n° 06769 | Fiche technique | 71119 caractères | 71119Temps de lecture estimé : 39 mn | 27/08/03 |
Résumé: Paulina, j'aime ton plaisir plus que le mien. | ||||
Critères: fh hplusag jeunes bain forêt école volupté | ||||
Auteur : LongJacq Envoi mini-message |
Bon ! On ne sait plus très bien sur quel pied danser! Mais il faut quand même l’alimenter ce site!
Alors… encore une histoire d’étudiante nymphomane allez-vous me dire?
Eh bien non, moi je ne la vois pas comme çà Paulina! A vous de juger…
Comme chaque année, je dois donner une conférence à l’université de C.
Sur la route, pendant que le paysage défile, j’essaie de me mettre dans le bain. Çà n’a rien d’évident de laisser en plan son activité professionnelle, pour se retrouver dans un amphi devant une soixantaine d’étudiants, et de leur faire partager en deux heures l’expérience professionnelle d’une vie.
C’est toujours une épreuve, un examen. Il n’y a aucune indulgence à attendre de l’auditoire.
Je me rassure comme je peux. Je connais mon sujet sur le bout des doigts, avec ma présentation audiovisuelle comme support, je n’ai besoin d’aucune note. Pourtant on est toujours à la merci d’une question incongrue, et c’est tellement facile alors de se prendre les pieds dans le tapis. La moindre erreur et la catastrophe peut arriver.
En fait, c’est comme un match de boxe. Ce n’est qu’une fois sur le ring ou dans l’arène qu’on se rend compte si on est en forme, si le courant va passer. Une fois en piste, l’énergie va se libérer. Et il en faut de l’énergie. C’est épuisant.
L’expérience aidant, je sais à quoi je dois m’attendre, les pièges à éviter.
Le plus dur c’est la prise de contact. En deux minutes les étudiants ont pris votre température. Tout compte, le ton de la voix, l’assurance, le comportement, l’élocution, le regard, tout le reste en découle.
J’ai pour habitude de faire une pose à la cafétéria des étudiants avant mon intervention. C’est une façon de me mettre dans le bain, de prendre le pouls de l’université. On se rend tout de suite compte de l’ambiance du moment, période d’examens, période de résultats, périodes de revendications, le comportement et l’attitude des étudiants aux interclasses est un baromètre indéfectible.
C’est attendrissant de les voir gérer leur maigre budget. De se commander un café comme s’il s’agissait d’un extra fantastique.
Des groupes se forment, se défont. Certains se rencontrent, se font la bise. Sérieux et responsables, c’est l’impression qui se dégage de cet attroupement, et c’est plutôt rassurant.
Des profs viennent aussi s’accouder au bar, ce joyeux mélange est plutôt convivial. Vu mon âge, la cinquantaine, il n’y a pas de doute possible, je suis immédiatement rangé dans une catégorie.
Terrain neutre, pose entre deux cours, moments précieux où les points de vue peuvent se rapprocher, sachant que le match va reprendre, que chacun va se réinstaller dans son rôle.
Je suis plongé dans mes observations, un oeil sur la pendule, lorsqu’un rayon de soleil illumine ce lieu sympathique, mais néanmoins impersonnel.
Je suis subjugué, percé à nu, vaincu à sa seule vision. Tout en en elle respire le bonheur, la sensualité, la simplicité, un ange tombé sur terre. Une chevelure blonde, une crinière de cheval islandais, flotte libre autour d’elle à chacun de ses pas. Son visage surtout exerce sur moi un attrait magnétique. Des traits fins, réguliers, un petit nez mutin, des yeux dans lesquels pourraient se refléter tous les glaciers du monde, une absence totale de maquillage qui ne lui servirait objectivement à rien. Des oreilles en forme de coquillage. Elle se déplace avec une grâce élastique, montée sur ressorts, virevolte avec une élégance naturelle. Elle dispense sans parcimonie à l’entoure des sourires lumineux d’une franchise à damner un saint.
Jamais je n’ai vu une fille comme çà, une fille répondant trait pour trait à tout mes désirs les plus secrets, une fille comme seule il peut en exister dans les rêves. Rien à jeter, pas la moindre critique à formuler, tout est parfait, à tel point que c’en est irréel. Se peut-il qu’une telle créature existe?
Un pantalon blanc moule des fesses adorables, des pieds menus dans des chaussures plates que j’identifie d’origine nordique, un petit débardeur qui moule des seins hauts et fermes. D’une taille moyenne, elle a un physique d’athlète, un naturel à couper le souffle.
Elle évolue au milieu de ce que je suppose être ses adorateurs, rit, plaisante, s’appuie affectueusement sur une épaule. Je n’entends pas le son de sa voix, mais elle ne peut que correspondre à sa morphologie.
Je reste rêveur devant cette apparition magique. Mon regard s’appesantit, la suit dans ses mouvements, incapable de se détacher de cette vision idyllique.
Je crois que je pourrais me délecter à la regarder pendant des heures sans me lasser. Je cherche à emplir ma mémoire de cet être fabuleux, je veux que son image puisse revenir me hanter à loisir. Il faut pourtant que j’aille donner cette conférence. L’heure approche, je dois m’arracher, désespéré, à ma contemplation. Certain d’avoir vu un mirage, convaincu de ne plus jamais rien voir de semblable.
Il m’a fallu attendre tout ce temps pour qu’aujourd’hui, sans crier gare, tout à coup, surgisse dans mon paysage, une femme telle que jamais je n’aurais espérer en imaginer.
La mort dans l’âme, convaincu de ne plus jamais la revoir, certain d’avoir été victime d’une hallucination, image entrevue, fugace, fugitive, espoir fou éternellement déçu, je règle ma consommation et pars m’enfermer dans ce lieu glauque où je dois officier.
Comme toujours, les arrivées se font au compte goutte. Lentement la salle s’emplit, toujours par le fond, comme si un recul par rapport à la scène était nécessaire pour ménager son indépendance.
C’est le moment de prendre la température de mon auditoire, avant de prononcer la première parole, toujours décisive. Les étudiants ont toujours beaucoup d’informations à échanger avant un cours, une foule de choses à se dire qui ne peuvent pas attendre.
Moment de latence ou chacun s’observe, agitation avant que le calme ne se fasse, attente, curiosité devant un nouvel intervenant.
Les retardataires s’égrènent au rythme de la porte qui bat.
Je suis prêt à affronter ce nouveau public, et moi aussi j’attends. J’attends qu’ils soient réceptifs, en état d’entendre ce que j’ai à leur dire.
Du haut de l’amphi, telle une déesse, elle descend les marches sans se presser. Mon sang ne fait qu’un tour, mon esprit se brouille. ELLE assiste à mon cour! ELLE descend les marches en regardant autour d’elle, chaque pas anime sa poitrine, et moi, je la regarde comme un obsédé.
Elle s’installe au premier rang, à côté d’une de ses camarades, légèrement sur ma gauche.
J’ai besoin de prendre un second souffle. J’étais sur le point de commencer, il me faut faire deux ou trois longueurs d’estrade pour retrouver mon calme.
Un vent de panique souffle dans ma tête, suis-je capable d’assurer mon cour en sa présence? Elle me pétrifie, je suis certain de me mettre à bafouiller comme un collégien à son premier examen.
Il faut pourtant que je me lance, l’attente n’a que trop durée. Ne pas la regarder, m’intéresser au dernier rang, voilà ma planche de salut. Il me faut tenter d’oublier sa présence.
Enfin le premier mot est sorti, il ne me reste plus qu’à enchaîner, faire les présentations, çà rassure tout le monde.
Je débite mon speech de façon plutôt monocorde. Il y a du répondant, certains posent des questions. Fixer mon attention sur mon interrogateur me facilite la tâche. Il faut pourtant que je veille à regarder tout le monde, à capter l’attention, à ne pas laisser certaines parties de la salle s’assoupir dans un bienheureux confort. Chaque fois que mon regard l’effleure, je sens une poussée d’adrénaline me pulser dans le corps. Elle me regarde, nos regards se croisent. Je ne peux pas supporter pas son regard. Une coulée de lave descend le long de ma colonne vertébrale. J’ai l’impression qu’elle me perce à nu, qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert. Je dois avoir l’air complètement stupide. Il faut que je me reprenne, que je me concentre sur mon discours. Drôle d’exercice que de penser toujours en décalage, d’avoir en pensée une phrase d’avance sur la parole.
Mais l’avoir, elle en tête, qui se superpose aux pensées que j’essaie de rassembler tient du numéro de funambule.
Tant bien que mal, le cours se déroule. Arrive toujours le point d’orgue, le moment ou tout peut basculer. Sur un visuel que je montre, je prends position. J’affirme contre l’avis général, la nullité de l’image exposée. Bien évidemment tout le monde de s’offusquer et de demander pourquoi. J’entreprends alors l’analyse minutieuse de l’image, en la décortiquant dans ses moindre détails, et en exposant à chaque fois les raisons de mon jugement.
Les illusions tombent une à une, le regard change, ils découvrent une autre face de la réalité. Exercice périlleux, mais qui s’il est accompli sans faute, est d’une efficacité pédagogique extraordinaire.
Presque convaincu d’avoir réussi une nouvelle fois cette performance, et heureux d’avoir marqué un point, je scrute mon auditoire l’oeil interrogateur, en quête d’une éventuelle remarque supplémentaire.
ELLE lève la main, et avec un accent qui me fait fondre sur place, me demande si je n’ai pas d’autres exemples de ce type à leurs montrer.
Je suis doublement mal à l’aise, un je suis loin d’être insensible aux charmes de mon interlocutrice, deux je n’ai pas d’autres exemples à produire.
Je m’emmêle les pinceaux, et bredouille une réponse pas franchement convaincante. Pendant ce temps, force m’est faite de la regarder, et de soutenir son regard. J’ai les oreilles qui bourdonnent, et le reste de l’amphi disparaît l’espace d’un instant de ma conscience.
J’ai chaud aux oreilles, péniblement je m’efforce de lui sourire pour excuser l’absence d’exemples supplémentaires, honteux de ne pouvoir la satisfaire, au moins sur ce point.
Après cet effort colossal, suit un blanc marqué, avant que je puisse me relancer dans ma diatribe.
Les minutes s’égrenant, les diapos s’épuisent, le débat s’amenuise, j’ai rarement souhaité la fin d’un cour autant que celui là. Et pourtant la fin du cour signifie sa disparition sans doute définitive. Je ne vais pas me priver de ce spectacle délectable. Alors mes rotations du regards se font plus rapides, elles reviennent inéluctablement à cet objet de convoitise, s’appesantissent de plus en plus lourdement. Je laisse filer mon cours, le plus gros est fait, peu importe la suite, une seule chose compte, ELLE!
Enfin, après la traditionnelle série de questions qui interdisent à quiconque de rester sur sa faim, les mots magiques «je vous remercie» ponctués de quelques maigres applaudissements signent la fin de la séance.
Il s’en suit un brouhaha indescriptible comme si le trop plein d’énergie accumulé pendant deux heures devait immédiatement être libéré.
Je commence à ranger moi aussi mon matériel, en regardant d’un oeil si la sortie s’effectue sans problème. Comme à l’accoutumée, c’est le moment que choisissent deux ou trois énergumènes pour venir poser des questions qui sans doute étaient d’ordre privé, et ne pouvaient être exposées sur la place publique.
Alors que la salle se vide lentement, et que certains s’installent pour terminer en commun un devoir, j’affronte mon premier quémandeur.
C’est toujours pénible après avoir donné toute son énergie pendant un cours que de devoir entamer ilico un deuxième round.
Pourtant cette fois, je risque d’être expéditif car en troisième position, attend sagement son tour, celle que je n’espérais pas.
J’essaie en dépit de mon impatience de répondre aussi correctement que possible aux questions qui me semblent s’éterniser.
Le premier ayant eu son content, je passe au deuxième en lorgnant sur cet être miraculeux par dessus son épaule. Vite fait mal fait, le deuxième est expédié à l’aide d’une carte de visite qui fera son office un jour ou l’autre.
Aïe! Elle se tient droite comme un piquet à cinquante centimètres de moi, me fixe de ses grands yeux clairs qui respirent l’intelligence, et fièrement campée sur ses talons me pose sa question.
Elle a une voix, qui semble surgir directement de son sexe, douce, suave, affective. Comble de bonheur, elle possède un merveilleux accent, nordique assurément, suédois, danois, finnois, indéterminable. Il lui fait rouler délicieusement les «R» qui déferlent à mes oreilles comme des vagues de sensualité.
J’accuse le choc, fondu sous le charme. Je lui parlerais volontiers d’autre chose, mais conscience professionnelle oblige, je me dois de lui répondre.
je peux vous la transmettre par Mail?
Un sourire éblouissant illumine son visage et ne fait qu’aggraver mon cas.
Elle fouille dans son sac, écrit précautionneusement son adresse qu’elle me tend. Je prend le précieux papier, tente de le déchiffrer. Elle vient à mon coté, s’appuie sur mon bras, m’épelle son adresse lettre à lettre, en me disant de faire attention aux lettres qui peuvent prêter à confusion.
Elle me touche, je sens sa chaleur, son parfum, nos visages sont à quelques sentimètres l’un de l’autre, je suis sur une autre planète… Elle me donne son mail, le contact n’est donc pas à tout jamais rompu, je peux la joindre, tout est possible. J’enchaîne les épisodes aussi improbables qu’imprévus.
***
Sur la route du retour, alors que la nuit tombe, mon imagination divague sans retenue.
rencontré cette fille, extraordinaire, inespéré, jamais vu une fille comme
çà, tellement désirable, et puis le cour, pas franchement bon, que pense-t-
elle de moi, pourtant question, sur qu’elle a été intéressée, elle me donne son
mail, je peux la joindre, c’est pas un rêve, elle est réelle, elle vivante, elle
existe, demain matin lui répondre, trouver cette satanée illustration, lui
envoyer, rester correct, déontologie oblige, pourtant peut-être… ce serait
trop bête, une occasion pareille, mais elle si jeune, si innocente, juste une
question, sans arrière pensée? elle si belle, sur qu’elle a du succès, un petit
ami? peut-être plusieurs? je rêve, trop vieux, beaucoup trop vieux,
pourrait être ma fille, moi un vieux barbon, un vieux grigou, un vieux matou
avec des pensées obscènes, elle si jeune, impossible, dommage, peut-être
avant, sûrement avant, jeune et beau, oui mais pas prof, pas de rencontre,
dans d’autres circonstances peut-être, trop de différences, impossible, sans
avenir, une aventure? non, ne pas y croire, ne pas s’illusionner, trop peur
d’être déçu, trop peur d’essuyer un refus, que peut-elle me trouver,
pourtant tellement désirable, tellement bandante, un rêve inouï, pourquoi
pas, rajeunir de trente ans, un corps jeune, frais et tendre, pourquoi son
mail? pour l’image, seulement l’image? non impossible, comment faire,
comment dire, trop belle, trop jeune, abuser de mon statut de prof, dévoyer
une jeunette, abuser d’elle, affreux, être accusé, mais si elle, voulait? non,
pas pour me faire plaisir, son désir à elle, sincère, non impossible, désirer
un vieux, pourquoi? répondre, mais sans lendemain, tromper ma femme?
après tout ce temps, pourquoi tromper, quel mot affreux, non tout lui dire,
non rien lui dire, il ne se passera rien, juste un rêve dans la tête, une
illusion, une de plus, non un écart, juste un écart, l’oublier? impossible,
trop de circonstances improbables, pourquoi l’avoir vu, pourquoi s’être
rencontrés, pourquoi savoir qu’elle existe? elle me parlant, moi existant à
ses yeux, comment, pourquoi? l’aimer, oui l’aimer, oui je suis sur de
l’aimer, trop d’atomes crochus, trop faible, trop soumis face à elle,
impossible, rencontrer l’être idéal, celui qui vous connaît mieux que vous
même, dont vous pressentiez l’existence avant de l’avoir vu, un double? non
pas un double, le complément parfait, pourquoi cette différence d’âge?
pourquoi pas avant? trop tard? non jamais trop tard, infernaux ces élans du
coeur, toujours et encore, incroyables, jamais éteints, après tout ce temps…
un rayon de soleil, toute la fraîcheur, l’innocence, la perfection, aimables,
ses chaussures, ses vêtements, ses yeux, son maintien, un corps de rêve…
***
Je passe une nuit épouvantable, épouvantablement merveilleuse. Impossible
de dormir. L’image de cette fille me hante. Sans effort je la vois, je la
revois, je l’imagine. J’imagine son corps, je la dénude mentalement.
comment sont ses seins? des petits nichons fermes et doux, blancs, il sont
sans doute blancs. Et ses tétons? pales ou foncés, larges ou en bouton?
Son ventre plat, le renflement de son pubis, sa toison fournie ou clairsemée?
De la même couleur que ses cheveux? Une vraie blonde? Un sexe rose à peine
marqué, juste une faille… Des cuisses fermes, des jambes de danseuse,
déliées, des fesses admirables, des hanches, une femme doit avoir des
hanches.
Je l’imagine nue, offerte au soleil, elle dort et je la regarde. Je ne
cesse de la contempler, je m’émerveille de son spectacle. Cette fille me fait
bander, irrémédiablement. Honte sur moi d’avoir des pensées sexuelles à son
égard, une si jeune pousse, à peine sortie de l’enfance. Moi qui d’ordinaire
n’aime que les femmes mures, celles qui ont vécu, qui en porte les traces.
Celles avec qui je me confronte d’égal à égal, celles qui légitimement peuvent
être mes partenaires. Pourquoi cette faiblesse soudaine face à ce bout de
fille. Je n’ai jamais rien compris aux hommes qui font la sortie des lycées,
mais là, je suis vaincu, out, je n’y peux rien. Oui, trente ans en arrière,
mes premières amours, magnifiques, peut-être en ai-je la nostalgie, peut-
être est-ce cela qu’inconsciemment je veux revivre. Mais on ne refait pas
l’histoire, le temps s’écoule irrémédiablement. Je ne suis plus ce que j’étais
à cette époque. Peut-être n’en ai-je pas suffisamment profité alors,
sûrement…
***
Subject: illustration conférence
suite à notre entrevue d’hier soir, vous voudrez bien trouver en
attachement l’illustration que vous m’avez demandée.
Vous en souhaitant bonne réception
Cordialement
J.N.
Non, çà ne va pas! Je ne peux pas me contenter de ce message laconique. Il faut que d’une façon ou d’une autre, je lui fasse comprendre ce que j’éprouve pour elle.
Mademoiselle, sachez que vous ne me laissez pas insensible - nul!
Vos appâts me font loucher- je garde un souvenir ébloui de notre rencontre…
Comment m’intéresser à elle sans passer pour un vieux dragueur? Oui, lui demander sa photo! Il faut le faire sur le ton de la plaisanterie, l’air de rien, comme si çà n’avait aucune importance pour moi, sur un ton professionnel et humoristique.
Amateur de belles choses, auriez-vous l’amabilité de m’adresser en retour une effigie de votre personne afin que je puisse la ranger dans ma collection,
peut-être pourrai-je la commenter lors d’une de mes prochaines interventions…
Non, ça fait collectionneur de conquêtes!
Comme vous le savez, mon cours manque cruellement d’illustrations. Il me serait agréable, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, d’inclure dans mes prochaines interventions, une image de votre personne qui par sa perfection ne manquera pas de faire contrepoint avec celle que je vous fais parvenir.
Mieux, c’est mieux… Je ne vais pas y passer trois heures…
Réponse par retour…
Bonjour monsieur,
Merci beaucoup pour votre aide, elle me sera précieuse!
Je ne sais pas comment vous remercier…
En gage d’amitié et pour répondre à votre demande, vous trouverez en attachement la photo demandée.
Espérant qu’elle réponde à votre attente, et désireuse de connaître vos commentaires…
Cordiales salutations
/Paulina E.
Tout fébrile, j’ouvre le fichier joint. Je maudis l’ordinateur qui met un temps infernal à lancer l’application.
Progressivement l’image s’affiche… La tête… les épaules dénudées… le dos nu… le bout d’un sein… la chute des reins… les fesses… les cuisses…
Je tremble d’émotion et d’excitation. Paulina expose sa nudité le plus simplement du monde. Dans la pose de la petite sirène de Copenhague, la tête légèrement tournée, elle me sourit à travers l’écran.
Ma stupéfaction est à son comble. Je pensais trouver une photo d’identité du genre de celles des trombinoscopes, c’est quasiment une photo d’art. L’éclairage est soigné, les couleurs en demi-teintes parfaites et surtout, surtout ce corps de rêve m’est révélé. La pose est pudique, suggestive, elle dévoile sans vraiment montrer. Tout mes fantasmes repartent de l’avant. Pourquoi cette photo? Dans quelles circonstances a-t-elle été prise? Elle attend mes commentaires! Que puis-je lui dire?
Je reste scotché à mon écran. Je la regarde inlassablement. Aucune objection à formuler, tout est parfait, tellement que c’en est trop. Je réalise que je bande face à cette image. Indépendamment de ma volonté, l’aiguillon du désir me titille irrésistiblement.
Je suis médusé, émerveillé, embarrassé. Bander pour une photo?
Qu’avait-elle en tête en m’envoyant cette image? Je m’imagine, amusé, la projetant pendant un cour, sur de déclencher une révolution.
A-t-elle réellement conscience de ce qu’elle est? De ce qu’elle fait?
Comblé au delà de toute espérance, elle relance mes espoirs les plus fous.
Je suis à la torture, voilà qu’une rencontre fortuite prend une autre consistance. Aux signaux muets que je lui lance, elle répond par une sorte de provocation, une ouverture où tout semble possible.
Je ne sais plus à quels saints (seins) me vouer. Se peut-il qu’une fille pareille s’intéresse à moi? Pourquoi? Envoie-t-elle sa photo, ainsi, à tout va, sur le Web? Que lui répondre?
Chère Paulina,
Je ne saurais vous décrire le choc que j’ai ressenti en découvrant la photo que vous m’avez si gentiment envoyée. Je ne pense pas qu’elle puisse m’être d’une quelconque utilité pour mes cours, mais je la conserverai soigneusement tant elle correspond à l’idée que je me fais d’un certain idéal.
L’image d’un corps jeune et sain a toujours été pour moi une source de ravissement sans pareil. Et le votre, je dois dire, touche à la perfection.
N’hésitez surtout pas à me solliciter, si je peux vous venir en aide de quelque manière que ce soit. Ne sachant comment vous remercier, et restant à votre entière disposition
Cordialement
J.N.
Monsieur,
Vous me voyez ravie des propos que vous tenez à mon égard, j’en suis flattée et vos paroles ne me laissent pas insensible.
J’ose l’avouer, j’espérais bien en vous envoyant cette photo que l’effet produit serait à la hauteur de mes espoirs…
Le souvenir que j’ai de vous, est à tout jamais gravé dans ma mémoire. Il est des images qui marquent de façon indélébile, la votre en fait partie.
J’ai encore tant à apprendre, et votre expérience me parait si grande que je ne peux que souhaiter m’enrichir à votre contact.
Ce serait un plaisir pour moi que de répondre à vos désirs…
Cordiales salutations
Paulina E.
Chère Paulina,
vous me voyez dans l’embarras, et je ne sais comment interpréter vos paroles. Indépendamment du plaisir que j’aurais à vous revoir hors d’un cadre professionnel, notre relation ne peut être qu’amicale compte tenu de nos âges respectifs. Vous pourriez être ma fille, et mes sentiments à votre égard ne peuvent être que paternels. Je n’imagine pas quels ont pu être vos espoirs, mes réactions quant à elles n’appartiennent qu’à moi et ne sauraient infléchir le comportement que je me dois de tenir à votre endroit.
Cordialement
J.N.
Monsieur,
il serait trop injuste de me taire vos réactions au nom de je ne sais quel devoir, puisque vous m’avouez en avoir eues. J’avais cru comprendre que j’étais à vos yeux plus qu’une de vos nombreuses étudiantes, et j’entretenais le doux espoir que vos désirs répondent aux miens.
Vous me paraissez tellement inaccessible que j’ai honte de ma hardiesse,
ne me la faites pas regretter. Je comprendrais aisément qu’un homme comme vous ne fasse pas grand cas de ma personne, sachez toutefois que mon admiration n’a d’égal que mon désir de vous.
Paulina
Chère Paulina,
ce que vous dites est fou. Je fais grand cas de votre personne, sachez-le.
Sachez également que le désir que vous me confessez, s’il m’honore, ne peut se réaliser. Je m’en voudrais d’y répondre positivement, même si la tentation en est grande. Toute relation entre nous, autre que celle d’enseignant à enseignée, n’a aucun avenir. Vous avez la jeunesse pour vous, et l’avenir devant vous. Tout ce que vous construirez de durable, vous ne pourrez le faire qu’avec des jeunes hommes de votre âge. J’aurais trop honte de moi-même d’avoir le sentiment, ne serait-ce qu’une seconde, d’abuser de votre personne. Et ce sentiment, quoique vous puissiez dire ou faire, me guettera un jour ou l’autre, ne serait-ce que parce que je suis le plus âgé, que c’est à moi de prévenir, d’anticiper, à moi de ne pas vous engager sur un terrain dangereux. Trouvez le garçon que vous aimerez et faites avec lui votre vie.
Avec toute mon affection J.N.
Monsieur,
Vos propos m’attristent, vous ne semblez pas me comprendre. Les rapports que j’entretiens avec les garçons de mon âge ne comblent qu’une partie de mes désirs.
J’aime les hommes mûrs, dans la force de âge, je dois vous l’avouer. Il se peut que je cherche à satisfaire un désir incestueux vis à vis de mon père? C’est probable… La maturité, l’expérience sont pour moi des qualités inestimables. Votre sérieux m’impressionne. Je suis admirative de votre autorité, votre ascendant sur moi est considérable. L’âge donne du poids à mes engagements, du sérieux à mes relations. Au contact d’hommes matures je me sens devenir femme, accomplie, adulte. Les relations passagères que je peux entretenir avec mes camarades étudiants, sont des passades superficielles, insignifiantes. Si elles contentent mon corps, elles sont loin de satisfaire mon esprit.
J’aime le sexe, vous devez vous en doutez. Le plaisir physique tient une place importante dans ma vie. Mon corps a soif de volupté. Mais je suis souvent déçue car les gens font intervenir dans un acte qui devrait être simple, sain, naturel, leurs problèmes refoulés d’amour propre, d’orgueil mal placé, de moralité ou de conscience.
Tous les rapports de domination, de possession, de pouvoir, d’influence se trouvent concentrés, exacerbés dans ce qui devrait être un simple échange, un partage, une communion.
Le corps d’un homme qui a vécu m’émeut plus que tout autre. Un visage dont les rides d’expression expriment ce qu’a été sa vie ne trahissent pas . On peut tout y lire, la joie, la mélancolie, la tristesse. Le votre exprime une droiture sans égal. Vos yeux sont sans détours, et j’ai cru y lire une pointe de désir…
Je ne veux rien vous dissimuler, et il me faut vous dire que mon désir n’a d’égal que le respect que je vous porte. Votre corps me fait envie… Jamais je n’ai ressenti pareil plaisir à l’évocation des relations que nous pourrions avoir. Contrairement à ce que vous pouvez penser, votre apparence est loin d’être rebutante. J’y vois au contraire bien des attraits. Votre stature, votre prestance, une certaine élégance naturelle vous distingue avantageusement de l’aspect bourru de la plupart de mes camarades. Puis s’il faut le préciser, votre envergure, votre puissance n’a pas de comparaison avec le fragilité des jeunes gens. Je cherche une poitrine rassurante, solide, une épaule bienveillante, compréhensive.
Je vous imagine amant endurant, patient et doux, plein de délicatesses, loin des empressements fougueux que je peux connaître.
Dans mes songes je vois votre sexe, et cette seule image m’embrase. Je le pressens grand, grave, gros. Je vous l’ai dit, je suis gourmande. Tout ceux qu’il m’a été donné de voir m’ont toujours impressionnée. Les hommes en prenant de âge possèdent tous des organes imposants. J’imagine le votre massif, majestueux, merveilleux…
Ce serait la moindre des choses, mais le plus important est qu’il vous appartienne, qu’il soit votre…
Pour moi, l’acte physique ne prend de valeur que si je voue une admiration sans borne à l’homme qui me possède.
Je ne pense pas être déplaisante, ni vous être totalement indifférente. Alors oubliez un instant votre grande sagesse, mettez de côté votre sens des responsabilités, sortez de l’idée que vous vous faites de vous même, ne craignez plus le jugement des autres, acceptez de bon coeur ce que je vous propose…
Vous peuplez mes fantasmes et mon corps a soif du votre.
Je hais la distance qui nous sépare… Je voudrais être dans vos bras…
Votre Paulina
Ce mail me bouleverse. Je suis fébrile à l’idée de la sentir à porter de main. La perspective d’avoir des relations physiques avec elle, porte mon excitation à son comble. Comment résister? Comment ne pas succomber? Son langage est si libre, si direct, d’une totale impudeur, il me va droit dans le pantalon. Elle semble pourtant tellement droite, et tellement dénuée de toute perversité.
Je lis et je relis son mail, il m’affole totalement.
Se peut-il que je puisse encore vibrer, se peut-il que mon coeur endurci par les déconvenues puisse encore s’enflammer pour quelqu’un? Je ne veux pas me l’avouer, mais je l’aime de tout mon être, et c’est bien ce qui me panique. Je redoute qu’elle s’attache à moi dans une relation sans avenir, mais je suis totalement à sa merci, incapable de me défendre face aux sentiments qui m’assaillent. Un jour je devrais la quitter, ou elle me quittera, et je serai malheureux comme les pierres. Je suis paralysé à l’idée de m’attacher, mais je suis pris, il est déjà trop tard…
Tout semble tellement simple pour elle, comme si faire l’amour était un acte anodin qui n’engageait à rien. Pourtant son désir n’est pas que physique, elle l’exprime clairement.
Comment fait-elle pour me deviner à ce point? Comment peut-elle lire en moi comme dans un livre ouvert?
Elle me désire autant que je la désire. Çà me parait insensé. Pourtant sa sincérité ne peut être mise en doute, ses arguments sont plutôt flatteurs s’ils sont assurément exagérés.
La teneur de son discours confrontée à l’image que j’ai d’elle, sont deux choses totalement inconciliables. Je la voudrais pure, virginale, angélique, immobile comme une icône, intouchable, et d’un autre côté mon désir physique, charnel, sexuel est bien réel. Ces deux conceptions s’affrontent dans une lutte titanesque dont je suis le théâtre. Elle est l’un et l’autre, et ce mélange est hautement explosif.
Jamais une femme ne m’a parlé aussi librement, jamais une femme ne m’a avoué aussi franchement ses désirs . Pourquoi elle, le fait? Pourquoi elle, en est capable? Elle, face à qui je suis vaincu d’avance…
C’est trop beau, c’est trop facile, il doit y avoir un piège… Un coup de Trafalgar quelconque, et je me retrouve à la porte de l’université! avec un blâme, et la honte!
Qu’importe, adviendra ce qu’il pourra, je suis sur le gril. Je ne peux pas rester dans cette situation, tiraillé par des sentiments contraires. Je lui donne rendez-vous…
***
La voiture garée, je gravis quatre à quatre les escalier qui mènent à la cafet. J’ai le coeur qui bat. La photo qui m’a accompagné ces derniers mois n’est rien à côté de ce qui m’attend. Me retrouver en face d’elle, en chair et en os, face au bleu de ses yeux, après tout ce qu’elle m’a écrit, j’appréhende ma réaction…
Il fait beau, la cafétéria est pleine. L’assiduité aux cours doit être à son niveau le plus bas. Sur le seuil, je jette un regard circulaire, anxieux de me rapprocher du moment où je l’apercevrai. Et si elle n’était pas là? Un frisson d’angoisse me traverse de part en part. Je suis définitivement accroc! Je me moque intérieurement de moi-même, on dirait un adolescent à son premier rendez-vous. Je fais un pas vers l’intérieur, me hausse sur la pointe des pieds pour tenter de passer par dessus les têtes. Enfin je la découvre, assise, entourée comme toujours. Je lui fait signe, je n’ai aucune envie d’aller affronter la meute de ses admirateurs. Enfin elle me voit. D’un geste elle ramasse ses affaires, salue d’un signe de la main ses camarades, et fend la foule, piquant droit sur moi. Elle est éblouissante.
Une jupette légère la couvre à mi-cuisses, un T-shirt bleu turquoise lui découvre le nombril. Il moule ses petits seins qui pointent outrageusement, révélant une absence manifeste de soutien-gorge.
Son sourire la devance, et je reste interdit, vaincu, hors jeu, avant d’avoir fait quoique ce soit. Pas un mot ne pourra sortir de ma bouche. Mais je n’ai rien à dire, elle me saute au cou, me roule un patin hollywoodien qui me coupe le souffle. Je dois être rouge comme une crête de coq. Je sens peser sur moi les regards de l’assemblée comme une chape de plomb, alors qu’une vague de désir emplit mon pantalon.
Droite devant moi, elle me prend la main, virevolte, et m’entraîne dans son sillage.
Je me retrouve la main dans la main de cette plante gracieuse, fier, incommensurablement fier, et honteux du regard que les passants jettent sur ce couple étrange.
Elle est rayonnante, plus belle encore que dans mon souvenir, plus belle que sur sa photo. Elle me prend le bras, se presse contre moi, m’enlève de sa démarche sautillante. Mes jambes, elles, ont du mal à me porter…
Ses lèvres dessinent un sourire espiègle, tandis qu’elle me regarde le regard en dessous.
Je suis anéanti, liquéfié. Je pense ne pas pouvoir résister longtemps aux émotions que chacun de ses gestes fait naître en moi.
Elle pousse le portillon d’un petit pavillon.
Elle me fait pénétrer dan son univers, propre, rangé, les bouquins soigneusement alignés sur les étagères. Un petit nid propret, suisse!
Je la regarde, je la détaille, je me remplis les yeux. Elle est décidément bandante. Son corps, ses mouvements, ses expressions, tout en elle est emprunt d’une sensualité indéfinissable, envoûtante.
A nouveau je me sens acculé, dans les cordes. Il faut que je trouve quelque chose à dire… Elle me tend un verre, s’assoit sur ses talons en face de moi.
La rondeur de ses genoux serrés , la partie découverte de ses cuisses, sa peau dorée exercent sur moi une attraction irrésistible. Elle doit s’en rendre compte, car elle baisse les yeux sur ce que je contemple, et les relève une roseur aux joues. J’ai le sentiment de m’être trahi, et d’avoir d’un coup augmenter la température de la pièce.
Finalement je me lance.
Elle rit de son rire magnifique.
Elle me sourit de son grand sourire franc et limpide, étonnée de mon interrogation, confuse de m’avoir une nouvelle fois déconcerté. Elle ajoute avec une timidité feinte.
J’ai les oreilles qui bourdonnent, et je sens poindre le trait vif de la jalousie au creux de mon estomac. Je n’en ai pas le droit! Il est normal qu’à son âge, elle ait des expériences sexuelles avec les camarades de son âge. Je devrais déjà m’estimer heureux qu’elle prête attention à un vieux barbon comme moi!
Décidément je ne suis pas rodé aux moeurs de l’époque. Quelque chose m’échappe totalement. Comment peut-elle passer d’un partenaire à l’autre avec tant de légèreté et de désinvolture? Pour s’amuser!
Tout en elle dégage une telle fraîcheur, une telle innocence que j’ai à nouveau du mal à faire coïncider ses paroles avec son apparence.
En faisant tous les efforts d’imagination possible, je n’arrive pas à la voir en train de forniquer avec qui que ce soit.
Ou alors, il faudrait que ce soit extrêmement beau, éthéré, en plein soleil, sous des voiles diaphanes. Jamais je n’ai envisagé la sexualité sous cet angle. Toujours, pour moi, elle a été empreinte d’obscurité, de tension, d’un caractère vaguement répréhensible. Toujours a plané au-dessus de ma tête l’ombre du péché. Satanée culture judéo chrétienne à laquelle je n’adhère pas une seconde, mais qui vient roder, bien malgré moi, dés qu’il s’agit de sexe.
Paulina m’ouvre des horizons inconnus… Je les entrevois, comme des images furtives, à peine concevables. En même temps que je les découvre, je m’en sens à tout jamais éloigné.
Je voudrais en savoir plus, je voudrais entrer dans son univers, je n’ose pas la questionner. Elle est pourtant si ouverte, si candide. Je suis sur qu’elle ne me cacherait rien, qu’elle me dirait la vérité toute crue sans aucune gêne. La gêne, elle vient de moi, c’est la mienne. Je ne me sens pas bien avec moi-même, à la questionner sur ce que je considère comme sa vie privée, intime. Je ne me sens pas le droit d’y pénétrer. Elle est si jeune. J’ai l’impression d’abuser des années qui nous séparent. Pour qui vais-je passer à ses yeux en me montrant curieux de sa vie sexuelle? C’est peut-être sans importance pour elle, mais un tel comportement ne correspond pas à l’image que j’ai de moi.
Paulina me considère, l’oeil interrogateur, vaguement inquiète de voir que ses paroles m’ont plongé dans un abîme de perplexité.
Elle a un sourire irrésistible, surtout quand elle penche la tête comme çà, sur le coté, en prenant un air consolateur.
Elle est désarmante. Elle prend un air boudeur. C’est étonnant de voir ce charmant visage qui tente de s’enlaidir dans des contorsions burlesques avant de reprendre son image naturelle de perfection.
Bien sur, c’est une évidence, quoi de plus naturel? Elle me dit çà à moi, comme çà, tout de go. Moi qui suis là, dans sa chambre, assis sur son lit. C’est un appel au crime!
Je ne sais plus où me mettre. Moi qui ne voulait pas entrer dans son intimité, j’ai entendu de sa bouche en l’espace de deux minutes, plus de confidences sexuelles que je n’en ai entendu de toute ma vie!
Sa candeur me met à nu. Pour un peu, c’est moi qui rougirait. De telles paroles dans une bouche si innocente!
Ma tête raisonnante fonctionne à vive allure. Elle cherche à m’allumer? Elle me met l’eau à la bouche? Où va-t-elle avec ce petit jeu? Que cherche-t-elle à faire? Elle me pense insensible? Elle est inconsciente de ce qu’elle dit? Elle me pense inoffensif? Ou bien, elle n’a pas d’arrières pensées, elle est comme çà, sans problème…
Je suis complètement sur la défensive. Je me sens agressé, violé. Des images confuses se bousculent dans ma tête.
Elle me domine de la tête et des épaules. Je suis empêtré dans une foule de contradictions. Qu’il doit être doux de la voir, de l’entendre jouir. Je donnerai tout l’or du monde pour çà… Que sa jouissance doit être belle. Voir ce beau visage se crisper au sommet de l’extase, ses yeux se fermer, ses lèvres roses quémander de l’air, puis voir ses traits se détendre, voir sa frimousse apaisée, rassasiée.
Comme elle me voit perdu dans mes rêveries et que la conversation s’enlise, elle se lève d’un bond, et me déclare avec sa fougue habituelle:
Elle chausse des sandales, et la porte claquée, nous nous retrouvons dans sa voiture, en route pour la forêt.
***
Il fait un temps superbe. J’ai beau être un citadin endurci, dès que je suis dans la nature, je me sens chez moi.
Le paysage défile, Paulina conduit avec application. Je suis partagé entre la beauté de la campagne que nous traversons, et le mouvement de ses pieds sur les pédales. Il faut dire que la vision de ses deux genoux légèrement écartées, du vide entre ses cuisses qui disparaît sous sa jupe blanche vers des régions hautement aimables, a un pouvoir d’attraction non négligeable.
Après quelques kilomètres Paulina gare la voiture sur un parking désert.
Elle s’élance dans le sous-bois, me faisant signe de la suivre.
Je marche derrière elle. Elle est souple comme une liane, et j’ai peine à la suivre. Sa jupette vole au rythme de sa marche, découvrant par instant sa culotte d’un blanc immaculé. Tout en elle respire le propre, le frais, la pureté. De temps à autre, elle se retourne, me sourit de toutes ses dents, m’attend en riant de mon essoufflement.
Le soleil donne dans ses cheveux ondoyants. Elle est dans son élément. La chlorophylle crépite et répond à sa fraîcheur de vivre.
Elle s’arrête enfin, me fait face, les bras la long du corps, les paumes tournées vers moi, montée sur la pointe des pieds, visiblement heureuse.
Sur la pente douce, les châtaigniers semblent s’être écartés pour ménager une clairière ensoleillée. En amont les rochers forment un petit cirque où gargouille un maigre ruisseau. L’eau noire lèche les rebords moussus d’un bassin qui s’étend paresseusement.
Sans plus de préambule, son T-shirt passe par dessus sa tête, jupe et slip glissent ensemble à ses pieds, et rageusement elle envoie ses sandales voler au loin…
Elle ne semble pas avoir conscience des merveilles qu’elle découvre. Je reste figé comme un idiot, à l’admirer, ne sachant pas ce qui me vaut d’accéder à ce corps sans pudeur.
Sa peau est uniformément cuivrée . Son ventre, ses fesses, ses seins ont la même teinte dorée que les parties que je connaissais déjà . Elle porte sa nudité comme un deuxième vêtement qui lui va à ravir. Elle a toujours la même aisance, la même décontraction. Le soleil donne un éclat fulgurant à sa beauté.
Je réalise que l’indécence de la nudité vient de ces marques blanches, honteuses, qui soudain révélées contrastent avec le reste du corps, et portent encore l’empreinte de l’anathème. Chez elle tout est uniforme, harmonieux.
La buisson au bas de son ventre, plus clair que le teint de sa peau a la même blondeur que sa chevelure. Il illumine son ventre d’une tache lumineuse. Là encore, rien de pathétique, rien de violent, rien de semblable à ces toisons d’un noir de jais, hurlant sur des peaux blafardes.
En un instant, elle se coule dans l’eau noire, plonge, ressort les cheveux ruisselants. C’est un naïade qui se tourne vers moi, battant des cuisses. Ses seins émergent de l’eau, pointes dressées par le froid.
Jamais je ne me suis déshabillé en pleine nature, n’importe qui peut survenir, et puis que va-t-elle penser de mon corps de cinquante ans? Ces jeux ne sont plus de mon âge. Pourtant qu’il me serait doux de la rejoindre, de serrer son corps chaud contre le mien. Non, je ne peux pas exposer mon corps à son regard.; Elle ne manquera pas de constater l’effet qu’elle produit sur moi. Je m’en voudrais de lui avouer le désir qui me tenaille. Que va-t-elle penser de moi? Je ne suis toujours pas décidé, chaque fois, elle me remet devant moi même, et chaque fois je suis face à mes contradictions.
Je hais mon indécision. Pourtant c’est elle qui me le demande, c’est une provocation ambulante. Mais elle le fait avec une telle innocence qu’il est impossible de lui prêter la moindre intention perverse.
J’ai honte de mon corps blanc, obscène. Le prof en tenue d’Adam en pleine nature avec son élève! Elle me regarde, et je me sens transparent à son regard, nulle réaction d’effroi, nul mouvement de surprise ou de recul. Elle me sourit toujours aussi gentiment. Je ne peux pas m’empêcher de la penser indulgente à mon égard. Elle ne montre rien, mais elle n’en pense pas moins.
Comment pourrait-il en être autrement?
Ce membre long entre mes jambes qui montre des velléités de redresser la tête, elle ne peut pas ne pas le voir, elle ne peut pas ignorer ce que cela signifie? Je voudrais m’excuser… Vite entrer dans l’eau pour me soustraire à son regard, pour faire taire le désir qui pointe.
L’eau me saisit. Je pense tremper un fer rouge dans l’eau froide. Je m’étonne de ne pas voir une fumée s’élever autour de moi. Sans m’en rendre compte je suis en ébullition.
Voilà, la tête seule émergée, flottant entre deux eaux, je me sens beaucoup mieux. On distingue à peine les formes blanches de mes membres qui disparaissent dans les profondeurs. Mes nerfs sont à bout, je tremble de tout mon corps, loin de me calmer, le froid m’électrise.
Elle nage à ma rencontre, se pend à mon cou, ses jambes enserrent mes hanches… Elle dépose sur mes lèvres un baiser léger en me prenant la tête. Son corps dans l’eau est étonnamment léger. Je la prend par la taille, serre ses seins contre ma poitrine. Nous sommes muets, je n’en peux plus. Je pense défaillir, la cime des arbres tourne autour de moi.
En fait, j’ai les nerfs en pelote et l’eau n’y est pas pour grand chose. Elle m’enlace, se colle à moi comme pour me réchauffer. Le contact chaud de sa peau sur la mienne est étourdissant.
Je ne sais plus où j’en suis, sortir et de nouveau m’exposer à ses regards, ou
rester à trembler de froid et d’excitation au fond de ce trou.
Elle reprend pied, me tire par la main, grimpe sur la berge, se retourne, m’aide à sortir. Son corps étincelle de mille gouttelettes comme autant de brillants posés sur sa peau.
Allongée, les yeux fermés, sa respiration soulève sa poitrine. Une respiration lente, calme, posée que je lui envie. Les pointes de ses seins se dressent sur des mamelons crispés par le froid. Sa peau légèrement hérissée révèle un fin duvet blond d’une tendresse touchante. Assis à ses cotés, je contemple la septième merveille du monde.
J’ai envie de faire quelque chose à ce corps, n’importe quoi, le titiller, le faire réagir. C’est un tel bonheur de la sentir vivante… Mais je n’ose pas la toucher… Je saisi une longue graminée que je fais courir sur ce corps doré. Son petit buisson blond crépite au creux de ces cuisses. Un nid d’amour, un nid d’oiseau qui garde prisonnières quelques gouttes d’eau.
Sa bouche se fait boudeuse. Je réalise la puérilité de mon geste, je m’en veux de m’être laissé aller à cette caresse stupide. Je soupire profondément, épuisé par l’excitation contenue. Je m’étend sur le dos à ses cotés… Les yeux fermés, la tête pleine de son image, conscient de vivre des instants uniques.
Des nuages blancs passent dans le ciel. La lumière s’allume et s’éteint au rythme de leur course. Il y a une parfaite similitude entre ces illuminations soudaines, ces obscurcissements et les sentiments qui me bouleversent. Des bouffées de bonheur alternent avec de sombres pensées, des ouvertures lumineuses précèdent de noires prémonitions.
Paulina, Paulina, là à côté de moi, petit elfe magique qui m’ensorcelle, que se passe-t-il dans ta tête? Quels sont tes rêves? Que puis-je te donner?
Une ombre persistante me recouvre. J’ouvre les yeux. Son visage est penché sur le mien. Son sourire m’illumine de bonheur. Je ne fais pas un rêve?
Appuyée sur un bras, la poitrine tournée vers moi, elle semble rire de mon état pitoyable.
Du plat de sa main, elle effleure ma poitrine. Son corps incliné sur le coté, a un merveilleux déhanchement qui fait saillir son bassin, creuse son ventre.
Elle me regarde de ses yeux limpides, sereine, tranquille. Je ne sais quoi y lire, de la tendresse, de l’affection? Je ne peux croire à l’amour. Sa main court toujours légère, descend vers mon ventre, et son regard l’accompagne.
Là bas, loin, mon sexe repose sur mon ventre, ni érigé, ni vraiment au repos, dans un état intermédiaire qui lui donne du volume, sans le rendre rigide.
J’ai un sourire crispé, si elle savait… L’envie que j’ai d’elle me fait mourir, mais je ne peux pas. Ma tête continue de refuser obstinément l’éventualité de la toucher.
La désacraliser, sortir de cette image idyllique, la considérer comme une femme, une grande, un être sexué, une partenaire, un être responsable disposant de son libre arbitre, un être de chair et d’os, avec des envies, des désirs, je ne sais pas si j’en suis capable.
J’aime qu’on me caresse longtemps. J’aime qu’on reste collé l’un à l’autre sans bouger… On va toujours trop vite.
Tu sais, tu n’es pas le premier… j’ai déjà fait l’amour avec des hommes de ton âge… c’est ce que je préfère…
Je ne te fais de cadeau, je me donne les moyens de vivre ce que j’aime.
Il n’y a rien de tragique! Nos vies ne sont pas en jeu, l’amour c’est physique, c’est comme le sport, tonique, joyeux.
Les hommes et les femmes sont faits pour s’aimer…
Tu me désires? Quelle honte y a-t-il à cela? C’est dans l’ordre des choses…
Pendant tout ce discours ses mains me caressent le ventre, s’approche inéluctablement de ce qui ne manque pas de réagir. Je me retourne, le visage enfoui entre mes bras.
Paulina à califourchon sur mes cuisses me caresse les flancs. Je sens sa douce toison me chatouiller merveilleusement les fesses.
Son rire cascade, cristallin. À grands mouvements énergiques, elle me masse le dos.
Je sens ses cuisses qui enserrent mes hanches… Elle me pétrit la nuque, colle ses seins dans mon dos, fait éclore des petits baisers chauds dans mon cou.
De longs frissons voluptueux me parcourent l’échine. Mon sexe me fait mal, bandé à pouvoir pénétrer le sol. Paulina se laisse rouler sur le coté.
Elle me tire, me force à me retourner. La joue posée sur mon ventre, je ne vois que sa chevelure qui s’épanche dans son dos.
Elle rit de ce qu’elle vient de dire.
Délicatement, elle prend mon sexe dans sa main menue, me fait frémir d’angoisse et de plaisir. Elle le soulève, tire sur sa base, le dénude entièrement, droit comme un cierge.
Je me sens gonflé comme une montgolfière, tout mon sang doit affluer et se concentrer sur ce que fixe son regard.
Il n’est plus question de dissimuler, je me sens obscène, vil, quelque peu dégouttant.
Je ne vois pas ce qu’elle regarde, je sens la brise sur mon gland dénudé, exposé, et la pression qui pulse entre ses doigts.
J’imagine ce qu’elle voit, cette image me remplit de confusion.
Ce champignon sanguin sous cet oeil pur et clair. Est-ce que son visage s’est empourpré d’une douce couleur? Ses pupilles se sont-elles dilatées, chassant le bleu de ses yeux? Que ressent-elle?
Le contact doux et chaud de ses lèvres charnues qui gobent mon gland coupe court à mes interrogations. Ce n’est pas une caresse, juste une prise de possession.
Elle se tourne d’un bond, se jette sur mes lèvres, fouille ma bouche, me baise les yeux, mordille mes oreilles, se colle contre moi. Je suis envahi par un tourbillon sauvage qui me déborde de toute part.
Assise sur mon ventre, la poitrine en avant, elle contemple son oeuvre, satisfaite. Je suis vaincu. Comment opposer la moindre résistance à ce tendre démon.
Ses seins mobiles devant mon nez, son visage angélique penché sur le mien, ses grands yeux qui me laissent anéanti, son corps contre le mien, sa chaleur qui irradie, comment ai-je pu douter de son désir?
Mes mains se posent sur ses cuisses rondes. J’ose, j’ose la toucher. Je porte la main sur elle. Que je sois foudroyé sur place, que je disparaisse sous terre si je commets un crime, mais c’est tellement bon, tellement merveilleux, tellement inespéré.
Elle redoute encore un tour de ma conscience. Elle veut me décharger de toute responsabilité, tout prendre sur elle, effacer toutes mes arrière-pensées.
Elle me devine à un point effrayant.
En appui sur ses bras, elle pousse son bassin en arrière, presse mon sexe entre ses lèvres. Elle l’enserre de sa chaude humidité. Lentement ses hanches remuent, son bouton glisse sur mon gland. Quand j’ouvre les yeux, son regard est plongé dans le mien. C’est un horizon sans fin dans lequel je me noie. Mes mains sur ses reins suivent son mouvement. Elle bouge lentement, se délectant de la caresse qu’elle se procure. Sa bouche s’est ouverte, je respire son haleine parfumée.
Elle se recule… Sur ses genoux se redresse, me prend, me loge à l’orée de son ouverture. Les yeux fermés, attentive, lentement elle force le passage, m’enfonce en son sein. La petite lucarne lumineuse que forment ses cuisses ouvertes se ferme progressivement. Un léger hoquet arrondit sa bouche quand l’investissement touche à sa fin.
Je la pénètre ou elle me prend. Elle est suave, onctueuse, moelleuse. Un paradis de douceur me cerne, ferme, élastique, étroit. Elle s’ouvre et me dévore. La sensation est tellement délicieuse qu’elle en presque douloureuse. Je suis en elle, au plus profond d’elle. Je sens la chaleur de son ventre tout autour de moi, j’appartiens à ses entrailles, je fais partie d’elle, je l’habite.
Tout disparaît, je suis dans un autre univers, plus rien ne compte que cette douce sensation à l’extrémité de mon être, ce contact intime qui me comble, cette communion charnelle qui nous soude l’un à l’autre.
Elle bouge lentement, d’avant en arrière, d’arrière en avant, se frotte, éprouve la rigidité de mon membre, se presse, masse ses parois intimes contre mon gland. Tête rejetée en arrière, elle se mord la lèvre
sous l’effet des sensations qu’elle fait naître.
Alors elle se soulève, cambre les reins, me suce, me roule et me déroule, se laisse retomber. Elle bouge, portée par une houle invisible, de plus en plus creuse, de plus en plus profonde. Au sommet de la vague, elle plonge avec avidité pour à nouveau s’emplir. L’ascension est plus lente, elle reflue à regret pour mieux me sentir revenir. Elle module le rythme, s’arrête, repart, me quitte presque pour se combler à nouveau. Elle glisse sur le guide, légère, agile, elle ondule fluide, féline comme une panthère.
Sous mes doigts tout ses muscles entrent en mouvement, marée vivante qui se contracte et se relâche, chair ferme et souple.
Elle a fermé les yeux, ses narines palpitent, le rose qui lui vient aux joues témoigne du plaisir qui monte en elle. Je suis satisfait de voir qu’elle aussi se tend, se crispe sous l’effet du plaisir, que ses paroles se sont évanouies pour laisser place à un souffle haletant. Son rire s’est tu, son incroyable désinvolture a fait place à la plus adorable des crispations.
Elle jouit de mon corps… C’est moi, mon sexe qui allons lui procurer ce bonheur. Elle va jouir de moi, sur moi et moi en elle. Fierté d’être à la source de sa jouissance, bonheur de la voir perdre pied.
A l’apogée de son plaisir, elle pousse de petits cris d’animal à l’agonie.
Paulina j’aime ton plaisir plus que le mien. J’aime ton corps qui vibre et qui se tend. J’aime le battement de tes cuisses contre les miennes. J’aime les soubresauts qui t’agite, toi, si belle en ton plaisir.
Toujours elle remue, imperceptiblement, appliquée à prolonger sa jouissance. Elle ouvre les yeux, cherche les miens. Un sourire de bonheur et de félicité éclaire son visage. C’est ma plus belle récompense, pas l’ombre d’un nuage sur ce visage ingénu.
Elle se redresse, tête en arrière, seins pointés vers le ciel, secoue sa crinière, cambrée, me possédant, inflexible en elle, reposant de tout son poids sur mes cuisses, elle me serre de sa bouche amoureuse, juteuse comme une mangue.
Mes mains se posent sur ses seins, j’en effleure le contour, enveloppe de mes paumes leur galbe parfait. Entre pouce et index, leurs pointes roulent entre mes doigts. La caresse lui fait fermer les yeux, sa langue passe et repasse sur ses lèvres ouvertes. Ma verge ressent les contractions qui pulsent dans sa vulve. Son visage s’empourpre à nouveau.
Elle scande ses paroles d’amples coups de rein qui me propulse chaque fois dans des plongées vertigineuses. C’est irrésistible, je me sens emporté, dur, raide, sur le point d’exploser. J’ai beau me retenir, ne pas vouloir, le traitement qu’elle me fait subir, je ne peux le contenir. Je geins sous sa torture.
Elle est d’une ardeur délirante, elle me baise en profondeur avec une avidité gourmande. Irrémédiablement elle m’entraîne dans une ascension à l’issue terrifiante.
Sans retenue elle martèle ses allées et venues d’exclamations déchirantes.
Je n’en peux plus… À bout de nerfs et de sensations, je lâche tout, je laisse jaillir avec soulagement un fleuve de volupté. Je l’inonde, et ce flot déclenche en elle de nouvelles vagues de plaisir. Elle clame éperdument sa jouissance, tendue dans une ultime contraction, puis s’abat sur moi, haletante.
Je la serre contre moi, je l’étreins. Elle étend les jambes contre les miennes, roule sur le coté.
J’ai son visage dans mon cou, son souffle chaud sur ma nuque. Mes mains plongent dans le creux de ses reins, glissent sur sa peau lisse et douce.
Je saisis sa taille fine, souple, presque fragile, celle qui à l’instant était si ardente, se déchaînait sur moi. J’effleure la naissance de ses fesses, l’émouvant sillon qui part plonger entre ses cuisses, son dos plat, le creux de ses omoplates, comme deux ailes d’ange qui auraient oublié de pousser.
Elle est blotti, la joue contre ma poitrine, inerte et tellement vivante. Je me sens riche, riche de tenir dans mes bras un trésor d’une valeur inestimable, riche comme un dieu qui posséderait une autre vie que la sienne. Toujours en elle, apaisé, vidé, comblé au delà de toute espérance, je rêve d’éternité. Je voudrais qu’en cet instant le temps se décompose, que l’air cristallise en fines paillettes, qu’il nous fige ainsi pour toujours, satellisés dans les étoiles.
Pourtant la vie suit son cours, les oiseaux chantent, rivalisent de trilles stridentes, la rivière émet toujours les mêmes gargouillis lancinants, les nuages font la course dans le ciel…
Paulina…
Tu avais raison, mille fois raison. Je te dois tout… Tout ce que tu m’as donné, tout ce que ma raison à tord refusait. Quel idiot je suis… Du haut de tes jeunes années, tu me donnes une leçon de vie et quelle leçon! Tu es mon professeur et je suis ton élève…
Je te sens contre moi, chaude comme une caille, petit animal intrépide, douce et volontaire. Tu as tout bousculé dans ma vie, mes certitudes, mes convictions, mes principes. Tu as contre mon gré renversé toutes les barrières, et je t’en remercie. Tu me donnes ta jeunesse, ton innocence, ta fraîcheur, tu me réssuscites…
J’aime l’agilité de ton esprit autant que celle de ton corps, ta générosité, ta liberté…
Je ne veux pas te retenir… Tu es comme ces oiseaux de passage, tes horizons sont vastes, tu es belle indépendante et souveraine…
Tant d’affinités, de concordances sont une chose rare et belle, c’est un miracle que notre rencontre.
Je te quitte… Je glisse hors de toi…
***
Voilà mon histoire est écrite. Je préfère m’arrêter là, la suite serait forcément plus compliquée.
Seule notre première rencontre a eu lieu. Peu importe, l’histoire était belle, j’ai rêvé… C’était un beau fantasme. La réalité est ingrate, elle s’accorde rarement à nos désirs.
Pourtant, cette fille existe quelque part et j’ai honte de me sentir si dépendant d’elle, si faible face à son existence.
Que faire de cette histoire? L’écrire m’a apaisé, me l’a fait vivre comme quelque chose d’extraordinaire, impossible mais pourtant tellement enviable.
La garder pour moi, égoïstement? La livrer sur la place publique? La partager avec d’autres? Serait-il possible que mon fantasme trouve un échos chez quelqu’un?
Peu importe… c’est une bouteille à la mer, une goutte dans le désert, je n’en attends rien!
***
C’est fait. Des inconnus vont me lire, ils aimeront, n’aimeront pas. Trouveront-ils ce qu’ils cherchent, une excitation passagère, une émotion? Je n’en sais rien… Réagiront-ils? Je ne m’y attends pas.
***
Des semaines se passent pendant lesquelles j’évite soigneusement de lire critiques et commentaires.
Ce matin j’ouvre mon courrier machinalement… Un mail de Paulina E., je reçois un coup au coeur!
Monsieur,
c’est tout à fait par hasard que je viens de lire l’histoire que vous venez de publier.
Vous y décrivez les circonstances de notre rencontre avec beaucoup de précisions. Tant de concordances et de similitudes ne me font pas douter un seul instant d’en être l’héroïne . J’en suis plus que flattée. Ce que vous dites correspond tellement à ce que j’ai moi-même pu imaginer, les désirs que vous me prêtez correspondent tellement aux miens, les sentiments de votre héroïne sont tellement semblables à ceux que j’éprouve à votre égard que je ne peux rester muette. C’est ce qui me pousse, avec tout le respect que je vous porte, à vous écrire aujourd’hui.
Se pourrait-il que la fiction devienne réalité? C’est mon souhait le plus ardent et le votre je suppose…
Je vous attends avec impatience…
Votre Paulina toute à vous.
LongJacq