n° 04302 | Fiche technique | 18061 caractères | 18061 3101 Temps de lecture estimé : 13 mn |
27/05/02 |
Résumé: Juste quelques souvenirs de journées de pêche... | ||||
Critères: fh sales campagne intermast pénétratio init | ||||
Auteur : Janus |
Ce texte ne constitue pas à proprement parler une histoire érotique dans la mesure où il n’y a aucune intentionnalité de provoquer un quelconque émoi. C’est plutôt un recueil de souvenirs posés là en désordre : Ce qui reste lorsque l’on a tout oublié.
J’ai toujours fréquenté des gens bizarres, que je qualifiais à l’époque d’un brin barrés selon les critères qui m’étaient propres. Probablement pas aussi étranges que cela dans absolu, mais l’absolu existe-t-il ?
Ils ne correspondaient en tout cas pas aux standards que semblait réclamer la société des gens de bonne compagnie, ils étaient donc un peu comme moi par conséquent, c’était ça le principal. Des êtres en déphasage, des êtres en décalage qui évoluaient timidement à la marge, des révoltés, des dépités, en inadéquation ou en dysharmonie, essentiellement des solitaires.
Je fréquentais ces gens-là et le reste du temps je restais seul… J’étais par conséquent très souvent seul, mais cela me convenait tout à fait et je ne m’en suis jamais plaint. Seuls mes proches s’en inquiétaient, cette entité absconde que l’on appelle la « famille », mais je me méfiais d’eux comme de la peste.
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Quand j’étais petit, j’étais un Jedy ? Non, pas vraiment, cela n’existait même pas, du moins dans mon monde.
J’étais encore tout petit dans ma tête, mais beaucoup plus vieux par l’âge. Je devais bien avoir… je ne sais plus quel âge j’avais précisément, mais beaucoup de temps s’était passé, mon adolescence s’était étiolée au fil de mes incertitudes, j’étais malade dans ma tête.
J’aurais aimé être expert en arts martiaux, je m’étais confectionné un nunchaku avec un manche de pioche, deux bouts de bois reliés par une corde sertie. Je me foutais régulièrement des coups sur la tronche, tellement j’étais peu doué.
Mais, la plupart de mes journées, je les consacrais à la pêche. Cela se passait toujours au bord de cette petite rivière, sympathique, ombragée et poissonneuse. En été, j’y étais presque tout le temps. Cela me permettait de rêvasser. Cette vie n’était peut-être pas très palpitante mais… que dire ? C’était ainsi et c’était la mienne.
C’est dans ce contexte que j’avais rencontré Josy. Elle était passée par là, un jour, par hasard, avec ses cannes et son lancer. Elle avait dû trouver l’endroit plutôt chouette et y revenait régulièrement. Dans ce coin que je considérais un peu comme mon territoire, il n’y avait guère que Josy qui passait, Josy et quelques vieux pêcheurs, en général des grogneurs fort peu causants…
L’endroit lui avait bien plu, elle y prit donc racine.
Une fille qui va à la pêche, c’est déjà peu banal surtout à l’âge où toutes les nanas pensent naturellement à autre chose… de, paraît-il, beaucoup plus excitant. Eh oui, aux garçons et aux bals du samedi soir. Mais Josy c’était Josy, les bals elle s’en foutait comme de sa dent cariée et la pêche c’était son monde, mon alter-égo féminin.
Les premières années de notre « vie commune », je n’ai pas dû lui dire plus de dix mots. Tout se passait plutôt par gestes. Un petit signe de tête lorsque je la voyais arriver sur l’autre rive ou alors un geste de la main lorsqu’elle sortait une belle prise. Nous évitions l’inévitable « Ça mord ? » qui constitue la moitié de l’arsenal verbal des pêcheurs. Mais lorsqu’elle était en rupture de vers, elle venait piocher naturellement dans ma boite ou emprunter mon épuisette, l’entraide entre pêcheurs était naturelle et implicite.
Pas une seule fois je n’ai trouvé anormal de voir cette jeune femme passer son temps à taquiner le poisson. C’était simplement quelque peu intrigant. La majorité de la population du bord de la rivière était constituée de jeunes garçons prépubères (les chieurs du mercredi après-midi) et des petits vieux à la retraite qui y passaient leur vie.
Mais des jeunes adultes, en semaine, il y en avait fort peu et, à ma connaissance, nous étions les deux seuls représentants de cette caste. La seule explication possible : Josy était aussi timbrée que moi, enfermés tous les deux dans nos mutismes.
Je ne lui ai jamais posé une seule question. Le seul mot qui me venait de temps en temps à la bouche, c’était « Bonjour ». Et même celui-là, j’avais du mal à ouvrir le bec pour le prononcer distinctement.
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Notre première vraie rencontre, n’a été que beaucoup plus tard.
J’étais déjà à la fac, mais je revenais toujours pour les vacances et, comme au bon vieux temps, je retournais à la pêche. Il y avait un arbre noueux qui enjambait la moitié du cours d’eau. Josy s’était installée dessus, une clope au bec, et elle pêchait. Je savais depuis toujours qu’elle s’appelait Josiane car elle avait été au primaire avec une de mes cousines. Mais toutes ses copines l’appelaient Josy sauf… Josy n’avait pas de copine.
Je m’étais arrêté un instant pour l’observer. Cette fille-là n’était pas banale. Elle avait un visage grave, fermé, je dirais même austère. L’image qui m’en restera toujours, c’est celle de Sigourney Weaver dans la série des Alien : La même mâchoire large et carrée, la même absence de sourire, le même regard tourmenté. Une scène du film en particulier m’est restée gravée dans la tête, le moment où le monstre gluant passe tout près d’elle, et qu’il renifle l’héroïne avec ses dents gluantes et baveuses : Josy c’était exactement ça, mais de son côté elle sévissait plutôt du côté des vers et des poissons.
Des cheveux coupés courts et en désordre, mais c’était surtout cette clope au bec qui lui donnait cet air rude et robuste… probablement une gauloise, que j’imaginais sans filtre. Et puis aussi, cette robe-tablier, vieille et désuète, les fermières de d’Antan. Elle avait malgré tout un charme certain. Comme tout le monde me direz-vous ! Mais le sien n’était vraiment pas banal.
J’étais avancé sans faire de bruit, les pêcheurs détestent que l’on fasse du bruit quand on va les voir, et je m’étais arrêté quelques mètres derrière elle. Je l’avais observée ainsi pendant un bon quart d’heure. Je faisais souvent ça avec d’autres pêcheurs, cela me permettait parfois d’apprendre quelques trucs, ces détails qui font la différence. Chaque pêcheur a ses trucs pour appâter ou pour lancer la canne, chaque pêcheur a ses coins favoris, il suffit parfois de mettre le bouchon quelques centimètres plus près ou plus loin pour que la pêche soit plus ou moins fructueuse. Bon, je ne vais pas non plus vous faire un cours sur la pêche, mais c’est vraiment très intéressant, comme toute activité qui passionne.
Comme il se doit, j’allais partir pour me chercher un petit coin un peu plus loin sur la rivière mais, au dernier moment, alors que je ramassais déjà mes gaules :
Elle ne m’avait jamais parlé aussi longtemps, je ne l’en aurais pas crue capable, je pensais même qu’elle était muette !
Miracle ! Moi aussi, j’avais parlé !
Putain, je n’en revenais pas, je venais de faire une proposition à une femme, pour la première fois de ma vie.
Un de ces quatre c’était demain. Je n’avais rien de prévu pour le lendemain. Et il me restait encore un mois de vacances à écouler.
Rendez-vous fut donc pris et nous nous retrouvâmes, de bonne heure, de bonne humeur, avec nos deux vélos et tout notre attirail. Dix kilomètres, ce n’était rien à l’époque, malgré les bonnes côtes qu’il y avait dans ce coin-là.
Et nous voici, au lever du soleil, à déballer notre barda.
Sur le plus grand des trois plans d’eau, il y avait une petite barque et au milieu une petite île. Ça lui a tout de suite plu, à Josy. Nous avons embarqué sur le frêle esquif, cap sur l’île de Robinson. Et quelques heures plus tard les bourriches étaient pleines, à tel point que les poissons étaient en train de crever d’asphyxie en s’étouffant les uns les autres.
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Et nous voici partis à faire les dix kilomètres en sens inverse, en plein cagnard de midi, avec en plus le poids des gluants dans nos sacoches.
Nous sommes allés directement chez Josy, enfin je veux dire chez ses vieux. Je ne sais trop pourquoi mais elle avait décidé que ce n’était pas la bonne heure pour remettre les poissons à la baille et qu’il valait mieux les installer provisoirement dans sa baignoire.
Chez cette fille c’était vraiment le bordel, la première fois que j’y mettais les pieds, une toute petite bicoque avec le bas des murs qui moisissait. Et, dans la cuisine, tout était bien crade, une tonne de vaisselle sale traînait dans l’évier. Et la salle de bain n’était guère plus ragoûtante ! Ma mère aurait été écœurée, mais moi je me suis senti tout de suite à mon aise.
Après avoir mis les poissons en sécurité dans la baignoire, Josy nous a préparé des beignets en les gorgeant de confiture, le tout arrosé d’une bouteille de vinasse :
En attendant nous sommes allés traîner au bord de la rivière.
Ce faisant, elle mordait à pleine bouche dans son beignet et la confiture dégoulinait un peu partout sur son plastron.
Ensuite nous nous sommes baladés au bord du cours d’eau avec nos cannes à lancer. Josy a ramené deux perches et moi un petit brochet que j’ai remis à l’eau. Nous sommes allés jusqu’au déversoir et nous nous sommes assis près de l’eau rugissante. Sous un ciel bien bleu, protégés du soleil par les arbres impassibles, juste un filet de vent qui faisait vibrer quelques feuilles.
Tout ça pour dire que la vie était quand même facile.
En fin de soirée, nous sommes repassés chez elle. J’ai rencontré son père, peu causant, sa mère, complètement effacée, c’étaient vraiment des ours. Elle s’est fait engueuler à cause des poissons qui grouillaient dans la baignoire et puis aussi parce qu’elle avait laissé trainer de la merde un peu partout. Ça ne nous a pas empêché de remplir nos bourriches et de repartir aussi sec.
Le soleil déclinait lorsque nous sommes arrivés à destination. J’adorais cette atmosphère de nuit tombante, avec toutes ces couleurs étranges qui emplissaient le ciel. Nous nous sommes déchaussés et sommes avancés pieds nus dans un petit ruisseau qui se jetait dans la rivière. Puis, un à un, nous avons entrepris de remettre les poissons dans l’eau.
Lorsque nous les avions mis dans la baignoire, il y en avait un certain nombre qui avaient déjà le ventre en l’air mais, curieusement, ils avaient repris du poil de la bête et désormais ils frétillaient, à grands renforts de coups de queue.
Au bout d’un certain temps, ça grouillait de partout, tout autour de nos pieds, c’était visqueux, gluant, poisseux, ça clapotait, ça frétillait. Et ils ne rejoignaient le cours d’eau principal qu’au compte-gouttes, ils n’étaient pas pressés. Quant à nous, nous avions les mains grasses et gluantes, et ça sentait très fort la poiscaille.
Nous avons remis nos derniers protégés à la baille, avant de regagner la rive.
Alors, je ne sais comment ni pourquoi, était-ce le contact évanescent de nos mains collantes dans l’eau trouble ? Nous nous sommes embrassés. Debouts au bord de l’eau, nos bouches se sont collées l’une à l’autre, nos langues se sont unies, gluantes, tandis que nos doigts qui se trituraient les uns les autres, tout aussi poisseux que les bestioles qui grouillaient derrière nos dos… C’était la première fois de ma vie que je mettais la langue, avant je n’avais jamais osé. Mais là c’était fou, complètement fou… et tellement évident. Pourquoi ne l’avions-nous jamais fait avant ? Mais c’était le bon moment. L’image que j’en garde c’est celle de nos doigts tous collants qui se collaient les uns aux autres, et aussi ce flash que j’avais eu lorsque j’avais vu la confiture couler sur son menton.
Cela n’a peut-être pas duré très longtemps. Ensuite nous avons ramassé le matériel sans faire de commentaire. Pourtant j’avais le cœur qui palpitait à toute allure dans ma poitrine.
Nous allions remonter sur nos vélos. Et puis non, à la dernière minute, nous avions brusquement changé d’avis, tout aussi soudainement que lors du premier round. Cette fois-ci, nous avons roulé dans l’herbe en nous embrassant. C’était intense et poisseux, l’odeur de l’animal nous collait à la peau, un abandon total et je fermais les yeux. J’étais tout à ma langue qui explorait la sienne et qui ressentait son envie.
Puis j’ai senti sa main explorer ma braguette. J’ai été sur le point de lui dire « Non ». Moi, je n’avais jamais fait ça, j’étais encore puceau… je n’avais pas envie. Et puis, si, j’avais envie, mais j’avais surtout très peur d’être nul et de passer pour un con. Ensuite, je me suis dit qu’en refusant, je passerais de toute façon pour un con. Curieux dilemme !
J’avais surtout très peur de ne pas bander et de passer pour un minable. Elle a saisi mon sexe et s’est mise à me branler. Elle ne s’y prenait pas mal, oui et même plutôt bien, expérimentée qu’elle était. Cela me semblait quelque peu bizarre de me sentir dans une autre main, mais c’était vraiment très agréable.
Elle m’a branlé comme cela un bon moment avant de m’attirer vers elle, comme cela, tout habillée. Elle a juste relevé sa robe et écarté sa culotte. Puis elle a guidé mon sexe en elle…
Cela a été très court, bien trop court, tellement j’étais excité, j’ai presque joui tout de suite. J’ai immédiatement compris qu’il lui manquait quelque chose, qu’elle n’était, de son côté, pas du tout rassasiée. Je me suis senti piteux et frustré. Je me suis dit qu’avec mes doigts cela pourrait peut-être faire l’affaire, mais quand j’ai vu mes mains sales, dégueulasses et toutes collantes, je me suis dit que cela ne serait peut-être pas une bonne idée.
Mais c’est elle-même qui m’a guidé, c’est elle qui me l’a demandé, qui m’a poussé à le faire, son désir était beaucoup trop fort. Alors je l’ai branlée. Sa main guidait par moment la mienne. Je me sentais gauche et malhabile mais j’essayais de faire pour le mieux, de m’appliquer, de la contenter. Elle a fini par jouir comme ça, dans l’herbe. Pas un bruit, mais j’ai senti son corps se contracter avec force plusieurs fois de suite.
Nous sommes restés longtemps allongés dans l’herbe, à regarder les étoiles. Elle a fumé sa clope. Puis nous sommes repartis, toujours sans dire un mot. Le silence a toujours été un élément essentiel dans ma vie, d’autant plus à cette époque. Et sur ce plan-là nous aurions difficilement être plus en phase.
Les jours qui suivirent furent à l’image de cette première journée : Consacrés avant tout à la pêche, mais avec des moments torrides qui s’intercalaient, tout aussi indispensables à notre bien-être. Nous étions bien dans notre petit coin, personne ne venait nous déranger.
Josy avait tellement de points communs avec moi que c’en était suspect. Elle devait utiliser la salle de bain presque aussi souvent que moi. À vrai dire je crois même qu’elle était encore plus sale que moi, sa chatte sentait fort la marée. Certains jours, elle avait les mains franchement crades et des ongles noirs. En plus elle tripotait des vers à longueur de journée et ensuite nous faisions l’amour, ce n’était pas toujours très hygiénique. Pourtant, à l’époque cela ne me dérangeait absolument pas. Je trouvais ça très naturel.
Tout au contraire, loin de me dégoûter, cela a fortement marqué ma vie sentimentale, pendant une longue période. D’où une attirance marquée pour certaines filles négligées pendant ma période grunge… J’ai mis un temps infini à admettre qu’une femme puisse se maquiller, je vivais ces peintures faciales comme autant d’agressions contre la nature, je me disais même allergique aux parfums… Il m’a fallu un long apprentissage pour comprendre que c’était finalement acceptable… et pas forcément désagréable.
De Josy, il ne me reste que ces quelques images, parcellaires et disparates, mais étonnamment présentes dans mon esprit. : Je revois ses cuisses nues dans l’herbe, écartées en ciseau, je revois ses mains poisseuses et surtout je la revois clope au bec, en train de pêcher. Et le bonheur qui irradiait son visage lorsqu’elle chopait une belle prise. C’est le souvenir que je garderai d’elle. Parfois une jupe portefeuille légèrement entrouverte ou alors un pantalon de toile complètement rapiécé.
Mais jamais aucun sourire !!