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Temps de lecture estimé : 19 mn
07/03/04
Résumé:  Pascal a invité Alice à l'anniversaire de ses 18 ans...
Critères:  fh jeunes anniversai volupté jeu init
Auteur : Pascal_XXI  (Le récit parle pour moi.)
L'anniversaire

Je ne suis pas beaucoup plus âgé qu’alors et je n’ai pas du tout oublié mes débuts dans la vie. Je ne parle pas de ma naissance et de l’enfance qui ont leur importance mais ce n’est pas le sujet. Je parle du moment où j’ai cessé d’être un gamin, ce qui est au fond le plus important car on n’est pas enfant pour le rester et en plus, c’est pas vraiment passionnant. Et c’est si récent pour moi.

Ce que je raconte m’est arrivé jeune, mais des plus malins que moi trouvent que 18 ans pour rencontrer une fille c’est vieux. Les filles m’intéressaient, mais de loin, car elles ne jouent pas au foot, ne se passionnent ni pour l’informatique, ni pour les jeux de console, ni pour le skate (à part une minorité de gamines qui copient notre look mais se gardent bien de monter sur une planche…). Elles aiment la techno mais c’est pas une passion pour bavarder longtemps. Sorti de « Mouai, tu voas, moa…. » il n’y a plus grand chose à dire avec elles. Si elles ont des passions, c’est pas les nôtres , c’est plutôt pour nous et je n’en ai pas passionné beaucoup ni très fort à ma connaissance, ce qui fait que je suis resté à distance d’elles. Les "teufs" (raves) ne facilitent pas obligatoirement les rencontres, contrairement à ce que ceux qui n’y sont jamais allés imaginent : j’ai « dansé », au milieu de tas de meufs et elles n’ont pas plus fait attention à moi que si je n’étais pas là. Quand je voulais leur parler, avec les sonos à fond, ce ne donnait rien.

Je n’ai pas de sœur non plus mais deux frères jumeaux qui passent encore sous les tables en courant. Au lycée, j’ai quelques copines, mais ce sont les meufs de mes copains.


Ce n’était pas un souci pour moi : j’avais trouvé depuis longtemps le moyen de compenser. Je m’astiquais en pensant à Minogue quoique sa musique ne soit pas la mienne. Sa bouche m’inspirait car on la voit bien quand elle chante.


Pour ma soirée des 18 ans, mes parents avaient invité la baby-sitter des brigands, parce qu’ils lui trouvaient beaucoup de mérite : avec elle les deux trolls étaient méconnaissables. Les deux petits monstres odieux se changeaient angelots.Pourquoi pas moi aussi!





J’étais pas inquiet mais curieux de cette fille, car les deux terreurs avaient les yeux rêveurs quand il était question d’elle : ils ne voulaient dormir que si elle leur tenait la main après leur avoir raconté une histoire et quand elle était pas là, il fallait leur raconter "les histoires d’Alice"! Comme les parents je me disais : « Ça, faut-l’faire!»

Je la croisais parfois quand je partais ou quand je rentrais mais sans plus, à part bonjour bonsoir et un sourire. J’aurai rien osé de plus, tellement elle m’intimidait. Je ne sais pas si j’étais amoureux d’elle parce qu’elle me paraissait d’un autre monde, hors d’atteinte pour moi. Elle était étudiante en maîtrise en biologie et elle gardait des gamins pour s’aider à vivre. Elle était brune aux yeux gris-rose ou bleuté, quek chose comme ça (j’avais que des flash en la croisant) et assez grande. Elle avait 21 ans. Pas une fille pour moi en tout cas ; et une beauté ! Un visage comme t’aimerai en avoir tout les temps en face de toi, un visage à peindre.

Je voulais pas passer pour un minable aux yeux de mes copains qui prétendaient avoir fait des trucs incroyables avec les meufs. Je me disais que j’avais une petite chance de pas lui déplaire si je me démerdais bien, car elle avait accepté cette invitation parce qu’elle ne pouvait pas refuser ça à ses employeurs, mes parents, Elle devait se dire qu’elle se ferait chier toute la soirée à côté d’un puceau et en face de gros lourd et leurs meufs pas toujours très futées. Si je l’accueillais mieux que ça elle me verrait d’un autre œil…


Ce soir-là, les Trolls ont été expédiés chez les grands-parents et j’avais l’exclusivité d’Alice. Elle est arrivée souriante, un peu après mes copains et leurs copines. J’ai montré à tout le monde que c’était mon invitée en allant l’accueillir. J’avais bien répété mon numéro devant la glace dans ma chambre et sur cassette.


On sonne. J’ouvre.



Bisous. Elle me le rend. C’est le premier ! Elle a la peau douce et fraîche ; j’aime trop mais c’est déjà un souvenir, hélas !



Elle me donne mon cadeau : c’est un CD de "La Tordue" : je m’extasie en le voyant mais je n’ai jamais entendu ce truc. Rebisous. Je tends la main vers son manteau qui la couvre jusqu’aux pieds. (il fait encore frais le soir). Elle me le donne mais je l’aide à l’enlever.

Bon Djeu qu’elle est belle ! Elle a une petite robe courte, de la couleur des ses yeux qui sont de la couleur de l’aurore, gris léger, à la fois rosé et bleuté (Toi, tu me crois pas, je sais bien, mais c’est pasque tu les as pas vus ses yeux ! Ils sont gris comme le jour qui se lève avec des étoiles d’or dedans!). La robe est évasée aux jambes et j’essaie de pas tomber dans son décolleté. Elle porte des bas (en tout cas, je crois?) et des talons à bride. Et son visage, haaaa ! Je la prends par le coude (j’ose pas la prendre sous le bras ou par la taille) et l’amène au salon, vers l’un des divans. Ma mère y est assise avec deux de mes copains. Elle l’embrasse, papote un moment avec elle puis disparaît.



Je reviens avec deux portos. Mes copains se sont coincés à l’autre bout du divan et font ceux qui sont pas là.



Elle éclate de rire et je sais qu’elle ne se moque pas de moi car elle m’embrasse sur la joue et me prend la main avec affection.



Elle se marre de nouveau. Ovide dit dans ses conseils aux puceaux qu’il faut commencer par faire marrer les filles pour avoir une chance. C’est bien parti et au-delà de mes espérances les plus folles en tout cas de ce côté.



Là, je suis touché. Je ne pouvais pas imaginer qu’elle se mette en quatre pour moi… Je m’attendais plutôt à une amabilité de surface, sans rien derrière. Et en plus c’est chaleureux!!! C’est étrange cette sensation de confiance intime qui s’est installée entre nous. Je n’ai pas l’habitude de ça, ça doit être même la première fois.



Entre les cadeaux de mes copains, ceux de mes parents et les CD maison, il y a de quoi danser. Elle choisit les pistes qui lui conviennent. Nous sommes toujours accroupis devant le meuble, elle me parle à l’oreille :



Je me retrouve à me déhancher sur la piste avec elle (la piste ! C’est juste la place de la table basse exilée sur le balcon). Les autres nous rejoignent. C’est pas grand : alors obligatoirement nous nous trouvons de plus en plus serrés. Elle reste toujours en face de moi et je me retrouve donc tout contre elle, d’autant plus qu’elle a mis des slows pour un moment après les premiers morceaux pop. Elle regarde avec un sourire amusé mes bras qui pendent contre moi. Je comprends. Je les lui passe l’un autour de la taille et l’autre autour de l’épaule, mais je reste à distance : je bande et elle ne va pas aimer.

C’est elle qui me serre contre elle. Je suis affreusement gêné quand je sens son ventre contre mon truc raide et j’essaie de me mettre de côté mais elle me tient contre elle et me sourit si fort que ça me passe instantanément. Bon Djeu, ça lui plait de sentir ça! J’en reviens pas ! Moi aussi donc, puisqu’elle aime! Et j’aime aussi sentir son ventre. C’est chaud, élastique et enveloppant ; elle se pousse vers moi et je suis dans un creux sur mesure. En dansant, le massage est des plus délicieux.



Elle me parle à l’oreille.



J’avale convulsivement et mes oreilles sifflent ; je n’ai pas pu entendre ça quand même : ça doit être le porto!!! Je suis écarlate, je le sens. Je sens une pression de sa main sur mon épaule pour me rassurer.



Elle me regarde dans les yeux : je n’ai pas envie de mentir ni de le dire. Je baisse les paupières comme une jeune fille. Elle me fait un bisou.



Bon djeu… Ça vous est arrivé une fois ça ? Une belle fille, canon même, qui vous propose dans l’oreille de vous dépuceler ? Et le jour du soir de votre 18ème anniversaire ? Je parie que non ! D’habitude c’est l’inverse, c’est le garçon qui le propose à la fille et c’est plutôt inavoué de part et d’autre, d’après ce que je sais. Là elle me le dit en chuchotant presque mais ça fait un bruit de tous les diables dans ma tête… Putain, c’est elle qui m’empêche de tomber par terre : j’ai les guiboles en danette, je m’accroche à son épaule : je ne peux plus parler (…j’ai pas vraiment dit grand chose depuis mon spectacle du début…). Je la regarde comme un noyé qui verrait une dauphine venir le chercher au fond de l’eau.



Je m’accroche à elle. C’est pas le porto qui fait ça ou alors c’est un coup de bouteille noire sur la tête. Elle me recolle contre elle en dansant et me laisse reprendre pied.



Je parle trop fort, je chante mais comment se retenir. Elle rit encore. Tout le monde me regarde mais je m’en fous. Les copains en ont l’air baba.



Qu’est-ce tu ferais à ma place ? Pareil que moi hein ? Je l’embrasse sur les deux joues en frôlant sa bouche. Je n’ai plus du tout peur d’elle.



Tu imagine comme mes oreilles se font grandes.



Essaies de dire non à un truc pareil si ça t’arrive. Mais t’as pas à essayer, ça t’arrivera pas, t’es trop grave… Évidemment j’ai dit oui, tout en me disant, sans rien en savoir, qu’on a toujours une chance que ça se passe autrement que prévu dans tous les plans…


On s’est fini les slows langoureux, après on est passé à table et on a parlé tous les deux. Tu sais, style West Side Story, chais pas si t’as vu c’film ? Premier plan de la scène zyeux dans zyeux très net, lui et elle en technicolor, et tout le reste flou qui tourne derrière comme un manège : j’ai même lu ça dans ses yeux à elle, mais je crois qu’ils étaient surtout amusés. J’avais pas grand choses à dire sur moi – tu parles, le lycée et les loisirs d’ado, ça passionne les filles, c’est bien connu – alors je l’ai fait parler d’elle. Elle n’a pas été dupe et elle s’est encore marrée en coin, avec son petit sourire amusé que je commençais à reconnaître, mais ça ne rate jamais : elle a parlé.

Ce qu’elle m’a dit, je te dis pas : c’est entre nous. C’était bien mais elle m’a pas tout dit, sans s’en cacher : je la connais mieux mais il reste un trou noir, pas très gros – mais les trous noirs ça peut être très petit et faire beaucoup d’effet. Je l’ai acceptée avec son petit trou noir au milieu. Mais là aussi je me suis dit que si j’avais assez d’énergie pour ne pas y tomber, j’essayerai de lui faire raconter un jour son trou noir. Pas celui que tu penses, connard, mais un vrai trou dans l’âme, le genre du truc que même toi tu évites de fréquenter si t’en as un.

J’avais chaud d’être avec elle et j’aurai aimé que sa main me soulage un peu pasque depuis cette conversation, ma propre main ne me disait plus rien mais elle n’a pas fait un geste. J’ai fantasmé sur sa main à table, mais faut pas rêver quand même. Je la regardais, sa main, posée délicatement sur la nappe, à côté de moi, avec ses doigts longs et délicats, ses ongles vernis abricot châtaigne comme ses lèvres et je les imaginais occupés avec autant de délicatesse à me lisser le barreau dans la braguette sans que personne ne le sache. Elle a vu que je regardais sa main et fine comme elle est, elle encore s’est marrée en douce, avec son petit sourire qui m’était adressé sans quelle me regarde.


Il a fallu la fin du repas et les dix-huit bougies allumée sur le gâteau pour que je m’enhardisse. J’avais une bûche enflammée aussi dans le pantalon, beaucoup trop à l’étroit, et elle était plantée dans ma tête surtout. J’avais peur de rater les bougies tellement j’étais tendu, si tu vois ce que je veux dire. Pas le moindre souffle et la cire fondait et ça coulait sur la pâte d’amande … Et tout le monde en chœur :



Je l’ai regardé comme un noyé qu’une dernière vague a achevé. Elle m’a souri et elle était penchée vers moi pour m’encourager. Et au moment où j’allais lui toucher la cuisse pour me raccrocher à quelque chose qui ne tourne pas au milieu de mon vertige, elle a fait une chose stupéfiante : c’est elle qui a pris ma cuisse dans sa main, juste à côté de la bûche, le petit doigt contre, pour m’encourager d’une pression. Ça m’a fait sombrer et me vider de tout air. Je me suis senti tiré par les pieds dans les abysses. Il paraît que les pendus éjaculent au moment ultime, je sais pas si tu sais ; en tout cas les noyés oui, ça je suis sûr. Je l’ai vécu. J’ai du rester bouche bée de stupeur… Et du reste… Puis je suis remonté du fond du gouffre vide avec sa main qui me tirait vers le haut. À la surface j’ai pris une immense respiration et j’ai plié les bougies sur le gâteau, d’un coup, comme j’t-eu-l dis. Tout le monde a applaudi. J’ai mis ma main sur la sienne sur ma cuisse et je l’ai serré en la regardant pour lui dire un merci géant. Bon djeu, ça y est, grâce à elle je suis presque plus puceau : j’ai dix-huit ans.



Bon, là tout le monde m’embrasse. Mais la première qui le fait et la seule pour moi, c’est elle. Elle me prend le cou et m’en roule un discret mais percutant en mettant ma tête entre elle et les autres, sans que personne ne s’en doute. C’est pas long, mais encore plus fort que sa main. Et ses yeux m’en promettent beaucoup d’autres encore plus pénétrants.


Après l’acompte c’est le coma en attendant le vrai cadeau à venir. Tout ce qui tourne dans ma tête, ce soir-là et les jours suivant c’est :

"Samedi, ça me dit, samedi, ça me dit…et Dimanche, dix manches". Et ses lèvres et son bout de langue sur ma bouche. Et je ne me suis pas lavé la bouche, en me rasant à sec autour pour garder son goût.

Tout ce qu’on a fait et dit après, je ne m’en souviens qu’à peine, juste que plus tard elle m’a dit d’aller parler avec les autres pour que personne ne se doute de rien et parce que c’est la vie qui est comme ça. Quand j’ai pris une seconde pour jeter un œil en dehors du tunnel où j’étais largué, j’ai vu qu’elle était partie : son manteau n’était plus là.


Ce que j’ai fait entre jeudi et samedi, je n’en sais rien non plus tellement j’étais zombifié, à part que j’ai écouté la Tordue en boucle. Je ne savais pas que ce genre de musique existait encore et était si vivante. J’avais cru comme beaucoup de jeunes qu’après Brassens il n’y avait plus rien. Et là j’aimais, et pas seulement à cause d’Alice.