n° 07497 | Fiche technique | 21999 caractères | 21999 3734 Temps de lecture estimé : 15 mn |
29/08/04 |
Résumé: Une rencontre et le destin bascule dans un autre monde. Récit fantastique. | ||||
Critères: #fantastique fh | ||||
Auteur : Daniel Haly (Poète, bourlingueur...) |
« Les hommes sont souvent intelligents, rarement courageux et toujours dominés par cette chose molle qui leur pend entre les jambes et dont on a envie de dire, quand ils en usent sans discrimination : « Ce n’est pas leur faute. C’est comme les chiens ». Page 293. Dans « FRANCOISE GIROUD » de Christine OCKRENT.
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Une tête ronde et rouge de trop boire; de trop boustifailler. Le reste du corps n’est qu’une énorme panse qui ressemble à un gros flan renversé. De la chair gélatineuse; qui flageole; qui bougeotte; qui tremblotte… Le poids exact importe peu. Toute cette masse informe se déplace sur deux pieds minuscules. Grotesques. On croit voir un eunuque asiatique qui aurait les pieds bandés comme une courtisane du Céleste Empire. Quoique…, sa quenouille il l’a bien planté entre ses deux cuisses épaisses. Et les rognons plissés pendouillent de part et d’autres : des bajoues de sorcière et un balais de ramoneur : Tel est l’Homme.
Elle a le teint mat et sa silhouette ferait rougir de plaisir une pomme verte. Chevelure brune avec tout le reste à l’avenant - dans le genre top-modèle mais à « la puissance 10 ». Elle se prénomme Claudia. Elle aime les rencontres du troisième type. Et de tous les types. Les contacts insolites - Minitel et Internet -, elle connaît cela par cœur. Pour des aventures ou des mésaventures insolites ou ambiguës, elle est toujours prête. Partante. Cela fait partie de son existence.
Un soir de juin, un gars lui avait demandé de se tenir à l’entrée d’une autoroute à minuit pile. Elle fut à l’heure. Une conduite intérieure s’était rangée et un homme corpulent déguisé en nain de jardin l’invitait à monter à bord. Claudia portait une gabardine beige à la Colombo et des mocassins blancs - rien de plus. Sans échanger une parole le véhicule avalait une cinquantaine de kilomètres. Une route de traverse. Des cahots. Puis une espèce de grande cabane était éclairée par les phares au xénon du véhicule. Stop moteur. Le nain ouvrait la porte. De la paille fraîche sur le sol de la pièce et un éclairage fort et violent composé principalement de spots de couleurs. Posés sur des tablettes de verre : des centaines de nains de jardin.
Claudia laissa tomber son unique vêtement et s’allongea immédiatement à même la paille. Trente ans et un corps de Formule 1. Cela promettait… Le nain retirait son costume froissé comme on enlève les feuilles d’une salade. Sa barbe postiche valsa dans les airs. Un éclat étonné de lumière en fut choqué. L’homme était comme Claudia à présent : nu. Absolument nu sur ses pieds minuscules… Claudia souriait. Mouillait déjà tel un ru dans une courte vallée encaissée. Elle allait y aller de toute sa lyre… Le tas de graisse avançait vers elle avec une démarche de dinosaure ivre – il avait des yeux vifs et perçants. Pour la première fois de sa vie, Claudia songea à mettre un holà à ce début de fête des sens, mais la machine était lancée : il était trop tard pour faire marche arrière !
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Vingt coups de reins après l’avoir encapuchonnée en moi, en mon réduit, un hoquet de sa part. Un râle grossier… Un chuintement. Un souffle qui filait comme un pet espiègle sur une toile cirée : le nain était mort. Raide mort. Et, le plus incroyable, c’est qu’il bandait toujours. Une queue en béton armé. Qui gonflait de plus en plus entre mes petites lèvres délicates. Qui grimpait entre mon ETRE. Mes petites sœurs les mains, de leur côté, elles n’arrivaient pas à dégager le poids de graisse qui écrasait les seins de ma charpente. Les ongles arrachaient des lambeaux de chair dans le dos trapu de ce tas de viande figé en mon vagin. Mais c’était pour des prunes. Tu parles d’un tenon et d’une mortaise. C’était pire qu’une poire d’angoisse! Le con allait me déchirer. Il allait me faire sauter les entrailles… J’étais rivée au sol par les cent kilos d’un bouffon de foire. D’une paillasse molle. Je contractais tous mes muscles internes - en général, mes amants adorent ce genre de câlineries - pour tenter d’expulser de moi le membre turgescent de cette enflure. Peine perdue. J’allais crever à mon tour. Assassinée par la queue d’un mort; une queue qui n’arrêtait pas n’augmenter de volume… Et ce n’était ni un rêve ni un cauchemar. Hélas pour elle…
Le diaphragme de Claudia se contracta brusquement : de sa bouche pulpeuse sortaient, par saccades, des jets de vomissures… Ses seins en furent maculés et elle eu honte de cela.
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Puis - d’un effet tout à fait surréaliste - la musique du thème principal du film « MIDNIGHT EXPRESS » s’éleva dans la pièce de la cabane. Les notes syncopées tombaient en pluie du plafond. Sortaient des murs. Montaient de dessous la paille. Enrobaient les deux corps imbriqués. S’insinuaient entre les fesses rondes de Claudia. Les spots de couleurs étaient synchronisés avec la sono et l’on aurait pu se croire à un concert en public de Jean-Michel Jarre. Claudia était particulièrement sensible à la musique. À toutes les formes de musique, par ailleurs. Les parties de jambes en l’air n’excluaient pas, pour autant, l’amour et l’intérêt pour d’autres sortes d’arts…
Malgré elle trois larmes glissèrent le long de ses tempes. Elle en avait cependant connu des situations équivoques. Démentes. Odieuses. Des mecs « esclaves » habités par des fantasmes peu croyables… Qui exigeaient des coïts délirants dans lesquels la folie n’était jamais très loin… Ou cette fille de très bonne famille, masochiste et malheureuse à l’extrême, qui se tailladait les seins ou le ventre avec des tessons de flacons de parfum afin d’obtenir un orgasme proche du délire… Mais cette fois, c’était le pompon. C’était la grosse dinguerie! Il fallait secouer le cocotier et sans tarder. Mais comment?!
Sur son visage se dessinait maintenant un large sourire. Les deux petites fossettes de ses joues se creusaient en un plaisir évident. Jubilatoire. À la place des larmes brillaient des myriades d’étoiles violettes. Elle était de nouveau maître de ses nerfs. Complètement. Lorsqu’elle avait le moral à plat, ou des nuits sans sommeils, elle regardait en boucle « MIDNIGHT EXPRESS ». Son film préféré. Fétiche même. Dans son studio, il y avait une reproduction fidèle de l’affiche de ce film. Tous les matins – comme une sorte de prière - elle lisait une phrase qui chapeautait le titre : « L’important est de ne jamais désespérer ». À présent, Claudia savait comment s’extirper de ce foutoir. La bande sonore du film en était évidemment le premier signe tangible… Esotérique… Elle aurait dû y songer plus vite ! Dès les toutes premières notes… ! Ce cochon de nain de jardin ventripotent allait en voir de toutes les couleurs. Foi de Claudia, il allait déguster!…
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« Le ciel, ce grand trou noir où je suis né ». Louis Fontaine
Le cerveau de Claudia fonctionnait à plein régime. En tous sens. Elle connaissait par cœur les trois phrases clés des grands Initiés : « L’Oeuvre cachée et mystérieuse est en toi. Partout où tu iras elle sera avec toi. À condition de ne pas la rechercher au-dehors ». Elle n’était donc plus de chair et de sang. Son corps de femme torturée s’était métamorphosé en une gigantesque machine à réfléchir. D’un bon réversible elle se retrouvait dans une autre dimension cosmique. Son regard intérieur pénétrait et plongeait dans un magma sidéral. Elle avait presque l’apparence d’une morte. C’était pourtant bien le contraire. Elle était ENERGIE. MATIERE. ATOMES…
Durant la transmutation de Claudia, les rampes de spots barbouillaient de couleurs acidulées les deux corps immobiles. Les grosses fesses gélatineuses du mort viraient au rouge groseille. Ses épaules affalées passaient du vert kiwi au jaune abricot… Sur les étagères de verre, les centaines de nains de jardin tapaient des pieds. Frappaient dans leurs mains potelées - la plupart des gnomes hilares faisaient cela à contretemps. D’où une cacophonie sinistre et burlesque. Alors que rien ne le prévoyait, le présageait, une explosion de lumières blanches flashaient d’un seul coup l’ensemble de la pièce…
Un embrassement général à rendre aveugle. À tuer net peut-être? Puis une série d’avalanches. D’éboulis… Il ne restait plus de tablettes ni d’étagères intactes aux murs. Pulvérisées. Arrachées par le souffle lumineux! Les nabots gisaient sur la paille. Figurines de plâtres et de porcelaines démembrées. Disloquées. Emasculées. Réduits en miettes les gnomes moqueurs. À jeter aux orties. Aux poubelles. Après cette inattendue tempête régnait maintenant un silence aussi limpide que l’eau d’une source miraculeuse. Un soleil rose illuminait la pièce ravagée de la cabane. Une nuée de papillons ventilait de leurs larges ailes les nuages de poussière et les débris informes qui polluaient l’atmosphère - ils disparurent, ensuite, comme ils étaient arrivés : comme par enchantement. Une odeur de miel et de violette montait des brins de paille… Oui, l’important était bien de ne jamais désespérer. En voici la preuve.
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Je coulissais donc comme un gai luron au sein de l’oeil-de-boeuf embué de rosée intime de ma charmante et coopérative partenaire lorsque le cerveau de mon patron m’envoya un message clair et net : « Zigounette, je sens que je vais mourir… Oui, je sens parfaitement bien que je vais clamser d’un instant à l’autre… Oui, en pleine action! Mais que veux-tu que j’y fasse parbleu?!… Il est cependant hors de question de crever tel un rat des champs dans ce maudit trou de souris! Tu m’entends cinq sur cinq Zigounette? Ceci est tout à fait impensable. Alors je t’ordonne de prendre de l’embonpoint. De prendre du volume. En ELLE développe-toi en longueur! En épaisseur! Je veux que de par ton obésité informe, tu fasses péter toute la bidoche interne de cette gourgandine. Dés lors, et je te le confesse volontiers, je me serai vengé des sarcasmes et des insultes faciles concernant mon poids et ma démarche d’eunuque chinois! Va, va donc, mon fidèle biniou… Je meurs en effet mais toi tu as le devoir et le temps d’interpréter le plus beau rôle de ta VIE. Et ce, en mémoire de moi; et ce, en mémoire de NOUS ! ».
Deux secondes après l’injonction terrible et perverse de mon patron, il rendait l’âme tandis que moi je me sentais effectivement grandir puis grossir entre les petites lèvres de ma partenaire… J’essayais bien de lui faire comprendre que ces événements m’échappaient; mais la transmission de mes pensés ne passait plus… Je vivais vraiment une situation ubuesque. Folle. Je savais mon patron loufdingue; mais pas à un tel point. Car j’étais bel et bien tombé dans son affreux guet-apens. Comme un vulgaire lapin sans cervelle, j’étais prit au collet. J’essayais de retenir mes chairs qui enflaient démesurément. Bide. Echec sur échec. Alors j’eus peur. Oui, très peur. Il y avait de quoi paniquer; oh oui!…
La chatte de ma partenaire sortait ses griffes. Ses lèvres enserraient mon châssis avec acharnement. De vraies tenailles. L’air me manquait. Rouge… Je voyais rouge aussi… Sans relâcher son étreinte, sa prise, son coquillage marin me comprimait sans compassion aucune alors que ma révolte cédait le pas au découragement… J’allais adresser une supplique au Dieu des zigounettes lorsque son clitoris devint dur et piquant comme la pointe d’acier d’un coutelas. Plus de doute possible, ma partenaire détenait des pouvoirs surnaturels et son aiguillon acéré ne tarderait pas à me porter l’estocade.
Ma zigounette assiégée fut pareille à un ballon de baudruche qu’un enfant farceur fait exploser pour s’amuser. Dans un fulgurant geyser de fibres et de chairs agonisantes je fus expulsé de l’oeil-de-boeuf de cette ogresse alors que les cent kilos de mon patron étaient projetés à dix mètres de l’endroit de feus nos ébats. Une douleur fulgurante transperça et me scia le cœur : mes coucougnettes venaient d’être séparées l’une de l’autre. Envoyées au plafond, mes deux bouchons de champagne. Tranchées par qui? Par quoi? Le Diable seul devait le savoir! Un soleil teinté de rose emplissait graduellement la pièce de la cabane.
Je n’avais pas même eu le loisir de jouir avant ma brutale éviction. De mon méat défiguré coulait du sang si translucide qu’on eût des larmes… Plaqué sur la paille, il me sembla percevoir une multitude de papillons qui tournaient lentement autour du corps libéré de mon ex-partenaire. L’un d’eux, de grande envergure, affublé d’une tête humaine, ressemblait à s’y méprendre à un dieu ou à une déesse de la mythologie égyptienne.
« Voilà mon témoignage. Je vous ai parlé d’un endroit lointain et proche à la fois que les vivants ne connaissent pas encore mais qu’ils verront et connaîtront tôt ou tard. Je ne vous dis pas adieu mais… au revoir et à un de ces jours ».
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Il était à présent une heure trente ou deux heures trente du matin et les chrétiens traditionalistes fêtaient la naissance de Saint Jean-Baptiste. En fait de fête et de naissance, ce fut plutôt une renaissance, un réel retour à la réalité des choses de la vie, pour Claudia!
D’un saut de cabris elle se retrouvait sur ses quatre pattes - pardon : sur ses deux pieds! Elle s’étira un court instant, la tête renversée en arrière et les bras en corbeille derrière la nuque. Elle inspira lentement puis expira profondément dix fois de suite. Tous les grains ambrés de sa peau captaient et emmagasinaient l’énergie réparatrice diffusée par le soleil rose. Fière. Elle était fière de son comportement. De sa bravoure. Des réactions remarquables de ses « NEURONES ». Un bout de cordelette chiné de gris et de grenat traînait parmi les brins de paille. Elle le ramassa et en un tour de main elle noua sa chevelure brune en une souple et lourde queue de cheval. D’un air pensif, elle passa lentement ses doigts sur son ventre endolori, entre ses cuisses, sur ses fesses… Il ne restait plus la moindre souillure. Plus la moindre flétrissure du corps-à-corps qu’elle venait de subir - et de remporter haut la main. Fini aussi l’abominable supplice des déchirements de ce phallus qui, allez savoir pourquoi, s’était prit pour la grenouille de la célèbre fable. Autour de ses formes encore dénudées, des bouffées suaves de miel et de violette manifestaient leurs présences tangibles. Vivaces. Plus que jamais sa silhouette svelte, musclée et sensuelle aurait rubéfié un verger entier de pommes encore vertes!
Bien, il n’y avait plus de temps à perdre. À gaspiller. Il fallait déguerpir de ce champ de bataille. Claudia chaussa ses mocassins blancs puis enfila prestement la gabardine beige à la Colombo. Les fossettes de ses joues se creusaient en deux mignonnes parenthèses et l’éclat de ses prunelles noisette lui conférait un air de petite fille coquine. Sous le tissu clair de la gabardine, les pointes de ses seins - gouachés d’aréoles brun cacao - restaient durs et tendus.
Sur le tas de chair émasculé du nain de jardin qui gisait dans un recoin de la pièce, un coup d’œil rapide elle jeta - sans plus. Le coeur gelé et froid comme une banquise; elle n’avait pas. Certes non! Mais à quoi bon s’apitoyer sur le sort funeste de ce scélérat? A la roulette russe avec son plantoir, avec son propre sexe - et avec son sexe à elle, Claudia - il avait voulu jouer. Eh bien, le con avait perdu la partie et ses parties. Tant pis pour lui et rouler jeunesse!…
Après cette conclusion, elle sortait de la cabane maudite, s’installait confortablement dans la conduite intérieure du pervers et ajustait le siège du conducteur à ses mesures. Tandis qu’elle mettait en route le puissant moteur, tout le reste se déroulait sans coup férir et dans un parfait synchronisme : une série d’ordres précis jaillissaient des méandres de son cerveau reptilien et la cabane atteinte de plein fouet fut pulvérisé puis réduite en poussière tout comme les centaines de gnomes hilares l’avaient été auparavant par le flash puissant des lumières blanches.
A l’emplacement où c’était déroulée cette curieuse et vicieuse tragédie, il y avait un vaste cratère qui se remplissait déjà d’une eau cristalline - et cette eau, cette source nouvelle, serait, d’ici peu, considéré comme excellente pour soigner les personnes souffrantes, entre autres, d’infections chroniques de la peau - et c’est ainsi que naissent les légendes…
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Et voilà la suite de ce récit - une formalité.
Claudia avait rejoint assez rapidement l’autoroute où elle avait garé son propre véhicule - un coupé jaune métallisé. Gai comme un pinson qui s’est enfuit des griffes d’un pinsonnier, elle monta à bord puis elle prit la direction plein sud afin de regagner son studio situé dans un quartier tranquille et hors ville. Dans la foulée, un ordre impératif, ultime, fila spontanément de son ETRE. La luxueuse conduite intérieure du nain implosait dans le lointain en une boule de feu et de flammes. Affaire classée et basta! Claudia alluma une cigarette blonde et brancha la radio. Une voix masculine de fausset ânonnait les prévisions astrologiques pour la journée : «Amis lions, restez ouverts et disponibles à la nouveauté, car, même si un peu de lassitude semble vous gagner, les nouveaux défis qui vous attendent vous remettront en mouvement… ». Et patati et patata… Cinq cent battements de coeur après ces prédictions futiles ou exactes, le coupé jaune métallisé se rangeât dans une belle allée de marronniers. Dans les hautes branches, un couple de pies jacassaient à tue-tête. Claudia habitait à deux pas de là.
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Etait-il quatre ou cinq heure du matin au moment où l’eau brûlante, où l’eau purificatrice de la douche ruisselait sur les épaules et le long des jambes de Claudia?… On ne savait pas. On ne savait plus. En revanche, en ce jour du mois de juin, les chrétiens fêtaient bien la naissance de Saint Jean-Baptiste. Cela importait peu Claudia. Elle n’était pas du bois dont on fait des allumettes. Forcément, puisqu’elle rien d’autre que ma propre femme. Mon épouse. Ma maîtresse et mon héroïne. Ma chatte et ma cochonne. Celle que je baisotte; que je déculotte; que je trique et que je troque des journées entières. Celle que j’aime aussi. Qui m’en fait voir des vertes et des pas mûres… Celle que j’aime plus que tout. Qui me donne des cheveux blancs et des larmes de bonheur plein les yeux et plein le coeur! Je veux bien entendu parler de celle qui a envahit ma vie; celle qui me permet de vivre : « L’ECRITURE ».
Et puis je n’oublie pas la clé ésotérique des vrais initiés : «L’Oeuvre cachée et mystérieuse est en toi. Partout où tu iras elle sera avec toi. À condition de ne pas la rechercher au-dehors ».
(L’auteur de ces lignes ci-dessus n’est jamais revenu à sa table de travail. Disparu. Volatilisé. On avait trouvé le manuscrit de cette étrange nouvelle que nous publions cette semaine dans notre magazine. Un réalisateur mondialement connu a acheté les droits cinématographiques à l’épouse de l’écrivain. Quant à ce dernier, les rumeurs vont bon train. En moins d’un an, on l’aurait rencontré au bras d’une jeune femme svelte et sensuelle, âgée d’une trentaine d’années - il tenait par la main une gamine qui lui ressemblerait comme deux gouttes d’eau… D’autres l’auraient vu aux confins de la Russie ou de la Chine - dans un monastère tibétain… Enfin, tout ceci ne serait qu’une histoire montée de toutes pièces par un groupe de publicistes afin de recycler de l’argent sale… Tout et son contraire.
Mais moi qui le connais bien, qui suis aussi un Grand Initié, je ne crois pas un seul instant à toutes ces fariboles. Il est incapable de cela. À mon avis, j’en ai même l’intime et absolue conviction, il n’a pas disparu complètement; que du contraire. Il s’est momentanément planqué dans l’une de ses demeures secrètes où il compulse d’anciens grimoires de magie blanche afin de guérir un membre de sa famille qui est grabataire depuis de trop nombreuses années. Je sais qu’il est près du but et que bientôt il damnera le pion à ses détracteurs qui le prennent pour un illuminé et pour un imbécile. Ce n’est plus qu’une question de temps et de patience à présent.
Dans trois mois, ce sera l’ouverture officielle du Centre de thermalisme à l’endroit précis où se trouvait la fameuse cabane de sinistre mémoire. Ce jour-là, tout sera possible dans son étincelante et splendide vérité. Tout pourrait enfin ce réaliser sous vos yeux incrédules et stupéfaits car : « L’IMPORTANT EST DE NE JAMAIS DESESPERER ! » A vous de juger désormais!)
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Daniel Haly
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