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n° 05356Fiche technique26071 caractères26071
Temps de lecture estimé : 15 mn
15/12/02
Résumé:  Monica, j'en avais surtout entendu parler. Une femme superbe, environ trente-cinq ans, toujours impeccablement habillée.
Critères:  ffh inconnu volupté soubrette exhib intermast fellation
Auteur : Richard Wassel      
Monica (Vernissage à Londres)


Il y a environ deux ans, j’ai reçu une lettre de Londres.


To Mr Richard Weassell - ça commençait bien, ils n’étaient même pas fichu d’orthographier correctement mon nom - music composer. Avec une adresse partiellement fausse.


Mais à l’intérieur, c’était du sérieux. Du très sérieux. Une commande de rêve ! Ils me proposaient de composer une œuvre d’une vingtaine de minutes pour le Royal Philharmonic, et d’en diriger le concert de création. Pour la première partie du concert, ils voulaient les Tableaux d’une exposition de Moussorski.


Ce serait une soirée privée, uniquement sur invitation. Dans un lieu assez branché, près de Piccadilly. Une salle ultra-moderne de 850 places, dans un nouveau complexe culturel comportant des salles de conférences, un studio d’enregistrement numérique, et un grand hall d’exposition pour les arts plastiques. Ils m’assuraient que la salle serait pleine, qu’il y aurait là tous les habitués des événements culturels londoniens.


J’imaginais déjà la faune ! D’autant que les sponsors souhaitaient combiner la création de ma pièce avec le vernissage d’une exposition de Mélanie Farklan, une artiste peintre anglaise d’avant-garde, parait-il très cotée, mais dont je n’avais jamais entendu parler.


C’est à cette occasion que j’ai découvert qui était vraiment Monica.


Monica, j’en avais surtout entendu parler. Je voyais très bien de qui il s’agissait. Je l’avais aperçue à plusieurs reprises dans des soirées culturelles. Une femme superbe, environ trente-cinq ans, toujours impeccablement habillée. Un de mes amis peintre m’avait dit une fois qu’elle était connue dans ce milieu, un peu pour ses mœurs très libres, mais surtout pour sa redoutable compétence comme critique d’art contemporain. Elle était féroce. Mieux valait être dans ses bons papiers, d’autant qu’elle écrivait des articles dans les revues les plus prestigieuses.


Pour ce projet de création à Londres, elle avait été mandatée par les sponsors pour établir les contacts avec les artistes et s’occuper de toute la partie administrative. Au téléphone, elle m’avait d’abord demandé comment je pensais réagir à leur proposition - on imagine bien ma réponse - puis elle m’avait invité à la rejoindre dans son agence à Paris, pour signer le contrat et discuter de quelques détails d’organisation.



Juste derrière elle, il y avait une bibliothèque remplie d’ouvrages d’art. Elle se pencha vers le rayon du bas et en retira un gros livre avec une couverture noire brillante, sur laquelle était écrit, en petits caractères blancs : «Mélanie Farklan. From sex to creativity».



Elle tenait toujours le livre à la main. Je me laissais bercer par le timbre sensuel de sa voix. La peinture, la sculpture, l’architecture, c’était sa vie, son univers, sa passion. Je l’écoutais sans rien dire, comme envoûté par l’odeur subtile de son parfum et le souffle régulier de sa respiration, qui faisait périodiquement apparaître, puis disparaître, avant de réapparaître à nouveau, une généreuse poitrine, sur laquelle je m’étais mis à fantasmer. Il faut dire qu’avec ce qu’on m’avait raconté sur sa vie privée !


Décidément, cette femme m’attirait.


En entrant dans son bureau, en fin d’après-midi, j’avais été tout de suite saisi par l’élégance de sa silhouette. Elle se tenait debout près de sa bibliothèque, immobile, comme un mannequin dans une vitrine de boutique, mettant en valeur un tailleur beige, des bas noir - j’adore les bas noir - ainsi que deux bottines de cuir, également noires.


Lorsqu’elle m’aperçut, un large sourire m’accueillit, tandis qu’elle s’approchait pour me serrer la main. Subjugué par la grâce de sa démarche, je remarquai à peine une légère touche de maquillage, qui soulignait discrètement la beauté de son visage. Ses lèvres étaient admirablement dessinées, comme le reste de son visage, que surmontait une chevelure originalement coiffée, avec ça et là quelques mèches décolorées presque blanches.



Une fraction de seconde, il me sembla qu’une lueur particulière avait animé le regard de sa secrétaire, une belle femme au cheveux bouclés, à peine plus âgée qu’elle, avec une très forte poitrine. Je la vis disparaître derrière une porte latérale, tandis que Monica me pria de m’installer confortablement dans un des fauteuils, en face de la bibliothèque.


La pièce ressemblait plus à un salon privé richement agencé qu’à un lieu de travail. En contrepoint à la bibliothèque - entièrement en bois massif - le mobilier était très moderne. Un mélange de structures métalliques, de verre, et de pierre brute. Une architecture basée sur des lignes épurées. Peu d’objets. Des murs blanchis à la chaux contre lesquels étaient accrochés des tableaux. Essentiellement des toiles contemporaines. Beaucoup de pièces abstraites, deux ou trois natures mortes, quelques nus. Et sur la paroi, à côté des fauteuils, quelques gravures plus anciennes représentant des thèmes mythologiques à forte connotation érotique. Zeus par ci, Zeus par là, et le petit Priape dans un coin.


La secrétaire était revenue avec des rafraîchissements. Puis, après avoir fermé soigneusement la porte, elle nous avait laissés seuls dans la pièce.


Très vite, les formalités administratives avaient été expédiées et le contrat avait été signé. On s’était alors mis à bavarder.


Des dents éclatantes de blancheur. Un regard qui me donnait une impression touchante de tendresse et de délicate subtilité, alternant par moment avec la plus extrême dureté. Un éclat métallique presque effrayant dans les yeux, lorsqu’elle jugeait avec dédain la prétention de certain artistes qu’elle avait rencontrés.


Heureusement qu’elle ne connaissait rien à la musique ! Je me sentais protégé de ses éclairs, hors d’atteinte. Du moins pour cet aspect là de sa personnalité. Car pour le reste, il y avait un bon moment que j’étais atteint. Très sérieusement atteint.


Encore une fois, je regardai le livre noir, qu’elle venait de poser sur une petite table, à côté de son fauteuil. Curieusement, elle ne semblait pas vouloir me laisser le feuilleter pour l’instant.



Elle se leva avec souplesse et s’éloigna en direction du mur, où se trouvait un meuble en verre contenant quelques CD et une chaîne hi-fi.


Assis dans mon fauteuil, je pouvais contempler les proportions parfaites de son corps. Imperceptiblement, je sentis mon sexe durcir. Elle était belle. Merveilleusement belle. Elle le savait. J’étais certain qu’elle me devinait admirer sa démarche féline, régulière, son déhanchement naturel, son dos élancé que prolongeait la courbe excitante de ses fesses. Des fesses bien cambrées, emprisonnées dans une jupe subtilement ajustée, un rien trop serrée.


Elle se pencha légèrement en avant et resta ainsi immobile pendant quelques instants.


Mon sexe se mit à gonfler par saccades. Sa jupe était tendue et légèrement relevée, offrant à mon regard le haut de deux jambes superbement moulées, comme deux friandises enrobées d’une fine couche de chocolat. À partir de ses bas noirs, mon œil pouvait alternativement monter jusqu’à la limite de ce qu’il m’était pour l’instant permis de deviner, telle une promesse dont je ne savais pas encore si elle me serait accordée, ou descendre jusqu’à ses deux bottines, que je m’imaginais enlever avec une extrême lenteur, là, directement, sans qu’elle se retourne.


Je me voyais à genoux, une bottine dans chaque main, lui mordillant les mollets à travers le tissu, remontant vers les genoux, glissant ensuite ma tête dans son entre-cuisse, faisant crisser mon manton mal rasé sur ses bas - j’ai toujours une barbe de trois jours, que je cultive amoureusement -, avant de changer de direction pour m’approcher de sa cheville.



Tandis qu’elle revenait vers moi, je pris conscience qu’elle avait mis un de mes CD. Comment l’avait-elle obtenu ? C’était un tirage hors commerce. Une œuvre pour récitant et orchestre à cordes, sur des poèmes de Beaudelaire, qu’on m’avait commandée il y a quelques années. Un industriel amateur de poésie m’avait contacté. Il avait financé non seulement la partition et la création de l’œuvre - dans un cercle privé, lors d’une soirée dont je me souviendrai encore longtemps - mais également la publication d’un CD, à cent exemplaires, pour ses amis. Avec un livret illustré par un dessinateur qu’il admirait beaucoup. Un dessinateur extraordinaire, d’ailleurs, avec lequel j’avais rapidement sympathisé. Fasciné, comme moi, par la beauté féminine.



Elle prit le livre noir, qu’elle déposa devant moi, sur une table basse. Puis elle recula d’environ deux mètres, comme pour mieux observer mes réactions. Je restai pourtant immobile, incapable de regarder le livre, comme hypnotisé par ce que je venais d’apercevoir, dans sa main.


Monica tenait une petite sculpture noire, polie, brillante, avec lequel elle commença de se caresser la joue, puis la gorge, en descendant progressivement sur le col de son chemisier, avant de s’arrêter au niveau de la poitrine.



Elle me montra alors l’objet. C’était un phallus noir, un petit sexe en érection en métal brillant, qu’elle approcha lentement de mon visage, comme pour effleurer mes lèvres.


Reculant à nouveau de quelques pas, elle entrepris de déboutonner le haut de son chemisier, tout en continuant de se caresser la poitrine avec la petite sculpture. Elle l’introduisit peu à peu entre ses seins, dont j’aperçus le contour dans l’échancrure prometteuse de son chemisier.


Mon cerveau s’emballa à la vue de son soutien-gorge noir. Noir comme ses bas. Noir comme ses bottes. Noir comme ses cheveux. À l’étroit dans mon pantalon, mon sexe commençait à me faire mal. J’étais de plus en plus excité par l’étrange comportement de cette femme. Cela confirmait certaines choses que l’on m’avait racontées à son sujet.


Elle me regardait en souriant, tandis que je fixais la sculpture noire, que je voyais se promener librement sur son ventre, sur ses hanches, sur sa robe, remonter sur sa poitrine, son cou, son menton, sa bouche. D’une main, elle avait ouvert encore plus son chemisier, tandis que de l’autre elle continuait de se caresser, de manière de plus en plus provocante. J’entendais sa respiration, qui me semblait avoir accéléré. Ou était-ce la mienne ?



Encore sous la surprise de ce que je venais d’entendre, je la vis se retourner et lever une main pour se tenir à l’un des rayons de la bibliothèque. Avec son autre main, celle qui tenait le phallus métallique, elle se mit à remonter sa jupe, un côté après l’autre, un centimètre à droite, un centimètre à gauche, lentement, inexorablement, tout en exagérant la cambrure de ses fesses, qu’elle était en train de me présenter en toute impudicité.


Mon corps était tendu de la tête aux pieds. Un mélange de jouissance contenue et d’inhibition. Je n’avais pas encore bougé. En voyant la peau bronzée de ses cuisses, au-dessus de ses bas, je sentis mon cœur cnanger de cadence. La pose devenait presque obscène. Ce sexe noir qui jouait avec sa jupe, c’était mon sexe. Ce phallus noir qui taquinait maintenant son string, c’était mon sexe noir. Je devenais moi-même un objet noir. Un énorme sexe noir. une colonne métallique noire. Je n’étais plus qu’un océan de lubricité, fasciné par le spectacle de cette toison foncée, entre ses cuisses, dont les contours m’étaient maintenant révélés.


Je l’entendis gémir. J’étais complètement allumé, écoutant le clapotis des vagues, au creux de son intimité. J’imaginais le va-et-vient de mon sexe. Je le voyais trempé, luisant, prêt à affronter une mer déchaînée. J’allais me lever, m’approcher d’elle, la caresser… non, pas la caresser, je n’en étais plus là… c’était beaucoup plus violent ! Une envie animale. J’allais la sauter. J’allais la baiser. Là, debout, tout de suite.


J’étais en train d’halluciner. Mon sexe dévorait cette femme avec son phallus obscène, que je voyais maintenant entrer et sortir de son sexe, généreusement ouvert sous sa jupe, remontée jusqu’à la base de ses fesses.



Je n’avais pas eu le temps de réaliser ce qu’elle venait de me dire que j’entendis une porte s’ouvrir derrière moi. Je vis alors apparaître la secrétaire, qui vint déposer sur la table un plateau de serviettes chaudes.



Sans un mot, la secrétaire prit une des serviettes chaudes, et s’avança vers Monica. J’avais l’impression d’assister à la projection d’un film au ralenti. Les vers de Beaudelaire résonnaient dans ma tête. Nous en étions maintenant au second poème.


Je les vis alors s’embrasser un long moment. Tendrement. Profondément. Tandis que mon érection repartait de plus belle, j’observai la main de Monica caresser la nuque de Lorena, puis descendre dans son dos.


Progressivement, la chorégraphie se mettait en place.


Je les entendais respirer. Un peu plus vite maintenant. Lorena s’était penchée en avant. Avec sa serviette, elle massait doucement les seins de Monica, qu’elle venait de libérer. Elles devaient avoir oublié ma présence. Depuis quelques instants, le phallus noir semblait en effet échapper à tout contrôle. Je le voyais aller et venir, emportant la main de Monica dans une danse sauvage, de plus en plus rapide, de plus en plus obsédante.


Monica était en train de se masturber. D’une manière frénétique. Son autre main s’était glissée dans le pantalon de sa partenaire, remuant au même rythme que la première. Tout en gémissant, Lorena s’était mise à lui lécher les pointes des seins, alors qu’une de ses mains promenait la serviette entre les fesses de son amante.


Je n’en pouvais plus de les regarder. J’allais jouir dans mon pantalon si je me levais pas dans les plus brefs délais.


Soudain, j’entendis Monica crier.



Pendant que Lorena remettait un peu d’ordre dans ses cheveux, Monica s’approcha du livre noir, qu’elle prit à nouveau dans ses mains. Elle était restée à moitié nue, la jupe complètement remontée, les seins triomphants, désormais victorieux du pauvre morceau de tissu noir qui pendait encore à son cou.



Elle ouvrit le livre, au milieu. Une double-page consacrée à un tableau abstrait, dont je m’aperçus que l’original se trouvait au mur, en face de moi, à côté de la bibliothèque. Un toile de dimension moyenne, à dominante jaune-brun, solaire, avec des formes géométriques. Un sentiment immédiat de force, de puissance. Des lignes sobres, pas d’éclat. Pourtant une impression de vie, d’énergie, d’aspiration. Une certaine charge érotique, si l’on peut parler ainsi d’un tableau non figuratif. Je lus rapidement la légende : Mélanie Farklan, «Les fleurs du mal», huile sur toile, technique mixte, 1995.



Monica s’était approchée à nouveau de moi. Sa demi-nudité était fascinante. La couleur chaude de sa peau ambrée semblait participer à sa manière au tableau de Mélanie Farklan, auquel elle ajoutait une dimension olfactive. Un parfum délicat, qui se mélangeait à des odeurs plus sensuelles, plus charnelles. Telle une courtisane de l’Antiquité, elle me prit doucement la main, dans laquelle elle déposa la scupture noire. Tendrement, elle lui donna un baiser, dont je ne pu m’empêcher de penser qu’il était celui d’une amoureuse à son plus fidèle compagnon. Puis, guidant mon bras, elle entrepris de se caresser une nouvelle fois les seins avec le phallus noir, que je sentais frémir au bout de mes doigts.


Le sang se remit à affluer dans mon sexe lorsque j’aperçu, presque à mes pieds, l’impressionnante poitrine de la secrétaire. Lorena s’était agenouillée entre mes jambes. Monica lui caressait les cheveux de son autre main, avec une attention presque maternelle. Pendant ce temps, deux mamelles gigantesques, felliniennes, se balançaient sous mes yeux, libres de toute entrave. Lorena ne portait pas de soutien-gorge. Comme Monica, elle avait entièrement déboutonné son chemisier rouge, offrant à mon regard glouton l’opulence de son impressionnante poitrine.


Tandis que je restai plaqué dans le fauteuil, caressant le corps de Monica avec le phallus noir, je sentis les doigts de Lorena s’introduire entre les boutons de ma chemise, qu’elle se mit à effeuiller les uns après les autres, avant de déposer délicatement sur mon ventre une nouvelle serviette blanche.


Une sensation délicieuse de chaleur humide, parfumée. J’entendais la musique comme dans un rêve. Nous en étions maintenant au troisième poème - ici tout n’est que luxe, calme et volupté.


Lorena me caressait doucement la peau du ventre et de la poitrine, montant jusque sous les aisselles, avant de redescendre au niveau du nombril. Avec son autre main, elle faisait des petits mouvements de va-et-vient sur mes cuisses, s’approchant par instant de la bosse de mon pantalon. Je devenais fou de désir. Mon sexe n’en pouvait plus de bander. Je sentais sa main l’effleurer à travers le tissu. À peine une petite pression des doigts. Avant de repartir sur mes cuisses.



Ce n’était pas possible ! On ne parle pas ainsi lorsqu’on s’exhibe comme ça devant un homme. Qu’on le rend fou. Pourtant Monica me regardait avec un regard profond, qui me fit presque pleurer. Qu’elle était belle, touchante, sincère. Sa main était toujours enfouie dans les cheveux de Lorena. Elle tremblait un peu. Tout son corps exprimait le double désir d’aimer et d’être aimée. Son visage s’approcha du mien. Ses lèvres s’ouvrirent comme celles d’une amoureuse trop longtemps sevrée.


Sa bouche entra en contact avec la mienne. Une éruption de lumière dans mon esprit. Un torrent de vie que je sentis remonter le long de ma colonne vertébrale. Avant de se déverser dans l’océan de mon cerveau. Des bouffées d’énergie venues de nulle part. Le délire des dieux.


C’est à peine si je m’aperçus que Lorena avait déboutonné mon pantalon. Une nouvelle serviette chaude entourait maintenant mon sexe. Une main. Des doigts. Un mouvement progressif, régulier, d’avant en arrière, d’arrière en avant. Puis la serviette s’aventura plus bas, sous mon sexe, entre mes jambes, entre mes fesses.


Je n’entendais plus la musique. Je n’entendais plus rien. Sinon la fracassante douceur du fleuve qui continuait d’irradier mon cerveau. Il me semblait qu’une éternité s’était écoulée. Par vagues successives, je me sentais traversé par toute l’histoire amoureuse de l’humanité. De Monica, je recevai la grâce, la beauté, la féminité universelle. De Lorena, je recevai la rédemption, la réconciliation des sens, l’ivresse. Sa bouche avait maintenant englouti mon sexe, avalé mon corps. Je n’étais plus rien. Je n’existais plus. Osiris était mort. Découpé. Démembré. Il allait renaître. Isis m’avait retrouvé.


Le baiser de Monica se fit plus intense. Sa main semblait s’aggripper à la chevelure de Lorena. Toutes deux avaient senti que j’étais prêt. Une nouvelle fois, Osiris échapperait au désert.


Monica avait guidé ma main. Le phallus noir avait trouvé son chemin. Du bout des doigts, je le sentais remuer, s’introduire dans son sexe, plonger dans sa chair, nager dans l’écume de son plaisir. Je n’étais plus qu’un corps en transe, un esprit en éveil, une âme en vol. Monica, je te respire, ton souffle me pénètre. J’entends déjà l’orchestre. Ma musique. Elle est déjà écrite. Monica, Lorena, Mélanie, je vous aime ! Cette œuvre, ce sera la vôtre. Je suis prêt. Je viens. Je me lève.


D’un coup, je sentis mon corps entier s’engouffrer dans mon sexe. Un formidable tremblement. Un cataclysme. Des mouvements incontrôlables, de plus en plus saccadés. Puis la délivrance. Le barrage qui craque. J’étais perdu. J’étais sauvé. J’allais me vider. J’allais me remplir.


Je m’entendis crier. Une voix rauque, comme un râle venu des profondeurs de mon ventre. Un orgasme éblouissant. Monica me dévorait la bouche. Lorena dévorait mon sexe. J’éjaculai, les larmes aux yeux.


Monica relâcha son étreinte. La petite sculpture noire s’échappa de mes doigts. Je l’entendis tomber sur la moquette, avec un petit bruit sourd. Lorena ouvrit la bouche, laissant s’écouler quelques gouttes de mon sperme sur mon sexe. Elle se retourna pour ramasser le précieux objet, l’essuya avec la serviette humide, et le déposa sur le livre ouvert. Puis elle se leva et s’approcha de Monica.


Je les vis alors s’embrasser. Une nouvelle fois. Voluptueusement. Partageant le goût de mon bonheur. Enlacées l’une contre l’autre, poitrine contre poitrine. Leurs mains se cherchaient, se trouvaient, se guidaient. Des gémissements. Chacune jouissant du plaisir de l’autre. Les doigts entraient, ressortaient, appuyaient, s’attardaient.


Je fermai les yeux. En arrière-plan sonore, j’entendis à peine la fin du disque. Le dernier poème. Déjà mon esprit était ailleurs.


D’autres sonorités étaient en train de s’emparer de mon esprit, se mêlant aux gémissements des deux femmes. Je pris conscience qu’une musique nouvelle se fabriquait toute seule dans mon cerveau. Leurs cris étaient devenus des motifs musicaux, repris par les violons, les clarinettes, les trompettes, portés par la rythmique envoûtante des cuivres, des contrebasses et de la percussion. Dès demain, je me mettrai au piano.


Pour l’instant, j’étais bien, merveilleusement bien. Je dirigeais le concert. J’étais à Londres. La musique s’envolait dans l’espace. Peu à peu, mes bras se mirent en mouvement.


Après un long moment, j’ouvris les yeux.


Elles me regardaient en souriant.