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Temps de lecture estimé : 47 mn
24/10/03
Résumé:  Je me demandais, en ouvrant mon frigo, ce que j'allais me faire à manger, quand la sonnette retentit. A la porte, se tient une jeune femme assez mignonne avec un gros livre dans les mains...
Critères:  fh
Auteur : Patrik  (Carpe Diem Diemque)            Envoi mini-message
Porte à Porte

En ce mercredi soir d’avril, je n’ai pas une pêche d’enfer. En rentrant dans mon appartement de joyeux célibataire, vers vingt heures, je me suis affalé dans un fauteuil, histoire de récupérer de mon infernale journée. C’est bien beau d’être gérant pour une enseigne européenne de garages et d’accessoires automobiles ! Ce n’est pas rose tous les jours !

Néanmoins, je suis fier de moi : j’aurais trente ans dans peu de temps et ma vie professionnelle est comblée. Par contre, ma vie privée est un hôtel des courants d’air. J’ai bien eu quelques aventures avec des vendeuses ou des clientes mais rien de vraiment concret. Je suis assez beau garçon, d’un type nordique. Vous savez, les grands machins, les blonds aux yeux bleus, mâchoire carrée, mais je crains de devenir un « vieux beau» d’ici peu !

Un rapide coup d’œil sur les programmes télé m’a démontré que je ne perds rien à ne pas trouver cette fichue télécommande. Je me demandais, en ouvrant mon frigo, ce que j’allais me faire à manger, quand la sonnette de la porte d’entrée retentit.


Intrigué, j’ouvre la porte. Face à moi, se tient une jeune femme assez mignonne avec un gros livre dans les mains. À peine suis-je à l’écoute qu’elle entreprend de me vendre une encyclopédie, modèle dernier cri en vingt volumes, plus le cd-rom et une sorte d’agenda calculatrice dictionnaire tout en un. D’habitude, j’envoie joyeusement balader ce genre de démarcheur mais aujourd’hui, je suis amorphe et comme j’ai un commencement de vague cafard, je l’écoute me débiter son speech.


Il faut reconnaître qu’elle croit en son produit et qu’elle y met de la conviction. Hochant de la tête de temps à autre pour faire illusion, j’en profite pour la détailler de cap en pied. Si la demoiselle est jolie, ses vêtements sont élimés, bien qu’ils puissent faire illusion. Elle prend visiblement soin d’elle mais n’a pas les moyens pour renouveler sa garde-robe. Ses chaussures à talon mi-haut sont cirées mais bien vieilles. Sa jupe a beaucoup vécue et devrait entamer une retraite bien méritée sous la forme de chiffon. Sa veste est polie à force d’avoir été brossée et lavée. Par dessous, sa chemise lilas a son col élimé. Un collier or (imitation?) cerne son cou, aucun bijou à ses doigts et mains, pas même une montre. Ah si, des boucles d’oreille ciselées sous ses cheveux noirs remontés en chignon…


Même si j’apprécie la demoiselle, je reste intrigué par sa présence : comment est-elle entrée dans mon immeuble, soi-disant surveillé et à accès digicode ? N’empêche qu’elle est mignonne avec son visage triangulaire, ses lèvres d’un rouge vif naturel et ses yeux noirs, certainement une méditerranéenne. Franchement, j’en ai rien à faire de son encyclopédie payable en 20 mensualités mais le spectacle qu’elle m’offre est nettement plus divertissant que les programmes télé de ce soir !

Je viens de réaliser qu’elle a franchi le seuil de ma porte et que nous sommes au milieu de mon couloir d’entrée. Elle sait s’y faire, même si ça ne doit pas payer des masses, au vu de ses habits. À moins que ce ne soit un truc pour apitoyer le chaland mais je n’y crois pas, ce ne doit pas être le genre de cette jeune femme. Je sais reconnaître à présent la catégorie d’un client en moins de quelques secondes, ce qui est utile pour l’aiguiller sur le bon produit. Ça va faire dix minutes, et plus, qu’elle me baratine et je crois l’avoir cernée : une brave fille, consciencieuse, travailleuse, tête de mule et une certaine fierté !



Sa voix me fait sortir de ma rêverie. Prendre quoi ? Ah oui, son encyclopédie en 20 volumes. Pendant un centième de seconde, j’ai failli dire oui mais pour la prendre, elle, pas sa marchandise. Je lui explique calmement, que tout réfléchi, je ne vois pas trop ce que je pourrais en faire. Elle me regarde d’un air stupéfait puis devient rouge de colère et de dépit.



Et je lui montre la porte entrouverte qui est sur sa gauche et qui mène au salon et salle à manger. Interloquée, elle se calme, regardant la porte puis m’interrogeant muettement des yeux. Je lui fais signe d’y aller, si elle le désire.


Intriguée mais méfiante, elle entre dans la grande pièce et découvre, ahurie, le long d’un mur une grande bibliothèque chargée de livres sur six mètres linéaires et deux mètres cinquante de haut. Ci et là, des niches qui contiennent des maquettes de voitures. À prime vue, cela lui en bouche un coin.



Elle s’approche des rayonnages et constate que tous les livres, ou presque, ne concernent que l’automobile depuis plus de cent ans. Il y a de tout : du livre d’art au manuel technique, en passant par divers catalogues.



Pas besoin qu’elle sache que je suis propriétaire de celui-ci.



Son encyclopédie ne me tente pas, par contre, elle si… Mais je ne suis pas obligé de le lui dire.


Une grande lassitude se peint sur son visage, ses traits se décomposent, elle se laisse tomber dans un fauteuil et se met à sangloter silencieusement. Je reste planté là, idiot, stupide, ne sachant que faire. Me ressaisissant, je m’approche d’elle et je m’agenouille à côté du fauteuil. Comme je sens que si j’ouvre la bouche, je risque de dire une stupidité, je ne dis rien ; je me contente de poser ma main sur son épaule. Elle se reprend peu après.



Elle se redresse d’un coup, une lueur fière dans ses yeux humides et lance :



Nous allons dans la cuisine, elle regarde le contenu du frigo, une expression d’envie glisse sur son visage. Elle ouvre ensuite les portes des armoires, un sourire crispé, devant mes rayonnages plein de victuaille et de boites de conserve. J’en aurais presque honte.



Elle s’active comme une petite fourmi pressée sur la table de cuisine. Elle est à présent en chemise et je constate avec plaisir qu’elle est décidément bien faite ! Une mignonne poitrine bien ferme s’offre à mes yeux et je devine sans problème l’armature de son soutien-gorge par dessous. Elle est trop affairée pour se rendre compte que je la mate sans vergogne, tout en lui fournissant les ingrédients qu’elle réclame. Ceci faisant, entre un pot de crème fraîche et des lardons, j’apprends qu’elle se prénomme Elodie. Et que moi, c’est Denis, c’est vrai, j’avais oublié de me présenter !


L’entrée finie, reposant dans le frigo et le gratin dans le four, nous sommes à présent assis dans le salon, verre en main, cacahouètes et autres biscuits salés sur la table basse. Le livre témoin est ouvert sur le canapé à côté de moi. Je le feuillette distraitement tandis qu’elle jette un coup d’œil circulaire sur la décoration moderne de la pièce. Son regard revient souvent sur la multitude de livres qui tapisse mon grand mur. Elle est impressionnée par cette collection ciblée. Un certain silence pesant s’installe entre nous. Elle grignote quelques biscuits lentement et se retient visiblement d’avaler le bol complet. Elle vient d’avaler son verre de kir et m’envoie un signal muet qu’elle ne serait pas contre un autre. Je l’exauce tout en me demandant ce que je ferais si elle descend ainsi la bouteille et qu’elle soit hors service. Je présume qu’elle saura s’arrêter à temps…



Je doute qu’elle puisse mettre beaucoup, vu l’état de ses habits.



Son visage se rembrunit. Je décide de parler d’autre chose et nous nous découvrons vite un point commun pour la Grèce. Elle adore les antiquités, la Grèce antique et sait même lire le grec ancien dans le texte. Elle connaît mieux la période antique que ces dix dernières années. Son rêve serait d’aller enfin là-bas et de découvrir en réel ce qu’elle ne connaît qu’en photos.

Je suis un peu gêné de lui avouer que j’en suis à mon sixième voyage. J’aime, moi aussi, tout ce qui a trait aux Cyclades, ces îles qui s’étendent d’Athènes à la Crète. Je vois bien qu’elle rêve tout haut quand elle me parle de l’Acropole, de Delphes, de Cnossos, un rêve lointain et merveilleux. Il me vient l’idée déraisonnable de l’embarquer dans mes bagages la prochaine fois que j’irai… Je m’étonne de cette idée saugrenue : j’ai honte ? J’ai envie de faire une bonne action ? J’ai simplement envie d’elle ?


Je commence à mieux comprendre la façon dont elle a essayé de me vendre son encyclopédie, elle aime apporter la culture, à l’entendre, c’est une vocation, un sacerdoce. Elle aurait dû être prof d’histoire. Je réalise alors qu’elle doit avoir vingt-cinq ans à tout casser et qu’elle n’a pas pu se payer l’université. Je constate le gouffre qui me sépare d’elle ; j’ai presque tout, elle a presque rien.

Rien sur ses mains non plus, pas de bagues, je l’avais déjà remarqué. Je profite d’une courte pose pour lui demander à brûle-pourpoint :



Puis elle se lève d’un bond :



Je préfère me taire. Ceci étant, j’en ai conclu qu’elle était célibataire. Peu après, nous mangeons nos entrées tout en continuant de parler de la Grèce. Doucement, elle dévie vers la Rome antique. Elle en connaît aussi un sacré rayon ! Je suis de plus en plus étonné et surpris, agréablement surpris. Cette fille est décidément pas mal du tout, une belle petite tête bien faite dans un beau petit corps bien fait !


Puis vient le gratin dauphinois. Elle a surdosé, il y en a pour quatre, voire six personnes ! Nous continuons à deviser sur l’histoire, avec des transversales sur la littérature. Elodie est capable de parler de tout dans ce domaine. Je me demande si elle n’est pas la réincarnation d’une femme de cette lointaine époque ! A ma grand stupéfaction, en moins de quinze minutes, le plat est vide, nettoyé, plus un atome de crème fraîche, de lardon ou de pomme de terre dedans. Hallucinant. Elle n’a pas mangé à sa faim depuis combien de temps ?


Attablée devant une glace, elle continue son exposé, embarquée dans la quatrième dimension de son rêve éveillé, de toute cette histoire ancienne qui défile devant ses yeux comme si elle regardait la télévision. Moi, je suis fasciné par cette aisance, par ces yeux sombres qui luisent de bonheur à conter. L’heure tourne et malheureusement, elle s’en rend compte :



Elle ramasse son exemplaire sur le canapé, remet son manteau puis se dirige vers la porte. Je ne peux pas la laisser partir ainsi :



L’idée de lui en donner un des miens me traverse l’esprit. Mais elle reprend :



Juste avant de sortir dans le hall, elle se retourne et me donne un léger et furtif baiser sur la joue. Ça me donne encore plus de regrets !



Et moi, interdit, je la regarde descendre l’escalier sans prendre l’ascenseur. Arrivée au demi palier elle me regarde et secoue la tête, comme une institutrice qui réprimande un enfant turbulent. Puis elle disparaît définitivement de ma vue.


Je ne sais que faire. Lui courir après ? Pour lui dire quoi ?


Déprimé, je referme doucement la porte. Mon appartement me semble bien vide. Elle avait sans doute raison. Peut-être, sûrement, sans doute… Je m’affale dans un fauteuil : retour à la case départ.


Les secondes passent, peut-être les minutes, je fixe le plafond. D’un bond, je me lève. Je fais probablement une connerie mais je décide d’aller la retrouver. Il est peut-être trop tard mais, au moins, j’aurais tenté, j’aurais essayé. Je suis dans le hall d’entrée de l’immeuble quand je la vois venir à moi, l’air penaude. Intérieurement heureux, je vais à sa rencontre. Elle a l’air gênée, très embêtée.



Pas loin, sa R4 nous attend. Dans la catégorie tas de ferraille qui roule, sa voiture décroche le pompon ! Je n’ai jamais vu un truc pareil. Je distingue une belle flaque d’huile en dessous quand je m’approche par l’avant. J’ouvre le capot qui grince de tout ce qu’il peut. Il y a de l’huile partout et ça sent le brûlé.



Je repars vers mon immeuble, direction le garage et ma voiture. Je suis intérieurement content, je sais que ce n’est pas bien de penser ça mais je m’en fous : elle est encore là, près de moi ! Je reviens avec mes outils mais je n’ai pas grand espoir de faire démarrer son tas de ferraille !


Pendant un quart d’heure, je scrute la chose, vérifie les points vitaux. Le diagnostic est malheureusement simple :



Surprise par mon ton véhément, elle me regarde interloquée. Je range mes outils puis je la prends par le bras. Elle se débat.



Là, je m’énerve un coup. Ma main se transforme en un étau autour de son bras frêle et je la force à me suivre. Elle me suit sans trop de résistance. Arrivés devant l’ascenseur, j’entends une petite voix me dire :



Je la crois et je la libère. Nous sommes à nouveau dans le salon. Elle bougonne, ses yeux me lancent des éclairs. Des longues mèches s’échappent de son chignon. Elle est vraiment à croquer ainsi. Mais ce n’est pas le moment. Du doigt, je lui indique :



Je ne cherche pas à comprendre, c’est elle-même qui me l’a souvent répété durant la soirée. Je souffle, une grande lassitude fond sur moi.



Là, je crois rêver. Elle est toute tremblante d’indignation. Quelque chose m’échappe. Certainement le grand mystère féminin ! Je m’adosse au mur, croisant les bras.



Je suis excédé, il faut que je lui rive son clou :



J’affiche le sourire le plus cynique que je possède dans ma collection :



Et elle se dirige vers la salle de bain, sans prendre de chaise. Je suis content, je lui ai rivé son clou ! Je prends un livre dans la bibliothèque tandis que j’entends l’eau couler. Je tourne les pages. Elle doit être en train de vider tous mes gels douches et shampoings ! Quelque temps après, j’entends la porte s’ouvrir puis une autre se fermer.



Je laisse tomber et je vais me doucher.


Quand je sors de la salle de bain, plus aucune lumière ne filtre sous la porte de la chambre d’ami. Déjà en train de dormir. Je me dirige vers ma chambre située plus loin. Enfin, une bonne nuit de sommeil. Il faudra que je trouve une solution pour la ramener chez elle au matin. Bah, j’y songerai demain.


Je m’arrête pile poil au seuil de ma chambre : elle est dans mon lit, les épaules nues, le drap entre ses doigts, relevé sous son menton.



Je soupire. Je me demande dans quoi je me suis embarqué. D’habitude, je fais ni une ni deux, je plonge sous les draps et viva la fiesta ! Mais pas aujourd’hui…



Elle me lance un œil noir et pince ses lèvres. Elle murmure entre ses dents, ses yeux rivés dans les miens :



Elle joint le geste à la parole et abaisse légèrement le drap. J’entrevois distinctement la naissance de ses seins. L’instant d’après, le drap s’arrête à la limite de ses aréoles. Il est clair qu’elle ne porte rien, tout au moins, au-dessus de la ceinture.


Elle remonte un peu son drap mais le spectacle qu’elle m’offre toujours reste très tentant. D’ailleurs, je commence à avoir quelques soucis sous mon peignoir !



Elle soulève alors légèrement le drap du bord du lit et me dévoile une fine et longue bande de chair rose qui part de sa cuisse à ses hanches. J’entrevois même le pli du dessous de son sein : tout cela est très prometteur, ses habits ne sont décidément pas à la hauteur de la demoiselle, pas un gramme en trop, lisse, certainement très doux, voluptueux. J’ai de plus en plus de soucis sous mon peignoir !


Je courbe la tête et ferme les yeux, ce sera au moins ça de pris pour me calmer un peu. Je ne comprends décidément rien aux femmes. Elle me traite de sale type et elle veut maintenant coucher à tout prix avec moi ! Et moi, comme un con, je ne saute pas sur l’occasion alors que d’habitude, il ne faut pas me le dire deux fois ! Quelque chose ne tourne pas rond. Je décide de reprendre le fil de la conversation :



Elle dodine de la tête, l’argument porte. Elle regarde son ventre à travers les draps.



Elle détourne la tête vers la fenêtre. Je laisse glisser au sol le peignoir et prestement, je m’engouffre sous le drap. Pendant une fraction de seconde, je crois avoir croisé son regard dans le reflet de la vitre. Si c’est le cas, je n’ai pas dû lui cacher grand-chose !


Nom d’un chien, c’est elle qui sent la vanille comme ça ? Ce parfum m’étourdit un peu. Je sens comme une sorte de vague de chaleur et de senteur émaner d’elle. Quelque chose de doux et d’apaisant.


Troublé, j’attrape la couverture que je remonte sur ma poitrine. Je me cale dans le lit, ma tête creusant l’oreiller, lui tournant le dos, tout en essayant de ne pas trop m’aventurer au milieu du lit. J’éteins la lampe de chevet, elle fait de même. Pour la forme, je lui lance :



Et je sens qu’elle se cale à son tour, cherchant une position idéale pour dormir. Je vis une situation totalement incongrue ! J’ai une fille canon et consentante dans mon lit et je suis là comme un con à lui tourner le dos. Canon, c’est sur. Consentante, c’est vite dit !


Les minutes passent…


Durant ce temps, mon machin d’entre les jambes ne daigne pas revenir à une situation plus détendue. Je jette un rapide coup d’œil à mon radio-réveil : il serait peut-être temps de dormir un peu, demain, je travaille. C’est une bonne excuse. En réalité, comme je suis le patron, je viens à l’heure que je veux, même si souvent, je suis dans les premiers sur place. Sauf quand j’ai une fille dans mon lit et c’est précisément le cas.

Ah non, fallait surtout pas penser à ça ! Mon truc est de plus en plus dur ! Je suis même surpris de sa forme olympique. Elle remue, sa respiration est saccadée, elle se retourne sous les draps et son pied vient cogner le mien. Je me rétracte afin d’éviter son contact électrique. Elle grogne et raccroche mon pied du sien puis se pose dessus, comme en territoire conquis. Sa respiration s’apaise, ses mouvements s’adoucissent. Quant à moi, je ressens comme un bien être. Je tourne la tête vers elle : elle dort paisiblement sur le dos, un petit sourire tranquille sur les lèvres, ses cheveux longs répandus sur l’oreiller. Elle est vraiment belle ainsi. Trop belle.


Je la contemple dormir, regarde sa poitrine soulever le drap lentement et régulièrement. Puis mes yeux se ferment et je sombre dans un sommeil paisible.


***


Une sensation inconnue me fait sortir de mon sommeil. Je cligne des yeux, une faible lueur baigne la chambre, il doit être quatre ou cinq heures du matin. Elle est blottie contre moi.

Sa tête est nichée contre ma poitrine, ses cheveux doux coulent sur sa joue et sur mon torse, nos jambes sont entremêlées, un de ses bras longe mon ventre, ma jambe tandis que son autre main repose sur ma hanche. Un des mes bras l’encadre, ma main reposant contre son dos, noyée dans ses cheveux. Je n’ose pas bouger, de peur de la réveiller. Son parfum m’enveloppe. Je me sens bien, très bien, trop bien. Une certaine partie de mon anatomie se manifeste, se tend lentement, s’extirpant de sa niche velue, glissant petit à petit sur ma cuisse. J’essaye de me reculer un peu, sinon mon sexe va venir se poser sur son bras, pas loin de sa main. Je tente d’enrayer la collision qui se profile à l’horizon mais nos jambes sont parfaitement rivées et m’empêche de me dégager. La situation m’échappe, je ne sais que faire, je suis partagé entre l’épargner et lui rendre hommage… Plus que quelques millimètres…


Soudain, je sens sa main saisir mon sexe gonflé qui s’enfle alors de plus belle. La chaleur de ses doigts rayonne sur la peau sensible de mon pieu dur comme du bronze. Elle entame un lent, un très lent mouvement de va-et-vient le long de ma tige gonflée et tendue. Son autre main se crispe sur ma hanche, cherchant mes chairs, mes volumes. Ses lèvres déposent de doux baisers sur ma poitrine, des traces brûlantes.


Ma main remonte dans son cou pour le caresser du bout des doigts, mes jambes enserrent les siennes, mes pieds câlinent les siens tout doucement. Je sens son souffle remonter vers mon cou, je baisse la tête, elle lève la sienne, nos regards se croisent dans la faible lueur du matin. Je vois un profond désir dans ses yeux sombres, un désir simple, naturel, un don de soi. Lentement, j’approche mes lèvres des siennes, délicatement, je les pose sur sa bouche entrouverte. C’est le baiser le plus doux que j’ai jamais reçu, tout en finesse.


Nos lèvres se cherchent, s’exigent, mes mains caressent ses formes, ses rondeurs, ses douceurs, se nichent sur ses seins aux pointes dressées. Ses doigts lissent les muscles de mes bras, mon torse, se perdent dans les boucles de ma toison. Mon sexe dans sa main chaude se gonfle, enfle sous ses mouvements précis, son étreinte. Ma main glisse sur son ventre rond, flatte ses courbes puis accroche ses poils soyeux, mes doigts s’insinuent plus bas, vers sa fente légèrement humide.

Elle accélère son mouvement autour de ma tige raide. Je sens que je vais venir, il faut que je l’arrête. Mes doigts quittent momentanément l’orée de sa fente humectée pour lui demander de modérer son emprise sur moi. Elle capture alors mes boules velues et entreprend de les caresser doucement. Elle lève une jambe pour me faciliter la tâche autour de son sexe offert. Je profite de cette ouverture pour lui démontrer que je sais m’occuper d’une femme, frôlant son clitoris, l’agaçant sans jamais le brusquer tandis que mon autre main s’empare de son sein, de son volume. Nos bouches sont soudées, nos langues aussi, nos corps se touchent, se reculent, ondulent. Je plonge mes lèvres dans son cou, parmi ses cheveux épars. Je veux être doux, le plus doux possible, même si ma passion est exigeante, vorace. Elle doit ressentir cet antagonisme.



Elle se couche sur le dos, m’attire à elle, s’ouvre à moi. Je me positionne au-dessus d’elle, entre ses jambes béantes, nos ventres se touchent, elle grimace. Je réalise qu’il ne vaut mieux pas s’y prendre ainsi.



Elle me regarde étonnée puis un sourire s’épanouit sur ses lèvres. Elle roule sur le côté, me présentant son dos parfait, ses jambes repliées. Délicatement, j’épouse son dos, capturant délicatement ses seins tandis que ma tige trouve toute seule la voie entre ses fesses. Ondulant du bassin, je cale mon pieu le long de ses lèvres intimes, dans la broussaille de sa touffe, mon gland écarlate à l’orée de son clitoris puis je commence un lent mouvement de caresse avec. Elle trémousse ses fesses, cherchant le meilleur angle, sa main agrippant ma fesse. Dévorant son cou, malaxant délicatement ses seins, titillant ses pointes, ma tige bordant ses lèvres mouillées, j’entreprends de faire monter la tension. Elle ronronne sous mes caresses. Je me recule légèrement afin de libérer son clitoris que j’accapare de mes doigts farfouilleurs. Elle se tortille, halète, feule ; je cherche les moindres failles pour augmenter son plaisir.


Elle gémit, se tend, s’oublie. Elle secoue la tête de droite à gauche, griffe ma fesse, plaque son autre main sur mes doigts enfouis dans sa toison drue. Un long gémissement monte en elle et explose en une série de petits cris. Divers spasmes la secouent, elle se calme, s’abandonne, se repose.



Pas tout de suite ! J’attaque posément ses tétons, les pinçant. Elle se cabre. Je recommence à la masturber plus intensément, plus directement. Elle tressaille, surprise de l’intensité que j’y mets. Elle soulève une jambe, capture mon piston de chair entre ses doigts puis le guide vers son entrée détrempée. J’entre en elle avec un rugissement de satisfaction. Déchaîné, je m’acharne sur elle, vrillant son téton érigé, martyrisant son clitoris en feu.



Ses cris de plaisir se mélangent aux miens, je me vide en elle, m’expulse au plus profond de son intimité. Dans un éclair de lucidité, je réalise que j’ai oublié de mettre un préservatif. Ce vague reproche que je me fait est submergé par le plaisir que j’ai d’être en elle, d’avoir sa chair contre moi, son parfum, ses senteurs animales, ses frissons, sa jouissance et ses spasmes.


Puis vient le calme, deux corps blottis l’un contre l’autre, endormis.


***


Le soleil entre par la fenêtre, zébrant les murs de lumière. Je suis éveillé et je la regarde dormir paisiblement, ses cheveux étalés en corolle autour d’elle. Le drap repose sur son ventre, dévoilant sa mignonne poitrine, ni trop petite, ni trop volumineuse. Les rayons du soleil magnifient ses doux monts et vallons. Son collier emmêlé ajoute une note attendrissante. Après avoir copieusement admiré sa poitrine, je suis ensuite fasciné par sa bouche rouge, écarlate, qui contraste fortement avec le teint pâle de son visage triangulaire.


C’est dans cet état qu’elle me surprend à la contempler.



Mais elle ne fait rien pour cacher ses seins nus. Ses yeux sombres m’observent, essayant de deviner quelle sera la suite. L’instant est fragile, ténu. Je pressens que se joue une phase importante de ma vie et peut-être de la sienne. Et comme elle a un fichu caractère orgueilleux, il va falloir faire attention.



Pour toute réponse, je dépose un léger baiser sur ses lèvres rubis.


La fièvre nous emporte à nouveau, elle m’agrippe le cou, m’attire à elle, m’embrasse furieusement. Nos corps s’enroulent l’un à l’autre, les draps sont au pied du lit. Nos bouches sont avides, exigeantes. Je constelle son visage, son cou, ses épaules, ses seins de multiples baisers et morsures. Elle agit de même sur moi, ses griffes sur mon dos. Durant un court instant, elle prend mon visage à deux mains. Je suis sur elle, le poids de mon corps sur la douceur de sa peau.



Cette phrase énigmatique me saisit, je ne comprends pas bien où elle veut en venir. Elle me sourit, caresse doucement mes joues piquantes.



La première fois que quoi ? Sauf erreur de ma part, il ne me semblait pas qu’elle fut vierge. D’ailleurs, elle semblait s’y connaître un peu et ce n’est pas dans les livres écrits en grec ancien qu’on explique ce genre de chose. Quoique… Non, c’est autre chose…


Elle caresse toujours mes joues, ses seins pressés sur ma poitrine, sa touffe agréablement nichée sur mon sexe érigé. Elle semble chercher ses mots puis se décide :



Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Elodie me sidère. Elle est en train de m’avouer que je lui plais, qu’elle aime ma compagnie et hop, elle veut s’en aller ! Mais moi, je ne suis pas d’accord : je la garde, égoïstement, même si j’ignore de quoi sera fait notre avenir. Je me redresse sur les mains, la surplombant de toute ma masse, agenouillé entre ses jambes, ses mains descendant sur mon torse.



Elle s’agite, ses sourcils se froncent. J’approche mon visage du sien :



Elle me coupe :



Elle ouvre la bouche en rond, étonnée, stupéfaite, presque choquée. Elle me regarde fixement, ahurie. Je continue :



Je me couche sur elle, mon sexe dur plaqué sur sa touffe légèrement humide, ma poitrine sur ses tétons érigés, mes lèvres à deux doigts de sa bouche écarlate. Ses grands yeux brillent, à la fois de fureur et de désir.



Nos corps s’entremêlent de plus belle, je sais qu’elle me désire, son corps m’appelle, sa chair me veut, son intimité me réclame. Entre deux baisers voraces, je lui susurre à l’oreille :



Et nous faisons l’amour comme jamais je n’ai pu le faire, avec fureur, envie, passion comme si l’avenir du monde en dépendait.


Elle est particulièrement douée, une maîtresse accomplie. C’est en sueur, vidé, épuisé mais repu, que je m’affale sur le lit froissé tandis que mon sexe se refait une beauté dans sa bouche experte. Elle va me tuer à ce tarif, je vais mourir cardiaque et heureux. Sa langue caresse l’entrée de mon méat comme pour y cueillir les dernières gouttes. Puis délaissant ma tige fatiguée, telle une féline, elle remonte à quatre pattes vers moi tout en me caressant voluptueusement de ses seins qui se balancent et s’entrechoquent au-dessus de ma peau hypersensible, électrisée. En un dernier sursaut, elle s’allonge sur moi et nous nous endormons immédiatement.


C’est elle qui décide de préparer le petit déjeuner que nous prenons dans la cuisine. C’est entièrement nue, d’une façon étonnamment naturelle, qu’elle apporte le plateau avec pain et confiture. J’ai une envie folle de lui sauter dessus. J’attends qu’elle pose le plateau pour l’attirer à moi, juste après m'être débarrassé de mon peignoir inutile. L’instant d’après, elle est sur mes genoux. Elle s’esclaffe :



Le petit déjeuner attendra. Je l’oblige à me chevaucher et sans préliminaire, ma tige dure entre en elle. Je croque ses seins qui balancent sous mes coups de rein. Je me sens puissant, fort. Pour mieux me satisfaire, elle soupèse ses seins à deux mains, les presse l’un contre l’autre et présente leurs pointes dressées à ma bouche vorace. Je ne me fais pas prier ! Redevenu animal, animé de pulsions primaires, je veux tout d’elle, j’exige tout d’elle. J’aventure un doigt entre ses fesses puis cueillant un peu de cyprine, je titille sa petite entrée sombre tout en suçant un sein, une main dans son cou sous ses longs cheveux. Ses ongles agrippent mon dos, son corps se presse au mien. Elle me griffe quand mon doigt explore son anus tout chaud. Elle accepte son intrusion au plus profond tandis qu’elle tortille du bassin, s’empalant dessus. Je n’y résiste pas et j’explose en elle, égoïstement.


De nouveau, à ma grande stupéfaction, elle n’hésite pas à nettoyer de sa langue mon sexe et mes poils gluants de nos mélanges. Elle conservera durant tout le déjeuner une souillure blanchâtre à sa commissure. Puis elle déjeune comme si de rien n’était…


Le déjeuner fini, elle remplit le lave-vaisselle puis va se rhabiller sans dire un seul mot. Je fais de même, étonné. Nous sommes tous les deux dans le salon, près de l’entrée.



Royale, elle passe devant moi et se dirige vers la porte principale :



Je suis soufflé.


Nous nous dirigeons vers le centre ville ; le boulevard périphérique est dégagé, il est un peu plus de dix heures. Le parking des Aubaines est presque vide. Je ne suis pas très chaud pour qu’elle achète une partie de sa garde-robe ici mais puisqu’elle insiste. Il faut reconnaître que ça épargnera considérablement mon portefeuille, les prix sont confondants de bas prix, un beau pull à 4 euros ici, un pantalon à deux et j’en passe. Du coup, je vais vérifier s’il n’y a rien pour moi du côté Homme. Je fais un grand signe à Elodie pour le lui signifier, elle me fait un signe de la tête et replonge aussitôt dans les robes d’été.


Quelques minutes plus tard, elle vient vers moi, les bras chargés de vêtements, toute excitée.



Un rapide coup d’œil sur les étiquettes me pousse à la générosité bon marché !



Elle reste là à me regarder, mi figue, mi raisin. Elle finit par valider l’option "plaisanterie" de ma phrase, mais elle doute encore un peu. Je ramasse tout ce qu’elle a choisi et je la pousse devant moi, direction les vestes. Il y en a des belles, les prix sont plus chers. Pendant qu’elle choisit, je fais une rapide addition du tas que j’ai dans les bras. Si je m’étais acheté un blouson dans mon magasin habituel, il m’aurait coûté nettement plus ! Il n’y a pas à dire, cette fille est économique, sauf peut-être sur la nourriture !


Elle hésite, compare, teste. Deux vestes retiennent son attention. L’envie se lit sur son visage. Elle teste à nouveau, soupèse son choix.



Je m’éloigne d’elle à grands pas pour poser une question à la vendeuse située près des cabines. Elodie me suit du regard, intriguée. Je reviens vers elle et m’empare des deux vestes en question.



Je lui désigne du menton les articles concernés.



Elle soupire, me toise du regard et s’engouffre dans une cabine. Je lui donne le tas de vêtements ainsi que les deux vestes. Je tire le rideau sur elle et je me dirige vers la vitrine où sont exposés en vrac des radios, des rasoirs électriques et autres gadgets du même style.

Peu après, elle m’appelle, me demandant pour deux articles d’aller trouver la taille au-dessus. Je cherche, je trouve et je reviens.


J’attends…


Elle sort enfin : elle est mignonne à croquer avec cette longue jupe multicolore qui lui descend sous les genoux, ce chemisier rose et la veste chatoyante par-dessus. Ses cheveux longs tombent en cascade sur ses épaules, son collier scintille sur la lumière des spots, ses lèvres rouges luisent. Elle tourne sur place afin de me faire admirer l’ensemble : je suis conquis.



Je la coupe :



Et sans lui demander son avis, je lui enlève des mains les autres vêtements et me dirige vers la caisse principale. Au passage, je fais signe à la vendeuse. Quelques minutes plus tard, nous sommes dans le parking. Elle a en main un sachet avec ses anciens vêtements et moi, des sachets avec les nouveaux.



Elle pose son sachet près de la voiture puis revient vers moi.



Elle passe ses bras autour de mon cou et m’embrasse impétueusement. Laissant choir mes sachets à mes pieds, je m’empare d’elle et l’enlace fougueusement. Nous restons quelques temps soudés l’un à l’autre, sans nous soucier des quelques clients qui passent devant nous.


Moins de dix minutes plus tard, nous arrivons à ma boutique et garage. Je gare la voiture derrière, près du parc de voitures d’occasion. Peu après, j’ai le classeur des dernières entrées en main, une Twingo rouge de six ans et révisée hier attire mon attention. Je lui montre :



J’ouvre un tiroir derrière un comptoir et prends un trousseau de clefs. Ses yeux sombres fixés sur moi, elle me regarde faire et s’inquiète :



Et je la prends par la main, direction le parc de voitures.


La Twingo lui plait, elle sent le neuf, elle n’a pas trop de kilomètres au compteur. Elle s’installe au volant, je boucle ma ceinture à côté d’elle. Elle me regarde :



Nous partons faire un petit tour dans les environs. Ravie, enchantée, Elodie range la voiture devant l’entrée principale. Je m’apprête à descendre.



Elle pose ses mains sur son visage et se met à pleurer. Je suis très embêté. J’extirpe un paquet de kleenex de ma poche que je lui tends maladroitement. Elle ne voit rien. Les larmes d’une femme m’ont toujours rendu malhabile. Je pose ma main sur mon épaule et l’attire à moi. Elle se calme petit à petit. Elle prend un mouchoir du paquet posé sur ses genoux et s’essuie les yeux.



Comme promis, je reviens cinq minutes plus tard. J’ai donné quelques instructions ci et là avant de prendre congé pour la journée. D’un air interrogatif, Véronique, mon assistante, m’a désigné Elodie par la fenêtre puis m’a regardé attentivement et m’a ensuite souri. Si j’ai l’aval de Véro, tout va bien !


Je boucle ma ceinture. Ses yeux sont encore légèrement rouges. Elle caresse le volant, me dévisage me demandant :



Les yeux grands ouverts, elle me dévisage :



Elle tourne le contact, tout en continuant de me dévisager d’un air stupéfait.



Elle rougit, décide de ne rien dire et nous allons faire du shopping dans divers magasins. Il est presque treize heures. Elle arrête la voiture pas loin d’un restaurant chinois, je sais qu’elle aime, elle me l’a dit hier, entre deux citations de poète grec.


Au cours du repas que nous mangeons avec des baguettes, elle attaque :



Elle plante ses baguettes dans son riz, secoue la tête :



Je la regarde, c’est évident, je l’aime, c’est aussi simple que ça, comme je l’ai dit.



Elle pique du nez sur son plat. Je tends mon bras par-dessus la table pour lui relever la tête, son menton dans le creux de ma main.



Je pose mes baguettes et mes coudes sur la table :



C’est elle qui décide de rentrer à l’appartement sitôt le repas fini. Depuis que je lui ai dit "jusqu’à ce que tu ne voudras plus de moi", elle n’a plus beaucoup parlé, le regard triste et lointain. Nous sommes dans le salon. Elle me désigne un fauteuil :



Et elle me raconte sa vie, une vie heureuse au début puis sa lente descente vers la dèche. Ce qu’elle a dû faire pour s’en sortir, toutes les compromissions faites. Une heure durant, debout, me regardant à peine, honteuse, elle parle, pleure, se reprend puis continue sa pénible histoire. Elle ne tente pas de se justifier, elle me présente les faits jusqu’à hier soir. Elle sèche ses yeux:



Un peu abasourdi, je me lève. Ses longs cheveux voilent son visage. Je m’approche d’elle, elle a un imperceptible mouvement de recul, de crainte. Délicatement, du bout des doigts, j’écarte ses cheveux pour plonger mon regard dans le sien. Ses lèvres écarlates tremblent légèrement, elle respire par à-coups.



L’instant d’après, nous sommes dans la chambre, nus, enlacés.


*-*-*


Comme elle refuse de passer pour la petite protégée du patron, j’ai utilisé mes relations pour lui dénicher un petit boulot. Elle n’a accepté que, si et seulement si, elle faisait ses preuves. Toujours son orgueil mal placé. Toujours est-il que Jean m’affirme, quelque jours après, qu’il ne regrette pas ma recommandation ; dommage, me dit-il, que c’est pour remplacer un congé maternité. Quinze jours plus tard, alors que nous nous voyons régulièrement et qu’elle passe presque une nuit sur deux avec moi, elle est face à la grande bibliothèque tout en évitant de me regarder :



Inutile de préciser que ce jour-là, j’ai été particulièrement satisfait ! Comme elle n’avait pas grand-chose à déménager, ce fut vite fait en une seule camionnette. Maintenant, elle vit avec moi, près de moi. Puis les jours et les semaines se sont écoulés…


Comme la boîte où elle fait son remplacement ferme trois semaines en août, nous sommes partis en Grèce, à la rencontre de tout ce qu’elle ne connaissait que dans des livres. Je lui en avais déjà parlé début juin, mais elle doutait, elle n’osait pas trop y croire. C’est quand je lui ai mis les réservations sous le nez qu’elle m’a sauté au cou, manquant de m’étrangler et de déchirer les papiers. La nuit fut très très… chaude… torride…


Nous avons visité, main dans la main, tous les endroits mythiques. Ce fut assez marathonien et culturel. D’habitude, je suis plutôt porté sur le va-et-vient "hôtel et plage" mais elle était tellement heureuse, excitée…


Avant de partir, elle avait accepté de s’inscrire à l’université. J’ai dû employer des ruses de sioux pour trouver une combine étude/travail afin qu’elle n’ait pas l’impression de dépendre de moi. Elle a fait semblant d’y croire, mais elle n’est pas dupe…


Octobre, la rentrée universitaire. Ses professeurs sont contents d’elle, ils estiment qu’elle a un fort potentiel. Je le sais, c’est, entre autres choses, ce qui fait que je l’aime. Elle jongle bien entre les études, son pseudo travail dans une filiale de Paul, mon associé et la cuisine qu’elle met un point d’honneur à faire toute seule, pour payer sa "dette" comme elle dit. Octobre, novembre puis décembre. Elle s’apprivoise petit à petit, arrive à ranger son orgueil dans nos décisions de couple, même quand c’est moi, le sale type, qui paye tout.


Noël, le salon dans la lueur des chandelles, elle est ravissante dans son ensemble noir, un haut satin bien court qui dévoile son nombril et bien plus, une jupe de la même couleur qui lui arrive à mi-cuisse au-dessus de longues jambes gainées de sombre. Son cou et ses poignets sont chargés de colliers scintillants et de bracelets étincelants sous le chatoiement des flammes qui se reflètent dans ses yeux d’ébène. Elle a laissé ses longs cheveux flotter librement ; ils accompagnent ses moindres mouvements en diverses arabesques gracieuses. Elle est belle à couper le souffle, je suis heureux, très heureux…


Assis de part et d’autre de la table, nous levons nos flûtes aux bulles pétillantes à cette année qui s’achève bientôt et qui a vu nos vies changer. Tandis qu’elle monte son verre à ses lèvres rouges, j’observe en catimini son haut satiné aux zébrures chatoyantes dessiner les courbes de ses seins, je soupçonne qu’elle ne doit rien avoir en dessous…


En cette soirée, je suis comblé. Je tâte discrètement la poche de mon pantalon qui contient le petit coffret que je compte lui offrir dans peu de temps : ma demande. Nous reposons nos verres de concert, elle se lève, j’esquisse un mouvement pour l’aider à rapporter les entrées. Elle tend la main pour m’arrêter :



Elle revient avec un grand plateau de fruits de mer. On se croirait au Nouvel An, nous n’avons qu’une semaine d’avance. Les fruits dégustés, elle ôte le plateau, revenant les mains vides. Je réalise qu’il n’y a aucune odeur de cuisine dans l’air. Repas froid ? Je ne saurais dire, elle m’a éjecté de l’appartement vers dix-huit heures avec interdiction de revenir avant vingt heures. Dans la foulée, elle a exigé que je sois sur mon trente et un pour aller chercher un gâteau à l’autre bout de la ville. Elle avait décidément bien calculé son coup : il m’avait fallu presque deux heures pour revenir !


Elle s’assied avec son air grave des trucs à me dire. Je cherche dans ma tête ce que, diable, elle peut m’annoncer : tout va bien ; ses études, nickel ; mes boîtes, ça tourne tout seul ; notre amour, sans nuage.



Elle marque une légère pause. Je la regarde, je me demande ce qu’elle a derrière la tête.



Je suis ému, ému qu’elle puisse (enfin) m’avouer ses sentiments ainsi. Je reconnais avoir eu des angoisses sur la motivation exacte qui la faisait rester à mes côtés. Elle vient de me ôter ce dernier poids de l’esprit. Je sens que le moment est bien choisi pour sortir mon petit cadeau de Noël.



Elle tend la main pour m’arrêter. Elle sourit :



Elle se tortille légèrement sur sa chaise, ses mains sous la table. Je sors mon coffret de ma poche et d’une main légèrement tremblante, je le pose au milieu de la table.



Elle s’agite toujours légèrement. Je ne comprends pas bien pourquoi. Malgré la légère inquiétude qui pointe en moi, j’admire le tressaillement de ses seins sous le fin tissu. Je suis certain qu’elle n’a pas de soutien-gorge en dessous.



Elle pose ses coudes sur la table, croise ses doigts et pose son menton par-dessus. Ses lèvres sont très proche de moi, ses magnifiques lèvres rouges naturelles que j’adore embrasser et croquer. Une flamme se reflète dans ses yeux ténébreux. Ses cheveux sombres tombent en cascade sur ses épaules.



Je suis estomaqué, soufflé.



Je suis cloué à ma chaise, j’en aurais presque les larmes aux yeux, elle va plus loin que je ne l’avais espéré. Elle m’offre ce qui m’a toujours manqué : une famille. Ma bague n’est qu’une formalité…


Un adorable sourire espiègle se dessine sur ses lèvres.



Elle se lève, me tend les bras. Je découvre alors sa magnifique chatte noire, sa forêt sombre, fantasmagorique à la lueur des bougies, son triangle dense, légèrement bombé, qu’elle a visiblement taillé, dégageant ainsi ses lèvres charnues comme un fruit offert à ma libido déchaînée. Ses magnifiques jambes sont gainées de bas noirs aux bandes autofixantes. Ebène sur ivoire, la chair de ses cuisses, de ses hanches, de son ventre arrondi provoque en moi en océan de désir fou.


Moins d’une seconde plus tard, nous sommes couchés sur l’épaisse peau de mouton blanche en train de nous embrasser follement. Je parcours de mes baisers, ses joues, ses lèvres, ses yeux avant de descendre le long de la ligne de son cou. Avide, je plonge sur son ventre que je couvre de baisers brûlants tout en remontant vers ses seins que je dévoile petit à petit. J’embrasse leurs courbes pleines sous le téton avant d’aller croquer celui-ci. Je suis comme fou, mordillant, léchant, embrassant passionnément celle que j’aime et qui m’offre tant. Ses doigts dans mes cheveux, elle trace pour moi, l’itinéraire de son corps à explorer. De mon propre chef, je descends vers son bosquet sombre et sous ma langue, je découvre sa nouvelle géographie aux lignes épurées, sa fente douce aux commissures pulpeuses presque glabres. Je cueille du bout des lèvres ses senteurs avant d’enfouir ma bouche dans sa tiède intimité. J’entreprends ensuite son clitoris toujours masqué dans sa sombre touffe. Elle gémit doucement, se laisse faire, tandis que mes mains capturent ses seins.


Quelque temps après, au bord de l’orgasme, elle balbutie :



Je me relève prestement, baisse mon pantalon et mon slip qui atterrissent par la suite dans le canapé, puis je me jette sur la table. Je m’agenouille ensuite entre ses jambes largement ouvertes, m’allonge à moitié sur elle, mon sexe dur comme le bronze des statues antiques frottant insidieusement sur sa chatte en fusion.



Je lui montre la bague aux mille éclats de diamants.



Vicieusement, j’ondule du bassin pour me frotter sur son sexe frustré. Elle se cabre, gémit, me mordille, me griffe doucement…



Accoudé au-dessus de son corps qui m’attend, qui m’espère, qui me veux, je capture sa main pour y glisser la bague. Elle se contient quelques secondes pour l’admirer, toute scintillante à son annuaire, me sourit tendrement puis m’attire à elle sauvagement.



Si, fin août ou début décembre, je ne suis pas père, je n’y comprendrais rien !