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n° 03663Fiche technique7966 caractères7966
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Temps de lecture estimé : 6 mn
26/05/24
corrigé 26/05/24
Résumé:  Une femme seule enflammée par ses souvenirs et par ses désirs
Critères:  f ff amour revede fmast intermast
Auteur : Milady  (Jf 30a)      
Valériane

Valériane se promenait dans toute la splendeur de sa nudité, dans la quiétude de son appartement… Elle avait mis le son de sa chaîne hi-fi au maximum… La plante de ses pieds épousait avec délice la moquette épaisse. Elle remarqua que le vernis s’écaillait sur l’un des ongles et décida de s’offrir une séance de manucure… Elle commença par ses orteils et termina par ses doigts. Elle se passait en boucle « Total Eclipse Of The Heart ». Elle ne se lassait jamais d’écouter la voix de Bonnie Tyler pénétrer en elle et provoquer ces incroyables vibrations dans son psychisme…


Généralement, après sa douche, Valériane appréciait s’offrir de généreuses caresses érotiques jusqu’à transformer son corps en sujet et en objet de lancinantes jouissances… Mais elle aspirait, à présent, à un surplus de sensualité. Elle s’allongea sur le sol de sa chambre. La moquette caressait les globes de ses fesses musclées. Cette douceur la ravissait. Ses doigts s’égarèrent vers son intimité. Elle en apprécia la moiteur, laissa un index indiscret s’y attarder… et ne put résister à la tentation de goûter sa cyprine. Elle suça son doigt avec délice jusqu’à ce qu’il perde ce si particulier goût légèrement salé…


Puis elle se releva et remplaça Bonnie Tyler par Madonna. « Justify my love » l’excitait beaucoup. Elle ignorait pourquoi ce morceau sulfureux possédait un tel impact sur ses sens… Mais, au fond, ce mystère pouvait rester insoluble tant qu’il continuerait à la faire vibrer… Puis elle alla chercher dans son frigidaire son pot de confiture aux framboises… et s’installa sur le fauteuil en osier pour le déguster lascivement du bout des doigts. La sensualité l’enveloppait, la berçait… Elle effleura les extrémités de ses seins qui oublièrent d’être timides et s’éveillèrent gracieusement sous la caresse intime de cette main familière…


Même si sa poitrine était particulièrement réceptive à ses mains, elle ne semblait absolument pas réticente au fantasme de sentir une autre peau la métamorphoser… Qu’il s’agisse d’une peau masculine ou féminine… Les pensées de la jeune femme naviguaient en effet sans une once de culpabilité de l’image de Franck à celle de Céline… et sa libido suivait en toute confiance le même parcours. En réalité, elle faisait parfois de brèves haltes sur l’image du corps de Sharon Stone ou sur celui de Georges Clooney… avant de revenir, inexorablement, vers la finesse des mains de Céline, vers la lourdeur de ses seins, vers la chaleur de son ventre… ou vers la douceur du thorax de Franck, vers l’odeur si virile de son corps, vers la suavité de son pénis…


Valériane aurait encore voulu pouvoir laisser sa langue s’attarder sur le nombril de son amie, très langoureusement… jusqu’à ce que cela devienne insoutenable pour elles deux de ne pas poursuivre cette exploration ailleurs que sur cette zone sensible mais innocente du corps… Rien que l’évocation de sa peau au goût de miel citronné rassasiait sa libido…


Les dernières semaines s’étaient écoulées sans accroc. Valériane avait travaillé sur son nouveau manuscrit et elle avait continué à passer du temps avec Franck et avec Céline. Dans un cadre purement amical avec l’un comme avec l’autre…


Valériane songea que, lorsqu’elles se reverraient, elle oserait sans doute enfin reprendre la main de Céline… et dessiner de ses ongles longs d’indéchiffrables hiéroglyphes sur ces doigts si doux, si fins, si talentueux… Ensuite, il faudrait qu’elle ose approcher son visage de celui de son amie, jusqu’à renifler les effluves de son parfum… jusqu’à souhaiter que la chaleur du désir de son amie atteigne un tel degré que les effluves de la sueur exacerbent celles du parfum… Elle s’approcherait si près d’elle que la soie de leurs cheveux se mêlerait… Et Céline attendrait certainement un baiser… Mais les lèvres légèrement humidifiées de Valériane choisiraient de faire un pervers détour sur sa nuque, sous ses mèches dorées… et suivrait un érotique égarement par ses oreilles, puis sur son front, et même sur ses paupières… avant de parvenir enfin à ses lèvres couleur cerise qu’elles attendaient d’embrasser de nouveau depuis six mois déjà…


Leur baiser de retrouvailles serait d’une intensité fulgurante. Aussi doux qu’un frôlement d’ailes de papillon, aussi grisant qu’un saut à l’élastique, aussi insistant qu’un agent de recouvrement… Valériane étira un sourire amusé et replongea un doigt dans la texture si particulière de la confiture… Leurs langues réapprendraient par cœur leurs intimités buccales… jusqu’à ce que le souffle leur manque, jusqu’à ce que l’excitation les grise…


Puis Valériane accepterait peut-être que les doigts de Céline se glissent sous ses vêtements… D’ailleurs, même si son esprit n’acceptait pas – par souci de ne plus brûler les étapes – elle savait très bien que son corps torturé par le désir la trahirait et se cambrerait pour les réclamer sur lui… Les mots savent mentir, pas les corps…


Elle désirait tellement toucher son ventre tiède jusqu’à rougir de plaisir… admirer la lourdeur de ses seins généreux et les frôler du bout des doigts… avant de les déguster avec une infinie patience… Sentir son corps frémir, trembler, s’abandonner… et glisser des ongles insolents sur l’intérieur de ses cuisses, toujours plus près de la zone sensible – mais en l’évitant soigneusement – jusqu’à atteindre ce point de non-retour où la frustration elle-même devient déjà une jouissance… Lorsque le liquide vénusien commencerait à trahir le corps de sa partenaire, elle consentirait à le mener jusqu’à l’extase… Elle consentirait ou – plutôt – se laisserait emmener, emprisonner, griser par ce voyage excitant et troublant… Un doigt léger s’égarerait sur le bouton discret qui l’emporterait inexorablement vers le paradis… Elle le sentirait avec délice glisser, encore et encore, sous son doigt impertinent… qui, de guerre lasse, s’égarerait plus bas encore… jusqu’à l’entrée secrète de son couloir d’amour… et y pénètrerait, encouragé par les doux gémissements qui l’accompagneraient, comme une lancinante mélodie… Sa langue serait coquine et câline pour caresser le bouton magique et le bonheur exploserait à nouveau au cœur de ses tripes lorsque le « Je vais jouir… » de Céline parviendrait à ses oreilles comme un miracle inéluctable que nous n’osons pourtant même plus espérer…


Puis elle démissionnerait de toutes ses réticences et de toutes ses incertitudes… Elle confierait son corps et son âme aux mains de sa partenaire. Elle prendrait la fuite vers le néant, basculerait vers le néant, sous les ondes de plaisirs qui la travestiraient, la défigureraient… Dans l’exil de son « moi », elle ouvrirait sans appréhension ses cuisses et son cœur aux bras et aux envies de son amie, sous les ondes de chagrin et d’espoir qui se confondraient alors en un arc-en-ciel de jouissances… Elle savait déjà qu’elle prierait, qu’elle supplierait le destin capricieux que ce moment unique et sublime de bonheur n’atteigne pas un indicible paroxysme uniquement pour la laisser finalement orpheline de la chaleur de Céline… Elle ne voulait plus jamais laisser le loisir au temps cruel de transformer leur Amour est chimère…


Et pourtant… Valériane songeait que si Franck revenait vers elle avec une pluie de promesses et de « Je t’aime », ce serait sans doute avec lui qu’elle choisirait de poursuivre le chemin de sa vie. Non pas parce que c’était un homme. Non pas parce qu’elle éprouvait des sentiments supérieurs pour lui. Non pas pour obéir aux diktats de la société moderne. Mais parce c’était « lui » tout simplement. Dans son regard caramel, elle lisait de l’admiration, du respect, du désir… et de l’intégrité, de la profondeur, de la sincérité…


Le pot de confiture était vide, déjà. Déçue, elle alla le jeter…


Et puis, non, finalement, elle ne voulait pas avoir à choisir ! Elle préférait gagner suffisamment d’argent pour s’offrir une jolie maison en bord de mer qui serait ouverte à « lui », à « elle »… et éventuellement à d’autres… quoi que puissent en penser les bien-pensants…