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19690
Temps de lecture estimé : 67 mn
13/07/04
corrigé 25/04/22
Résumé:  Un écrivain imagine celle qui pourrait le consoler d'une récente rupture sentimentale. Dans le dialogue qui s'instaure, elle devient tour à tour, femme-objet, confidente, psy, complice, amante ... réelle ?
Critères:  fh hplusag inconnu grosseins fsoumise jeu fouetfesse
Auteur : Julienclaireuil  (jul.brain@free.fr)            Envoi mini-message
La divine thérapie

L’écrivain est devant sa page blanche, il mord le bout de son crayon, il regarde le plafond, les mouches qui volent, il voit le parc par la fenêtre ouverte s’il se redresse un peu sur son fauteuil. C’est l’été.



Il se sent mélancolique, sa dernière compagne l’a quitté un mois auparavant. Il a sombré un moment dans la dépression et puis un désir d’en sortir en utilisant ses qualités d’imagination, l’a fait renaître à la vie. Il est en train de concocter une vengeance virtuelle. Il se parle à lui-même, en quête d’inspiration…



Elle arrive de nulle part. Je ne sais pas qui elle est, ce qu’elle fait dans la vie, de toute façon.


À partir du moment où elle rentre dans cette histoire, elle est à moi, ou plutôt, elle est comme je veux qu’elle soit. Je veux qu’elle entre maintenant, dans cette pièce !


La porte s’ouvre, une forme indéfinissable entre dans mon bureau, elle referme la porte, puis fait quelques pas vers moi.



Tiens, en plus elle est polie, je ne l’ai pas fait exprès. J’aime sa voix, c’est une voix suave, douce, ensorcelante, un peu timide aussi, c’est normal que je l’aime puisque je la crée pour moi.



Je marque un temps d’arrêt, elle a du caractère ! Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle prenne des initiatives dans ce dialogue, je me voyais tranquille dans le rôle de celui qui pose des questions et qui attend les réponses, même les plus indiscrètes.



Elle ne relève pas la dernière phrase, me regarde, un peu boudeuse, un peu interrogative. Son visage est ovale avec les yeux en amandes vert émeraude, une petite bouche aux lèvres très charnues, une fossette sur le menton et des cheveux d’un noir de geai, coupés court jusqu’au niveau du lobe de l’oreille, encadrent le haut du visage. La frange cache la totalité du front.



J’admets le ridicule de cette réponse, mais l’envie de jouer un peu au chat et à la souris avec elle me met d’humeur un peu taquine.



Elle éclata d’un rire juvénile un peu forcé, avisa un fauteuil club dans un coin de la pièce, et s’assit sur l’un des bras en croisant les jambes, comme une qui prend cinq minutes pour régler un petit malentendu, pensant reprendre sa vie normale ensuite.


J’en profite pour la détailler physiquement un peu mieux. Elle ne semble pas très grande, assez potelée, sans être grosse non plus. Elle porte une jupe plissée bleu marine très courte, qui me permet d’apprécier le galbe de ses jambes et de ses cuisses, surtout depuis qu’elle les a croisées. Un petit boléro blanc boutonné sur le devant habille son buste tout en laissant voir son nombril et les bretelles de son soutien-gorge bleu-turquoise. C’est la mode du temps, les filles montrent leurs sous-vêtements, cela prouve au moins qu’elles en portent. Celle-là fait bien d’en porter parce que sa poitrine semble particulièrement volumineuse. Des escarpins de cuir blanc complètent sa tenue. Elle est séduisante, sans être non plus un top modèle. C’est le genre de fille que l’on peut remarquer dans la rue en été, et la regarder partir vers sa destinée en étant sûr de ne jamais la revoir, sauf que celle-là est chez moi et qu’elle m’appartient, sans qu’elle l’ait encore compris d’ailleurs, puisque la voilà qui repart à la charge :



Je la fixe avec un petit sourire amusé tout en attrapant une cigarette que j’allume aussitôt.


Elle me regarde, incrédule, elle a les bras croisés, ce qui souligne particulièrement sa poitrine. Mais la voilà qui hoche lentement la tête de droite à gauche puis qui demande sérieusement :



Elle a un petit soupir d’agacement, puis elle décroise les jambes et se penche en avant. Elle appuie ses coudes sur ses genoux et pose son menton sur ses poings. Dans cette position, elle m’offre une vue plongeante sur son décolleté.



Je continue d’afficher un petit sourire et de fumer tranquillement. Elle me regarde, soucieuse, visiblement en train de réfléchir intensément, peut-être même agacée par le fait de ne pas trouver de réponse immédiate à ma question.



Elle réfléchit un instant puis répond :



Elle se prend la tête dans les mains en soufflant par la bouche, puis, se redressant, elle déclare :



Elle s’est levée, son visage exprime la colère, ces mains rythment chacun de ses mots, elle se tient debout devant mon bureau, elle exprime de toute sa force le refus de croire à mon histoire.



Ma question la fige, je vois passer une lueur d’effroi dans ses yeux, elle découvre qu’elle ne peut répondre à cette question.



Elle me regarde incrédule et troublée, cherchant dans mon regard une bouée de sauvetage. Tout à coup, elle s’exclame :



Je souris à nouveau.



Elle réfléchit intensément, très désireuse de contrer mes affirmations par une échappatoire aussi providentielle que celle qui vient de s’offrir à elle. Puis elle retourne au fauteuil dans lequel elle s’assied lourdement, et lâche sans me regarder :



Je me garde bien de troubler le silence qui vient s’installer entre nous, et me contente de la regarder. Elle a croisé ses jambes à nouveau, ses mains reposent chacune sur un bras du fauteuil, sa tête appuyée sur le dossier, elle fixe le plafond. Elle semble digérer cette joute verbale.



Elle ouvre des yeux étonnés et affirme dans un geste de condescendance :



Ses yeux me fixent intensément, elle semble chercher où est l’erreur. Elle est effondrée dans le fauteuil, les bras sur les accoudoirs, et elle s’en remet à moi pour essayer de trouver une issue correcte à ce qui est une énigme pour elle.



Elle ne dit rien, attendant la suite de ma démonstration.



Son regard est toujours incrédule, mais elle essaie de comprendre, de trouver une faille.



Le flot de ses questions semble tari provisoirement, j’en profite pour amener la discussion sur un sujet plus intime, et commencer ainsi mes investigations perverses.



Elle se tortille un peu sur sa chaise pour marquer son trouble.



Tout en répondant de bonne grâce à mes questions indiscrètes, elle soulève sa jupe et s’évente les cuisses avec le tissu. Je distingue nettement que sa culotte, en dentelle, s’harmonise parfaitement avec la couleur de son soutien-gorge.



Elle rougit immédiatement, rajuste sa jupe et bafouille :



Elle secoue la tête affirmativement, puis ajoute :



Elle se lève du fauteuil et s’approche.



Elle se tient debout à côté de moi, pose une main sur mon bureau.



Tout en l’interrogeant, je pose la main sur ses jambes et remonte lentement sur ses cuisses.



Ma main remonte en haut des cuisses, sous la jupe, je parcours les rondes fesses habillées de dentelle.



Je pétris doucement ses fesses, ma paume épouse la rotondité de chacune, je sens son parfum léger.



Mes doigts cherchent doucement à pénétrer entre ses cuisses pour lisser son intimité. Elle écarte imperceptiblement les jambes et je peux parcourir la partie humide de sa culotte de dentelle.



Elle pose sa deuxième main sur le bureau, elle cambre ses reins inconsciemment. Mes doigts caressent son sexe sans retenue et les effets se remarquent nettement. Sa voix est plus alanguie, son souffle plus marqué, elle lève les yeux au plafond.



Elle provoque les mouvements de ma main à présent, elle pousse son bassin d’avant en arrière pour venir frotter son pubis sur mes doigts. Je demande sournoisement :



Mais elle accentue le mouvement, cherchant à prendre son plaisir.



Elle répond par un soupir de plaisir ; sans cesser ses mouvements.



Cette évocation ne l’empêche pas de continuer sa quête du plaisir.



Elle cesse tout à coup ses ondulations.



Elle ne répond plus. Je continue à palper les trésors de son entrejambe, toujours à la disposition de mes doigts. Si elle ne vient plus à la rencontre de mes caresses, elle en goûte cependant les bienfaits en exhalant son souffle alangui, la bouche entrouverte.


Je reprends ce petit dialogue pervers :



Est-ce par bravade ou par esprit de contradiction envers la toute-puissance que me confère cette situation, elle me répond :



J’hésite une seconde, plus parce que cet aveu me pousse à la dévoiler déjà, que parce que je crains de me laisser emporter par l’urgence d’un scénario non établi. Puis, appliquant une main sur son dos pour l’obliger à coller son buste sur le bureau, de l’autre, je retrousse sa jupe. La culotte de dentelle bleue est impeccablement tendue par les rotondités qu’elle recouvre. Cependant, je poursuis ma démonstration, j’attrape l’élastique du sous-vêtement et dévoile d’un coup la masse blanche et convexe de ses appâts jumelés. J’ai beau prétendre dérouler le fil de cette histoire au gré de mon imagination, le spectacle qui s’offre à mes yeux me trouble au point d’annihiler toute envie d’administrer la correction envisagée. Je pose ma main sur ces merveilles qui ne m’inspirent que de la douceur. La chaleur qui s’en dégage m’incite à prolonger le contact.



Elle tourne la tête vers moi. Ses yeux sont brillants d’émotion. Sa voix tremble lorsqu’elle avoue :



Je caresse la courbe de chacun des deux superbes renflements qui composent ses fesses, sans oser flirter avec le sillon qui les traverse, parce qu’il m’apparaît trop vulnérable.



Elle scrute mon visage, exprimant un mélange de candeur et de soumission. Cette expression me désarçonne, j’ôte mes mains de son corps et je conclus :



Elle est assise dans le fauteuil, exactement dans la position qu’elle occupait avant qu’elle ne me demande de lui prouver mon histoire par d’autres arguments que des paroles. Je suis assis à mon bureau, comme je l’étais au début de cette rencontre. Son visage exprime un étonnement mêlé d’effroi.



Elle me regarde interdite, une réflexion s’opère en elle. L’émotion transparaît, ses yeux s’embuent de larmes.



Je confirme en hochant la tête gravement. Des larmes coulent sur son joli visage :



Il n’empêche, son pauvre visage exprime un désespoir inqualifiable. Elle me dévisage au travers de ses larmes, semblant me reprocher son état. Je ne sais trop comment réagir. J’allume une nouvelle cigarette que je fume sans trop la regarder et sans parler, espérant que le silence l’aidera à se reprendre. Mais elle semble inconsolable, elle a enfoui son visage dans ses mains.



Quelques sanglots tiennent lieu de réponse à ma pauvre tentative de consolation.



Les sanglots s’éteignent peu à peu, elle dévoile son visage enfin et essuie ses larmes d’un revers de la main.



Je me lève, lui tends la main pour l’aider à se mettre debout. Elle accepte mon aide, et abandonne un instant sa petite main gracile dans la mienne. Elle est bien plus petite que moi, vingt bons centimètres, j’ouvre la porte du bureau et la fais passer devant. En quelques mots, je lui indique quelques repères dans la maison puis, la laissant à son exploration, je vais à la cuisine.


Elle me rejoint un quart d’heure plus tard. Sa mine semble plus sereine, elle vient du jardin qui lui a beaucoup plu.



Je lui propose des toasts et de la confiture d’orange qu’elle accepte volontiers. Juste avant de mordre dans la tartine qu’elle s’est préparée, elle demande subitement :



Je souris en tripotant ma tasse.



Elle m’adresse une petite moue en guise de réponse avant de boire une gorgée de thé.



Elle prend le pot de confiture d’orange et s’arme de sa petite cuillère.



Elle pioche délicatement dans le pot avec le bout de la cuillère puis le porte dans sa bouche en fermant les yeux, longuement, semblant se concentrer.



Je la dévore des yeux pendant son récit. Elle revit littéralement la scène, ses mains sont serrées autour du pot de confiture, son regard porte droit devant elle, elle n’est plus avec moi. Un instant, elle fixe sa tasse sans parler, puis elle ajoute :



Elle éclate de rire.



Elle me jette un regard par-dessus sa tasse qu’elle est en train de finir. Elle la vide consciencieusement puis la pose devant elle sans se presser. Elle se lève et fait le tour de la table, je pivote pour lui faire face. Elle prend appui sur mes épaules puis s’assied sur mes genoux à califourchon. Elle noue ses bras autour de mon cou et plonge ses yeux dans les miens. Je me noie dans son regard vert, tous mes sens sont en éveil, je me sens comme le novice en quête d’une révélation. À ce moment, je suis plus jeune qu’elle. Il me semble que ses yeux pétillent, elle exprime une joie intense et un bonheur infini. Cet échange visuel paraît durer une éternité, mais c’est une éternité que je voudrais prolonger encore. Enfin, lentement, elle approche son visage du mien. Sa petite bouche charnue s’entrouvre, dévoilant ses dents fines et blanches. Je perçois son souffle tiède et tranquille. Elle pose ses lèvres sur les miennes, doucement, puis elle ferme les yeux et me donne un premier baiser… juste posé comme un souffle.


Elle m’en redonne un un peu plus appuyé, puis sa langue agile et vive s’insinue dans ma bouche. À ce moment, nos bouches se prennent totalement et nos langues se nouent en des nœuds sans cesse recommencés. Sa langue semble si active, si chaude qu’elle paraît avoir son autonomie propre. J’ai posé mes mains sur sa taille souple et ferme. L’instant est si intense que nos corps semblent ne plus nous obéir. Ses cuisses enserrent les miennes, nos ventres s’épousent, son buste s’écrase sur ma poitrine et mes mains épousent les formes généreuses cachées sous sa jupe. Le baiser dure encore et encore, sans cesse renouvelé. Le plaisir qu’il me procure déclenche en moi des flots de tendresse. Je suis les initiatives de sa bouche en tentant d’y répondre le mieux possible. Je me garde de trop d’audace, j’ai peur de gâter ce moment de bonheur fragile. Et puis, le premier, je lâche ce trop-plein d’émotions en une longue plainte nasillarde, porteuse de soulagement pour tant de souffrances passées et garantissant un bien-être immédiat. Elle rouvre ses yeux qui se plissent aussitôt, alors nos bouches se défont et nous exprimons chacun notre bonheur par sourire interposé.


Elle est en train de vider sa tasse de thé, consciencieusement, mais contrairement à tout à l’heure, elle la repose brusquement.



Elle est assise à califourchon sur mes genoux, elle a ses mains nouées derrière ma nuque, les miennes sont dans son intimité, nous nous regardons les yeux dans les yeux, très émus.



Elle a dit cela en chuchotant, son visage est à quelques centimètres du mien, nous avons retrouvé la symbiose de l’après-baiser, mais le retour brusque à une telle émotion brise toute défense.



J’ai adopté le même chuchotement. Je reprends sa bouche pour goutter de nouveau à l’enchantement de son baiser. Elle caresse ma nuque et mes cheveux. Elle semble prendre autant de plaisir que moi à ce baiser, pourtant, c’est elle qui y met un terme. Elle me caresse le visage. Elle semble sereine, mais je sens qu’elle hésite à poser une question.



Elle enserre de nouveau mon cou et me donne sa bouche avec fougue. Elle interrompt l’étreinte, lorsqu’elle est sûre de m’avoir mis groggy. Elle me sourit, ses mains glissent sur mes joues, ma bouche. Elle s’exclame :



Puis elle se redresse et commence à déboutonner son boléro sans me quitter des yeux.



Elle jubile, sûre de son petit effet. Le dernier bouton est défait, elle écarte les pans du vêtement, dévoilant son soutien-gorge bleu, gonflé par un buste volumineux.



La dentelle du sous-vêtement fait plus que laisser deviner les aréoles brunes blotties en dessous. L’érotisme de cette poitrine comprimée dans un tel artifice est extraordinaire.



Espiègle, elle dégrafe le soutien-gorge, dont l’attache est située entre les bonnets. Elle dévoile ses seins simplement, en me regardant dans les yeux. Leur forme laiteuse s’épanouit devant moi. Ils semblent d’une fermeté surprenante malgré leur taille. Ils reposent avec grâce sur son torse, mais les pointes restent tournées vers le haut. Leur blancheur tranche avec le reste de sa peau qui est plutôt mate. Le désir m’accable. Elle ne bouge pas, ses bras reposent le long de son corps, elle scrute ma réaction. Je ne sais pas quoi dire, je lui donne raison en faisant réapparaître mes mains au grand jour pour effleurer la texture de ces deux merveilles. Mes paumes glissent en dessous, mes doigts enserrent à peine les pointes. Je croise son regard, elle semble si sérieuse. Je guette un signe de sa part en faisant passer mes pouces sur ses pointes. Elle est surprise par mon attitude et prend l’initiative de guider mes mains afin qu’elles étreignent franchement ses appâts. Elle me confie d’une voix enrouée par l’émotion :



Elle a reposé ses mains autour de mon cou, et pendant que je joue avec ses gros globes elle ferme les yeux pour mieux apprécier mes caresses.


Elle vient de reposer brusquement sa tasse, et en un éclair, elle comprend que je suis revenu à l’heure du thé. Nous gardons le silence quelques instants. Je finis ma tasse à mon tour.



Elle acquiesce en rougissant à peine.



Elle paraît hésiter un instant avant de répondre.



Elle s’interrompt un instant, passe une main dans ses cheveux, puis reprend :



Elle prend une grande inspiration, puis demande :



Je la fais passer devant moi et nous nous dirigeons vers le bureau. Cette petite jupe qui flotte devant moi, découvrant ses jolies jambes, me fait rêver. Un instant, j’ai envie de l’enlacer, là, dans ce couloir, mais elle interrompt mon élan.



Nous entrons dans le bureau.



La jupe est encore plus attirante vue de dos, dans un escalier, mais l’endroit n’est pas propice aux étreintes. Elle entre la première et s’assied sans façon sur le petit divan de cuir qui occupe une partie de la pièce. Je prends le fauteuil.



Elle parcourt des yeux la vaste bibliothèque remplie de livres reliés cuir.



Elle réfléchit un instant.



Je la scrute un moment, elle finit sa clope et se lève pour l’écraser dans le cendrier qui est près de mon fauteuil. Elle donne l’aire de quelqu’un qui suit la conversation poliment mais sans y prendre beaucoup de plaisir. Elle s’est rassise, et croise les jambes ingénument. Une idée me vient.



Une ombre passe sur son visage, mais elle la dissipe aussitôt.



Je souris en me levant.



Quelques minutes plus tard, lorsque je retourne dans mon fauteuil, elle est nue, étendue sur le ventre, ses vêtements sont entassés pêle-mêle sur le tapis. Elle a replié ses bras sous sa tête, posé sa joue sur ses mains, et me regarde, sérieuse, jouant du mieux qu’elle peut les rôles que je lui propose. Quoi de plus admirable qu’un dos de jeune femme dans une telle position ? Le sillon de la colonne vertébrale, plus marqué, ruisselle jusque dans la cambrure des reins, où il s’atténue un instant, comme au creux de la vague, pour resurgir, plus puissant, creuser une sombre vallée qui va mourir en un mystérieux delta. Je contemple sans mot dire ses formes propices à toutes rêveries, puis j’ouvre un livre au hasard, feuillette quelques pages, et choisis un texte qui correspond au mieux à mes pensées. Puis ma voix s’élève, insuffle suffisamment d’élan aux mots, afin qu’ils retombent sur elle, la couvrant de mon désir brûlant.


Les roses étaient toutes rouges

Et les lierres étaient tout noirs.


Chère, pour peu que tu ne bouges,

Renaissent tous mes désespoirs.


Le ciel était trop bleu, trop tendre,

La mer trop verte et l’air trop doux.


Je crains toujours, – ce qu’est d’attendre !

Quelque fuite atroce de vous. (Paul Verlaine)


Je choisis mes textes au plus vite, sans laisser le temps à la magie qu’ils dégagent de se dissiper. Quelques fois, plusieurs poèmes se suivent et cadrent parfaitement avec l’atmosphère que je veux créer. D’autres moments, il me faut plusieurs minutes pour enchaîner ma lecture. Dans ces instants-là, je lui jette un regard, pour juger son état. Elle a d’abord fermé les yeux, puis j’ai pu noter que le grain de sa peau prenait du relief, jusqu’à obtenir l’effet « chair de poule ». Je m’applique à vivre ce que je lui lis, pour la toucher davantage. Plus tard, en changeant de livre, comme je lève les yeux sur elle, je croise son regard, qui est plein de larmes. Pour se donner une contenance, elle me demande une cigarette. Je l’allume pour elle, puis je m’approche avec le cendrier. Je m’assieds à même le tapis, près d’elle. Je pose une main sur son dos que je caresse tendrement.



Elle me fait signe que oui.



Je reprends ma lecture, le livre est posé sur le sol. Je suis moins concentré, je ne cherche plus les meilleurs textes, je me contente de les dire de mon mieux. Et puis, vient ce poème de Paul Verlaine :


Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime et qui m’aime

Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.


Je viens de dire le dernier vers, elle vient d’écraser sa cigarette, et sa voix éteinte par l’émotion m’adresse comme une prière ces quelques mots :



Ma main vagabonde est déjà sur ses épaules. Comment ne pas la prendre au mot ? Elle est si disponible, sa voix est si touchante. Je pose mes lèvres sur ses reins. Son corps est si chaud et sa peau si douce. Mes doigts se perdent dans ses cheveux, pendant que de l’autre main je palpe sa croupe exposée. Je goûte le grain de sa peau qui me semble sucré. Elle s’ouvre à mes tâtonnements et bientôt je bois à la source de son désir parfumé. Ma bouche gourmande happe une à une toutes ses merveilles enfouies, déclenchant au fur et à mesure l’envol de ses plaintes impudiques. Elle se cabre bientôt, comme une pouliche affolée que mes mains rassurantes ne peuvent maîtriser. La voilà maintenant assise, lovée dans mes bras, qui répond à ma bouche audacieuse par des baisers brûlants, attisés encore par le feu que j’ai allumé en elle. Cette fille est un volcan et je suis tout près de céder à sa volonté enflammée, lorsqu’un appel du rez-de-chaussée met fin à nos ébats. L’intendante de la maison réclame ma présence.


Lorsque je reparais à ses côtés, un quart d’heure plus tard, le feu est éteint, et la belle, rhabillée.



Ludivine me regarde ébahie.



Nous nous contemplons quelques instants. Elle est assise confortablement sur le canapé, ses bras sont écartés et reposent sur le dossier, ses jambes sont croisées. Quelque chose me paraît changé dans son apparence, sans que je parvienne tout de suite à expliquer cette impression, puis je découvre sur un accoudoir, à demi caché derrière elle, un morceau de son soutien-gorge. Elle a choisi de porter son boléro directement sur ses seins nus.


Nous sommes passés à table. Manuela a bien fait les choses, comme à son habitude. La table est dressée pour deux, un bouquet de roses rouges est posé dessus. Au menu, assiette de crudités, foie gras, selle d’agneau et ses légumes, fromages et sorbets. Nous avons pris l’apéritif au champagne et Ludivine a accepté de garder cette boisson pour le repas.



Elle me regarde songeuse, sa coupe de champagne à la main.



Elle me regarde, pensive, puis déclare :



Elle me fait un sourire un peu forcé, puis ajoute :



Elle quitte la pièce. Mon attachement pour cette fille n’a fait que croître au fil de nos discussions. J’aime sa spontanéité, sa fraîcheur, son envie de vivre. L’angoisse à peine dissimulée qui point en elle à l’évocation de la fin de l’histoire, met en évidence sa fragilité et la rend encore plus émouvante. Elle n’a cessé tout au long de cette histoire de chercher à occuper sa place et de la justifier au mieux de ses possibilités. Elle s’est formidablement adaptée. L’initiative de s’occuper du dessert renforce encore ce sentiment et je me sens déjà triste de devoir bientôt la faire sortir de ma vie.


Un bruit de verre brisé retentit soudain en provenance de la cuisine. Je me précipite, une coupe de sorbet est posée sur la table, mais les débris de l’autre gisent à terre. Elle se tient debout, ne sachant comment se comporter, visiblement déconfite. Je pose mes mains sur sa taille et attirant son dos contre moi, je lui fais un bisou dans le cou.



J’enserre sa taille de mes bras, mes lèvres cherchent autour de son oreille puis happent le lobe pour le chouchouter un instant. Elle a posé ses mains sur les miennes et les caresse.



Elle se laisse embrasser dans le cou, les cheveux, les oreilles. Je sens son corps qui s’abandonne contre moi, sa bouche entrouverte témoigne déjà de son envie de plaisir en exhalant un souffle perceptible. Le désir guide nos gestes, mes mains accompagnées par les siennes parcourent son ventre en des mouvements lisses et audacieux. Mais elle rompt bientôt ce fil ténu qui nous entraîne vers le plaisir en exigeant :



Elle s’est dégagée, maintenant elle me fait face en me défiant du regard.



Je jauge un instant dans ses yeux la volonté qui l’anime.



Son attitude et le son de sa voix expriment la provocation. Je la contemple quelques secondes, comme on mesure une dernière fois un adversaire avant de passer à l’action, puis je lui révèle calmement la petite mise en scène qui me vient à l’esprit :



Je quitte la pièce, le temps que chacun entre dans son rôle, puis je reparais à l’encadrement de la porte de la cuisine. Je considère la scène, Ludivine de dos ramasse nonchalamment les bouts de verre éparpillés sur le sol en chantonnant.



Elle tourne la tête vers moi, et lance :



Puis elle continue son travail sans s’alarmer. Je m’approche.



J’improvise, mais elle se met immédiatement au diapason de la situation.



Elle se redresse, me toise et lâche :



Je la toise à mon tour, à quelques centimètres d’elle.



J’avance sur elle, la forçant à reculer.



Elle est coincée contre le rebord du plan de travail.



Elle tente une conciliation.



Elle cherche à se dégager, mais je la retiens par le bras.



D’un geste violent, je tire sur la jupe, un bouton s’arrache et le vêtement tombe à ces pieds.



J’ai les mains posées de chaque côté d’elle, de façon à réduire ses gestes au maximum. Elle ne peut que faire glisser le sous-vêtement en restant face à moi. Je me recule un peu pour juger du tableau. Sa culotte est enroulée à mi-cuisse, ses mains se sont posées spontanément sur son intimité. Le boléro s’arrête au-dessus du nombril, ce qui fait que la vue sur son bassin est entière.



Elle se cache le visage dans ces paumes et je contemple à loisir l’intégralité de son bassin.



Elle se retourne contre le plan de travail offrant sa chute de reins superbe à mon regard.



Je pose mes deux paumes sur sa croupe que je masse langoureusement.



Je donne une première claque retentissante sur ses fesses.



Convaincue par le ton de ma voix, elle déboutonne son vêtement. Je palpe avec gourmandise l’intégralité de sa croupe. Elle a effectué ce que je lui avais demandé, et posé ses mains à plat sur le meuble devant elle. Une de mes mains prend possession de ses gros fruits dénudés pendant que de l’autre j’entame sans faiblir à lui infliger la punition. Elle se raidit sous les coups, proteste par des cris de douleur. Je lâche ses seins pour la maintenir au collet et la forcer à allonger son buste sur le plan de travail. Elle se débat, renverse quelques objets devant elle, mais ma poigne suffit à la plaquer dans cette position humiliante. Mes claques tombent régulières sur son cul bombé, imprimant des marques rouges. Ses plaintes répondent aux claquements secs de ma main. Je ponctue mes gestes de mots grossiers qui décuplent mon excitation.


Mes insultes la touchent plus que je ne le pensais. Ses cris ont maintenant une tout autre signification, elle cambre ses reins pour s’offrir plus à ma main implacable. Sa voix rendue haletante par un mélange de douleur et de plaisir répond à mes sollicitations verbales par des acquiescements soumis. Je me mets alors à la tutoyer.



Entre chaque claque, j’ose une caresse intime plus appuyée et plus précise à chaque fois.



Elle exauce mes désirs à la lettre, glissant une main habile entre ses cuisses. Mes claques se font plus nonchalantes, plus symboliques, et je me repais de ce bruit singulier. Elle semble accéder à la volupté et sa jouissance excite ma libido. Je tombe mon pantalon et mon slip, je promène ma verge tendue contre le sillon de sa croupe. Elle suffoque à ce contact et tente de la saisir en passant sa main entre ses cuisses. Je la saisis par les cheveux et la faisant pivoter, la force à s’agenouiller. Je lui présente immédiatement ma tige dressée, elle la happe sans réticence. Je balade mes mains sur son visage, ses épaules, ses seins. Elle me suce avec envie et application. Je l’apostrophe de toutes les formules qui me viennent à l’esprit. Elle y répond par des grognements gourmands. Je vais au bout de mes fantasmes et ne cherche pas à contenir ma jouissance qui éclate dans sa bouche, puis en chaudes propulsions sur ses gros seins pointus.


Il s’est passé un quart d’heure quand elle reparaît, enveloppée dans une serviette éponge, les cheveux encore humides de la douche qu’elle vient de prendre. Je suis assis à ma place, la coupe de sorbets est posée sur la table de la salle à manger, et j’ai préparé deux cuillères. Je l’invite à s’asseoir sur mes genoux. Nous nous embrassons longuement.



Elle réfléchit un instant en attrapant une cuillerée de glace.



Le vouvoiement m’est revenu en percevant le reproche avec lequel elle fait allusion aux paroles que j’ai pu prononcer.



Un silence s’installe, je pioche à mon tour dans la coupe de sorbets.



Elle me regarde tout à coup.



Elle retourne au dessert.



Je passe mon bras libre autour de sa taille.



Elle me regarde à nouveau.



Je lui laisse les dernières cuillerées de glace et pose ma cuillère.



Elle finit de racler la coupe, puis noue ses mains derrière ma nuque.



Elle m’embrasse de façon délicieuse et brûlante, et murmure de sa voix troublante :



Je l’embrasse fougueusement à mon tour, puis, la portant dans mes bras, je l’emmène à l’étage, dans ma chambre. Le tissu éponge dans lequel elle est drapée lui donne l’apparence d’une princesse orientale. Elle a blotti sa tête contre mon épaule.



Sa phrase sonne comme une angoisse déguisée, comme si elle appréhendait quelque chose.



Elle lève la tête et me sourit.



Je souris à mon tour.



Je pousse la porte de la chambre et la pose délicatement sur le lit.



Je laisse volontairement l’ambiguïté planer sur la nature de cet acte. Je lui ôte sa tenue et je me déshabille rapidement devant elle.



Je suis nu, je m’allonge à ses côtés. Je la caresse longuement. Nos yeux s’épousent et s’aiment comme un prélude merveilleux.



Épilogue :


L’écrivain, assis à son bureau devant ce manuscrit qui l’obsède, se demande si cette histoire est tout à fait finie. Alors qu’il en a achevé la rédaction depuis quelques jours, et qu’il se consacre maintenant à la correction, un événement impossible s’est produit le matin même, sans qu’il ait encore tranché si cela est à mettre sur le compte de l’imagination ou de l’hallucination. Cette fille qu’il a créée, et dont il n’arrive pas encore à se détacher, ce personnage charmant, mais totalement fictif, est apparue sous ses yeux ! Cela se passait au retour de sa promenade quotidienne, il a cru la reconnaître entrer dans une boulangerie sur le trottoir d’en face. Incrédule tout d’abord, il s’est même moqué de cette obsession puérile, puis la curiosité l’emportant sur le reste, il est entré à son tour dans la boutique. La personne qui l’intéressait lui tournait le dos, payant sa commande. Lorsqu’elle a regagné la sortie, elle est passée près de lui sans le voir mais il l’a formellement reconnue. Ne sachant comment aborder une inconnue dont on croit tout savoir, il a acheté un croissant, pour justifier sa présence dans la boulangerie, puis en est ressorti en trombe, pensant la suivre pour l’accoster un peu plus loin. Hélas, elle avait disparu ! Cet incident le met mal à l’aise. Rencontrer l’héroïne qu’il a créée de toute pièce est le comble de l’écrivain. Même s’il se persuade au fil des minutes qu’il a forcément fait erreur, l’espoir de confirmer cette thèse est envolé à tout jamais. La présence de Manuela dans la cuisine lui donne une excuse pour fuir ce doute en recherchant la discussion avec elle.



J’avise la pile de linge propre posée sur une chaise du vestibule, et mon cœur tressaille. Sur le dessus, un soutien-gorge bleu est en évidence. La scène décrite dans la bibliothèque où Ludivine a laissé ce même vêtement sur le divan me revient en mémoire. Refusant de croire à un tel prodige, je questionne Manuela.



J’examine le soutien-gorge, il est de grande taille et pourrait tout à fait convenir à Ludivine. La coïncidence est frappante, et cela fait deux fois dans la même matinée. Je commence à me demander où est le lien dans tout cela. Manuela me regarde bizarrement depuis que je tripote le soutien-gorge de sa nièce, je réalise alors l’incongruité de la situation et le lui rends prestement.



Cela fait deux jours que cette conversation a eu lieu, et l’écrivain continue son travail de peaufinage. C’est le milieu de l’après-midi, et il rêvasse en regardant par la fenêtre ouverte, se demandant si Manuela va exaucer son souhait. Si c’est vraiment la même fille que celle qu’il a imaginée, la voir seulement en présence de sa tante risque d’être décevant. Et puis, quoi dire à un personnage de roman ? Il ne peut quand même pas lui faire lire ce qu’il a écrit et lui demander si cela lui correspond.



Tout à coup, la porte s’ouvre lentement, une silhouette apparaît. C’est elle, c’est la fille entrevue dans la boulangerie ! Cette apparition soudaine au moment où je pensais à elle me stupéfait. Je dois être blême à faire peur. Elle a refermé la porte et s’avance vers moi en me regardant sans émotion apparente. Elle est vêtue d’une jupe et d’un chemisier. Elle a cette bouche et cette coiffure brune qui étaient les signes les plus marquants de la physionomie de Ludivine. Tout à coup, un voile se déchire. Je me rappelle où je l’ai vu pour la première fois. C’était en photo dans le salon de Manuela, une des rares fois où j’y suis venu. Je comprends alors d’où me venait cette inspiration. En fait, ce visage, cette silhouette… je ne les ai pas inventés, ils se sont imposés à moi de manière inconsciente, à partir d’une photo, entrevue un jour, furtivement, chez mon employée, et dont le souvenir conscient s’était effacé totalement jusqu’à cette minute. Cette explication extraordinaire me permet de retrouver mes esprits, même si je suis troublé, je parviens à la saluer.



Cet échange banal me remet en mémoire la conversation avec Ludivine au début du roman, je me souviens de la suite et enchaîne sans réfléchir.



Elle fronce les sourcils et rétorque :



Je ris, elle ne comprend pas pourquoi, et craignant peut-être d’avoir été trop directe, elle ajoute :



La coïncidence des réponses me laisse perplexe, je la dévisage un instant. Ce silence la met mal à l’aise, et elle relance la conversation.



La similitude avec mon histoire continue, je me demande alors, naïvement, si cela ne pourrait pas recommencer en réel.



Je connais bien mon texte, mais elle doit me prendre pour un excentrique.



J’étais à deux doigts de dire : « Notre dîner ». Je décide de cesser ce jeu énigmatique pour elle.



Elle hausse les sourcils, et s’exclame :



Elle avise le fauteuil club que Ludivine connaît bien et s’assied sur le bras, côté fenêtre.



Elle secoue la tête incrédule.



Elle fait une moue dubitative.



Elle digère cette information.



Que le destin peut être cruel parfois !



Je souris.



À ce moment, une brise impertinente franchit la fenêtre ouverte près d’elle et vient s’engouffrer sous sa jupe. L’espace d’un instant, j’aperçois sa culotte. Elle est de dentelles bleues, comme le soutien-gorge que Manuela a remporté, comme la culotte de Ludivine. Il me semble alors que quelque chose de surnaturel s’est produit, que ce signe supplémentaire ne laisse aucun doute sur la juxtaposition possible entre le réel et le fictif. Je me mets à rêver que Ludivine et Sylvia ne sont qu’une seule et même personne. Une phrase de Ludivine me revient avec insistance : « L’un de mes fantasmes, c’est de me faire peloter les seins par un inconnu » ! Elle a rajusté prestement sa jupe et rougit délicieusement.



Elle me regarde, étonnée, puis, comme attirée par une perspective dont elle ne connaît pas exactement les aboutissants, elle se lève et vient tout près de moi. Je lui prends la main, timidement, hésitant à plonger dans l’inconnu d’une action audacieuse et hypothétique.



Elle me regarde sans comprendre. Ma main remonte le long de son bras, puis sur son épaule. Elle est tendue, je masse un instant cette épaule, espérant la rassurer, puis je me lance et ma main descend sur son chemisier, jusqu’au niveau des seins. Elle se raidit. Je palpe lentement ses appâts, légèrement, comme pour les apprivoiser. Elle me regarde, son attitude est passive, mais elle reste très attentive. Je risque l’autre main sur son buste, elle ne réagit pas. J’ose alors déboutonner le premier bouton du vêtement.



La question trahit l’indignation. Elle a posé une main sur les miennes comme pour m’empêcher de continuer, mais je continue, alors elle repousse brutalement mes mains et s’éloigne de moi, reculant jusqu’à venir s’adosser au mur. Sa réaction semble ne trahir aucune ambiguïté, pourtant elle reste dans cette pièce, là où un homme inconnu a tenté de la déshabiller. Elle me regarde, elle a croisé ses mains derrière ses fesses en appui contre le mur, son chemisier est déboutonné sur trois boutons. Je n’accuse pas trop le coup, sa réaction est plutôt saine, mais je ne m’avoue pas vaincu, d’abord parce qu’elle ne fuit pas vraiment, ensuite parce que ce serait trop beau de relier, par son intermédiaire, le réel à la fiction. Je prends une inspiration et me lance dans une tentative de récupération de la situation.



Elle ne bronche pas, elle écoute sérieusement ce que je lui dis, sans faire de commentaires ni trahir une quelconque émotion. J’ajoute :



Elle ne répond pas. Son regard se dirige vers le sol, elle rougit à nouveau. Je reprends d’une voix la plus douce possible :



Elle regarde le sol, sans répondre.



Elle relève la tête enfin, les yeux brillants d’émotion. Elle semble résolue à retenter l’expérience. Je laisse passer quelques instants en l’envisageant gentiment. Puis, je lui souris, elle répond par un sourire un peu crispé.



Elle s’approche à nouveau, je lui prends les mains pour la faire venir encore plus près. Je remonte les paumes le long de ses bras pour la tenir par les épaules.



Je repose les deux mains sur ses seins, je les caresse rapidement, comme quelqu’un qui, connaissant déjà une partie du chemin, se hâte vers ce qu’il ne connaît pas encore. Je reprends le déboutonnage du chemisier, et elle ne s’y oppose pas. J’ôte suffisamment de boutons pour dégager le soutien-gorge. Je marque une pause avant de poursuivre, elle respire fort comme si elle vivait un moment intense, son regard exprime de l’appréhension. Je me lance pourtant et attrape l’attache du soutien-gorge, située devant, afin de la dégrafer.



Elle me regarde intensément et ajoute :



Je suspends mon geste un instant, par scrupule, puis jugeant que ce « non » n’est pas le code convenu, donc ne peut pas rentrer en ligne de comptes, je libère les gros seins de leur prison de dentelles.



Elle s’est exclamée comme pour témoigner un mélange d’indignation et d’étonnement. Indignée que je passe outre ses recommandations et étonnée de se faire dénuder par un inconnu. Je prends possession de ses gros fruits. L’excitation est présente, ses pointes sont déjà érigées.



Cette exclamation-là est pleine d’abandons et je profite de mon avantage sans vergogne. Je la caresse de toutes mes paumes et lis sur son visage, au-delà de la honte contenue, la progression rapide du plaisir. Je fais jouer mes doigts sur ses tétons durcis. Je malaxe les rondeurs élastiques et dociles. Je soupèse l’extraordinaire lourdeur de ses appâts. J’écrase de mes paumes avides les tétons dressés. Elle s’abandonne à mes explorations, ses lèvres filtrant des sons plaintifs de plus en plus audibles. Sa bouche est entrouverte, le bout de sa langue frotte dans un mouvement rapide les deux barrières nacrées de ses incisives inférieures et supérieures. Je promène enfin la mienne sur ses tétines dressées. Je happe les gros bouts exaltés. Elle s’affranchit de toute honte en enfonçant ses doigts dans ma chevelure.


Enthousiasmé par la tournure de cette expérience, je lui offre de longues minutes de plaisirs. Puis, l’incongruité de la situation agissant comme un réveil, l’intensité de nos ébats s’atténue. Je relève la tête, en maintenant ses seins fabuleux dans mes mains. Je lui souris, elle sourit aussi, timidement, en rougissant.



Je lâche son buste qu’elle s’empresse de faire disparaître en rajustant sa tenue.



Pour cacher mon émotion, j’attrape une cigarette et prends le temps de l’allumer. Elle est allée se rasseoir dans le fauteuil. Son expression trahit une hésitation entre le fait de savourer ce qu’elle vient de vivre et le doute qui doit l’assaillir pour lui suggérer qu’elle s’est peut-être fait avoir. Je ressens cela et désire effacer toute équivoque. Je décide de lui témoigner ma confiance, mon respect, en lui offrant ce qu’un écrivain a de plus cher. Je ramasse le paquet de feuilles, que je devine encore incomplet, qui constitue mon manuscrit, et le lui tends.



Elle se saisit du paquet lentement, et, après m’avoir lancé un regard où se lisent interrogation et curiosité, entreprend la lecture de mon manuscrit.