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Temps de lecture estimé : 7 mn
11/04/05
Résumé:  Un visiteur et sa conférencière dans un musée, entre rêve et réalité.
Critères:  fh cérébral revede
Auteur : Epi      
Le jardin d'amour


Je suis très en retard et je me presse à travers les salles et les couloirs, évitant de trop bousculer les visiteurs.

Au bout de la galerie, je devine le groupe. Une petite trentaine de personnes peut-être, auxquels se joindront probablement quelques curieux qui n’ont pas payé.

Ca y est, je t’entends… Déjà ta voix m’envoûte. Je m’approche et me glisse derrière les autres.



Un jardin des délices, totalement clos… Personne n’y pourrait nous voir, ni même nous deviner…



Ni toi ni moi n’ouvririons de chemin. Nous serions condamnés dans ce jardin jusqu’à notre bon vouloir.

Et je t’écouterais me parler, j’écouterais ta voix, ta voix onctueuse, moelleuse, veloutée, tour à tour caressante puis fébrile. J’écouterais comme quelqu’un qui ne te vois pas mais qui te respire, t’inhale et t’absorbe.



Son amant… Tu ne t’es pas troublée en prononçant ce mot. Et s’il était ton amant, cela te troublerait-il davantage ?

J’ai envie de m’approcher plus près mais la salle n’est pas large on dirait et il y a beaucoup de monde. Alors j’oublie le parfum lourd de ma voisine, les bruits trop forts des voix et des pas que le couloir derrière moi renvoie à mes oreilles et je reste concentré sur les seules choses qui m’importent ici : toi, toi et tes mots.



Tu sembles si à l’aise devant tout ce monde. Comme à ton habitude, ta parole ne dérape pas, ni ton regard ne vacille, je le vois bien. Tes yeux sont clairs et brillants et tu me fascines.



J’ai envie de venir à toi et de te pousser dans ce jardin. L’oiseau ce sera moi. Une fois à l’intérieur, tu n’auras plus besoin de regarder au dehors. Je m’allongerai sur toi auprès de la fontaine. Nous nous foutrons du public, obscure masse grouillante de voyeurs. L’accès leur sera fermé.

Je prendrais même plaisir à te faire l’amour ainsi, au vu de tous.

Mais si tu es pudique, petite femme, je nous enroulerai dans la tapisserie. L’eau nous dégoulinera dessus et nous ferons fuir les oiseux. Qu’importe ! Je te déshabillerai sans hâte et personne ne verra ta nudité, pas même moi. Il fera nuit en ce jardin mais a-t-on besoin de voir pour s’aimer ?


Ca y est, tu t’éloignes pour nous montrer autre chose. Je te suis, comme les autres.

Est-ce la chaleur, l’essaim de ton auditoire, ta trop grande concentration, mais j’ai l’impression que des gouttes de sueur perlent sur tes joues et le long de tes bras. Je sens ta moiteur qui m’enivre comme un capiteux narcotique. Tu en es plus sublime encore et j’ai envie de te sécher de ma langue, comme tu apaiseras ma langueur de tes lèvres et de tes mots.


Ceux qui sont juste devant toi à t’écouter parler ne comprennent probablement rien à ce que tu racontes. Tu as pour toi d’être trop belle et je reconnais les habitués qui ne viennent ici que pour plonger leur nez dans ton décolleté.

Ces voraces ne te quittent pas des yeux, bavent sur tes cuisses et sur ce que ta jupe trop courte cache comme trésors.



De quelle couleur sont tes yeux ? Et tes cheveux ? Ta voix m’entête, m’étourdit, me grise, me soûle. Où veux-tu me transporter maintenant ?



Ton cœur et ton corps… Ton corps je l’imagine pâle et rose à la fois. Pas très grand, ça je le sais. Tes cheveux sont peut-être très longs ou très courts. Ta bouche est charnue et tes dents courtes et blanches. Tu as les seins fermes, en forme de poire et les pointes dures lorsque je les effleure. Ton ventre est plat, ou à peine rebondi peut-être. J’imagine… j’imagine et je ne t’écoute même plus. Me voilà comme ces cons du premier rang. J’imagine ton corps et je bande.



Alors pourquoi hésiter ? Montre- leur, montre -moi, maîtresse de cœur, de quoi il est question. Viens vers moi, caresse- moi ou laisse- moi te caresser.

Oui, tu es là tout contre moi, délicieusement odorante.

Tu es ma fleur en cet instant et je t’effeuille dans le silence de nous deux, rien qu’à nous-mêmes. Je mange tes petits seins et tu soupires. Je croque dans ton ventre et tu vacilles. Plus bas il y a ton duvet et quelques brins rebelles que je repousse. Je lèche ta rose et tu expires.


Ensuite je sors mon sexe et tu le contemples, fascinée. Je le vois puisque tu ne dis plus un mot. Je sens ta petite menotte qui me l’attrape timidement et la parcourt de bas en haut. Toi tu es déjà nue. J’ai envie que tu t’allonges sur moi, d’entendre ta bouche me raconter tes histoires pendant que je te pénétrerai. Mon fétichisme te fera rire peut-être, mais tu comprendras aisément pourquoi.

Où serons-nous ? Je l’ignore. C’est toi qui me le diras, c’est toi qui choisiras. Le bain du jardin clos, la chambre molle et voluptueuse du château d’amour ?

J’enfoncerai mon sexe dans ta petite grotte humide et toi tu me parleras encore.

Mais bientôt tes mots s’étrangleront. J’accélérerai mon va-et-vient et ce sont les soupirs que j’entendrai, puis les cris. De mes mains sur ton dos en sueur, je t’écraserai contre moi pour mieux ressentir les soubresauts de ta jouissance.

Et puis je te nettoierai. Je passerai de l’eau claire sur tes cheveux pour te rafraîchir et nous mangerons le pain et les fruits de la corbeille. Tu croqueras dans l’un et je le mangerai dans ta bouche. Toi, tu boiras le jus du fruit qui perlera de mes lèvres.

Ma chérie, je meurs d’amour et de désir pour toi.


Mais déjà des voix s’élèvent et je comprends que la visite est terminée. Cette fois-ci je me précipite vers toi, bousculant ceux qui ne se sont pas écartés.



Tu hèles un surveillant et tu lui demandes de m’aider à redescendre. J’ai envie de protester parce que c’est ta main que je voulais sentir dans la mienne. Tandis que tu me gratifies d’un dernier « merci beaucoup », je sens la grosse patte du cerbère se poser sur mon bras.



Il m’abandonne avec politesse et je replonge alors dans mon obscurité coutumière, tâtant de ma canne le chemin du retour.