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Temps de lecture estimé : 23 mn
04/09/03
Résumé:  Deux jeunes femmes, amies, se retrouvent, une nuit, et oublient ensemble leurs soucis
Critères:  ff copains fépilée amour
Auteur : Songes  (Jeune homme)      
Line, Amalia, une nuit, deux amies


L’étoile du Jour avait presque complètement disparu lorsque Line entra dans ses appartements. Elle fit la lumière sur la grande salle qui lui servait de logis au sommet de la Tour de Jade. Au même titre que son trône, elle avait le droit inaliénable d’aménager sa demeure comme bon il lui semblait. Elle avait opté pour une unique pièce, au plafond ouvrable, qu’elle avait fait transformer en une clairière idyllique. Elle y avait fait placer, au centre, pour son confort personnel et l’harmonie des éléments, un bassin en forme de croissant de lune. Les allées qui se dessinaient entre les massifs de fleurs sauvages convergeaient toutes vers l’eau ; seule l’une d’entre elles s’éloignait sous une vaste tonnelle, où régnait un lit dans lequel on aurait pu, sans peine, coucher une dizaine de personnes. L’endroit respirait la quiétude et reposait les yeux des convives qui avaient la chance d’y pénétrer.


Fatiguée, lasse, elle ne se relâcha pas pour autant immédiatement. Jasyndre, seule autorisée à servir sa reine dans ses appartements, lui servit un repas complet et revigorant, de ceux dont la servante avait le secret. Elle fit en sorte que Line ne manque de rien et mange suffisamment pour maintenir sa santé au mieux de sa forme, puis apprêta le lit pour que deux personnes puissent y coucher, assurée qu’Amalia passerait probablement la nuit avec sa maîtresse. L’obscurité, d’ailleurs, avait pris ses droits sur le jour, et les astres commençaient à décorer le plafond découvert de la pièce. Utos était pleine, ce soir, et répandait sur les lieux sa pâleur diffuse. Line, doucement, se laissait aller à divaguer, regardait les étoiles s’allumer une à une, leur donnant leur nom à chaque fois qu’elle les reconnaissait. Sa servante prit soin de préparer le bain de sa reine avant de l’embrasser pour prendre congé.


Lorsque la camériste se fut éclipsée sous son autre tonnelle personnelle, seulement à ce moment, Line relâcha l’emprise de fer qu’elle avait sur ses sentiments et laissa libre cours à ses pensées. Pour mieux éprouver sa liberté, elle dégrafa la fine attache qui retenait sa robe translucide et la laissa glisser jusqu’à ses pieds, qu’elle agita un peu pour se débarrasser de l’étoffe. Elle ôta un à un ses bijoux, diadème royal compris. Elle ne garda que la boucle d’oreille de corail qui marquait son amitié avec Amalia. Le pendentif était presque tiède, irradiant le bonheur que la reine avait de retrouver son amie d’enfance. D’un geste souple, elle dénoua aussi les savants assemblages de sa chevelure ondoyante, qu’elle fit couler jusqu’à ses pieds. Ainsi délivrée, elle s’avança un peu dans la lumière blafarde d’Utos, qui donnait à sa peau une couleur d’irréel. De sublime habillée, elle devenait éblouissante ainsi exposée, nue. Son corps parfait s’arrondissait sur des formes lisses et fermes. Ses seins, hauts et pleins rivalisaient de charme entre eux. Hormis ses cheveux, elle était complètement épilée, et son bas-ventre ne cachait rien de la douceur de ses lèvres intimes. Elle tourna doucement sur elle-même, les mains plaquées sur son ventre, attentive au souffle du vent sur sa peau. Ses fesses, menues, invitaient les doigts à s’y promener délicieusement…


Ainsi, splendide muse, elle s’immergea dans le bassin pour se détendre et attendre son amie. Son visage, pourtant, affichait la détresse. Elle ne souriait pas, et les traits de sa bouche tiraient toute sa figure vers le bas, marquant son faciès douloureusement. Mais l’eau tiède et la douce lueur qui l’imprégnaient eurent progressivement raison de ses tensions, et elle s’abîma quelques minutes dans le sommeil réparateur et ô combien apaisant. Elle flottait presque, la tête et la pointe de ses seins hors de l’eau, les cheveux étendus comme les rayons d’un soleil autour d’elle.




Line en était là lorsqu’ Amalia fit son apparition, au bout de l’allée venant du porche du logis. Elle semblait à la fois impressionnée et émerveillée par le décor qu’elle découvrait. Elle s’avançait à pas mesurés, tournant la tête de tous côtés, sans voir son amie, dans le bassin. Seul, pourtant, le clapotis de l’eau rompait le silence de la nuit qui les entourait. Elle fit un pas de plus vers l’eau avant d’apercevoir Line, les yeux mi-clos, somnolente. Surprise de la trouver ainsi, elle marqua un temps d’arrêt, mais ne prononça pas un mot. Glissant sans bruit autour de la margelle, elle se plaça derrière sa reine, et s’agenouilla. Elle resta ainsi quelques secondes à la contempler, à la détailler, faisant la comparaison avec la dernière fois qu’elle avait pu la voir nue, il y a presque dix ans, lorsqu’elles n’étaient déjà plus des enfants, mais pas encore tout à fait femmes. Les courbes qu’elle arborait alors n’étaient pas aussi nettes qu’elles pouvaient l’être désormais, mais elle reconnut tout à fait le corps qu’elle avait quitté.

La boucle d’oreille de corail qu’elle avait elle aussi la brûlait presque, et c’est certainement ce qui fit rouvrir les yeux à son amie.



Line s’était retournée pour sourire à son amie, et barbotait vaguement pour se maintenir près d’elle, la détailler de près.


A son tour, Amalia ôta sa ceinture, aussi doucement que lui permettait son impatience grandissante de rejoindre Line. Elle fit tomber sa cape et la tunique qui la ceignait, pour se débarrasser de son bustier, libérer sa poitrine. Amalia était plus petite, et plus fine que son amie. Sa peau laiteuse contrastait avec le noir de jais de sa chevelure, qu’elle portait tombant jusqu’au-dessus de ses épaules. Elle avait de petits seins arrogants qui pointaient ostensiblement au-dessus d’un ventre blanc et plat, glissant sur des hanches un peu plus larges qu’il ne l’aurait peut-être fallu. Elle avait laissé un triangle sombre de toison, renforçant l’opposition avec la pâleur de sa peau. Pourtant, sa beauté ne déparait pas auprès de celle de son amie. Le regard tout à coup épanoui de Line lui fit comprendre et prendre un peu de rougeur à ses joues, flattée. Elle avait les yeux vert-gris indéfinissables que portaient les membres de sa famille, qui se perdirent dans les océans bleus de ceux de Line. Amalia se débarrassa finalement de ses bijoux, à l’image de celle qui l’attendait dans l’eau, ne gardant elle aussi qu’une boucle d’oreille.


Elle mit un pied dans l’eau pour en évaluer la température, et, encouragée par une Line qui lui tirait gentiment, se plongea auprès de son amie, qui l’embrassa tendrement avant de la laisser faire quelques mouvements délassants dans la longueur de la piscine. La reine eut quelques mots pour lui faire sentir le soulagement qu’elle avait à la sentir à nouveau près d’elle.


Amalia eut un sourire, à nouveau flattée. En quelques brasses, elle fit face à la jeune femme et la prit dans ses bras. Leurs corps se retrouvèrent doucement et elles s’enlacèrent longuement, immergées dans l’eau et le bonheur de se réunir. Elles s’abandonnèrent à leur osmose de longues minutes durant lesquelles, sans parler, elles se communiquèrent leurs sentiments. Complices de toujours, elles savaient se comprendre en silence, que seul le léger mouvement de l’eau venait rompre de temps à autre. Leurs bouches se trouvèrent à nouveau, et leur baiser se fit plus marqué, passant de celui de deux amies à celui de deux amantes. Pour elles, la différence n’importait plus depuis longtemps, et les deux femmes se blottirent encore un peu plus dans les bras l’une de l’autre.


Line se redressa un peu, pour fixer son amie dans les yeux. Elle l’attira au bord du bassin, et s’extirpa de l’eau, suivie d’Amalia. Ruisselantes de milliers de fines gouttelettes, elles s’étendirent à même l’herbe, la main dans la main, laissant la petite brise nocturne les sécher. C’est Amalia qui rompit le silence :



En répondant ainsi à Line, Amalia avait posé ses mains sur le ventre de sa reine et le caressait, traçant de ses doigts des cercles imaginaires.



Elle se redressa pour prendre la main d’une reine les yeux pleins de larmes de reconnaissance, l’accompagnant jusqu’au lit. Elle la fit s’étendre, sur le dos, et s’approcha d’elle pour l’embrasser.



Elles se turent d’un profond baiser et Amalia laissa s’aventurer ses mains sur la peau extraordinairement douce du buste de son amante. Elle s’empara de ses seins qu’elle vint frotter aux siens, attentive à leur réaction. Elle se sentait vibrer au rythme du souffle de sa partenaire, et lui câlinait la poitrine, les lèvres soudées aux siennes. Ses doigts s’aventurèrent dans son cou, sur sa nuque, lissant ses cheveux désordonnées, descendant à nouveau sur ses seins tendus à la rencontre des siens, arqués et gonflés de désir. Leurs corps se rapprochèrent un instant pour se séparer à nouveau tandis qu’Amalia cherchait des doigts le sexe de son amie. Elle l’effleura du pouce, arrachant à Line un soupir, et la regarda fixement, détaillant chaque parcelle de son corps qu’on aurait dit nimbé d’une aura de chaleur envoûtante. La reine attira son amante à elle et saisit de ses lèvres le téton qui s’approchait de son visage. Elle s’y fixa, aspirant, léchant, mordant le bout de chair qu’Amalia mettait à sa portée. Cette dernière s’évertuait à écarter les jambes de sa partenaire au maximum, et se libéra de la caresse de Line pour faire descendre sa langue. Elle partit de la limite entre les cheveux et le front de la reine, pour glisser lentement entre les deux yeux qui se fermaient. Elle gagna son nez, qu’elle lécha généreusement, atteint ses lèvres, dont elle suivit le contour millimètre par millimètre. Elle ne put s’empêcher de s’y éterniser, passa sa langue entre les doigts de sa muse, lui offrant un long baiser où leurs bouches s’unirent dans une osmose grandissante.


Elle reprit sa route, laissant une ligne humide sur son menton, fouillant son cou pour y trouver la naissance de son torse. Line vibrait littéralement, saisissant avec fougue les hanches d’Amalia, comme pour l’empêcher de fuir. Loin de s’éloigner la douce maîtresse continua à descendre, découvrit le grain de la peau de ses seins, dégagea un peu le passage entre les mamelons magnifiques de la reine en transe. Elle sut qu’elle avait trouvé l’origine de la fragrance royale qui la saisissait, lorsque sa langue lui transmit le goût sucré lié au parfum qu’elle respirait autour d’elle. Sa langue ne s’y arrêta que pour s’en imprégner, revint vite embrasser la bouche de sa maîtresse, puis repartir en quête. Elle suivit le sillon entre ses seins, et s’arrêta à nouveau autour de son nombril. Elle en fit le tour, et fouilla avidement se recoins. Alors elle s’écarta pour poser une goutte de salive sur chacune des quatre petites cicatrices qui ornaient la gauche du ventre de sa complice. Cette étape faite, elle atteignit doucement le bas du ventre de Line, qui le tendait frénétiquement vers elle.


Amalia releva la tête, et plaqua ses mains sur les cuisses de son amante. Elle chatouilla la naissance de ses jambes, avant de tapoter les lèvres humides qui partageaient en deux parties exactement symétriques le sexe inondé de Line. Amalia y posa la bouche et l’embrassa comme elle aurait embrassé celle de la reine. Celle-ci gémit de plaisir, resserrant doucement ses cuisses autour de la tête d’Amalia. La caresse lui fit perdre tout contrôle d’elle-même, et elle poussa son bassin vers la bouche exploratrice en un rythme saccadé… Elle ahanait doucement, sentant la langue caresser son intimité toujours plus profondément. Elle explosa enfin, lorsqu’ Amalia posa un doigt sur son bouton dressé, et le pressa, par jeu, comme pour déclencher le raz-de-marée qui submergea la reine. L’orgasme fut dévastateur, libérateur, et elle put y faire passer toute la tension qu’elle avait accumulée ces jours-ci. Amalia continua sa caresse, ravie du bonheur qu’elle procurait à son amie, bien décidée à l’empêcher de retomber de son nuage. La reine, à peine détendue de sa première jouissance, repartit dans sa plénitude, alors que sa partenaire mettait son clitoris à la torture. Elle s’arrête alors soudain, laissant Line revenir à elle, couverte de cyprine du visage jusqu’au bas de sa poitrine et vint se coucher sur elle, pour l’embrasser avec toute la force dont elle pouvait faire preuve. Line la serrait contre elle follement, et elles sentaient palpiter leur cœur au travers de leurs seins écrasés les uns contre les autres.


Sans dire un mot, Line repoussa Amalia sur le dos et se leva pour aller chercher quelque chose au fond du jardin-logis. Elle laissa quelques instants son bourreau piteusement étendu sur le lit, le sexe et le corps entier en feu, n’ayant pas encore pu exulter. Amalia fixa les étoiles un moment, les bras et les jambes étalés dans le lit immense de leurs ébats. Il lui sembla que la reine tardait à revenir, tant ses sens hurlaient leur désir d’assouvissement. Elle se sentait, paradoxalement, hors du temps, dans une bulle inviolable qu’elle partageait avec Line.


Line revint tout de même, le sourire aux lèvres, un objet oblong à la main. Elle ne prononça que quelques mots à l’intention de son amante :



Elle lui arbora leur jouet préféré à elles deux, qui présentait deux extrémités taillées à leur mesure respective. Pour bien faire comprendre à une Amalia interrogative de quoi il retournait, la reine suça l’un des deux bouts, espiègle. Le visage d’Amalia s’éclaira alors d’un coup, lorsqu’elle saisit les allusions et reconnut l’objet qui avait pu leur procurer tant de plaisir… Elle se laissa alors faire, rendue aux mains expertes de son amie.


Cette dernière la fit s’asseoir, le dos de biais sur de nombreux oreillers, de façon à former un angle propice à leurs jeux. Elle vint se placer à califourchon au-dessus de ses jambes, qu’elle lui fit bien écarter. La main sûre, elle plaça l’extrémité adéquate sur les lèvres glissantes du sexe d’Amalia, qu’elle força doucement pour introduire l’objet. Poussant lentement, la forme épousait les parois profondes du vagin de son amie, se modifiait à mesure qu’elle s’enfonçait en elle pour ne faire qu’un avec les contours du sexe attisé, au comble de son excitation. Line le fit aller et venir, sans rythme précis, provoquant en sa partenaire des frémissements, qu’elle ressentait comme si c’était elle-même qui en était le siège. Les doigts d’Amalia se tenaient fermement à ses fesses, et l’attiraient inexorablement à venir la rejoindre dans le plaisir. Ses yeux se révulsèrent comme elle poussait un râle de bonheur, les membres tendus à l’extrême, laissant sur le fessier de Line de larges marques rougies qui s’estompèrent doucement alors qu’elle revenait à elle, l’objet toujours à l’œuvre au fond de son sexe en fusion.


La reine se pencha sur elle, et l’embrassa un moment avant de prendre les mains de l’autre femme, pour qu’elle vienne saisir et maintenir l’objet tandis qu’elle venait se placer au-dessus, afin de s’y empaler langoureusement, sur le bout érigé hors d’Amalia. Elle n’eut aucun mal à faire glisser l’engin en elle, conçu pour lui aller comme une seconde peau. Line ferma un instant les yeux pour sentir monter les sensations de son corps mêlées à celles de celui d’Amalia. À la voir, le même phénomène se déroulait en elle aussi. Elles vibraient chacune pour deux, ne faisaient plus qu’une dans leur jouissance. Le bonheur de l’une était le bonheur de l’autre, qui rendait à la première la chaleur de son excitation, en une spirale folle de plaisir infini où leur raison allait s’abîmer, ivres de bien-être.


Line s’allongea sur Amalia, glissant sa langue entre les lèvres entr’ouvertes de sa partenaire, qui se laissait emmener, à l’écoute des vibrations les plus intimes de l’amie qu’elle retrouvait totalement. Elles commencèrent alors à onduler, l’une contre l’autre, leur corps se frôlant, frottés doucement, accentuant la tension de leur peau empourprée. Leurs mouvements faisaient naître en elles des vagues de bonheur qui balayaient toute leur retenue, elles gémissaient sourdement, en réponse l’une à l’autre, jouissant pour deux, ressentant ce que deux éprouvaient. Elles synchronisèrent tout en elles, sans même s’en rendre compte, de leurs gestes enfiévrés aux palpitations galopantes de leur cœur, et purent, ensemble, entendre monter de leur ventre soudé l’un à l’autre, la première déferlante d’un orgasme multiplié à l’infini par le miroir qu’elles constituaient l’une pour l’autre, l’une sur l’autre, l’une dans l’autre, l’une identifiée à l’autre. Leur baiser leur communiqua même leur respiration à l’instant fatidique où la jouissance les renversa.


Elles tremblaient de la tête aux pieds, de la même ardeur, les yeux clos, la bouche soudée à celle de leur amante. Elles pouvaient sentir tout le bien-être que leur amenait la caresse de leurs seins, tendus à l’extrême, joints l’un à l’autre. D’un accord inconscient, les ondulations reprirent, cette fois plus lentes, toujours plus conscientes l’une de l’autre. Elles laissèrent venir doucement les prémices d’une nouvelle explosion, et retinrent leur bassin, faisant redescendre d’un cran la force de leurs sensations, pour mieux les sentir revenir le long de leur corps et les laisser exploser dans leur cerveau avide. Leur unité, sans faille, renforçait encore l’osmose qui les liait au fond de leur nuit de bonheur.


Elles étaient couvertes de sueur, mais leur être n’était toujours pas rassasié. Leur sexe, pourtant déjà extraordinairement comblé, dont les lèvres s’emboîtaient à merveille, autour de leur jouet, en demandait encore. Les vagues ondoyantes de leur anatomie toute entière se firent folles, démentes, elles s’éloignaient pour se rejoindre violemment, au bas de leur ventre, le bien-être montait furieusement de leur vagin surexcité par poussées de chaleur fantastiques, que le dénouement laissa loin en-deçà. Elles avaient transformé leur intimité en volcan enragé, leurs fluides s’échappant d’elles à la température de la lave en fusion, et, à nouveau, ensemble, simultanément, elles jouirent dans un rugissement intérieur tournoyant, fulgurant.


Leur démence retomba, et elles rouvrirent les yeux pour se sourire et fixer avec satisfaction celle qui était elle encore à cet instant, celle qui les avait fait passer toutes les limites de leurs sensations. Elles tombèrent sur le lit, toujours emboîtées, heureuses, laissant l’objet continuer son travail dans leurs profondeurs. Leurs caresses se firent attentives, elles suivirent de leurs doigts les voies qu’empruntaient leurs plaisirs, en estimèrent le grain de la peau et le charnu de leurs lèvres gonflées de désir. Doucement, au bord d’un nouvel orgasme profond, d’une nature plus subtile et lente, elles reprenaient conscience de leur matérialité, de leur corps bouillant, mais ne se lâchaient pas pour autant. Elles s’immobilisèrent tout à fait pour laisser tout le champ à leur intellect, afin de savourer le bonheur formidable que leur proposait ce nouvel orgasme, différent en tous points de précédents. Elles eurent l’impression de plonger leur être dans l’océan en furie de la jouissance de leur partenaire, et prirent un plaisir toujours plus exquis à s’abandonner l’une à l’autre, par l’intermédiaire improbable de l’objet qui les perforait toutes deux à la perfection.


Elles se prirent à vouloir renouveler la dernière jouissance qu’elles avaient eu, et l’objet, semblant les écouter et leur obéir au doigt et à l’œil, redéploya ses merveilles pour leur laisser sentir une dernière fois le bonheur d’un orgasme parfaitement dosé, idéalement mené à bien. Il les laissa ressentir l’immense plénitude de leur plaisir ultime, pendant de longues minutes maintenu à son apogée. Elles éprouvèrent alors, lorsque les palpitations quittèrent leur chair progressivement, une intense reconnaissance réciproque, que leur complicité leur avait apporté. L’objet se rétracta de lui même, quand leurs sens s’apaisèrent tout à fait, et tomba au sol naturellement, sa tâche accomplie à la perfection.


Line et Amalia retrouvèrent la douce brise qui caressait leur corps inondé, méconnaissable, et les étoiles parurent briller une seconde si intensément qu’il fit presque jour autour d’elles. À la manière des chats, d’un commun accord, encore imprégnées de leur osmose passée, elles entreprirent de lécher mutuellement chacune des parties de leur corps, n’en négligeant aucune parcelle insistant sur leur ventre encore chaud, et les lèvres de leur sexe épuisé, qui, pourtant, leur offrit tour à tour à l’une et à l’autre une toute dernière vague d’abandon. Elle explorèrent l’intégralité de leur être qui s’engourdissait, faisant disparaître petit à petit les marques de leur union, elles savourèrent le goût de leur puits de cyprine respectif et refermèrent au-dessus de leur clitoris son capuchon protecteur. Elles leur promirent sincèrement, d’un clin d’œil, d’y revenir chaque fois qu’elles le sentiraient nécessaire. Leurs baisers se faisaient souffle apaisant sur leur échine, elles s’enlacèrent encore pour éprouver la chaleur protectrice et accueillante de leur poitrine, se soulevant et s’affaissant au rythme de leur respiration toujours accordée.


Les mains de Line sur le sexe et la toison d’Amalia, un doigt glissé entre ses lèvres intimes, elle s’endormit la première. Amalia la regarda longuement, la comparant à nouveau à l’amante qu’elle avait connue il y a déjà si longtemps et la sentit changée, bien plus douce et réceptive qu’elle n’avait pu l’être. Sentant le sommeil la gagner lentement, elle leva la tête une dernière fois vers les étoiles juste à temps pour voir disparaître la leur. Discrètement, elle défit sa boucle d’oreille pour la remplacer par celle de Line, et mettre la sienne à la place. L’échange fait, elle sombra à son tour dans un sommeil qui la réveillerait, demain, fraîche et bien plus rayonnante qu’elle n’avait pu l’être à l’aube de ce jour.




L’aube et Jasyndre les trouvèrent donc, ainsi serrées l’une contre l’autre, endormies, un sourire extatique accroché à leurs lèvres. La main de Line était restée sur le bouton d’amour de sa partenaire, et Amalia s’était couverte des longs cheveux blonds de Line. Jasyndre sourit à ce spectacle, soulagée que sa reine ait su trouver la personne qui pourrait la soutenir sans limite pour les jours à venir. À son habitude, douce et attentionnée, elle promena ses doigts sur la joue d’Amalia, l’appelant en son for intérieur à se réveiller. Elle fit passer sa main sur son dos et s’évertua à la chatouiller légèrement pour qu’elle fasse surface sans alerter la reine. Son savoir-faire était efficace, et Amalia ne tarda pas à ouvrir les yeux, lourds, mais brillants, sur le jour naissant. Elle bougea un peu la tête et comprit ce que voulait la camériste, subtile jusque dans ses moindres desseins.


Amalia posa ses lèvres sur celles de Line et les pressa à mesure qu’elle enrichissait son baiser de caresses sur la peau fraîche de la jeune femme qu’elle frôlait. Quelques instants de ce traitement suffirent eux aussi à sortir Line de son sommeil. Elle eut le même spectacle qu’Amalia à son réveil, à savoir un corps accueillant en face d’elle, désireux de la ramener à la réalité avec toute la douceur dont Amalia pouvait faire preuve. Elle rendit son baiser à son réveil matin, et se redressa pour apercevoir une Jasyndre rayonnante.



L’Amalia en question rougit et se laissa faire, reposant son dos contre la poitrine de la reine, ses fesses frôlant le bas-ventre de la jeune dame.



Oh ! » Jasyndre savait pertinemment que Line jouait avec elle, mais avait le tact de se laisser entraîner dans ses facéties. Elle ne l’avait pas sentie reposée depuis des mois et voyait l’intérêt qu’elle avait à prolonger l’état de grâce le plus longtemps possible. Les joues d’Amalia s’étaient à nouveau teintées de rose, et la servante ne doutait pas un instant que le traitement qu’elles s’étaient fait subir mutuellement lui avait fait autant de bien qu’à la reine. Elle les exhorta à se lever, ce qu’elles firent à regret, et telle une duègne qui traînait ses enfants à la corvée, elle leur prit chacune la main, les entraînant au bassin. Elle les y poussa joyeusement, elles se laissèrent tomber à l’eau dans une grand éclaboussement, ne manquant pas de l’inonder des pieds à la tête.


Son pagne court retenu à sa taille par une fibule d’opaline risquait de tomber à ses pieds. L’eau l’avait alourdi, l’entraînant inexorablement vers le bas, révélant les courbes pleines de son corps, à la naissance de ses cuisses. Pas un poil n’apparaissait sur son ventre, laissant penser qu’elle était aussi lisse que sa reine. Les yeux d’Amalia remontèrent vers sa poitrine, que la bande de tissu qui les enserrait n’arrivait plus à cacher. Deux seins engageants se devinaient par transparence, ornés de leur aréole sombre et marqués de deux pointes prisonnières de l’étoffe humide. La victime gronda pour la forme, regardant ses deux espiègles farceuses, l’air gêné de paraître sous ce jour à leurs yeux. Ceux-ci la dévoraient d’ailleurs, affamés par sa fécondité généreuse. Un doux frisson la parcourut, parti de ses tempes pour exploser au bas de son ventre, mais elle retint celui qui tenta de suivre le chemin inverse, et posa ses mains à sa ceinture pour soutenir le pagne rebelle dont elle avait failli perdre le contrôle.


Les deux complices riaient aux éclats à ce spectacle, main dans la main, flottant la poitrine à la surface de l’eau. Leurs mines malicieuses en disaient long sur leurs intentions, ne manquant pas de faire naître chez Jasyndre un sentiment soudain d’appréhension, mêlé de joie de les voir autant s’amuser. Elle les regarda regagner le bord du bassin, se hisser hors de l’onde, ruisselantes, et s’approcher d’elle, les mains tendues en avant. Elle esquissa un pas de recul, mais les deux sirènes étaient déjà sur elle, prêtes à la déguster sans pitié. D’ores et déjà, elle avait cédé à leurs chants, qu’elle n’avait pu ignorer, quand bien même elle l’aurait voulu. Elle voulut protester, tout de même, à nouveau, la voix teintée d’une pudeur qu’elle sentait fondre comme neige au soleil, alors que leurs bras l’entraînaient.



Line posa son doigt sur la bouche de Jasyndre pour la faire taire et la poussa à l’eau sans ménagement. D’un geste souple, elle déroula la bande de soie qui enserrait son buste, alors qu’Amalia, devenue ondine, plongeait sous elle pour tirer à elle son pagne. Elles laissèrent dériver les vêtements au loin, et se consacrèrent toutes entières à leur servante frissonnante, que de rares sursaut empêchaient encore de s’abandonner tout à fait. Amalia et Line se placèrent chacune à ses côtés et entreprirent de faire dresser ses tétons, les malaxant avec douceur, synchrones. Elles n’eurent pas beaucoup à attendre pour voir leurs efforts récompensés, la poitrine de Jasyndre gonflant et rosissant à mesure que ses deux extrémités, sensibilisées à l’envi, se durcissaient.


Toujours ensemble, elles prirent ces bouts entre leurs lèvres pour les mettre au supplice des délices de leurs caresses. Jasyndre haletait déjà, toutes ses réserves envolées définitivement, et ses mains étaient venues se poser sur les épaules de ses amantes. Pas un seul endroit de son corps n’échappa, à leur habitude, à leurs caresses expertes. Les deux jeunes femmes étaient tantôt occupées à la lécher, tantôt affairées à faire courir sur elle leurs doigts. Elles déclenchaient en elle des feux d’artifice de plaisir chaque fois qu’elles touchaient un point sensible de son anatomie. Leurs mains s’aventurèrent dans sa bouche, jouant avec sa langue, glissant entre ses cuisses, le long de ses jambes. Le désir montait en elle à grand renfort de gémissements qu’elle ne savait plus contrôler. Elle les voulait de toutes ses forces, ses petits cris de bonheur les appelaient à elle sans équivoque.


Alors, elles se placèrent de manière à ce qu’elle se retrouve entre elles deux, et elle put sentir deux paires de seins enserrer divinement son buste. Amalia était serrée face à elle, tandis que Line s’écrasait dans son dos. Elle pouvait sentir leurs corps se lover contre elle, la réchauffant de leur propre chaleur, leurs doigts cherchant à l’aveuglette son sexe immergé. Lorsqu’elles le trouvèrent, Jasyndre n’eut pas la force de retenir un premier orgasme rapide et précis, qui l’emmena au bord de la syncope. Mais elle pouvait se laisser aller, les jeunes maîtresses la retenaient prisonnière. Elles ne s’arrêtèrent d’ailleurs pas là, et leurs doigts continuèrent à fouiller son intimité, dressant son bouton d’amour hors de sa cache, le caressant avec toute la volupté dont elles étaient capables, lui arrachant de nombreux soupirs de bonheur non simulé.


Toutes entières orientées vers elle, elles se frottaient contre elle, la couvraient de baisers enflammés, insérant chacune leurs doigts au fond de sa cavité de feu. Doucement, elles la menèrent à un nouvel orgasme flamboyant, dont elle ne put retenir, à nouveau, l’arrivée. Elles s’y entendaient magistralement pour la faire planer au-delà des rives du conscient, et s’arranger pour prolonger son plaisir au plus loin du supportable. Emportée par une série de jouissances très proches les unes des autres, elle perdit connaissance dans leurs bras.




Quand elle reprit connaissance, elle était allongée sur le rebord de la piscine, près des deux jeunes femmes qui s’embrassaient et se caressaient à tout rompre. À bien y regarder, elles semblaient sur le point de jouir toutes deux. Jasyndre n’y regarda pas à deux fois et fondit sur elles pour les séparer, son idée arrêtée. Elle les attrapa l’une et l’autre, pour les éloigner. Elle les frictionna en s’arrangeant pour exciter leurs sens à l’envi, désireuse de vengeance. Une fois qu’elle les eut ointes des huiles de soin, elle les laissa au borde de l’explosion quelques minutes, flottant à distance l’une de l’autre, les empêchant de se rejoindre, entretenant leur supplice jusqu’à estimer qu’elles avaient suffisamment souffert. Elle les ramena alors près d’elle, tremblantes et rouges de plaisir, pour déclencher leur jouissance simultanément de deux claques bien placées, l’air satisfaite.



Elles s’assirent à la petite table que Jasyndre avait couverte d’aliments énergétiques et consistants, qu’elles mangèrent consciencieusement, discutant innocemment des années qu’elles avaient passées loin l’une de l’autre. Le sourire était au rendez-vous, mais les visages restaient sérieux, occupés. La servante acheva de renouer la natte de la reine alors que cette dernière finissait son repas. Elles se levèrent d’un seul bloc.



Line déposa un baiser chaste sur les lèvres des deux autre femmes, et s’enfuit.