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Temps de lecture estimé : 5 mn
30/11/04
Résumé:  Un défi qui vous est lancé.
Critères:  nonéro
Auteur : Dara            Envoi mini-message

Concours : Le défi
Le défi


Trois ans déjà.

Trois ans que je promenais mon existence sans aucun point de repère.

Je vivais.

Sans plus.

Où passaient mes journées ?

Comment arrivais-je à dormir la nuit alors que 12 heures par jour je traînais, sourire aux lèvres, ma façade parfaite d’homme heureux, marié avec deux enfants.

Depuis 6 mois la solidarité sociale même ne fonctionnait plus.

Dans une société contradictoire où le travail reste malgré tout une valeur de référence, mais où de plus en plus se trouvent spoliés de ce signe d’appartenance, en clair, je n’étais plus personne.


Ce dimanche-là, je m’étais réveillé tôt, habillé, rasé, j’étais sorti et en l’absence de but, je flânais dans le marché aux puces.

Peu à peu un rouage se mit à se décoincer : je regardais autour de moi. Il y avait là environ 250 « exposants ». Ils vendaient des babioles récupérées dieu sait où (et parfois, mieux valait ne pas trop se poser la question). Il était évident que la plupart ne vivaient que de ça, à la frange de la légalité et cela leur rapportait juste assez pour tenir jusqu’à la semaine suivante. Certains d’entre eux étaient devenus des copains et m’offraient même un café, parfois. Pour la première fois, je les voyais, eux dans leur ensemble, et moi, individuellement.

Comme tous les dimanche également, je passais devant un artisan : Il vendait des miroirs sur lesquels il avait écrit une maxime ou l’autre agrémentée d’un dessin un peu naïf. Le type même de l’objet inutile, mais qui se vendait, allez savoir pourquoi.

Ce jour-là, il avait placé en évidence un petit cadre tout simple dans lequel était écrit :


« Ce jour,

Fut-il un jour utile

Ou un jour futile ?»


J’eus un choc.

Je voyais ma tête me regardant, avec cette interpellation douce, presque gentille, aussi naïve que son illustration. Je regardais, mes yeux un peu vides. Je repensais à hier. Rien. Et à avant-hier. Re-rien. Et la semaine passée, et la semaine d’avant. Et je me rendis compte que même si je le voulais, je ne pourrais pas me payer ce petit miroir. Toutes mes possessions étaient dans ma tête et dans mon cœur.

Triste bilan.

Je me retournais et regardais mieux autour de moi.

Tous ces gens, se posaient-ils la même question ?

Cette femme qui attendait le chaland, vendant des tasses minuscules d’une autre époque ?

Ce couple, déchargeant un lot de vêtements de seconde main ?

D’un coup, j’avais envie de leur demander « et vous ? »

Ma pudeur me retint. Je revins à l’appartement et me mis à préparer le café, le petit déjeuner. L’odeur et le bruit finirent par réveiller mon épouse et mes enfants. Je les regardai tous, souriant puis demandai à Elisabeth :



Oui, bien sûr. L’hôpital. Le sacro-saint hôpital. Ce temple de l’art de guérir. Ses malades-clients-patients, ses médecins-dieux dont Elisabeth était la vestale, comment avais-je pu oublier les horaires d’esclavagiste que l’hôpital imposait à son personnel ?

Elle mangea sans un mot et s’en fut, s’arrêtant juste un instant sur le palier pour me jeter un coup d’œil interrogateur.

Mes enfants finirent par se lever également. Bise distraite, petit déjeuner ensommeillé, et direction le canapé pour la traditionnelle séance télé.

De bons petits, en somme.

Nouveau choc pour moi.

Pour eux aussi, que j’existe ou pas n’aurait pas fait la différence. Un léger vide tout au plus. Je n’en revenais pas d’être passé à côté de cet état pendant tant de temps.

Tandis que je rangeais la vaisselle, j’élaborais diverses théories à ce sujet, dont la plus raisonnable était sans doute la douceur du temps qui passe : rien, absolument rien pendant ces trois ans, n’avait remis ma situation en question : mon emploi perdu, je n’avais pu, voire voulu, en retrouver un autre, alignant les prétextes, acceptant les excuses, bercé par la douceur de l’indemnité de licenciement d’abord, par le confort de l’allocation de remplacement de revenu ensuite, puis, ces 6 derniers mois, par le savoir-faire budgétaire de mon épouse et sa résignation de me voir à la maison jour après jour. Même côté besoins, je ne dérangeais personne : je ne buvais pas, ne fumais pas, ne voyageais pas, ne courais pas les filles. Un bon petit mari, en somme, dont on ne parle pas trop, qui ne la ramène pas, avec qui on fait l’amour une fois toutes les semaines avec tendresse et sans passion. Comment Elisabeth pouvait-elle supporter cette vie sans saveur ? Et qu’étais-je devenu pour la lui imposer.

Il fallait que je réfléchisse.


Maintenant.

Pas dans deux jours, pas demain.

Maintenant.



Mes parents étaient une valeur sûre pour eux, mais l’était-elle au point de renoncer aux dessins animés dominicaux ? Heureusement pour moi, il sembla que oui : Une heure et un train plus tard, nous sonnions à la maison de mon enfance.


Ma mère fut à la fois surprise et heureuse de nous voir arriver sans prévenir. Elle s’étonna bien qu’Elisabeth ne nous accompagne pas, mais l’hôpital et ses horaires étaient un sésame à ce genre de situations. Déjà, les enfants couraient vers le jardin et leur grand-père…



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Voilà.

La première partie de l’histoire s’arrête là.

Et ici commence le défi.

C’est le défi que nous, l’équipe de Revebebe, vous lançons, à vous, auteurs de Revebebe.

Ce site, auquel vous avez contribué avec tant de brio jusqu’à maintenant (8200 récits au compteur) et grâce auquel vous avez fantasmé, rêvé, et qui sait fait des rencontres, cherche à se diversifier et, comme vous l’avez lu dans les divers éditos du webmaster, REVEBEBE himself, élargir le panel des thèmes proposés.

C’est un petit changement.

Cela s’appelle vivre.

Et donc, nous vous proposons cet embryon de récit.

Il est à vous. Libre de tous droits.


À trois conditions :


1/ l’érotisme ne doit pas en être le thème principal.

2/ il doit être surprenant, quel que soit le sens que vous accordiez à ce mot.

3/ il doit respecter la charte des auteurs de Revebebe (voir « Les récits que nous ne publierons pas »)


L’utilisation est donc très simple :


  • — vous prenez votre éditeur de texte,
  • — vous y copiez tout ce qui, dans ce récit, n’est pas en italique.
  • — Vous changez ou ne changez pas cette partie.
  • — Vous y rajoutez une bonne suite, selon votre sensibilité.
  • — Vous retournez dans le menu ECRIRE, formulaire histoire.
  • — Vous collez l’entièreté de ce que vous en aurez fait.
  • — Dans le champ « titre de mon récit », vous notez : « le défi -» et votre sous titre.
  • — De grâce, vous nous donnez une adresse e-mail valide.

Bon amusement.


L’équipe de Revebebe, curieuse et impatiente.