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Temps de lecture estimé : 8 mn
19/01/04
Résumé:  Soins sans ordonnance...
Critères:  fh extracon médical
Auteur : Tylodine            Envoi mini-message

Série : Tuile

Chapitre 01 / 02
La Tuile n°1

Franchement, cette journée avait bien mal commencé !


Tout d’abord, il y avait eu cette fichue voiture qui m’avait fait faux bond…


Je devais impérativement me trouver à 9 heures précises à un endroit précis… précisément situé à trois bornes de chez moi, pour un entretien capital pour mon avenir…un poste de professeur d’histoire que j’espérais depuis trois ans.

Plus qu’une solution…le taxi…

Rien en vue, pas le moindre fiacre, phaéton ou cabriolet à l’horizon !

Fiévreusement, assis sur le capot de mon tas de ferraille, je sors mon portable, commence à composer un numéro et m’entends interpeller par une voie de robot qui m’annonce que mon forfait est épuisé.

Au moment ou je vais me mettre à hurler à la mort, Craac, boum …un choc violent fait faire un bond à ma voiture et me balance la tête la première dans le réverbère le plus proche, qui n’attendait que ça.


Rideau, ténèbres, clochettes et carillons !



La question est pertinente, normalement je devrais répondre: où suis-je ?

En fait je ne réponds rien, sonné et engourdi, j’ouvre péniblement un œil, puis un second…à priori ça semble fonctionner, mais dans le désordre.

Je distingue mal la personne qui, mais ? Elle me flanque des baffes!

Oh, pas trop violentes, les baffes, mais elles me font ballotter la cervelle d’un côté à l’autre d’une boîte crânienne qui me semble curieusement déformée.

Portant la main sur le côté droit de la susdite boîte, j’y détecte effectivement une bosse énorme et je sens un liquide poisseux qui me coule dans le cou.

J’essaie de me mettre debout, mais tout se met à tourner et je me retrouve sur le derrière, groggy !


A ce moment, parvient à mon cerveau embrumé une information olfactive, je pense "Poison" et je me mets subitement à rire…pourquoi "Poison" ?

Je n’y connais pas grand chose en parfums, mais ça me semble approprié aux circonstances.

Levant la tête, je distingue dans la brume odorante une silhouette aux contours flous, mais indiscutablement féminine…la porteuse de "Poison" ?



Je sens une main, manifestement experte qui me tâte le crâne, le cou, me soulève les paupières…

Je lève les yeux et là…

La brume se déchire et je suis transpercé par le regard de deux yeux d’un bleu tel que je sens ma mâchoire tomber …oups !

Sont presque violets ses yeux, tellement qu’ils sont bleus …



Toujours un peu dans le coaltar, je commence à rassembler les morceaux du puzzle parfumé qui me fait face.

35/40 ans, pas très grande, cheveux châtains coupés à la "Stone", pull à col roulé style irlandais, blouson de daim, jeans et Docksides…petit sac à dos genre explorateur « Nature et Découvertes… »

L’ensemble est plutôt sympa, la dame pas trop laide, mais qu’est-ce que je fous là, moi, assis au milieu des poubelles ?



Ah, oui ! Ca commence à me revenir…



Tout me retombe dessus d’un seul coup :la panne, le téléphone et ce choc…


Instinctivement, je regarde le ciel pour voir si par hasard un 747 n’est pas en train de me tomber dessus.


Non, rien…juste la femme en "Poison" qui m’observe, l’air quand même un peu inquiet…



Péniblement, je réussis à me mettre debout en m’aidant de ce fichu réverbère assommeur, soutenu par la poigne, vigoureuse, je le constate, de la dame toubib.



Autoritaire la nana ! Efficace, je l’avoue, en un tournemain elle rassemble le bonhomme en ruines, ramasse le téléphone, mes clés et, guidée par sa victime aux jambes flageolantes, me tracte jusqu’à ma porte qu’elle ouvre sans mollir.



Un peu tard me dis-je…



Un sourire, oh, légèrement ironique, se dessine sur ses lèvres…



Je marmonne je ne sais quoi et m’effondre sur le canapé le plus proche, partagé entre l’envie de la flanquer dehors et celle de vider mon sac, histoire de voir, peut-être, quelqu’un s’apitoyer sur mon sort.


Au dernier moment, j’hésite ; après tout, je ne la connais pas cette fille et il est probable qu’elle a bien d’autres chats à fouetter.



Après tout, c’est moi qui vous ai mis dans cet état et je ne voudrais pas être vouée au mêmes Gémonies que votre ex-petite copine !


Tandis que je m’exécutais docilement, elle sortit de son sac à dos la panoplie du parfait toubib : stéthoscope, compresses, antiseptique, pansements, seringue…aah ! non pas la seringue !



Tandis qu’elle nettoyait la plaie de mon cuir chevelu, je sentais dans mon dos le contact d’un sein rond et ferme tandis que ses cheveux chatouillaient mon cou.

Aucun anesthésique n’aurait pu avoir d’effet plus rapide que ce contact et je faillis en oublier tous mes problèmes de ces derniers jours pour me laisser béatement tripoter !



Laissez le pansement en place jusqu’à demain, je vais vous donner quelque chose au cas ou cette superbe bosse vous ferait un peu souffrir.

Pour votre voiture, c’est entièrement de ma faute, j’étais un peu énervée; en me garant, mon pied à glissé sur la pédale…et boum.

Faites-là réparer, voici ma carte et envoyez-moi la facture, je réglerais le tout.


Tout en me parlant, elle faisait le plus naturellement du monde, de son regard curieux, le tour de mon appartement…


Je dois dire qu’il était plutôt encombré, les derniers tessons de poterie extraits du chantier de fouille qui m’avait occupé tout l’été, traînaient dans leurs cageots de légumes au milieu de feuilles de notes, de revues et de linge…un vrai capharnaüm de célibataire.

Pour arranger le tout, Marina, en partant, avait vidé armoires et tiroirs, laissant une pagaille sans nom…sans compter la vaisselle sale dans l’évier.

Histoire de me donner une contenance, je regardais la carte qu’elle m’avait remise : Docteur Michèle de Sergy, médecine générale – ancienne interne des Hôpitaux de Paris.



Je sursautais…Michèle, voilà que je pouvais lui donner un prénom, me regardait, un fragment de poterie à la main.



C’est vrai qu’elle n’avait pas l’air en grande forme Michèle…sa cuirasse de médecin baroudeur semblait tout à coup craquer de toutes parts et je vis soudain, au coin de ses yeux améthyste se former deux grosses larmes qui roulèrent le long de son nez.


Pris de court, je ne savais quelle attitude adopter, j’avais une envie folle de la prendre dans mes bras pour la consoler, mais je n’osais pas…

Presque malgré moi, une question totalement incongrue s’échappa de mes lèvres :



Subitement, nous nous regardâmes et un fou-rire irrépressible nous submergea, Michèle s’effondra sur le canapé, hoquetant, pleurant et riant tout à la fois.



Peut-être après tout la chance venait-elle de tourner…



Michèle releva la tête et je reçus une nouvelle fois le choc de ces yeux incroyables.



Elle venait de me tutoyer…j’en restais sans voix ; Michèle dut se rendre compte de mon trouble car elle rougit très légèrement.



Paul ne me touche quasiment plus depuis presque un an et puis il a commencé à s’absenter le soir, puis le week-end, prétextant des affaires à traiter, il est architecte.

Il y a deux jours, en vidant ses poches, j’ai trouvé…un string !

Comme je n’en ai jamais porté, ça m’a fait un choc !

Furieuse, je me suis précipitée à son cabinet, j’ai ouvert avec ma clé et me suis trouvée nez à nez avec une pétasse à poil à qui mon loyal époux broutait le minou avec une belle énergie !

La salope était allongée sur une sorte de bahut ou ce fumier range des plans et Paul me tournait le dos, agenouillé entre les cuisses de cette minette…

Elle s’est mise à hurler, je les ai copieusement injuriés et je suis partie aussitôt prendre mes affaires…voilà !

Subitement, elle se remit à rire…



J’ai un peu trop traîné et elle s’est dégotté un mec plus stable, paraît-il, un architecte je crois …


Tout en parlant, Michèle s’était installée comme une chatte sur son coussin, le dos calé contre mon torse, sa tête reposant contre ma joue. Curieusement, j’avais l’impression que cette place était tout naturellement la sienne, son parfum, l’odeur de ses cheveux me grisaient.



Je ne savais trop que répondre, je trouvais ça un peu loufoque et puis…je craignais de rompre le climat de complicité qui s’établissait entre nous et de la voir soudain se lever et partir.

Je pris sa main et la portais à mes lèvres, embrassant doucement le creux de sa paume.



Michèle se retourna à demi, enfouissant son visage dans mon cou, elle passa son bras autour de mon torse.



Sans réfléchir, je me jetais à l’eau…



Tandis que nous parlions, au contact de plus en plus rapproché de son corps, une certaine partie de mon individu commençait à manifester son intérêt…j’avais beau essayer de penser à des choses désagréables : mon entretien raté avec le proviseur du lycée, ma voiture en panne, rien n’y faisait !




A suivre…