n° 08555 | Fiche technique | 10418 caractères | 10418Temps de lecture estimé : 7 mn | 29/01/05 |
Résumé: La démarche folle d'un célibataire, un soir de Réveillon | ||||
Critères: h cérébral revede hmast jeu | ||||
Auteur : Maï-geri (Débutant : les lecteurs m'ont encouragé au premier texte) |
Voici presque un an que, pour des raisons professionnelles, j’habite seul à Rome.
Dans un quartier chic de la ville, j’y loue un beau penthouse de caractère , au 15e étage d’un immeuble cossu.
A vrai dire, je n’y vis pas vraiment en solitaire, car mes heures de liberté sont égayées par Fou-Fou, un mignon Yorkshire de 2 ans.
C’est d’ailleurs grâce à lui que, tous les matins, à l’occasion de sa promenade pipi dans le parc d’en face, j’ai fait la connaissance d’une bien jolie demoiselle, heureuse maîtresse, elle, d’un caniche répondant – ou pas - au doux nom de Pompon.
C’est toujours pareil : combien de relations ne se sont-elles pas créées par l’intermédiaire de nos compagnons à quatre pattes ?
Et bla, bla, bla…Après à peine une semaine de rencontre chien-chien dès potron-minet ( où je vais les chercher, j’te jure ! - , au petit matin blême, l’aube pointant à peine, c’est comme si les propriétaires étaient de vieux acolytes.
Pourtant je ne connais même pas encore le prénom de la ravissante ’maman’ de Pompon, une belle italienne, 25 ans à tout casser, qui doit être métisse ou qui fait bien semblant, car tout son corps splendide de mannequin hâlé est somptueusement éclairé par des yeux bleu azur. Enclavés par une longue et soyeuse chevelure noire, ils flamboient comme des reflets de lumière sur la méditerranée.
Je sais juste qu’elle habite au premier, car, ensemble, nous reprenons le même ascenseur dont je me presse à chaque fois d’avoir la galanterie – la tartuferie - d’appuyer sur le bouton marqué 1.
Et, à tout hasard, on ne sait jamais pourquoi c’est bon, de bien indiquer que je monte jusqu’au dernier étage.
J’avoue en effet que je ne refuserais pas qu’elle y passe un jour prendre un café !
Il m’arrive de rêver d’elle, et pas toujours dans des songes très tempérés, que je vendrais même au dernier prix de fantasmes lubriques.
Hélas, j’ai bien remarqué qu’il y avait deux noms indiqués sur la plaquette de sa sonnette à l’entrée, et que donc, je suis bel et bien deuxième, comme on dit.
Ce soir de l’An Neuf, j’ai flutté un peu plus que de raison, comme disait Descartes après trois boubouttes de rouge, car la solitude me pesait.
Je me tourne et me retourne dans mon lit, et j’ai la tête aussi agitée que mon sommeil.
A la cinquième fois où je regarde le cadran lumineux de mon réveil, il me dit que toutes les montres honnêtes affirmeront qu’il est presque trois heures du mat.
Fou-Fou ronfle un peu à mes pieds. Je me demande si Pompon somnole aussi sur son lit à elle, à celle dont la seule évocation vient de me ragaillardir pour de bon.
La perception de sa silhouette gracile se fait de plus en plus présente, concrète, matérielle.
Mon excitation s’accroît peu à peu, enfle et gonfle comme ce que je viens de prendre fermement en main, et que beaucoup de lectrices voudraient maintenant pouvoir observer.
En un mot commençant – et comme en cent aussi, d’ailleurs – mon imagination devient suggestion, et j’ai progressivement envie de me masturber en fantasmant.
Mais, j’ignore pourquoi, ce stimulus ne me satisfait pas.
J’en veux davantage, mais ne parviens pas à distinguer très précisément l’objet précis du désir équivoque.
Mais cette concupiscence endiguée peut s’apparenter à la faim réprimée d’un contact physique avec mon angélique transalpine – qui vient bêtement de dire ’de cheval ’ ? -, attouchement impétueux qui, au demeurant, est d’avance condamné à ne rester que chimère, mi-furie, mi-rage ( je ne l’avais pas encore faite, celle-là ).
L’incohérence de ce dilemme me rend insensé et un dessein tout aussi dément s’empare de ce qui me reste encore comme discernement : je vais aller éjaculer sur sa porte ! ( mais pas pisser dessus, comme écrira encore immanquablement un de mes critiques. Exégète scoliaste, mes textes ne sont pourtant que jeux ludiques d’écriture, qu’un divertimento…).
Oui, je vais descendre au premier et exploser devant le seuil de son appartement !
Maintenant, j’ai la fièvre ! J’enfile mon peignoir, mets mes pantoufles.
Mais à peine ai-je fait deux pas dans la coursive que je reviens chez moi : non, ce n’est pas encore assez ! C’est nuit de fête, et cela doit être magistral, grandiose, solennel !
Je laisse tomber mon seul habillement et, têtu, enlève mes mules.
Et c’est totalement nu que je déambule maintenant dans le hall menant à l’ascenseur.
J’appelle celui-ci par son nom de famille, et, en l’attendant, je me branle frénétiquement.
Cependant, le bruit de la machinerie m’alarme un peu : et s’il y avait déjà quelqu’un à l’intérieur, de quoi aurais-je l’air quand la porte va s’ouvrir ?
J’ai un mouvement de recul, mais ma transe l’em porte - prenez pas la peine de compter : dans cette déconnade, vous aurez droit une douzaine de fois au mot ’porte ’. D’où le titre, of course - . Ma surexcitation m’ennarthexe, disais-je : tant pis, je risque !
La cabine se présente heureusement vide, et j’y prends place en continuant à bander comme un arc de compétition olympique.
J’appuie sur le 1. Non, non et non ! Il m’en faut encore et encore ! Sans réfléchir aux conséquences inévitables, j’appuie maintenant sur tous les boutons.
L’ascenseur va s’arrêter à tous les étages, et à chaque fois je vais me retrouver face à une porte qui peut s’ouvrir !
Je n’y ai pas pensé d’emblée, mais c’est encore nuit de réveillon, et il est fort possible que des invités imbibés quittent encore l’immeuble à cette heure qui ne serait tardive qu’un autre jour !
Quatorzième : première halte. J’ai plus honte que peur ! Mais qu’ai-je donc fait ? Shame on me, comme dit la britiche Elisabeth au moment de mettre son chapeau.
Mes oreilles bourdonnent et ce battement lancinant m’empêche de bien entendre si quelqu’un arrive.
D’instinct, je me retourne, mais cela ne me sauve guère : la paroi arrière de l’ascenseur n’est qu’un grand miroir, et je me vois dans ma nudité extrême !
Je rougis et mes joues prennent la couleur de mon gland qui reste encore pointé vers l’horizontale.
A chaque étage, c’est maintenant pareil : mon cœur bat, mes poings se crispent, je tremble d’appréhension !
Et je ne cesse de penser qu’il est inutile d’envisager un inversement de la manœuvre, car l’ascenseur ne remontera qu’à partir du moment où il aura satisfait à toutes les commandes d’arrêts, sans exception aucune ! Mes propres commandes aventureuses. Mon ineptie !
J’ai le souffle court et la respiration irrégulière quand j’arrive enfin au premier.
Vite, appuyer sur le 15 ! Retour à la casa, illico presto, comme on dit ici !
Et puis, non ! Zut et rezut !
J’y suis, j’y vais !
La lumière du couloir est éteinte, mais je trouve facilement la porte de ma madone aux yeux marine. Je sais qu’elle est juste là, juste derrière.
Je n’entends aucun bruit à l’intérieur.
A l’extérieur non plus, et c’est tant mieux : et si cet ascenseur se remettait en marche !
Même l’escalier de secours ne constituerait pas une planche de salut, car il est perpétuellement emprunté par de nombreux locataires qui ont la flemme d’attendre, ou qui veulent entretenir leur sacro-sainte forme physique.
Mais mon agitation est plus forte que tout : j’imagine maintenant ma déesse dans son lit, aussi nue que je le suis devant sa porte.
Je m’imagine son corps, parfait et merveilleux ! Qu’elle me susurre des mots débauchés : « petit foufou, me baiser ici, dans le vestibule, c’est le pompon ! «
Je la prends, je la pénètre, je jouis, j’éjacule … sur le paillasson de l’entrée, représentant un hiboux ahuri.
Un peu sur mes orteils, aussi. J’aurais dû prendre un kleenex ou quelque chose du même métal pour m’essuyer, car, maintenant que je suis de retour dans l’ascenseur, ma verge goutte comme un vieux robinet de métairie.
Mais le trajet inverse va durer moins longtemps, parce que cette fois-ci, je refuse l’omnibus !
Je ne veux plus connaître cette peur au ventre, cette trouille prenant aux couilles ( sorry, c’est pour la rime ), cette angoisse tenaillante de me faire surprendre.
Je me regarde dans le miroir et il me plaît de constater que je n’ai plus aucune érection.
J’ai joui tout mon saoul et je me sens plus calme, décontracté, apaisé.
Personne ne peut plus arrêter l’ascenseur, maintenant, et je vais vite aller boire un dernier verre, bien tapé, à la santé de mon Esméralda.
C’est presque en courant que je regagne mes pénates, non sans avoir jeté un dernier regard vers l’élévateur damné, objet de tant d’épouvantes à la descente, sa seconde fonction.
A l’embrasure de ma porte, que j’avais laissée entrouverte – où donc aurais-je pu mettre la clef ? – mon brave chien m’attend, comme s’il avait connu la crainte que je le quitte pour toujours.
Brave Fou-Fou : pour la millième fois, il justifie bien son nom de baptême, et, saute de joie à ma vue, moi le jeune vicaire au Vatican, moi, l’amoureux transi, nu comme un lombric qui vient de naître, le pénis encore dégoulinant.
Gentil Fou-Fou qui bondit et rebondit sur la porte ( allez, courage, c’est la dernière ), et qui m’enferme…à l’extérieur.