Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 08057Fiche technique17016 caractères17016
2926
Temps de lecture estimé : 12 mn
02/11/04
Résumé:  Mélanie venait de fêter ses cinquante ans en famille, une fête triste qui lui avait fait prendre conscience de sa solitude.
Critères:  fh voisins lunettes sales intermast fellation cunnilingu pénétratio
Auteur : Well-thinking s hunter
Peau de bique

Mélanie Lounin venait de fêter ses cinquante ans en famille, une fête triste qui lui avait fait prendre conscience de cette solitude infernale.


Vingt-cinq ans de célibat, la moitié de sa vie en somme, elle avait l’habitude de se retrouver seule tous les soirs, elle retrouvait ses chiens, elle se cuisinait des petites gâteries avant de se faire une bonne soirée télé ou de se consacrer à sa broderie. Puis venait ce moment triste où elle se retrouvait dans ce grand lit froid. Elle dormait peu, elle se réveillait de bonne heure pour faire son ménage avant de prendre le bus pour aller au travail.

Elle travaillait aux archives départementales, elle bossait plus que ses collègues et c’était une des raisons pour lesquelles ceux-ci ne l’aimaient guère. Elle n’avait pas d’amis, juste quelques connaissances, des gens que l’on rencontre parce qu’il faut bien faire des courses et vivre en société.


Elle manquait d’amour, mais ne s’en rendait pas compte. Le mot « amour » la mettait mal à l’aise et la ramenait toujours à des épisodes douloureux de sa jeunesse. À cet homme qu’elle avait aimé et qui l’avait tant fait souffrir. Elle n’était pas vraiment belle, il n’était pas vraiment laid. Il était chauffeur-livreur chez un traiteur, elle avait cru que ça pourrait coller entre eux deux. Ils avaient vécu presque deux ans ensemble jusqu’à ce jour fatal où il l’avait méchamment humiliée après l’avoir trompée et bafouée. Depuis un certain temps, ça n’allait déjà plus très bien entre eux deux.


Mais ce jour-là, elle s’était repliée sur elle-même. Elle aurait pu refaire sa vie, trouver quelqu'un de mieux, mais la peur et le dégoût lui firent choisir la voie de la solitude.




Ces derniers jours passés en famille l’avaient mise mal à l’aise, en particulier cette cousine qui s’était remariée. Il n’y avait pas un moment dans la journée où ces deux-là n’étaient pas en train de se bécoter, de se coller l’un à l’autre, de se tripoter. Françoise avait à peu près son âge et son conjoint, un tout petit peu moins. À cet âge-là, elle trouvait ça obscène de se tripoter, on aurait dit deux adolescents. À chaque fois qu’elle les voyait, elle préférait détourner le regard ou sortir de la pièce.

La nuit précédent son départ, elle s’était mise à pleurer, pas à cause de ses chiens dont la voisine s’occupait et dont elle avait eu des nouvelles rassurantes. Non, si elle pleurait cette nuit-là, c’était parce qu’elle venait de se rendre compte qu’elle était jalouse des deux autres, jalouse de cet amour, jalouse de ces contacts incessants. Cette chose-là lui manquait.


Revenue chez elle, elle décida de prendre quelques jours de vacances supplémentaires, histoire de faire le point sur elle-même. De toute façon, ses vacances, il fallait qu’elle les solde, sinon elle allait encore les perdre, elle n’était jamais en avance pour ces choses-là.

Elle venait à peine de téléphoner pour formuler sa demande qu’elle regretta cette décision. Déjà que les week-ends étaient pour elle un calvaire, mais là, sept jours d’affilée, elle n’allait pas pouvoir tenir.


Durant ces vingt-cinq dernières années, elle avait fait l’amour treize fois, elle les avait comptées, non pas qu’elle en eut un souvenir impérissable, mais l’événement était suffisamment rare pour qu’elle en garde une trace. Elle alla chercher une feuille et essaya de mettre des dates et des noms :



Rien de bien palpitant !

Pourquoi avait-elle accepté toutes ces rencontres sans intérêt ? Le regrettait-elle ?

Non, il n’y avait pas grand-chose à regretter. Ce qu’elle regrettait surtout, c’est de ne pas avoir provoqué d’autres rencontres, sa vie sexuelle lui semblait redoutablement vide.

Du coup, elle était souvent condamnée à se libérer en solo, quand la tension devenait trop forte : elle se branlait dans son lit, comme on dit vulgairement. Mais devait-elle en avoir honte ? Elle était convaincue que la plupart des femmes dans sa situation devaient un jour ou l’autre en passer par-là. Mais, par pudeur, elles préféraient ne pas en parler.


Elle se demanda un instant si elle ne pourrait pas, malgré tout, recontacter ce moustachu, Maurice qu’il s’appelait, parce qu’après tout, marié ou pas. Seul le contact physique lui importait. Elle n’était pas comme sa cousine, elle ne cherchait plus le grand amour.

Le dénommé Maurice habitait une ville voisine, elle rechercha son nom, fut sur le point de composer le numéro puis décida de n’en rien faire. Non, trop tordue comme histoire. Il était préférable de chercher ailleurs, dans son entourage immédiat.


Au boulot ? Mais qui au boulot ? Tous trop jeunes ou trop mariés ou trop indifférents. En vingt-sept ans de bons et loyaux services, pas une fois elle ne s’était fait draguer sur son lieu de travail, un record pour une femme physiquement acceptable. À moins qu’elle n’ait rien remarqué ! Alors ce n’était pas maintenant, à son âge, qu’ils allaient tous se décider à lui sauter dessus.


Sinon, au village, parmi ses voisins. En dehors du travail, c’était ça son entourage immédiat. Il y avait bien Pierrot, il l’avait asticotée plusieurs fois alors qu’elle allait chercher son journal. Mais c’était un pilier de bar et, en fin de matinée, il était souvent saoul.

Et puis aussi le petit Michel avec sa casquette, mais elle ne se voyait pas non plus avec un homme plus petit qu’elle.

Et pourquoi pas Monsieur Cabus ? L’idée se fit tout d’un coup lumineuse dans sa tête. Elle en fut même excitée comme une puce.




Monsieur Cabus, Tourbignole comme l’appelaient les gens du coin, était un vieux hippie sur le retour qui squattait depuis longtemps une piteuse fermette à deux pas de chez elle. Il élevait des chèvres et faisait des jardins. On le voyait passer dans le village avec ses longs cheveux et sa barbe hirsute, il devait bien avoir la cinquantaine, oui, la cinquantaine bien tassée avec sa barbe poivre et sel.

Les commerçants du village avaient toujours une petite remarque désobligeante à son égard, un peu d’humour pour faire sourire la clientèle. Il faut dire qu’il ne se passait pas grand-chose au village !

Tout le monde s’accordait à dire qu’il fumait des substances illicites, qu’il en faisait même pousser dans sa serre. Souvent, les gens l’apercevaient dans les prés, penché en avant, revêtu de sa peau de bête, il cueillait des plantes et se voulait à moitié guérisseur, mais peu de villageois se risquaient chez lui pour quémander ses remèdes.

« En tout cas, il ne se lave pas, il est sale, il pue le bouc », c’était l’idée qui revenait le plus souvent, suivie juste après par « Il est vraiment dérangé du ciboulot ».


Que Mélanie, cette femme mûre, digne, sérieuse, travailleuse, polie, honnête, serviable, avec ses lunettes et ses allures de directrice d’école, puisse ne serait-ce qu’imaginer être en train de s’acoquiner avec Tourbignole était déjà en soi un défi à l’ordre des choses. C’est pourquoi l’idée la séduisit assez, elle se dit que pour avoir une chance de changer quelque chose dans sa vie, il lui fallait mieux adopter des méthodes radicales.

Elle donna à manger à ses chiens puis s’en fut vers la fermette.


Elle frappa à la porte, une fois, deux fois, personne. Tant pis, elle reviendrait plus tard. Elle était en train de refermer le portillon quand il la héla :



Elle se retourna. Tourbignole était là dans toute sa splendeur, pantalon ample, peau de bique sur le dos, barbe hirsute, il n’y en avait pas deux comme lui. Et le pire, c’est qu’il se grattait les couilles, ce salaud.



Cette façon de la tutoyer la rendait mal à l’aise. Elle prit sur elle et le rejoignit dans sa masure.

En regardant le bazar indescriptible qui trônait dans la pièce principale, elle se demanda ce qu’elle était venue faire ici. L’évier débordait de vaisselle, des cages grillagées étaient empilées sur la table, des chaussettes crottées traînaient un peu partout.

Il lui apporta un bol rempli d’un jus vert dans lequel trempaient quelques feuillages.



Elle y trempa ses lèvres. À défaut d’être ragoûtant, c’était agréable à boire. Il insista aussi pour qu’elle prenne des gâteaux de sa composition, elle se laissa tenter.


En regardant les fresques avant-gardistes qu’il avait peintes au mur, elle se dit qu’elle était effectivement là physiquement, mais au fond d’elle-même, elle ne savait pas trop pourquoi elle était venue là ce jour-là. Et lui non plus ne savait pas pourquoi elle lui rendait visite. Toutes ces considérations lui laissèrent une impression bizarre d’étrangeté.

Il ne lui avait rien demandé et elle était certaine qu’il ne lui demanderait rien. Il faisait complètement abstraction de la raison de sa visite. D’un autre côté, ça lui donnait à elle un grand espace de liberté. Mais la liberté pour quoi faire ? Elle se sentit soudain très conne et très nulle.



Mélanie se mit à rougir comme une tomate. Elle aurait voulu nier ces propos dérangeants, mais les rougeurs sur ses joues la trahissaient. Comment avait-il pu deviner ? Non, elle avait vraiment trop honte, elle se sentait démasquée, mise à nu, il fallait qu’elle s’en aille. Elle fit mine de se lever, mais n’en avait plus vraiment la force ni le courage.





Une fois seule dans la pièce, elle se remit à cogiter à grande vitesse. Je ne vais quand même pas faire ça ! Elle le revoyait en train de se gratter les couilles. Quand même, devant une femme ! Ce n'était pas des manières. Et puis sa grosse barbe grise et puis tout ce bordel et toute cette saleté, dix mille raisons pour partir.

Mais comment avait-il deviné qu’elle avait besoin d’amour, alors que jusque-là, tout le monde semblait l’ignorer ?

Un hippie, un dégénéré, il devait coucher avec d’autres femmes… Des femmes faciles ! Elle était bien décidée à ne pas céder à ses avances. Mais, d’un autre côté, elle avait très envie qu’il la baise. Tout s’emmêlait dans sa tête remplie d’idées confuses. Un instant, elle imagina même qu’il allait la prendre là, sur cette table, avec sa peau de bête sur le dos. Cela la fit sourire. Cela faisait très longtemps qu’elle n’avait pas ressenti une envie sexuelle aussi forte. La dernière fois, c’était avec le camionneur qui l’avait tellement bien fait jouir lors de leur première rencontre.


Il revint bientôt et la trouva enchevêtrée dans ses pensées. Il posa ses gants sur une chaise et se dirigea directement derrière elle et lui glissa sans plus attendre les mains sur ses épaules, le contact la fit frémir :



Elle n’émit aucune objection lorsqu’il glissa lentement ses mains dans son soutien-gorge et titilla ses petits seins. Elle devait être folle d’accepter ça. Mais elle le trouva finalement très doux et elle se laissa faire. Il se pencha vers elle et força l’entrée de sa bouche avec sa langue. La moustache et la barbe qui la piquaient et la grattaient, cet être viril, mais pourtant cette langue si douce, un délice.

Elle fut à peine surprise, lorsqu’elle se releva, quand elle vit son cône pointer devant son pantalon. Tout juste en vint-elle à la curieuse conclusion qu’au vu de son apparence, il ne devait pas mettre de slip ?

Elle s’allongea sur la table, bien sagement, comme dans un rêve, et il lui retira sa culotte et lui brouta son abricot poilu. Le frottement de la barbe sur ses cuisses la rendit tout à fait folle. Elle écarta un peu plus les cuisses et se laissa bouffer en fermant les yeux.


À peine eut-elle joui, qu’elle sentit le pieu de chair glisser en elle. Lentement, mais inexorablement, il investit sa grotte. Ensuite, de longs mouvements en profondeur lui firent perdre pied. Elle rouvrit les yeux. Il était au-dessus d’elle, toujours en peau de bête, il se penchait de temps en temps pour lui mordiller les tétons, doucement, mais avec force. C’était bon, très bon, la jouissance venait en elle, vite, très vite. La sentant partir, il accéléra la cadence, ce qui la fit venir encore plus vite. Finalement, elle explosa une fois, deux fois, trois fois avant que lui n’explose. Et elle sentit enfin sa liqueur s’écouler dans son ventre.


Mon merveilleux amant. Il lui caressa la joue tendrement avant de l’embrasser encore et encore. Sa bouche se posait désormais sur chaque parcelle de son corps et la faisait vibrer de mille petites jouissances à répétition, c’était merveilleux et infini.


Lorsqu’elle reprit ses esprits, il se dégagea d’elle :



Il traversa la pièce sans prendre la peine de remettre son pantalon, toujours torse-nu et avec sa peau de bique sur le dos. La nudité n’avait pas l’air de le gêner. Elle pensa que quelqu’un pourrait venir et se rajusta malgré tout.


Ils burent ensemble cette bonne liqueur sirupeuse aux odeurs de prairie.



Dans sa tête, elle se dit « Moi, je recommencerais bien tout de suite ». Mais elle essaya de n’en rien laisser paraître. Peut-être lui fallait-il aussi un peu de temps pour réfléchir à tout ça.

Elle prétexta qu’il était tard et qu’elle avait pris un rendez-vous pour ses chiens chez le véto. Vaccination, tatouage, pour les deux jeunots, c’était le moment d’y aller.

Elle lui posa un baiser sur sa bouche sans éviter sa barbe.



Mais soudain sur le pas de la porte, elle se ravisa :



Elle fut presque choquée par ces propos scabreux émanant de sa bouche, mais peut-être encore plus par ce tutoiement qui ne lui était pas habituel.

Mais elle rebroussa quand même chemin et vint s’agenouiller devant lui entre ses cuisses.


C’était déjà un petit pas sur le long chemin vers le bonheur…