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n° 03273Fiche technique21622 caractères21622
Temps de lecture estimé : 13 mn
14/12/01
corrigé 25/04/22
Résumé:  Dans le train qui l'emmène vers l'est, il fait une rencontre.
Critères:  fh inconnu train volupté intermast pénétratio
Auteur : Marco  (Homme 29 ans)      
Vers l'est

Dix heures du soir, gare de l’est. Il faisait un froid rigoureux en ce mois de décembre. Emmitouflé dans ma veste fourrée, un café bouillant pour m’éviter de geler, j’attendais au comptoir du troquet de la gare. Tenant dans mes doigts gourds ma tasse, je m’abandonnais à ma rêverie. La gare était belle, la lumière des innombrables becs de gaz et le brouillard épais qui s’infiltrait formaient une pale nébulosité qui masquait presque le haut de la voûte art déco.


J’étais exténué, dans l’espoir de pouvoir enfin me reposer, j’avais pris un billet en première classe. Je comptais bien ainsi éviter le risque de voyager avec une horde de griftons quillards, hurleurs et déchaînés. Le train partait dans vingt minutes, je me dirigeais vers le quai. Malgré l’heure tardive, le hall était bondé. Je longeais les machines sagement immobilisées, attendant de se remplir.


J’arrivai enfin à ma voiture, la dernière, comme d’habitude. J’escaladai le marchepied. Le wagon était quasiment désert, mon compartiment n’était occupé que par une vieille dame absorbée par son tricot. Après un bref salut, je m’assis près de la fenêtre. Nous échangeâmes quelques mots, elle descendait à Reims pour rejoindre son fils. Et moi ? J’allais jusqu’à Strasbourg, espérant fuir le tumulte qu’était devenue ma vie.


Absorbé dans la contemplation du quai, je commençais à m’assoupir, bercé par cliquetis des aiguilles. La porte du compartiment s’ouvrit, je levai la tête, un troisième passager entra. C’était une jeune femme, elle nous salua.



Elle me remercia avec un petit sourire et ôta son imperméable, elle portait une jupe brune et un corsage écru, ses épaules étaient enveloppées d’une étole qu’elle conserva, il faisait encore frais dans le compartiment.


Le train démarra, je regardai défiler les wagons du train voisin, puis les lumières de la ville. Le « tatac-tatac » du train remplaça le bruit discret des aiguilles de la vieille dame. Je jetai un œil à ma voisine. Sa peau était pâle, ses cheveux bruns noués en chignon. Elle était très belle.



L’irruption du contrôleur me fit sursauter, je présentai mon titre de transport. L’employé des trains poursuivit sa tournée et le calme revint. Je sortis un livre de mon sac et me plongeai dans la lecture.


De temps à autre je lui jetais des regards à la dérobée. Son visage était parfait : des grands yeux noisette, un petit nez légèrement retroussé et quelques taches de rousseur. Je ne m’étais pas immédiatement rendu compte de sa beauté, mais plus je l’observais, plus je la découvrais resplendissante.


La vieille dame s’était endormie, les aiguilles dans les mains. Ma voisine n’avait pas bougé, le regard perdu dans le vide de la nuit. Elle se leva d’un mouvement plein de grâce, nos regards se croisèrent. Elle ébaucha un petit sourire discret, le même que tout à l’heure. Je commençais à aimer ce sourire. Je la suivis du regard tandis qu’elle sortait du compartiment. La porte en bois se referma. Un instant, j’avais failli la suivre.


Essayant de poursuivre ma lecture, j’avais l’esprit ailleurs. Sans sa présence, le compartiment me paraissait soudain vide et triste.

Il commençait à faire chaud. J’ôtai mon pull et sortis à mon tour pour prendre l’air dans le couloir. J’avoue que j’espérais ainsi pouvoir observer le retour de ma co-voyageuse. Elle ne tarda pas. Si belle, elle me revenait avec une démarche légère, ses pieds ne semblaient pas toucher le sol. Je me pressai contre la vitre pour la laisser passer, elle poursuivit jusqu’au compartiment. Elle devait sentir le poids de mon regard sur ces quelques mètres, trop rapidement franchis. Sa silhouette m’échappa à nouveau.


Je déglutis péniblement, j’étais ému comme un adolescent, moi qui avais déjà pas mal roulé ma bosse. Pour me changer les idées, je partis marcher un peu dans les couloirs aux allures de coursives, les compartiments défilaient interminablement, tous assez vides, sauf celui où les inévitables troufions fêtaient joyeusement leur dernier départ. Je fis marche arrière, elle me manquait déjà.


À mon retour, je la trouvai endormie. Sa tête reposait contre la cloison, j’aurais aimé être son oreiller. En s’abandonnant au sommeil, elle s’était aussi abandonnée à mon regard… Et pourtant j’osais à peine la regarder, j’avais l’impression de la voler. Elle avait replié ses jambes, sa jupe remontait un peu sur le haut de ses chevilles, elle ne portait pas de bas, les quelques centimètres visibles de sa peau me mirent dans un état auquel ne m’avait jamais mis aucune femme.


Moi qui avais sillonné la méditerranée et l’océan Indien. Moi qui avais, le temps d’escales trop courtes, consommé dans tous les bordels de marins, j’étais aussi ému que le jour de mon dépucelage.


En mon absence, elle avait retiré son étole. Son chaste corsage boutonné jusqu’au cou ne dévoilait rien, mais mon imagination débridée affolait mes sens. Je me sentais coupable mais mon sexe me trahissait, désobéissant à ma pensée, il se durcissait. Je fermais les yeux. Le train ralentit, nous arrivâmes à Reims, première étape de notre voyage. Je pris le bras de la vieille dame pour la réveiller doucement.



La dame se réveilla, rassembla précipitamment ses affaires, et fut prête lorsque le train s’immobilisa, elle me remercia et disparut. La porte se referma, je me retrouvais seul avec ma belle voyageuse. Quelques minutes plus tard, le train repartit, je me laissais bercer par le bruit des rails et glissais dans un sommeil paisible.


Je me réveillai tiré du sommeil par l’absence de bruit, le train était à nouveau arrêté. Nous étions à Nancy, notre 2e et dernier arrêt avant Strasbourg. J’ouvris un œil, elle était réveillée et m’observait, reprenant les regards que je lui avais volés. Surprise, la jeune femme détourna précipitamment les yeux.


Trop tard, je vous ai vu ! pensais-je.


Ses joues se fardèrent, elle n’osa plus détourner son regard de la vitre.



C’était sorti comme çà, il fallait que je lui dise. Et je le lui dis à nouveau :



Elle se tourna vers moi, les joues cramoisies lui allaient si bien.



L’air s’était épaissi autour de nous, je me levai pour franchir le pas qui nous séparait. Un genou au sol, je pris sa main fine et délicate, elle ne bougea pas. Ses yeux de biche jetèrent des regards apeurés, je voulus la rassurer. Je portai sa main à mes lèvres, elle ferma les yeux un instant pour les ouvrir à nouveau dans un grand battement de cils. J’osai une main sur ses genoux, ce contact nous électrisa, sa respiration se fit précipitée, j’approchai mes lèvres des siennes. Elle tendit son visage timidement et m’offrit sa bouche. Nous nous embrassâmes.


Quel raccourci radical constituait ce baiser ! Seule une longue cour assidue m’aurait normalement permis de l’oser, et pourtant, après cette union furtive, nos lèvres se rapprochèrent encore pour se goûter à nouveau.


Loin de moi la pensée qu’elle était une fille facile, j’aurais, de mes mains, balancé par la fenêtre quiconque en aurait exprimé l’idée avant même qu’il ne finisse sa phrase, et pourtant, toute noble dame qu’elle était et tout gentleman que je savais être, nous-nous goûtions comme deux jeunes fiancés approchant enfin de leur nuit de noces.


Une main se posa délicatement sur mon torse. Je laissais les miennes se perdre, caressant le haut de ses jambes, elles remontèrent vers ses hanches puis vers sa taille fine. Nous étions partis pour prendre un nouveau raccourci plus scandaleux encore. Prise dans la tourmente, elle répondit en découvrant mon corps à travers la chemise. Nos caresses avaient la fébrilité de l’interdit et de l’urgence. Mes lèvres glissèrent sur son cou. Elle inclina la tête en arrière en exhalant un soupir. Sa peau avait le goût du paradis, jusqu’à maintenant, j’avais largement goûté à l’enfer. Je m’assis à côté d’elle, nous continuâmes l’exploration de nos corps.


Moins aventureuse que moi, elle s’était arrêtée à mon torse, glissant ses doigts de part et d’autre d’un bouton, elle me caressait délicatement.

Abandonnant ses jambes, je rejoignis ses seins jusque là épargnés. Au premier effleurement, elle frissonna, d’une main légère je caressai sa poitrine. Les yeux fermés, la tête toujours inclinée, je la sentais sensibilisée à l’extrême par mes caresses. Sa respiration chaotique témoignait de son émoi, elle aurait pu dire la même chose de mon souffle lourd et chaud.


J’abandonnai son cou pour reprendre ses lèvres, le baiser timide devint un baiser passionné. Je traçais des arabesques sur son corps, effleurant sa poitrine emprisonnée sous le soutien-gorge. Nos lèvres se séparèrent, nous nous observâmes. Un peu essoufflée, elle me fixait de ses grands yeux où je pouvais deviner une tempête de sentiments contradictoires.


Avec des gestes lents, je déboutonnai les premiers boutons de son chemisier. Je dénudai son cou, puis le haut de son buste, laissant d’abord entrevoir la commissure de ses seins. Poursuivant, je libérai sa poitrine de ce premier voile. Son teint s’empourpra encore, faisant ressortir ses adorables taches de rousseur. Elle ferma à nouveau les yeux mais n’esquissa aucun recul… Au contraire, il me sembla la voir se cambrer un peu plus lorsque les deux mamelons encore protégés de leurs fourreaux de dentelles blanches se dévoilèrent. Elle ne bougea pas non plus lorsque j’approchai ma tête de sa poitrine pour venir caresser de ma langue ce terrain nouvellement conquis. Petit à petit, je m’emparai des deux petites collines.


Tandis que je lapais sa peau délicate, elle posa ses mains dans mes cheveux. Ses soupirs devinrent de faibles gémissements lorsque je repartis à l’assaut de sa taille, glissant sur ses hanches, effleurant ses fesses. Et moi, loin de la maîtrise que mon attitude laissait entrevoir, j’étais fou de désir, ivre d’elle.


Mes mains glissèrent, vers ses chevilles pour s’infiltrer sous la lisière de sa jupe, puis lentement remontèrent, retroussant le vêtement et exposant ses jambes magnifiques. Je levai la tête quelques instants pour savourer cette vue qui m’était offerte. Je les touchai du bout des doigts, comme pour m’assurer de leur réalité, j’effleurai ses cuisses impudiques comme si je craignais de la marquer avec mes doigts gauches. Elle s’offrait à moi, sa respiration maintenant plus calme s’emballerait bientôt à nouveau.


Je l’amenai à moi, assise sur mes genoux. Sa robe remontée jusqu’au début des fesses, les seins encore à l’abri des fins balconnets, elle était tellement désirable. Elle entreprit de déboutonner ma chemise, opération interminable, j’aurais volontiers tout déchiré. Enfin, elle posa ses mains à plat sur ma poitrine nue.

Je déboutonnai mon pantalon, elle me regarda légèrement surprise, puis elle posa ses mains sur les miennes pour les repousser et termina elle-même le travail que j’avais commencé. Mon sexe fut enfin libéré du carcan dans lequel il était comprimé. Timidement, elle posa ses doigts sur la bosse de mon caleçon et la caressa doucement. Elle fixa mon bas-ventre, toute concentrée sur sa tâche, elle glissa ses doigts sous l’unique bouton fermant mon sous-vêtement. Une vague de plaisir me balaya quand ses doigts effleurèrent mon sexe tendu. Un peu moins expérimenté, j’aurais joui instantanément. Je mordis les lèvres pour contenir le plaisir.


Je me contractai, elle me regarda. L’expression tendue de mon visage et les mâchoires serrées formaient un masque de douleur très loin de ce que j’éprouvais réellement. Je parvins à lui sourire.



Me répondant par un sourire, elle reprit son ouvrage. Lentement, ses doigts délicats firent sauter le bouton, écartèrent les lèvres de coton. Mon sexe jaillit comme un diable de sa boîte. Elle releva à nouveau la tête vers moi en quête, peut-être, d’un assentiment. Je fermai les yeux, comblé, attendant et me concentrant pour le moment fatidique où elle prendrait mon sexe entre ses doigts. Et ce moment vint, je sentis à nouveau ses doigts délicats sur ma peau, m’envelopper, me découvrir. Elle me caressa, découvrant ma verge, l’effleurant, la palpant.


Au seuil du plaisir, je me dérobai pour l’embrasser avec fougue, glissant mes mains sur ses fesses pour empoigner les deux globes fermes. Nos corps collés, je sentis le renflement de sa poitrine contre mon torse, je fourrageai sous son chemisier à la recherche de l’attache de son soutien-gorge, maintenant indésirable. Je fis sauter l’agrafe, rendant la liberté à sa poitrine que je contemplai longuement. Ses seins étaient si parfaits, ni gros, ni petits, fermes avec des tétons arrogants. J’osai enfin poser ma bouche sur eux, continuant le travail que j’avais commencé, je dévorai ses petits pains sucrés, dominés par des tétons fermes.


Ma main s’attarda sur sa croupe, je lui caressais le haut des cuisses ou le bas des fesses : cette zone où la peau est si douce et si sensible. Je l’entendis à nouveau haleter. Sa culotte protégeait encore l’accès au sillon de ses fesses, j’entrepris de l’ôter, exposant à mes yeux sa toison brune et bouclée.


Je la pris dans mes bras, soudant nos corps. Ma verge tendue frottait contre la fournaise de son ventre. Soudain plus frénétique, je lui caressai tout le corps et je l’embrassai. Sa main se promenait sur mon torse, mon cou et mes cheveux. Elle soufflait en ondulant légèrement. Je nous surpris dans la vitre du train, deux corps emmêlés et éperdus.


La soulevant, je guidai ma verge entre ses lèvres humides, prenant mon temps, je me promenai sur ses chairs intimes. Elle gémissait lorsque j’effleurais son clitoris, haletais lorsque j’approchais de son puits d’amour. L’impatiente vibrait de tout son corps, quant à moi, je profitais de ces ultimes préliminaires pour reprendre le contrôle de moi-même. Sa peau fraîche sous mes doigts contrastait avec la fournaise de son bas ventre.


Enfin, je la pris, ou elle me prit ; nous prîmes simultanément l’initiative de cette possession, preuve de notre profonde communion. Je m’enfonçai dans ses chairs étroites et douces, Les yeux clos pour savourer chaque parcelle de plaisir. Nos pubis s’emmêlèrent, je sentis sa fourrure chaude contre moi. Ses muscles étaient tendus comme une corde prête à rompre. Nous restâmes un moment l’un dans l’autre sans bouger, puis elle recommença à onduler, je lui maintenais les fesses pour l’accompagner. Elle se mit à gémir mais continua son mouvement lancinant, je plongeai entre ses seins, elle me prit la tête entre ses mains et me serra contre elle. Elle accéléra, ses gémissements se firent plus sonores, c’était à mon tour de me crisper, le visage dans sa poitrine, les mains se promenant sur sa peau, j’attendais en une délicieuse torture qu’elle se libère enfin. J’osai un regard vers la vitre. Voyeur, j’observais le spectacle de nos deux corps. Je la vis la tête penchée sur le côté, les yeux fermés, prenant sa revanche de l’attente que je lui avais fait endurer. Son bassin s’agitait de manière indécente sous sa jupe retroussée qui lui masquait encore le haut des fesses.


C’en était trop pour moi, son fourreau serré allait arracher mes dernières bribes de contrôle quand elle accéléra pour jouir enfin. L’orgasme la prit, elle libéra un long cri, m’autorisant à m’abandonner alors que je la ramenais une dernière fois vers moi. Je jouis en elle en la serrant fort contre moi. Me rendant cette étreinte, elle s’abreuvait des dernières vagues de son orgasme.


Nul de nous deux ne voulut briser ce lien. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentais heureux, en sécurité entre ses bras.


Une sensation de vide… Un manque indéfinissable, une légère sensation de froid…


Je jaillis de mon sommeil comme un plongeur manquant d’air retrouvant la surface. J’ouvris les yeux sur le compartiment vide, à peine quelques secondes avant de me rappeler de quoi, de qui il était vide. Mes souvenirs me revinrent et je remis un visage sur cette sensation de manque. Je me levai, une couverture avait été posée sur moi. Me rajustant rapidement, je me précipitai dans le couloir. Celui-ci était désert. Je rejoignis la cabine de toilette pour me rafraîchir. Je m’observai dans la glace : mon visage, déjà bien marqué, trahissait mon état de fatigue… De profonds cernes sombres soulignaient un regard pas très vif, une tignasse constituée de mèches et d’épis tous plus rebelles les uns que les autres complétait le personnage. Tant bien que mal, je me réassemblai.


De retour dans le compartiment, je fus soulagé à la vue des bagages de ma voyageuse.

Je l’attendis dans le couloir. À l’extérieur, le jour se levait, l’arrivée était proche. Le train commença à ralentir quand enfin elle revint. Comme la veille, je l’observais venir vers moi. Contrairement à moi, elle était toujours aussi fraîche. Arrivant à ma hauteur, elle me fit ce petit sourire dont j’étais maintenant follement amoureux. Silencieuse, elle me laissa dans le couloir, tandis que la porte se refermait.


Le train entrait en gare, je la rejoignis dans le compartiment. La jeune femme était assise, le regard tourné vers l’extérieur. Je lui pris la main, elle la retira doucement. J’ouvris la bouche, elle me fit signe de me taire. Subjugué, je restai immobile et silencieux tandis qu’elle récupérait ses valises.


Vite ! Son nom ? Son adresse ? Que faisait-elle à Strasbourg ? Que faisait-elle à midi ? Je ne posai aucune des mille questions qui se bousculaient dans ma tête, je la regardai simplement remettre son étole, son manteau, prendre ses bagages et quitter le compartiment.


Le temps que je me reprenne, elle avait déjà quitté le train. Enfin, libéré de cette torpeur, je me jetai à sa poursuite, bousculant les quelques passagers se tenant dans le couloir, je descendis d’un bond sur le quai. Celui-ci était bondé, partout des gens saluaient leurs proches, hélaient les porteurs. Les soldats trimballaient pour une dernière fois leur paquetage. Je la cherchai partout, sur le quai, dans le hall de gare, sur le trottoir à l’extérieur, en vain ! Je faillis même demander une annonce, mais qui aurais-je fait demander ? Je ne connaissais même pas son nom.


Découragé, je revins prendre mes maigres bagages en me maudissant de l’inexplicable paralysie qui m’avait fait perdre la femme de ma vie.


Je marchais vers la cathédrale en ce matin d’hiver strasbourgeois. La mine sombre, j’en venais à douter de ma raison quand soudain, au détour d’une rue, l’édifice fut devant moi dans une explosion rose d’arcs et de colonnes, de fresques et de gargouilles. M’arrêtant quelques instants j’admirai la bâtisse démesurée. J’avais oublié que ce vieux tas de pierres savait surprendre les visiteurs.


Cédant à une impulsion, j’entrai.


Je m’étonnais de mon geste, pas très ami avec les curés et les choses de l’église, cela faisait longtemps que je n’avais pas franchi le seuil d’un lieu de culte.


J’étais seul, ce matin, dans la cathédrale faiblement éclairée. Mon pas résonnait sur le dallage entre les rangs de sièges. Le soleil brillait à travers les vitraux et sa lumière me fit lever la tête. Je la vis. En haut, à gauche, assistant à une scène biblique dont j’avais perdu le souvenir, se tenaient deux anges dont l’un d’eux raviva son image. Mille ans avant ce jour, l’artisan avait parfaitement su représenter les traits si fins et si parfaits de ma voyageuse. La simplicité des traits de l’ouvrage moyenâgeux ne laissait pourtant planer aucun doute.


Comment ne pas reconnaître ce sourire timide dont j’étais devenu fou ?




Message personnel :


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