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n° 07970Fiche technique64701 caractères64701
Temps de lecture estimé : 44 mn
22/10/04
Résumé:  1er chapitre des amours d'un groupe d'amis
Critères:  ff amour volupté exhib
Auteur : Claude Pessac            Envoi mini-message
Canicule




La canicule n’en finit pas : depuis deux mois, jour après jour, un soleil vainqueur darde ses puissants rayons et fait grimper le mercure à des sommets jamais atteints. Les records de chaleur se succèdent, au grand bonheur des vacanciers qui plongent avec délices dans la grande bleue ou profite d’un peu d’air frais sur les alpages encore verdoyants.


Personne n’a encore réalisé la catastrophe sanitaire qui se prépare, des arrêtés préfectoraux restreignent certes l’usage de l’eau courante dans de nombreux départements mais l’inquiétude du français moyen se limite à sa pelouse qui jaunit et ses jardinières qui flétrissent. Personne encore n’imagine les milliers de morts qui vont d’ici peu s’entasser jusque dans des camions réfrigérés. Pauvres vieux isolés, abandonnés par une France en vacances qui se dore sur les plages !


En ville, les pauvres travailleurs, déjà de retour ou pas encore en congés, suffoquent dans l’atmosphère étouffante de bureaux surchauffés. L’activité, déjà traditionnellement ralentie de cette mi-juillet, subit l’apathie de ces employés assommés par une chaleur insupportable aggravée par les phénomènes de pollutions citadines. Personne ne résiste plus désormais, jeunes et vieux souffrent dans cet air lourd et suffocant. Nombreux sont ceux qui appellent de leurs vœux une bonne pluie qui balayerait les poussières de la ville et rafraîchirait l’atmosphère : même le marchand de glaces, qui réalise une saison extraordinaire mais s’asphyxie dans sa guitoune, rêve désormais d’orages et de fraîcheur.


En ce milieu d’après-midi, les rares passants affairés lorgnent avec envie les clientes attablées aux terrasses ombragées des cafés. Pour une fois, météo oblige, c’est davantage les glaçons flottants doucement dans les verres colorés qui attisent leur convoitise que les formes révélées par les robes légères des jeunes filles.



A la terrasse du Fontenoy, deux ravissantes jeunes femmes sirotent leurs menthes à l’eau. Dos à la large vitrine, face à la rue, elles sont presque allongées, un peu avachies, dans des fauteuils en osier fatigués, têtes et bustes sous l’ombre de l’auvent alors que leurs longues jambes nues bronzent au soleil. Plusieurs paquets et sacs en papier, posés à leurs côtés, témoignent de leur passage dans de nombreuses boutiques du centre-ville. Sophie et Julie prennent un repos bien mérité après une ultime expédition "Soldes". La blonde Sophie porte une robe imprimée très colorée qu’elle a retroussée sur ses cuisses exposées : inutile manœuvre, comment ses jambes dorées par deux mois d’expositions acharnées pourraient-elles encore bronzer ? Elle passe ses doigts dans ses cheveux bouclés, autant pour se recoiffer que pour aérer son cuir chevelu où perle une fine sueur. Elle tourne son petit nez légèrement en trompette vers sa brune amie qui avale une longue gorgée de menthe claire avant de lui répondre :



Sophie ne répond rien, mais un petit sourire amusé flotte sur son visage. Pour autant, elle ne change rien à sa position.



Une légère brise parcourt la place déserte et vient faire frissonner les feuillages des tilleuls, donnant immédiatement une trompeuse mais bienfaisante impression de fraîcheur. Intriguée par cette dernière remarque, Sophie se redresse, relève ses lunettes de soleil et plonge un regard interrogateur dans celui de sa voisine.



Sophie n’est pas dupe : ces remarques qu’elle assimilerait à des reproches venant de toute autre personne ne la choque pas énoncées par Julie. La brune dévergondée est trop contente de compter une alliée, une disciple. Ses tenues provocantes lui ont souvent valut des remarques acides, la liberté de Sophie ne peut donc que lui convenir.



Julie est aussi grande et fine que Sophie, mais cette magnifique eurasienne est dotée d’une avantageuse poitrine, très ferme, qu’elle s’ingénie à mettre en valeur par des vêtements moulants. Son teint mat, hâlé en toutes saisons, le grain tellement fin de sa peau, ses traits délicats et sa silhouette gracieuse lui permettent en toutes circonstances d’attirer les regards étonnés de tout ceux qui la croisent. Le genre de femme qu’on repère immanquablement au milieu de mille autres.



Julie laisse échapper un petit rire complice.



Julie se réinstalle posément dans son fauteuil, jambes toujours allongées, cuisses légèrement écartées, elle rajuste tranquillement ses lunettes sur son nez.



La jeune femme ne répond pas à la question, et reste songeuse quelques instants. Puis, revenant à la réalité, elle s’enfonce dans son siège :



Julie se redresse brusquement, ramène ses pieds sous son siège, s’assied sur le bord du fauteuil et se tourne à demi vers sa voisine. Elle arbore une mine faussement offusquée qui ne trompe nullement sa voisine :



Alléchée par la confidence, Julie s’accoude et se penche vers son amie. Elle se réjouit à l’avance de ce qu’elle va entendre, même si …



Derrière ses verres fumés, Sophie boit du petit lait : elle est heureuse de voir que son amie a fait les mêmes constatations qu’elle. Et avouer son penchant pour Christophe l’émoustille, elle retrouve les délicieuses émotions des adolescentes partageant leurs premiers secrets. Un doux frisson la parcourt et elle s’enfonce un peu plus encore dans les coussins du rotin. Confidente et complice, Julie se penche un plus vers elle et lui glisse, faussement perfide :



Très décontractée, Sophie lève ses bras et glisse ses mains croisées derrière sa tête tandis que, d’un mouvement de bassin, elle se cale encore plus confortablement encore dans les coussins du siège (mouvements qui font par ailleurs remonter encore un peu plus sa robe sur ses cuisses). Nonchalamment, elle tourne un visage lisse, angélique, innocent, vers son amie :



Julie affiche une mine réjouie, gourmande; un parfum de sentimentalité s’installe entre les deux amies qui échangent des sourires complices et mutins.



Julie quitte sa rêverie, reprend contrôle d’elle même avant d’en revenir à la réflexion de Sophie :



Comme elle se baisse alors pour redresser un sac qui vient de tomber, son regard tombe sur l’entrejambes de Sophie.



Les deux jeunes femmes rient de cette similitude et échangent des regards complices, plein de sous-entendus.



Les deux jeunes délurées reprennent une position plus conforme à la décence, un duo de mamies bavardes tente en effet de se frayer un passage sur la terrasse, bousculent tables et chaises avec leurs cabas et s’affalent bruyamment sur de pauvres fauteuils en rotin qui gémissent sous l’effort. Un grand sac à provision se renverse, étalant son contenu sur le pavé au grand dam d’une des petites vieilles qui s’échine à ramasser ses trésors maraîchers. Sous l’effort, coincée dans son fauteuil et handicapée par son imposante poitrine, la pauvre gesticule en vain, se contorsionne. Dans un même élan, Julie et Sophie se lèvent pour voler au secours de la mamie désespérée. Les provisions n’ont pas encore rejoint le sac en rafia que déjà les commères remercient avec profusion les donzelles, présentent leurs excuses pour le dérangement, et reprennent les sempiternels poncifs sur l’étonnante amabilité des jeunes femmes :



Julie a bien du mal à ne pas rire sous cette avalanche de compliments. "Jeunes filles modèles, tu parles", pense-t-elle alors qu’accroupie, elle lorgne les fesses bien pommées que Sophie, malgré ses efforts, ne peut lui cacher dans la manœuvre ! La péroraison de petites vieilles continue alors que Sophie et Julie ont terminé le ramassage. Les jeunes femmes échangent un regard complice et, d’un commun accord, ramassent leurs propres emplettes.



Sophie hoche la tête et salue brièvement les deux pécores.



Julie et Sophie s’enfuient, légères et gracieuses, remontent d’abord l’avenue quasi déserte, passant de marronniers en marronniers pour profiter de l’ombre, avant de bifurquer vers le centre historique de la ville dont les petites rues étroites et piétonnes s’avèrent plus fraîches et plus agréables, même si parfois des relents de moisi couvrent les parfums des nombreuses jardinières abondamment fleuries disposées au milieu du passage. Elles marchent d’un pas alerte, silencieuses mais complices, leur démarche énergique détonne avec les déambulations apathiques des touristes suants. Elles, ne prennent pas le temps d’admirer les façades restaurées des bâtiments, ni les statues et fontaines qui jalonnent leur parcours mais s’amusent des regards en coin. Sophie observe sa compagne avec envie. "Quelle superbe nana" se dit-elle. "C’est bien vrai qu’elle a des seins ahurissants, provocants : ils sont libres sous le chemisier et ça ballotte à peine ! Et quelle allure ! ". La grâce inimitable de ses hanches qui ondulent doucement, sans excès, dans un mouvement doux, presque hypnotisant, sa silhouette parfaite, ses longs cheveux de jais qui lui tombent jusqu’au bas du dos, son teint mat et ses traits délicats, Sophie a parfaitement conscience que les regards admiratifs des passants se portent avant tout sur la superbe eurasienne, si jolie et si "différente", tellement hors du commun qu’elle se sent, elle, reléguée au rôle de figurante. Elle n’en nourrit aucun retentissement, mais réalise soudain la différence qui les sépare : si elle, Sophie, est habituée aux oeillades admiratives, voire concupiscentes des hommes, elle constate que son amie s’attire les regards des deux sexes, les femmes lui réservant des coups d’œil aussi étonnés qu’admiratifs et dépourvus d’animosité.


Continuant leur chemin, les deux jeunes femmes, débouchant d’une minuscule ruelle qui marque la fin de la zone piétonne, s’engouffrent dans l’entrée monumentale d’une ancienne manufacture reconvertie en résidence cossue.


Dans le vaste escalier, un peu trop solennel, Sophie grimpe rapidement vers son appartement, parfaitement consciente que Julie la suit, à quelques marches près, histoire de profiter du spectacle coquin de ses fesses nues. Que son amie puisse apercevoir les globes fermes de ses fesses ne la gène pas, bien au contraire. Légère et amusée, Sophie retrouve son âme de quinze ans, les petits picotements de premiers émois, les incertitudes des premières découvertes sexuelles. Arrivée au palier, elle dépose ses sacs et paquets sur le sol, se penche ostensiblement pour fouiller dans ses affaires et tarde suffisamment à trouver ses clés pour que Julie la rejoigne. Un frisson délicieux la parcourt lorsque la main de Julie se pose sur ses fesses, une caresse attendue, espérée et qui lui procure un délicieux bonheur. Mais c’est un flash électrique qui la secoue lorsqu’elle sent un instant un doigt indiscret se glisser au delta des lèvres moites de son sexe échauffé : elle ne s’attendait pas à une caresse si précise, si directe.



Troublée, Sophie se dégage sans hâte excessive, réalisant tout de go que le petit jeu badin s’est brusquement précisé, abasourdie aussi de ressentir brutalement une réelle pulsion sexuelle, une fringale ahurissante de caresses voluptueuses, de tendresse, Je suis en hypoglycémie sexuelle, se dit-elle amusée. Histoire de reprendre une contenance, elle ouvre grand la porte pour laisser passer sa compagne devant elle. Lui emboîtant le pas, elle admire les courbes sensuelles de la silhouette gracieuse, mais un reste de timidité lui interdit de lui rendre sa caresse.



Entrant dans le vaste salon, les deux jeunes femmes déposent en vrac leurs achats sur la moquette. La pièce est relativement fraîche : les stores vénitiens baissés ne laissent filtrer que peu de lumière, un lumière douce, également tamisée par les feuillages fournis des nombreuses plantes vertes disposées devant l’immense baie vitrée. Une grande bibliothèque, très contemporaine, en merisier, occupe tout un mur du salon. Surchargée de livres et ouvrages d’art, elle renferme également un bar et l’inévitable ensemble télé-DvD-magnétoscope. La chaîne B&O est suspendue à droite de la bibliothèque, alors que les haut-parleurs sont disséminés dans toute la pièce. Les murs sont recouverts d’une peinture à la cire dans des tons jaune orangés, suffisamment clairs toutefois pour ne pas ajouter une impression de chaleur qui serait malvenue à cet instant. De nombreuses eaux-fortes, pour la plupart minuscules, mais mises en valeur par des encadrements sobres et larges aux passe-partout pastels, recouvrent presque entièrement les surfaces verticales dans une apparente anarchie, soigneusement calculée en fait. Un canapé et deux vastes fauteuils dégagent une impression de confort moelleux de part les plissements doux du cuir fauve que l’on devine souple. Un confort qui contraste avec la rigueur dépouillée de la célèbre méridienne Le Corbusier qui s’alanguit près de la porte-fenêtre. Julie s’installe confortablement dans le canapé alors que Sophie, qui avait disparut quelques instants dans la cuisine pour chercher des boissons fraîches choisit de s’installer en face d’elle, s’asseyant en tailleur sur le sol, le dos appuyé contre l’assise d’un des fauteuils, son postérieur dénudé à même le parquet stratifié.



De fait, Sophie poursuit quelques instants encore son opération déballage, puis à court de matière et face au mutisme de Julie qui ne répond plus à ses remarques vestimentaires que par des onomatopées, elle abandonne son tri, les vêtements éparpillés autour d’elle et sur ses genoux. Un silence embarrassé s’installe, qu’elle ne sait comment rompre. Comment reprendre le fil de leur conversation, elle voudrait bien en savoir plus à propos de Julie et Philippe, et surtout reste troublée par le geste de son amie quelques instants plus tôt. Et plus encore par le délicieux frisson qui l’a parcourue à ce moment-là et dont elle sait bien qu’il n’était pas dû à la surprise, puisqu’elle attendait ce geste, l’avait espéré, l’avait provoqué. Elle a parfaitement conscience de l’atmosphère trouble qui s’est installée entre elles et qui lui rappelle quelques souvenirs d’adolescence, lorsque dans la moiteur de nuits printanières trop lourdes, elle partageait avec une compagne de chambrée les petits secrets et les premiers émois de pensionnaires recluses à l’imagination romantique; les frissons embarrassés qu’elle avait ressentis face à la vue de la poitrine dénudée de cette lycéenne tellement plus délurée qu’elle, toutes ces petites provocations qui, jour après jour, les avaient finalement conduites à des jeux délicieusement impudiques. Elle retrouve cette agréable et stimulante peur panique qui l’avait fait trembler de tout son corps quand pour la première fois, elle avait senti la chaleur d’un corps nu contre le sien et des doigts indiscrets enfermer son sexe ruisselant. Instants si agréablement coupables que leur souvenir ouvre les vannes de son désir. Sophie s’inquiète de ce désir, redoutant que son trouble n’apparaisse suspect. "Nous n’avons plus quinze ans" se dit-elle, "l’époque des découvertes sensuelles est passée, ce désir n’est plus compréhensible, pour qui, pour quoi va-t-elle me prendre ? Calme-toi, laisse tomber". Mais dans le même temps, la caresse de Julie sur ses fesses, cette caresse trop appuyée, trop précise, ce doigt qu’elle a senti s’insinuer trop loin entre ses cuisses, cette caresse était trop provocante pour n’être qu’amicale ou blagueuse. "Et si elle était prête à plus, se demande-t-elle encore, partagée entre angoisse et désir. Elle a bien remarqué l’expression du visage de Julie (goguenard dirait Christophe?) pendant qu’elle bavardait seule sur ses achats du jour, ce petit sourire moqueur de chatte gourmande prête à la dévorer. "Elle me teste, elle m’attend au coin du bois, mais pourquoi : pour me dévorer ou pour jouer avec moi ?"


Enfoncée dans le canapé, Julie se délecte du trouble évident qui colore les joues de Sophie. Elle jauge en spécialiste cette tension, imagine les questions qui doivent se bousculer dans son esprit embrouillé. "Allumeuse la petite, mais pas très à l’aise quand les choses se précisent". Elle comprend toutefois ces atermoiements, pour les partager elle-même. Diaboliquement sensuelle, Julie aime par-dessus tout ces jeux indécis, ces moments délectables où l’on navigue entre certitudes et interrogations, entre envie et raison, entre liberté et complexes. Le mécanisme délicat de la séduction la fascine, elle adore comptabiliser les détails insignifiants qui, s’accumulant, certifient, valident peu à peu la réalité d’un désir partagé. À l’image de la fameuse "Porte des Etoiles" de la série télé, elle recense tous ces petits riens, sourires, exclamations, regards en coin de Sophie depuis une demi-heure, détails insignifiants pris isolément mais tellement troublants par leur accumulation : elle les visualise, verrouillant les uns après les autres, les chevrons magnétiques qui enclencheront le mécanisme magique d’un tourbillon qu’elle imagine dévastateur. Maillon important dans cette série, la réaction, ou plus exactement la non réaction parfaitement calculée, enregistrée lors de cette caresse, pourtant si volontairement indécente et équivoque, dans l’entrée.


Julie décide donc de jouer de sa "différence" : elle est eurasienne, a hérité de sa mère ses traits fins, ses membres graciles et ses yeux noirs très légèrement bridés. Puisqu’elle est perçue comme asiatique, et par conséquent, elle le sait bien, considérée par tout un chacun comme lascive, experte en caresses et raffinements (les délices du Kamasoutra sont assimilés en bloc à tous les peuples asiatiques sans exception!), qu’elle plonge dans des plaisirs ambigus ne sera jamais interprété autrement que comme un raffinement exotique, une déviance bien naturelle pour "quelqu’un" de son origine. Sans complexe donc, elle décide de voler au secours de la pauvre Sophie empêtrée dans ses contradictions.



Une petite lueur de panique transparaît dans le regard de l’intéressée. Ce n’est pas qu’elle refuse de parler, mais elle ne sait vraiment par où ni comment démarrer.



Alors que les deux jeunes femmes rient de ces souvenirs, Sophie réalise que son amie a connut elle aussi la pension, et pendant plus longtemps qu’elle. Cette information est de nature à la rassurer et elle est bien décidée à la faire parler encore.



Le ton de Sophie est chargé de sous-entendus. Totalement émoustillée par cette conversation, la jeune femme est consciente d’avoir d’ores et déjà accepté, pire même, d’espérer tout ce qui pourrait survenir. Flottant dans cette ambiance trouble, le désir l’a conquis, les picotements de l’excitation la parcourent et elle s’avoue sans gène désirer ardemment sa compagne. Couvrir son corps de baisers, parcourir sa peau de caresses affleurantes, couler son corps contre le sien … Ces idées, ce désir d’adolescente impubère, la rendent nerveuse et impatiente. Que Julie soit elle aussi prête à ces extravagances lui paraît évident, mais un dernier complexe maintient le doute. Sophie espère, cherche, échafaude mille plans pour faire basculer la situation, sans oser les mettre en pratique. Alors, coûte que coûte, il faut maintenir la conversation sur le thème des confidences.



Une fois encore, Sophie est désarçonnée : l’invite lui fait l’effet d’un coup de poing dans le plexus solaire, à moins que l’estocade ne porte plus bas encore. Embarrassée, la jeune femme voudrait esquiver, mais elle sent bien qu’elle doit fournir son écot si elle veut espérer obtenir des confidences plus intimes encore. Mais avouer ces jeux impudiques, décrire ses situations terriblement intimes, elle ne s’en sent pas le courage. Tremblante de désir autant que de honte, elle décide de délivrer un discours édulcoré où elle minimise sa responsabilité :



Comme à son habitude lorsqu’elle se sent en danger dans une conversation, Sophie se met à fredonner. C’est toujours de cette façon qu’elle contourne les problèmes, qu’elle dédramatise les situations épineuses.



Plongée dans ses souvenirs, elle rêvasse tranquillement et se débarrasse machinalement des quelques vêtements encore restés sur ses cuisses et qui lui donnent chaud.



Face au regard interrogateur de son amie qui visiblement ne comprend pas, Julie explique :



Sophie rougit violemment et bredouille : "Si, c’est … c’est arrivé " avoue-t-elle timidement. L’impudeur de l’aveu d’une pratique aussi précise et explicite la trouble bien entendu, mais l’heure n’est plus aux atermoiements et aux faux-semblants.



Sophie se tortille sur sa moquette. Le moment lui parait idéal pour pousser sa proie (mais qui est la proie se demande-t-elle) à exprimer clairement sa position sur les amours saphiques. Adoptant une attitude contrite, elle interroge :



Son regard bien planté dans son vis-à-vis, Julie reprend, un petit sourire flottant aux lèvres :



Une fois encore, Sophie est un peu surprise, voire, limite choquée, par le langage terriblement direct de son amie. Si dévergondée qu’elle soit (Oui, c’est vrai, je suis dévergondée ! et alors ?), elle conserve les stigmates d’une éducation rigoriste qui la laisse perplexe et embarrassée face à une expression trop crue. Le vocabulaire trivial reste pour elle un tabou qu’elle transgresse difficilement. Réflexe de classe, ou de caste ? Elle a beau connaître l’impudence de Julie, son goût marqué pour la provocation, elle a beau déceler dans son attitude les ficelles du jeu pervers, l’allusion très directe à des pratiques dites "contre nature" la met un peu mal à l’aise.



Gênée, Sophie n’ose pas s’embarquer sur un terrain qu’elle juge trop dangereux. Franchise, confession, elle veut bien mais de là à avouer des pratiques "pas politiquement correctes", il y a un pas qu’elle n’est encore prête à franchir. Elle préfère donc esquiver et recadre la conversation :



Vaincue par la franchise brutale de son amie, Sophie capitule : "Si, c’est vrai et …



Cette dernière phrase comble Sophie : l’aveu est direct, sans détour, sans ambiguïté. La tension est extrême entre les deux femmes, le désir est palpable. Étourdie par ses aveux qui la comblent et qu’elle partage, ces aveux qui ont enflammé son désir, réveillé un feu qui embrase son sexe, Sophie sent tomber les barrières et les peurs qui jusque là la retenaient. Malgré tout, elle veut encore valider les dispositions de son amie. Et c’est d’une voix faible et rauque qu’elle s’adresse à Julie :



L’impression de fraîcheur ressentie au départ dans l’appartement s’est maintenant totalement dissipée. Sophie sent monter une rougeur aux joues, sa voix est mal assurée, son cœur palpite, balançant toujours et encore entre désir et honte, à moins qu’il ne s’agisse d’ailleurs que de peur, peur de perdre la face, si tout à coup, Julie ne la repoussait en se moquant. Même si elle ne peut croire à une telle duplicité.



Sophie, troublée, sent bien que ce petit jeu a toutes chances de les faire basculer dans une confrontation très directe et décide de laisser l’avantage. Puisque l’occasion se présente… Sans gène cette fois, elle se tortille et scrute ouvertement l’entrejambes de son amie.



Son trouble est évident, trahi par sa voix étranglée, un peu rauque. Julie s’amuse de ce malaise et décide d’en rajouter. Elle fait lentement remonter le tissu de sa jupe de quelques centimètres et demande :



Sophie a posé ses mains sur ses genoux pour mieux s’avancer dans l’espoir d’y voir davantage. D’un air penaud (très exagéré), elle convient :



Julie se délecte de l’émotion de Sophie, et décide de la pousser dans ses derniers retranchements.



Sophie déglutit péniblement et se mordille les lèvres pour ne pas répondre. Implacable, Julie insiste et susurre :



C’est un tout petit oui, étranglé, que lâche enfin Sophie, l’air contrit, la tête basse.


La perverse Julie, les deux mains à plat sur l’ourlet de sa jupe, entreprend alors, avec une lenteur exaspérante, de faire glisser le tissu sur ses cuisses galbées. Elle entrouvre légèrement les cuisses.



Julie retrousse alors largement sa jupe, jusqu’au nombril, et posant ses mains à plat sur l’intérieur de ses cuisses, de part et d’autre de son sexe, elle s’ouvre largement et dévoile un ravissant slip couleur chair. Si un élastique lui enserre la taille, le reste du sous-vêtement n’est qu’un voile, parfaitement transparent qui ne cache rien, ou si peu, de son sexe. Et ce qui pourrait être une couture centrale révèle en fait l’existence d’une ouverture verticale.



Lascive, Julie écarte doucement l’ouverture centrale de son slip, révélant une très mince bande de poils sombres qui se dessine comme un point d’exclamation sur son pubis, au-dessus de sa chatte parfaitement imberbe. Les lèvres sombres de son sexe sont légèrement entr’ouvertes. "Non, jamais totalement rasée. Ça te plait ?"


Sophie respire plus rapidement, et ce n’est pas la chaleur atmosphérique qui est en cause. La voix rauque, elle n’arrive à articuler qu’un faible et timide "Oui". Sa main s’est faufilée entre ses cuisses. Sa corolle est trempée et ses doigts s’insinuent doucement entre les lèvres toutes gonflées. L’ourlet délicatement frisotté des petites lèvres s’épanouit sous ses caresses délicates pratiquées du bout des doigts.



La moue gourmande de Sophie et son haussement de sourcils constituent une réponse évidente.



Ce changement de ton crucifie littéralement Sophie. Avant qu’elle n’ait pu réagir, l’eurasienne enfonce le clou :



Totalement désarçonnée par ce revirement de situation, Sophie se raidit et tire nerveusement sa robe sur ses cuisses. Tout à coup honteuse, elle se retrouve adolescente, confondue par un censeur implacable, elle retrouve instantanément le désarroi dévastateur de l’enfant pris sur le fait et qui au-delà de la peur de la punition inéluctable redoute par-dessus tout d’être la risée de ses camarades. Le rouge lui monte aux joues, elle voudrait disparaître, elle a d’ailleurs l’impression de se liquéfier et veut fuir cette situation dégradante. Elle se lève brusquement, mais Julie bondit et l’attrape par les épaules et la retient. Comme la captive détourne la tête, la jeune femme se rapproche et lui glisse doucement à l’oreille :



Lui posant une main sur la joue empourprée, Julie tourne vers elle le visage encore douloureux de Sophie et plonge un regard tendre dans les yeux embués. Comme elle sent bien le désarroi de son amie, elle dépose un tendre et chaste bécot sur les lèvres tremblantes de la pauvre apeurée.



S’écartant doucement, la magnifique jeune femme se plante au centre de la pièce, déboutonne son chemisier qu’elle laisse tomber au sol, dévoilant les globes insensés de ses seins hérissés au regard étonné de Sophie qui reste statufiée; la jupe glisse à son tour et choit sur la moquette avant que des deux mains, elle ne fasse glisser son slip sur ses cuisses et s’en débarrasse prestement. Nue, offerte, Julie reste un instant sans bouger, supporte le regard de sa blonde complice, puis tend ses paumes vers les mains ballantes de Sophie. Lorsque leurs doigts se joignent et s’enchevêtrent, elle se rapproche alors.



Un timide sourire éclaire enfin le visage rasséréné de sa tendre victime.



Dans un mouvement d’une infinie tendresse, les visages se rapprochent, les lèvres de jeunes femmes se frôlent, s’effleurent, se goûtent, se joignent et se soudent enfin dans un premier baiser étourdissant …










Deux mille ans d’éducation judéo-chrétienne pèsent sur nos comportements. Comment échapper à ces préceptes rigides qui ont façonnés notre société occidentale, ont marqués des générations, soumises à la volonté de dirigeants rigoristes. Des évolutions ont été enregistrées bien entendu depuis quelques décennies, une libéralisation certaine accompagne le déclin des pratiques religieuses mais les interdits puissamment assénés pendant des siècles demeurent nombreux aujourd’hui. Ils bornent nos comportements, jalonnent notre évolution, ils constituent l’architecture puissante de nos schémas de pensées. La société occidentale reste fondée et profondément attachée à nombre de ces principes moraux, qui somme toute, lui assure une stabilité bienfaitrice. Le siècle qui vient de s’achever nous a prouvé, a contrario, par ses expériences politiques aussi multiples qu’abominables, la validité de notre système, si imparfait qu’il soit.


L’homme a besoin de règles pour évoluer en harmonie, de valeurs, garde-fous indispensables, qui assurent au groupe une certaine harmonie. Mais les évolutions barbares de fous de Dieu intransigeants nous démontrent malheureusement chaque jour le danger mortel de l’intégrisme, mortel pour chaque individu qui peut être touché dans sa chair, mortel pour la société des hommes qui ne peut évoluer dans un cadre trop rigide. Évidemment, ce n’est pas là une découverte sensationnelle, pas de quoi faire les gros titres des journaux, mille exemples comme l’obscurantisme de notre Moyen-Âge en ont déjà été l’illustration. Nous sommes mal placés en définitive pour lancer la première pierre à qui que ce soit. Cette expression même, "jeter la première pierre" ne nous ramène-t-elle à la lapidation qui, aujourd’hui nous révulse, mais fait bel et bien partie de notre patrimoine collectif. Ce n’est pas, loin s’en faut, quelque chose dont nous souhaitons nous souvenir, mais c’est une réalité que nous ne pouvons nier. Et s’il n’y avait que cela ! Le détail des exactions commises, une Bible à la main, aurait de quoi saturer la capacité de n’importe quel disque dur informatique.


Mais sans aller jusque là, il convient de s’attacher à l’influence de cette culture sur nos rapports amoureux. Notre société chrétienne et ses influents dirigeants ont pendant des siècles bannis la notion même du plaisir sexuel : les rapports physiques devaient se limiter à la procréation et la jouissance ne devait se comprendre que comme une grâce divine dispensée en remerciement d’efforts nécessaires au renouvellement des générations. Tabou, le sexe a été présenté pendant de nombreuses générations comme sale, dégradant, un mal nécessaire. C’est tout juste si on n’a pas reproché au Créateur une forme de perversion pour avoir imaginé un système aussi avilissant. Pour le moins, aurait-il été bien inspiré d’oublier d’y adjoindre le plaisir diabolique qui accompagne l’acte. L’orgasme, s’il était admit car inévitable pour l’homme, n’avait aucune absolue nécessité d’existence pour la femme. Que l’épouse conçoive sans plaisir était plutôt considéré comme positif et glorifiant ! Comment espérer dans ces conditions que les mâles accordent une attention particulière à leurs partenaires. La jouissance féminine reléguait pratiquement sa bénéficiaire au statut de femme lubrique, dépravée, de fille publique. Pauvres jeunes femmes, dûment chapitrées à accepter la violence brutale du mâle, pour le bien de l’espèce : comment oublier la chemise de nuit victorienne, et son ouverture ovale minimaliste autour de laquelle était souvent brodée de ces quelques mots : "Pour Dieu et l’Angleterre". Le devoir conjugal !


Deux millénaires pendant lesquelles les femmes ont été considérées comme soumises à la volonté bestiale de l’homme dominateur ont forcément laissé des traces : quelle place dans une telle idéologie pour le plaisir féminin, la douceur, le partage. La femme se donne, l’homme prend. L’expression est bel et bien reliée au plaisir car au strict regard de nos conformations physiques et du déroulement de l’acte, la tournure de langage aurait sinon de quoi surprendre. D’une part, physiquement, la femme engloutit le sexe de l’homme, reçoit sa semence, d’autre part, elle est mystère, toute intériorité, son sexe est secret, alors que l’homme expose ses attributs. De ce point de vue, on pourrait donc considérer que la femme prend et que l’homme donne. Mais c’est bien du plaisir dont il est question ici. La femme donne du plaisir, elle n’est d’ailleurs pas fondamentalement censée en recevoir, son "invention", son existence terrestre n’étant justifiée que par le processus de reproduction. D’ailleurs, ces "animaux-là" n’ont pas d’âme, a quand même prétendu l’Église pendant quatorze siècles et quelques ! Ce fait a lui seul explicite parfaitement l’estime dans laquelle ont été tenues les femmes dans notre société. Ne pas jouir, ne rien dire, accepter. Les hommes ont donc imposé leurs désirs, leurs pratiques, leurs rites, au mépris des besoins et aspirations féminines.


Le silence a recouvert d’une chape de plomb les relations sexuelles. Impossible, impensable en effet de parler de ce qui interdit, avilissant, prohibé. Les tabous, si souvent transgressés, ont été bien entendus totalement passés sous silence pendant des lustres. Ces interdits sont désormais perçus de manières bien différentes : si les notions d’inceste et de violences sur enfants déclenchent, qui s’en plaindra, la réprobation générale et le rejet horrifié de tout un chacun, l’homosexualité masculine est désormais mieux admise en Occident. Un progrès très relatif cependant, nombreux sont ceux qui considèrent cette "déviation" comme une maladie et l’approbation généraliste de façade succombe régulièrement dès que le "problème" devient familial. De plus, et d’une manière générale, le tabou social effectif concernant la sodomie complique l’acceptation facile des pratiques homosexuelles masculines. Sans compter que notre civilisation, contrairement à la Grèce Antique, n’arrive absolument pas à esthétiser la nudité masculine : un homme simplement nu est ridicule, en érection il est obscène !


Concernant l’homosexualité féminine, force est de constater qu’aucune évolution n’a été enregistrée ces dernières décennies, son traitement reste inchangé depuis des siècles. La tolérance affichée de la Société n’est que façade. L’homosexualité féminine a toujours été et reste aujourd’hui considéré sous le même angle machiste. Tout comme la frigidité, l’homosexualité féminine est quasiment niée par l’homme : "Il n’y a pas de femmes frigides, il n’y a que des hommes maladroits", autrement dit "Laissez-moi faire, je vais lui apprendre". Il en va exactement de même pour le saphisme. La suffisance masculine n’admet pas ce que les mâles considèrent comme un défi à leur virilité et à leur expertise amoureuse. Et si les symptômes persistent, les femmes concernées sont déclarées "trop moches pour intéresser quelqu’homme que ce soit", donc "impropre à la consommation" et par conséquent, quantité négligeable. D’une manière générale, l’inclination homosexuelle d’une fille n’est pas considérée comme définitive, par les hommes et même par les femmes. Combien de mères, confrontées à la situation, ne continuent-elles pas d’espérer un revirement ! Y aurait-il une propension naturelle des femmes au saphisme pour expliquer cette réaction maternelle, une attirance atavique qui expliquerait que l’ayant ressenti et bravé, les femmes ne puissent l’admettre comme variante sexuelle exclusive ou n’est-ce là qu’une illustration supplémentaire de la soumission de femmes qui n’imaginent pas que l’on ne puisse se soustraire à la toute puissance masculine ? La question est posée. Toujours est-il que nombreux sont (celles et) ceux qui considèrent la bi-sexualité féminine avec une extraordinaire bienveillance. Les hommes en tout cas ne voient strictement rien à redire aux pratiques ambivalentes féminines. Bien au contraire ! La grande majorité d’entre eux ne fantasment-ils pas sur le triolisme ! De plus, contrairement à ce qui est perçu au sujet des relations homosexuelles mâles, les rapports physique entre femmes ont été eux complètement esthétisés. Les plus grands maîtres de la peinture classique ont abordé ce thème, sans jamais provoquer de scandale. La plupart des photos sur ce sujet sont considérées comme "rose", pas pornographique, la publicité n’hésite plus aujourd’hui afficher ce type de relations. La censure même se montre d’une grande tolérance au sujet des scènes (prétendument) saphiques. Et dans l’inconscient collectif, les relations sexuelles entre femmes n’évoquent que grâce, douceur et esthétisme. Dès lors, comment la société machiste pourrait-elle rejeter totalement des pratiques qu’elle guigne pour son bon plaisir !