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n° 08340Fiche technique18411 caractères18411
3001
Temps de lecture estimé : 13 mn
20/07/23
corrigé 20/07/23
Résumé:  Une jeune harpiste parle de son art et de ses plaisirs ...
Critères:  f couleurs travail collection volupté voir exhib init
Auteur : Jeff            Envoi mini-message
Les cordes sensibles de Fabienne

Il est dans la vie des femmes des moments privilégiés qu’elles ne partagent presque jamais, et rares sont alors ceux qui ont la possibilité d’y accéder, y compris les maris, les amants ou les amies. Aussi, c’est un immense honneur et privilège que de pouvoir accéder à certains de ces moments, généralement sous forme de confidences et, quelque très rares fois, visuellement.


Je publiais alors, une fois par semaine, dans la presse, des confidences sur le plaisir solitaire féminin. Par mon travail, je suis toujours à l’affût de nouveaux portraits de femmes, pouvant connaître ou ayant vécu des situations de plaisirs solitaires dans des circonstances insolites, inopportunes ou qui ne peuvent atteindre l’orgasme que dans de pareilles situations ou circonstances.

Pour moi, le challenge le plus difficile était de trouver des femmes qui veuillent bien confier et confesser leurs secrets les plus intimes dans ces moments-là, me faire partager ces moments privilégiés, puis les convaincre que leurs secrets pouvaient être couchés sur le papier et publiés.


Aussi, en quels lieux que je sois, je suis toujours en éveil.

Je suis toujours à l’affût des signes presque imperceptibles d’un changement d’attitude d’un visage, d’une respiration, d’une légère et imperceptible contraction des muscles du cou ou de l’aile du nez, du flou d’un regard, bref, tous ces petits signaux qui peuvent trahir une excitation féminine, un plaisir solitaire naissant.

Je passe mon temps à décrypter le regard, les attitudes, les respirations des femmes que je côtoie.

Ensuite, il me faut m’enhardir pour aller à leur rencontre et aborder le sujet avec délicatesses et circonspection. Et si je ne me suis pas trompé, ou que je n’ai pas subi une rebuffade, que mon imagination ne s’est pas enflammée pour rien et qu’entre nous la confiance et une certaine complicité s’établissent, alors je peux livrer d’abord au papier puis aux lecteurs des moments d’émotions intenses.

Et certaines fois, toute la richesse même de la langue française ne suffisant pas pour pouvoir retranscrire la subtilité, l’intensité et la rareté du moment.




L’une de ces premières femmes, qu’il m’a été possible de rencontrer ainsi a été Fabienne.

Fabienne est une jeune et brillante concertiste classique à qui les critiques promettent une longue et glorieuse carrière dans le monde si difficile de la harpe.

Je l’ai rencontrée pour la première fois, lors d’un récital qu’elle donnait en l’église de Saint-Séverin à Paris, concert auquel un groupe d’amis m’avait entraîné contre mon gré, tant ils me savaient alors rétif à l’idée d’entendre un récital de harpe solo, durant plus de deux heures. Mais ils m’avaient assuré de l’exceptionnelle soirée que nous allions passer. Aussi, est-ce en traînant les pieds et en maugréant que j’assistai à ce concert.


D’abord, je découvris une jeune femme mise en beauté par la subtilité des éclairages de scène.

Elle était grande, bien proportionnée, avec des bras fins et immenses, adaptés à l’instrument, qui se terminaient par de fines mains nerveuses et élégantes. Son visage aux traits réguliers et anguleux, marqué par la concentration, montrait de la détermination et de la volonté. Son nez, droit, fin et aquilin, dominait une bouche aux lèvres ourlées et pulpeuses. Le front, large, était mis en valeur par une coupe de cheveux courte où les mèches blondes venaient se piquer. Enfin, un regard bleu outre-mer dominait le visage. Sa démarche était souple, gracieuse, son pas sûr.

Elle s’est installée sur le rebord de la chaise, légèrement de biais par rapport au public, a largement écarté ses jambes, a ajusté sa robe longue et a attiré à elle la harpe.


Elle a positionné sa harpe, comme elle aurait pris alors un amant, entre ses jambes ouvertes. Elle a calé le corps de sa harpe contre son pubis et adossé sur son sein, a appuyé sa joue sur le bois de l’instrument et étendu ses mains de part et d’autre de la tablature de cordes, écartant largement bras et mains.

Durant un instant, dans cette position et dans le silence le plus total, elle a fermé les yeux, semblant faire corps avec l’instrument. De ma place, je voyais ses efforts pour contrôler sa respiration.

Puis doucement, imperceptiblement, dans cette position, les doigts ont commencé à tirer sur les cordes, les pincer, les torturer pour faire rendre à l’instrument toute sa puissance, toute sa finesse, toutes ses sonorités et ses tonalités.

Au fur et à mesure des morceaux, je suis tombé sous le charme de la harpiste, du jeu subtil qui unissait le corps de la jeune femme et son instrument.


Sous l’éclairage des projecteurs, je pouvais distinguer toutes les finesses du travail des muscles du cou, du visage, des bras, mais aussi celles cachées et révélées par le lourd tissu de la robe : celles des fesses et des cuisses.

Le visage collé à la caisse de résonance de l’instrument, elle fermait les yeux et enserrait les cordes, tantôt les caressant, tantôt les grattant ou les pinçant, comme elle l’aurait fait avec le corps de son amant.

Le mouvement des mains sur les cordes, qui partaient loin devant et revenaient voletantes vers elles, descendant ou remontant, était élégant, mais laissait surtout à penser à une longue caresse sur un corps qui répondait très exactement à cette sollicitude en renvoyant de longues vibrations, tantôt chaudes, tantôt aiguës.


Au fur et à mesure de l’avancée du concert, il apparaissait nettement que la jeune harpiste vivait des moments d’intenses émotions.

Elle avait alors les muscles qui se tendaient au point que tout son corps semblait non seulement épouser son instrument, mais aussi qu’il vibrait à l’unisson des cordes. Ces instants, fugaces et brefs au début du récital, devenaient de plus en plus nombreux, se multipliaient au cours des interprétations.

Lors du dernier morceau joué, qui était le plus long, le plus difficile de ce récital, la jeune femme, tout en donnant cette irréelle impression de facilité dans la difficulté de l’exécution, semblait s’être totalement immergée dans sa musique.

La harpe et le corps de la harpiste ne semblaient faire plus qu’un seul et unique bloc.

Seuls, quelques légers mouvements oscillatoires, d’avant en arrière, et le mouvement aérien des mains animaient la scène.


La respiration elle-même semblait s’être calquée sur la musique, sur son tempo. Les vibrations des cordes, leurs résonances semblaient irradier et faire tressaillir tout son corps, toute sa chair, tout son être.

La jeune artiste avait les yeux fermés, mordait ses lèvres. Ses ailes du nez collées à la paroi de la harpe s’ouvraient et se fermaient à un rythme rapide, saccadé. La robe tendue sous les fesses laissait apparaître un travail des muscles des fessiers et des cuisses qui semblaient eux aussi se contracter à l’unisson du rythme musical.

Je restais fasciné par le spectacle.

Mais avec de l’intuition et une certaine habitude d’observation, ce que l’assistance prenait pour une concentration maximale en raison de la difficulté technique de l’œuvre ne me semblait en réalité qu’un magnifique et intense moment de jouissance de la part de la jeune artiste qui donnait tout au public, sans que ce dernier ne sache réellement ce que recouvrait le terme de « tout ».


Plus tard dans la soirée, j’ai eu confirmation de mon intuition, de la bouche même de Fabienne.

Au sortir de son récital, j’avais réussi à l’inviter à venir partager une assiette de fruits de mer.

Après un difficile et laborieux début de conversation, principalement orienté sur la technique de la harpe, elle avait commencé à reconnaître qu’à partir d’un certain niveau de virtuosité elle n’avait plus à se concentrer sur les notes ou la partition, qu’elle connaissait par cœur, ni sur la technique même de l’enchaînement des mains sur les cordes, mais que toute la difficulté consistait à transmettre des émotions.

De fil en aiguille, elle avait finalement avoué, non sans réticences toutefois, que cette recherche et ce transfert d’émotions passaient au cours de l’interprétation des œuvres par la mise en vibration de son corps par celles émissent par l’instrument.


Fort de ces premières confidences, je poussais la conversation dans ce sens et lui permettais enfin de s’épancher. Curieusement, au fur et à mesure qu’elle avançait dans la description de sa technique, des sensations qu’elle ressentait, des effets que tout cela avait sur elle, sur son corps, au fur et à mesure que je l’écoutais, je la regardais, je voyais son visage se transformer, j’entendais sa respiration s’accélérer, ses ailes de nez frémir…

Elle m’expliquait qu’elle avait commencé à jouer de la harpe vers douze ans, moment important pour une petite fille qui découvre son corps. Et la technique imposait que l’instrument soit à la fois coincé entre les cuisses en appui sur le haut du pubis, le tronc devant nécessairement coller à la caisse et le bout du sein toujours en contact avec le bois qui transmettait de fortes vibrations au mamelon.

Ainsi, au fur et à mesure des exercices, puis des concerts, au fil des années, le corps avait appris à devenir lui-même une sorte de caisse de résonance et savait entrer en vibration avec celles produites par l’instrument.

Elle avait ainsi développé une sensibilité accrue au phénomène vibratoire des cordes et de leurs résonances et était capable de connaître de véritables jouissances physiques.


Cette découverte, Fabienne l’avait faite lorsqu’elle avait 16 ans, et sa professeur de l’époque, elle-même une grande dame du monde de la harpe, lui en avait expliqué toutes les subtilités et ouvert les yeux sur cette forme de don exceptionnel à ses dires, et ce qu’elle pouvait en tirer pour sa carrière.

Ainsi, depuis près de dix ans, Fabienne éprouvait-elle chaque fois du plaisir physique lors de ces grands et petits récitals, comme lors des répétitions sans compter ses nombreuses heures de travail quotidien.

Prise par son récit, avec une certaine innocence, mais en même temps, en utilisant notre conversation comme un exutoire, Fabienne se laissait aller à des confidences de plus en plus intimes.

Elle m’a ainsi expliqué que ces choix de morceaux à exécuter lors d’un récital n’étaient pas réalisés « à l’inspiration ». Non ! Ils étaient consciencieusement choisis selon « ses critères de crescendo de son plaisir physique », qui étaient intimement liés au système de vibrations que l’instrument expédiait dans son corps.

Au début, les œuvres douces, voluptueuses, pour éveiller son corps, ouvrir ses sensations avaient sa préférence. Puis, au fur et à mesure, les morceaux devaient enchaîner des vibrations de plus en plus puissantes, fortes où devaient alterner les sons graves qui portaient directement à son ventre, par l’intermédiaire de son pubis, et les sons aigus, qui allaient exciter la pointe de son sein.


Par son pubis et par ses cuisses, elle sentait les vibrations graves envahir l’intérieur de son ventre. Par la suite, sous la force et la puissance des vibrations émissent et transmissent par la caisse à son ventre, celui-ci se mettait lui-même « en résonance », bougeait, remuait à l’intérieur, transmettant ainsi ces vibrations à son vagin qui lui-même commençait alors à se contracter, à avoir des spasmes, de plus en plus forts, de plus en plus puissants. Sous la puissance des contractions vaginales, ses lèvres s’ouvraient et fermaient et venaient enserrer son clitoris.

Doucement, son bouton sensible, s’éveillait, sortait de son repli de chair, pointait sa petite tête curieuse hors des lèvres de sa vulve et entrait lui-même en contact avec le bois de la caisse. À ce contact, il allait de plus en plus s’exciter et durcir au cours du récital, de l’enchaînement des œuvres pour arriver à la faire jouir, longuement dans le dernier morceau qui utilisait l’ensemble des vibrations sous forme de grands arpèges qui partaient des notes les plus basses aux plus aiguës et vice-versa, et qu’il recevait directement, comme une caresse de doigts.

Les notes les plus aiguës, elles, venaient exciter plus particulièrement la pointe de son sein. De plus en plus sensible au fil des années de travail, sa poitrine maintenant était si sensible, reconnaissait-elle, que le simple contact du bois de la caisse de sa harpe sur ses seins, envoyait de longs picotements dans tout son corps, le préparant au plaisir. Mais plus les notes émettaient des vibrations dans les sons aigus, plus sa pointe de sein durcissait, finissant par lui faire mal à la fin du concert. Et lors des grands arpèges de fin, mélange d’aigus et de graves, l’intensité des vibrations provoquées, la rapidité de leur propagation liée à la rapidité d’exécution, venaient totalement faire corps avec son plaisir qui éclatait et l’entraînait à magnifier ses fins d’une façon si extraordinaire, que bon nombre de critiques, d’admirateurs et admiratrices et d’auditeurs n’arrivaient pas à comprendre encore comment elle pouvait faire ainsi exploser la musique de la sorte !



J’observais attentivement mon interlocutrice et scrutais son visage, son regard. Il me semblait, au fur et à mesure qu’elle se confiait, qu’elle racontait comment elle arrivait à jouir durant un concert, en me décrivant par le menu détail la façon dont son corps, son ventre, son pubis, son sexe, ses seins recevaient et transmettaient les systèmes vibratoires, qu’elle graduait pour atteindre sa jouissance, il me semblait être de plus en plus certain qu’à cette évocation, elle retrouvait une certaine jouissance physique.



Épaté par toutes ses confidences, j’imagine quelques têtes de spectateurs bon chic bon genre et l’air éternellement pincé. J’imagine aussi leur réaction en découvrant que la jeune harpiste qu’ils se délectent tant d’écouter prend son pied durant tout le concert et termine la culotte trempée. À cette évocation réjouissante, je souris.



Mais autour de nous, la salle est plus qu’à moitié vide.



Fabienne se tait et me regarde longuement, comme si elle me jaugeait.





C’est sur ces paroles, à la fois douces-amères et pleines d’enthousiasmes, que nous nous sommes quittés, bons amis.

Depuis, dès que je peux, j’assiste à ses concerts, au premier rang, et je jouis doublement du spectacle qu’elle offre. Celui de sa musique et celui de son corps.

Après le spectacle, nous nous rejoignons, discrètement, pour qu’elle me raconte les sensations qu’elle vient de vivre, en les revivant une fois encore.