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n° 05251Fiche technique16284 caractères16284
Temps de lecture estimé : 11 mn
28/11/02
Résumé:  A la suite de mon premier texte, Matthieu l'inexpérimenté répond.
Critères:  hh hbi douche telnet intermast facial hsodo init
Auteur : denis      
la réponse


Il avait lu mon histoire. C’était exactement ça. Enfin, c’était exactement ce qu’il ressentait. Il n’avait jamais encore eu d’expérience lui, mais tout ce que je disais des envies, des pensées, ça lui faisait pareil. La première fois qu’il lisait quelque chose de ce genre. C’était pour ça qu’il répondait d’abord. Pour me dire ça. À la fois ça l’excitait et ça lui parlait, ça le chavirait, il ne savait pas trop, il aurait aimé que je lui réponde, ou même «si c’était possible [me] parler de vive voix», mais bon il attendait ma réponse.


Cher Matthieu

Tu sais je ne sais pas trop quoi te dire, je suis content que «ça» te parle mais je n’ai pas écrit ce texte pour que quelque part il te soit utile. Je veux bien en revanche que tu m’appelles, je te laisse mon numéro de portable, appelle ce week-end si le cœur t’en dit.

Je te salue.

Denis.


Puis j’ai mis un disque et me suis allongé sur le divan pour regarder le plafond. Toujours cette magnifique fissure dont je croyais sans cesse voir évoluer le dessin. Quelle gueule pouvait avoir ce crétin ? Un type comme moi au même âge ? Est-ce que j’étais branché par l’affaire ? Etais-je dans une guise initiatrice ? Certes non. Trop égoïste, me foutant d’apporter quoi que ce soit à qui que ce soit. Malgré tout je me masturbais savoureusement en imaginant quelque 69 à trois, avec jeu de remplacement des garçons par des filles, et réciproquement. Ce soir je retenais. Le slip sur le plateau du café, et le pantalon en boule sur l’accoudoir du canapé, la télécommande vaguement poisseuse, tout était bien. Conforme.


Le week-end on s’est parlé. Au moins il était régulier ce mec. Il avait laissé un mail pour dire qu’il appellerait le samedi midi et il appelait : bien. J’ai posé pas mal de questions, il parlait volontiers, sans trop de timidité, du coup je relançais chaque fois par des questions.


Il avait 22 ans, était commercial chez B… depuis 6 mois, premier boulot, et encore pour quelques temps chez ses parents. Une copine depuis un an, ça se passait pas mal. Et des attirances homo depuis l’enfance, ça commençait à ne plus aller. Lui, ce con, il avait pas pu s’empêcher de lui en parler à sa nana, elle l’avait bien pris mais elle ne le lâchait plus sur le sujet. Est-ce qu’il avait envie de sucer, de se faire prendre, de niquer (ça encore…) ? Elle était tolérante mais elle ne voulait pas d’un mec pédé. Ni bi d’ailleurs quand il lui demandait de rectifier, d’ailleurs pour elle ça n’existait pas. Et pour moi ? J’avais pas d’avis. Qu’il s’y fasse une fois pour toute, je n’avais d’avis sur rien. Mais qu’il continue : comment il s’en sortait alors? Ben mal il était obligé de nier avoir eu le moindre rapport ce qu’il n’avait aucun mal à faire, puisqu’il n’avait «jamais rien fait avec un mec», mais elle ne s’en contentait pas, il n’avait vraiment rien fait, pas même des attouchements, du touche-pipi comme selon elle en font tous les garçons. Mais elle voulait entrer dans sa tête, savoir pourquoi alors qu’ils étaient ensemble et que ça se passait plutôt bien, pourquoi il avait envie de toucher le kiki d’un garçon. D’une certaine manière pour elle c’est qu’il était moins attiré par elle, d’ailleurs elle avait l’impression qu’il lui touchait moins les seins, que quand il les embrassait ce n’était plus comme avant. Elle devenait plus ardente, plus entreprenante, elle disait que ça la dégoûtait mais jamais elle avait autant mouillé, jamais elle ne l’avait autant provoqué. Alors forcément, il lui arrivait de faiblir un chouille. Pour lui délier la langue elle alla jusqu’à avouer une relation homosexuelle, qu’elle nia quelques jours plus tard, c’était «pour lui tirer les verres du nez. Cela frisait l’obsession.


On a parlé essentiellement de ça. Il avait besoin de dire ces choses. J’ai fini par mettre un terme à notre discussion. Je raccrochais et remettais ce tube de taxi girl que j’écoutais avant son appel. Puis j’allais enfin prendre ma douche. On avait convenu qu’il me rappelle le soir vers minuit. Malgré moi ce type m’excitait un peu.


A 23h30 j’étais revenu, je m’excusais auprès de mes amis, mais le lendemain je devais me lever aux aurores, je partais rejoindre Nathalie à Bordeaux. Il a appelé vers une heure. Un peu bourré. Il revenait d’un resto avec ses amis. Il était chaud, il avait envie, il avait un peu fumé et il m’appelait depuis son portable, couché sur son lit, chuchotant son excitation pour ne pas réveiller sa sœur qui dormait dans la chambre à côté. Il avait envie de parler bite, uniquement de parler bite.


J’allais dans son sens. Lui voulait savoir. C’était vraiment si bon? Qu’est ce que ça faisait de toucher une bite? Est-ce qu’on n’était pas dégoûtés ? Comment ça s’était passé pour moi la première fois ?


Sa voix couinait d’envie malgré le chuchotis.


Je lui re-racontais ce qu’il avait lu, mais en insistant beaucoup sur les détails, par exemple sur ce moment où je sens pour la première fois une bite toucher la mienne, ce que ça fait là, à ce moment précis, je parle de la mouille des gouttes sur les glands, des tentatives pour qu’ils soient parfaitement l’un contre l’autre, comment on a essayé de maintenir le plus de temps possible cette position, bites écrasées l’une sur l’autre, et baiser langoureux, regards profonds. Je me laisse emporter par l’excitation. À l’autre bout du fil, je le sens fébrile. J’explique les odeurs. L’absence de contrôle. La honte qui disparaît. L’impression de vivre enfin courageusement.


J’ai continué aussi loin que j’ai pu et je crois que je l’ai fait jouir. Mais il n’a rien dit. J’ai cru l’entendre. En tout cas, il est revenu sur le chapitre de sa copine. Comment ça s’était passé après ce premier rapport avec les filles, puisque ça mon histoire ne le disait pas. Qu’était devenue Anna ? Rien, ça ne le regardait pas. En tout cas, j’étais loin d’avoir perdu mes capacités sexuelles si c’est ça qui l’inquiétait. Mais je m’en foutais vachement plus qu’avant. Ça ne me faisait plus peur de ne pas bander, ou de «pas être au top». J’assurai ou pas, c’est tout. Au niveau du désir j’étais plus multiple. J’avais l’impression qu’il était décroché. Je proposais qu’on se rappelle un autre jour.


Je n’avais pas fixé de date. Il m’avait un peu agacé sur la fin. Et puis contrairement à lui je n’avais pas envie de me vautrer dans le fantasme. J’avais présentement envie de baiser. Je téléphonai à Renaud qui par chance était là, et quand il décrochait c’est qu’on pouvait compter sur lui dans la demi-heure. Nous fîmes ce soir-là l’amour merveilleusement. Notamment il m’a demandé un moment de me relever alors que j’étais à quatre pattes, il a terminé de m’enculer dans cette position, à genoux, et j’ai eu un orgasme bien avant d’éjaculer, une sorte de frisson m’a parcouru qui a fait, je l’ai senti très clairement, disjoncter un truc dans le cerveau (j’ai ressenti un point de douleur que je peux très exactement localiser) : peut être pour la première fois de ma vie je me suis totalement lâché, je n’existais plus que par ce trajet du frisson, par cette menace d’implosion. Ejaculer fut presque une déception.


Le dimanche j’étais levé tôt. Je pris un avion pour Bordeaux, et je fis la surprise à Gaëlle. Elle avait du elle aussi avoir une nuit agitée. Mais passé ce pas-si-agréable moment de surprise qui la forçait de dévoiler son désordre, elle se montra joyeuse et nous partîmes amoureusement nous balader au Pyla. En fin de journée nous avons niqué dans la voiture, bestialement, rapidement, divinement. Elle m’a lâché à l’aéroport après ça. À l’arrivée j’appelais Matthieu. Répondeur. Il a rappelé sur les coups de 11 heures. Il revenait du ciné avec sa copine. C’était le moment d’insister. Lâche-la, viens, raconte ce que tu veux, viens. Il était gêné, Je te rappelle demain. À 2h00 mon téléphone sonnait, c’était lui. J’étais couché mais qu’il passe.


A 2h30 j’ai entendu le diesel du taxi sous mes fenêtres. Je m’étais douché, habillé, sur ma platine tournait un live pirate de Laurent Garnier que j’avais enregistré dans une boîte où j’allais l’entendre presque toutes les semaines. Il a mis un peu de temps avant de sonner, j’ai mis un peu de temps à répondre.


Il était pas mal du tout. Un beau brun élancé très mince et fin peau doré un grain de beauté dans le cou lèvres bien dessinées regard charmeur, le beau garçon d’origine bourgeoise, bonne santé, bonne alimentation, pas angoissé : bonne pioche. Restait à ce que la baise soit bonne. Mais j’étais, comme on dit vulgairement, «motivé».


J’ai fait des cocktails au shaker après avoir relevé un peu le chauffage en passant chercher les glaçons et j’ai mis de la musique pour aéroport. Puis je me suis assis à côté de lui et on a trinqué. Je l’ai fait parler de sa soirée en évitant de répondre à sa question sur mon week-end à moi. Sa copine avait été carrément insupportable. Ils avaient été dîné après le ciné et elle n’avait pas arrêté de le questionner, ce coup là elle faisait tout un cirque parce qu’il n’avait répondu que mollement à ses avances au ciné. Soit disant avant il faisait pas ça. D’autre part il avait l’impression qu’il ne s’intéressait plus à ses seins. On nageait en pleine hystérie, tout pour elle faisait signe. Et lui qui tentait à chaque fois de se justifier lui donnait du grain à moudre. Cependant, sentant qu’il y avait quand même un peu de vrai dans ce qu’elle disait, il voulait essayer de le préciser, mais c’était piégé. Il aimait bien ce qu’on écoutait. Ma musique? Oui. J’ai parlé un peu de ce style, j’ai refait les mêmes cocktails, et puis j’ai du lui dire un truc comme «t’en es où avec les garçons, tu crois que tu vas le faire un jour ?». Il a dit je sais pas j’en ai très envie des fois, mais je ne trouve pas le courage, j’ai peur des conséquences.


On n’y était pas encore.


Comme il aimait bien mes cocktails, j’ai jugé opportun de tout miser sur l’ambiance, je lui ai proposé de choisir un disque, on a donc écouté Alicia Keys, il se détendait. J’ai fait un joint. Je crois que le coup du film porno (hétéro-lesbiennes bien sûr) n’était pas nécessaire pour qu’il ne cherche pas à dégager sa main de la mienne. On est resté main dans la main un petit moment. Après j’ai commencé à lui caresser la cuisse, à remonter, à passer ma main sous son pull pour toucher son ventre, il se laissait faire. Il me paraissait important de lui défaire sans tarder son ceinturon et les boutons de son jeans car il en rêvait, et après ça il serait à moi.


Il avait un pénis très joli, des testicules pas énormes mais un bel ensemble, vraiment. De le voir en érection comme ça avec son pull proche du pubis et son caleçon aux genoux était touchant, et je devais me forcer pour ne pas précipiter les choses. Lui n’en pouvait plus. Ça allait trop lentement. C’était au-delà de ses forces. Alors mes lèvres ont eu raison de lui. Ont eu raison de sa raison, il avait les jambes écartés au maximum et il tenait son pull avec les dents et je le suçais sans tenir sa bite tout en lui caressant le ventre, il cambrait, et sa queue touchait le fond de ma gorge. J’ai arrêté pour qu’il puisse me toucher un peu avant de jouir, je l’ai aidé à baisser pantalon et slip et on s’est frotté pendant de longues minutes en s’embrassant. Enfin sa respiration s’est accélérée, il m’a serré très fort en suant, alors j’ai senti de longues giclées sur mon ventre dont le contact a précipité ma jouissance à moi : il était littéralement couvert de sperme. J’ai attrapé le rouleau de sopalin et je l’ai essuyé. Il avait le regard un peu perdu. Il fallait mettre tout de suite des mots. Il avait joui très fort. D’où l’inquiétude.



C’était exprès les excuses, ça l’obligeait à dire mais non pas du tout au contraire c’était bon mais c’est vrai que ça fait tout drôle (il n’avait pas complètement débandé), je suis un peu sonné.



Non, je ne regrette pas, en tout cas pas maintenant, sans doute que demain ce ne sera pas pareil, mais je suis content, je suis content d’avoir pu le faire. Ignorant sa dernière phrase je lui proposais de prendre une douche. Je lui montrai où c’était et faisant mon timide lui demandai si je pouvais la prendre avec lui. Il accepta. Dans la douche je continuai à faire le timide, il rebandait fort mais j’ignorai son pénis, ses yeux par contre étaient fixés sur le mien. Je l’ai savonné, passant rapidement sur son sexe, et j’ai attendu qu’il me rende la pareille. Il osa pas faire différemment que j’avais fait. On s’est ensuite essuyé chacun de notre côté. Puis j’ai dit on va se coucher?


Une fois au lit j’ai continué mon jeu. Il n’osait pas me toucher. Ni respirer. J’avais moi aussi les bras le long du corps, et moi aussi je commençais à déglutir bruyamment. Tout doucement alors j’ai approché ma main de son bras, et insensiblement il a fait de même. De très longues minutes pour que les mains atteignent le ventre, caressent la poitrine et amorcent enfin la descente.


Peut être on est resté deux heures à se branler, à malaxer nos bites ensembles, à faire qu’il y ait presque confusion au toucher.


Il y avait comme des bruits de mastications quand elles se touchaient du fait des liquides d’excitation, et nos mains se répandaient autour de cet amas sexuel en malaxations qui nous faisait tourner la tête, il était hors de question de jouir. Avec le plat de la main je caressais ses couilles, allant jusqu’au bord de son anus, revenant, caressant toujours de la paume sa hampe, repartant, osant un doigt aux abords de l’ouverture de son cul. Il m’aspirait les lèvres, j’allais profond avec ma langue. Malgré ou à cause d’odeurs de plus en plus fortes du côté pénis, j’allais pour le sucer. Lui aussi voulut faire pareil. Mais depuis le temps que notre masturbation durait, il y eut bientôt lèvres aspergés, et visages dégoulinants. Il sauta du lit pour se rendre à la salle de bain.


C’était sûrement pas pour lui le meilleur moment. De se voir avec du sperme sur le visage. Et complètement rassasié. J’avais intérêt à me rhabiller et à lui proposer de le ramener. Peut-être alors trouverait-il que je fais aller les choses un peu vite. Il demanderait un verre de quelque chose. Je dirais d’alcool ou d’autre chose. Et lui d’alcool. Et moi remontant ceci cela, comment te sens-tu? Et lui drôle. Et moi, drôle je ne comprends pas, ce n’est pas dans mon vocabulaire. Tout ça en fin de compte pour l’avoir à nouveau dans mon lit. Et pour aller jusqu’au bout.




L’arbre à travers la vitre était noir et luisant de la pluie de la nuit. Je rêvais à quelque amant californien. Matthieu était parti depuis une heure après s’être largement fait mettre. Il avait dit on se revoit quand petit père. J’ai répondu le dernier qui m’a appelé petit père est mort. Je te laisse la vie sauve mais ne reviens jamais. Le chauffage était tellement fort que j’ai ouvert. Une bonne humidité froide se mélangeait aux vapeurs sèches du calorifère, et du salon parvenait les boucles de «city life».