Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 08322Fiche technique85138 caractères85138
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Temps de lecture estimé : 49 mn
20/12/04
Résumé:  Elle a des fantasmes bien particuliers, il sait les exploiter. Pourtant, leur relation est virtuelle, enfin, jusqu'à un certain point...
Critères:  fh hplusag voisins telnet fsoumise hdomine exhib fellation pénétratio fouetfesse
Auteur : Julienclaireuil  (Clairement dans la lune)            Envoi mini-message
Mise en scène


Tout a commencé il y a 3 mois, le jour où j’ai reçu une lettre recommandée de la part d’un mystérieux organisme, qui me conseillait de me connecter via l’Internet à un site de chat sous le pseudonyme de ’Tulipe’ et d’attendre le contact d’un certain ’Servigo’. Rien d’autre, aucune précision, aucune explication !

Sur le moment j’ai froissé la lettre, je l’ai mise à la poubelle et je me suis lancée dans la montagne de repassage qui m’attendait.


Je travaille dans une petite librairie au centre ville, j’ai toujours eu une passion pour les livres. J’ai 28 ans, je travaille dans cette boutique depuis 3 ans et mes soirées sont courtes.


Je suis célibataire, mais j’ai une histoire d’amour avec un homme marié depuis 2 ans. Je préfère habiter seule, donc cette histoire me convient. On se voit une ou deux fois par semaine, ça dépend de son organigramme. Le reste du temps je sors avec des amis ou je reste tranquille chez moi.


Ce soir-là, tout en faisant mon repassage, je suivais une des émissions de Jean-Luc Delarue. Le thème était : « Les histoires d’amour insolites ». Il y avait un couple qui s’était rencontré par l’Internet. J’ai accroché à cette histoire, parce que le reportage montrait deux belles personnes, trentenaires, l’une originaire de France et l’autre d’Afrique du Sud, et leur histoire ressemblait à un conte de fées. Je me suis dit que le montage avait du être fait en conséquence pour rendre la narration encore plus romantique, mais tout de même, ce qui m’a frappé, c’est le fait qu’ils découvrent au fur et à mesure la similitude de leurs fantasmes !


Je me souviens avoir médité sur cette émission tout en suivant le journal de la nuit. À 23h 30, prise d’une curiosité soudaine, je fouille ma poubelle et munie de mon papier froissé je lance mon ordinateur. En quelques clics je me connecte au chat et reçois, après 2 minutes, mon premier message du fameux Servigo.



J’avais pensé, tout d’abord, que le mystérieux courrier reçu faisait partie d’un envoi en nombre, dont la réponse facultative ne servait qu’à rabattre les pauvres chalands vers des produits de consommation quelconques, j’ai changé d’avis dès cet instant.



Il ne s’agissait plus du tout d’une ruse publicitaire, et ce dialogue commençait pour de bon à m’intriguer.



Le ton mystérieux de l’entretien et l’autorité voilée qui se dégageait de ce personnage commençait à me mettre mal à l’aise.



Le message m’indiquant que mon correspondant était déconnecté apparut presque aussitôt. Il ne me restait plus qu’à éteindre l’ordinateur et tenter de dormir en faisant abstraction des innombrables points d’interrogation qui dansaient autour de ma tête.


J’ai d’abord pensé que cela pouvait être Michel, mon amant. C’est un homme autoritaire de 45 ans. Il a beaucoup de qualités, mais il supporte mal mon indépendance. Je sais que parfois, il donnerait cher pour savoir comment je passe certaines de mes soirées. Je joue de cette jalousie, je suis prête à beaucoup de choses pour lui plaire, mais je ne perds pas de vue qu’il a une vie intime avec sa femme sur laquelle je ne lui demande pas de compte. En retour, je veux conserver ma liberté.


Nos pratiques sexuelles flirtent souvent avec les jeux de domination, j’aime être soumise dans ces moments-là et ses initiatives m’ont bien souvent comblée. Je l’imagine assez bien dans le rôle du mâle jaloux, m’espionnant par l’Internet et en profitant aussi pour s’essayer à de nouveaux jeux.



_______________



La deuxième conversation avec Servigo devait avoir pour but de m’appâter ; je dois dire que l’objectif fut atteint :



J’ai tiqué à ces mots, je voyais arriver le moment où mon Michel allait se trahir.



J’attendais la suite, espérant une révélation compromettante.



Mais quel est donc cet être autoritaire qui prétend me mettre à nu ?



Michel sait tout cela, il en joue avec mon accord. Cela pimente nos joutes sexuelles et chacun y trouve son compte. Alors, est-ce bien lui qui se cache derrière ce pseudo ?



Evidemment, je ne peux être sûre de rien dans ce dialogue par écrans interposés, le mensonge est si facile. Je dois être patiente si je veux démasquer cet énergumène.



L’envie de moucher ce vantard me démangeait, et je concoctais une phrase bien sentie et vengeresse, quand sa réponse me coupa l’herbe sous le pied :



Puis le message de déconnexion.


J’ai passé les cinq jours avec l’idée qu’un homme invisible, me connaissant aussi bien que moi-même, évoluait dans mon entourage, me préparant je ne sais quel guet-apens. Mais s’agissait-il vraiment de quelqu’un de mon entourage ? Et dans ce cas, qui ? Etait-il possible qu’un inconnu puisse en savoir aussi long sur moi, et dans ce cas n’y avait-il pas danger ?

Devais-je carrément avertir la police ? … Et aussi leur parler de mes préférences sexuelles ?

Parce que, ce qui émergeait de cette relation débutante, c’est le trouble qui s’insinuait en moi. Qu’il soit inconnu ou proche, je dialoguais avec un personnage dans l’ombre qui s’apprêtait à jouer avec mes fantasmes ! Je peux dire qu’au-delà du malaise que cela pouvait engendrer, il y avait aussi de l’excitation.



_______________




Je relus cette phrase, interloquée ! Ce style direct, cette façon particulière de rentrer dans le vif du sujet, comme s’il savait déjà vers quoi me guider ! Une onde électrique me parcourt la colonne vertébrale de haut en bas. Plutôt que de le prendre de haut, une envie plus insidieuse me pénètre. Pourquoi ne pas entrer dans son jeu sans à priori, quitte à tout laisser tomber si cela tourne au vinaigre ?



Ca y est, je l’ai dit. Je ne sais pas pourquoi, mon cœur s’est mis à battre un peu plus vite.



Toutes ses questions m’embrouillent, pourtant j’essaie de répondre de mon mieux.



Je suis restée un moment assise devant mon écran, sans réagir. Je peux rester habillée et prétendre m’être dénudée !

Des phrases défilent sur l’écran, appelant une réponse, mais je reste suspendue à des images, celles que cette conversation a fait naître. Plus tard, alors que l’écran est devenu immobile (peut-être parce que mon correspondant a disparu) j’ai retiré mon pull et je l’ai fait choir à mes pieds. Puis, sans y penser réellement, j’ai déboutonné mon chemisier, j’ai ôté mon soutien-gorge et je me suis mise debout pour me débarrasser du reste de mes vêtements.


J’ai écrit lentement :



J’ai attendu, droite sur ma chaise, les bras posés de chaque côté du clavier, les yeux rivés sur l’écran, le cœur battant fort, guettant la suite du dialogue. Une seule phrase, au bout de quelques secondes :



Les consignes ? Mais quelles consignes ! Des images d’humiliations policières se sont emparées de moi. De vieilles pensées exhumées de mes premiers émois érotiques. Des choses qui m’occupent l’esprit pendant 5minutes ? 10 minutes ?



Il va me demander de me mettre à ma fenêtre. Je jette un œil, il fait nuit depuis longtemps, il est plus de 23 heures.



Je réfléchis à toute vitesse. Là encore, je peux faire semblant et raconter un bobard. Mais, il a dit qu’il y avait une feuille de papier. Comment le sait-il ?



A quoi cela rime-t-il ? Pourquoi est-ce que je devrais prendre ce risque ? Mais aussi, pourquoi me connecter avec lui si c’est pour ne pas jouer le jeu ? J’essaie de négocier encore, je veux bien y aller nue, mais sous un manteau, il refuse catégoriquement. Je sens dans ses réponses qu’il se lasse, qu’il ne me croit pas digne de confiance. Je suis arrivée au moment où je dois accéder à sa demande, je tape sur mon clavier :



Je me suis levée, comme une somnambule. Je marche dans le couloir, je suis devant la porte d’entrée. Un dernier regard autour de moi, sur une patère il y a deux vestes et un manteau, je pourrais enfiler l’un de ces vêtements, ce serait juste un petit aménagement à sa requête. Pourtant ma main est déjà sur la poignée, je la tourne, puis j’ouvre la porte.


Je suis pieds nus sur le palier. Je referme la porte doucement, et patiente quelques minutes, le temps de m’habituer au noir, je n’ai pas l’intention d’allumer. Enfin je commence à descendre les marches carrelées, froides. Je ressens des frissons qui se propagent sur la surface de mon corps ; petit à petit, par contrastes, une chaleur envahit mon intimité.


La pénombre de l’escalier a fait place à l’éclairage ouaté du hall. La lumière provient de la rue, elle filtre par la porte vitrée. Je m’avance à découvert, rapidement, jusqu’à la boite. Si un passant jette un œil dans l’immeuble il sera surpris du spectacle. Je me sens tendue, fragile, vulnérable. Je suis hors d’haleine alors que je n’ai pas couru. Mon cœur brasse des litres de sang à un rythme effréné. Mon corps est sur-irrigué, cela améliore l’acuité de toutes mes fonctions ; mes organes de perception, qui me permettent d’être en alerte pour détecter la moindre présence humaine dans les parages, mais aussi mes organes génitaux et les seins, sans que je comprenne pourquoi.


Cliquetis de clés rapide, j’ouvre la boite, il y a un papier plié en 4 à l’intérieur. Je ne prends pas la peine de le lire. Je remonte le plus vite possible et le plus discrètement aussi. La moitié du chemin est parcouru, je ne suis toujours pas tranquille, mais le fait d’être passée par le hall sans mésaventure m’a soulagée. Je suis au premier, toujours dans le noir, il ne me reste que deux étages. Soudain, je perçois des voix dans le hall, je hâte le pas. Au même moment, une porte s’ouvre au-dessus de moi. Un trait de lumière traverse le palier du deuxième, c’est mon voisin du dessous ! Je suis entre deux étages, complètement affolée. En dessous les personnes vont commencer leur ascension et au-dessus, mon voisin vient d’allumer la lumière.


La porte de son appartement vient de claquer, il traverse le palier. Je ne puis plus reculer. Je m’élance, gravis les dernières marches et parais devant lui. Je baisse la tête, le couloir est étroit, il s’est arrêté, il me dévisage. Je mets un bras en travers de ma poitrine et l’autre main devant mon pubis. Je le croise en frôlant le mur. Je balbutie une excuse énigmatique :



Je suis passée, il a murmuré entre ses dents suffisamment fort pour que je le comprenne :



J’entame l’ascension du dernier escalier avant de pouvoir me réfugier chez moi. Je me retourne, il a fait demi-tour et est venu jusqu’au bas des marches pour ne rien perdre de la vision de mon corps gravissant l’étage quatre à quatre.



J’ai crié, gagnée par la panique et la frustration de devoir achever une mission autrement que comme je le souhaitais. Il ricane. J’ouvre la porte et la referme à la volée. Je vais m’asseoir devant l’écran. Je reprends mon souffle, je me sens honteuse, humiliée. Mon correspondant a déjà écrit ce simple mot : « Alors ! »


Je déplie le papier et je lis cette phrase : « Il n’y a que le premier pas qui coûte ! »



Je lui raconte donc exactement ce que j’ai vécu. Il me dit que la rencontre sur le palier du dessous fait partie du jeu. Il me demande ce que je pense du message. Je réponds que je le trouve assez énigmatique.



Il sait cela aussi ! Mais qui donc est-il ? Ce n’est pas Michel, maintenant c’est certain parce que je n’ai jamais voulu l’impliquer dans mes problèmes d’argent.



A cet instant, on frappe à la porte, il est presque minuit. Je me lève et regarde par le judas. Impossible de voir, le palier est éteint. Je retourne à mon écran et j’informe Servigo de l’événement.



On frappe à nouveau !



Je sens une vraie panique m’envahir, parce que ce qui était virtuel depuis le début de ce dialogue devient tout à coup bien réel. Je n’ai plus d’échappatoire maintenant. Mon propriétaire m’a vu nue, sur son palier, et même si je n’ouvre pas ce soir, tôt ou tard il me faudra bien affronter de nouveau son regard et ses questions.



J’enfile une robe de chambre. Je mets la chaîne de sécurité et j’entrouvre la porte.



Il apparaît dans le rayon de lumière qui filtre de mon entrée. Il a l’air soucieux. Les cheveux blancs et drus forment comme un casque autour de son visage un peu rouge. Les lèvres minces, les yeux cernés mais luisants, le nez large et vérolé et puis son ventre proéminent qui caractérise sa silhouette.



Il essaie de voir par l’entrebâillement comment je suis vêtue. Il a l’air d’un gros chat qui tente de pactiser avec la souris afin qu’elle sorte de sa cachette. Il ne sait pas comment continuer la conversation, pourtant je sens qu’il n’a pas envie d’en rester là.



Il s’interrompt tout à coup, comme si sa langue avait été plus vite que sa pensée. Je comprends tout à fait ce qu’il ressent, la frustration de l’occasion manquée. Il m’a vu nue et cela n’a fait que lui ouvrir l’appétit.



Ne sachant comment mettre un terme à cette discussion embarrassante, je choisis de refermer la porte, lentement mais inéluctablement. Je retourne à mon écran.


Je fais mon compte-rendu. Selon moi, cet homme a pris ma nudité en pleine figure et il ne sait pas comment s’adapter.



Décidément, il aime bien me rappeler qu’il connaît mon anatomie, il reprend :



Je suis à nouveau collée à l’œilleton de la porte d’entrée. Le noir est le seul tableau qui s’offre à moi. Je me décide à ouvrir la porte, d’abord avec la chaîne, puis comme rien ne bouge, je l’ouvre entière. Je trouve le bouton d’éclairage à tâtons. Mon voisin est là, assis sur la deuxième marche, il est à demi tourné vers moi, ses yeux me scrutent de haut en bas.

J’ai la gorge sèche, je parviens à lui demander :



Il se lève et sourit, hypocrite.



Il est maintenant debout devant moi. Il est un peu plus grand que moi, vêtu d’un pull et d’un pantalon hors d’âge.

Je ne sais pas comment poursuivre, ou plutôt, clore cette histoire.



Il écoute attentivement mon explication et me demande de préciser ce jeu. Je balbutie des explications peu convaincantes et puis, en mal d’imagination, je décide de lui montrer mon écran avec le dialogue qui est en cours.



Pourquoi l’introduire chez moi à cette heure de la nuit, après ce qui s’est passé ?

Je ne me pose même pas la question sur le moment, je pense juste avoir trouvé de quoi satisfaire sa curiosité pour qu’il me laisse tranquille.


Je suis assise devant mon écran, il est debout près de moi, je reprends le dialogue.



Je tourne les yeux vers monsieur Roger qui me regarde perplexe. Je décide de répondre à sa place.



Evidemment !

La soirée risque de dégénérer par ma faute. Un coup d’œil pour le voir confirmer de la tête, et je comprends que je ne suis plus maîtresse des évènements. Je ne peux plus empêcher mon visiteur de lire, ni le mettre dehors brutalement. Je tarde à taper la réponse, puis je me résigne :



Je ne réagis pas. L’autre à côté retient son souffle. Servigo tente de calmer la rébellion larvée de son élève :



Mes idées sont brouillées, je n’arrive plus à réfléchir. Je me sens totalement débordée, j’ai la désagréable sensation que d’autres vont décider pour moi quels seront mes faits et gestes des prochaines minutes. Je suis incapable de répondre quoi que ce soit à Servigo. Mon voisin qui commence à percevoir l’opportunité qui s’offre à lui, me suggère :



Je ne le regarde même pas, je scrute l’écran en essayant de trouver comment me sortir de ce guêpier.



Je réponds comme un automate :



Est-ce que j’ai le choix ? Mon voisin ne perd pas une miette de ce qui se trame dans ma vie. Je suppose qu’il doit faire ses propres déductions et qu’elles influeront sur mes relations avec lui.



J’entends le propriétaire qui réagit à cette phrase :



Je réponds aux deux par les touches de mon clavier.



J’attends la réponse de Servigo, mais déjà monsieur Roger pose la main sur mon épaule et me propose :



Je me contente de lui faire ôter sa main de mon épaule.



Que puis-je répondre à cela ? Il me semble qu’ils sont de connivence, que le scénario est déjà écrit, qu’il n’y a plus qu’à l’exécuter.

Tout envoyer promener ! Éteindre ce fichu ordinateur ! Chasser mon propriétaire de chez moi !

Est-ce que je suis capable de faire tout cela ? Est-ce que c’est déjà trop tard ? J’ai l’impression d’être à la fois actrice et spectatrice de mon désarroi. L’actrice aimerait bien se soustraire à toutes ces menaces, mais la spectatrice souhaite voir à quelle sauce je serais mangée ! C’est cela, il y a deux personnes en moi, l’une d’elles est effrayée, voire outrée par cette situation et l’autre se sent troublée, émoustillée !



Il l’a appelé par son nom, or je ne le lui ai pas donné ! La preuve est faite, ils sont de connivence. Ma rencontre dans l’escalier n’était peut-être pas fortuite. Mon voisin a pu aussi déposer lui-même le message dans ma boite, sur les indications de Servigo.

Monsieur Roger, qui a suivi attentivement le déroulement de la conversation, sait que c’est à lui de parler. Il réfléchit. Il me dévisage en souriant un peu, comme s’il était gêné. Je choisis de ne pas affronter ce regard, je me lève soudain et lui suggère de taper à ma place sa réponse. Il s’installe devant l’écran et prend quelques minutes avant de commencer à parcourir les touches d’une main hésitante. Je me suis assise sur le lit, je ne veux pas lire ce qu’il écrit.


Il s’écoule plusieurs minutes avant qu’il ne se lève à nouveau.



Ce que mon maître a décidé ! Dans la bouche de mon propriétaire cette phrase paraît surréaliste. Je m’aperçois que mon cœur bat très vite pendant les secondes où je déchiffre la conversation qu’ils ont eue à deux. La synthèse est décrite dans la dernière phrase de Servigo.



Je tourne la tête, il est déjà assis sur le lit, il regarde la moquette. Je suis abasourdie par cette décision, en même temps qu’une douce chaleur envahit mon entrecuisse. L’émotion me fait monter les larmes aux yeux.



Servigo a quitté le chat ; ping time out !



_______________



Je suis allongée dans mon lit. Mes fesses me chauffent, mes yeux sont mouillés, j’ai pleuré. Il est plus d’une heure du matin et je ne sais pas si je vais réussir à m’endormir. J’ai une envie folle de me caresser, mais je ne veux pas y succomber, ce serait comme si j’admettais que Servigo est le maître de mes fantasmes.


Pourtant, j’ai accepté de m’allonger sur les genoux de monsieur Roger. Je n’ai rien dit quand il a retroussé ma robe de chambre. Je n’ai pas bronché lorsque, avant la première claque, il a étalé sa grosse main calleuse sur mon postérieur, hésitant entre les caresses et la fessée.

Le visage posé sur la couette, les yeux tournés vers le centre de la chambre, je constatais l’inéluctable scène dans l’image renvoyée par le miroir de l’armoire. Une femme allongée en travers des genoux d’un monsieur beaucoup plus âgé qu’elle, la robe de chambre relevée jusqu’au milieu du dos. L’homme, une main posée sur le creux des reins et l’autre qui s’élève lentement, s’apprêtant à retomber lourdement sur une partie de mon corps qui le fascine.


Aucun mot échangé, juste le bruit irrégulier des gifles percutant mes fesses. Le temps suspendu pendant qu’il me punit, le compte à rebours qui s’égrène dans ma tête. Puis, les yeux fermés, je ne pensais qu’à une chose, ne pas gémir, ne pas me plaindre. À la vingtième claque, il s’est arrêté sans rien dire, sa main retombée près de lui. J’ai mis plusieurs secondes avant de comprendre que c’était fini et qu’il se contentait de me mater. Je me suis laissée choir sur le sol, à genoux, j’ai rajusté ma robe de chambre, puis je me suis levée. Il s’est levé lui aussi, on s’est dévisagé, j’ai baissé les yeux la première. Il s’est mépris sur cette attitude. Il a touché ma joue de ses doigts.

Je me suis esquivée prestement, en le dévisageant.



Il a attendu une réponse que je n’avais pas. Il a lu dans mon regard un mélange de dégoût et d’humiliation.



Il a affiché un sourire qui se voulait conciliant mais qui trahissait la concupiscence.



Il s’est incliné prestement.



Il a quitté l’appartement et refermé la porte derrière lui.



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Ce matin j’ai trouvé un moment pour appeler ma banque. Je veux me libérer de l’asservissement dû à mon propriétaire. Il me faut faire le point et trouver le moyen de régler ce loyer. La vérité, c’est que je peux faire le chèque dès aujourd’hui, mais que le reste du mois sera difficile. Cette voiture achetée d’occasion il y a 8 mois maintenant me coûte trop cher, je le sais bien. Mais je voulais une bonne voiture et puis j’ai voulu la payer en 3 ans plutôt qu’en 5, résultat depuis que j’ai ce crédit sur le dos, je galère. Tant pis, je passerai ce soir chez lui et je lui ferai le chèque, ce sera réglé.



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Je monte les marches en lisant mon courrier. La porte s’ouvre au moment où j’arrive sur son palier. Je m’arrête, on se dévisage. Un curieux malaise s’empare de moi. Il reste sur le pas de la porte et me demande :



J’ai dit cela sans réfléchir, d’une voix étranglée. Il parle de son chèque, pourtant je l’ai là, dans mon sac, rédigé à son nom au centime près.



Il sort sur le palier et s’efface de l’encadrement tout en barrant l’accès à l’étage supérieur. Je suis comme tétanisée, je pénètre chez lui au ralenti. Je sens sa paume sur mon épaule. Il a refermé la porte derrière nous. Il me guide vers le salon, s’arrête devant le canapé. Je peux encore sortir ce que je lui dois, mais je me contente de baisser la tête en attendant la suite.



Je tourne la tête prestement vers lui, nos regards se croisent. Je dois avoir l’air effrayée, il ajoute conciliant :



Je détourne la tête. Je reste prostrée un instant, imaginant deux alternatives, plonger la main dans mon sac ou me dévoiler. Finalement je laisse choir le sac à main et je retrousse ma jupe. Il s’est assis sur le canapé, il me regarde sans aucune gêne. Je fais rouler ma culotte sur mes cuisses, il lorgne ma chatte à présent.



Il m’invite à prendre place en travers de ses genoux. Il relève un peu plus ma jupe. Je suis entre ses mains, son jouet. Il pince chacune de mes fesses entre le pouce et les autres doigts, ce n’est pas prévu dans le contrat et cela lui permet de flirter avec le sillon. J’émets le début d’une protestation, ses claques tombent alors avec force. Il me fait mal durant la première moitié de la punition, volontairement, jusqu’à ce que je proteste à nouveau. Alors la fessée devient plus douce, plus lente et il se met à parler, comme un long monologue, entrecoupé de claques qui se prolongent en caresses.



Il ne dit plus rien. Les claques se sont arrêtées, sa main caresse mes fesses presque tendrement. Je n’ai pas compté, j’écoutais ce discours abject. Il me propose ni plus ni moins que de faire la pute ! Je me dégage, il me laisse me relever à regret, en laissant sa main traîner sur moi.


Il me raccompagne jusqu’à la porte et me conseille amicalement avant que je ne sorte :



J’escalade l’étage en courant, sans répondre.



_______________




Il a raison. Je me sens perturbée, mais après tout rien ne m’obligeait à venir.



Je lui raconte toute la scène. Je lui avoue que j’ai pleuré en me retrouvant seule chez moi. Je le traite en confident, je n’ai personne à qui parler de cette histoire, pourtant c’est bien à cause de lui que je m’y suis mise.



Le chèque que j’avais préparé et que j’ai toujours dans mon sac. Est-ce que je dois parler de cela aussi ?



Il a fallu que je lui dise. Tout se passe comme si les deux personnalités qui semblent m’habiter se disputent le pouvoir d’orienter les évènements.



Servigo a quitté le chat ; ping time out !


Avant de me coucher, j’ai déchiré le chèque !



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Monsieur Roger doit passer ses fins d’après midi à guetter mon retour par la fenêtre. Je le trouve à nouveau sur le pas de sa porte.



Nous voilà dans le salon, nous sommes au centre de la pièce face à face. Il a la mine avenante des gens certains de leur succès.



J’hésite un instant, je ne sais pas trop comment lui dire. Puis, je commence par autre chose :



Il m’adresse un sourire, comme quelqu’un qui vient de faire un bon mot et qui s’attend à ce que je me montre complice. Devant mon mutisme, il change de ton :



Je me sens gauche tout à coup. Je tourne sur moi-même à la recherche d’un endroit où poser mes affaires. Je m’approche de la table de la salle à manger, j’y dépose mon sac à main. Puis je retire ma veste que je dispose soigneusement sur le dos d’une chaise. Un coup d’œil à mon hôte, il s’est adossé au mur près de la table il m’observe sans mot dire.

Je me débarrasse de mes vêtements que je plie sur le dossier de la chaise.

Je suis en sous-vêtements, pieds nus. Il ne dit rien, ne fait aucun mouvement.

Je dégrafe mon soutien-gorge, je vois ses prunelles s’allumer lorsque mes seins apparaissent. Puis je me penche en avant pour retirer ma culotte. Je suis consciente du mouvement de lourd ballottement infligé à ma poitrine lors de ce geste.

Je viens de poser ma culotte sur la table, je suis nue, face à lui.

Je me sens vulnérable et convoitée.


Il s’assoit au milieu de la pièce sur une chaise. Il me demande de tourner lentement sur moi-même. Parfois il me demande de m’arrêter, de lever un bras ou les deux, de relever la tête. Puis il me fait immobiliser, dos à lui, les jambes légèrement écartées.



Il s’approche, tourne autour de moi en prenant son temps. Il s’arrête face à moi. Son visage exprime une autorité forcée, il souhaite tellement que je sois à ses ordres.



Je le regarde par intermittence, je ne réponds pas.


Il caresse ma joue, je baisse les yeux, je sens que les larmes viennent. Sa main descend dans mon cou, puis sur l’épaule. Il se remet à tourner, sa main reste sur moi, elle se trouve entraînée par le déplacement de son corps. Elle passe sur mes seins, lissant les contours rapidement, effleurant les pointes. Il passe derrière moi, l’autre main se pose sur une hanche, puis caresse les fesses. Il se tient contre moi à présent, je sens son gros ventre qui frotte mon dos. Ses mains sont passées sur mes flancs, libérés par la position de mes bras, relevés au-dessus de la tête. Il prend possession de mes seins avec ses deux paumes.



Des larmes coulent sur mes joues pendant qu’il joue patiemment avec mes seins. Je ne sais pas combien de temps je vais devoir supporter ces attouchements. Je n’ose rien dire parce que je ne veux pas qu’il perçoive la détresse dans ma voix. Il joue de longues minutes ainsi, mes larmes se tarissent petit à petit. Puis il recule un peu et, sans gêne apparente, il passe ses doigts entre mes cuisses pour s’en venir constater la température de ma vulve ! J’ai honte qu’il s’aperçoive ainsi de l’effet que la scène a eu sur moi.



Il revient face à moi, le sourire triomphant, en train de masser doucement entre eux les bouts de ses doigts qui se sont imprégnés de mes secrétions.



Je ne relève pas l’allusion. Je me précipite sur mes vêtements que j’enfile à la hâte. Cinq minutes plus tard je suis chez moi, sous la douche.



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J’engloutis le gros sexe tendu et chaud dans ma bouche mouillée de gourmandise. Je m’applique à le pomper par de longs mouvements de va-et-vient qui engagent le gland à l’entrée de ma gorge. Je suis à genoux devant lui, il ne m’a laissé que ma culotte. Mes poignets sont entravés par une paire de menottes qui les lient derrière mon dos. Il a prétendu que mes mains étaient trop sales pour qu’il prenne le risque d’être à leur contact.


Il est assis sur le canapé, les jambes ouvertes. Son pantalon et son caleçon en accordéon sur ses chevilles, il se contorsionne pour ôter sa chemise. Il m’encourage avec ses mots à lui, à nous, constitués d’un mélange de tendresse et de grossièretés. Il me promet les pires punitions en inventant mes comportements coupables, forcément coupables, pendant les jours où nous étions séparés. Je prends du plaisir à confirmer ses affirmations calomnieuses. Je me contente de hocher la tête ou d’émettre de petits grognements qui suffisent à le faire repartir dans de nouveaux délires, supposés décrire mon attitude lorsque je suis livrée à moi-même.


Avec les évènements de ces derniers jours, sa version de ma moralité prend un accent de vérité qui me fait vibrer plus qu’à l’ordinaire. Il s’est débarrassé de sa chemise, il me demande de l’aider à se défaire de ses chaussures, chaussettes, pantalon et caleçon. Pendant que je m’affaire à ses pieds, il empoigne mes seins, couvre mon visage de baisers et susurre à mon oreille à quel point il a envie de jouir de moi.


Nos joutes vont encore durer longtemps, ce soir il a du temps devant lui et il est très endurant. Je me demande l’espace d’une seconde si monsieur Roger, de l’étage du dessous parvient à entendre nos ébats…


Il m’a fait jouir plusieurs fois. D’après ses dires, je n’avais encore jamais atteint une telle intensité. Je suis d’accord avec lui, il m’a littéralement projetée au septième ciel. Il s’étonne d’une telle ardeur.



J’ai passé mon dimanche à essayer de décider ce que je pourrais bien faire pour m’extraire de cette situation. Je suis sûre que Michel est hors du coup. Je ne veux pas négocier avec mon propriétaire pour le moment. Ne pas le payer m’arrange ce mois-ci, je m’efforcerai d’être à jour dès le début du mois prochain. Il me faut avoir une discussion avec Servigo. J’ai peur de prendre goût à ce jeu et de me laisser totalement dépasser par les évènements, de ne plus avoir la maîtrise de ma vie…



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Le salaud ! Il me connaît si bien !



Je ne veux plus me déconnecter, je ne sais pas quoi répondre, je me contente de le lire. Nue devant mon écran, j’ai envie de me caresser.



J’ai ouvert mes cuisses, mes doigts parcourent ma vulve lentement, retardant le moment où l’un d’eux se glissera dans l’espace humide et lubrifié qui conduit à la jouissance.



Je murmure « oui » plusieurs fois. Oui à Servigo ! Oui à monsieur Roger qui me demande déjà d’être à lui ! Oui à mon plaisir qui va naître de l’action experte de mes doigts.



Servigo a quitté le chat ; ping time out !



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Je me répète une dernière fois, en montant les escaliers, l’attitude que je dois avoir en arrivant chez mon voisin. Je suis une jeune femme aux abois, blessée dans son amour- propre, qui n’a pas d’autre choix que d’accepter les outrages ignobles imposés par un homme sans scrupules, qui feint la charité. La seule façon de vivre cette scène me semble être la froideur, le détachement. Je dois paraître insensible à tout ce qu’il me demandera.


Il n’est pas sur le palier, il n’a pourtant pas dû oublier que je passe le voir. Je sonne, deux coups brefs. Je l’entends qui traîne des pieds dans ses vieilles pantoufles, derrière la porte. Il ouvre, il porte un pantalon de survêtement bleu et un maillot de corps blanc. Je ne l’avais jamais vu habillé comme cela.



J’ai dis cela d’un ton détaché, amical, avec un petit sourire passe-partout.



Nous sommes dans l’entrée, pendant qu’il referme la porte, j’ôte rapidement ma veste que je laisse choir à mes pieds. Puis je me débarrasse de mon pull et de mon débardeur. Il observe et n’ose rien dire. Il semble se taire comme devant une apparition surnaturelle, dont il craindrait la disparition pour un geste ou une parole malencontreuse.

J’endure son regard, cependant que je dégrafe mon soutien-gorge et laisse apparaître mes seins. Je perçois sa déglutition difficile à la vue de ma poitrine. Je déboutonne mon jean que je fais glisser sans précaution, en même temps que ma culotte, le long de mes jambes. Penchée en avant, dans une position peu commode, je délace mes baskets que je retire une à une en sautillant sur place. Je termine de me dénuder, puis je me redresse et déclare d’une voix neutre :



Il s’avance vers moi en ployant le cou, comme si cette déclaration l’assommait. Il pose la main sur mon épaule et me fait passer devant lui.



Il laisse sa main sur mon épaule pour me guider, l’autre effleure plusieurs fois mes fesses. Je suis au milieu du séjour, il me guide jusqu’à la table.



Les deux paumes sur le bord de la table, il me fait reculer les pieds, ouvrir les jambes et cambrer les reins. Il fait ensuite le tour de la table, afin de me contempler sous plusieurs angles.



Mais il ne me laisse pas le temps de répondre.



Il ne fait aucun mystère de ses intentions. Reste à savoir comment il compte jouir de moi.



Je sais peu de choses sur monsieur Roger, sinon qu’il a une passion pour les voitures. Il s’est acheté un puissant 4X4 quelques mois auparavant et il me vient cette comparaison à l’esprit quand je le vois tourner autour de moi. Il effleure ma ’carrosserie’, vérifie ’l’allumage de mes phares’ en effleurant mes tétons, s’assure de la ’robustesse de mon siège’ par petites claques répétées et vérifie soigneusement la progression de la température ’du moteur’ !


Comme tout nouveau possesseur de voiture, une fois familiarisé avec les commandes, le conducteur s’enhardit. Je le surprends à me tutoyer :



Cet accès de familiarité me désarçonne, je perds mon fil de conduite : l’indifférence. Je le regarde par-dessus mon épaule, m’apprêtant à commenter ce tutoiement, mais par quelques claques sur les cuisses et les fesses il m’invite à grimper sur la table dans la position demandée :



Je m’installe de mauvais gré sur la table où il m’impose immédiatement, par quelques gestes d’autorité, la posture qu’il souhaite me voir prendre. Je suis à quatre pattes donc, les jambes légèrement écartées, les reins cambrés, la tête relevée. Il masse doucement mes seins et ma croupe en grondant de plaisir. Ses doigts flirtent sans ambages avec mon sillon. Je me sens mal à l’aise, je sens la honte monter en moi, en même temps qu’une inexplicable chaleur dans le bas-ventre.


Il est passé derrière moi, il embrasse mes fesses à plusieurs reprises, il en lèche même longuement la surface. Je me surprends à frissonner d’émotion lorsque son souffle parvient jusqu’à mes parties génitales. Il teste bruyamment les effluves produites par mon intimité. Ce comportement animal, qui l’incite à me renifler comme un chien le ferait d’une chienne, m’asservit un peu plus. Je me sens sombrer petit à petit dans une concupiscence culpabilisante. Ses manières frustres m’amènent lentement à son diapason.



Il appuie sur mes épaules de façon à me faire plier les bras, poser la joue et le haut du buste contre la table. Les pointes de mes seins écrasés contre le plateau deviennent douloureuses. Il ouvre mes cuisses un peu plus et, profitant de la position aérodynamique qu’il m’a imposée, le cul en l’air, il applique voracement sa bouche sur ma vulve, mon anus. Il maintient fermement mes hanches dans ses paumes et sans aucun raffinement, au lieu de déguster délicatement, il lèche, suçote, lape, fouille mon intimité. J’ai l’impression dérangeante de sentir un groin me donner du plaisir !


La jouissance prend le pas sur la gêne. Je dois être rouge d’émotion, peut-être aussi de la position, pas très confortable. Je me surprends à rendre audible une plainte que j’essayais par tous les moyens de contenir. Cet aveu flagrant de bonheur déclenche d’autres manifestations corporelles. Je ne retiens plus les ondulations pavloviennes de mon bassin, alors que d’autres plaintes de plus en plus bruyantes, assumées, bienfaisantes, s’élèvent de ma gorge. Je me laisse porter par le courant puissant qui anime mon corps, quand bien même les méandres qui le chavirent seraient d’origine scabreuse !


Il s’est relevé, il a interrompu le frottement grossier mais délicieux de son groin contre mes trésors intimes. Sa main lourde vient aussitôt claquer mes rondeurs exposées. Il éructe quelques mots grossiers pour qualifier mon comportement, coupable selon lui de témoigner mon asservissement à ses « fouilles obscènes ». Ce traitement affirme ma subordination. Je confirme docilement toutes les remarques qui ponctuent maintenant chaque claque plaquée sur mon postérieur. J’ouvre les yeux un instant, le temps de constater que mon propriétaire a baissé son pantalon de jogging et qu’il affiche une belle ardeur sous son gros ventre couvert de poils.



Je me redresse et m’assois sur le bord de la table. Il s’est écarté un peu, son pantalon sur les genoux, il me toise, les mains sur les hanches. Monsieur Roger n’a pas ce que l’on peut appeler un gros sexe ou alors c’est la taille de son ventre qui agit par contraste et amenuise le bâton de chair dressé dessous. Ce qui choque, par contre, ce sont les bourses rebondies qui semblent soutenir la verge. Il se débarrasse devant moi de ses vêtements et m’invite à le suivre.


Nous pénétrons dans sa chambre, il me fait asseoir sur le bord du lit et se tient devant moi, son sexe dans la main. Il pose l’autre paume sur ma tête. Sans un mot, il me présente son sexe violacé que j’accepte sur ma langue sans émettre aucune protestation.


Il se masturbe dans ma bouche, sans me demander de participer avec les mains ou par des mouvements de tête. À ses grognements syncopés, je comprends ce qu’il veut faire. Je me sens gourde, les mains posées sur mes cuisses, le nez frottant contre son ventre et la bouche ouverte à attendre sa semence. Il s’excite fébrilement, je ne suis qu’un réceptacle, un moyen mis à la disposition de sa jouissance. Ses grognements se font plus forts, plus saccadés, il semble peiner à venir. Enfin, des insultes libératrices accompagnent l’éjaculation qui souille ma bouche…


Il m’a prise par les épaules et m’a forcée à m’allonger sur le côté, puis il s’est assis près de moi pour reprendre son souffle. J’ai avalé son sperme, parce que je ne savais pas quoi en faire ! Je ferme les yeux, il a sa main sur moi, il la promène sur mon flanc, ma hanche, mon épaule. Parfois il cherche à palper mes seins emprisonnés par la position de mes bras.



Je rouvre les yeux, il ne me regarde pas, il suit les évolutions de sa main.



Je le sens prêt à me révéler les secrets les plus intimes de sa vie, même s’ils ne me passionnent pas vraiment.



Il me dévisage cette fois. Que dois-je répondre ?



Il doit croire sa proposition honnête, il attend ma réponse, comme si je ne pouvais refuser.



Je me redresse et m’assois, adossée à la tête de lit. Il change de position pour me faire face, il s’accoude en travers du lit au ras de mes pieds que j’ai regroupés, mes bras enserrant mes genoux.



Il avance sa main vers mes pieds, comme pour se convaincre que le moment où il n’aura plus d’influence sur moi est encore éloigné. Je me dérobe.



Il n’accepte pas que je puisse reprendre l’initiative avec mes questions et encore moins que je puisse fuir sa main. Soudain, il se dresse sur les genoux, m’attrape par les épaules et me renverse sur le lit. Je me débats sans crier, mais il s’impose facilement. Il me maintient sur le ventre et abat quelques claques sur mes fesses sans défenses. Puis il fouille entre mes cuisses et atteint ma vulve de ses doigts. Je le sens prêt à devenir brutal, aussi je décide de ne plus m’opposer pour éviter toute douleur inutile.



Je suis sur le ventre, les bras croisés sous ma joue, les jambes ouvertes. Il est assis près de moi, il touche mes fesses, mes cuisses, ma vulve. Doucement, il m’explore ! Je me relâche sous ses doigts, je me sens prisonnière, mais cette démonstration de puissance ne me l’a pas rendu antipathique, il m’a juste rappelé que je lui appartiens encore un moment et qu’il a les moyens de faire respecter ce contrat. Je ne renonce pas à apprendre qui est Servigo.



Cet aveu me laisse sans voix. Un homme qui a ce toupet et ce don de persuasion, ne peut être que dangereux.



Monsieur Roger semble embarrassé, il pétrit mes cuisses et cherche une meilleure position en s’agitant sur place, ce qui provoque le grincement du lit.



Il ne veut rien dire de ces choses-là. Il se contente de lisser du bout des doigts le sillon qui file entre mes fesses, jusqu’au pubis. J’essaie d’imaginer qui se cache derrière ce pseudo, cependant que ses caresses raniment mon excitation.



A présent, il se sert de ma mouille pour glisser un doigt à l’entrée de mon sexe. Malgré moi, je gémis et cambre les reins, en essayant de ne pas perdre le fil de mes questions.



Il se met à genoux près de moi, un bras enlace ma taille par en dessous et soulève le milieu de mon corps. Je me retrouve en appui sur les genoux, le front et les avant-bras appliqués sur le lit. De l’autre main, il fait coulisser deux doigts dans mon vagin. Il parle enfin d’une voix étranglée :



Il continue à me branler, l’autre main possède tour à tour certaines de mes rondeurs. Son ventre se frotte contre ma cuisse, mon flanc.



Il s’est assis sur ses talons, il essaye de donner vigueur à un début d’érection. Je le sens fébrile. Le spectacle de mon corps offert à la manipulation de ses doigts attise sa convoitise, maintenant il lutte pour se donner les moyens d’exploiter ce fantasme de la possession sexuelle. Sa fébrilité est contagieuse, le désir que je lui inspire me submerge, m’amène à poser la tête sur ses genoux pour suppléer, de ma bouche, à ses efforts pour bander. Il me laisse faire, s’appuyant sur les mains placées derrière lui, il pousse son sexe en avant. Je prends ses bourses volumineuses dans ma main en coupe, tandis que de l’autre je manipule la tige sur toute la longueur, alors que mes lèvres et ma langue viennent délicatement cueillir le gland violacé.


Son sexe prend une belle taille. Je suis agenouillée devant lui, il s’est dressé sur les genoux. Je lui concède tout le savoir-faire de ma bouche. Je régale ses bourses des agacements du bout pointu de ma langue. Je cerne le gland durci d’enroulements humides et réconfortants. Je pompe le muscle sur toute sa longueur afin de lui garantir une activité à la hauteur de nos ambitions. Il halète bruyamment, s’agrippe à mes épaules de ses mains enfiévrées. Je me demande un instant s’il ne va pas céder à l’envie de se répandre une nouvelle fois dans ma bouche. Mes craintes s’envolent quand il me demande brutalement :



D’une bourrade il me renverse sur le lit. Il m’ordonne de m’offrir à 4 pattes. J’enfouis mon visage dans un oreiller, cependant que de ses doigts malhabiles, il guide sa queue en moi.


Il a pris entre ses mains mes fesses qu’il tamponne de son ventre volumineux. Sa bite ne me paraît pas si petite maintenant qu’elle œuvre en moi et surtout je sens ses bourses qui en balançant viennent heurter la zone de mon clitoris. Ce détail me rend folle d’excitation. Je me sens totalement femelle, maîtrisée par les assauts pressants du mâle. Je jouis sans retenue, sans pudeur. Il effectue des va-et-vient rythmés, bousculant mes fesses de son ventre et flagellant mon clitoris de ses testicules. Sa respiration est sifflante, je perçois ses profondes inspirations nasales, comme s’il était en train de courir un marathon.


J’ai joui plusieurs fois déjà, quand lui a du mal à faire aboutir son éjaculation. Libérée de tous faux-semblants, complaisante et effrontée, je passe une main entre mes cuisses pour attraper ses lourdes valseuses. Ce geste agit comme un déclencheur. Ses mouvements se font plus saccadés et l’approche de la jouissance l’incite à articuler :



Puis, peut-être pris d’une inspiration soudaine, à moins qu’il ne profite de ce moment particulier pour exprimer une image qui l’obsède :



Tout se déchire soudain. Cette petite phrase lâchée à cet instant, outre le fait qu’elle lui permet de libérer sa semence pour la deuxième fois en moins d’une heure, me permet à moi de savoir qui est Servigo !



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Il est 21 h et quelques minutes, monsieur Roger est étendu sur le côté, il a le visage contre mes seins. Je suis blottie contre lui, des larmes coulent doucement sur mes joues. J’ai besoin de parler, de partager ce fardeau que j’avais laissé loin derrière moi et qui vient de reprendre place sur mes épaules. Je commence d’une voix cassée par l’émotion :



La maison d’à côté était habitée par un couple d’une trentaine d’années. Ils avaient 2 enfants encore jeunes. La femme travaillait durant la journée et le mari, paraplégique à la suite d’un accident de travail, essayait d’assurer l’intendance. Je leur prêtais volontiers mon aide. Les enfants m’adoraient, les parents étaient amis des miens et puis cela m’occupait.


Cependant, ma relation avec l’homme avait pris un tour particulier. Il devait s’ennuyer autant que moi, il souffrait de ne pouvoir sortir facilement et du manque de rencontre. Ma visite le mettait toujours en joie. J’avais remarqué que lorsque les enfants étaient à l’école, nos discussions devenaient plus intimes. Il me livrait ses états d’âme, me demandait mon avis sur des questions auxquelles je n’étais pas habituée à répondre. J’aimais ces moments-là, je me sentais grandie, prise en considération.


J’essayais de venir plus souvent pendant l’absence des enfants et nous en étions arrivés à des jeux qui me dépassaient. Cela avait commencé de façon anodine, par des discussions de plus en plus intimes, puis traitant franchement de la sexualité. Nous en étions arrivés à parler librement de nos fantasmes. Le fait qu’il soit handicapé le rendait inoffensif à mes yeux, mais c’était malgré tout un bel homme. Je me sentais valorisée, moi, encore adolescente, par ces sujets sur lesquels je pouvais m’exprimer comme si j’y étais confrontée directement.


Il ne m’a jamais vraiment touchée, mais nous obtenions tous les deux du plaisir. Je me souviens de la demi-pénombre de son garage. Je me tenais debout près de son fauteuil roulant, il relevait ma jupe, il baissait ma culotte et nous inventions des scènes, des situations virtuelles où je subissais toutes sortes de choses. Ce n’était jamais lui le héros, mais il indiquait les perversions auxquelles ces êtres imaginaires se livraient. C’était toujours des êtres autoritaires ou représentant l’autorité. Je réagissais virtuellement à ces situations, avec ma candeur et mon désir d’être à la hauteur.


C’est avec lui que j’ai découvert mon goût pour la soumission. Je frissonnais de vivre demi-nue, près de lui, nos rêves éveillés. Il lui arrivait de dévoiler son sexe érigé au cours de nos jeux. Jamais il ne m’a demandé de le toucher, pourtant s’il l’avait fait, j’aurais probablement accepté. Ses caresses n’allaient pas plus loin qu’un long frôlement sur l’intérieur de mes cuisses, tout près de mon sexe tellement humide, que j’avais naïvement peur de ruisseler sur ses doigts.


Nos jeux érotiques ont duré une dizaine de mois. Un jour, l’un des enfants nous a surpris. J’étais assise sur les genoux de son père, ma tunique était ouverte jusqu’au nombril, mes seins totalement exhibés. Il n’a rien dit sur le moment, mais dans les jours qui ont suivi, il est allé raconter au voisinage que je donnais le sein à son père. Dès lors, mes parents m’ont interdit d’y retourner et ont interrompu toute relation avec eux. Quelques mois plus tard, nous déménagions au nord du pays, puis, rapidement, mon père devait trouver un travail en France où nous avons émigré quelques années après.--



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Une émotion m’envahit, un mélange de compassion et d’attendrissement. Cet homme semble m’avoir consacré tant d’années que j’en suis bouleversée. Le son de sa voix me revient en lisant les phrases qu’il compose au fur et à mesure de notre dialogue.




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J’ai conservé mon appartement, il est bien situé, il est à mon goût et de plus je ne paie mon loyer qu’un mois sur deux, grâce aux privautés que j’accorde à mon propriétaire. J’ai conservé mon amant, qui me fait si bien l’amour et qui est si discret dans ma vie, pour la bonne raison qu’il tient à ce que je le sois aussi dans la sienne. Mon troisième homme me fait l’amour autrement, avec ses mots, son imagination. Je le retrouve sur le chat, parfois au téléphone, ou je passe le voir. Il fait profiter mon voisin du dessous de ses idées perverses, il me suggère des attitudes dans ma vie quotidienne qui induisent des situations scabreuses que je dois lui narrer dans le détail. Quelquefois il me fait l’amour lui-même, mais je crois qu’il préfère me mettre en scène.