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Temps de lecture estimé : 17 mn
31/12/04
Résumé:  Epuisé par tant d'amour, Romain avait subi un choc après les révélations que lui a faites Camille, et n'avait pas bien réalisé ce qui lui arrivait. Mais le lendemain matin, les idées à nouveau claires, il décide de filer...
Critères:  amour ecriv_c
Auteur : Christy et Evangelion  (Evangelion)            Envoi mini-message

Série : Les amants du café

Chapitre 06 / 10
Chapitre six - Camille se dévoile



Six heures du mat. Camille dort profondément, bien au chaud contre mon corps. Moi, je n’ai pas fermé l’œil ; elle m’a épuisé mais…

Bon, elle m’a menti sur pratiquement toute la ligne ; qu’est-ce que je fais maintenant ?


A plus tard les grandes questions ; là tout de suite, je dois m’éclipser, il le faut…

Est-ce que je lui laisse un mot ? Certainement pas !

Oh et puis si, je ne peux pas me tirer comme ça…


"Camille. Appelle-moi dimanche midi ; on reparlera de tout ça… Romain."


Ouf ! Elle ne s’est pas réveillée. Vite, en voiture…


Putain, je suis mal ! Pour l’instant, je suis à moitié dans le gaz, mais quand je vais émerger, je sens bien que je vais en baver.

Et pourquoi je devrais souffrir après tout ? C’est pas mon genre, d’habitude. Oui, mais je l’aime, ça j’en suis sûr. Mais elle ? Si elle m’aimait vraiment, l’autre, là…

Jamais je n’ai été confronté à ça ; en plus du mal être qui est en moi, la déconcertion me travaille l’esprit.


Romain, stop ! Tu l’as dans la peau, d’accord ; tu l’aimes comme un fou, d’accord ; mais tu n’as passé qu’une seule nuit avec elle et il est encore temps de…


Ok ok ok ! De toute façon, j’ai filé à l’anglaise et ça va sûrement la faire réfléchir jusqu’à demain ; elle ne sait pas où j’habite, elle n’a pas mon téléphone… Je coupe mon portable pour la journée et le tour est joué !


Bon, et bien les choses étant ce qu’elles sont, je vais en profiter pour appeler Fred ; ça fait bien trois semaines que je ne lui ai pas donné de nouvelles et il va sûrement me poser des questions. Et je n’ai pas envie de lui parler de Camille ; pas pour l’instant…

Mais si ! C’est mon pote ! Aller, je lui dirai juste ce qu’il faut…




Presque trois semaines sans sortir, pour moi, c’est une éternité ! Là, maintenant, malgré le coup de massue que j’ai pris, ça me gêne un peu de sortir sans Camille ; mais je vais quand même être sage… Faut juste que je fasse attention à ne pas me laisser séduire une fois de plus par les trouvailles de Fred ; avec lui, tout est possible. Pour faire la fête, on est toujours les premiers, mais maintenant, c’est plus pareil… Et puis…

Merde ! Est-ce qu’il va comprendre ? Si je lui dis tout… non, pas pour le moment. Mais alors, il va croire qu’elle ne compte pas, et là, il va se demander pourquoi je ne…

Oh et puis zut ! J’improviserai…


Et à 22 heures pile, je me retrouve assis dans la voiture de mon vieil ami et complice de toujours…



Ca, c’est Fred ! Enfin, c’est nous ! La fiesta, les filles, les bons coups…

Faut pas que je me laisse distraire ; je dois absolument entrer dans son jeu sinon il va insister et je n’arriverai à rien lui dissimuler… Il est trop malin, l’animal ! Et puis, comme on n’a pas de secrets l’un pour l’autre, prudence…



Gros rires de bellâtres en foire !



Je le coupe.



Et musique à fond pour se mettre dans l’ambiance ! "Get up off my back, save your heart attack, ain’t nobody humpin’ around !"



Fred a l’air contrarié ; ça fait bien longtemps que je n’ai pas eu ce manque d’entrain et il doit commencer à se poser des questions. Je dois lui couper l’herbe sous le pied…



Bref instant de silence…



Ouf ! Sa curiosité est en veilleuse… pour le moment !



Il esquisse une grimace, prend un air très sérieux…



Eclats de rires !



Très grands sourires complices.


La Galleria, c’est une boîte assez branchée ; resto, piano-bar, discothèque "eighties"… Une clientèle d’anciens clubbers de l’âge d’or de la funk et de la dance-music ; de 35 à 45 ans…

Et ce soir, comme d’habitude, c’est encore bondé…



Premier verre de la soirée ; je suis assez évasif, tandis que Fred, fidèle à lui-même, est déjà à la recherche d’une proie.



Rires…



C’est vrai, au piano-bar de la Galleria, ainsi qu’au restaurant, on voit beaucoup de vieux messieurs accompagnés de femmes beaucoup plus jeunes qu’eux…



Et tandis que le barman me déleste d’un beau billet – gloups ! – Fred, déjà bien survolté, me secoue le bras comme un forcené.



Je jette un œil distrait sur la "découverte" de mon ami, et là, et là !

Haaaaan ! Camille !

Instinctivement, je me retourne face au bar ; un effroyable frisson me parcourt le corps. Mais non, c’est impossible, ça ne peut pas être elle !

Ma vue se brouille, le bruit ambiant m’assourdit, mon front est trempé, mes oreilles brûlantes et je suis gelé…

Romain, c’est pas le moment de flancher ; tu sais parfaitement que tes yeux ne t’ont pas trompé, c’est bien Camille ! Cherche pas à comprendre pour l’instant : déguerpis d’ici en vitesse !



Fred n’insiste pas ; il m’emboîte le pas, assez inquiet…

Une cinquantaine de mètres restent à parcourir avant d’arriver à la voiture ; jamais je n’y arriverai… Mon esprit est en bouillie, mes jambes ont du mal à répondre…



Je m’agrippe alors fermement à mon ami ; les larmes ne demandent qu’à jaillir de mes yeux, mais il ne faut pas, pas tout de suite. Fred ne doit rien savoir.

Une fois assis, ce n’est ni de la douleur ni de la colère que je ressens, mais une véritable épouvante ; mon vieil ami en est presque terrorisé…



Et là, je ne sais comment, mais j’ai encore la force d’improviser.



Petit silence.



Re-silence…



On arrive – enfin ! – à la maison…



Quel con je suis ! J’aurai dû tout lui dire ; si il y en a un qui aurait compris, c’est bien lui.

Mais non, je suis bien trop fier pour ça, bien trop prétentieux.

Tant pis pour moi ; je vais devoir surmonter ça tout seul…


Pour l’instant, il n’y a qu’une seule question que je me pose : m’a t-elle vu oui ou non ? Ai-je été assez rapide à me retourner ? Je dirais une chance sur deux. Impossible de me remémorer la scène ; tout est trop confus. Et le quatrième que je n’ai pas eu le temps de voir, c’était sûrement cet Alex !?! Qu’est-ce qu’ils foutaient avec ces vieux ? Merde !

Bon, qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Taper dans le tas ? Laisser venir ? Oui, c’est ça ; laissons venir. Théoriquement, elle doit m’appeler demain midi ; si elle le fait précisément, c’est qu’elle ne m’a pas vu. Et qu’est-ce que je vais faire ?

Par contre, si… Oh et puis merde ! Et merde ! Et merde !

Ca y est, là, mes défenses sont enfoncées, impossible de résister une seconde de plus ; je m’effondre en larmes sur un fauteuil. Désintégré, Romain…


La douleur est terrible et elle m’affecte doublement : mon cœur et mon amour propre sont sérieusement touchés. C’est un de ces maux dont on croit qu’on ne pourra jamais se relever…

Ca fait mal, très mal ; Camille, je l’aime et je l’ai dans la peau. Après ce qu’on a vécu, je ne vois pas comment je pourrais la quitter. Et pourtant, il va le falloir, sans chercher à comprendre ; comme si c’était pas suffisant qu’elle baise avec un autre, en plus… Jamais je ne pourrai me remettre d’un tel déshonneur.

Ma Camille, celle dont je ne cesse de parler à Anne-Laure, la femme idéale, la femme rêvée…

Je nous imaginais déjà heureux tous les cinq, avec Thomas, Chloé et Lorenzo.


Mais qu’est-ce qui m’arrive ? Je délire, je deviens fou ! C’est pas possible, j’ai dû basculer dans une autre dimension !

Rends-toi à l’évidence, Romain ! Camille n’est qu’une pute, rien de plus… et toi un de plus ! Mais qu’est-ce que je vais dire à Anne-Laure ? Et à Fred ?

Bon, il faut que je me lâche ! Aaaaaaaaaah ! Une souffrance d’une ampleur jusqu’ici inconnue me taillade le ventre et je m’effondre à nouveau en larmes…


Non ! Romain ! Reprends-toi tout de suite ou tu vas sombrer ! Vite, une douche froide, histoire de ré-émerger… puis un grand verre de gin pour reprendre des couleurs !

Et là, curieusement, vautré dans un fauteuil, après m’être resservi une belle rasade d’alcool de grain, je sens mes muscles qui se tétanisent, je serre les dents et les poings ; la douleur s’estompe tout doucement faisant place à la colère.

C’est un de mes atouts ! Quand ma fierté est amochée, tous mes beaux sentiments s’évanouissent ; seule la haine subsiste et elle me rend impassible…

Bordel ! Il n’est même pas minuit ; encore plus de douze heures à attendre. Mais c’est pas grave, je suis à nouveau sur pieds, prêt à laver mon honneur… Aller, encore un verre !

Ah et puis non ! De toute façon, dans l’état où je suis, même si la bouteille y passe, l’alcool n’aura aucun effet sur moi, pas ce soir…

Mais qu’est-ce que je vais faire pendant ces douze heures ? Dormir ? Très spirituel !

Tant pis ! Je me rhabille et je vais aller faire un tour ; dans mon état, impossible de rester seul à attendre ou je vais devenir cinglé…


Sans grande conviction, je me rhabille et quitte alors mon appartement ; je me dirige vers l’ascenseur. Putain ! Toujours occupé !

Ca y est, ça monte. L’attente est interminable. Enfin le voilà. Dong !

La porte coulisse lentement, je m’apprête à m’engouffrer dans la cage, et là… je tombe face à face avec Camille !

Si une seconde avant j’avais imaginé une telle scène, j’aurai pensé que le ciel me tombait sur la tête. Mais là, rien du tout ; je suis figé sur place, mon cœur semble s’être arrêté de battre. Seule une ultime ressource venue de je ne sais où me permet de ne pas rester muet.



Elle est là, devant moi ; j’observe attentivement son visage et sa poitrine. Elle respire si fort qu’il me semble entendre les battements de son cœur. Puis, tremblante, elle ouvre la bouche.



Je lui fais alors un très discret signe de la tête pour lui ordonner de me suivre. Ma respiration aussi se met subitement à s’emballer. Je suis envahi par un conflit inexplicable ; j’ai envie de la massacrer, mais aussi de la prendre dans mes bras.

Et je réfléchis, et je pense, et je cherche dans ma tête !

Romain, arrête de raisonner. Laisse parler ton instinct, brise-la ! Mon instinct ? Mais si je l’écoutais, je l’enlacerais illico !

Non, je dois rester moi-même, ne pas perdre l’initiative, penser avec ma tête et pas avec mon cœur.

Puis d’un seul coup !



Camille est tout près, son teint devient blême, elle a beaucoup de mal à rester en place ; il est clair que si je ne lui dis pas de s’asseoir, je ne sais pas ce qui va se passer.



Je ressors la fameuse bouteille de gin, persuadé que cette fois-ci je n’aurai plus besoin de la ranger.



Camille commence à flipper mais pas moyen de la pénétrer. Pourquoi est-elle venue ? Elle m’aime ? Elle est gênée ? Elle a des remords ?

Des remords ? Ah non, je ne crois pas ! Maintenant, je sais qu’on ne peut pas lui demander une telle chose…



Et une gorgée de plus…



Camille commence à être décontenancée ; je ne sais pas où, mais je l’ai touché de plein fouet et quelque chose de bien.



A cet instant, je n’ai même plus envie d’être en colère, plus envie d’avoir mal.



Ca y est, c’est le moment que j’attendais ! Camille commence à pleurer, elle est désemparée et a du mal à trouver ses mots ; je vais pouvoir l’achever.



Il faut que je me contrôle ; à parler comme ça, je me fais autant de mal qu’à elle et il suffirait de pas grand chose pour que je craque aussi. Mais non, pas tout de suite.

Camille sanglote abondamment, ses yeux sont remplis de détresse, je vais pouvoir lui porter le coup de grâce !



Dans un ultime effort, elle se lève et s’accroche à moi.



J’ai juste le temps de la rattraper avant qu’elle ne s’écroule ; son odeur m’attire, je perds ma volonté mais je parviens malgré cela à la repousser sur le fauteuil et à m’éloigner d’elle.



Elle sanglote de plus belle et je me défoule !



Je fais une pause et me ressers encore un verre.



Ca y est, elle est à l’acmé et dans l’incapacité d’aligner deux mots correctement. Et là, plus moyen de me contenir, je vais la rejoindre sur le canapé et la prends dans mes bras.



Et elle pleure, et elle me serre… Oh, je vois bien que ce n’est pas de la comédie, qu’elle est sincère ; mais je ne peux accepter toutes ces choses…

Bon, il faut que je m’en "débarrasse" ou je vais exploser de douleur.



Elle ne se fait pas prier ; c’est le moins qu’on puisse dire. J’en profite pour souffler quelques instants, j’en ai bien besoin…


Quelques minutes passent…


J’entends la porte se refermer ; elle revient…

Et voilà Camille, le visage apaisé, les yeux rougis par tant de larmes, mais tellement belle et tellement irrésistible.



Camille est bouleversée ; elle ne veut pas croire ce qu’elle vient d’entendre. Et moi, je me demande comment j’ai pu arriver à le dire.

Mais qu’est-ce qu’elle ne veut pas croire ? Que je lui lance un ultimatum ou que je veuille bien continuer si… Bon, on verra ça plus tard ; ça n’a aucune importance pour le moment…



Je me lève, la tire vers moi, lui enfile son manteau ; aucune réaction ! Elle ne peut plus dire un seul mot.

J’appelle l’ascenseur, descends avec elle et l’accompagne à sa voiture… ou l’attend bien entendu Alex ! C’est marrant, je ne suis pas surpris…



Camille s’exécute sans broncher, je referme la portière et lui fais signe d’ouvrir la vitre.



La voiture s’éloigne doucement et je regagne mon appartement. Il ne me reste qu’une chose de raisonnable à faire : ouvrir une autre bouteille…