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n° 03322Fiche technique11861 caractères11861
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Temps de lecture estimé : 9 mn
30/12/23
corrigé 30/12/23
Résumé:  Un pas de coté.
Critères:  ff amour intermast cunnilingu
Auteur : Hugo 3  (J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien)      
Ne m'harcèle plus Marcel

J’ai le front appuyé sur la vitre, le regard perdu sur les crottes de chien du trottoir d’en bas et le radiateur qui incruste ses marques dans mes cuisses. Marcel est parti depuis deux jours déjà, mon moral est au plus bas et le temps ne m’offre aucun secours : une pluie d’hiver. Ce n’est jamais agréable, mais aujourd’hui, c’est encore pire que n’importe quelle tautologie. Et même pas de travail pour m’y abrutir. J’ai bien téléphoné à Sophie, mais elle ne pourra venir avant dix-huit heures, encore quatre heures à attendre pour qu’elle me le remonte, le moral, avec ses peines de cœur. Les peines de cœur à Sophie ça relativise tout, surtout si c’est elle qui vous les raconte, on reprend confiance dans l’humanité ; la mort de vos proches, le début de la troisième guerre mondiale, l’absence de gros sel avec le pot-au-feu, tout ça n’est rien à côté des peines de cœur à Sophie. D’ailleurs, un sourire que l’on pourrait qualifier de léger barre mon visage telle une cicatrice rien qu’à l’évocation de Sophie et de son optimisme légendaire. Comment fait-elle ? Dans les pires situations, Sophie arrive toujours à voir le bout du tunnel, surtout si celui-ci est un cul-de-sac.


Marcel en y réfléchissant un tant soit peu ce n’était pas le Pérou, ni le Chili non plus, à la rigueur l’Angleterre (là, c’est du parti pris, soyons objectifs). Pourquoi regretter un mec si nul ? La richesse ce n’est pas son truc, il me le disait souvent d’ailleurs « le temps que tu perds à gagner de l’argent est bien plus long que celui que tu passes à le dépenser ». D’accord, ça veut sans doute dire la même chose que « Les quais du Havre sont gris » (un autre des aphorismes préférés de Marcel), mais c’était normal, car si Marcel n’est pas riche, il est assez con !

M’aimait-il ? Là, il a toujours été clair « Je préfère ne pas t’aimer tout de suite, car si l’on doit vivre ensemble, le quotidien risquerait de tuer notre amour ». Heureusement, avec Marcel, j’ai connu le sexe, c’est lui qui m’a tout appris. L’odeur, la caresse sensuelle des lèvres sur une peau grasse et boutonneuse (et poilue), le goût du fromage de bite, la vue de l’homme, de son ventre poilu dissimulant mal une nouille al dente, mais pas trop, et le bruit d’après l’amour, ce vent du samedi soir qui se répand dans la chambre comme le lait bouilli au dehors de la casserole. Tel qu’il est, il me plaît. Et il est parti. Le meilleur avril est parti, il ne reste plus que la terre brûlée.


Le téléphone sonne, interrompant mes pensées. Non, c’est la sonnette de la porte d’entrée, pourquoi mon téléphone sonne-t-il toujours comme ma sonnette ? C’est sans doute le troisième mystère du monde. Marcel, le retour ? Non.



Je suis partie dans la cuisine, Sophie me suivant. Pas de casserole qui traîne dans l’évier, tout est nickel, ça se voit que Marcel n’est pas là. Bon, je me baisse pour en prendre une propre dans le placard sous l’évier.



Et là, je m’effondre. Pleurer, y a rien de tel. Je chouine, renifle, hoquette. Je commence à me plaindre de mon sort entre deux larmes, rendant par la même ces plaintes incompréhensibles. Je retourne au salon, humidifier le canapé.

Sophie, elle est géniale. Elle finit de faire le thé et viens me rejoindre sur le canapé avec deux tasses parfumées et fumantes.



Et là, je me recroqueville sur le canapé et mets ma tête sur sa cuisse, pendant que Sophie me passe sa main dans les cheveux, je me laisse aller. Qu’est-ce que c’est agréable de se faire materner ! Je tourne la tête et souris à Sophie qui me le rend, mon sourire, tout en continuant à me peigner avec ses doigts. Le vide se fait petit à petit dans mes pensées, mon cerveau tourne au ralenti. Je profite. Maintenant, la main de Sophie me caresse le cou, j’aimerais être une chatte et me mettre à ronronner ; j’en suis incapable pour l’instant, mais émets quelques grognements pour faire comprendre à Sophie mon plaisir et pousse ma tête plus loin dans son giron à la recherche de sa chaleur. La toile de son jean s’est déjà imprimée sur ma joue et mes yeux rougis ne doivent pas me rendre très belle à regarder. Sophie c’est une vraie amie, elle se fout de tout ça, tout ce qui compte pour elle en ce moment, c’est mon bonheur, ou plutôt la consolation qu’elle peut m’apporter.



Sa main a arrêté sa caresse sur mon visage, elle est glacée. Elle passe son pouce sur mes lèvres, un soupir s’échappe de sa bouche et le vert de ses yeux se noie dans le rouge des miens. Là, je ne veux pas comprendre, prends mon air le plus niaiseux possible et attends la suite.

Un ange passe, des secondes – peut-être même une seule – qui paraissent une éternité. Son pouce est toujours sur ma bouche comme une grosse mouche bleue. Comme un caméléon, je m’en empare, je le gobe, fais tourner ma langue autour de lui, le suce en espérant provoquer la suite des confidences de Sophie. Un éclair passe dans son regard.



Je prends sa main dans la mienne, retire son pouce de ma bouche, me relève, porte sa main à mon visage et commence à lécher sa paume.



Sophie, je ne comprends pas toujours ses jeux de mots, mais celui-là, si. Je pose mes lèvres sur ses lèvres. Un courant électrique nous cloue sur le canapé. Je ferme les yeux et me laisse porter dans des cieux inconnus. Comme dirait Arletty dans « les enfants du paradis », c’est simple l’amour.

C’est simple. Sophie agrippe ma nuque, nous voilà collées, j’ai du mal à respirer, elle a repris l’initiative, Sophie, j’ai entrouvert une porte pour m’aérer et un cyclone arrive, sa langue explore ma bouche mieux qu’un dentiste, sa salive m’inonde le menton. Je n’avais pas prévu une telle déferlante, je me laisse emporter, je m’y noie. Elle s’arrête un instant, reprenant son souffle dans l’odeur de mes cheveux, ses mains m’enserrent comme les mâchoires d’un gigantesque étau. Je devine que cela fait un bout de temps qu’elle attendait ça… peut-être que moi aussi. Je prends Sophie par la main et l’entraîne dans ma chambre. Nous nous catapultons sur le lit. Arrachons nos vêtements, deux boutons de mon chemisier se mettent à l’abri, sous le lit. Je l’aide à retirer son pantalon. Peau contre peau, nous nous frottons si fort que le feu va jaillir. Dire que sa peau est douce comme de la soie serait une injure faite à sa peau, elle est douce comme de la plume d’ange. De deux doigts, elle fait sauter l’agrafe de mon soutien-gorge, plonge entre mes seins, sa langue voyage de mon nombril à ma bouche, je fonds, même Marcel ne m’avait jamais fait ça ! Ses mains parcourent mon dos, remontant vers ma nuque, me décoiffent. Un fou rire nous prend, nous roulons sur le lit, finissons notre trajectoire sur la moquette, deux dingues en slip sur la moquette. Sophie, à quatre pattes en train d’aboyer à l’amour, et moi, je ne sais pas ce qui me prend, je lui renifle l’arrière-train. Elle se retourne, m’aboie dessus, je lui réponds par deux ouah ouah. Dire que l’amour rend con est bien faible comme expression, mais c’est si vrai. On commence un combat de catch sur la moquette, j’ai vite eu le dessous, de mon plein gré. Sophie m’écrase de tout son poids, je souffle comme une locomotive, enfin, celles qui sont à vapeur, celles qui laissent échapper des vapeurs dont on sent la chaleur à dix mètres, qui laissent derrière elles des traînées d’eau, résultant du trop de pression dans la chaudière. Ses yeux brillent d’un éclat insoupçonné, les miens aussi sans doute. Ses cheveux balaient mon visage. Ses petits seins écrasent les miens. J’ai ses cuisses entre les miennes. Nos sueurs se mêlent en une suave odeur, finissant de coller nos corps l’un à l’autre. Je sens le poids de son pubis qui écrase le mien malgré la présence de nos deux culottes… ultime barrage ; dernière porte avant l’interdit. Pouce, je dis lui dit « Pouce », j’aimerais reprendre mon souffle, mes idées, mais je crois qu’elle a compris « Pousse » et elle accentue les pressions de son bassin, je me lâche, m’abandonne, me laisse épingler, comme un papillon sur du liège, les bras en croix, soumise, vaincue. Sophie en profite pour accentuer sa victoire et les genoux de part et d’autre de mon ventre, s’assied sur ma motte, et d’un regard m’interroge :



De sa position victorieuse, elle déploie ses bras et vient atterrir avec ses mains sur mes seins, me les caresse, d’abord doucement, puis avec force, me pinçant les bouts, les faisant rouler sur ma poitrine. Faut dire que mes seins ne sont pas ceux de Sophie, ils sont plutôt gros, un peu lourds même, m’empêchant souvent, malgré mon soutien-gorge, de courir aussi vite que je le voudrais. C’est certainement pour cette raison que ces caresses me provoquent tant de réactions, j’agite ma tête de droite à gauche, lançant un feulement magnifique au plafond de ma chambre. Sophie s’arrête. Non, Sophie continue, fais-moi voir le ciel, le soleil et, soyons fous, la mer (comme dirait François Deguelt). Elle se penche sur moi, je sens son souffle chaud et me demande si tout cela me plaît. Pour toute réponse, je passe ma main dans ses cheveux en brosse – drôle d’impression pour une femme – et attire sa tête sur la mienne, écrasant ses lèvres sur ma bouche ouverte, quémandant une langue chaude, humide et agile, celle qui m’avait tant plu, il y a déjà plus d’une éternité.


Nous roulons l’une sur l’autre, l’une dans l’autre. Je sens les mains de Sophie qui veulent rentrer dans mon slip.



Je lui dévoile mon intimité. Fleur du matin, rafraîchie par la rosée de l’amour. Elle y promène son nez, s’en servant pour agacer mon bouton qui n’avait pas besoin de ça. Me présente la partie basse de sa personne, j’en profite pour lui retirer sa culotte, tache insurmontable quand elle est faite avec les dents dans notre position, je suis obligée de m’aider des mains, en équilibre précaire sur un genou Sophie aussi y met du sien. Le résultat ne se fait pas attendre, Sophie atterrit sur moi. J’ai le nez dans son intimité, petite forêt tropicale qui vient de subir la mousson. Nous partons d’un même éclat de rire. Et si nous nous relevons, c’est pour mieux nous jeter sur le lit, s’enveloppant dans la couette pour retrouver notre chaleur.


En fait, je crois que je vais arrêter là, le reste ne vous regarde pas, laissez votre imagination briller. Et si vous n’en avez pas, buvez le jus de La Treille, mais avec modération, ça aide un peu.


Salut, Sophie.