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Temps de lecture estimé : 28 mn
07/10/01
corrigé 28/10/22
Résumé:  Arianne en rupture de bans avec sa vie de bourgeoise marginale a pris rendez-vous dans un institut de relookage...
Critères:  ff poilu(e)s complexe cunnilingu anulingus intermast ecriv_f
Auteur : Léna Van Eyck  (Un récit de Léna Van Eyck)      
La métamorphose d'Ariane - Réminiscences

La métamorphose d’Ariane


par


Léna Van Eyck




1 – Réminiscences



Le crépuscule assombrit progressivement la chambre de l’hôtel. Je l’ai souhaité moyen, ni trop luxueux ni trop miteux, banal et désespérément standard, de ceux qui ne se remarquent pas ! Ordinaire, commun. Comme moi !

Comme moi jusqu’à ce soir, jusqu’à cette nuit, parce qu’après, ou bien tout va changer, ou bien je sombrerai dans la folie !


J’avais d’abord pensé à une sorte de cérémonie « de passage », l’idée d’acheter quelques cierges noirs et un petit compact portable qui diffuserait par exemple le concerto de Paganini à cause de sa connotation « satanique » m’a un moment tentée. Mais j’y ai finalement renoncé ! Au diable (c’est le cas de le dire) le bazar ! Et vive la simplicité, la banalité, l’ordinaire, le commun !


Je n’allumerai la lumière que quand ce sera terminé. J’ai ouvert le lit, étalé sur les draps une grande serviette de bains, et me suis couchée dessus après m’être débarrassé de mes vêtements, comme ça, sans les plier, à même le sol !


J’essaie de faire le vide dans mon esprit, il le faut, mais j’ai le temps ; toute la nuit, si je veux. Je commence par serrer la pointe de mes seins entre deux doigts ; je serre assez fort, mais il faut me rendre à l’évidence, je ne suis pas très excitée. Mais j’ai un truc, il marche souvent ! Je m’amuse parfois à mettre en réserve dans ma mémoire un visage récemment rencontré. Souvent, c’est un bon point de départ.


Alors, pourquoi pas cette petite blonde de la réception au visage fripon ? Et voilà, ça va marcher ; je m’imagine en train de l’embrasser, de la déshabiller, de la caresser, tout cela est un peu confus, mais le fourmillement caractéristique atteint maintenant mon bas-ventre. Je serre mes tétons de toutes mes forces, je les tords, je les tire, j’ai envie de me faire mal, j’y mets les ongles ! Pourquoi Dieu ne nous a-t-il pas dotés de trois mains ? La droite descend, se fraye un chemin dans tout ce fouillis de poils et atteint mon clitoris érigé comme un petit pénis, je le frotte de l’index comme j’ai l’habitude de le faire ; la cyprine me dégouline sur les cuisses. Un épanchement aussi abondant est rare chez moi ! Pourquoi aujourd’hui ?


L’image de la réceptionniste devient de plus en plus floue, dans mon rêve éveillé. Je m’imagine à présent dans une salle de billards, je suis étendue sur le tapis vert, les jambes écartées. Des bites, de pines, des queues se vident sur mon corps, j’en touche, j’en branle, j’en suce, j’ai du sperme partout, et tout d’un coup je me retourne, je tends mon cul, je leur offre, et… Fin, c’est fini ! Un cri vite étouffé, mon corps qui « descend » pantelant. Je pensais le plaisir long à venir, ce fut au contraire extrêmement bref.


J’avais fait ce que je voulais faire. Cette masturbation dans la pénombre serait la dernière d’Ariane !




Je me réveillai en pleine nuit, sans parvenir à me rendormir. Un coup d’œil à ma montre, il était quatre heures et quelques ! Je décidai de prendre une douche, ensuite je verrais ! J’avais plein de chose à faire ! Comme par exemple commencer une nouvelle vie ! Voilà une occupation peu banale et riche d’intérêt ! Il faudrait que je me choisisse un nouveau prénom : Ce sera Bénédicte ! Pourquoi Bénédicte ? Parce que !



Opérons à présent un petit retour en arrière pour mieux cadrer cette étrange histoire !


Mes parents ont eu la délicatesse de me prénommer Ariane ! Voici qui est grotesque. Après cet acte d’un courage inouï, mon paternel décida de déguerpir et ne donna plus de nouvelles. Fille unique, je fus donc élevé par ma mère qui, se déclarant dégoûtée des hommes, n’en chercha point d’autres, ou alors si elle le fit, ce ne devait être que fort discrètement ! Nous ne manquions de rien, ma mère occupait un poste de cadre dans une usine agro-alimentaire. Elle ambitionnait ni plus ni moins de diriger un jour l’usine et proclamait en avoir les capacités.


Vu le sujet, il n’est pas nécessaire que je me décrive, il sera toujours temps ! Disons simplement que je n’étais ni belle, ni moche, mais sans doute fort quelconque ! Et probablement le suis-je encore ?


Plusieurs événements importants ont ponctué mon enfance et mon adolescence. Il faut bien en parler… pour comprendre mieux la suite.


J’ai perdu la foi à 8 ans ou à 9 ans, je ne peux me souvenir de la date. Par contre, je m’en rappelle l’endroit avec une précision diabolique. Nous revenions avec ma mère, de l’arbre de Noël de son entreprise. Nous avions garé la voiture dans une rue commerçante afin d’y faire quelques courses quand, en passant devant une librairie, ma mère eut la bonté de me confirmer que le père Noël n’existait pas. J’engrangeais cette ratification, et me souviens avoir demandé à ma génitrice s’il en était de même pour Dieu le Père. Silence outré de cette dernière ! J’avais donc perdu la foi dans la rue !


Quelle importance, me direz-vous ? Persuadée que mes convictions nouvelles procédaient d’un raisonnement simple et donc à la portée du premier venu, je m’étonnais qu’elles ne soient point davantage partagées, et me lançait donc à tout va dans un prosélytisme effréné. J’échouais bien sûr ! Déjà peu populaire et peu liante, cette attitude contribua à m’isoler encore davantage. Je m’enfermai dans ma tour d’ivoire, convaincue d’avoir raison, seule contre tous, attendant le moment où je pourrais le leur prouver.


Le deuxième acte eu lieu l’année de mes 13 ans. Nous étions allées, avec ma mère, à la fête de fin d’année de l’usine. Elle revêtait cette année un caractère particulier, le directeur ayant fait valoir ses droits à la retraite. Ma mère n’attendait plus qu’une décision du Conseil d’Administration pour reprendre ses fonctions. J’en étais, certes, fière pour elle, et puis les avantages matériels en seraient considérables. Son salaire serait au moins doublé, nous pourrions changer de voiture, peut-être même changer d’appartement, se payer des voyages, des articles de luxes, le rêve quoi ! Elle me présenta un tas de gens. Parmi ceux-ci je remarquais une fort belle femme, sans doute la plus belle de l’assistance, ma mère me la présenta :



Cette dernière répondit d’un sourire que je n’osai interpréter, et quand elle fut partie, ma mère me précisa !



C’est quelques semaines plus tard que ma mère rentrant à la maison, éclata en sanglot dès le pas de la porte franchi. Ne l’ayant que rarement vu pleurer, j’en fus bouleversée. Ce n’est qu’au bout d’une heure de crise et de mutisme qu’elle m’expliqua alors que le Conseil d’Administration avait nommé Sandra directrice de l’usine.



Déjà influencée par les idées féministes, cet épisode traumatisant se conclut par ma décision de ne rien faire dans la vie qui puisse me faire juger autrement que par mes capacités propres. Et je décidai à partir de ce jour, de refuser tout maquillage, toute coupe de cheveux à la mode, tout vêtement ou sous-vêtements trop « féminin ». Ne percevant pas l’élitisme pervers de cette attitude (on aurait donc le droit d’être moche, mais pas d’être conne), ce fut probablement ma première erreur.


Je tenais bon mon engagement, m’enfermant dans ma différence. Ma sexualité s’éveillant, je me rendis compte que mon look m’éloignait d’office des grands benêts autoproclamés « haut de gamme ». Restait le second choix, mais la relation que je cherchais incluant la communion d’idée, je finis par faire le vide autour de moi. Je sortais peu et, m’étant trouvé une véritable passion pour l’astronomie (no-mie ! pas lo-gie !), je consacrais l’essentiel de mes loisirs à cette activité, oh combien solitaire !


Ma sexualité s’éveillant (je sais, je l’ai déjà dit !), je découvrais aussi une autre forme d’activé solitaire. J’avais dégotté au cours d’un séjour à la campagne, chez des vagues cousins, un bouquin érotique dans le tiroir d’une table dans un grenier. Le fait de savoir que quelqu’un venait le lire ici m’excitait autant que le livre lui-même. J’avais essayé de savoir qui cela pouvait bien être, et ne trouvant décidément pas, j’embarquais l’ouvrage. Il me servit longtemps de support à mes fantasmes, du moins comme point de départ, car après je les laissais divaguer.


Mais deux images revenaient comme des leitmotiv : la première était celle d’une camarade de classe, je fantasmais sur son visage, sur son sourire et dans mes rêves éveillés, je la déshabillais lentement pièces par pièces, et quand elle et moi étions entièrement nues, je l’embrasais tendrement… Mais l’excitation montant, ce n’est pas cette scène qui m’accompagnait jusqu’à l’orgasme mais celle d’une orgie infernale où je me retrouvais nue au milieu d’une cohorte d’hommes en rut qui me faisaient l’offrande de leur bite.


Ces deux fantasmes n’ont cessé de me poursuivre, le premier a évolué, ma camarade de classe ayant été remplacée au fil du temps par d’autres femmes, toutes différentes, mais toujours avec un beau visage, toujours avec un beau sourire. L’autre aussi a évolué et si, assez rapidement, les bites se sont faites plus précises, leur fonction aussi. Il fallut bien que je me rende à l’évidence : ces bites n’appartenaient à personne, elles n’avaient aucun visage. Je me refusais à en tirer conclusion. Ce fut ma seconde erreur !


Je souhaitais devenir astronome professionnel, cela passait par l’obtention d’une licence de physique et d’une autre de mathématiques et je travaillais avec acharnement. Parvenue à la majorité, je me retrouvais désespéramment seule. Ma mère ne s’était jamais vraiment remise de ce qu’elle considérait comme un échec professionnel et nos rapports étaient devenus très distants.


C’est à la suite d’une conférence sur la vie dans l’espace que je me retrouvai malgré moi, embrigadée dans une secte assez délirante dont le but ultime était de construire une ambassade afin d’accueillir les visiteurs extra-terrestres. Mais attention, pas une ambassade en préfabriqué, non : le truc haut de gamme et super luxe ! Mon enthousiasme de nouvelle convertie fut bref, il était évident que ces gens-là se foutaient du monde. Nous étions quelques-uns à vouloir abandonner en dénonçant tout ce cirque, un communiqué serait envoyé à la presse, etc. C’est dans ces circonstances que je rencontrais André. Oh ! Ce n’était pas un play-boy – plutôt du genre gringalet– mais d’une intelligence supérieure, surdoué même. Il s’était comme moi, égaré ici et plaisantait sur lui-même avec un petit air supérieur :



Il partageait mes idées sur Dieu, sur les femmes et savait parler de tout un tas de sujets intéressants. Il ne baisait pas très bien, mais je n’avais à cette époque aucun élément pour comparer. Bref, j’avais cru trouver l’oiseau rare et nous avions convolé en justes noces. Bardé de diplôme, André était analyste financier. Il gravit rapidement les échelons de la hiérarchie et parvint à un niveau de rémunération qui me dispensait de travailler. C’est ainsi que je n’ai jamais été astronome.


Six années passèrent. Le temps passe trop vite ! Six années où je serais bien en peine de raconter quels en ont été les faits marquants, nonobstant de merveilleux voyages de vacances. La routine s’installa, Monsieur détestait le cinéma et adorait le théâtre, nous avons donc vu pratiquement tout le répertoire, certaines pièces m’ont enthousiasmé, d’autres m’ont bien barbé, et nous avons visité tous les musées qu’ils nous intéressaient de voir. Et le restaurant a cessé de nous amuser. Notre standing nous permet de nous abstenir des taches ménagères. Je partage mon temps entre le bénévolat dans une association caritative et l’aquarelle.


André est un acharné du travail, il en emporte à la maison, il travaille le soir, le week-end, tout le temps. C’est d’un gai ! Son seul moment de loisirs, c’est quand il prend un bouquin pour lire avant de s’endormir, mais ça ne dure jamais longtemps. Après, il ronfle ! Le sexe est devenu rare. Il se dit ouvert pour les autres, mais n’a aucune originalité en ce qui le concerne. Il ne m’a jamais demandé de le sucer, mais je dois dire que je n’ai pas non plus abordé le problème. Non, le radada traditionnel, il a dû me prendre en levrette trois fois en tout et pour tout, au début de notre mariage. Au début, je faisais intervenir mes fantasmes, pour aider ma jouissance, mais j’abandonnais vite cette méthode. Nos sexualités sont donc déconnectées, je le laisse effectuer son coït conjugal, et moi de mon côté, je me masturbe quand l’envie se fait trop forte. Nous ne recevons pratiquement personne, nous ne sommes reçus chez personne ! Nous sommes complètement asociaux, hors du monde et je m’ennuie à mourir !


Vous allez me dire, mais qu’est ce qu’elle fout ? Eh bien oui, j’avais un but qui m’a permis de rendre vivable cette absolue monotonie. Je désirais un enfant. Pas lui ! Mais malgré tout, il n’était pas contre. Ça n’a jamais marché, je me suis fait faire des examens, ça ne vient pas de moi, m’a-t-on dit. Mais, lui, les examens, il n’a jamais voulu les faire ! On a finit par s’engueuler ! Avec une certaine violence dans le ton ! Ce jour-là, quelque chose s’est cassé ! Boum !


Tromper mon mari, ne me venait même pas à l’idée, je ne suis jamais arrivé à fantasmer sur les hommes, la vue des bellâtres bodybuildés me donne même la nausée. Je n’aime les tablettes de chocolats qu’avec des noisettes. Je ne fantasmais que sur leur sexe, mais les quéquettes qui se baladent toutes seules sur leurs petites pattes, c’est pas si courant. Quant aux femmes… Un jour nous avions organisé dans mon association une vente-dédicace de bouquins d’une femme auteur. Quand je dis « nous avions organisé », c’est en fait moi qui m’étais occupé de presque tout. Ça avait assez bien marché et quand, à la fin, je me suis retrouvée seule avec elle, après avoir tout rangé, elle m’a invitée au restaurant.


Je refuse d’ordinaire ce genre de privauté, mais là, j’avais accepté et m’étais retrouvée quelques heures plus tard dans son plumard. Mon excitation assez intense au début de cette rencontre se diluait au fur et à mesure de nos ébats me rendant compte que j’étais godiche comme pas une ! Elle eut un moment ces simples mots : « Ils sont marrants tes seins ! » J’aurais dû lui demander pourquoi, mais je n’osai, redoutant la réponse, alors je ne le fis, pas, pris mal la chose, et prétextai je ne sais quoi pour écourter tout ça. Ce fut ma seule extra-conjugalité !


Le lendemain, devant un miroir je regardai mes seins, j’avais cru que la bizarrerie passerait inaperçu. Encore une illusion qui s’envolait. Tant pis !


Le véritable incident conjugal arriva quelques mois plus tard, il fut traumatisant :



Je claquai la porte et m’enfermai dans ma chambre, il y avait lurette que nous faisons chambre à part. Dans le petit jeu de grimpage hiérarchique, il arrivait dans des cercles où la présence de l’épouse comme faire-valoir devenait indispensable. Il avait donc jugé que je n’étais pas assez sortable et m’avait tout simplement remplacé ! Foutre le camp ! Sans doute ! Mais pour aller où ? Pour faire quoi ?


Mais le ver était dans le fruit, et inexorablement mon ménage éclaterait ! Mais surtout j’étais profondément vexée ! Je n’étais donc ni présentable, ni sortable ! Mais c’est quoi ce délire, je ne suis pas plus moche qu’une autre. Pourquoi me le demander comme ça, je ne suis pas sa poupée Barbie, il aurait pu y mettre les formes, me demander cela par petites touches ! Déboussolée, je décidai de consulter un psy.


Ce crétin de psy m’a fait perdre trois mois, son credo était : « Acceptez-vous comme vous êtes, et patati, et patata ! » Conard ! Eh bien, non ! Je n’acceptais pas de ne pas être sortable, je ne pouvais pas l’accepter ! Je laissais tomber.


C’est plusieurs jours après, dans la salle d’attente du dentiste que j’eus la révélation. L’attente était plus importante que prévue, et je me résolus à feuilleter les feuilles de choux habituelles. Je tombai par hasard sur un article décrivant l’aventure d’une bonne femme malheureuse en ménage qui, après avoir quitté son mari, avait fait appel à un cabinet de relookage. L’adresse était indiquée, je l’arrachai et la plaçai dans mon portefeuille !


On sait bien que parfois les choses sont inéluctables, mais allez savoir pourquoi, on retarde, on retarde, qu’est ce qu’on peut perdre comme temps dans une vie !


Et puis cette lettre :



Votre mari a une liaison. Installez-vous un jeudi vers 20 heures à la terrasse du café « Le Grillon », et surveillez la sortie de l’hôtel juste en face.



Je savais que cela ne pouvait être que vrai, mais j’y allais quand même et quand je vis André sortir de l’hôtel, et dire adieu à sa maîtresse en l’embrasant goulûment sur la bouche, je fondis en sanglots.


Le pire c’est que nous avions envisagé cette possibilité avec André ; nous nous étions dit, dans la vie d’un couple, ça arrive, il ne faut pas donner à l’événement plus d’importance qu’il en a ! Un couple, c’est plus solide que ça, ce n’est pas un coup de bite qui va le détruire. Oui, peut-être, mais pas comme ça, pas après m’avoir négligée, m’avoir trompée par ses propos, m’avoir déclarée « pas sortable » !


Le soir je ne mangeai pas, prétextant une classique migraine, et le lendemain matin, dès André parti, je téléphonai au « visagiste ». Le numéro que j’avais noté sonnait dans l’immensité du vide. Je me livrai donc à une petite enquête téléphonique avant de dénicher une officine opérant dans ce genre de chose. Je finis par trouver. On me fixa un rendez-vous pour le lendemain matin.


Je m’habillai n’importe comment, tenant à me passer l’unique (oui, l’unique) soutien-gorge de ma panoplie, il me boudinait les seins qui avaient grossi depuis son achat.


Il me restait à faire ma valise, j’allai en chercher une dans le placard, l’ouvrit sur le lit, voulant mimer les gestes tant de fois aperçus au cinéma. Il m’apparut assez vite que je n’avais pas grand-chose à mettre dedans. Je ne voulais plus de ces fringues trop simples, trop anodines qui ne m’avaient servi qu’à m’enfermer dans un personnage que mon mari avait sans doute trouvé si facile à tromper ! Je jetai rageusement deux ou trois culottes, il faut bien se changer, et allai voir ailleurs, quelques bouquins, quelques CD, quelques souvenirs, très peu en fait et puis surtout ce vieux nounours, mon dernier nounours, le dernier témoin de mon enfance… je n’allais tout de même pas le laisser là.


C’était tout, les larmes me coulaient sur le visage, je ne les essuyais pas, me laissant pleurer, laissant éclater ma peine devant le spectacle dérisoire de cette valise à demi-vide, reflet de ma pauvre vie ratée. Je fermai la valise, c’était ridicule, son contenu flottait à l’intérieur en un floc-floc burlesque. Je la rouvris, et en comblai le vide à l’aide de serviettes de bains. J’eus un semblant de sourire en pensant qu’André ne soupçonnerait même pas mon départ définitif. Il me croirait attardée chez des amies (quelles amies ?) Non, il croirait… et puis je m’en fous de ce qu’il croirait ou pas, j’avais rédigé dans ma tête au cours de ma courte nuit des tas de formules de lettres de rupture, cherchant les petites phrases assassines… J’avais finalement décidé de n’en rien faire. Était-ce à moi d’expliquer ?


Je pris la voiture, roulai un peu, puis la garai devant une gare de banlieue et décidai de la laisser plantée là. Je ne fermai pas les portières et laissai la clé de contact. Quelqu’un se chargerait bien de la voler.


Je pris le train, puis le métro, je tuai le temps de cette première journée de femme libre en ne faisant rien, me baladant sur les quais de la seine où les bouquinistes n’ayant pas encore ouvert leurs étals, il n’y avait strictement rien à voir, attendant que l’après-midi commence pour louer une chambre d’hôtel où je déposai ma valise, puis recommençai mon errance.


Le soir j’eus un peu faim. Une simple omelette dans un bistrot me rassasia et je m’enfermai dans cette minuscule chambre attendant la nuit…




2 – L’institut



L’institut était situé dans un quartier chic, je fus reçue par une hôtesse très classieuse. (Pas mal pour alimenter mes fantasmes) qui après m’avoir posé quelques questions m’avisa que l’on traitait ici « à la carte », que tous les clients étaient respectables quels que soient leurs moyens, mais que s’ils les avaient (les moyens) on pourrait me fournir du « très haut de gamme ». Intéressée par cet aspect des choses, elle commença à me demander des tas de trucs tout en renseignant une fiche technique. Puis après avoir reçu un coup de fil, elle changea brusquement d’avis :



Il est évident qu’une femme dirigeant un tel établissement se devait de donner l’exemple. C’était néanmoins impressionnant ! Une grande brune, légèrement typée, sans doute d’origine espagnole, au visage régulier et aux lèvres magnifiquement ourlées recouvert d’un joli rouge à lèvres parme ! Je la regardais, bouche bée. Elle aussi me toisait ! Sans doute mentalement était-elle en train de se faire un devis ? Quelque part, l’idée me déplut !



Tout semblait calculé chez cette femme, depuis la profondeur du décolleté trop haut pour être provoquant mais trop bas pour être innocent, jusqu’aux mouvements de ses mains parfaitement manucurées. Quant à son sourire n’en parlons pas.


Elle parcourut la feuille que venait de lui restituer son imprimante !



Quelle hypocrite ! Me disais-je in petto, si je lui avais dis « Cunégonde », elle m’aurait dit la même chose ! Pascale marqua une pause, elle continuait de me dévisager, un grand sourire aux lèvres. Elle déclencha l’impression de je ne sais quoi, rangea la feuille dans une chemise vierge, fit quelques gestes nerveux avec son stylo plume, puis, comme dans un soupir, me lâcha :



Le choc ! Oh ! juste un instant car aussitôt après elle se voulu rassurante :



Ça allait déjà mieux :



Elle marqua un silence :



Je ne répondis que d’un petit sourire, j’étais à sa merci, du moins tant qu’un événement ne m’aurait pas projeté violemment hors de cet établissement.

Pascale se leva, et alla farfouiller dans un petit meuble aux portes vitrées. Je pouvais ainsi pour la première fois, la voir de dos. Décidément cette silhouette très féminine alimenterait très bien mes fantasmes de la prochaine nuit, me dis-je !



Je ne répondais pas. Elle me le fit remarquer.



Elle prit alors quelques photos numériques de mon visage, puis les intégra dans son micro ordinateur. Elle en sélectionna deux, l’une de face, l’autre de profil, puis lança un logiciel.



J’eus alors la surprise de me voir à l’écran, mon image affublée d’une imposante gamme de coiffures différentes. Il y en avait de toutes longueurs, de toutes formes et toutes couleurs. En même temps, elle guettait mes réactions, je m’arrêtai, éberluée devant une coupe mi-longue, très raide et très blonde.



Je m’en défendis :



Ce fut alors un défilé de fonds de teint, de rouges à lèvres et de fard à paupières.



J’obtempérai et me retrouvai devant Pascale en petite culotte et soutien-gorge. Elle eut le tact de ne pas piper devant l’affligeante banalité de mes sous-vêtements, préférant biaiser :



Je me rassis, ce que j’avais enlevé étant selon moi suffisant pour évaluer ma silhouette, puis me rendant compte que cet examen serait plus pratique en position debout je me relevai aussitôt



Je le fis ! Je me retrouvais les seins à l’air, face à cette inconnue, rouge de honte et de confusion.



Je lui montrais, agacée, les petites protubérances de chair parsemées sur mon mamelon.



J’étais devenue rouge comme une tomate. Ça n’allait plus très bien, L’idée de ramasser mes affaires et de m’enfuir en courant me traversa l’esprit !



Je ne répondis pas, estomaquée par une telle proposition.


Toujours est-il que quelques secondes plus tard, j’avais devant le nez deux pommes magnifiques terminées par de délicieuses aréoles brunes. Les protubérances étaient là aussi ! Conne que j’étais, c’est vrai que des seins, j’en avais vu combien dans ma vie ? Quelques images que je n’avais pas détaillées, sinon nous n’allions jamais en vacances à la mer. Quant à ceux de ma lesbienne écrivain, ils ne m’avaient pas frappé plus que ça. C’est comme ça qu’on se fait des idées toutes faites. Et si j’en avais sur un sujet aussi trivial, qu’en était-il…



Pascale me fit sortir de sa rêverie ! J’étais dans un rêve. Sa poitrine si près de moi, sa belle, sa si belle poitrine, elle me tutoyait, m’invitait à toucher. Je touchai. Mue par je ne sais quelle force invisible, je caressai la base du téton qui déjà, était érigé d’excitation. Ses mains fraîches se posèrent sur mes propres seins. Que cela me faisait du bien !


Pascale chercha mon regard. Elle souriait, elle passa sa langue sur ses lèvres, je l’imitai uniquement par réflexe, elle crut sans doute alors que je répondais à son avance, et s’approcha doucement. Je n’étais plus maîtresse de mes actes, j’entrouvris la bouche et accueillit sa langue en mon palais. Ce fut du délire, je crus qu’elle allait me bouffer ! Une onde me parcourut, j’avais la chair de poule, tandis que des larmes naissaient au coin de mes yeux. Que je puisse susciter de l’intérêt sexuel chez une créature aussi belle me sidérait !


J’ignorais si cette si agréable agression était le fruit d’une folie passagère dont l’élan retomberais aussi vite qu’il était parti, ou si elle voulait aller plus loin. Pour ma part, je priais les foudres de l’enfer que cela continue. Cela pouvait aussi dépendre de moi, mais je ne souhaitais pas non plus, me montrer trop godiche comme lors de mon expérience précédente. Le baiser pris fin, un moment ; il fallait bien que nous reprenions notre souffle, alors je me précipitai afin d’effectuer la seule chose que je pensais savoir bien faire et de la bouche, m’emparai du bout de ses seins. Elle fut réceptive et poussa de petits râlements. J’étais aux anges, me délectant du fruit offert, le mordillant doucement, le lapant. Tout à mon activité buccale, je perçus le corps de Pascale qui s’agitait bizarrement. Je m’inquiétai un instant, mais pour me tranquilliser aussitôt. Madame la directrice était simplement en train de faire dégringoler sa jupe et sa culotte ! La séance est donc partie pour durer. Ça me rassura et ça m’angoissa, toujours à me demander si j’allais être à la hauteur…


Et c’est à ce moment-là que ce maudit téléphone se mit à sonner. Je tempêtai intérieurement contre ce diabolique appareil qui risquait d’abréger nos folies et escomptai que ma partenaire le laisserait sonner dans le vide.


Eh bien, non, il fallut que Pascale se tourne pour répondre :



Une heure ! Elle a dit une heure ! Imaginez mon émoi ! Mais vous ne pourriez pas ! Parce que je ne vous ai pas tout dit : figurez-vous que comme nous venons de le lire, Pascale s’était tournée, et comme celle-ci s’était débarrassée de sa petite culotte, j’avais devant mes yeux une magnifique paire de fesses !


Encouragée par l’évolution de la situation, j’approchai ma bouche de ces globes si gentiment offerts à ma gourmandise et m’empressai d’y déposer un chaste bisou dès qu’elle eut raccroché son impertinent combiné !


Mais il devait être dit que cette matinée serait celles de toutes les surprises. Sachez déjà que parfois la pensée va démesurément plus vite que les mots qui sont censés la concrétiser. Il faut donc que je vous parle des fesses de Pascale. Parce que dans mes fantasmes les plus fous ce n’est pas du tout comme cela que j’imaginais les fesses de mes compagnes. Je les voyais, plus grosses, plus dodues, celles-ci étaient plutôt petites, très rondes, très douces et ce, malgré l’incroyable incongruité que je venais d’y découvrir !

Car, il faut vous dire que Pascale, directrice d’un institut de beauté haut de gamme avait – c’est à peine croyable – du poil aux fesses !


Oh ! N’allez pas imaginer que j’y avais rencontré un pelage épais et touffu ! Non, pas du tout ! Ce n’était que quelques poils épars concentrés aux abords de l’anus ! Mais ils étaient bien là !


La chose m’amusa, je me souviens m’être, parmi le malstrom de pensées qui surgirent à ce moment-là, demandée si ce fait était coutumier de la nature féminine. Après tout, qu’y connaissais-je ?


En fait ? Ils étaient rassurants ces poils, cela voulait dire que quelque part, Pascale n’appliquait pas à elle-même tous les canons de la beauté en vigueur et entendait conserver une part de naturel ! Et puis, et surtout, cela voulait sans doute dire qu’elle ne devait pas se montrer à tout le monde. Carole n’était donc pas une nymphomane obsédée, et dans cette optique-là, je devenais favorisée ! Voici un raisonnement qui me comblait d’aise !



Super, si elle continue à me guider, ça m’évitera de faire des conneries, je fis ce qu’elle me demandait, alors que mon excitation allait grandissante. Elle semblait ravie de ma prestation.



Elle se cassa alors en avant, probablement pour accentuer la rotondité de son postérieur.



La question débile ! Bien sûr que je les aime ses fesses, je les adore même. Je le lui dis.



Pourquoi se croyait-elle obligé de se justifier ? Moi, ses fesses je les trouve superbes avec ou sans poils, et d’ailleurs les masser ne me suffit plus, je les embrasse, multipliant d’abord les bisous, puis devenant audacieuse, je les mouille de ma langue.



Qu’est ce qu’elle me raconte ! Qu’est ce qu’elle veut que j’écarte ? Mais bon, je comprends vite, je sépare les deux globes, laissant apparaître son sillon humide sur le chemin duquel se cachait son petit anus brun. Je lèche là-dedans, comme si j’avais fait cela toute ma vie, je n’en peux plus, je voudrais bien qu’elle s’occupe de moi !


Je me souviens que c’est à ce moment-là que j’eus un geste incongru. Les bras de Pascale ballottaient entre ses jambes. Je me dis alors que ces mains inoccupées seraient bien mieux employées à me caresser qu’à pendouiller inutilement, et j’en attrapai une, pour l’emmener sur ma chatte, ou plutôt à son emplacement, me rendant alors compte que la chose aurait gagné en intérêt si seulement j’avais enlevé ma culotte.


On dût se faire la même réflexion au même moment, car tandis que je me relevai pour l’enlever, Pascale se tourna, tout sourire et me viola de nouveau mes lèvres. Un plaisir bien sûr ! Une extase même !

Elle me tripota les seins, j’en fis de même, elle m’asticota le bout, elle ne me le fit pas assez fort ! Je fais quoi, je lui dis ou pas ? Je ne voudrais pas non plus passer pour une dingue !



Ça m’a échappé, j’en avais tellement envie !



Elle le fait, et elle le fait très bien, je mouille comme une éponge, je pousse des petits cris.



Ça non plus, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire !



Puis, elle m’invite à me coucher sur le canapé en cuir noir, pour prendre nos aises, précise-t-elle. Je m’y allonge ; ça m’arrange de me laisser faire, de la laisser s’occuper de moi. Pascale me chevauche alors s’agenouillant de part et d’autre de ma taille, puis elle reprend ses pincettes sur mes tétons. Son buste est alors vertical, position peu pratique pour la caresser, mais je fais ce que je peux, elle s’en aperçoit et se penche alors en avant.



Décidément c’est une gourmande des massages, je n’ai jamais appris à masser, j’improvise, inventant des mouvements circulaires de mes mains ouvertes. Elle apprécie, elle me le dit ! Je devais avoir des dons cachés ! Je serais seule en cet instant, le moment serait venu de porter ma main à mon sexe et de jouir. Je sais que là, la jouissance serait particulièrement intense. Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre ? Les petits cris que je pousse au contact de ses doigts sur mes bouts de seins seront-ils suffisants !


Mais, bien sûr, ce n’est pas parce que je suis à moitié nunuche que tout le monde doit être comme moi. Voici Pascale qui, sans me lâcher les seins, à changé complètement de position et se retrouve son visage entre mes cuisses en train de me lécher. Oh ! ce contact de sa langue sur mon sexe ! si seulement elle pouvait aller un peu plus haut, mais apparemment elle fait durer (et c’est vraiment le cas de le dire) le plaisir. J’halète, je n’en puis plus, et la voici enfin sur mon clito, je n’attendais que ça, je me cambre, ma respiration s’arrête, ça vient, ça vient, ça vient très vite, je gueule !


Pascale se marre, elle me met la main sur la bouche pour étouffer mes cris de jouissance, attend que je me calme, se lève précipitamment, je crois un moment qu’elle est fâchée (pourquoi donc ?). Je me relève, je la vois bloquer la fermeture de la porte et elle revient, souriante.



Ben, oui, je lui dois bien cela, j’appréhende quand même, elle se couche à ma place, j’ignore si je dois lui serrer les tétons, je les prends, les triture, les manipule, elle n’en demande pas davantage, chacun ses trucs ! Je me place alors entre ses cuisses imitant la position qui était la sienne, il y a quelques instants. Tout cela est trempé, je lèche, il y en a partout, je découvre ce petit goût bien particulier et m’en régale, puis comme elle, je lui lape le vagin avant de terminer sur son clito. Il est gros, beaucoup plus que le mien, il est arrogant, mais il m’appelle, je le gobe, le cajolant de ma langue. Elle parle, elle cause beaucoup, Pascale !



Je n’arrête pas d’y aller, j’ai la trouille de ne pas y arriver, elle m’encourage…



Et soudain, c’est l’explosion ! Un souffle, un souffle immense, mais pas de cri, elle sait se tenir, pas comme moi ! Son corps se raidit un moment puis retombe comme une chiffe. Nos regards se croisent, on se sourie ! On s’embrasse !





Épilogue



On a bu un coup, un jus de fruit, on aurait eu besoin d’une douche, l’établissement en possédait, mais elle m’en dissuada, m’indiquant que la chose ne serait point discrète. On s’est rhabillées.



Fin de l’épisode



(c) Lena Van Eyck - Paris - Septembre 2001