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Temps de lecture estimé : 33 mn
13/04/05
Résumé:  Ma toute première infidélité...
Critères:  f fh fplusag prost volupté ecriv_f
Auteur : Vivi92      
Just a gigolo...


Je voudrais faire partager aux lecteurs et aux lectrices de Revebebe l’aventure que j’ai vécue voilà maintenant un peu plus d’un mois et dont je suis encore à peine remise.


Je suis mariée depuis 25 ans à un homme grand et beau que j’aime infiniment. Il m’a donné deux beaux enfants, qui maintenant sont grands et vivent leur vie dans une totale indépendance. Si je regarde la période qui s’est écoulée depuis notre mariage, j’ai le sentiment d’avoir traversé un long tunnel, occupée à toutes sortes de tâches, entre les enfants et mon travail, sans une minute à moi. J’ai l’impression de ne pas avoir eu le temps de respirer.


Les choses ont aujourd’hui bien changé. Mon mari a une situation confortable dans une grande société qui nous met à l’abri des problèmes matériels mais qui occupe le plus clair de son temps. Entre les réunions, séminaires, déplacements à l’étranger, son activité professionnelle est très prenante. C’est un passionné, il aime son métier et est prêt à tous sacrifier pour sa carrière. Est-ce la routine ou son activité débordante. Toujours est-il qu’au fil du temps nos relations sont devenues moins fréquentes, moins passionnées.

Aujourd’hui, ayant moi-même quitté mon activité professionnelle, je me retrouve le plus souvent seule dans un appartement vide, devenu trop grand pour nos besoins.


J’ai dans un premier temps goûté avec délectation ce calme que j’avais oublié. J’ai eu l’impression de renouer avec moi-même, d’exister à nouveau.

J’allais enfin pouvoir m’occuper de ma petite personne, me ressourcer.


Mais nous ne sommes pas faites pour des changements aussi brutaux et ce silence m’a révélé soudain un vide effrayant. Je me suis alors posée un tas de questions existentielles, sur ce que j’étais, ce que j’avais vécu, sur ce que j’avais envie de faire.


Ces longues heures de solitude finissaient par devenir pesantes. Très rapidement je me suis rendue compte que je tournais en rond, que rien ne se passerait, que je finirais par m’étioler sur place si je ne prenais pas mon destin en main.


Mon salut est venu (enfin peut-être) d’Internet. Mon mari, dans son métier, utilise l’informatique constamment et est au fait des dernières technologies.

En dépit de mes réticences, il a réussi à me convaincre de l’intérêt des nouveaux moyens de communication. Lors de ses déplacements à l’étranger, il lui paraissait beaucoup plus simple de communiquer par mails, de me laisser des messages, plutôt que d’essayer de me joindre par téléphone au beau milieu de la nuit (décalage horaire oblige).


Aussi, timidement et avec beaucoup de réserves, j’ai appris à me servir de cet outil froid et impersonnel. Je me sentais un peu gourde face à cet instrument,

incapable de faire quoi que ce soit si d’aventure, mystérieusement, quelque chose se mettait à clocher. J’ai finalement pris peu à peu confiance et, avec l’aide éclairée de mon mari, j’ai maîtrisé les rudiments de la navigation.


A partir de ce jour, j’ai passé de longues heures devant l’écran, à errer de site en site, surprise de voir le temps s’écouler à une vitesse extraordinaire.


C’est ainsi qu’au hasard de mes errances j’ai découvert le site de Revebebe.

J’avais inévitablement été sollicitée par nombre de sites pornographiques, tous plus explicites les uns que les autres, mais mon éducation bourgeoise ou ma pudeur naturelle me faisait refermer aussi vite que je le pouvais les fenêtres qui s’ouvraient en tous sens sans que j’ai rien demandé. Les images que j’entr’apercevais malgré moi me paraissaient choquantes et inintéressantes, mais sans que je le veuille, elles laissaient une trace en moi.

Bien que je m’en sois défendue, je ressentais un certain trouble.


Avec Revebebe, j’ai découvert une forme d’érotisme qui me correspondait beaucoup mieux. Les mots me permettaient de laisser libre cours à mon imagination.

Bien sûr, il y avait des textes choquants et mal écrits que j’évitais autant que je le pouvais, mais je trouvais chez certains auteurs un talent évocateur

qui me faisait fantasmer.


A de nombreuses reprises je suis ressortie de mes lectures toute étourdie, rêveuse, le feu aux joues. Ce que je ressentais était loin d’être déplaisant. Ces textes avaient le don de réveiller mon désir. Mon corps réagissait spontanément, comme indépendant de ma volonté.

Petit à petit j’ai pris goût à cet état de tension qui me poussait à désirer une satisfaction sexuelle. Aussi je retournais régulièrement sur le site pour découvrir de nouvelles histoires.


J’avais l’impression de vivre par procuration les fantasmes les plus fous, des choses que je n’aurais jamais oser imaginer mais qui, de toute évidence,

existaient en moi à l’état latent. Ces histoires me poursuivaient bien au-delà de mes lectures et le soir, dans mon lit, lorsque je fermais les yeux, des images se formaient, inspirées des textes que j’avais lus.


Lentement j’ai pris conscience que pendant toutes ces années j’avais soigneusement refoulé tout mes désirs, jusqu’à les oublier totalement.

Et voilà qu’ils refaisaient surface avec une intensité insoupçonnée.

Je maudissais mon mari de ne pas être à mes côtés pour pouvoir les satisfaire. C’est dans ses bras que j’aurais aimé assouvir le feu qui régulièrement prenait naissance en moi. Un feu que je prenais plaisir à faire renaître et à attiser de façon déraisonnable.


J’éprouvais une joie intense à voir mon corps s’enflammer, réagir, sortir de sa somnolence. Pendant ces longues heures passées devant l’écran, une tension insupportable s’accumulait au creux de mes reins, je me sentais chaude, humide, en proie à une fièvre qui ne demandait qu’à être comblée.


L’idée de me satisfaire moi-même me répugnait. Je ne me voyais pas, à mon âge, renouer avec des pratiques de collégienne. Pourtant, après une semaine de résistance, à la faveur d’un texte particulièrement long et beau, je ne pus empêcher ma main de s’insinuer entre mes cuisses. Alors que mes yeux parcouraient avidement l’écran, mon doigt faisait naître de merveilleux frissons qui m’ébranlaient toute entière.

C’était lent, long et doux et, au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, une tension exquise me nouait tout le corps.

Ce jour-là, une vague de jouissance m’emporta, libérant d’un coup la tension accumulée depuis plusieurs jours. Ce fut une libération. Il me fallu faire quelques accommodements avec ma conscience, mais je réussis à me persuader que ce plaisir m’appartenait, que, ne lésant personne, j’y avais droit.


Les jours qui suivirent m’entraînèrent dans des débordements que j’ai un peu de honte à confesser ici. Je fus prise d’une faim boulimique de plaisir, comme s’il fallait que je rattrape à tout prix les années passées. Du matin au soir, je passais mes journées nue devant l’écran. Toute pudeur m’avait abandonnée. Une première satisfaction obtenue, je n’avais de cesse de faire renaître cette merveilleuse démangeaison, pour à nouveau la satisfaire. J’enchaînais orgasme sur orgasme, comme si rien ne pouvait désormais m’assouvir. J’étais dans un état second, épuisée de trop de jouissance. Je m’endormais pour me réveiller quelques heures plus tard avec ce creux au ventre, ce bouillonnement dans mes veines qui me poussait à recommencer. Plus j’allais, plus je me libérais sans aucune retenue. Je me surpris même à pousser des rugissements de bête féroce alors que le plaisir m’emportait.


Après quelques jours de ce régime, j’étais éreintée, à bout de force. J’avais perdu toute notion de la réalité, du temps qui s’écoulait. Je suis alors tombée dans une sorte de dépression. Je n’avais plus goût à rien et je restais des heures entières à rêvasser sur mon lit. Des pensées érotiques m’habitaient toujours et revenaient sans cesse me hanter.

C’est alors que j’ai réalisé que je tournais en rond, que cet auto-érotisme était égoïste, insatisfaisant. J’aspirais à autre chose, je ressentais un cruel besoin de contact, de chaleur humaine. J’avais envie de partager ma sexualité, mon désir devait s’attacher à une personne physique bien réelle.


Mon renouveau était vain si j’en restais prisonnière. Je sortis. Il faisait beau. Le monde, à ma grande surprise, continuait à tourner sans moi. Je traînai de terrasse de café en terrasse de café. Je me surpris à regarder d’un autre oeil les jeunes hommes que je croisais. Ils me paraissaient beaux, enviables, je les aimais tous. Leurs corps étaient infiniment désirables. Sans doute avaient-ils eux aussi des désirs insatisfaits. L’idée de prendre un amant m’avait déjà à plusieurs reprises effleuré l’esprit. Mais quelque chose en moi s’y refusait obstinément. J’aimais toujours mon mari, c’était incontestable. L’idée de le tromper me déplaisait définitivement. Sans doute avait-il eu de son côté quelques aventures. Les hôtels internationaux qu’il fréquentait lors de ses déplacements ne devaient pas manquer de lui offrir les services de créatures de rêve, mais je ne lui en voulais pas. Nous avions toujours eu des relations de confiance, et ces quelques accrocs n’avaient jamais entamé l’attachement qui nous liait.


Je mesurais tous les risques que comportait une aventure extra-conjugale. Telle que je me connaissais, une relation physique avec un autre homme ne pouvait exister sans un profond attachement sentimental. Et qui disait "attachement" disait nécessairement, un jour ou l’autre, "risque de rupture", et ça je ne pouvais le concevoir. Nous avions trop de choses en commun, trop d’expériences vécues ensemble, sans compter l’aspect matériel, le confort, la sécurité qu’il avait su me procurer et dont je ne pourrais plus me passer.


Il aurait fallu qu’il délaisse ce métier par trop prenant, qu’à nouveau il s’intéresse à moi, que je retrouve l’amant fougueux qu’il avait été lors de notre rencontre. Mais je ne m’illusionnais pas, j’étais bien consciente que mes désirs ne coïncidaient pas avec sa réalité, et que l’époque que je souhaitais retrouver était à jamais révolue.


L’horizon me paraissait bouché, et mes impératifs inconciliables. À une époque où tous les magazines ne cessent de parler de liberté sexuelle, celle-ci me semblait relever plus du mythe que de la réalité. Cette liberté était toute théorique et si, intellectuellement, elle était satisfaisante, concrètement elle s’avérait inaccessible.


J’en étais là de mes réflexions lorsque germa en moi une idée folle : celle de me payer un homme, d’avoir recours aux services d’un professionnel!

« Just a gigolo»… Le terme me faisait rire, il me paraissait désuet, ridicule!…


Je tournais et retournais cette idée dans ma tête de façon obsessionnelle. Au fond de moi-même, j’étais convaincue de ne jamais pouvoir oser. Il y avait tellement d’obstacles à franchir avant d’atteindre cet objectif, que je partais vaincue d’avance. Pourtant cette perspective avait bien des attraits, elle ne faisait que relancer mon excitation. J’essayais d’imaginer la façon dont les choses pouvaient se dérouler, je délirais complètement.


J’avais le souvenir d’avoir lu ou entendu que, de façon confidentielle, des hommes faisaient commerce de leur corps auprès de femmes en mal de sexe, et que cette pratique se développait de plus en plus. Mais comment en savoir plus? Où se renseigner? A qui s’adresser?

Je replongeai dans le plus profond désarroi. Autant pour les hommes les choses semblaient faciles, le racolage s’affichant à tous les coins de rue, autant pour ce qui me concernait rien n’était visible, il n’y avait rien d’apparent, rien de saisissable.


Je crois que ce sont les obstacles que je rencontrais qui aiguisèrent ma curiosité, qui me confortèrent dans ma décision d’aller plus loin, de chercher à savoir si ce phénomène existait réellement et comment il fonctionnait.


Je n’étais prête à rien, je voulais seulement savoir si j’avais cette possibilité. Longtemps, mes recherches ne donnèrent aucun résultat et le découragement commençait à me gagner, lorsque, par le plus pur hasard, un simple mot m’ouvrit des avenues jusque-là inconnues.


«Escorte» : un monde parallèle se cache derrière ce petit mot. Ce fut une véritable révélation! Encore une fois, le Web s’avéra être une source intarissable d’informations.

J’ai le souvenir d’avoir ressenti un émerveillement de gamine lorsque se sont affichées devant mes yeux des pages entières d’adresses en tous genres.

Ce qui m’avait paru si longtemps inaccessible était là, à portée de main. Tout paraissait si simple que c’en était presque effrayant. Il me suffisait de décrocher mon téléphone et de composer un numéro.


Je volais de site en site, de découverte en découverte. Il y en avait pour tous les goûts, des agences, des indépendants, des homos, des hétéros, des sado-masos, des lesbiennes, des relations pour couples. Il me fallu un bon moment pour arriver à démêler cette offre pléthorique et à me faire une opinion. Chaque moteur de recherche m’offrait une nouvelle diversité. J’étais riche, riche de possibilités, riche de possibles.


Progressivement, je me rendis compte que seules les offres exclusivement hétéros pouvaient me correspondre. L’idée de faire l’amour avec un homme qui, l’instant d’avant, acceptait de prêter son corps à un autre homme me rebutait définitivement. Les agences ne m’allaient pas non plus. Cette institutionnalisation des rapports charnels me semblait relever de la prostitution pure et simple. Restaient les indépendants. Certains étaient orientés sexe pur et dur et n’hésitaient pas à exhiber leur organe en érection. Dans ma tête, cet aspect cru de la sexualité, dé-sentimentalisé, me faisait froid dans le dos. Je rêvais de quelque chose de beaucoup plus romantique. Et pourtant, le fait même d’être maîtresse de la relation, d’en être l’instigatrice, le pouvoir de la renouveler ou d’y mettre un terme me donnait un sentiment de puissance que je découvrais.


Finalement mon choix se porta sur un prénommé Alexandre, dont le site, pour ce que je pouvais en juger, correspondait à mes espoirs. Il ne comportait aucune photo, sa présentation n’était en rien prétentieuse. Il proposait une rencontre gratuite d’une demi-heure pour établir le contact et voir si plus était envisageable. De la soirée passée ensemble autour d’un dîner, à l’heure câline ou à un moment de tendresse, en passant par la nuit, la journée ou le week-end accompagné, il alignait ses tarifs sans états d’âme. C’était un indépendant amateur, exclusivement hétéro, âgé de 28 ans. Il demandait de laisser un message sur son répondeur, coordonnées à l’appui, et s’engageait à reprendre contact dans les plus brefs délais.


Ce à quoi j’aspirais tant était à portée de main. Il me suffisait de décrocher le téléphone. J’étais partagée entre désir et angoisse de l’inconnu. Une bouffée de remords m’envahit soudain. Que faisait mon mari? Où était-il à cet instant? Se préoccupait-il de moi? Je ne le reverrais pas avant quinze jours.

J’eus envie de l’entendre, de lui parler, de me rassurer, de me convaincre que je faisais fausse route. Son portable sonna désespérément dans le vide. Je lui laissai un message laconique.


Il me fallait prendre une décision. Ce rendez-vous ne m’engageait en rien. Il serait toujours temps de faire machine arrière. Et puis juste laisser un message sur un répondeur : je n’aurais personne en live au bout du fil.


Prenant mon courage à deux mains, fébrilement je composai le numéro fatidique.



Et moi, la voix hésitante et quelque peu nouée :



Et je lui laisse mon numéro.


Les jeux étaient faits, je ne savais pas dans quelle aventure j’étais partie. J’avais le coeur qui cognait fort dans ma poitrine. Il ne me restait plus qu’à attendre. Je me remémorai le son de sa voix, une voix calme, grave, posée. Elle avait quelque chose de rassurant. J’aimais le timbre de cette voix. Mais j’étais folle! Que pouvait-on juger d’après un message téléphonique?



Je fis redéfiler dans ma tête les événements qui s’étaient brusquement accélérés ces derniers temps et qui m’avaient conduite jusque là. Le doute m’étreignait.

Qu’allait-il advenir? Comment allais-je ressortir de cette aventure? Les heures s’égrenaient interminables. J’essayais de me raisonner - «Tu t’illusionnes ma fille, les trois-quarts de ces annonces sont pipées, jamais il ne te rappellera, tu crois au Père Noël, si c’était si facile, ça se saurait…»

Je ne pouvais m’empêcher de penser : s’il n’appelle pas, c’est qu’il est occupé, si ça se trouve, en ce moment-même, il est en train de baiser avec je ne sais quelle rombière. Je me surprenais à être jalouse avant terme. Je me moquais en moi-même de ce qu’un universitaire aurait pu appeler l’exclusivité féminine, mais qui, en l’occurrence, était bel et bien une réalité.


La sonnerie du portable me tira brutalement de mes considérations philosophiques. Une poussée d’adrénaline m’ébranla toute entière.



Je tombai à nouveau sous le charme de sa voix. Il en émanait une telle douceur et en même temps une telle assurance, qu’il m’était impossible de ne pas lui accorder d’emblée ma confiance.



En ressortant de cette conversation, j’avais les oreilles pivoines, la gorge sèche, et les jambes flageolantes. Cette fois, je ne pouvais plus reculer. J’allais droit vers l’inconnu, ne sachant pas quel sort me serait réservé.

Je me rassurai comme je pouvais. Passer une soirée avec un jeune et joli jeune homme n’avait rien de désagréable ni rien de compromettant. Mais j’allais un peu vite en besogne… Jeune sans doute, mais joli? Qui me disait qu’il serait bel homme ou, tout au moins, à mon goût? Les photos que j’avais pu voir n’étaient guerre encourageantes. Les bellâtres dénudés à la pose avantageuse ne correspondaient pas vraiment à mes canons esthétiques.

Je pouvais tomber sur un Monsieur Muscle qui me ferait fuir en courant. Mais qui me disait que la soirée ne se terminerait pas autrement? Le «tout est possible» qu’il m’avait sorti me faisait fantasmer. Bizarrement, je ne nous voyais pas faire l’amour, j’imaginais plutôt une ambiance érotique où, justement, tout était possible, mais sans que les choses aillent vraiment jusqu’au bout.

Je m’imaginais le séduire, lui donner envie de moi, envie de me voir dénudée, envie de me caresser interminablement. J’aurais souhaité qu’il soit doux et patient, que ces instants durent tout le temps où nous serions ensemble… Et puis le déshabiller lentement, le caresser, me lover dans ses bras, l’écouter inlassablement me faire des compliments.


Mes envies me paraissaient irréalisables, je redoutais plus que tout un acte bâclé qui me laisserait inassouvie et ne ferait qu’accroître ma frustration.

Mais «tout est possible», m’avait-il dit et ces quelques mots me permettaient de m’accrocher à mon rêve.


Les jours qui suivirent furent interminables. Je ne pus m’empêcher, à plusieurs reprises, de me laisser aller à satisfaire le désir qui me tenaillait et que la perpective de cette rencontre ne faisait qu’aggraver.


Le jour fatidique approchant, j’entrepris une vaste opération de rénovation.

Je me voulais sûre de moi, donc en tout point parfaite. Coiffeur, manucure, pédicure, épilation, je volais allègrement de rendez-vous en rendez-vous.

Vint le moment du choix de la tenue que je porterais. Il me fallait à tout prix une robe neuve pour la circonstance. Une robe élégante, légèrement sexy, dans laquelle je me sentirais attirante tout en étant à l’aise. Le recherche fut longue et laborieuse. Je finis par dégoter la perle rare. Une robe en jersey, noire, légèrement moulante, largement décolletée devant et derrière. La matière souple moulait mes jambes à chacun de mes pas, et son asymétrie dévoilait de façon irrésistible le bas de ma cuisse droite. Une parure complète de lingerie fine compléta l’ensemble.

Devant la glace, je m’estimai satisfaite du résultat, épuisée d’avoir couru en tous sens, mais rassurée sur l’image que je donnais. Oui, je savais encore être séduisante et j’étais bien décidée à le prouver.


Ne restait plus qu’un détail : la somme que je devrais verser. La nuit étant tarifée à 1500€, je résolus d’être optimiste et d’envisager les choses sous l’angle le plus favorable. Je débitai donc mon compte de la somme en question, et glissai une enveloppe soigneusement cachetée dans mon sac à main. (Mon mari n’a jamais été très regardant sur mes dépenses et me laisse gérer mon budget comme je l’entends.)


Ma nuit de mercredi à jeudi fut fort agitée. Il me fallut, une nouvelle fois, m’aider à trouver le sommeil. Mais des rêves érotiques m’occupèrent toute la nuit et le matin,au réveil, j’étais catastrophée de la tête que j’avais.

Toute la journée, je tentai vainement de m’occuper l’esprit, de ne pas penser à la soirée qui approchait. Enfin, vers trois heures de l’aprés-midi, je me décidai à prendre un bain. Parfumée, habillée, j’étais prête à quatre heures et quart. Je décidai malgré tout de me mettre en route, quitte à tuer le temps en arpentant les Champs-Elysées.

Je ne sais pas ce que reflétait mon visage, ou bien peut-être était-ce ma tenue? Toujours est-il que je ne passais pas inaperçue en longeant les terrasses de café. Cela me redonna la confiance dont j’avais bien besoin.


Comment décrire mon état d’esprit à cet instant? Tout mon corps palpitait d’excitation contenue, j’étais d’une humeur massacrante, les nerfs à fleur de peau, je vibrais d’appréhension et de bonheur. Je ressentais un curieux mélange de peur et de plaisir. J’avais le sentiment d’enfreindre un interdit et j’en tirais une certaine fierté. En même temps, je devais me raisonner pour repousser les bouffées de culpabilité qui venaient régulièrement m’assaillir. J’avais l’impression que j’étais sur le point de commettre je ne sais quel crime. Avec toutes les peines du monde je tentais de retrouver mon sang froid, ma lucidité, mon orgueil. Il me fallait absolument reconstruire une image positive de moi. Non, je n’étais pas une dépravée qui allait se payer du plaisir. Uniquement une femme libre, bien dans son corps et dans sa tête, qui se donnait les moyens de vivre ses envies. Ce que j’allais faire n’avait rien de répréhensible. Au nom de quelle morale aurais-je dû me l’interdire? Cette aventure n’aurait pas de suite, elle comportait en elle-même son terme. Mon infidélité n’était que ponctuelle, elle ne remettait pas en cause l’amour que je vouais à mon mari…


18 heures! Ne pas arriver en avance… Trop de honte à le chercher sans le trouver. Lui laisser le temps d’être là… Je dépassai, sans oser y jeter un regard, notre lieu de rendez-vous.

18h06. Il était temps… La gorge serrée, je pénétrai dans le Harris Bar. Cela faisait un temps fou que je n’avais pas mis les pieds dans ce type d’établissement. La salle était majoritairement peuplée d’hommes seuls, visiblement désoeuvrés, en quête de rencontres. Je sentis peser sur moi leurs regards insistants et j’eus l’impression que tous savaient ce que je venais faire ici. Je me sentais doublement mal à l’aise.


D’un regard circulaire je scrutai les différentes tables. J’aperçus la reliure rouge, vraiment reconnaissable, d’un album de Tintin. «L’affaire Tournesol»… Il n’y avait plus de doute. J’eus un pincement au coeur lorsque je levais les yeux sur son possesseur. Un homme jeune, beau, élégant, les cheveux bruns, les yeux clairs, attablé devant un verre. Il semblait perdu dans ses rêveries, l’oeil lointain. Mon cas s’aggravait soudainement : il était craquant, j’étais capable d’en tomber amoureuse…


Je m’approchai un sourire artificiel aux lèvres.



Un large sourire illumina son visage.



Je pris place face à lui, intimidée comme une gamine à son premier rendez-vous. Il m’impressionnait! J’avais beau avoir l’avantage de l’âge et de l’expérience, j’éprouvais des émotions d’adolescentes, émotions oubliées qui renaissaient, me glaçant le ventre.



A n’en pas douter c’était un habitué des lieux, vue la vitesse à laquelle le garçon répondit à sa demande.



Il éclata de rire, soulignant la stupidité de ma question.



Là, il marquait un point et, dans mon entreprise de séduction, je ne savais plus très bien qui était en train de séduire l’autre. Il ne faut pas me dire des choses pareilles, je pique un fard et je fonds littéralement sur place.



Je n’arrivais pas à démêler le vrai du faux, l’authentique du commercial. Mais à vrai dire je m’en moquais, tout ce que je savais c’est que c’était bien agréable à entendre.


La conversation se poursuivit sur un ton anodin. Pas une fois il ne fit allusion aux motivations qui m’avaient amenée à le contacter, pas une fois il ne me demanda ce que je pouvais attendre de lui. La fameuse première demi-heure était passée à une vitesse folle, et je ne pouvais m’empêcher de penser

qu’à présent, le compteur devait tourner. Il ne semblait pas pressé d’interrompre notre conversation, ni de savoir quelles suites je comptais donner à notre entrevue. Pour ma part, je prenais beaucoup de plaisir à sa compagnie. Je le trouvais intelligent, spirituel, charmant. Les choses ne pouvaient-elles pas en rester là, sur le plan de la bonne camaraderie, et notre conversation durer jusqu’au bout de la nuit? Il fallait que je me ressaisisse, que j’aille jusqu’au bout de mon expérience et, avant tout, que je le paye. Je pensais naïvement que ma dette acquittée, je me sentirais libérée, autorisée à toutes les initiatives. J’espérais que la somme donnée me dispenserait d’avoir à répondre aux questions qu’il ne m’avait pas posées.


Avec empressement, je sortis la fatidique enveloppe et la posai discrètement sur la table. Il n’eut aucune réaction, si ce n’est ce sourire charmeur qui flottait en permanence sur ses lèvres. J’étais frustrée. Voilà le grand cas qu’il faisait de ma rétribution! Loin de me dispenser de quoi que ce soit, j’étais de nouveau à l’épreuve.


Pour toute réponse, il prit, sans rien dire, mes mains dans les siennes. Ce geste m’émut jusqu’au fond des tripes. Une nouvelle complicité venait de se nouer. Je ressentais ce contact corporel avec une intensité fabuleuse. Ses mains étaient douces, chaudes. Elles étaient humaines. Je réalisai à quel point ce contact représentait tout ce qu’obscurément je recherchais. Comment avait-il pu savoir? Comment avait-il pu deviner? Son regard plongé dans le mien m’était insoutenable. D’une infinie bonté, sans la moindre trace d’agressivité, il me mettait à nue. Mes yeux se mirent à me piquer et, sans retenue, je me serais volontiers laisser aller à verser une larme.



J’étais absente, toute volonté m’avait abandonnée, je flottais dans un rêve improbable. Son portable sonna.



Il empocha l’enveloppe et s’éloigna pour répondre à l’appel. Le trait vif de la jalousie me sortit de ma torpeur. Je l’imaginais déjà m’abandonner, voler vers un autre rendez-vous. Mais non, l’enveloppe était dans sa poche. Il ne manquerait pas de regarder son contenu… Sa soirée m’était réservée… Il ne pouvait pas me faire ça!



Il était à nouveau devant moi, avec son sourire charmeur, ses yeux clairs et innocents.



L’ambiguïté de la question me fit sursauter. Je choisis de la prendre dans son sens le plus commun.



Il régla les consommations et m’entraîna dehors. Le soleil brillait encore et une foule affairée circulait en tous sens. J’éprouvais une certaine fierté à déambuler à ses cotés. Il me semblait que tous les regards s’accrochaient à nos pas. Il y avait peu de chance que je rencontre une de mes connaissances. Pourtant cette hypothèse me glaçait d’effroi. Que dire une fois prise en faute?

Heureusement le restaurant n’était pas loin.

Arrivés, nous sommes descendus dans une cave obscure où des tables individuelles étaient dressées. Seules des bougies harmonieusement disposées éclairaient la pièce. L’ambiance était plus qu’intime, la salle pratiquement vide, deux ou trois couples murmuraient dans une ambiance feutrée.



Ses paroles me firent monter le feu aux joues.



Sans qu’il ait eu plus à insister, je me suis laissée aller à lui raconter ma vie dans ces moindres détails. J’étais intarissable. Il m’écoutait sans mot dire, parfois me posait une question, me demandait de préciser un détail. Je me confiais et j’étais en confiance. J’ouvrais les vannes sans retenue. J’avouais à ce garçon, que je ne connaissais pas deux heures plus tôt, des précisions sur ma vie intime dont je n’aurais jamais osé parler à personne.

Je lui racontais tout : ma découverte du Web, ma soudaine soif insatiable de plaisir, ma frustration, mon envie de contact, de chaleur. Je m’étourdissais de mots, mais je le sentais compatissant, indulgent et cela m’incitait à poursuivre. J’en oubliais les plats qui nous étaient servis et ne commençais à manger que lorsque son assiette était vide. Tout ce flot de paroles me donnait soif. Aimablement, il me servait parcimonieusement du vin et je le remerciais mentalement de ne pas me pousser à la consommation.

J’éprouvais une immense sensation de libération, heureuse de pouvoir m’épancher auprès d’une oreille bienveillante qui m’écoutait, qui prenait en considération mes problèmes. Je m’attendrissais sur mon sort et plus la soirée avançait, plus je le voyais comme mon unique planche de salut.


J’affichai un malheureux sourire.



Dehors la nuit était tombée, l’air frais me fit du bien. Il héla un taxi et demanda à ce nous soyons déposés à l’Hôtel Concorde. Au plus profond de la banquette arrière, je me lovai contre son épaule. J’avais envie qu’il me prenne dans ses bras, qu’il me serre passionnément. En glissant au fond du fauteuil, ma robe s’était légèrement retroussée, dévoilant mes genoux gainés de noir.



Je relevai vers lui des yeux langoureux en lui tendant ma bouche. Entre mes paupières mi-closes, je vis son visage s’approcher, ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je sentais son haleine, son odeur. Je passai ma main dans ses cheveux pour l’attirer à moi. Ma langue trouva la sienne et entama un voluptueux ballet. Une coulée de plaisir me parcourut l’échine. J’étais prête à m’abandonner. J’étais à sa merci. Il pouvait faire de moi ce que bon lui semblerait.


Le taxi nous débarqua devant l’entrée de l’hôtel. La lumière crue du hall de réception rompit le charme. Après les formalités d’usage, l’ascenseur entreprit une montée qui me parut interminable, comme s’il fallait que nous soyons perchés au-dessus de la ville pour pouvoir nous retrouver.


La chambre était aussi impersonnelle que peut l’être une chambre d’hôtel, avec son clinquant, son faux luxe, ses dorures et ses tapisseries ouvragées.

Au beau milieu de la pièce trônait un lit immense, digne d’une nuit de noces.


J’étais mal à l’aise et Alexandre s’en rendit compte. Il baissa l’intensité lumineuse, tira les rideaux. Ce sont les hommes, d’ordinaire, qui prennent les initiatives. J’étais décontenancée.



Je n’avais rien envie de tout ça, seulement qu’il me prenne dans ses bras et me serre contre lui. Alexandre devait avoir le don de lire dans mes pensées. Il posa ses mains sur mes hanches, m’attira à lui, me serra contre sa poitrine en me berçant doucement. Je m’abandonnai à la douce nonchalance qui m’envahissait. Je sentais contre mon ventre la raideur de son sexe. Il me désirait. J’étais à ses yeux sexuellement attirante, je le faisais bander. J’étais fière de cette petite victoire et l’hommage qu’il me rendait me troublait au plus profond de mon être. Son désir m’excitait.

Je voulais faire durer ce moment, encore sentir ses mains parcourir mon corps, sentir sa chaleur contre la mienne, son souffle dans mon cou.

Il fallait que mon corps s’enflamme comme il savait si bien le faire, que la tension devienne irrésistible.


Mes mains étaient timides, elles l’effleuraient à peine. Je n’arrivais pas à me débarrasser de ma pudeur maladive. J’avais vraiment besoin de faire tomber mes inhibitions.



Contente de mon initiative, je me laissai tomber, les bras en croix, sur le lit.

Alexandre fit monter une bouteille et me servit généreusement. Je l’invitai à trinquer et vidai mon verre d’un trait. Mille bulles explosèrent dans ma tête, l’alcool sembla passer directement dans mon sang. Une exquise chaleur se répandit dans tout mon corps et me ragaillardit.



Le vouvoiement que nous n’avions pas cesser d’employer maintenait une distance entre nous et donnait une certaine solennité, non dénuée d’érotisme, à chacun de nos propos.

Une réminiscence, sans doute d’une histoire que j’avais lue, l’idée d’assister en spectatrice à l’effeuillage d’Alexandre, m’avait traversé l’esprit comme un éclair. Elle me donnait soudain un sentiment de puissance. Non que je veuille l’humilier ou le soumettre, mais je le savais en devoir d’accéder à ma demande et cette perspective me chatouillait.

J’eus peur un moment de l’avoir blessé dans son orgueil et j’étais prête à me reprendre. Mais, sans un mot, Alexandre avait déjà quitté sa veste et sa chemise. Je me découvris une âme insoupçonnée de voyeuse et mon regard avide me fit rougir. La révélation de son torse glabre et plat me donna envie de le toucher. Il était bien fait, musclé sans excès, bien proportionné, un profil de gymnaste. Pudiquement, il me tourna le dos pour retirer son slip. Ses fesses étroites et tendrement rebondies eurent le don de m’émouvoir. Je fondis à voir ce corps svelte et puissant, et j’avais hâte de le tenir dans mes bras.


Alexandre se retourna, fit trois pas pour venir s’asseoir sur le rebord du lit.

L’apparition fugace de son sexe dressé, oscillant lourdement, m’ébranla toute entière. Je tremblais de désir et de peur. J’aurais voulu encore me repaître de cette image, la graver dans ma mémoire. Alexandre s’assit sur une fesse, légèrement tourné de mon coté, son gland rubicond pointant toujours au-delà de sa cuisse.


Je l’attirai à moi, pour me faire pardonner l’épreuve que je venais de lui faire subir et pour arracher mon regard de cet organe impudique. Une à une, mes chaussures tombèrent sur la moquette avec un bruit mat. Cette fois mes mains n’hésitèrent plus à parcourir son dos, à se rassasier de la douceur de sa peau, à pétrir le creux de ses reins. Sa musculature dégageait une impression de puissance, de solidité rassurante et inquiétante à la fois. Son souffle chaud dans mon cou me faisait perdre la tête. Nos jambes se mêlaient, mes cuisses gainées de soie se frottaient aux siennes. Je sentais par instants la raideur de son membre battre contre mon corps. Sa main glissa sur ma hanche, froissa le soyeux de ma robe, remonta pour trouver la lisière de mes bas. Le contact de sa paume sur ma peau nue me fit frissonner toute entière.

J’aurais aimé le guider dans ses caresses, lui dire ce que j’appréciais le plus, mais aucun mot ne voulait franchir le seuil de ma bouche.

Qu’attendait-il pour me dévêtir? Je haïssais cette robe dans laquelle je m’empêtrais et qui m’empêchait de sentir toute la surface de son corps contre le mien.

J’admirais sa patience : sans doute ne voulait-il pas me brusquer, m’entraîner au-delà de mes limites. Il me laissait face à mes responsabilités. J’aurais aimé plus d’initiatives de sa part. Mon seul tort était sans doute de ne pas le lui dire, de ne pas savoir mettre des mots sur mes désirs.

Je me sentais enfermée dans un rôle stéréotypé, celui de la femme qui attend tout de l’autre.



Alexandre avait prit, pour me dire ça, le ton moqueur et protecteur d’un père sermonnant sa fille.

Pendant qu’il s’exécutait, j’en profitai pour quitter précipitamment mes vêtements. Seuls mes bas et mon porte-jarretelles restèrent en place, par manque de temps.

Son regard se posa sur moi… Il sourit d’un air approbateur.



Il me tendit mon verre. En avançant la main, je faillis saisir son sexe dressé, à la place de la flûte qu’il me présentait. Mais je n’osai pas le toucher. Il dut sentir mon hésitation car il me questionna :



Agenouillé à mes pieds, il s’empara de mes jambes et les caressa longuement. Je le laissai faire, en appui sur mes bras, la tête rejetée en arrière. Malgré moi, mes cuisses avaient des mouvements convulsifs. Sans que je puisse vraiment me contrôler, mes genoux, inexorablement, s’écartèrent l’un de l’autre. La voie était ouverte. Ses mains pétrirent l’intérieur de mes cuisses. Je me sentis fondre de volupté. Je coulai de bonheur. Je sentis son souffle sur ma vulve humide, ouverte impudiquement à ses regards. Je voulais qu’il me touche, là. Là où je suis si sensible. Je me devinais toute congestionnée, le clitoris bourgeonnant, arrogant, exigeant.

Une véritable décharge électrique me parcourut au contact de ses lèvres et je ne pus réprimer un gémissement de soulagement. Dans le silence de la chambre, mon souffle haletant répondait aux bruissements de ses succions mouillées.


Affalée en arrière, les bras en croix, il était loin, là-bas. En bas, tout au bout de mon être, entre mes jambes ouvertes. Sa langue furetait dans mon intimité. Elle provoquait une telle ébullition dans chacun de mes membres et je perdais tout contact avec la réalité. C’était tout simplement merveilleux…

Des vagues de sensualité irradiaient tout mon corps. Mes reins bougeaient seuls accentuant ses pressions. J’accédais aux portes du plaisir, je le sentais imminent, je le pressentais fulgurant. Je voulais en finir, conclure, exploser. De mes deux mains, je pressai sa tête pour qu’il ne se retire pas. Il aspira violemment mon bouton, j’eus l’impression de pénétrer ses lèvres. C’en était trop. Je rugis de plaisir, hoquetante, secouée de spasmes à n’en plus finir, en proie à une transe interminable.


Je l’incitai à me rejoindre, étendu sur moi, tout contre moi. Il m’écrasait de tout son poids et j’aimais ça. Mes lèvres le couvrirent de baisers. Des baisers furtifs que je faisais éclore sur tout ce qui se présentait. Je ne cessais de répéter "Alexandre… Alexandre…".

Son sexe dur et brûlant était pressé entre nos ventres. Je le sentais palpiter, agité de contractions involontaires. Je le voulais, je voulais le sentir en moi. Je voulais qu’il me comble, qu’il me dilate, je voulais qu’il me fasse connaître à nouveau ces merveilleuses sensations au fond de mon ventre, celles qui me manquaient si cruellement.


Mes doigts couraient le long de son dos, je pressais ses flancs, la charnière de ses reins, l’index à la naissance du sillon de ses fesses. Il s’assit sur mes cuisses, les bourses au seuil de ma toison. Ses yeux cherchèrent les miens. Je fermai les paupières en signe d’abandon. Ses mains effectuèrent alors le plus merveilleux des ballets sur mon corps. Je me laissai aller à goûter ses caresses, à intérioriser chaque effleurement. Ses lèvres dans mon cou, sur mes yeux, partout sur ma peau me bouleversaient des pieds à la tête. Il se mit à téter mes seins. Il ne savait pas le pouvoir qu’a sur moi ce genre de cajolerie. Je goûtai avec délice ses succions, elles adressaient directement à mon sexe de délectables ondes de plaisir. Je sentis de nouveau monter en moi cette douce effervescence, cette terrible congestion qui tend tout le corps vers un but unique. J’avais chaud, j’avais soif, je le sentais mouvant, puissant sous mes doigts, je ne voulais plus qu’une chose…



Mes genoux s’ouvrirent, encadrèrent ses hanches. Je le sentis se relever, mettre une protection, guider son sexe vers mon ouverture et s’enfoncer progressivement en moi.

Cette invasion était étourdissante, interminable. Je ressentais toute sa raideur, toute sa puissance. Il était massif, vigoureux. Arrivé au fond, il s’immobilisa. Je n’osai plus bouger. J’étais comblée. Son épaisseur, sa fermeté m’arrachaient des larmes de bonheur. Il y avait trop longtemps que je n’avais pas ressenti cette dilatation, cette replétion, trop longtemps que je la désirais de tout mon être.


Alors commença l’inexorable mouvement. Chacune de ses amples poussées soulevaient mes reins. Je l’accompagnais du basculement de mes cuisses pour que ses intrusions me touchent au plus profond. À chaque pénétration, je percevais le grondement de son membre, le roulement de ses chairs, la pulpe de son mufle qui m’ouvrait. Ses charges étaient irrésistibles, son mouvement ample et régulier. Mes mains suivaient la houle de ses reins, énergique, impressionnante, majestueuse. Ses plongées me perforaient, m’emportaient dans un tourbillon de sensations qui, chaque fois, me laissaient proche de la perte de conscience. Il circulait en moi, épais, ferme, d’une raideur bouleversante.


Les spasmes suffoquants du plaisir m’envahirent, me submergeant complètement. La crispation fit place à une palpitation continue qui s’étendait par vagues successives jusqu’à l’extrémité de mes orteils. Tout mon corps irradiait. Je ne percevais même plus le sexe qui, en moi, continuait à aller et à venir et qui, pourtant, chaque fois, relançait mon plaisir. Je n’étais plus qu’une sensation qui bondissait de paroxysme en paroxysme. Je dus m’évanouir quelques instants, débordée par trop de jouissance.

Les coups de rein fougueux d’Alexandre me ramenèrent à la réalité. Bousculée par ses assauts je m’accrochai à lui désespérément. Il allait jouir de mon corps et j’en étais fière. Je souhaitais que son plaisir soit à l’égal de celui qu’il m’avait procuré. Dans une dernière crispation, il s’immobilisa, et je sentis dans mon ventre la chaleur de la semence qu’il déversait. Sa jouissance relança la mienne et fit renaître les frissons qui, en moi, lentement, s’éteignaient.


Je ne sais combien de temps nous sommes restés soudés l’un à l’autre dans un demi sommeil. J’étais tout simplement bien avec cet homme dans mes bras. Toutes mes appréhensions avaient disparu. Je me remémorais seulement le grognement qu’il avait poussé au plus fort de sa jouissance et qui avait eu le don de m’émouvoir. Je le sentais encore en moi, humble et inoffensif.

Mais il roula sur le côté et m’abandonna. Je déposai chastement un baiser sur la rondeur de son épaule. Comme piqué au vif, il s’assit brusquement, un irrésistible sourire aux lèvres et les yeux pleins de malice.



Je le vis s’enfuir gauchement vers la salle de bain. Il en revint peu de temps après le sexe propre et ballant.



Je ne pensais pas… Enfin… Je ne pensais pas aller si loin, surtout la première fois… Vous savez… Vous êtes intimidant… Et puis c’est tellement nouveau pour moi… Je ne savais pas quoi faire…



Pendant cette conversation, il était étendu à côté de moi. Mon regard ne pouvait se détacher de son sexe que j’avais tenu en moi. Il reposait mollement sur sa cuisse, inoffensif. J’avais envie de le toucher, de le prendre entre mes doigts, entre mes lèvres. De le voir encore s’ériger, devenir fort et fier. Mais je n’osais pas. Je me coulai contre lui. Ma tête sur sa poitrine, j’entendais battre son coeur. De ma cuisse , je caressais les siennes, je me frottais lascivement contre lui. Lentement, à ce contact, je sentis l’excitation me gagner à nouveau. Il me laissait faire, me laissait prendre l’initiative. À califourchon sur ses cuisses, je le regardai dans les yeux en pressant mon sexe sur le sien.



Il m’encourageait, j’avais son autorisation, je devais absolument me débarrasser de mes hésitations. Je me reculai, les fesses sur ses genoux. À deux mains, je pris son membre comme un trésor entre mes doigts. Je le sentais pulser, chaud, vivant. Sous mes manipulations, il prit enfin de la rigidité. Il coulissait merveilleusement dans sa gaine soyeuse, noueux, cambré. Chaque pression de mes doigts faisait saillir son énorme bourgeon. Alexandre grimaçait, les yeux fermés, sous mes caresses. J’avais le sentiment, pour la première fois, de le posséder : il m’appartenait et j’étais en droit d’en faire ce que je voulais. Je le logeai à l’entrée ma vulve et, lentement, je me laissai descendre sur le guide qui me pénétrait. Je l’avais tout entier en moi, mes lèvres enveloppaient sa racine. Je le pris alors. Je me suis servi de lui, je l’avoue, comme d’un instrument. Mes mouvements de bascule du bassin, ces mouvements d’avant en arrière que j’affectionne tant, étaient destinés à ma jouissance plus qu’à la sienne. Penchée en avant, les seins ballants au-dessus de son nez, je me frottais contre son pubis. J’éprouvais toute la rigidité de son sexe que je faisais battre dans mon ventre.



Il pinça mes tétons et aussitôt je ressentis de grands élancements qui me traversaient tout le corps. Je m’embrasai toute entière, le raidissement qui me gagna me fit suffoquer, j’avais conscience de tordre ma bouche dans d’affreux rictus. Mais qu’il était bon de sentir son sexe fourgonner dans le mien! Le plaisir montait irrémédiablement, je le sentais se dilater, impérieux, je pressentais qu’il allait m’emporter sans retour, fulgurant, balayant tout sur son passage, me précipitant dans un évanouissement dont peut-être je ne reviendrais pas. Je me maintenais au bord du précipice, sur le sommet le plus aigu du désir, sachant qu’à chaque instant je pouvais céder à la vague de plaisir qui allait m’anéantir. Les yeux fermés, concentrée, je tremblais de tout mes membres essayant de maîtriser ce que je ne pouvais plus retenir. Ce fut éblouissant, tout se déclencha simultanément, de longs frémissements sporadiques me parcoururent le corps, des contractions, dans un synchronisme parfait, se mirent à battre. La tête rejetée en arrière cette bite divine ancrée au fond de moi, je clamai ma jouissance comme une perdue, en hoquetant.


Je m’abattis sur lui comme une masse, toujours rivée à son sexe. Il me fallut quelques longues minutes pour retrouver mes esprits. Quand je sortis de ma torpeur, ses mains me caressaient le dos, faisant renaître les derniers frissons qui s’évanouissaient. Encore en moi, je le sentais infatigable. Sa présence avait quelque chose de rassurant. Je me contractai sur sa rigidité, en le serrant amoureusement. J’aurais aimé le garder ainsi éternellement.

Je n’avais plus aucune notion de l’heure, du jour ou de la nuit.


Lentement il se détacha de moi.



Il ouvrit les rideaux. Dehors, le soleil brillait déjà. Je me mis en quête de mes vêtements. Dans la salle de bain, je me refis un visage à peu près présentable, mais la femme que je voyais dans le miroir n’était plus la même. Indépendamment de mes traits tirés, je me découvrais autre, plus mature, plus sûre de moi, plus épanouie aussi. Je ne ressentais pas l’ombre d’un sentiment de culpabilité.


Dans la chambre, Alexandre s’était lui aussi vêtu.



Après cette nuit qui m’a semblé durer un siècle, je me retrouvai dehors, à l’air libre, sur le perron de l’hôtel. Il devait être tôt car la circulation n’était pas très dense.

Mon taxi arriva rapidement. Alexandre me déposa un chaste baiser sur le front et je ressentis un léger pincement au coeur.



Voila, quinze jours se sont écoulés depuis cette nuit mémorable. Mon mari est rentré, je ne lui en ai rien dit. Il est reparti depuis. Alexandre, quant à lui, doit être de retour. Il me suffit de l’appeler… Son souvenir me hante, je ne sais plus quelle attitude adopter. D’un côté j’ai peur de m’attacher à lui, de l’autre je ne peux pas m’en passer. Tenter l’aventure avec un autre? Ce serait sans doute la solution la plus raisonnable, mais j’ai trop peur d’être déçue.


Je ne suis pas experte dans l’art de l’écriture mais j’ai tenté, avec mes mots, de vous faire partager mon expérience, telle que je l’ai vécue. Je ne dis pas que c’est un exemple à suivre. Moi-même je ne sais plus trop si j’ai eu tort ou raison de me lancer dans une telle aventure. Mais je serais curieuse de savoir si d’autres femmes ont vécu quelque chose de semblable? Comment les choses se sont passées pour elles? Ce qu’elles ont ressenti? Si elles ont recommencé?


Je serais heureuse d’avoir vos opinions.


De nombreux hommes, suite à ce texte, vont avoir envie, je le suppose, de me proposer gratuitement leurs services. Qu’ils comprennent que ce n’est pas ce type de relation que je recherche. Je n’ai aucune envie de couchailleries avec des amateurs, je n’ai aucune envie de «tromper» mon mari, je leur demande donc de s’abstenir. Seules certaines femmes peuvent, je crois, comprendre ma position.


Virginie vivi92.virginie@caramail.com