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Temps de lecture estimé : 11 mn
09/06/03
Résumé:  La belle héroïne souffre d'un secret inavouable qui ronge sa vie. L'amour cependant la délivre.
Critères:  ff voisins complexe magasin amour volupté cérébral odeurs fdanus journal tutu ecriv_f
Auteur : Merline      
Coeur de grenade



Tu sais… Tu vas lire ces lignes où j’ai tout mis de moi, et cela me fait peur et m’effraie. C’est tellement terrifiant de se mettre nue devant toi que je ne connais pas. J’ai tellement besoin de ta compréhension, tu vois, que je la quémande à l’avance.


C’est beau d’être amoureuse, oui sans doute, mais tu ne peux savoir ce qu’il en coûte de ne pouvoir toujours l’exprimer. Moi, je me le suis si souvent, si longtemps interdit que je pensais en étouffer.

Vois-tu, je suis une femme et j’aime une autre femme. Longtemps je n’ai osé ni me l’avouer ni lui avouer; crois-moi, ce silence là n’est que souffrance.


Oh si tu me voyais, tu ne me croirais pas! Dans ma boutique de parfumeuse, de cos-mé-t-ologue, il faut bien faire bonne figure. Mon salon à sa renommée dans cette grande ville de province.

Mais à toi je peux bien le dire : je ne suis là qu’à cause d’elle.


Jade! L’amie d’enfance, dont dès quinze ans je m’émouvais le cœur, que j’ai suivi de collège en lycée, de bac en Institut commercial, traçant ma voie sur la sienne contre le gré de tout mes proches.

Jade! Et ses mauvaises fréquentations. Jade! Et ses dangereuses expériences, chevauchant des motocyclettes, touchant aux mauvaises substances et toujours mon amie, toujours rebelle aux complaisances du siècle. Jade! Mon antithèse, dont la jolie silhouette et les mèches brunes me piquète l’âme de son sel.


C’est elle qui tient, à quelques pas, le salon de tatoueur de la ville.

On se voit toujours et toujours ma voix tremble lorsque nous nous parlons où déjeunons ensemble, à l’occasion.

Je n’ose pas lui dire mon sentiment.


Voilà comme je vis l’enfer et la torture et m’enfonce au profond des chairs ces lances de glace et de mort.


Ce matin cependant, le cours de mes pensées moroses vient d’être interrompu. Swann, la cliente assidue, sautille vers moi, pétulante, dans le carillon de l’accueil.



Son joli tricot brodé dégageait son nombril doré orné d’un discret anneau d’or. Son short de corsaire mettait en valeur ses cuisses minces et bronzées.



Son doigt dessine le pli de son aine sur son short. - « Mais je ne voudrais pas de trace de maillot pour ça ».



J’ai eu la vision de Swann à la merci des aiguilles de Jade, je n’ai pu supporter l’évocation du corps harmonieux de ma cliente usurper un bonheur qui accompagne parfois mes fantasmes.

Swann parle si librement de ses conquêtes que son goût pour les gens de son sexe est connu. Je ne peux me soustraire à l’amertume de la savoir étendue, exposant sous les yeux de l’aimée, le tendre écartèlement de sa féminité, l’odeur nacré de son organe montant vers le visage attentif de Jade.


L’image me suppliciai. Impuissante à endiguer ma jalousie naissante, je mène Swann vers l’appareil.

La voir si belle et si resplendissante, pour la première fois, me broie l’estomac. Swann prend conscience de mon trouble mais se méprend sur son origine.


Certes, nous avons parfois eu des gestes déplacés, ce n’est pas rare ici; puis, si vite éteints, qu’il est loisible de douter.

Je devrais juste lui tendre la serviette et le baume, donner quelques consignes et m’esquiver comme de coutume. Sa main me retient dans l’intimité de la pièce exiguë.



Swann ne dit mot. Ses yeux mi-clos suivent les progrès de l’excitation qui la gagne. Son corps fléchit et heurte mon bassin.



Swann, inconsciente de mon état d’esprit, s’abandonne à mes soins.

J’obtiens son premier frémissement en détachant le soutien-gorge arachnéen et son premier frisson quand elle sent mes doigts s’attarder sur le bouton de sa ceinture. Je la consulte du regard.



C’est vrai, ai-je continué en mon for intérieur, ton corps est désirable; qui ne s’éprendrait de ta perfection, de ton sourire chaleureux, de la féminité animale qui émane de chaque pouce de ta peau. Quel homme, quelle femme ne donneraient beaucoup pour pincer ainsi, entre ses lèvres, le lobe délicat de ta petite oreille? ».



Ce sont ses yeux qui me révèlent qu’elle découvre mon torse. Ses doigts tendres s’enfoncent dans mes côtés. Le globe parfait de son sein levé contre mon flanc, nargue le mien. J’enfonce tout près de mon cœur, le germe, la saillie noire de son tétin.

Un bouillonnement des sens accompagne mes gestes. D’entre elle et moi se lève l’odeur lourde et primitive de nos muscs.



Sur toute la sincérité de sa chair je la fais, à son insu, la messagère de mes amours.

L’alchimie de nos envies saphiques nous empourpre. Ma peau l’appelle et guide sa caresse. Je la dénude jusqu’à l’encens génital que consume sa corolle adorable. Tout son être s’étire devant moi, s’offrant à l’impudeur des doigts sœurs qui l’infiltrent et froissent ses muqueuses sensibles. Elle tremble entre mes bras, se crispe sur ma hanche, s’ouvre, oppressée par la métamorphose interne des organes qui se dilatent, s’humectent et sourdent ce miel d’entrailles sur la longueur de mes phalanges.


Peu à peu Swann s’anime et s’enthousiasme. Elle défait ma jupe sur mes jambes mêle mon linge sous ses pieds. Mes boucles, contre son pubis, brouillent les lèvres de nos sexes. Dans l’épaisseur soudain bandée de mes nymphes le baiser chaud de sa vulve épatée me fend le ventre de spasmes. J’incruste ma fente en la sienne, nos sucs nous poissent entre les cuisses. Le halètement de son abdomen flatte le mien.



Pour lors, je pollinise ses pétales écarquillés. Pressée sur son intimité j’exaspère sa vulve de l’enveloppement de mon sexe. Swann mord ma poitrine, griffe et me zèbre l’échine, blesse les méplats de mon ventre de ses rouges convulsions.

Elle défaille entre le soutien de mes bras.

La bouche sur ma mamelle, Swann tête mon âme à la tiédir. Un tourment de nerf me perfore et me tord sur sa chair.


Dans un réflexe d’amoureuse, je prends sa bouche et communie en elle aux ondes voluptueuses qui nous rompent le souffle.

Nous ondoyons, vibrons, sensibles à ce qui croît en l’autre. Déjà Swann souffre des premières secousses qui l’étreignent. Compulsives nos mains trébuchent sur nos fesses, séparent les fermes hémisphères, tyrannisent les sphincters contractés qui s’ouvrent et se ferment au rythme qui nous gagne. Enfin je la pénètre, l’empale du majeur, stimule son étroit repli jusqu’à son périnée luisant.

Swann tente, je le sens de s’introduire dans mon rectum. Le foudroiement de l’orgasme l’interrompt. Un cri muet s’élève d’elle.



Alors je retiens contre moi le corps stridulant que la jouissance secoue. Mon sexe collé au sien, ressent les contractions de sa petite mort. Son ventre rugit sur le mien; la ventouse de sa vulve comble ma joie de femme.


Je jouis au centre de son propre vagin. L’irrépressible trémulation la scinde en plein plexus. Swann, suppliciée de plaisir, résonne en moi des soupirs de la transe. Elle plie, pleure, gire, à craindre qu’elle ne s’évanouisse.

Triomphante, je ramasse sa chair essoufflée dans mes bras. Un jet d’urine mordoré s’échappe de son méat de poupée. Elle m’en éclabousse, inconsciente, quand je la dépose sous les lampes.


Revenue à moi-même plus tard, Swann partie, Je ne sais plus à quoi m’attendre. Prête à ruminer à nouveau la tristesse de ma vie.

Je sais devoir laisser passer le temps; j’attends.


Aujourd’hui nous sommes vendredi. Je n’ai pas revu Jade, ni Swann.

Une envie de jeter les dés me prend. Je sors en laissant le soin de la boutique aux vendeuses.


L’enseigne de - « ZONE ÉROGÈNE » scintille dans la bruine tardive. Le cœur battant j’entre dans la boutique.

La petite préposée du comptoir m’accueille gracieusement.



Je crois, mais je voudrais que ce soit Jade qui le fasse.

Elle lève les yeux sur moi, rassurante : - « Quand c’est une femme c’est toujours elle ou Jeanne, pour les hommes, toujours Michel ou Stephan, ne craignez rien. »

J’ai pris rendez-vous pour mardi, Jade était absente. Je regagne la parfumerie comme une somnambule. Le tatouage n’est pas mon genre, qu’espèrais-je donc de cette démarche?



Tu sais, je dis ça parce que ça m’étonne mais ça me fait plaisir aussi, oui vraiment. Écoute, c’est dommage d’attendre mardi, si tu veux on peut commencer ce soir, on soupera ensemble comme ça ».


J’ai répondu avec une boule dans la gorge. J’ai dit oui à tout.



Elle m’ouvre, silhouette aussi fine qu’à vingt ans. Simple pull noir et Jean’s sophistiqué de festons clairs. Jade, toujours vive, toujours attirante.



Mais son baiser, le plus chaste ou le plus distrait suffit à me faire palpiter.


Sur le seuil, devant la rue sans passage, je la sens indécise.



Et la conversation s’amorce lentement, recouvrant peu à peu le ton plus naturel qui nous soulage toutes les deux. Dans l’air flotte toujours une espèce de gêne qui ne trouve pas encore à se confier.



Des yeux brillants de Jade, des larmes silencieuses glissaient le long des joues.



Bouleversée, je m’approche d’elle, enveloppe ses épaules dans mes bras, pose sa peine sur ma gorge. Jade pleure, pleure, pleure.

D’un bras, je tire de mon sac un cahier d’écolier : un cahier de gamine couchant ses confidences dans la souffrance de l’interdit.

Je le lui tends.



Son regard m’interroge.



J’essuye de ma main tremblante la joue mouillée de mon amie. Je m’applique à y mettre toute mon affection.



Le cahier bouge entre les doigts de Jade, les feuilles tournent.

A mon tour mes yeux s’embuent, Jade levant les siens, sont perlés comme moi.

Nous nous sommes jetées dans les bras l’une de l’autre. D’un coup je renaissais au monde, à la vraie vie. Un très, très long moment nous nous sommes étreintes, savourant la délivrance palpable de nos âmes.



Elle se lève, libre juste à deux pas de moi. D’un mouvement de liane, elle tire son pull. Sa peau claire me point les viscères, je n’ose pas de geste. Crânement le regard sur moi, elle pousse sur sa hanche l’étoffe rêche du Jean’s, le repousse en silence et lève ses chevilles. Mon cœur bat la chamade.


Jade me sourit : - « Non, non, ce n’est pas ce que je veux te montrer encore! ».

Cette fois je m’approche pourtant, baise son cou, sa joue, son front; applique ma bouche à la sienne, explore de ma langue toute sa profondeur. Jade cède et me fond dans la gorge. Je goûte son haleine pour la première fois. Je tremble contre elle; elle m’apaise.



Je me sens si bien sous ses doigts qui me déshabillent…Si émue que le moindre de ses attouchements provoquent la chair de poule. Je ne supporte plus que mes seins hérissés ne s’extasient des siens. Je les libère. Son torse me poignarde de ses deux mamelons, si durs, si doux que j’en vibre de tout le corps. Je me sens explorée du fourmillement de ses doigts. Ils courent sur moi comme je cours sur elle. Ce sont mes côtes, c’est son aisselle; les muscles de son abdomen répondent au bassin qui la presse.

Sa main s’enfuit le long de moi, je m’enhardis jusqu’à palper la chaude césure de ses fesses…



J’obéis, ardente amoureuse, et m’accroupis entre ses jambes, humant l’excitation de son intimité au travers sa mince culotte.



C’est plus une prière qu’un ordre; je me fais délicate.

D’un court baiser je quitte son nombril et doucement dégage peu à peu l’émouvante toison de son étroit pubis jusqu’à la chair nacrée de sa fente entrouverte…

Un moment je demeure interdite, suffocante, une déchirure de l’être

me secoue d’un chagrin libéré. Je pleure à chaudes larmes contre sa vulve dilatée.


Sur son aine, fuyant vers ses replis secrets, je déchiffre mon nom, tatoué au profond d’elle…


Sa main se perd dans mes cheveux, grave, mes larmes se mêlent à l’onction de son sexe. Jade…