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Temps de lecture estimé : 16 mn
27/08/02
Résumé:  L'initiation d'un grand capitaine d'industrie à l'homosexualité par des voies détournées, si l'on peut dire et la déchéance qui ne manque jamais de s'abattre sur les rescapés de Sodome. Ou encore une magnifique histoire d'amour aux frontières du réel.
Critères:  hh hplusag couleurs inconnu médical poilu(e)s vacances forêt travail avion toilettes amour volupté fellation préservati hsodo zoo init humour
Auteur : Marc 6  (Quinqua coquin)
Le syndrome de Stockholm




I. LA RENCONTRE


Jérôme à quatre pattes, le visage enfoui dans la mousse s’offre au mâle accroché à ses hanches. Bien cambré pour favoriser la pénétration, il soupire au rythme des coups de reins dont la cadence s’accélère. Le ventre velu de son partenaire se colle contre ses fesses. Habitué aux brèves étreintes de son amant, Jérôme attend que le membre qui coulisse régulièrement en lui commence à tressaillir. Il attend le cri qui accompagne les orgasmes de son vainqueur. Les yeux fermés il se concentre pour sentir la chaleur du liquide qui va jaillir et déclencher sa propre jouissance.


Depuis leur rencontre, il y deux semaines, Jérôme s’est adapté à la libido de Jim qu’on pourrait qualifier d’éjaculateur précoce. Il le surnomme Jim car ce court patronyme illustre parfaitement la longueur des coïts dont son amant le gratifie.


Jim compense son défaut par un appétit insatiable et une faculté de récupération peu commune. Depuis qu’ils se connaissent, ils font l’amour jusqu’à vingt fois par jour. Jérôme ne s’attendait pas à susciter un tel désir. Son épouse ne se soumet plus au devoir conjugal qu’une à deux fois par mois. En quinze jours il a fait plus l’amour qu’en cinq ans de mariage.


Il n’oubliera jamais leur première rencontre. Jérôme se baignait nu dans un torrent pour échapper à la chaleur, il s’ébrouait depuis un bon moment quand il a vu ce grand gaillard qui l’observait, posté sur un rocher, dans l’ombre à quelques mètres de lui. Il ne portait aucun vêtement et Jérôme remarqua immédiatement la main qui s’agitait sur une verge d’un fort beau gabarit. Malgré cette marque d’intérêt indiscutable, Jérôme, inquiet et flatté à la fois, voulut courir jusqu’à ses vêtements posés sur la berge. Dans sa hâte il perdit l’équilibre et s’assomma sur un rocher.


A son réveil il gisait dans nu comme un ver, sur un lit de feuillages. Son admirateur l’avait sauvé de la noyade et le regardait intensément tout en se caressant le pénis. La main faisait coulisser le fourreau de peau brune dévoilant fugitivement l’extrémité cramoisie de sa queue en pleine érection. Soudain de longs jets blancs s’échappèrent du sexe tendu vers Jérôme qui se retrouva inondé du sperme de son sauveur. Jérôme n’osa pas un geste et malgré l’incongruité de la situation il commençait à ressentir une légère excitation, Etendu sur le dos il ne put échapper au colosse qui s’empara immédiatement du sexe de Jérôme qui bandait de plus en plus. De son autre main il avait repris son va-et-vient masturbatoire. Jérôme jusque là demeuré immobile, tenta de changer de position, sa verge s’échappa des doigts du colosse qui saisit Jérôme dans une étreinte irrésistible, lui plaqua les épaules au sol le couvrit de tout son corps. Jérôme sentait l’extrémité humide du sexe du violeur, explorer son entre-cuissesentre, à la recherche du petit trou contracté. Ce qui devait arriver arriva, le gland chaud et ferme se posa sur la rosette de notre héros et se sachant arrivé au but, l’intrus enfila sa proie d’un irrésistible coup de reins, puis lui lima l’anus sans ménagements.



Jérôme ne retira aucun plaisir de cette première expérience homosexuelle. Mais la douleur de la pénétration sans préparatifs était en partie compensée par le sentiment de sécurité que lui procuraient les bras velus qui le serraient contre le torse d’une puissance peu commune.


En poussant un énorme cri de bête blessée qui résonna dans le sous bois et fit s’envoler les oiseaux alentour, son nouvel amant libéra son sperme en longs traits brûlants dans l’orifice, jusque là inexploré. Le mâle satisfait se laissa glisser sur le côté dans un grognement de satisfaction et ferma les yeux.


Jérôme n’arrivait pas à se libérer des longs bras de son amant endormi. Pour quoi faire ? Il aurait voulu récupérer ses vêtements et retrouver ses compagnons au campement. Mais il ignorait totalement où il se trouvait. Il ne voyait plus la rivière. Il était perdu au milieu de la forêt équatoriale, un instant troublée par le cri du gorille qui venait de lui faire connaître sa première sodomie.


Déjà le primate retrouvait force et vigueur. Jérôme lui plaisait, il le lui prouva dix fois, quinze fois ? Jérôme n’aurait pu le dire. Ce fut une nuit d’extase, entre chaque saillie le plantigrade lui offrait un fruit, ils s’endormirent finalement aux premières lueurs de l’aube, Jérôme pelotonné contre le ventre de son protecteur, profitait de la chaleur de sa fourrure et s’enivrant de l’odeur incomparable du grand singe.



Les deux semaines qui suivirent furent enchanteresses, son voyage de noces à Capri lui parut fade en comparaison, les deux amants ne se séparaient jamais et ils passaient leur temps à copuler, à manger et à dormir. Aux heures les plus chaudes ils couraient main dans la main se jeter dans la rivière. Dans l’onde rafraîchissante, l’infatigable Jim prouvait encore son amour à Jérôme.


Les journées étaient rythmées par les énormes cris de Jim quand il déchargeait. Tout contribuait à transformer leurs étreintes en évènements extraordinaires. Le hurlement bestial effrayait les volatiles de la jungle qui s’envolaient dans un vacarme indescriptible. Un profond silence s’installait alors dans la forêt. Les deux partenaires pouvaient savourer leur extase en paix.


Jérôme avait initié le gorille à d’autres positions que le missionnaire et la levrette. Jim affectionnait particulièrement les pipes et Jérôme avait découvert le plaisir qu’un amant éprouve, lorsqu’à force de caresses habiles de la langue et de la bouche, il parvient déclencher l’orgasme de son partenaire. Il conservait fièrement le membre de son amant dans sa bouche jusqu’au dernier spasme. Il avalait avec gourmandise la chaude semence au goût de papaye.


Tout le reste du clan était à présent au courant de leur idylle et la plupart assistaient à leurs ébats. Bien sûr Jérôme aurait préféré un peu d’intimité. C’est toujours impressionnant de faire l’amour devant une douzaine de gorilles mâles et femelles qui au bout d’un moment se mettent à vos imiter.

Après quelques jours le troupeau s’était enrichi de quelques jeunes femelles étrangères, attirées par la nouvelle virtuosité amoureuse des camarades de Jim. La région n’avait pas connu de telles innovations depuis le passage de Livingstone.


La jungle vivait au diapason de leur amour. Quelques jeunes mâles essayèrent bien d’arracher Jérôme aux bras de Jim, en vain. Jim récupérait son fiancé et se mettait debout en se frappant la poitrine avec ses gros poings serrés. Il vociférait et menaçait les audacieux qui renoncèrent rapidement. Se sentant aimé et protégé, Jérôme tomba amoureux.



Leur lune de miel dura jusqu’au moment où nous avons surpris nos eux héros en train de se livrer à leur activité favorite, souvenons-nous :


Jérôme, pris en levrette par Jim attend une éjaculation jamais bien longue à venir. Au lieu du cri de plaisir habituel il entend un soupir, sent la verge se ramollir et le quitter entraînée par le corps inerte de Jim qui s’affale par terre.


Des cris de victoire parviennent des sous-bois et rapidement plusieurs personnes se tiennent autour de lui totalement nu à quatre pattes le séant toujours offert. Inquiet pour son amant il lui secoue les épaules, un ronflement sonore le rassure, ils est seulement endormi. Les guides africains entravent rapidement le gorille et le chargent sur leurs épaules.



II. LE VOL DE RETOUR


Dans l’avion qui le ramène à Paris, Jérôme pense aux trois semaines qui viennent de s’écouler. Ce safari photo, il le préparait depuis plusieurs année avec ses trois camarades de H.E.C. Ils avaient finalement pu se libérer ensemble, pour une dizaine de jours.


Tout se passait bien jusqu’à ce que Jérôme s’éloigne seul du campement pour se baigner et fasse la rencontre qui allait à jamais bouleverser son existence bourgeoise.



Il allait retrouver Marie Sophie, son épouse, les deux enfants qu’elle lui avait donnés, son duplex grand comme un aéroport, ses copains du golf de Saint-Cloud, son poste de directeur général chez Rivendi, son chalet à Méribel et leur maison en Bretagne.


Il ne parvenait pas à se concentrer sur la vie qui l’attendait, invariablement il se repassait avec volupté le film de son aventure brutalement interrompue, comme un enfant qui réclame la même histoire, encore et encore.


Les chasseurs qui l’avaient « sauvé » travaillaient pour des zoos. Dès la fin de sa quarantaine, Jim serait expédié à Hambourg port remplacer le grand gorille reproducteur. Jérôme sourit en pensant à la tête que feraient les femelles qu’on lui destinait en découvrirant que Jim est gay. Car il est gay, totalement gay, pas même bisexuel.


Pendant son séjour à ses côtés, Jérôme avait fait connaissance avec le reste de la tribu. Jim vivait un peu à l’écart de ses congénères dans une sorte de ghetto, au voisinage de deux femelles lesbiennes. Sa hutte était jolie, meublée avec plus de goût que les autres, au-dessus de la porte il avait accroché un bouquet de plumes rappelant les couleurs de l’arc-en-ciel.

A part les deux lesbiennes, le reste du clan le jalousait, pour des manières un peu précieuses : il se lavait tous les jours et sortait beaucoup la nuit. Les hétérotes regrettaient surtout de ne susciter aucun désir chez le plus beau mâle du territoire.

D’une taille supérieure à la moyenne, il a un corps parfait, puissant et souple, totalement exempt de graisse, des pectoraux saillants et des abdominaux sculptés par des exercices quotidiens. Sans oublier un cul à faire fortune rue Sainte-Anne. Cerise sur le gâteau, il a les yeux bleus et la peau claire, constellée de taches de rousseur. Jérôme pensait que Jim tenait sa préférence sexuelle et ses yeux bleus d’un explorateur anglais disparu dans la région une quinzaine d’années auparavant.



Jérôme n’a pas fait l’amour depuis trois longs jours et son corps habitué aux fréquents assauts du primate, accuse un déficit que le gestionnaire (Jérôme est un HEC) a besoin de combler au plus tôt.


Il fait comprendre son désir à un steward, qui l’accompagne aux toilettes. C’est la première fois qu’il se donne à un autre qu’à Jim et malgré toute sa bonne volonté, son partenaire échoue à éteindre le feu qui le dévore. Heureusement ce dernier s’en rend compte et refusant de laisser un passager insatisfait, il en appelle à la solidarité de ses collègues. La réputation de la compagnie, nouvellement privatisée, est en jeu !


A l’exception du commandant, qui craint pour sa réputation et des hôtesses, ils sont tous là à attendre leur tour. Voyant la queue qui s’allonge devant la porte des W.C. quelques passagers les croient victimes d’un désordre intestinal.


Jérôme termine le voyage penché sur le lavabo et accueille entre ses fesses des verges de toutes les tailles. Aucune ne le fait chavirer comme celle de son amant. Sûrement à cause des préservatifs dont nul n’avait oublié de s’équiper, Jim n’en portait jamais. Les femmes de ménage intriguées trouveront 27 capotes dans la poubelle, un record sur un vol régulier.


Ding « Nous allons entamer notre descente sur Charles Degaulle, nous vous remercions de regagner votre place et d’attacher votre ceinture. »


Jérôme remonte son pantalon et regagne son siège.


« Nous espérons vous revoir bientôt sur nos lignes » quelques stewards émus, lui souhaitent une bonne soirée quand il quitte l’appareil.



III. JEROME REPREND SA VIE BOURGEOISE


Marie-Sophie conduit la Jaguar en rentrant à Neuilly et l’assaille de questions tout le long du chemin, Jim ne lui posait pas de questions, jamais. Perdu dans ses pensées, il répond distraitement, sa femme n’insiste pas et met son mutisme sur le compte de la fatigue.


Deux mois ont passé, Jérôme à repris ses habitudes mais rien n’est plus comme avant. Le corps lisse, blanc et fragile de Marie-Sophie ne l’excite plus du tout. Ses seins superbes, en forme de pomme malgré deux grossesses, ne lui font aucun effet. Il ne peuvent rivaliser avec les pectoraux de Jim. Il a bien essayé de lui demander de ne plus se raser les aisselles, ni le maillot, ni les jambes, elle a refusé tout net et quand il lui a suggéré de ne plus mettre de parfum et de ne plus se laver qu’une fois par semaine elle l’a menacé de divorcer. Vous pensez bien qu’il a gardé pour lui son projet de l’équiper d’un godemiché pour qu’elle le prenne en levrette. De toute façon ça n’aurait pas marché, elle ne pourrait pas remplacer Jim.


Il visite secrètement quelques bars gays parisiens. Mais même les étreintes anonymes des back-rooms lui paraissaient insipides.


Son travail l’ennuie, les assemblées générales où il explique aux petits actionnaires pourquoi ils ont perdu la moitié de leurs économies en quelques mois et leur demande juste après de lui voter un plan de stock options représentant plusieurs siècles de leur salaire, ne l’amusent plus. Il n’a plus envie d’emménager dans l’appartement de 10 millions de dollars qu’il a fait acheter par la société, sur central Park à New York.



IV. LES RETROUVAILLES


Le souvenir de Jim l’obsède, il finit par craquer et s’envole pour Hambourg.


« Tiergarten bitte » lance-il au chauffeur du taxi. En route, il achète dix kilos de fruits exotiques et se fait déposer devant la porte du zoo.



Le cœur serré, bien plus ému que lors de son premier rendez-vous avec Marie-Sophie, Jérôme s’approche des cages des gorilles. Il cherche son compagnon, et l’aperçoit prostré au fond de la cage, immobile presque inerte.



Aucun résultat, Jérôme crie alors plus fort :



Ca y est, il ouvre les yeux, se lève. Il a reconnu sa voix. Jérôme lui fait de grands gestes. Il l’a vu, Jim se précipite vers Jérôme, se redresse et empoigne les barreaux en faisant mine de les arracher. Le hurlement qu’il pousse attire l’attention de tous les visiteurs présents. Le gorille est collé contre les barreaux, comme pour sortir de sa cage, seule une partie de son anatomie dépasse et Jérôme constate avec fierté que son amant ne l’a pas oublié. L’émotion est si forte que la verge du grand singe se met soudain à déverser un torrent de foutre sur le public qui recule effrayé. Il m’a été fidèle, pense Jérôme en voyant le geyser de semence qui n’en finit pas. Jérôme qui ne peut s’approcher, lance avec amour les fruits à son compagnon. Mais Jim les ignore et tend ses longs bras velus pour embrasser son amant retrouvé. Ignorant la foule qui l’observe, médusée, Jérôme tente de franchir le no-mans-land qui le sépare de la cage mais des gardiens l’en empêchent.


Jérôme s’assied sur un banc et reste jusqu’à la fermeture du parc à échanger des regards énamourés avec le captif.


Les femelles gorilles excitées par la verge dressée du grand singe et par l’odeur du sperme répandu sur le sol ne cessent de le harceler. L’une d’elle s’empare même de son sexe, mais Jim repousse tous les assauts et ne quitte pas Jérôme des yeux. D’une main vigoureuse il montre, à plusieurs reprises, son attachement à Jérôme qui sent à nouveau le désir lui étreindre le ventre. Les témoins de la scène perçoivent l’intensité des sentiments qui unissent les deux amants et les gardiens médusés éloignent les enfants de ce lieu de luxure.


A l’heure de la fermeture, Jérôme quitte le zoo et rejoint son hôtel. Seul dans sa chambre, ivre de frénésie sexuelle, il imitera le singe en se masturbant toute la nuit.


Il passe la journée du lendemain assis en face de la cage de Jim qui n’arrête pas de lui prouver son amour. On l’a séparé des femelles car les gardiens craignaient qu’il ne leur inflige de mauvais traitements.


Le week-end suivant Jérôme retourne à Hambourg. Dès son arrivée le directeur du zoo le fait venir à son bureau.


Il explique à Jérôme que son ami, acheté pour couvrir les quatre femelles, n’a à ce jour montré aucun intérêt pour les compagnes qu’on lui a présentées. La décision de l’échanger contre un animal plus coopératif allait être prise, mais l’incident a permis de constater que Jim n’était ni impuissant ni stérile. Il y aurait bien quelque chose à faire mais ça nécessitait l’assistance de notre héros.


En fin HEC, ce dernier négocia un accord gagnant-gagnant. dont voici les grandes lignes.

Le zoo de Hambourg embauche Jérôme en qualité de gardien pour les week-ends et les jour fériés, au salaire de 2000 euros par mois.

Jim bénéficie d’une cage individuelle dont Jérôme possède la clé.

Il peut rendre visite à son amant, à son gré, pendant les heures de fermeture.

On ferme les yeux sur les comportements déviants du couple.

En contrepartie Jérôme s’engage à récolter le sperme de son amant et à le remettre au zoo chaque matin.

Le sperme de Jim sera utilisé pour inséminer les femelles du zoo de Hambourg.

Le zoo peut également vendre le précieux liquide à d’autres organismes (zoos, cirques, etc.)

Jérôme Massier percevra 15% du montant des transactions correspondantes.

Il bénéficie d’une couverture sociale, pour lui et Jim, ainsi que d’une retraite et d’une indemnité de fin de contrat substantielle.


Jérôme passe à présent tous ses jours de congés à Hambourg, il n’a plus de faux frais car il est logé dans la cage de Jim et nourri par le zoo, La rémunération couvre largement ses billets d’avion.


Notre couple s’installe dans une routine confortable et attend avec impatience le samedi matin. Bien entendu Jérôme trouve chaque fois un nouveau prétexte pour expliquer à son épouse ses déplacements réguliers.


Mais Marie –Sophie devient soupçonneuse, son mari ne sollicite plus ses faveurs, jamais. Non qu’elle en ait envie - son éducation à l’Ecole de la Légion d’Honneur lui a appris à réfréner ses vils instincts – mais elle craint une concurrente. Elle examine les cols de son époux mais n’y trouve jamais de trace de rouge à lèvres ni d’effluves féminins. Sa méfiance diminue progressivement jusqu’au jour où elle trouve de longs cheveux bruns, un peu épais et raides sur un pardessus poil de chameau. Ne désirant pas s’abaisser à suivre Jérôme elle tape dans sa cassette personnelle et mandate un détective privé, spécialiste de l’adultère.


Le pauvre homme a longtemps hésité avant de présenter son rapport à Marie-Sophie. Mettez-vous à sa place. En quarante années d’expérience il en avait vu des vertes et des pas mûres mais là c’était le pompon. Il faillit tout d’abord abandonner l’affaire lorsqu’il découvrit la vérité, par solidarité masculine et aussi un peu par lâcheté.


Sa conscience professionnelle fut la plus forte. Et aussi avouons-le, les honoraires que lui versait sa cliente sans jamais discuter. Il avait pensé pouvoir s’en tirer en faisant traîner l’enquête dans l’espoir que la passion des deux amants ferait long feu. En vain. Il constitua un dossier solide, étayé de photos prises sur le vif et de cassettes vidéo qui ne laissaient aucun doute sur la nature des relations du mari coupable. Il demanda le solde de ses honoraires et laissa Marie-Sophie affronter seule l’horrible vérité. Aux dernières nouvelles le Sherlock Holmes aurait pris une retraite anticipée.


Par charité chrétienne je m’abstiendrai de décrire Marie-Sophie lorsqu’elle apprit en vrac, son infortune, l’homosexualité de son mari et l’identité de sa rivale. Jamais une telle avanie n’avait frappé les Larochecoufault (le nom de jeune fille de Marie-Sophie), vieille famille française qui avait survécu aux horreurs de la révolution française. Une seule satisfaction cependant, elle était certaine que cette liaison adultère demeurerait stérile. La suite nous montrera qu’elle se trompait.


Elle obtint le divorce, la garde des enfants et une pension alimentaire qui allait contraindre son ex-mari à optimiser la productivité de son amant. Des années après, Marie-Sophie ne s’est toujours pas remise de cette humiliation dont elle garde le secret. Ses proches ne comprennent toujours pas pourquoi elle n’a plus jamais emmené ses enfants au jardin d’acclimatation et refuse de voir le film King-Kong.


La compagnie Rivendi négocia une rupture amiable, chacun voulant éviter le scandale. Jérôme toucha un pactole, car les administrateurs se refusaient à ce que les petits porteurs apprennent que tout en les baisant profondément, Jérôme se faisait lui-même sodomiser par un primate. Imaginez les titres du Canard Enchaîné.


Plus rien ne le rattachait à Paris, Jérôme s’installa à Hambourg et fut embauché par le zoo, comme gardien de nuit à plein temps. Il loua un deux-pièces dans un quartier chic à proximité du zoo. Ies deux amants étaient enfin réunis .


La promiscuité des autres animaux, acceptable deux jours par semaine, leur devint rapidement intolérable. Jérôme obtint l’autorisation d’emmener Jim chez lui chaque soir, à condition de rentrer une demi-heure avant l’ouverture du zoo. Les amoureux passaient ainsi toutes les nuits ensemble, ainsi que toute la journée du lundi, jour de fermeture du parc.


La production de sperme augmenta sensiblement et les ventes à l’extérieur permettaient à Jérôme de faire face à la pension alimentaire.


Bien sûr, au début, les voisins étaient saisis d’effroi lorsqu’ils entendaient les hurlements qui accompagnent habituellement les orgasmes de Jim. Jérôme obtint du directeur du zoo qu’il prenne en charge l’insonorisation de son appartement. Après tout, les cris étaient directement liés à la récolte de la semence, ce qui constituait l’objet même du contrat.


Jim avait grossi du fait de la vie sédentaire qu’il menait, Jérôme décida d’acheter un tandem pour faire le trajet entre son appartement et le zoo.


Ils connurent une longue période de bonheur. Chaque soir les deux amants enfilaient une combinaison jaune et un casque de chantier, enfourchaient leur tandem pour sortir incognito du zoo et regagner leur nid d’amour.


Vous auriez du les voir le matin, dévaler les rues de Hambourg en pédalant comme des fous sur leur tandem, fredonnant une chanson des Village-People. Ils faisaient penser à Paul Newman et Robert Redford, dans Butch Cassidy et le Kid.


Le gardien du zoo n’avait que le temps de lever sa barrière quand ils arrivaient à toute vitesse pour prendre leur travail. Aucun employé n’avait jamais montré un tel entrain à rejoindre son poste.


Jusqu’à ce funeste jour de novembre où une benne à ordures coupa la route de nos tourtereaux.



V. IL N’Y A PAS D’AMOUR HEUREUX


Jérôme se réveilla dans une chambre toute blanche, entouré de matériel médical. Des plâtres immobilisaient ses quatre membres, il ne sentait rien, à cause des calmants que l’équipe des urgences lui avait administrés. Personne ne semblait s’occuper de lui. Mais une grande agitation régnait autour du lit voisin. Ne maîtrisant pas l’allemand il ne saisissait que des bribes de la conversation :



L’aréopage médical les laissa seuls et il vit Jim qui gisait dans le lit voisin, inconscient mais vivant, bien vivant même, s’il en jugeait par la protubérance qui soulevait son drap. Jérôme rassuré s’endormit.


La protubérance n’avait pas échappé aux infirmières. Comme Jérôme allait s’en apercevoir. Il se réveilla au milieu de la nuit et il sentit que l’on s’affairait dans la chambre. Malgré la pénombre il finit par distinguer une forme blanche qui chevauchait le blessé immobilisé sur le lit d’hôpital. Il essaya de crier, en vain, il était muet comme une carpe.


Totalement impuissant il dut assister au viol collectif qui se déroulait sous ses yeux. Il semblait que tout le personnel féminin de l’établissement se fut donné le mot pour profiter des aptitudes exceptionnelles de son amant. De temps à autre un gémissement étouffé lui signalait qu’une violeuse avait atteint l’orgasme. La poussant sans ménagements une autre prenait sa place et venait s’empaler sur le membre bandé.


La jalousie étreignait Jérôme. Il espérait que Jim se réveillerait et pousserait ce cri primitif qui accompagnait chacune de ses éjaculations, mettant en déroute toutes ces femelles en rut.


Le supplice dura trois nuits entières, jusqu’à ce que la rumeur parvienne au directeur de l’établissement. Au petit matin alors que les infirmières repues avaient déserté la chambre Jérôme le vit ôter son pantalon et son caleçon et s’avancer la verge dressée vers le lit de son amant, prêt à s’empaler sur le sexe vertical. Il ne put le supporter et dans un effort surhumain il réussit à faire tomber le support métallique de son goutte à goutte. Le fracas alerta l’infirmière de garde qui accourut aussitôt.


L’explication qui suivit échappa totalement à Jérôme qui ne maîtrise pas la langue de Goethe. Il crut cependant assister à un marchandage sordide qui sembla satisfaire les deux parties. Elle remit le matériel en place et rebrancha le cathéter d’où s’échappait un flot de sang.


Plus tard, dans la matinée, le monitoring de Jim se mit à émettre un sifflement continu et les impulsions de l’oscilloscope firent place à une ligne horizontale. Un infirmier tenta un bouche à bouche et un massage cardiaque, sans succès. La protubérance avait disparu, elle aussi.


Jim avait cessé de vivre sans avoir repris connaissance.



EPILOGUE


La convalescence de Jérôme fut longue, il finit par retrouver la parole et l’usage de ses membres brisés. S’agissant d’un accident du travail, car survenu sur le trajet, la sécurité sociale lui verse une pension d’invalidité et il toucha l’assurance vie de son amant disparu.


Depuis Jérôme erre sur le port de Hambourg, en guettant les cargos en provenance d’Afrique mais il sait qu’il ne connaîtra plus jamais un amour aussi exceptionnel.


Dans les années qui suivirent, à Hambourg et ailleurs dans le monde, naquirent de jeunes gorilles dépourvus de pilosité et particulièrement doués pour le commerce. Les spécialistes n’ont jamais résolu cette énigme.


A vous ami(s )lecteur(s) si vous êtes toujours là je dévoilerai le secret de ces êtres exceptionnels, ou peut-être avez vous déjà deviné. Dans leurs pratiques bucco génitales réciproques les deux amants avaient mélangé leurs semences et les enfants de Marie-Sophie ont de nombreux demi frères qui de par le monde amusent les enfants dans les zoos et les cirques.


Qu’elle soit rassurée pour l’héritage de ses rejetons, aucun d’eux, jamais, ne fera une recherche de paternité.


Neuf mois après l’accident quelques infirmières de Hambourg accouchèrent de bébés, très bruns, hirsutes et déjà en érection, mais ceci est une autre histoire.


Marc Août 2002