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Temps de lecture estimé : 7 mn
17/06/03
Résumé:  Deux amies s'éprennent l'une de l'autre. Mais l'amour à parfois des chemins qui séparent.
Critères:  f ff religion bain douche amour volupté fmast cunnilingu ecriv_f
Auteur : Merline      
Un amour infini

En vagues graves, le chant sacré s’élevait sous la voûte. Il roulait dans les hauteurs de la chapelle, vibrait, s’enflait et mourait dans l’obscurité des colonnes.

…« Sancte Dominici…. Ora pro nobis …Sancte fransisco…. »

Que faisais-je là, à ravaler mes larmes, à moitié morte, hypnotisée par ces trois corps écrasés contre les dalles du chœur- le tien surtout- Mon Hélène, qui m’abasourdissais dans ton habit de nonne! Je sentais ma vie vaciller.

« Agnus Dei qui tollis peccata mundi…. Dona eis requiem…… »

La cérémonie de clôture s’achevait. Dans moins d’une heure Hélène allait franchir les grilles qui la retrancheraient du monde. La douleur m’engourdissait.

Les rayons colorés des vitraux captaient la fumée bleue de l’encens. Je regardais sans voir, obscurcissant mon vertige par l’évocation du passé.


Depuis deux ans j’étais l’amante d’Hélène.


Cela s’était fait par hasard. Depuis longtemps les filles m’émeuvent davantage que ne le peuvent les garçons. L’aventure, le goût de séduire, m’agitaient encore à l’époque et ma vie me plaisait. J’étais jolie, me sentais attirante et tout me souriait souvent.


Ce printemps là, me trouve au bord du Tarn. J’y ai traîné mon kayak. Les difficultés de la rivière n’excèdent pas ma modeste compétence. Ma tente se dresse aussi près de la rive que le règlement du camping le permet. La plus voisine est…celle d’Hélène.

Nous nous croisons depuis deux jours. Et de vaisselles en vaisselles nous sympathisons gentiment.

J’apprends ainsi son origine Arménienne, son travail de correctrice dans un magazine parisien. En retour je l’instruis de mon métier de géomètre, de mes goûts, de mes aversions; je lui tais cependant, ne voulant pas l’effaroucher, mes orientations homosexuelles.

Devine-t-elle, à la façon dont je guette ses mots tombant d’entre ses lèvres que je tombe amoureuse une nouvelle fois?

Un soir, elle m`a porté sur un plateau improvisé, un carafon d’eau claire, un pain, une poignée de sel. : « C’est, m’explique-t-elle, une belle tradition de chez elle pour signifier l’amitié et l’hospitalité. » Sa curieuse attention me remplit d’allégresse. D’un seul élan, je l’ai étreinte, embrassée tout près de la bouche, sa taille ne se dérobe pas contre moi. Prévenant sa possible gêne, je la prie de s’asseoir- le temps pour moi d’ouvrir le seul flacon d’apéritif dont je disposais heureusement- Après, nous avons mis nos ressources en commun pour dîner. Ses yeux sur moi, trahissent un trouble que je reconnais de très loin.






Si mon enthousiasme soudain put lui paraître suspect, elle sut me le cacher alors. « Merci, dit-elle, mais dans ce cas , je ferai mieux de ne pas m’attarder.



Elle se retourne après quelque pas : « Séverine…- Oui? - Non, rien, bonne nuit! »


Cette nuit-là, je me souviens de l’avoir usée à rêver, juste avant que le sommeil me prenne. Ma pensée tourne autour d’Hélène, chaste, audacieuse à mesure que je conviens d’en être éprise. J’évoque de charmants tableaux où notre pudeur se défait dans un assentiment conjoint. J’encourage sa main à remonter mon flanc. Ma bouche guette sur son sein gauche découvert, les palpitations de son cœur. Demain, demain peut-être, songai-je alors, dans le trouble et l’émotion blanche qui m’ébranle le ventre


Aux douches matitudinales, je crus concrétiser mes fantasmes nocturnes. Elle me précède, pieds nus vers les cabines. Elle hésite à m’attendre un instant, y renonce, J’entend derrière la porte, glisser sur elle son tee-shirt de nuit. Dans la place contiguë je me dispose à me laver. Nous échangeons, de part et d’autre, quelques mots dans le ruissellement des pommes. D’imaginer Hélène si proche, d’écouter les menus bruits de sa toilettes, me remue et m’ouvre le sexe. Dans le délassement de l’eau chaude, de la vapeur qui se lève, je cède à l’idée du plaisir, m’arc-boute, le dos sur la faïence des cloisons, offrant mon organe aux chocs délicieux des jets. Dans la conque de ma vulve se tapit l’arborescence fulgurante prête à me prendre jusqu’à l’extraordinaire convulsion qui me laissera hors de souffle, écroulée, obscène et admirablement heureuse pour un temps.

« Séverine?



Le cœur battant, je brise le charme gracieux des eaux contre mon sexe vif.. Je pourrais lui tendre le flacon par-dessus la séparation, mais…

« Attends! ».



Clac! Hélène pousse la clenche , elle a compris. J’entre.

Non, ce n’est jamais rien de découvrir la nudité poignante du corps de son amie. Je n’avais pas aimé sa chair encore, qu’à la contempler toute entière, j’étais déjà bouleversée. Je ne maîtrise pas ce qui me gagne.

Je la contemple presque interdite tandis que sur sa peau, rebondit l’eau en cascade. Les bras levés, Hélène se campe dans mon regard., ses seins s’érigent dans les gouttes.

« C’est l’eau, dit-elle, sans se soustraire, à ma contemplation. »

Inexplicablement son propos confère à l’événement un sens limpide et lumineux. Nous nous livrons aux yeux de l’autre, sincères, dans l’innocence d’un érotisme d’origine .

Hélène me détaille sans pudeur. Le regard qu’elle porte et attarde sur la blessure secrète de ma fente de femme couvre ma peau de chair de poule. Je me sens terriblement bien dans ce temps suspendu.

Et comme je verse dans ma paume le gel pour le lui appliquer : « Non, Séverine, je vais le faire, merci. » Elle me sourit, atténuant la déception de mon congé.


L’âme en feu, je l’ai attendue, plus tard, près de l’embarcation, me demandant si elle ne renoncerait pas. Mais non, elle arrive bientôt, dans le maillot qui la dessine si bien , un panier de victuailles à la main.

« J’avais peur que tu ne viennes plus! »



« …Agnus dei qui tollis peccata mundi…. » Le chant s’amplifie dans les travées, les larmes coulent sur mes joues. Hélène et ses deux converses, les bras en croix, paraissent mortes. Mes souvenirs me font mal.


…J’assujettis sans insistance le gilet de sauvetage sur son buste, nous introduisons nos cuisses dans les étroites ouvertures du kayak D’une poussée nous nous lançons dans le courant. À cette époque il est puissant; Hélène coordonne très vite ses mouvements sur les miens. Nos pagaies forcent l’eau vive. Un sentiment de liberté totale nous envahit dans ce décor sauvage, dans les éclaboussures jaillissantes, dans l’éclat chaud du soleil que les arbres des rives ne tamisent plus.

Vers midi, nous luttions dans les premiers rapides.

Peut-être impressionnée par les grondements du bief, peut-être un coup de pagaie moins vigoureux de ma part…Nous prîmes le bouillon juste au sortir d’une passe. Hélène, ne sachant pas eskimoter, le naufrage fut total. Nous dûmes regagner la rive en nageant, agrippé à l’esquif qui portait tout nos biens.

Je ris de la mésaventure mais Hélène claque des dents.

« Attends! Je tire du conteneur étanche, les serviettes de bains. Je détache son harnachement, le mien, frotte sa nuque fraîche..



admirer le ferme ourlet de son intimité et dois contraindre en moi l’envie charnelle de l’embrasser, là, au cœur secret de ses muqueuses closes..

J’achève de la frictionner jusqu’à sentir son réchauffement.



« Agnus dei……..Qui tollis » Je voudrais bien ne plus entendre, ne plus voir et revenir à la muette prière de naguère que tu finis par exaucer .

Je me souviens de ce moment où tout mon sang me reflue dans le cœur. Sous le contact de mes mains, toute ta bouche s’est enfouie d’un coup dans le rouge replis de mon sexe. J’ai crié du bonheur qui venait; ta langue- petit animal vivant- bougeait

en moi, malmenant les crêtes de ma vulve, s’enfonçant au profond de moi. Tu m’as bue, dans l’onctuosité voluptueuse de mes chairs, léchée l’anémone charnue de mes nacres qu’irisaient mes liqueurs intimes et suaves

Je me laissais écarteler par toi, ouvrir où tu m’ouvrais, éperdue dans ton amour de moi. J’ai crié dans les spasmes . Le corps fendu comme un violon brisé. Tu m’as veillé quand je gisais sur les galets, les yeux mouillés de toi.

Je t’ai aimé aussi et mêlé tes membres dans les miens, senti croître l’inexprimable orgasme de ton ventre en allée. C’est de ce jour que nous ne nous quittâmes jamais.


« …Dona eis requiem… in aeternam… » C’était fini. Dans un bruit de claquoir, elles se sont levées, ont rabattu sur elle la coiffe de leur ordre. En rang, elles ont regagné la clôture. Hélène n’était plus qu’une silhouette; elle disparaissait dans l’ombre du couloir.

« Frères, nos jeunes sœurs vous attendent au parloir pour un ultime entretien. Les familles qui le désirent…. »

Oh, se retrouver dans ce parloir, devant ces grilles…Mon Dieu, j’ai faillit fuir!

Je l’aurai fait, le cœur crevé si sa voix ne m’avait appelée.

« Séverine!



J’enviais le calme détaché qu’elle affichait, moi que le chagrin ravageait



Au travers de la grille j’ai saisi les doigts qu’elle tendait.


Cette pression, c’est tout ce qui me reste d’elle.