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Temps de lecture estimé : 11 mn
03/08/02
Résumé:  Après les élections européennes, je décide de quitter la France pour un petit moment...
Critères:  fh uniforme caférestau travail caférestau amour volupté intermast pénétratio humour
Auteur : Fred 3  (Garçon blasé et cynique)

Série : Je serai Président

Chapitre 05 / 10
Le diplomate

Résumé des épisodes précédents : Fred comprend que devenir chef d’Etat lui permettrait d’emballer de belles femmes. Après quelques pérégrinations et un premier succès médiatique dans un meeting, les élections européennes lui permettent de se mettre en évidence.


« On ne fait pas de politique avec de la morale » (Malraux).


1. France.



Réunion au sommet au siège national du parti. Je suis entré dans le saint des saints. Impressionné ? Plutôt, mais pas par la hauteur des débats. Des vingt membres du Comité National, seuls la belle Nathalie, ma voisine, et moi-même avons moins d’un demi-siècle. Un récent exemplaire de Time Magazine disait que la France et avec la Chine la dernière gérontocratie au monde. Je peux constater que c’est diablement vrai. Il y a même un vieux sénateur qui n’a pas supporté la discussion et qui s’est endormi sur son siège.



Retour brutal à la réalité, je ne sais pas trop où je suis. Conformément à ses promesses, Nathalie a profité du long discours liminaire du président pour attaquer ma braguette, qui n’a pas résisté bien longtemps. Au-dessus de la table, elle me regarde l’air intéressé et avec un grand sourire. En dessous, elle effectue des va-et-vient excessivement lents et du pouce caresse mon gland gorgé de sang. Il me faut faire un gros effort sur moi-même pour parler d’une voix calme et posée.



Que de salamalecs pour si peu ! Comme s’ils ignoraient que tout le pays se moque du résultat de ces élections, que les électeurs les auront oubliées dans six mois ! Les seuls qui puissent être déçus, ce sont les battus des scrutins nationaux qui cherchaient à se recaser.



Impossible de répondre immédiatement. En attendant la proposition, Nathalie a accéléré le rythme de ses mouvements pendant deux ou trois secondes. C’est une véritable torture, je jure qu’elle me le paiera au centuple.


Quand elle cesse enfin son attaque, je peux réfléchir à la situation. Nos adversaires présenteront sur la circonscription une de leurs figures de proue, extrêmement bien implanté. Autre avantage, la maladie qui a emporté son épouse lui a attiré la compassion populaire. Quelle que soit ma nouvelle notoriété, en face de lui, je vais au casse-pipe ! En plus, je dois confesser que j’aime bien ce monsieur moustachu que je connais depuis tout petit. C’est prendre beaucoup de risques alors que les élections générales sont fixées à l’année prochaine. Je laisse tomber :



Tout le monde est ébahi, je refuse une investiture ! Nathalie en serre mon sexe à me faire mal.



Vous avez déjà entendu parler du Nauru ? Si non, ne vous inquiétez pas, on y survit. C’est le lieu idéal pour naître, mais pas vraiment pour représenter votre gouvernement. Petite république d’Océanie d’une superficie d’à peine vingt kilomètres carrés, on y dénombre environ dix mille habitants absolument pleins aux as grâce aux ressources minières en phosphates. Ce n’est pas vraiment Yaren, la capitale locale, qui fait rêver les Français.



Alors ça, ça m’intéresse beaucoup plus. Mon département est frontalier de l’Italie, je baragouine un peu l’italien et je mènerais volontiers la dolce vita. Va pour Naples ! Le président enregistre ma demande et passe au problème suivant.


Nathalie me jette un regard d’approbation et rapproche sa main de mon pantalon. Je la retire sans ménagement en lui chuchotant : « N’y pense même pas ! ». Belle réplique, je sens que je l’ai déstabilisée. La prochaine fois, je serai en position de force. Mais elle m’a tellement excité que je suis obligé d’aller me finir aux WC.


<div class='b'>2. Italie.

</div>

Je n’aurais jamais cru que l’administration française aille aussi vite. Le lendemain, à l’hôtel, je recevais par coursier mon affectation pour trois mois en tant que « Consul Général de la République Française à Naples, Italie », avec effet immédiat. Pas le temps de rentrer chez moi. Un coup de fil au siège départemental pour prévenir de mon départ, et je dois m’embarquer à Roissy.


Première réaction pour moi qui ne connaissait la ville qu’à travers « Les Rois Maudits », c’est qu’elle a du bien changer depuis Clémence de Hongrie. Du soleil certes, mais surtout des ruelles sales et de la misère partout. Touchant ! Le gouvernement italien doit avoir pas mal de boulot…


Voici ma première réception, pour faire connaissance avec mes correspondants. C’est plutôt ennuyeux et ça manque de Ferrero. Tout le gratin est là : les notables locaux, un représentant du cabinet italien, le procureur, … Des gens intéressants, mais plutôt à rencontrer un par un qu’en groupe. On s’échange donc des banalités et on attend que ça passe.



La voix du capitaine est assez douce, mais elle contient une pointe d’ironie. Encore un qui veut montrer qu’il est le dominant ! J’aurais volontiers laissé courir si le lieutenant Jostin ne m’avait pas intéressé. C’est le moment que choisit l’Ambassadeur d’Autriche pour déplorer un peu trop haut qu’on n’enseigne plus la valse que dans son pays.



Sitôt dit, sitôt fait. La musique s’élève dans le salon tandis que les mauvais danseurs refluent vers les murs. Nous restons seuls en piste avec l’Autrichien et son épouse, avec en toile de fond le regard noir du capitaine Crabb bien vite atténué par la prévenance d’une convive. Le Lieutenant Jostin est légère comme une plume, et elle suit mes mouvements à la perfection. Nous n’avons rien à envier à l’autre couple, pourtant bien mieux entraîné. Le temps passant, les contacts se font plus pressants et la jeune femme se rapproche de moi. Elle sourit sans cesse. De mon côté, il y avait longtemps que je n’avais pas rencontré une femme si distinguée. Nous baissions les yeux, gênés, chaque fois que nos peaux se frôlaient. Comble de tout, je sentais son souffle sur mon cou, et c’était d’un érotisme extrême. Comme les convives étaient diplomates, ils faisaient semblant de ne rien remarquer.



Ainsi, nous avons dansé jusqu’à la fin du chef d’œuvre de Strauss. C’est avec plaisir que nous avons reçus les compliments de l’Autrichien, fort impressionné de notre performance.



Ce petit éloignement me laisse le temps de la détailler. Un charmant petit bout de femme, très semblable en effet à l’actrice de la série télé JAG. Cheveux blonds taillés courts, yeux gris vert, une silhouette à faire hurler un ayatollah. Et surtout, cet uniforme d’officier de la marine qui donne un cachet supplémentaire aux femmes de classe, avec le chapeau qui va avec. Un fantasme à réaliser, indiscutablement. Mais bizarrement, je m’en foutais un peu. La valse m’avait plutôt donné envie de rester des heures à la regarder que de la culbuter contre le canapé.


La soirée se termina d’une façon assez décevante. Le capitaine Crabb ne lâcha plus d’une semelle sa coéquipière, ce qui eut le don de m’énerver. En plus, sa fierté affichée d’être américain me portait sur le système, et je ne me privais pas de le remettre à sa place deux ou trois fois.


Finalement, j’étais assez déçu par mon rôle à Naples. Dans un Etat unitaire comme l’Italie, tout est gérée par l’Ambassade, à Rome. Mon activité se limitait à marier des couples et rapatrier des blessés. En fait, j’avais été mordu plus profondément que je ne le pensais par le virus de la politique, et je bouillais de ne pas pouvoir agir sur des problèmes qui crevaient les yeux. Je passais donc des journées entières à jouer au solitaire dans mon bureau, en rêvant beaucoup à la France et un peu à la jeune femme officier que j’avais fait danser. Un mois après mon arrivée, la standardiste me passa un appel :



Le seul fait d’entendre sa voix… Mon cœur battait la chamade ! Décidément ce n’était pas normal, jamais une femme ne m’avait fait cet effet là ! Je m’étais toujours considéré comme suffisamment réaliste (certains disent cyniques) pour passer au-delà de sentiments aussi futiles. Et pourtant…



Si un agent du consulat était entré à ce moment-là, il aurait cru voir le loup de Tex Avery.



Vite, un calmant et de quoi monitorer mon pauvre cœur. Il est 14 heures, ça me laisse du temps. Tout de même, pourquoi est-ce que je réagis comme ça ?


Il est 17 heures 45. Je me sens débile comme un collégien boutonneux le soir de son premier rendez-vous. Heureusement que les employés sont partis 16h30, ils se seraient bien moqués de moi. Il faut dire que je n’ai pas lésiné sur le bouquet de roses. Il passait à peine la porte.



Et M… Je ne l’ai même pas vue venir, pourtant son uniforme est visible de loin. Je me retrouve à bredouiller des trucs incompréhensibles, je lui tends le bouquet comme pour m’en débarrasser… Et par-dessus le marché, je sens que je suis en train de rougir jusqu’aux oreilles. Je me serais collé des gifles, et dire que je représente la France. Enfin, je reprends un peu mon calme.



Et elle éclate de rire. Je suis vraiment con ! Hormis ces bêtises, le courant passe bien entre nous et le trajet se passe dans la bonne humeur. Au restaurant, nous parlons de sa vie et de la mienne. Toutes deux très classiques, dans leur genre. Bonne élève et patriote, elle a fait l’école des officiers de la Marine avant de se retrouver au service juridique. Le repas dure longtemps, et j’aurais voulu qu’il ne s’arrête jamais. Mais qu’est-ce que cette fille peut bien avoir qui me fasse planer comme ça ?



J’en aurais pleuré de joie. Le dîner se termina aux chandelles, dans une atmosphère plus que romantique, tout juste contrariée par la fourrière qui avait embarqué son véhicule. Ce qui d’ordinaire aurait provoqué de hauts cris ne déclencha qu’un long fou rire. Nous n’avions pourtant quasiment pas bu. Dans le taxi qui nous ramenait, je me jetais à l’eau en passant mon bras par dessus son épaule. J’en tremble… Bingo ou râteau ?


Le temps peut s’égrener lentement dans des cas comme celui-ci. Après une éternité, je sentis sa tête s’appuyer contre moi. Quel pied ! Quelle sensation que ce simple contact ! Et le baiser qui suivit fut passionné comme jamais. Nous avons fini le trajet les yeux dans les yeux, les mots étaient désormais superflus.


Son appartement devait être coquet. Je dis « devait », car toutes mes pensées allaient vers elle. Nous avons fait l’amour longuement, avec une douceur infinie. Sans aucun préliminaire, car elle affirma ne pas avoir besoin de préparation. Quant à moi, je voyais pour la première -et la seule- fois de ma vie la fellation comme un acte qui aurait pu dégrader ma partenaire. Cela vous semble bizarre ? A moi aussi, mais c’était ainsi. Notre rapport fut on ne peut plus classique, face-à-face, entrecoupé de baisers passionnés. Tout juste subsistait son chapeau d’officier qui donnait à la scène une discrète fantaisie. La jouissance a été au rendez-vous, et des deux côtés. Je l’ai laissée, endormie, pour rentrer au consulat, amoureux.


Le lendemain, ma décision était prise. Si tout se passait bien les deux prochains mois, j’allais donner ma démission et signifier au parti que je le quittais. Ma quête pour la Présidence était devenue sans objet, j’avais trouvé la femme de mes rêves. Une seule chose à faire : la demander en mariage.


Je cheminais le cœur léger dans les rues de Naples jusque chez un bijoutier renommé, auquel j’achetai une bague adéquate pour des fiançailles (j’allais vite, oui, mais l’amour n’attend pas). Puis je sentis le poids de la nervosité au fur et à mesure que je m’approchais des bâtiments du JAG. Se pouvait-il qu’elle dise non ? J’arrivai à destination avec une anxiété peu commune.



Boum ! J’étais passé du septième ciel au trente-sixième dessous. Elle venait de me planter, tout simplement.



Je me suis jeté sur cette lettre comme un mort de faim. C’était pathétique. En substance, ça disait qu’elle m’aimait beaucoup et qu’après une nuit de réflexion, elle avait pris la décision de partir. En effet, entre son métier, son pays, et moi, j’étais battu deux contre un. Elle aurait pu démissionner si j’avais été américain, à la rigueur, mais elle ne pouvait pas envisager de vivre loin du drapeau américain.


En fait, je la comprenais un peu. Est-ce que j’aurais accepté, après ce que j’avais appris depuis mon entrée en politique, de vivre loin de mon propre pays ? En tous les cas, la blessure était profonde, et elle saignerait longtemps.


Mais plus question de démission maintenant ! J’attendrai de connaître la prochaine affectation fixe de Meg, et je me ferai nommer là-bas. Et en attendant, je continuerai ma route. Vers l’Elysée !