après avoir ravivé le feu sous la bouilloire. Bon dieu, qu’est-ce que je fichais là ?



Vraiment ? Il y en a qui ont des idées bizarres ces p’tits vieux !



J’étais debout, je m’emmerdais vraiment, je n’avais aucune envie de la toucher. Je me suis retourné et je me suis cassé.


Le pire pour un mec qui veut se suicider, enfin qui ne sait pas très bien s’il va ou non le faire à vrai dire, mais qui a de sales tendances tout au fond de lui même, c’est d’aller fureter du côté de ces organismes charitables qui vous invitent à n’en rien faire, à grand renfort de formules toutes faites et de dictons lénifiants. De quoi vraiment vous démoraliser !

Ensuite, un pas de plus vers le grotesque, vous vous décidez à appeler ce putain de numéro de téléphone, en désespoir de cause. Vous attendez n’importe quoi, quelque chose, pareil, rien de précis… Rien de bien précis parce que vous ne savez pas de toute façon ce que vous cherchez, vous ne savez vraiment plus où vous en êtes… Bon, allez, tant pis, laissez tomber, vous ne pouvez pas comprendre…

Et là vous tombez sur une espèce de pseudo-cureton qui dégueule de compréhension et de sagesse. Re-banalités, mais trop c’est trop, complètement à côté de la plaque le chef de famille… Qu’est ce que vous pouvez en avoir à foutre de la sagesse et de la "raisonnabilité" alors que vous êtes déjà en enfer ?

Tous ces bénévoles sont pourtant, j’en suis certain, animés des meilleures intentions, c’est indéniable, mais comment pourraient-ils donc comprendre ce que vous vous vivez à ce moment précis ?

J’avais tout lu ou presque sur le suicide, tout ce que j’avais pu trouver. Tous les symptômes je les avais, j’en étais presque heureux et satisfait. À ce rythme là j’aurais dû être mort depuis bien longtemps, hors j’en avais réchappé, un vrai miracle pour un mec comme moi, névrosé au dernier degré !

Et donc, précisément, c’est cette nuit-là que j’ai téléphoné à SOS Amitié. Et ça m’a foutu le moral dans les chaussettes.


Du coup, je suis repassé dans un troquet pour y continuer mes lectures :

Laguna Istalina est un endroit magique d’une indicible beauté. Perdu au cœur d’une forêt dense et tropicale, on y accède par des petits sentiers forestiers à travers un embrouillis de végétation spongieuse. Ici la nature est hostile. Mais quand vous émergez enfin, tout près des grandes chutes de la Santa Lucia, vous avez presque l’impression d’être un conquistador découvrant l’Amérique, cette grosse masse d’eau qui s’écrase en contrebas dans des bouillons d’écumes avec un grondement d’enfer : Impossible de ne pas penser aux premiers missionnaires qui sont passés par là…

Mais je n’arrivais pas à me concentrer, je n’avais pas la tête à ça !


Du coup, je suis retourné chez la fille. Elle avait toujours son gros pull de laine marin. Je l’ai trouvée assise sur une chaise, elle pleurait à moitié :



Elle parlait toute seule désormais, elle ne me voyait pas, elle ne m’avait même pas vu rentrer. Je suis allé m’allonger sur le lit, j’ai allumé une cigarette, elle continuait à délirer tandis que je balançais négligemment mes cendres sur la moquette. De toute façon elle s’en foutait. J’avais peu ou pas dormi la veille, une nuit blanche à picoler. J’ai remarqué un grand couteau de boucher, juste sur la table devant elle. Je me suis endormi paisiblement avec cette image en tête en espérant qu’elle s’en servirait.



J’ai fait un rêve étrange, la fille était retournée au bar avec son couteau et avait émasculé un des clodos avec cette arme blanche. Ensuite elle s’était peinte les seins avec la bite sanguinolente.


Mais lorsque je me suis réveillé, elle était toujours là, assise sur sa chaise, complètement immobile, le regard fixe, plus aucun son ne sortait de sa bouche, ses yeux noirs et intenses vissés sur nulle part, véritable petit reptile prêt à bondir sur une proie d’un autre monde.

Je me suis levé et j’ai prudemment retiré le couteau qui lui faisait face avant de m’asseoir face à elle. J’ignorais si elle avait ou non-conscience de ma présence. J’ai tranquillement rallumé un clope et l’ai gentiment dévisagée. Sa peau d’une blancheur livide contrastait avec sa chevelure presque noire. De même que ses grands yeux noirs bien pénétrants.

Elle n’était pas vilaine, juste un petit peu "inhabituelle". Elle avait une petite bouche mais avec des lèvres très épaisses qui contrastaient, elles aussi, avec sa peau blafarde. On aurait presque dit qu’elle était maquillée. Or il n’en était rien ! Totalement naturelle au contraire, brut de chez brut, le mystère à l’état pur. Une beauté énigmatique que l’on rencontre rarement, en tout cas pas sur cette terre. Rien de tel pour tomber amoureux !


Car la problématique n’est-elle pas d’aimer ou de ne pas aimer et non pas de baiser ou de ne pas baiser. Un peu comme bouffer, boire ou conduire, il faut choisir. J’ai rarement pu baiser avec qui que ce soit sans l’aimer un minimum, peut-être est-ce pour cela que je ne suis plus avec celles que j’ai quitté. Mais bon, chacun voit midi à sa porte et moi ce que je vois c’est qu’il y a des filles qui me plaisent. Pour quelles raisons ? Mais simplement parce qu’elles me plaisent et que je n’ai nullement à me justifier sur ce point. Par exemple la grosse Odile lorsque j’étais à l’école, j’ignore pourquoi elle me faisait bander, elle n’avait pourtant rien d’une madone et pourtant elle m’excitait cette cochonne.

Et donc précisément, mon inconnue de ce soir-là, elle, elle me plaisait. Allez savoir pourquoi !

C’est vrai, ça fait chier à la fin toutes ces questions.


J’ai prononcé les mots "Je t’aime" sans émettre aucun son. Du coup je l’ai vue s’ébrouer et s’ébattre à vive allure. Je venais de réveiller la princesse fanfreluche. Sale garce !

Elle a filé comme une fusée remettre de l’eau à chauffer, hypernerveuse, toute excitée, comme si elle avait perçu distinctement ce que je n’avais pas dit.



En l’absence de réponse de ma part, elle a ôté son pull, entièrement dépoitraillée, deux obus bien blancs qui battaient la chamade, et dans la foulée sa jupe pour se retrouver entièrement nue en plein milieu de la pièce commune : Elle était avare de sous-vêtements. Blanche de chez blanche et sans aucune pudeur apparente. Et vas-y que je t’attrappe des tasses, et vas-y que je te chope des gâteaux, et ses deux bons gros lolos balourds qui balançaient joyeusement dans la cuisine. Blanche de chez blanche mais avec un épais buisson ardent et d’une noirceur sans égal, deux petites touffes sous les bras, naturelle et sans complexe.



Elle file à la salle de bain et j’entends le verrou qui crisse. Visiblement je ne suis pas invité. Quel dommage, cet animal poilu aux deux obus oblongs m’a mis d’excellente humeur. C’est la bouilloire qui me rappelle à l’ordre. Alors je prépare les cafés.


La voici de retour, elle vient s’installer paisiblement à table, toujours entièrement nue.



Après cet incident fort regrettable mon excitation est retombée. Elle était toujours assise tranquillement à table, toujours entièrement nue et tournait depuis dix bonnes minutes sa petite cuillère dans sa tasse. Et moi je regardais ses fringues qui traînaient près de l’évier sans oser évidemment y toucher.

Elle, toujours plongée dans son mutisme… je me sentais véritablement coupable pour le couteau, je n’aurais jamais dû faire quelque chose comme ça, ce n’était pas mes oignons après tout. Dans ce monde là des notions comme "non-assistance à personne en danger", ou d’autres trucs comme ça, c’était véritablement de la connerie, une connerie totale et sans fondement, colportée par des étrangers car VOUS êtes des étrangers.

J’étais certain qu’elle m’en voulait pour cet accès de faiblesse et j’étais convaincu de mériter son dédain, j’espérais juste qu’elle puisse encore me pardonner. C’est pour ça que j’attendais !


Et j’ai bien fait d’attendre car finalement elle s’est levée :



Tu parles ! Discuter de quoi ? Cela faisait des heures que nous ne disions presque rien !

Elle a allumé deux ou trois bougies avant de filer au lit.

Et, à peine sous les draps :



J’étais d’accord, forcément, ça allait de soi !


Un peu plus tard dans la nuit, j’avais dû m’assoupir quelque peu, mais j’ai senti son corps pulpeux s’avancer contre moi. À quelques millimètres, à me toucher. Je pouvais difficilement l’éviter, j’étais déjà au bord. De chaque pore de sa peau irradiait une chaleur torride qui me mettait en émoi. Je n’en pouvais plus, je me suis mis à bander comme un fou tellement ça m’excitait de la sentir ainsi toute chaude près de moi.

Elle a avancé encore de quelques millimètres, elle le faisait exprès cette perverse, cette fois elle me touchait et je n’en pouvais vraiment plus. Je me suis fait hara-kiri pour ne pas me jeter sur elle, je voulais lui laisser l’entière initiative, de peur de commettre à nouveau un impair.

Ses seins bientôt plaqués contre moi, ses longs seins chauds et pulpeux… Humm quel délice ! Et elle progressait encore et toujours, de quelques millimètres par minute, ça n’en finissait pas mais c’était bougrement excitant. Elle venait se blottir toujours plus, nous étions maintenant serrés à en étouffer, chaque millimètre de sa peau contre chaque millimètre de la mienne, une véritable fournaise tellement nous étions l’un et l’autre excités. C’est elle qui finalement a saisi mon sexe et l’a guidé vers son antre brûlant où je me suis enfoncé sans autre protection.

Je sais je n’aurais pas dû. Par la suite j’ai angoissé pendant des semaines en attendant le verdict et, fort heureusement, je m’en suis tiré avec une bonne vieille chaude-pisse des familles.

Mais ce soir-là j’étais prêt à tout, à tout ou à rien, et plutôt à rien, et même à ce qu’elle me découpe avec son couteau de boucher…


Et puis elle était… finalement tellement pure au fond d’elle-même, tellement innocente, tellement belle. Et puis tellement pulpeuse, tellement appétissante. J’ai offert mon corps à cette diablesse et elle l’a pris sans rechigner… mais avec une très grande douceur. Tous ses gestes exprimaient une grande sensualité, une grande douceur aussi, étonnant pour une fille aussi bizarre. Comme si tous ses sentiments refoulés passaient à travers son corps de nymphette.

Mille choses à découvrir : ses seins lourds en poire, sa belle fourrure épaisse, sa savoureuse odeur. Elle était véritablement exquise !!!


Je crois que c’est ce soir-là que j’ai découvert ce que c’était qu’une fille vraiment "bonne", et à tous points de vue. Sans aucune précipitation, sans avoir rien à prouver, dans la plus agréable des quiétudes, nous avons passé de longs instants divins, roulant de temps à autres l’un sur l’autre dans un étrange balai emprunt de volupté.

Ce soir-là pas de chevauchée fantastique, pas de corps à corps frénétique, juste cette impression continuelle d’être bien en elle, tellement bien que ça ne pourrait plus s’arrêter. C’était aussi la première fois que je faisais l’amour aussi longtemps, j’ignorais que ce fut possible. C’était tellement doux que cela repoussait sans cesse plus loin l’instant fatal…

Et, lorsqu’elle a joui avant moi, elle s’est mordu la lèvre tellement fort que je l’ai vue saigner, un filet de sang coulait sur sa joue : C’est la vision finale que j’ai eue en m’épanchant en elle.

Par la suite, elle m’a empêché de me retirer, elle voulait que nous restions emboîtés le plus longtemps possible l’un dans l’autre et j’ai presque failli m’endormir en l’écrasant de tout mon poids.


Au petit matin elle avait changé. Elle m’avait repoussé et gardait ses distances. J’ai tout de suite compris que je n’étais plus le bienvenu, qu’il allait falloir que je me fasse tout petit et que je ne tarde pas à m’éclipser. C’était ainsi, c’était la loi de ce monde… Et je n’ai pas protesté…


Lorsque je l’ai quittée, elle était assise sur la table devant son couteau de boucher :



Peut-être attendait-elle le bon moment pour pouvoir se suicider, ce qu’elle n’a jamais fait…


Drapeau Noir