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n° 08372Fiche technique17037 caractères17037
Temps de lecture estimé : 11 mn
01/01/05
Résumé:  Un homme et une femme font l'amour en pensant à une autre???
Critères:  fh voiture vengeance intermast fellation pénétratio tutu
Auteur : NonHomologue            Envoi mini-message
Triolisme à deux


Tu n’es pas là et tout le monde sent ta présence, tu n’es pas là et tout le monde te cherche du regard, tout le monde s’attend à te voir entrer, belle, rayonnante, tout le monde sauf lui, tellement il est plein de ton manque.

Tu l’as quitté, il est resté. Le voilà ce soir parmi nous, sans toi. Il boit comme on se force à boire. Il rit comme on se force à rire.

Ce soir, il va danser dans mes bras et t’oublier dans mon lit.



*



Tu connaissais toujours tout le monde dans les soirées, et tout le monde te connaissait ou voulait te connaître. Tu étais de celles autour desquelles se forment les groupes, mais trop libre pourtant pour te faire enfermer par un cercle, fut il d’amis ou d’admirateurs.


Quand nous nous sommes mis ensemble, je suis passé du statut de « moi » à celui d’« ami de ». On me demandait de tes nouvelles, on me demandait comment tu avais trouvé tel film, si tu avais vu telle exposition. Oui, bien sûr, les gens sont polis ils formulaient « vous êtes allés voir ? vous avez aimé ? », mais je savais bien que c’était de toi qu’ils voulaient m’entendre parler.


J’aurais pu être blessé, mais en fait, j’étais fier. Pour te retrouver dans une soirée, il me suffisait te voir vers où se tournaient les regards, quel était le groupe le plus dense, celui qui parlait le plus fort.


À moins que tu ne danses. Mais là aussi, tu étais le centre de tout, si belle et libre.


Tu avais un tel ascendant sur tous. Tous les hommes te désiraient, tous nos amis auraient laissé leur femme pour une nuit avec toi. Pourtant, tout le monde te savait fidèle, et tu n’en étais que plus désirable.



*



Je n’aime pas conduire. Mais dans son état, c’eût été trop dangereux de lui laisser le volant. M’y voilà donc, alors que lui regarde les lampadaires défiler les yeux mi-clos. Est-ce qu’il pense à toi ? En général, j’adore être la passagère. Je penche ma tête sur l’épaule du gars. Ma main glisse sur sa chemise, j’ouvre un bouton ou deux, je lui caresse doucement le torse. Aux feux, il tourne sa tête vers moi et m’offre ses lèvres. J’entrouvre les miennes, j’attends sa langue… Quand le feu repasse au vert, j’interromps le baiser. Dans la pénombre, je jauge de l’œil l’érection lors des lueurs passagères. Parfois, ma main s’aventure sur la bosse. Jamais trop franchement, toujours en effleurements: il ne faut pas une couveuse, il faut titiller le désir.


Il est rare que j’aille jusqu’à ouvrir la braguette, à libérer la perche, à la prendre dans la main. Il faut vraiment que je trajet soit long pour ça. Je ne fait pas ça pour les satisfaire, mais pour aiguiser leur envie de moi.


Il m’arrive aussi de me caresser moi. Au début, je mets simplement ma main entre mes cuisses, comme si je cherchais juste à la réchauffer. Puis j’appuie, doucement, je me sens m’ouvrir, je me sens m’humidifier, je sens parfois ma propre odeur monter. S’il ne remarque rien (il y en a qui sont pas fins) j’ouvre carrément ma braguette. Et j’observe sa réaction… Je l’invite toujours à regarder la route s’il détourne trop le regard: c’est plus sûr, et puis ça augmente son désir. Souvent alors, le silence ce fait, on entend plus que ma respiration, le moteur, la boite de vitesse, et mes soupirs.


Et me voilà aujourd’hui au volant, avec cet idiot qui s’assoupit.



*



C’était toujours toi qui conduisait aux retours de soirées. Tu buvais peu. Tu disais que tu n’avais pas besoin de boire pour rire. Et c’était vrai. Tu riais beaucoup, et fort. Tu n’avais besoin de rien pour te désinhiber. Tu étais tellement sûre de tes désirs. Tu dansais si tu avais envie de danser. Je me souviens que tu m’avais fait danser un slow langoureux au rayon électroménager d’une grande surface parce que la musique te plaisait: ta langue dans ma bouche, personne n’a osé nous bousculer.


Au volant, tu me parlais. Tu me donnais des nouvelles des uns et des autres, glanées au cours de la soirée. Nous discutions. Puis invariablement, tu faisais dériver la discussion: les difficultés de couple d’une telle t’amenaient à me parler de ses expériences coquines, les choix de disques te faisaient évoquer tes sensations lorsque nous avions dansé, et, de fil en aiguille, tu en arrivais toujours à ce que nous allions faire en arrivant: une douche crapuleuse, une envie de massage sensuel, s’arrêter louer un porno ou téléphoner à une fille pour tenter un truc à trois. Nous nous prenions au jeu, on y croyait ou pas, mais en sortant de la voiture, nos désirs étaient toujours ardents et les conséquences torrides.


La voiture se chargeait tellement d’érotisme qu’il m’arrivait d’avoir une érection le lendemain matin en la prenant pour aller bosser.



*



Nous voilà arrivés à l’appartement. Il est là, les bras ballants. Dans l’ascenseur, nous avons parlé des charges de copropriété. Quel nul ! Pourtant, c’est sans équivoque qu’il est venu chez moi. Mais voilà, il s’est endormi dans la voiture. Là, on dirait une discussion de pause café entre collègues. S’il avait des enfants, il me parlerait de leur pédiatre ! S’il était plus con, il me parlerait de toi…


Je lui propose de s’asseoir au salon. Je lui offre un verre. Il n’a pas besoin de ça, mais je ne me vois pas lui filer une verveine quand même. Il va falloir rallumer le bonhomme, il serait capable de s’endormir là.


Comment as-tu pu choisir un type pareil ? Qu’est-ce que tu as bien pu lui trouver ? Est-ce que tu l’as quitté parce que tu le trouvais trop mou ? Ou est-il aussi abattu depuis que tu l’as quitté ? D’ici à ce qu’il culpabilise d’être ici…


Je lui dis que je vais me changer, que mes fringues puent la clope. En fait, j’ai un ensemble de dessous rouge et or mat terriblement sexy. Je n’avais pas prévu de le mettre en partant à cette soirée. Je pensais rentrer seule. Je n’ai pas la tête à l’amour en se moment. Mais pour te blesser, je fais une exception. En sortant de la pièce, j’éteins le plafonnier, je laisse une lumière tamisée, j’ai branché la chaîne Hi-fi.


Dans ma chambre, je me débarrasse vite de mes frusques et j’enfile ce si joli ensemble. Je me souviens que nous l’avions vu ensemble une fois en vitrine. Tu avais rit en disant qu’avec ça, on ressemblait à un sapin de Noël. Et bien le sapin de Noël a de superbes seins avec ce soutien-gorge, et cette culotte à la taille si haute me fait de merveilleuses jambes.


Je reviens au salon, sans rien de plus sur moi. Il est en train de regarder mes CD. Il tourne la tête, il me voit, ses yeux s’ouvrent en grand: j’ai gagné.


Je m’approche sans rien dire, je pose ma main sur sa nuque, je l’embrasse, je mets ma langue dans sa bouche, je le colle, mon ventre s’appuie sur son sexe, et je le sens gonfler et monter…



*



Il y avait entre nous cette règle de l’annonce. Tu m’avais dit un jour « si tu as envie de faire l’amour, je serai là, mais si c’est de moi dont tu as envie, alors dis-le. » Dès lors, il y avait toujours entre nous ce jeu d’effleurement, de baisers, d’esquive: l’attente. Comme si de rien n’étais, tu pouvais écouter le répondeur, je rangeais les manteaux, mais nous nous cherchions du regard. Jamais tu ne m’as permis de passer une main dans ton chemisier ou dans ta culotte avant que je n’ai prononcé une des deux phrases. Souvent, je m’approchais de toi par derrière, je t’embrassais la nuque, je posais ma main sur ton ventre, et je murmurais mon désir à ton oreille.



*



Je prends son sexe dans ma bouche. Je le sens palpiter. J’entends sa respiration se bloquer et suivre le rythme de ma langue. Je le tiens. Mon pouce comprime sa veine bleu, son sang afflue, je l’aspire, je le pompe. Mes lèvres descendent, ma main monte, je le branle, je le lèche, je le tiens.


Et toi, la fière, comment étais-tu avec un sexe dans la bouche ? Tu refusais ? Tu ne savais plus faire ? Comment cite-on Bourdieu un sexe entre les lèvres ? Comment être raffinée quand une bouche rencontre un sexe ? Tu le faisais malgré toi ? Tu faisais comme si ? Parce que moi je sais faire. Je vais lui montrer. Et il s’en souviendra.


Ça y est, ça monte. Ses doigts se sont crispés dans mes cheveux. Je n’ai plus grand chose à faire. Ma main reste au bas de sa verge, je le tire, je l’enserre, mes doigts sont un anneau étroit par lequel il va jouir. Ma bouche ne joue plus qu’avec son gland, mes lèvres attaquent sa corolle, ma langue joue le long du petit fossé, j’attends, puis je le sens… Sa hampe vibre, je sens sous mes doigts le liquide monter, son méat dégorge en rythme, c’est tiède visqueux et salé … il râle, il jouit … et tout se ralentit, tous ses muscles se détendent, sa tête retombe en arrière. Je relâche son gland, je pose ma tête sur sa cuisse. Je le branle encore lentement, une fois, deux fois puis trois fois, en laissant mon pouce appuyé le long de son canal, pour faire sortir la dernière goutte de jus.


C’est fait.


J’ai le sperme de ton homme dans ma bouche, Audré.



*



Tu ne me faisais jamais de fellation dans mon souvenir. Ta langue ne s’est jamais acharné sur ma hampe, tes caresses ne se sont jamais limités à une parcelle de mon être. Ta bouche flattait tout mon corps, ton corps entier était outil de caresse du mien, tes mains étaient une bouche, ta bouche un vagin, et ton vagin une langue. Tu agaçais toutes mes terminaisons nerveuses, mon sexe bien sûr, sa base à enserrer, son étui à faire aller et venir, son champignon à parcourir, mais aussi mes seins à triturer, aussi mes doigts à lécher, aussi mes lobes d’oreilles à sucer, aussi mes fesses à attraper, et tant d’autre…


Tu ne limitais jamais nos emboîtements à des figures imposées pendant nos nuits ensembles. Tout ce qui dépassait fur honoré, tout ce qui désirait accueillir fut comblé, et tout le reste fut caressé.



*



Son érection est revenue assez vite. Quel vigueur pour un homme saoul ! Est-ce que tu en profitais ? Ou es-tu de ces petits appétits qui jugent qu’une fois suffit ? À moins qu’il ne fasse ça qu’avec moi, qu’il me juge nettement plus excitante que toi ? C’est vrai que je sais y faire.


Après la fellation, je l’ai mené face à un miroir en pieds. Il se tient dans mon dos, il m’embrasse dans le cou, sa main jouant avec ma poitrine à travers le soutient gorge, mes fesses pressées contre son sexe, pendant que je lui demande s’il me trouve belle. D’une main, je lui caresse une fesse, juste assez pour permettre à mon autre main d’aller saisir ses testicules. Il frissonne. C’est reparti.


Ma main monte le long de sa verge, il me lèche autant qu’il m’embrasse, il me malaxe la poitrine. Je préfère quand c’est plus doux, surtout au début quand on titille mes tétons au lieu de les pétrir. Il te faisait ça aussi ou il se lâche parce qu’il en a longtemps été privé ? Quoi qu’il en soit, je ne veux pas le décevoir, et j’halète en rythme comme si c’était une caresse divine.


Comme si je chancelais sous la poussée, j’avance un peu jusqu’à me retrouver penchée en avant, appuyée à même le miroir. J’ai du lâcher sa verge, mais mes fesses montent et descendent pour le branler.


« Déshabille moi »


Ce n’est pas qu’il me reste grand chose sur le dos, mais un ami m’avais confié un jour que c’était une phrase puissamment érotique pour un homme, et en effet, l’expérience me l’a confirmé. Il défait adroitement mon soutien-gorge: tu l’as bien éduqué. Il s’agenouille pour enlever ma culotte. J’espère qu’il ne verra pas que je ne mouille pas vraiment.


En équilibre instable, j’entrouvre mon sexe d’une main pendant que je guide sa verge de l’autre. Voilà, doucement, ça entre. Ça tire un peu mais c’est bon.



*



Pénétration… Le mot ne rend pas justice à la réalité qu’il tente de décrire. Il faudrait d’ailleurs des dizaines de mots pour rendre compte des variations vécues avec toi: du désir violent qui menait l’un à engloutir l’autre, qui poussait l’autre à se précipiter dans l’un, de ces accueils qui sont des explosions de sensations, de mes entrées en toi si humide, si tendre et si chaude. La première introduction a toujours été un bonheur particulier, plus fugace qu’un orgasme, quelques secondes d’intense légèreté, comme le prélude d’un air qui nous fait frissonner…



*



Me voilà prise en levrette, nue, appuyée sur le miroir où ma respiration viens faire des traces de buée, les seins ballottant. Son sexe va-et-vient. Je sais qu’il me voit des deux faces: vue directe sur mes fesses, mes hanches, ma taille et mon dos, vue indirecte par le miroir sur mon ventre et mes seins. Il est bien. Je geins doucement. c’est bon. On prend le temps. C’est pas idéal pour moi comme position, mais je vois ses yeux. Il n’en rate pas une miette. Je l’encourage:


« Vas-y, prends moi. »


Il accélère. Ça commence à chauffer vraiment entre mes jambes, et pas en bien. Putain, faudrait pas que ça dure trop longtemps. Si c’était pas lui, je demanderais une pause le temps de mettre un lubrifiant. Si je pensais plus à moi et moins à toi aussi, ça irait sûrement mieux. Je respire plus bruyamment. Quitte à tomber, je lui attrape les couilles, je les caresse, je remonte entre les boules et l’anus. Ça y est. Il décolle. Son regards se pose sur mes hanches. Je le sens qui se retiens. Non, ne fait pas ça, ça a assez duré !


« Lâche toi, viens. »


C’est magique comme phrase. Je le sens qui se crispe. Alors je me donne à fond. Je pousse mes fesses en arrière pour l’avaler au maximum au fond de moi, je crie, je geins, je hurle un orgasme de compétition. Fugacement, je me dis que les voisins vont apprécier. Mais lui, il faut qu’il entende, il faut qu’il sente, il faut qu’il s’y croit, il faut que tout cela se grave en lui à jamais.



*



Quelqu’un m’avait dit une fois « Techniquement parlant, si on exclut les préliminaires, au lit, c’est le mec qui fait tout le boulot. » Ça m’avait fait rire. Comme si le coït était le pilonnage phallique d’un fourreau passif mais reconnaissant. Avec toi, chaque mouvement de rein était une rencontre. Ton pubis avançait vers le mien, ton bassin ondulait pour ajuster nos sexe et amplifier la caresse, transformant l’accueil de ton vagin en un massage sans les mains. Et quand mon dos fatigué ne fournissait plus à nos mouvement la force exigée par nos désirs, tes mains saisissaient mes hanches et me donnaient ta force pour les derniers efforts avant le sommet du plaisir.


Souvent aussi, tu finissais en me chevauchant: tu me montrais nos sexes, luisants de nos jus intimes, allant et venant, mon sexe disparaissant en un soupir et chaque fois rejaillissant, fier, pour y retourner encore. De tes mains, tu écartais tes grandes lèvres pour exposer ta chair gorgée, pour montrer comment elle avalait mon sexe dressé, pour faire sortir ton clitoris, le faire rouler, le malmener, puis jouir, t’affaisser sur moi, mon sexe enfouis au plus profond de toi.


Tu jouissais alors comme une huître se referme: tes mains se fermaient, tes yeux se fermaient, à peine un feulement sortait de ta bouche entrouverte, tu étais seule avec ton plaisir, et tout cela m’emplissait de bonheur.


Emboîtés, nos toisons trempées et emmêlées, le souffle court, il me semblait que nous redevenions Adam et Eve, lavés du superflu et renés à l’essentiel.



*



Je ne sais pas si vous reviendrez ensemble. Mais tout le monde m’a vue partir avec lui. D’une manière ou d’une autre, tu le sauras. Et lui, cette nuit, jamais il ne l’oubliera.


Tu ne pourras plus m’ignorer.