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Temps de lecture estimé : 10 mn
27/08/03
Résumé:  L'auteur ne peux choisir entre deux femmes qu'il aime, sachant très bien qu'il risque à tout moment de les perdre
Critères:  fh ffh couplus copains collection volupté fsoumise hsoumis cérébral revede lingerie hmast pénétratio fsodo journal
Auteur : Salinger  (Au bord du gouffre, entre deux femmes)      
Secretum


Toutes ces femmes tournent autour de moi avec de plus en plus l’impression que la chute est inévitable. Vivre sur le bord de l’abîme est devenu presque une habitude. L’été se termine presque et mes rêves ne se consacrent plus qu’à elles. Leurs figures tournent de plus en plus vite, comme des sirènes qui voudraient me faire succomber à la folie. Comment pouvoir rapporter toutes les sensations et les tous les sentiments dans un récit linéaire ? Qu’importe, lecteur, prend le fils de cette inconstance, trouves y du plaisir ou prend les autres chemins de ce vaste réseau sans cesse en composition.


Il y a quelques jours j’étais sur un pont, dans les bras d’Adeline. La nuit nous dévorait peu à peu contre la balustrade. Son regard plongé dans le mien, je sentais son corps désormais quasi interdit. Je n’ai plus droit semble-t-il qu’aux territoires annexes. Mes mains se peuvent plus voyager subrepticement le long de sa poitrine, de ses fesses de son ventre ou même entre ses cuisses. Ai-je vraiment eut le droit un jour ? Je ne crois pas, mais avant j’essayais, je transgressais en des gestes de folie qui nous menaient toujours un peu plus près de la fêlure.

Mais je sentais son corps contre le mien, et cela faisait quelques mois que ça me manquait. Nous étions comme deux amoureux. Le fleuve coulait sous nos pieds, les passants traversaient la passerelle en nous jetant des regards discrets, parfois jaloux. Je me sentais bien, doux et profondément amoureux. Juste quelque part au fond de moi une peur effarante d’être vu par les autres. De temps en temps, nos lèvres se rejoignaient tendrement. D’abord discrètement alors que nos visages se rencontraient presque pas hasard en changeant d’épaule. Baiser furtif à la jointure des lèvres. Puis petit à petit nos lèvres conversaient un peu mieux, se soulevant et se pinçant lentement. Nous sommes restés longtemps ainsi, proche du désir. Puis ce fût la longue marche vers chez elle, de l’autre côté du fleuve. La nuit s’enfonçait dans la ville, nos corps toujours mêlés, sa main sur mes fesses, la mienne sur sa hanche, ou son épaule, je ne sais plus bien… Regards amoureux des retrouvailles qu’il fallait déjà interrompre, un dernier baiser et il fallait que je m’enfuisse dans la nuit, par delà les deux rivières, de l’autre côté des ponts, chez moi.

J’ai repris la longue marche que j’avais presque oubliée durant ces quelques mois d’été. Les bruits de la ville, les voitures qui roulent trop vite, les groupes de couche-tard qui traînent ça et là au hasard des rues. Le risque, la peur, les lumières, les rues, tout me menait chez moi, avec l’angoisse déjà perceptible de son odeur collée à mon corps, à mes vêtements, et déjà inscrite dans mon cerveau.


Je suis avec Julia dans sa chambre. Son regard coquin m’invite à la rejoindre sur son lit. Toute la journée j’ai regardé ses fesses que je savais être les miennes. À présent elles sont là, il n’y a plus qu’a ôter tous ses vêtements parait-il superflu. Mais je résiste, je prends mon temps, je joue impatiemment à la langueur. Comme tous les amants de la terre on rejoue la première scène ! Comme si mes mains découvraient son corps pour la première fois ! Nos bouches s’entredévorent et m’excitent à se chercher comme ca. Ce que j’aime le plus, les mouvements incontrôlés de nos bassins qui exultent, qui nous supplient d’en finir, qui s’accrochent l’un à l’autre et qui pourtant son encore enfermés dans nos vêtements. Je la dépesse petit à petit comme pour me remémorer ce corps que je connais déjà si bien. Ma main, car à ce moment là il n’y a qu’elle importe, est chargée de cette tache. Elle remonte le haut, rouge, et caresse sa poitrine enveloppée de tissu noir. Très vite elle fait des allers-retours charnels jusqu’au bas du ventre. Je la regarde s’enfoncer sous le tissu, entre les jambes. Mes doigts se désolidarisent et une fois de plus, le plus grand trouve avant les autres son sexe. Mes yeux se savent plus s’il faut regarder cette main cachée au creux de ses jambes ou son regard qui se perd lorsque je la pénètre. Ces yeux se ferment alors que sa main à trouver sans me prévenir mon sexe. C’est parti. Nous ne pourrons plus nous arrêter. Les images floues montent à ma tête. Mon corps devient machine. Mes bras deviennent les pistons rapides qui la portent à moi et la retire. Le chant de nos voix vulgaires se fait entendre dans toute la pièce, put être ailleurs, qu’importe. Très vite elle se retrouve en animal sur le lit, et moi la pénétrant violemment derrière elle. Je l’aime comme ça, se cambrant, exultant en des râles excitant. Son corps cintré de ses sous-vêtements noirs, sa chevelure se balançant à contre temps avec nos mouvements. Les bras en croix je jouis en elle, au plus profond d’elle, mais je ne le sais plus. Je suis ailleurs. La mort m’a envahit, mon corps est rigide comme la pierre, je cris, je hurle… tout est noir, une monté sanglante dans mon cerveau et le gouffre me gobe infiniment. Il me semble que je m’écroule, à terre, comme la carcasse d’un bœuf qui tombe au sol après le couperet final.

Peu à peu la lumière est revenu, je suis vivant, vider, et je me suis retrouvé sur le lit, a genou les mains agrippées à ce qu’elles peuvent. J’étais fatigué et toutes les eaux de mon corps semblaient vouloir me quitter. J’étais le fleuve qui s’épanchait sur les draps.

Un peu plus tard on a recommencé, plus lentement, moins pressé par le plaisir. Je voulais juste la voir, Julia sur moi, en amazone, toujours enserrée par ses vêtements noirs, les mains dans les cheveux, la lèvre mordu n’interdisant pourtant pas le silence, et menant la danse. Je ne faisais rien ou presque. Juste de ma bouche, la litanie du « baise-moi ». Son corps comme une cavalière sur le mien. La jouissance est toujours profonde ainsi, moins violente mais plus proche du corps. Pas de perte. Juste mon sexe qui s’élance vers le plafond et qui la porte en coups saccadés presque à quitter le sol.

Un peu plus tard encore je crois que nous avons fait l’amour, lentement, presque dans le noir à grand coup de je t’aime. On a joui serrés l’un contre l’autre, l’un dans l’autre, l’un sur l’autre, très très proche. Je dis on, mais je crois que c’est surtout je.


Je me souviens avec Adeline on a essayé aussi cette fameuse danse. Apres des heures d’approche dans son appartement. Nos corps se serraient, assis, le plus possible. C’était chaud. Elle m’a toujours fait l’impression d’un chat qui ronronne. Son regard dans ces moments là change. Elle si souvent dure et accusante, ses yeux deviennent lointains, doux et de velours. Je ne sais pas qui elle regarde alors. On a essayé un jour. Ce fut un échec. Nos corps n’y croyaient pas. Je me souviens encore un peu de mes mains sur son ventre, sa petite poitrine si différente de celle de Julia. Je découvrais ce que je n’avais jusqu’alors que peu touché. Ma langue aussi essayait, cherchant dans les moindres replis de sa peau les points sensibles. Je savais déjà que son coup ne pouvait pas résister. Mais le reste, c’est plus dur à comprendre. Très vite nous avons été nus sur son lit. Nos corps se cherchaient mais se trouvaient pas, ou plus ne s’accrochait pas. Pourtant elle était jolie, là devant moi, enfin nue, moi qui l’avais tant désiré, espéré. Etait-ce la culpabilité qui a provoqué mon échec ? Etait-ce l’absence de ses gestes sur mon corps peut être trop habitué à plus de sensation ? Ou tout simplement que nous ne sommes fait que pour la tendresse tous les deux. Dans un monde où ne nous pouvons pas nous définir. Nous ne sommes pas un couple, nous ne sommes pas amants, nous ne sommes pas amis. Alors faire l’amour était peut être trop en dire.


Avec Julia aussi ça n’avait pas marché la première fois. Trop rapide. Mais nos corps se sont trouvés, vite. Depuis, on a tout essayé, tout ce qui peut se faire à deux, enfin tout ce qu’on imagine. Pas de peur, pas de limites, pas de barrière, pas de honte, juste un infini confiance entre deux personnes qui s’aiment. J’aime son corps. Même si parfois bien sur il me dégoûte. Tout homme ne peut regarder l’alter femina sans une sorte d’effroi ! Je l’aime et je la pénètre parfois dix fois par jour. Un monstre, je veux être parfois un monstre érotique. Hugo montait jusqu’à quinze parait-il ? Il y a encore de la marge. Mais Hugo n’avait pas l’ampleur de notre pornographie à sa porter. Pour nous dans ce siècle c’est plus facile. Je m’abreuve d’image, des sexes, des seins, des culs, je veux voir. Je veux tout voir. Je veux comprendre, voir toutes les femmes, tous les cons et les culs qui existent. De toute façon il est trop tard et je ne peux plus m’en passer. Il me faut ma dose, tous les jours, surtout le matin, une clope, des culs, se branler instinctivement presque devant un écran de plus en plus lumineux. J’ai essayé de montrer à Julia. Elle n’aime pas, trop froid, trop rapide, trop masculin. Evidement. Une femme a les yeux eyes wide shut, un homme les ouvre grand ouvert. Voilà, je me prends pour tom cruise. Parcourant les rues à la recherche de ses fantasmes. J’y trouve Adeline bien sûr. On ne l’a jamais fait, mais combien de fois fut-elle aperçu au moment de la jouissance. Dans les « solitaires » les deux femmes semblent se disputer la place. Au moment ultime c’est comme deux images qui se battent pour rester devant mes yeux. Même là, au plus profond de mon intimité je me scinde en deux.


Julia est une fille que j’encule violemment entre deux « je t’aime ». C’est une fille en qui je me perds et qui pourtant me structure. Je l’aime. Son corps ne semble pouvoir jamais me satisfaire puisque je l’aime. Je suis proche d’elle. Nos mains se rencontrent la nuit, elles se serrent. Elles jouent une danse féerique. Les doigts se frôlent, s’attachent et se détachent. La nuit est pleine. C’est au matin peut être que je la trouve parfois plus belle, plutôt excitante. Quand elle s’habille. Combien de fois ai-je attendu qu’elle porte ses vêtements avant de l’attirer près de moi et de la prendre. J’aime baiser le matin. Et puis après, c’est toujours la course effrénée dans les métros, on est toujours en retard quand on s’aime.

Le matin parfois je quitte Julia, et dans la journée je joue mon jeu secret avec Adeline. Pourtant je ne suis pas double. C’est bien le même, le même corps, le même esprit. Je donne tout deux fois. Je me vide deux fois, je me construis deux fois. Adeline je la regarde plus que je ne la touche. Il nous faut toujours un temps de latence. Des paroles, des livres, des phrases, avant que nos corps acceptent de se rencontrer. C’est plutôt son corps qui accepte, moi je le veux toujours.


Dans la journée, chez elle, on se serre. Elle a pleuré contre moi. Je la console, je lui parle, j’essaye de lui redonner espoir. Je mets tout en route pour qu’elle soit prête à oublier l’homme qui l’a quitté. Je sais que je l’aide finalement à en trouver un autre, et que ça ne sera pas moi. Ça me mine. Je ne peux pas accepter un autre homme sur ce corps qui ne m’appartient pas. Ai-je le droit ? Je m’en fou, je le prends. De toute façon les femmes font toujours ce qu’elles veulent. Je sais que d’autres hommes l’ont approchée. Je sais que d’autres hommes l’ont baisée. Quand, ou comment, elle ne le dit pas. Elle connaît ma jalousie et semble parfois en jouer. Alors je la porte plus près de moi. Très lentement ma main essaye de remonter sa robe, de frôler ses seins. Elle la repousse, tout le temps, mais ma main revient. Je la force, je la presse et ne lui donne pas le choix. Je joue avec le désir féminin, son manque, son envie et sa morale. Je sais qu’elle ne pourra pas résister longtemps. Je sais que le corps d’une femme aime être sur la rupture. C’est ça que j’aime chez elle. Elle dit non. Je continue, et j’attends le paroxysme de mon plaisir qui sera cet instant si précieux ou elle s’abandonnera. Apres, pour la forme presque, ma main se glisse dans son string très lentement. Mon doigt vainqueur s’introduit en elle. Elle souffle, gémit. Seul ma main bouge. Je ne peux pas faire autrement à chaque fois que de faire la différence. Plus petit, moins humide, et puis ce n’est pas la même odeur. Je suis à genou par terre Adeline allongée sur le canapé serre ma main entre ses cuisses, mes bras la portent presque, nos visages se caressent, je regarde ses yeux qui se ferment, sa bouche qui se serre, sa peau qui se colore. Nous avons chaud, nous transpirons. J’oublie mon plaisir. Je suis à elle, à son service, elle ne me touchera pas. Puis, tout à coup elle me demande d’arrêter. L’esprit revient. Je me retire. Je la prends dans ses bras, confus. On reste comme ça, à rien faire. De temps en temps je la caresse, pas trop…

Le soir je serais dans le lit de Julia, ne sachant vraiment plus à qui je pense quand je jouis. Dans quel corps je suis ? Je les aime et je me perds. Adeline ne veut pas prendre de place, Julia ne sais rien. Et moi… Moi je glisse lentement, imperceptiblement vers la chute.


La ville se calme. C’est comme ça depuis des mois. Les deux rivières, elles, coulent depuis des siècles ainsi que la ville qui les entoure. Mon secret se perd jours en jours à travers des confidences superflues. Les réseaux ne sont pas des juges, mais ils voyagent. Mes nuits sont remplies de femmes, de textes et d’érotisme. Les matins sont parfois difficiles, mais quitte-t-on l’enfer quand on a connu la douceur des femmes que l’on aime ?

Alors continue comme le mouvement sans fin de la machine. Les corps s’entrelacent, se découvrent, dévorent et jamais ne cesse de croire à leurs propres jeux. Au loin, comme un appel subtil de l’océan, je reconnais ma solitude qui ne m’a jamais quitté. Elle est comme une femme qui m’épie derrière une porte entrebâillée et qui attend son tour.