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n° 05185Fiche technique93189 caractères93189
Temps de lecture estimé : 53 mn
14/11/02
corrigé 21/03/21
Résumé:  Frigides?...
Critères:  fh extracon grossexe bizarre laid(e)s volupté pénétratio fantastiqu
Auteur : LongJacq            Envoi mini-message
Groddoc



Dans un parc immense peuplé de grands arbres, un petit garçon joue. Sur le perron d’une maison cossue une femme apparaît. C’est sa mère. Elle l’appelle :



Augustin est un petit garçon vif et malicieux. Son enfance s’écoule sans encombre dans ce cadre paisible, faite de jeux, de découvertes et d’exploits physiques. Cette période de sa vie est emplie de l’amour de ses parents et d’une amitié inébranlable avec la petite fille de leurs voisins, Gabrielle. Ils partagent leurs jeux, leur entrain, leur soif d’aventure. Augustin est intelligent et sensible, il semble promis à un avenir brillant.


Les choses se gâtent quand il franchit le cap de l’adolescence. Victime d’une maladie génétique inconnue, sa croissance s’écarte de la courbe normale, et au fur et à mesure qu’il grandit, son corps se déforme. Son handicap devient monstrueux au point que ses parents le retirent de l’école, et lui font donner des cours par correspondance. Le cercle des personnes qui peuvent l’approcher se rétrécit à vue d’œil. Il ne sort plus, reste cloîtré dans la maison de ses parents, où il peut bénéficier du parc entouré de hauts murs.


Seule Gabrielle continue à venir le voir régulièrement, et pendant de longues conversations, ils échangent et débattent de problèmes philosophiques. Si le physique d’Augustin est atteint, sa culture et son intelligence font l’admiration de Gabrielle.


Peu de temps après la majorité d’Augustin, ses parents décèdent le laissant seul à la tête d’un bel héritage. Sa fortune pourrait lui permettre de couler des jours paisibles, mais il met un point d’honneur à subvenir à ses besoins, et s’efforce d’avoir une activité pour ne pas sombrer dans le désespoir. Il est parfaitement conscient de son image et prend bien soin de ne pas l’imposer aux autres. Il trouve un emploi par télétravail ce qui lui permet de rester en contact avec le monde, d’échanger, de travailler, sans avoir à sortir de chez lui.


Sa vie semble écrite et Augustin sait que son état lui interdit à tout jamais de goutter à certaines joies du commun des mortels. Il s’ingénie à y trouver nombre de palliatifs.

Si la nature a été ingrate à son égard, elle l’a en revanche doté de trois atouts. Son intelligence, sa voix et son sexe.

Il met son intelligence au service de son travail, sa voix lui permet d’entretenir nombre de relations par téléphone, ou par l’intermédiaire de « talks » sur le Web, quant à son sexe, il doit se contenter d’un usage personnel.


Le contact physique avec des femmes lui étant interdit, il met toutes ces forces à tenter d’en percer la psychologie. Il passe ses nuits sur le Web avec des inconnues de toutes sortes, à écouter leurs fantasmes, leurs désirs, à répondre à leurs sollicitations. Il prend le surnom de Groddoc et devient vite une célébrité sur différents forums.

Il sait parler aux femmes, les comprendre, les exciter, les mener à la jouissance.


Gabrielle continue à lui rendre visite de temps à autre. Ces rencontres sont les seuls contacts qu’il a avec l’extérieur.


Elle est devenue une belle jeune femme, grande et mince. Augustin admire ses longues jambes fuselées qu’elle croise avec ostentation, ses yeux rieurs, ses cheveux châtains qu’elle attache relevés et qui dégagent sa nuque. Il ne peut s’empêcher de laisser traîner ses yeux sur sa poitrine qu’il devine magnifique sous la soie de ses corsages. Elle se déplace avec une grâce naturelle, consciente de son image et ses seins libres bougent avec elle, Augustin est fasciné…


Malheureusement ce qui doit arriver arrive. Gabrielle rencontre un beau jeune homme, riche et intelligent et décide de se marier. Augustin en conçoit une peine profonde. Il sait bien que maintenant Gabrielle vivra sa vie, et s’éloignera petit à petit de lui.

De fait, leurs rencontres s’espacent de plus en plus et Augustin ne voit plus Gabrielle qu’une ou deux fois par an.


C’est au cours d’une de ces rencontres que la vie d’Augustin sort des ornières qui lui semblaient toutes tracées.




Gabrielle fait la connaissance de Groddoc


Lorsque Gabrielle rejoint Augustin ce jour-là, elle est en proie, à un profond désarroi. Son couple part à la dérive… Elle se demande ce qu’elle fait encore à côté d’un être qui lui est devenu indifférent. Augustin très rapidement se rend compte de la souffrance de son amie. Il cherche à en connaître la cause…




Gabrielle fond en larmes, il lui coûte d’avouer à Augustin l’échec de son mariage avec Romain.



Je comptais sur son expérience. Romain avait connu d’autres femmes avant moi et je le savais… les premières fois où on a fait l’amour, rien… Je n’ai rien ressenti. Je me suis dit que les choses allaient s’arranger, qu’il me fallait du temps, que je devais m’habituer !

Mais le temps passe et toujours rien. Romain a l’air de se satisfaire de la situation. Pour lui tout va très bien. Moi je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il me manque quelque chose. Peut-être est-ce de ma faute, peut-être ne suis-je pas normale ? Je ne peux pas me résoudre à l’idée que l’amour ce soit ça…


Après un silence :



En disant ces mots, il regarde Gabrielle, les yeux humides.



Gabrielle est soudain rêveuse, elle n’imaginait pas la vie secrète de son ami. Ses révélations la bouleversent. Elle en vient à penser qu’elle aimerait être une de ces femmes, qu’elle aimerait entretenir une relation érotique désincarnée avec son ami. Jamais il ne lui avait fait part de sa vie intime. Il lui avoue son amour des femmes et elle le ressent comme un compliment à son égard.


Elle se sent égoïste. Elle ne pense qu’à elle, à ses propres problèmes. Elle lui parle de sa frustration sexuelle, alors que lui… Lui manque de tout, d’amour de chaleur humaine, de contact physique. Elle lui sourit tendrement.



À nouveau elle pense qu’elle donne tout à Romain. Il a tout, tout pour rien. Tout pour plaire, il est beau, riche, intelligent. Augustin lui n’a rien. Comment peut-elle incarner tant de désirs, tant de concupiscence d’un côté et n’être qu’un objet de l’autre ?


Augustin reprend.



La phrase reste suspendue au bord de ses lèvres. Elle continue pour lui :



Il baisse la tête. Il se sent honteux d’avoir laissé Gabrielle deviner sa pensée.





Gabrielle se donne à Groddoc


La situation trouble Gabrielle au plus haut point. Il est si laid, jamais une femme ne pourra accepter de le toucher. Il joue sur Internet, s’excite, mais tout cela reste virtuel. Elle est la seule personne qu’il voit, et il ne la touche pas. Il doit en mourir d’envie. Qui plus est, elle n’est pas mal faite. Elle a envie de le provoquer, de lui faire avouer le désir qu’il a d’elle.


Elle se sent riche des trésors qu’elle possède. Ils lui appartiennent, c’est son corps. Elle a le droit d’en disposer, de le montrer à qui bon lui semble. Elle a envie qu’on la regarde, elle a envie d’être un objet de désir. Elle veut se sentir aimable.

Bien sur, les hommes la lorgnent dans la rue, mais ils ne voient que sa surface, son apparence sociale. Elle a envie de plus, elle veut s’exposer, se montrer dans ce qu’elle a de plus intime. Pour elle, ce n’est qu’un jeu. Le sexe est si fade à ses yeux, si vide de sens. Mais elle a ce désir-là, maintenant !



Gabrielle pressent le plaisir narcissique qu’elle pourrait éprouver à se dénuder devant Groddoc. Elle en a envie.



Gabrielle se lève, vient se placer entre les genoux de Groddoc. Elle lui prend les mains et les place sur ses hanches.

Il demeure la tête baissée fixant le sol. Mais il perçoit la chaleur de son corps sous ses doigts et ce contact l’électrise.



Gabrielle se recule d’un pas. Ses vêtements tombent un a un sur le sol.

Ça n’a rien d’un strip-tease. Elle se dépêche, a hâte de se retrouver nue devant lui.


Dévêtue, elle ne s’est jamais sentie aussi bien. L’air de la pièce lui colle à la peau. Elle se découvre une absence totale de pudeur. Les yeux de Groddoc lui rendent son corps aimable, désirable, et elle en est fière. Elle a conscience de la fermeté de ses seins, de la plénitude de ses hanches, de la noirceur de la toison qui buissonne au bas de son ventre.


Il la regarde les yeux mouillés. Elle reste là, plantée devant lui, ne sachant plus trop quelle contenance adopter.

Elle l’a fait. Il la voit. Il la scrute, la détaille. Son regard est une caresse sur son corps. Elle se sent convoitée et elle aime ça.

Il tombe finalement à genoux, enlace ses hanches et presse sa tête contre son ventre. Il demeure ainsi un long moment à sangloter.



Pourtant ses mains se risquent à explorer le corps qui s’offre à lui. Il pétrit les fesses, malaxe l’intérieur des cuisses, presse chacune des vertèbres de la chute des reins. Il en saisit les chevilles, contourne les mollets, dessine les sillons de l’aine. Gabrielle se laisse faire.

Elle laisse ces mains errer où bon leur semblent, se pliant à leur rythme. Elle est heureuse de s’offrir à lui, de lui offrir ce bonheur et son bonheur est le sien.


Il la pousse doucement, la fait s’étendre sur le sofa. À genoux à ses côtés, il reprend sa reconnaissance avec minutie.


Gabrielle sent ses mains lui presser les flancs, caresser sa gorge, s’emparer de ses épaules. Elles sont chaudes et douces. Elles s’attardent avec nonchalance. Gabrielle aime cette caresse. En fermant les yeux, elle pourrait croire que c’est Romain qui est en train de la lui dispenser. Mais contrairement à ce qui se passe avec lui, le contact fait naître en elle des montées de chaleur qui enflent et vont s’évanouir comme des vagues successives sur la grève de son corps. Petit à petit elle s’abandonne, perd conscience du temps, de la présence de Groddoc. Il n’y a plus que ces mains infiniment patientes qui la sillonnent, la survolent, l’effleurent.


Les attouchements se font plus précis. Elle se rend compte qu’elle les attendait, qu’elle les espérait. Ses tétons roulent entre ces doigts magiques. Ils attisent le feu qui a pris naissance entre ses jambes.

Elle voudrait qu’il la touche là. Là-bas, entre ses cuisses, au creux de son ventre. Jamais elle n’a pensé en lui prêtant son corps qu’il puisse réagir aussi intensément à ses caresses. Ses cuisses s’ouvrent, les lèvres de son sexe s’entrebâillent. Une main agace le sillon de ses fesses. Un doigt remonte, s’attarde au sommet de son pubis, puis replonge entre ses babines ouvertes.


Le contact sur son clitoris la fait tressaillir. Elle le sent gonflé, roulant sous le doigt qui le presse. Chaque effleurement la chavire. Elle vibre autour de ce point qui lance de grandes ondes concentriques. La sollicitation est insupportable. Tout son corps se raidit et refuse de céder à l’intensité qui va la submerger. Mais ce qui semble impossible dure et ne cesse de croître.


Sa bouche dit non et sa tête va de droite à gauche. Elle croit qu’elle va mourir, que jamais elle ne sortira vivante d’une telle expérience…


Lorsque tout se déclenche, une coulée de plaisir se répand dans tout son corps. Elle la sent l’envahir totalement. Tous ses muscles se contractent, son cœur bat fort et le sang afflue à ses tempes.

Elle se mord les lèvres, ses cuisses se serrent sur la main de Groddoc et la retiennent prisonnière. Gabrielle tente vainement de contrôler sa respiration… Elle retombe inerte, en sueur.



Il lui caresse lentement les cheveux avec une infinie tendresse.



Elle lui prend les mains, les serre, les embrasse.



Gabrielle réalise que quelque chose vient de changer en elle, qu’elle ne sera jamais plus comme avant. Elle comprend qu’il existe un autre monde. Un monde dont elle a été exclue. Un monde qui n’est pas celui de Romain.


Elle n’avait aucune conscience, toute à l’heure, de la voie sur laquelle elle s’engageait. Son issue dépasse toutes ses espérances. Elle a soif, soif de tout connaître, de tout ce qui lui a été interdit. Elle aspire à vivre ce qu’elle avait imaginé. Elle veut rompre avec cette éternelle déception.


Faire l’amour avec lui maintenant… L’idée lui traverse l’esprit. Elle est répugnante. Sa tête la refuse et en même temps son corps en a envie. Elle tente de se raisonner. Combien de fois s’est-elle donnée à Romain, pour lui faire plaisir, sans jamais rien en retirer ? Cette intrusion dans son corps ne lui a jamais été désagréable, si elle n’en a jamais éprouvé aucun plaisir.


Pour Groddoc, c’est différent. C’est sans aucun doute pour lui, l’unique occasion de pénétrer le corps d’une femme. Après ce qu’il vient de lui faire vivre, elle lui doit bien ça… S’il ne se produit rien, ça ne fera jamais qu’une fois de plus. Mais qui sait, peut-être qu’avec lui ce sera différent ? Il semble capable de tous les miracles… Au point où elle en est, elle ne peut pas rester sur une telle incertitude !


Elle risque tout, veut se donner à lui…



En prononçant ces mots elle l’attire à elle, défait sa ceinture, sort son sexe du pantalon.

Gabrielle ne peut réprimer une exclamation. L’organe lui paraît monstrueux. Elle ne s’attendait pas à ça. Sa queue est longue et épaisse, noueuse, marquée de grosses veines bleutées. C’est le gland qui la surprend le plus. Il forme une excroissance volumineuse violemment colorée à l’extrémité de la hampe.


Groddoc à son cri a eu un mouvement de recul.

Gabrielle regrette de ne pas avoir su se contrôler. Elle doit le rassurer. Elle tend la main, prend l’organe entre ses doigts, le fait coulisser deux ou trois fois. Il semble brûler d’un feu intense. Il pèse dans sa main comme une menace.


Elle pivote sur elle-même et rejoint Groddoc sur la moquette. À genoux, la tête sur le canapé, elle lui tend sa croupe…



Gabrielle est anxieuse. Elle se demande sérieusement si elle est capable d’accueillir un membre pareil. Elle n’avait pas envisagé les choses sous cet angle.


Groddoc est très doux, il la pénètre très lentement, très progressivement, laisse le temps aux chairs de se distendre. À chaque avancée succède un recul qui permet à Gabrielle de reprendre son souffle. Elle se surprend à prendre plaisir à cette lente dilatation. Elle est fière d’accueillir en elle ce membre majestueux. Elle se sent comblée et heureuse.


Quand il bute au fond d’elle, il n’est entré que des deux tiers. Et c’est elle qui se met à bouger. Elle contrôle la pénétration gagnant insensiblement en profondeur au fur et à mesure que son vagin s’épanouit. Lui bouge aussi son bassin à contretemps, accentuant l’amplitude de ses mouvements. Il la tient par les hanches et l’accompagne.


Gabrielle sent le bulbe l’ouvrir, la fouiller. Il incendie des régions inconnues au fond de son ventre. Elle découvre de nouvelles sensations, les contractions involontaires de son périnée, les mouvements convulsifs de ses reins. Elle discerne des points d’une sensibilité effrayante qui lui font plier les genoux. Elle cherche à comprendre ce qu’elle éprouve mais c’est un miracle inexplicable. Elle n’est plus capable de localiser la source de son excitation. La sensation est diffuse, elle se propage, s’éteint, renaît.


Groddoc colle son ventre à ses fesses et s’immobilise ainsi un instant.

Elle a totalement avalé le sexe qui tout à l’heure l’effrayait.


Il se remet alors en branle, entrant et sortant de toute sa longueur. Chaque plongée arrache des larmes à Gabrielle tant la caresse est douce et sensuelle. Elle en attend à chaque fois le retour, avec un peu plus d’impatience, plus de crispation. Le crescendo est insoutenable, l’ascension irrésistible.


La tension va s’amplifiant et elle ne peut rien contre elle. Elle voudrait la faire cesser, l’empêcher de gagner du terrain, mais elle ne s’arrête pas. Elle la sent s’élever, gonfler, grandir. Sa progression la fait frémir et palpiter. Une effervescence bouillonne, affole le désordre qui l’agite.


Le raidissement qui la tend, l’étouffe. Elle frissonne, tremble…

Elle est entraînée vers un gouffre sans fin, un anéantissement.


Alors des galaxies entrent en mouvement dans un ballet aberrant.

D’immenses remous cosmiques l’emportent dans leurs tourbillons,

des masses obscures se bousculent et la bouleversent…


Elle se sent prise à la gorge, l’air lui manque… Chaque pénétration lui coupe le souffle et il ne ralentit pas sa course. Elle étouffe… mais sa chevauchée est inflexible.


Tout son corps se met à vibrer. Elle s’enflamme autour de cette coulée brûlante. Plus rien n’existe autour d’elle. Il n’y a plus devant ses yeux qu’une myriade d’étoiles qui dansent une folle sarabande. Sans en avoir conscience, chaque poussée lui arrache un râle. Il faut maintenant que quelque chose arrive, que quelque chose éclate ! Elle ne peut plus y tenir… Elle ne peut plus se retenir… Elle part…


Alors dans un fabuleux évanouissement, une envolée prodigieuse,

un immense embrasement, la tension se relâche, le ciel s’ouvre…


Une marée s’écoule. Elle cède et se répand. Elle s’abandonne, se livre aux flots qui l’absorbent… Elle s’abîme, sombre, s’anéantit…


Une lueur fulgurante pulse, émerveille la source où tout se concentre.

Simultanément, dans un ordre parfait, des foyers symétriques battent à l’unisson. Dans un sublime synchronisme, de fascinantes concordances, mille bulles éclatent, éclosions merveilleuses.


Lorsque la tempête s’apaise, Gabrielle se rend compte que Groddoc est toujours planté en elle, immobile.

Elle voudrait dire tant de choses, mais aucun son ne parvient à sortir de ses lèvres. Elle ne peut plus bouger. Des larmes de bonheur coulent sur ses joues. Elle pense être au bord de la crise de nerfs.


Peu à peu elle reprend ses esprits.

Elle se sent égoïste, éprouver tant de plaisir sans lui en donner… Elle veut lui rendre le bonheur qu’elle a reçu.

Pour la première fois elle réalise ce qui pourrait résulter de cette union. Concevoir un enfant à l’image de Groddoc… accoucher d’un monstre. Elle se raisonne. Il ne peut pas la féconder, c’est impossible. Elle veut qu’il prenne son plaisir, qu’il jouisse de son corps.




Elle roule du bassin, éprouve la rigidité du membre qui l’habite. Il se remet à circuler en elle. Elle adore cette sensation. Elle aspire à ce qu’elle dure éternellement…

Groddoc se meut sans précipitation, n’accélère pas le rythme. Bientôt elle sent à nouveau s’éveiller les foyers qui venaient de s’éteindre. De nouvelles vagues montent en elle. Elle n’arrive pas à y croire…. Son corps réagit indépendamment de sa volonté. Il parait insatiable. Son orgasme a été foudroyant, il la laissée sans force, à demi consciente, et voilà qu’elle se sent repartir vers une nouvelle apothéose. Elle la souhaite et en même temps la redoute, elle semble pourtant inéluctable…. Elle est emportée, impuissante, incapable de la moindre volonté. Aussi elle renonce, abandonne toute résistance.


À intervalles réguliers de nouveaux feux s’allument, des gerbes brûlantes fusent étincelantes… Dans une orchestration fantastique des sources chaudes palpitent, intermittentes, intenses, bouillonnantes… Des sphincters géants l’aspirent dans leurs spasmes. De vertigineuses contractions enserrent la virilité qui la possède et tentent de l’expulser. Des convulsions somptueuses s’étendent et se propagent.


Elle quitte terre… Elle flotte dans un monde merveilleux et inconnu. Cet état dure… dure un temps qui lui parait une éternité. Elle pense que jamais elle ne pourra revenir à la réalité.

Dans sa demie conscience elle perçoit le heurt des testicules de Groddoc contre son ventre, ses seins qui battent contre le sofa, les mains qui se crispent sur ses hanches. Elle mord le coussin du canapé…


Quand soudain tout s’immobilise, la verge de Groddoc se contracte au fond de ses entrailles, un flot de semence jaillit et se répand en elle. Un interminable frisson voluptueux court tout au long de son échine.


Puis l’amplitude des pulsations faiblit en longues ondulations…

Les éclats se font plus pâles, les lueurs plus diffuses, tout s’estompe…

Des voiles se referment, le théâtre s’éteint.


La brume se dissipe et Gabrielle est à nouveau au monde… L’omniprésence de son corps s’impose à elle. Des frémissements sporadiques la sillonnent. Son épiderme se hérisse au moindre souffle… Elle perçoit sa chaleur humide,

la moiteur mouillée qui s’épanche de son corps.


Sa respiration se fait plus profonde, le calme revient… Progressivement, tout retombe…


Une lourdeur pesante envahit ses membres. Une paix profonde la gagne, toute de quiétude et de sérénité… Une lumière mythologique l’enveloppe et la baigne. Ses paupières se ferment et l’entraînent dans un univers de rêves.



Gabrielle dort, son corps est repu…

Le trop plein de sensations a eu raison de sa conscience.


Après un long moment quand Gabrielle sort de sa torpeur, elle pleure encore.

Ses larmes sont des larmes de joie. Elle se sent soulagée, légère, ouverte à la vie. Un horizon limpide s’ouvre devant elle.

Groddoc est à ses côtés, il la regarde. Elle plonge un regard plein de reconnaissance dans le sien.



C’est extraordinaire… je t’ai donné mon corps et tu m’as transformée. Je ne sais même plus ce que j’ai pu être avant, comment j’ai vécu, si ça s’appelle vivre… Je me sens toute neuve, lavée… J’habite un corps dont j’ignorais l’existence, un corps vivant, sensible, un corps capable de me gratifier des plus grands plaisirs, capable d’accueillir, de s’épanouir, de donner et de recevoir. Tu m’as comblée au-delà de toutes mes espérances, tu m’as révélée à moi-même…

Jamais je n’aurais assez de toute ma vie pour t’exprimer ma reconnaissance. Quel que soit l’avenir de nos relations, je te serai toujours redevable. Ce que tu as réalisé vaut tout l’or du monde. Il faudrait que je puisse répondre par un miracle, au miracle que tu viens d’accomplir.



Même si ça ne doit jamais se reproduire, j’aurais au moins une fois dans ma vie connue cette sensation sublime, faire l’amour à une femme, te faire l’amour, te pénétrer, te sentir autour de mon sexe, ta chaleur, ton humidité, ton excitation, ton infinie douceur et puis tes contractions, ton corps qui bouge, puis tout laisser partir, gicler en toi…

Gabrielle… ce bonheur, je te le dois.


Ils se sont épuisés l’un l’autre. Ils se quittent abasourdis, ne sachant quand et comment ils pourront se revoir…




Gabrielle fait l’amour avec son mari


Les jours suivants Gabrielle voit le monde sous un autre jour. Elle se sent renaître à la vie. Tout lui est plus léger, facile. Son corps lui appartient. Elle en a pleine conscience et cette sensation la ravit.


C’est comme si le poids qui oppressait constamment sa poitrine avait disparu.

Cependant une chose l’inquiète. Elle n’a pas fait l’amour avec son mari depuis son après midi avec Groddoc. Cela va arriver inévitablement. Au moment où elle s’y attendra le moins. Va-t-il remarquer quelque chose ? Son expérience l’a-t-elle modifiée corporellement ? Va-t-elle revivre avec lui ce qu’elle a vécu avec Groddoc ? Quelles seront ses réactions ? Toutes ces questions se bousculent dans sa tête. Elle ne regrette rien, mais elle ne sait pas très bien comment elle va gérer la situation.


La chose se produit, au lit, un soir de la semaine. À peine la lumière éteinte Romain se montre entreprenant. Elle répond à ses baisers aussi amoureusement qu’elle le peut. Elle sent son désir contre sa cuisse et les mouvements qu’il fait ne laissent aucune ambiguïté sur ses intentions. Romain la retourne sur le côté et remonte sa chemise de nuit par-derrière. Cette position lui convient, elle n’aura pas à dissimuler ses réactions si elle en a.


Il s’introduit en elle sans ménagement. Elle ne peut s’empêcher de comparer ce qu’elle ressent aux sensations encore présentes dans sa mémoire. Il n’y a aucune comparaison.

Elle se sent froide, distante, sans envie. La présence de Romain lui est indifférente. Il s’agite en elle, mais elle ne sent rien, pas la moindre petite lueur, pas la moindre flamme.

Il jouit vite, se cramponnant à ses hanches. Gabrielle sent dans son cou son souffle se calmer. Romain glisse hors d’elle insensiblement refluant avec sa semence.

Après quelques minutes, elle comprend à sa respiration qu’il dort d’un profond sommeil.


Voilà donc ce qu’avait été l’amour pour elle depuis son mariage, ce qu’il aurait sans doute toujours été si elle n’avait pas rencontré Groddoc. Elle sent monter en elle une vague de haine envers Romain. Comment a-t-on pu la maintenir aussi longtemps dans l’ignorance ? Comment a-t-elle pu passer à côté de telles ivresses, d’un tel bonheur ?


Son corps n’a pas réagi et comment l’aurait-il pu ? Elle se sent presque satisfaite qu’il ne se soit rien produit. Un esprit de vengeance l’anime. Elle a connu l’extase, ailleurs, autrement. C’est son secret. Sa jouissance lui appartient et elle ne souhaite pas, ne souhaite plus la partager avec Romain.

Elle l’a goûtée avec délectation, elle l’a savourée. Elle désire revivre cet évanouissement de sa conscience. Le sexe est aimable, jouissif, mais ne ressemble en rien à ce que Romain lui fait vivre.


Comment s’étonner qu’elle n’ait jamais eu envie de cet acte mécanique et insipide. Bien sur, il y avait eu de la tendresse dans leurs contacts, de l’amour même au début, une sensation de doux bien être, mais cela n’a rien à voir avec la volupté qui l’a transportée, qui a apaisé toutes ses tensions, qui l’a laissée calme, sereine, souveraine.


Sa résolution est prise. Elle continuera à donner le change à Romain. Mais jamais elle ne renoncera à connaître ce plaisir extatique.




Gabrielle raconte à Aline son expérience avec Groddoc


Comme à l’accoutumée, le mardi suivant, Gabrielle a rendez-vous avec son amie Aline. Elles ont pris l’habitude de s’inviter mutuellement une fois par semaine, pour tuer l’ennui de leurs longues après midi de solitude.

Elles parlent de tout et de rien, de leurs expériences, de leurs rencontres, de leurs sorties. Il faut bien dire qu’elles passent aussi beaucoup de temps à faire leurs commentaires sur les autres femmes du quartier.


Aujourd’hui la tête de Gabrielle bouillonne encore de ce qu’elle vient de vivre.

Elle ne pense pas s’en ouvrir à Aline, c’est trop intime. Leurs conversations ne sont que très rarement portées sur la sexualité, sauf pour commenter de façon très générale les sondages publiés dans les magazines féminins. Mais chaque rencontre est inédite et Gabrielle se dit qu’elle ne peut savoir comment la conversation va tourner.



Gabrielle sent les larmes lui monter aux yeux. Ce qu’Aline lui dit correspond tellement à ce qu’elle ressent vis-à-vis de Romain sans qu’elle se le soit franchement avoué. Et puis il y a Groddoc, ce qu’elle a vécu… Tout cela lui parait tellement insensé…



Aline est venue s’asseoir à côté d’elle sur le canapé. Entre deux sanglots, elle arrive à prononcer :



Gabrielle reprend sa respiration.



Aline la laisse retrouver ses esprits.



Tout le reste me parait à présent fade et insipide. Je voudrais te dire… c’est possible… Ça l’a été pour moi, ça peut l’être pour toi et pour toutes les femmes… Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des circonstances, et c’est pas dans nos vies de petites bourgeoises qu’on peut les rencontrer…


Aline l’écoute en ouvrant des yeux ronds, elle boit ses paroles avec curiosité.



Gabrielle reprend après un long silence :



Aline est plongée dans un abîme de perplexité. Une foule de questions se pressent dans sa tête. Elle voudrait savoir, elle voudrait elle aussi ressentir dans son corps ce qu’a vécu Gabrielle et qui semble si extraordinaire. Elle parait tellement changée. Cette transformation semble tenir du miracle.



Lorsqu’elle ressort de chez Aline, Gabrielle est agitée par des sentiments partagés. Sans l’avoir véritablement décidé, elle sait maintenant qu’elle reverra Groddoc. Sa tête lui dit que cette relation est sans issue et son corps la réclame. Intimement dans sa chair elle sait qu’elle ne pourra pas y résister.

Sa conscience aussi la tourmente. A-t-elle le droit de faire de Groddoc, sa chose à elle ? Son instinct de possession tendrait à lui faire répondre oui. Par ailleurs, elle ne se sent pas le droit de ne pas partager l’expérience qu’elle a vécue. Elle repense à ce qu’elle était avant, et à toutes ces femmes qui vivent sans jouissance. Elle s’est engagée bien légèrement vis-à-vis d’Aline.

Pourtant si Groddoc peut leur permettre de s’épanouir, il doit le faire et elle doit le partager.




Gabrielle convainc Groddoc


Dans la semaine qui suit, Gabrielle prend rendez-vous avec Groddoc. Depuis sa discussion avec Aline les choses se sont peu à peu éclaircies.


Elle n’a aucun droit sur Groddoc et c’est à lui de décider. Par contre elle est convaincue qu’il peut faire beaucoup pour toutes les femmes qui, comme elle, passent pour frigides dans les bras de leurs époux. Et là il s’agit presque d’une mission de salut public.

Elle ne doute pas d’arriver à le convaincre. Elle lui a offert ce qu’elle pensait être une expérience unique. Maintenant, non seulement elle sait qu’elle ne sera pas unique, ni pour lui, ni pour elle, mais elle pense que Groddoc peut profiter de nombreuses expériences similaires avec d’autres femmes et que celles-ci ne manqueront pas de combler sa frustration.

Pour l’heure, elle va retrouver Groddoc et son corps anticipe sur les sensations qu’elle espère éprouver à nouveau.


Elle se plaît à penser que c’est son amant qu’elle va rencontrer. Ces derniers jours lui ont paru interminables. Son corps aspirait à connaître à nouveau cet état de plénitude, le réclamait.

Elle a pris soin d’elle, un peu plus que d’habitude, séance chez le coiffeur, longs bains parfumés. Elle se découvre un corps aimable qui mérite qu’on s’occupe de lui. Elle se veut parfaite en tout point.

Ses seins libres dansent à chacun de ses pas. La soie crisse sur leurs pointes durcies. Elle peut voir l’étoffe de sa robe légère flotter autour d’elle, mouler ses longues cuisses et cela la ravit.


Dans quelques instants, elle en dénouera elle-même le cordon et elle s’affaissera d’un coup à ses pieds, la dévoilant dans le plus simple appareil. Et ce sera comme un lever de rideau…


Enfin ils se rejoignent, enfin elle se dénude, leurs corps à nouveau s’accouplent…

Gabrielle est avide, en redemande, ne se lasse pas. Il lui semble avoir à combler des lustres de frustration. Son amant est infatigable. Et c’est pour eux, la même extase, le même déferlement de bonheur.

Ils restent des heures accolés l’un à l’autre, perdent pied, puis se retrouvent. Plus d’une fois Gabrielle pense qu’elle va mourir. Le plaisir la transporte sur des sommets inconnus. Elle vole de cime en cime dans une jouissance continue.


Quand Gabrielle revient à elle, il est déjà tard et elle n’a pas encore soufflé un mot d’Aline à Groddoc.



Tu peux la recevoir ici, tu la fais passer dans la pièce aveugle. Il faut que tu puisses commander la lumière de chez toi et uniquement de chez toi. C’est toi qui diriges les opérations. Quand elle est prête, tu éteins tout, et tu la rejoins. Quand c’est fini, tu reviens ici et tu rallumes jusqu’à ce qu’elle s’en aille.



Gabrielle abandonne Groddoc à regret. Elle sait que la semaine va être longue avant de le retrouver. Maintenant qu’il a accepté de rencontrer Aline, elle se dit qu’il va connaître une autre femme, que peut être elle aura sa préférence.

Mais non ! il continuera à la voir, elle est la seule à le rencontrer à visage découvert. Elle, ce n’est pas pareil… Pour Aline c’est une expérience, c’est tout. Elle se rassure et pense à l’instant où elle va annoncer la nouvelle à Aline.




Gabrielle revoit Aline


Le mardi suivant Gabrielle reçoit Aline.



Tu ne te lamentes pas, si ce que tu ressens n’est pas à la hauteur de tes espérances. Il n’est pas question d’argent avec lui. Ça le blesserait profondément qu’on le considère comme un gigolo. Tu acceptes qu’il prenne son plaisir lui aussi…



sa chose…



Dès qu’il est prêt, je t’appelle et je te donne son numéro, après vous vous entendez tous les deux…



Gabrielle est resplendissante, une petite flamme brûle dans ses yeux…




Aline a rendez-vous avec Groddoc


Deux semaines se sont écoulées lorsqu’Aline se présente à l’heure convenue, plutôt anxieuse et fébrile.

L’Interphone porte la mention « Groddoc ». Elle hésite un moment, redéfile dans sa tête sa conversation avec Gabrielle. Sa décision est prise, ce n’est plus le moment de reculer.

Elle sonne…



La voix est grave, sereine.


Aline pousse la porte entrouverte et se retrouve dans un vestibule faiblement éclairé. Aucune décoration, aucun signe de présence humaine…

Trois portes donnent dans cette entrée, deux sont fermées, la dernière ouverte sur une chambre toute aussi dépouillée. Un plafonnier l’éclaire faiblement, comme si la lumière était proscrite dans ce lieu. Les seuls meubles présents sont un fauteuil et un large lit bas tendu d’un drap de satin blanc, au beau milieu de la pièce.


Aline referme précautionneusement les deux portes derrière elle. Elle ne peut empêcher son cœur de battre fort dans sa poitrine. L’anxiété lui noue soudain la gorge. Il est encore temps de fuir.


La voix qui vient de nulle part reprend.



La voix n’est pas autoritaire mais ferme, plutôt rassurante.

Aline s’exécute. La pièce n’a aucune autre ouverture que celle par laquelle elle est entrée. Pendant qu’elle ôte ses vêtements un à un, elle se demande s’il est en train de l’observer. Après tout elle s’en fiche, n’est-elle pas prête à une intimité bien plus grande avec lui ?


Allongée sur le lit, elle remarque qu’il n’y a aucun coussin et que sa tête repose à même le drap, tirée en arrière. Elle fixe son attention sur le plafonnier qui dispense un faible éclairage. La lumière faiblit graduellement jusqu’à ce la pièce soit plongée dans la plus profonde obscurité.


Elle entend la porte s’ouvrir puis se refermer. Il vient d’entrer…

Elle ne perçoit aucun bruit mais sent sa présence. Il doit être là tout proche.



Elle acquiesce d’un oui qui a du mal à sortir de ses lèvres.


Alors, il lui parle longtemps, sans la toucher, de sa voix douce, chaude, rassurante. Il l’écoute, la questionnant sur son enfance, son père, sa mère, ses premiers émois amoureux, ses aspirations, ses désirs les plus secrets. Aline subit le charme, comme envoûtée par le timbre de sa voix. Rien n’existe plus dans l’obscurité que cette voix qui l’apaise, l’ensorcelle.


Une douce mélopée pénètre dans ses limbes. À plusieurs reprises les larmes lui montent aux yeux, tant ses confidences sont intimes et remuent en elle des souvenirs profonds, oubliés. Jamais il ne la brusque, respectant ses silences. Il sait s’arrêter lorsque les aveux deviennent indicibles. Jamais il n’insiste.


Aline perçoit la chaleur de cette présence à côté d’elle. Elle en oublie presque les raisons de sa venue. Tout ce que son imagination avait pu fomenter s’envole. Elle est bien, se sent bien, en sécurité aux côtés de cet être de chair et d’os dont elle ne sait rien. Jamais elle ne s’est trouvée en pareille confiance avec un être humain. Quoiqu’il puisse se passer, elle doute de pouvoir connaître à nouveau un état aussi serein.


Sa nudité totale dans le noir lui renvoie son image. Elle se voit comme en plein jour. Elle pourrait décrire chaque parcelle de son corps. Elle en prend conscience comme jamais auparavant. Elle devient sensible au moindre souffle d’air. Les sons de cette voix résonnent dans son ventre. Elle n’ose aucun geste et cette paralysie lui donne des frissons. Sa vulnérabilité l’effraie. Elle voudrait se lover contre une poitrine rassurante, être bercée, cajolée, enfouir son nez entre des bras puissants, pour ne plus rien voir, ne plus rien entendre, juste sentir la chaleur d’un corps vivant protégeant le sien.


Elle appréhende le moment inévitable où il va la toucher. Comment réagira-t-elle à ce premier contact ? Elle le souhaite, le désire ardemment pour d’autres raisons maintenant que celles qui l’ont amenée ici.


Comme s’il lisait dans ses pensées, Groddoc lui effleure la main. La caresse est légère. Elle ne peut s’empêcher de saisir cette main et de la serrer. Elle veut ainsi lui communiquer sa gratitude. Elle est surprise de sentir de longs doigts effilés, une main presque féminine. Une autre caresse effleure ses cheveux, parcourt son visage, ses paupières, son nez, ses lèvres, le lobe de ses oreilles. Elle ne peut réprimer un soupir. Le moment est donc venu…


Il n’y a aucune hâte dans les gestes de Groddoc, aucune fébrilité. La caresse est sure, sereine, aussi apaisante que la voix. Cette voix, elle veut l’entendre à nouveau, emplir le silence, accompagner le geste.


La main se dégage de la sienne pour venir se poser sur son corps. Elle reste immobile un long moment. Juste un échange de chaleur d’un corps à l’autre.


Alors qu’elle commence à glisser sur sa peau, il lui parle à nouveau. Il fait l’éloge de son corps, décrivant la texture, le grain de ce qu’il sent sous ses doigts, la fermeté, l’élasticité de ses chairs, les rondeurs de ses courbes, les tensions qu’il perçoit, les points sensibles, les endroits les plus chauds…

Il décrit son corps, ses formes comme s’il le voyait en pleine lumière.


La caresse est incroyablement douce, mesurée, d’une subtilité fantastique. Il joue du contact le plus léger, de l’effleurement au frôlement, en passant par la pression franche des doigts, au contact le plus ferme.

Chaque attouchement est déterminé, dosé comme s’il connaissait son anatomie par cœur, comme s’il savait ce qu’elle pouvait ressentir en chaque endroit.


Deux mains effectuent un ballet voluptueux et sensuel sur son corps, changeant de rythme, variant la cadence. D’amples tracés symétriques alternent avec des pressions ponctuelles, des arrêts, des accélérations…

Elles lui semblent être partout à la fois.


Le corps d’Aline savoure ces caresses. Il vibre, réagit aux moindres sollicitations. Elle perçoit les traces brûlantes qu’elles laissent derrière elles. Plus le temps passe, plus elles se prolongent et petit à petit la chaleur gagne tout son corps, elle s’embrase toute entière.


Elle s’abandonne les yeux clos à la fièvre qui monte en elle…

Groddoc avec une douceur infinie la malaxe, la retourne jouant de son corps comme d’une poupée pantelante et elle se laisse faire. Il l’avertit par avance de chacun de ses gestes et Aline les ressent avant qu’ils ne se soient produits.


Elle espère follement qu’il la touche en ses points les plus sensibles. Il les évite soigneusement. Chaque fois que ses mains s’en approchent, elles refluent, la mettant à la torture.

Elle souhaite qu’il exacerbe la tension qui bande la pointe de ses seins

qu’il fasse vibrer le bourgeon gonflé qui la démange au bas du ventre.


Elle lui prend les mains et les pose sur sa poitrine. Groddoc ne répond pas à son initiative. Il entend conduire les choses à son rythme, comme il le veut.

Aline se sent ouverte, creuse. Son ventre a soif d’être comblé.

Ses reins se projettent en avant cherchant un contact qu’ils ne trouvent pas. Au centre de ses cuisses ouvertes, elle sent l’humidité de sa vulve.


Groddoc se penche au-dessus d’elle, prend appui sur ses genoux entre ses cuisses. Elle sent le contact chaud et doux de son gland entre ses lèvres. Un long frisson d’angoisse et de plaisir lui parcourt le corps. Il le fait aller et venir un moment sans la pénétrer.

Alors il force son embouchure. Il la dilate lentement, continûment, interminablement. Elle ne ressent aucune douleur. Elle aime cette sensation. Elle aime se distendre pour lui livrer passage.


Commence alors une lente progression. Elle le sent s’enfoncer en elle longuement. La verge de Groddoc la remplit progressivement. Elle n’a jamais rien connu de pareil. Gabrielle n’avait rien exagéré, elle était même en dessous de la vérité. Et c’est merveilleux de sentir cette chaleur l’envahir, la combler au-delà de toute espérance.

Elle savoure l’humidité gluante qui lui permet de s’introduire.

Elle est toute réceptive…


Cette avancée lui parait interminable, elle la suit avec délectation. Jamais elle ne s’est sentie aussi pleine. Elle en tire un sentiment de fierté. Être capable d’accueillir un membre aussi imposant. Elle s’estime généreuse, méritante, courageuse. Elle est satisfaite de livrer son corps à un malheureux, de lui permettre d’accéder à ce plaisir. Elle se donne sans remords, sans honte, contente de pouvoir à son tour remercier Groddoc pour tout ce qu’il lui a déjà donné.


Quand il s’arrête enfin, elle est clouée au lit. Il est planté au plus profond d’elle. Elle se sent fourrée, fouillée au fin fond de son être. Il palpite, frémit. Le sang bat dans les veines qu’elle enserre. Elle admire cette force, cette puissance. Elle est heureuse de la contenir, de l’avoir en elle, de la posséder un peu.


Il se met à bouger très lentement, se retirant à peine et revenant la presser là au fond. Il ouvre ses chairs, les masse avec une extrême délicatesse. Elle sent son ventre le sucer, le retrousser, le dérouler. Elle s’accroche à ce cylindre de chair qui la remue. Sa vulve glisse, poussée en dedans, tirée en dehors. Elle se contracte pour mieux sentir ses reliefs rouler contre ses parois.


Cette lente caresse au fond de son ventre est d’une tendresse insupportable, totalement obscène. Il la touche là, dans son intimité la plus profonde. Il lui arrache des larmes. Ce contact elle le ressent, le vit avec délice. Il sait l’atteindre là où elle est la plus sensible. Et cette sensibilité ne fait que croître, devient insupportable, irritante, intolérable et pourtant tellement douce, tellement bonne, tellement aimable…


Groddoc n’accélère pas son mouvement. Il se fait parfois plus ample. Il varie l’angle de sa pénétration, faisant naître d’autres tensions, allumant d’autres foyers. Il revient en arrière comme pour veiller à ce qu’aucun ne s’éteigne. Il semble inlassable, explorant tous ses replis secrets. Son gland cherche en aveugle les points les plus vulnérables, fait varier la pression, amollissant les chairs, les distendant.


Aline ne perçoit plus rien d’autre que cette congestion qui ne cesse de croître et qui la suffoque. Elle ne sait plus d’où viennent ses sensations, si elles lui sont agréables ou si elles lui font souffrir le martyre. Sans qu’elle s’en rende compte ses reins se mettent à bouger, allant à la rencontre de l’objet qui la torture si tendrement. Ils bondissent, cherchant à happer le membre en elle, essayant de l’enfoncer plus profondément, essayant de hâter l’issue qu’elle sent imminente.


Elle rejette ses genoux en arrière. Groddoc se retire presque entièrement. Elle pousse un cri de pure perte, s’accroche à lui désespérément. Groddoc a alors deux ou trois mouvements amples et puissants qui la pénètrent profondément. Aline crie sa jouissance. Son corps entier est secoué. Elle crie, pleure, rit, bave, se contracte, éructe, s’agite dans tous les sens en proie à une transe incontrôlable.


Elle a joui… Pour la première fois de sa vie, elle a joui. Et c’est extraordinaire. Elle n’a jamais espéré connaître pareilles sensations. Tout son corps irradie, s’épanche, toutes ses barrières sont tombées, tout se relâche.


Mais Groddoc ne s’arrête pas, il continue à la besogner toujours aussi lentement. Aline sent à nouveau son ventre s’enflammer, la tension renaître et c’est une nouvelle gerbe d’étincelles. Aline pense s’évanouir, elle n’a plus conscience de rien. Des sons inarticulés sortent de sa bouche, elle voudrait demander grâce à son bourreau et en même temps elle souhaite que ce la dure infiniment. Des vagues successives de plaisir s’enchaînent et c’est toujours aussi bon, aussi fort. Il la maintient ainsi sur la crête du plaisir pendant de longues minutes qui paraissent à Aline, être des siècles.


Quand enfin il s’immobilise, il reste un long moment en elle. Elle sent encore tous ses muscles se contracter, le serrer, l’aspirer. La tourmente fait place à un calme absolu, à une détente totale. Aline se sent sans force, elle pleure doucement. Elle le sent glisser hors d’elle et ne fait rien pour le retenir.


Elle reste là, les cuisses ouvertes, béante. L’air sur sa toison humide lui donne le frisson. Il est toujours là entre ses genoux. Il s’est relevé.

Les secousses qu’elle perçoit dans le matelas ne laissent aucun doute. Groddoc est en train de se masturber. Elle peut entendre son souffle qui s’accélère, le mouvement qui se précipite. Elle aimerait le voir, le regarder en train de se donner du plaisir.


De longs jets de sperme atterrissent sur son ventre et sur sa poitrine. Ils sont chauds et épais. Groddoc vient de jouir à son tour.


Après un moment, elle entend la voix lui dire :



Aline entend une porte se refermer. Immédiatement après la petite veilleuse s’allume. Elle est seule dans la pièce aux murs nus.

Elle aurait voulu lui exprimer sa reconnaissance, lui dire ce qu’elle avait ressenti, le remercier, lui demander si elle pourrait revenir. Elle est restée muette…

Elle a totalement perdu la notion du temps, il doit être tard.

Aline se nettoie, ramasse ses vêtements et se glisse par la porte comme une voleuse.

Dehors la nuit est déjà tombée, elle se hâte de rentrer chez elle, en songeant à l’excuse qu’elle doit trouver pour justifier son absence.




Aline retrouve Gabrielle quelques jours après son expérience avec Groddoc



Les deux jeunes femmes s’enflamment au partage de leurs expériences avec Groddoc.



Un homme comme ça j’aimerais l’embrasser, le chérir, le caresser, le cajoler, lui apporter toute la tendresse qu’il mérite…



Mais ce n’est pas possible, il faudrait qu’il soit autrement… On ne peut pas vivre caché toute sa vie…


Gabrielle et Aline sentent qu’elles partagent un lourd secret, sans trop savoir quoi en faire…




Groddoc devient célèbre


La nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Il est question d’un amant extraordinaire que personne ne peut voir, mais qui révèle les femmes à elles-mêmes. Il sait enflammer les plus froides, il leur fait vivre des expériences extraordinaires. Toutes les femmes qui l’ont rencontré en ressortent transformées, méconnaissables.


Que ce soit à la sortie de l’école, dans les jardins publics, autour des tables de bridge, et même à la sortie de la messe, le nom de Groddoc circule sur toutes les lèvres. On en parle à demi-mot, entre femmes, avec des sourires entendus, des rires sous cape. Toute la gent féminine est en émoi. Une sorte d’effervescence s’empare de ces dames.


Le précieux numéro est soigneusement recopié à la dernière page des carnets avec ceux des pompiers et du Samu. Chaque nouvelle expérience couronnée de succès est diffusée, rapportée, amplifiée. On fait le compte de celles qui ont obtenu leur rendez-vous. Le taux de réussite est de 100 %. On se perd en conjectures, qui sera celle qui la première ressortira de sa visite comme elle y est entrée ? Une liste d’attente est constituée, on s’échange des numéros d’ordre pour que la révélation arrive au plus vite. On convainc les plus réfractaires, les plus pieuses… Les plus prudes se laissent tenter. Les langues se délient. Chacune y va de ses malheurs, de son insatisfaction, s’épanche sur sa vie de couple, ose dire ce qui a toujours été dissimulé.

Et il s’avère que ce qui semblait être des cas particuliers, est une généralité.


Et Groddoc les reçoit toutes, des petites, des grandes, des rondes, des maigres, des belles, des laides, et tous ces corps lui paraissent aimables et il sait en tirer des merveilles.


Groddoc ne varie pas de son cérémonial. Il tient à ce que chaque rendez-vous dure obligatoirement quatre heures.

Face à la demande, il en est venu à pratiquer trois séances par jour. Il abandonne son travail pour se consacrer exclusivement à sa mission. Il accorde la priorité à celles qui viennent pour la première fois. Autant dire qu’il n’y a que des premières fois, exceptée Gabrielle qui a droit à son rendez-vous particulier. De fait tous les jours de la semaine sont occupés, samedi et dimanche compris.


Il arrive à toutes les faire jouir, mais il est le seul. Quand elles retournent auprès de leurs maris, ce sont de nouvelles déceptions, des pleurs, des larmes. Ils ne savent pas ou ne peuvent pas en faire autant.


Les femmes sont toutes folles de Groddoc – elles n’ont aucune appréhension, aucun remord, aucune honte. Tout se passe pour elles comme si Groddoc n’existait pas. Il n’a pas de visage, pas de réalité. Elles ont l’impression d’aller chez leur médecin ou leur gynécologue, chez un professionnel qui sait les conduire vers leur épanouissement.

Elles n’estiment pas tromper leurs maris… Groddoc c’est des mains, une voix, et un sexe – un sexe sans visage, désincarné, qui n’appartient à personne – elles y vont comme chez le masseur, mais un masseur qui les fait jouir.


Lorsqu’elles ont goutté à l’extase et qu’elles la comparent aux piètres performances de leurs époux, elles en redemandent. Elles veulent retourner voir Groddoc, elles veulent d’autres rendez-vous. Le répondeur de Groddoc est vite saturé, son carnet de rendez-vous plein à trois mois.


Les femmes se mettent à se jalouser, entrent en rivalité. Elles veulent toutes le posséder, l’avoir à elles, exclusivement à elles, comme un jouet sexuel.

Elles gardent jalousement son numéro, ne le donnent plus à leurs amies. Elles se font de plus en plus discrètes ou bien se vantent d’avoir des rendez-vous en instance. La fiction dépasse la réalité…


Groddoc ne sait plus où donner de la tête – de la queue. Il n’arrive plus à fournir. Gabrielle a peur qu’il s’épuise. Toutes les hypothèses sont envisagées. Peut-il se faire aider, peut-il former d’autres Groddoc, peut-il animer des séminaires de formation pour les maris ? Son savoir est-il transmissible ?




Au bout de quelques mois Gabrielle se rend à l’évidence… Elle n’aime plus Romain, et il lui insupporte de continuer à jouer les épouses parfaites.

Gabrielle divorce ! Elle veut se sentir libre, libre de vivre son corps en toute sérénité, en toute quiétude. Elle ne peut plus se passer de Groddoc. Chaque rendez-vous est pour elle une renaissance…




Groddoc révèle son secret


Gabrielle finit, un jour, par demander à Groddoc de lui livrer son secret.



Il tente de lui répondre.



Les femmes tirent beaucoup de satisfaction de la séduction qu’elles exercent. Lorsqu’elles ont séduit, conquis, cette satisfaction entrave leur désir sexuel. Le jeu de la séduction est une rivalité entre femmes, elle ne vaut que par rapport aux autres. La relation sexuelle elle, n’est pas sur la place publique. Rien ne sort de l’intimité de l’alcôve. Sur ce plan les femmes ne sont pas en compétition. Elles n’ont rien à se prouver les unes aux autres. C’est ce qui a changé dans notre situation. À partir du moment où il a été connu qu’une femme avait accédé au plaisir, elles ont toutes voulu en faire autant.


Quand elles viennent me voir, elles sont débarrassées du rôle de femme qu’on leur a appris, elles sont recentrées sur leur corps. Il n’y a aucun rapport de pouvoir. Elles n’ont aucun pouvoir à exercer sur moi.

Je suis là pour elles et uniquement pour elles, je ne suis pas à la recherche de mon plaisir ou de ma satisfaction, mais de la leur.

Elles n’obtiendront rien d’autre de moi. Jamais elles ne me verront, jamais elles ne sauront qui je suis. Elles sont amoureuses d’une voix, d’un sexe, pas d’un corps ou d’un visage. J’incarne un idéal virtuel qui ne peut pas être déçu. Le sentiment qu’elles éprouvent n’a pas d’accroche sur la réalité. Je suis personne. Elles ne sont pas dans une relation avec un passé et un avenir. L’instant présent ne les engage pas.


En venant me voir, elles sont libres de se donner, elles ne sont pas prises. Cette décision leur appartient, personne ne leur impose. Elle sous entend qu’elles ont envie de connaître autre chose, d’accéder à un plaisir physique qu’elles refusent plus ou moins inconsciemment. En franchissant ce cap, elles ont fait l’essentiel.


Leurs motivations sont plus ou moins avouables. Beaucoup le font pour faire comme leurs amies, pour ne pas être en reste, pour se prouver à elles-mêmes qu’elles en sont capables, la majorité pour éprouver une jouissance physique inconnue. Ce qui importe, c’est qu’elles aient accepté que le phallus puisse être un instrument de plaisir, que leur corps puisse être le siège de ce plaisir. Avec moi, elles n’ont plus aucune culpabilité, elles sont là pour ça.


Il faut ensuite les érotiser mentalement et physiquement.

Mentalement, il faut les faire accéder à un statut de femme adulte, d’individu sexué. Il faut les sortir du lien fusionnel et sentimental qui les rattache encore à ce qu’elles étaient enfants. Il faut créer le désir dans leur tête avant de le créer dans leur corps.


Là encore, notre stratagème y contribue. Elles arrivent en ayant attendu, en ayant fantasmé sur cette rencontre. Elles sortent des sentiers battus, de la routine. Elles accomplissent un exploit qu’elles veulent réussir. La plupart d’entre elles sont « mûres » quand elles arrivent. Quand ce n’est pas le cas, il suffit de quelques mots pour qu’elles se mettent à fantasmer sur ce qui va leur arriver.


Physiquement, il faut les érotiser. Et plus, les érotiser vaginalement. Ça passe par la mise en éveil de leur corps entier, de l’ensemble du système nerveux, de toutes leurs terminaisons. Elles doivent finir par prendre conscience de leur vacance vaginale et aspirer à la complétude.

Ensuite, il faut éveiller toutes leurs sensibilités et les entretenir,

souffler sur les braises jusqu’à ce qu’elles s’embrasent.


Cela parait simple à dire, pourtant il y a loin de la théorie à la pratique. Dans les faits il faut beaucoup de concentration, beaucoup d’attention, de sensibilité, d’intuition, de temps. Il faut agir par touches successives pour réorienter le cheminement sans jamais perdre de vue le but ultime.


Je n’ai pas encore rencontré de cas réellement difficiles. Ça se produira inéluctablement. Jusqu’à présent le physique l’a toujours emporté sur les blocages mentaux. Mais certaines femmes ont une telle image négative des hommes qu’elle peut être longue à démonter. Il faudra alors plus de temps, plus de patience… Je ne crois pas qu’il y ait de cas désespéré.


Quant aux maris… il faudrait qu’ils en aient envie ! Il faudrait qu’ils réalisent le « bénéfice » qu’ils peuvent obtenir d’une femme aimante.

Pour la plupart, ils trouvent leur satisfaction sexuelle hors des liens conjugaux. Il y a la femme mère, leur épouse, chaste et frigide, qui ne risque pas de prendre un amant ou de les quitter, et les femmes faites pour le plaisir auxquelles ils ne sont pas attachés sentimentalement.


Tant qu’ils n’auront pas réalisé qu’il peut s’agir d’une seule et même personne, ils continueront à agir comme ils le font, avec la plus grande désinvolture, au mépris de la frustration de leurs épouses.


Gabrielle, sur un certain plan je suis comblé. J’aime faire jouir ces femmes, j’aime leurs corps et les sensations qu’ils me procurent. Jamais je n’avais espéré accéder à tant de contacts physiques et cela je te le dois. Mais au-delà de ça, une chose me manque cruellement. Je n’ai aucun réel contact affectif avec ces femmes. Pour elle, je ne suis qu’un sexe, un sexe agissant certes, avec un certain doigté, mais je ne suis rien d’autre.

Ce qui peut transcender le plaisir physique, ce qui peut lui donner un sens, c’est l’amour. C’est la relation sentimentale qui peut exister entre deux êtres, c’est la valeur qu’on prête à la personne qu’on est en train de baiser.

C’est pourquoi, tu ne seras jamais pour moi semblable aux autres femmes, tout sera toujours différent avec toi.




Gabrielle déclare son amour à Groddoc


Gabrielle est assise aux pieds de Groddoc, la joue appuyée sur sa cuisse. Elle lève vers lui des yeux pleins de tendresse. C’est la plus belle déclaration d’amour qu’on lui ait jamais faite.


Elle a pour Groddoc une infinie tendresse, il la comble, mais a-t-elle de l’amour pour lui ? Depuis qu’ils se voient régulièrement, elle sent que ses sentiments à son égard évoluent progressivement. Elle voudrait tant lui donner, elle voudrait tant pour lui…


Mais elle est femme et elle ne se sentira complètement accomplie que lorsqu’elle aura eu des enfants, de beaux enfants…

Et cela Groddoc ne peut pas lui donner… Mais est-ce si certain ? Les tares génétiques ne sont pas obligatoirement transmissibles… Gabrielle se promet de se renseigner, de consulter des spécialistes…


Entre les genoux de Groddoc, elle ouvre son pantalon, sort sa queue encore molle…

Elle est attendrie… quel formidable instrument de plaisir !… Il peut être si fort et si fier et là, il parait si humble, presque timide. Il semble si docile, si inoffensif. Tout ridé il a l’air d’un vieillard.

À le voir maintenant personne ne pourrait imaginer son impétuosité, sa puissance. Il est pourtant si sensible, sa peau tellement douce. Il réagit au moindre effleurement des doigts. Les grosses veines qui le parcourent battent au rythme de la vie.


Sa tête est cachée sous le prépuce, il préserve toute sa sensibilité. Mais sitôt découvert, il commence à grandir, sort la tête de son capuchon, repousse en arrière le fourreau protecteur. Il bouge tout seul, mû par une force invisible.

Gabrielle pense aux cornes des escargots qu’elle faisait se rétracter quand elle était petite et qui aussitôt reprenaient leur lente ascension. Mais cet organe, ce bel organe, fait pour son plaisir n’a rien de comparable.

Il pulse, s’élève en longues ondulations. Il gonfle et se hausse. Il sera bientôt raide et tendu. Cette transformation est extraordinaire. Les proportions qu’il prend sont effarantes. Il s’érige et se dresse dans une ascension irrésistible.


Gabrielle s’étonne du pouvoir de son seul regard. Il agit comme par télépathie. Lui seul est responsable de cette métamorphose.


Ses doigts se referment sur le membre tendu. Il semble brûler d’une fièvre ardente. Cette chaleur elle la connaît, c’est celle qu’elle ressent dans son ventre lorsqu’il la possède.


Il est maintenant dur et rigide, on le croirait fait pour tenir dans la main. C’est un manche, une gouverne. La gaine de peau qui le recouvre lui permet d’aller et venir sans frottement, même quand elle le serre.

Gabrielle sent sous cette peau mobile, des reliefs noueux qui roulent sous ses doigts. Il coulisse merveilleusement dans son fourreau.


Elle fait apparaître et disparaître le gland au rythme de sa main, forçant la couronne pour emplir sa paume. Qu’elle augmente la pression, il s’allonge, son extrémité grossit encore et saille un peu plus. Elle tend la peau en arrière, augmente encore la tension, tire sur le frein, lui fait courber la tête.


Elle enveloppe de ses lèvres la tête de la verge, passe et repasse sa langue sur la couronne, titille le frein du bout de la langue. Elle presse sa base la fait enfler dans sa bouche. Elle en ressort luisante de salive, congestionnée, écarlate… C’est un gros champignon boursouflé bordé d’un ourlet mauve. Tendu à l’extrême, il brille comme un casque. Rouge foncé, il vire au pourpre en passant par le violacé. Cette chair soyeuse semble à vif, irritée…


La langue de Gabrielle se fait enveloppante, ses lèvres pulpeuses. Elle pompe avec délectation le bourgeon qui emplit sa bouche. Elle le suce, l’aspire, l’absorbe, le relâche.


Elle sent sous sa main la tension augmenter, la rigidité s’accentuer. Le sexe palpite, une sorte de vibration annonce l’imminence de l’éjaculation. Alors, par à-coup giclent contre son palais de longs jets de sperme gluant. Puis les soubresauts diminuent et laissent place à un épanchement bouillonnant de flots laiteux.

Gabrielle reçoit cette offrande sur sa langue et dans sa gorge. La semence est visqueuse et collante. Elle a le goût salé et acide d’une noisette fraîche. Elle aime cette saveur terrienne, elle se plaît à penser à tous les germes de vie contenus dans ce précieux liquide.


Mais déjà le bel organe a perdu de sa superbe, il pèse lourd entre ses doigts, devenu comme inerte. Une dernière pression, une dernière traction fait sourdre du méat une perle blanchâtre. Elle y porte la langue pour finir de s’en régaler.


Jamais elle n’a eu autant envie de lui. Le plaisir qu’elle a pris à cajoler son sexe l’a excitée plus qu’il n’aurait pu le faire lui-même.


Le voir… voir l’instrument de son plaisir, l’apprivoiser, le faire réagir.


Elle n’a pas pu s’empêcher de l’imaginer en elle, de ressentir dans son ventre la force, la douceur qu’elle éprouvait sous ses doigts, sur ses lèvres.


Elle serre ses cuisses, les frotte l’une contre l’autre. Elle rampe sur le sol, s’accroche à la jambe qu’elle tient serrée contre sa poitrine. Ses mouvements de reptile retroussent sa robe, découvrent ses longues cuisses.

C’est là, à leur charnière qu’elle brûle, qu’elle ruisselle. Est-ce cela l’amour ? Tout son corps lui répond oui. Y aurait-il plus de force d’attraction dans sa chair que dans son cœur ? Son corps est aveugle, il ne se soucie pas des apparences. Son corps est avide, il ne connaît que ce qu’il ressent et il lui dit tout entier qu’elle l’aime plus que tout.



À califourchon sur lui, elle colle son sexe trempé sur le sien, prend sa tête entre ses mains. Elle plonge son regard dans le sien et vient déposer un baiser enflammé sur ses lèvres.




Epilogue


Sans en avoir vraiment conscience, Gabrielle vient de signer l’arrêt de mort de Groddoc. Désormais, elle le veut pour elle seule, tous les jours. Elle veut le garder, le préserver, se consacrer à lui toute sa vie. Peu importe les autres femmes, il leur a déjà tellement donné. C’est à elles maintenant de trouver leur Groddoc. Elle a le sien, et il lui appartient…


Ce jour-là, Gabrielle ne rentre pas chez elle, elle reste avec Augustin. Ils s’aiment avec passion toute la nuit.


Au petit matin leur décision est prise. Ils retourneront vivre dans la maison d’Augustin, la maison de leur enfance. Loin des regards indiscrets et de l’hystérie des femelles du canton. Ils pourront s’aimer tout à loisir et couler des jours heureux.


Groddoc disparaît donc tout aussi mystérieusement qu’il était apparu, abandonnant sans regret toutes ces belles inconnues à leur triste sort. Il reste pour toutes une énigme, une météorite qui traversa leur ciel laissant derrière elle un panache d’étincelles.


Aussitôt installée, Gabrielle entreprend des démarches auprès des plus éminents spécialistes pour savoir si la tare d’Augustin est réellement héréditaire.

Après bien des visites, elle finit par apprendre qu’elle peut espérer avoir des enfants « normaux » de Groddoc. Le facteur de risque est de 50 %, mais des examens poussés dès les premiers mois de la grossesse permettent de savoir si l’enfant présente une anomalie chromosomique.

Avec la promesse du médecin d’une interruption de grossesse en cas de problème Gabrielle est prête à tenter l’expérience.


Augustin est fou de joie, lui qui avait toujours pensé que sa lignée s’éteindrait avec lui. Il peut la rendre heureuse, il peut lui donner un enfant, lui faire vivre cet accomplissement complet de femme, ce miracle de la nature.


Avoir un enfant né de sa chair, un bel enfant, qui pourra vivre au grand jour, qui pourra être tout ce qu’il n’a pas été… L’espoir est immense, Augustin pense tenir sa revanche sur le sort qui l’a accablé.


Gabrielle est rapidement enceinte. Tous les tests sont négatifs. Elle peut poursuivre sa grossesse… Ses formes s’arrondissent, son corps rayonne. Augustin la couve, est aux petits soins pour elle, redouble de délicatesse. Tout se passe bien. Au bout de neuf longs mois d’attente et d’espérance, Gabrielle accouche d’un magnifique petit garçon exempt de l’anomalie de son père. Les médecins sont affirmatifs son développement sera normal.


Dans les mois qui suivent Augustin et Gabrielle se marient en grand secret.

Les années passent, l’enfant grandit, il ressemble trait pour trait à sa mère.

Augustin a repris son travail, ils goûtent une joie paisible.


Dans un parc immense peuplé de grands arbres, un petit garçon joue. Sur le perron d’une maison cossue une femme apparaît. C’est sa mère. Elle l’appelle :




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