n° 08985 | Fiche technique | 34389 caractères | 34389Temps de lecture estimé : 21 mn | 29/04/05 |
Résumé: Quand le tout commence par un smac au retour du travail et se termine nus dans l'escalier; entre un roman à l'eau de rose oublié quelque part et le souper qui a trop mijoté. | ||||
Critères: f fh couple amour volupté cérébral fmast fellation pénétratio ecriv_f | ||||
Auteur : Nuée |
Tranche de vie d’un presque vieux couple
Je suis installée sur le canapé du salon, le nez dans un bouquin. Vous savez, le genre de petits bouquins banals qu’on qualifie "à l’eau de rose" et sur lequel la caissière ou la libraire jette un regard entendu avant de le passer au lecteur optique? Je dévore les lignes en espérant que mon conjoint n’arrive pas avant que le savoureux moment que je suis en train de lire n’en soit à la dernière page. Quelques heures juste à moi avant qu’il ne revienne du boulot. Cette semaine, je suis tombée sur une merveille particulièrement captivante, ce qui vraiment n’est pas toujours le cas. Je replace la couette sur mes genoux dénudés et pénètre à nouveau dans mon monde imaginaire, éclairée par la lumière de l’extérieur qui commence à faiblir. Les minutes passent. Je tourne les pages.
Je n’ai pas entendu la voiture se garer. J’entends la porte de la maison claquer. Est-il déjà six heures? Tant pis. Impossible, vraiment impossible de me détacher de mon livre à cet instant.
Habituellement, je viens l’accueillir d’un baiser.
Je lève la tête, quitte la phrase que je lisais des yeux pour recevoir l’inévitable smac sur mes lèvres.
*SMAC*
Je soulève un peu les fesses du canapé et accroche sa cravate avant qu’il ne reparte. J’ai envie d’un vrai SMAC ce soir. Le livre glisse sur le bois du plancher. Boum. Qu’importe. Je m’accroche à son cou, puis mes lèvres rencontrent les siennes. Il doit se pencher un peu pour suivre mon mouvement. Nos lèvres se goûtent. Nos langues sont encore bien sages. Je ferme les yeux. Son odeur m’enivre. Je sens les produits utilisés à son boulot. Il y a son déodorant et l’odeur de son savon. Il y a autre chose aussi, que je ne saurais identifier. Il y a "lui". Un soupir de bien-être m’échappe. Je me creuse un nid dans ses bras qui ne me serrent pas encore vraiment et passe une petite langue timide sur sa lèvre inférieure. C’est notre signal. En ai-je conscience? En a-t-il conscience? Et comment ce signal s’est-il établi? Je ne saurai le dire et je m’en fiche. Je le sens qui se déplace légèrement. Il n’a pas libéré mes lèvres. Son bras est venu entourer mes épaules. Il s’assoit sur le canapé à mes côtés. Les coussins s’enfoncent sous son poids et je me retrouve à basculer sur son torse. Son autre main soulève doucement mon menton. J’ai le coeur qui bat un peu plus rapidement. J’attends la suite… Nos lèvres se goûtent toujours et j’ai entrouvert les miennes légèrement. Le bout de ma langue attend la sienne. Je dois avoir l’air complètement gourmande, ainsi. Tant pis! J’ai les yeux fermés, le menton toujours dans l’angle dans lequel il l’a placé. Un nouveau soupir m’échappe et je me colle un peu plus à lui. Pffff! Il attend là, tranquillement, que je me mette à quémander! Ses lèvres m’embrassent toujours légèrement, mais je désire plus. Je veux sentir sa chaleur et son haleine. Je passe une main sur son torse, que je fais glisser jusqu’à ses hanches, par dessus ses vêtements. Il se déplace un peu… héhé… Il n’attend pas si tranquillement que ça, finalement! Son mouvement équivaut presque à un sursaut, pour moi qui le connaît bien. Je me colle complètement à lui, passe une seconde fois ma langue sur sa lèvre inférieure. Un gémissement m’échappe. Bon, j’aurai encore quémandé finalement ! Qu’importe, puisque l’instant d’après, ses mains massent mon dos, sa langue se fraie un chemin jusqu’à la mienne. Le tout s’entortille un sublime moment… Je sens mes seins qui s’écrasent sur sa poitrine. Mon pouls s’accélère encore. Le rouge monte à mes pommettes. Ma main exerce une faible pression sur sa hanche, comme pour l’éloigner. Il me relâche légèrement, juste assez pour me permettre de respirer. Je me détends encore dans ses bras. Sa langue quitte la mienne pour revenir effleurer mes lèvres. La pression redevient légère. La valse se poursuit dans nos bouches soudées et nous nous explorons comme si nous ne nous connaissions pas déjà par coeur. Une main glisse derrière mon cou pour me retenir. Son petit doigt se met à effleurer le pourtour de mon oreille. Un nouveau gémissement se perd dans sa bouche. Notre SMAC se poursuit… Tient, ça n’a pas fait SMAC… La pensée me fait sourire tout contre ses lèvres. La magie se dissout peu à peu. Le baiser redevient sage. Ses lèvres cajolent les miennes, puis elles se séparent tout doucement, tout naturellement. Nous échangeons un sourire et laissons passer le moment.
Toujours assis à mes côtés, il lève un sourcil interrogateur, puis se penche pour ramasser le livre, ouvert en son centre, recto et verso vers le plafond.
"L’amour en fuite", de Judith McNaught. Le titre s’étale en grosses lettres sans que je n’aie à le lire à voix haute. Une grosse brique de deux cents et quelques pages, avec une image de petite cabane sur le recto. Pas vraiment le genre de roman sur lequel une caissière jette un regard entendu. Sauf que mon conjoint a cet air entendu… Il me remet le livre, fermé. Clac.
Ça me prend un moment pour rassembler mes esprits et lui répondre.
Ça a l’air complètement idiot décrit comme ça.
Sur l’instant, je ne sais si ma réponse le préoccupe vraiment. Il se lève et s’inquiète de la quasi obscurité et de mes pauvres yeux. Il s’approche de la lampe de lecture. J’ouvre le livre et feuillette un peu pour retrouver ma page.
C’est ma dernière réponse à sa dernière question. Je viens de me replonger dans mon livre avec un air rêveur étalé dans la figure. Et puis ma réponse est très éloquente, quoique quiconque puisse en penser. Ça veut dire "Superbonchérituveuxbientoccuperdusouperpendantquejefinismonchapitre ?" Il a un petit rire qui me rassure. Si je l’observais à cet instant, il devrait être en train de rigoler silencieusement de mon air absorbé en se dirigeant vers la cuisine. Mais cette fois, je me trompe. En fait, il m’observe.
Il n’a pas encore allumé la lumière. Il m’observe fixement. Je me demande s’il pense quelque chose du genre "bon je vais faire le souper et je prévois une bouteille de vin" ou si c’est plutôt "au diable le souper, je vais sortir la bouteille de vin". J’ai le nez à nouveau plongé dans mon livre. Oui, voilà la ligne que je lisais… Je suis consciente, cette fois, de son regard, mais agis comme si je ne remarquais rien. Enfin, ne remarquer "rien", c’est vite dit, puisque mon visage se situe pratiquement au niveau de son entrejambe. Il y a une protubérance à "remarquer". À moi de le faire quémander… juste un peu… non? Je reste coincée sur la même ligne sans le regarder. Rien ne se passe. Bon. J’attends encore un peu… encore… et finis par abandonner. J’ai ma fierté quand même! Je reviens à mon livre. Le souvenir de ses lèvres et de ce j’aurais d’ici la fin de la soirée me fait dévorer le prochain extrait tendre et émouvant à souhait. Je suis à nouveau absorbée dans ma lecture. Mes joues encore roses le redeviennent certainement de plus en plus.
Son regard me détaille. En arrivant du travail, deux heures avant lui, je suis allée prendre une douche, je me suis mise à l’aise et me suis enfoncée dans les profondeurs douillettes du canapé, vêtue d’une chemise à lui et d’une couverture que je trouve particulièrement douce sur ma peau. Bien sûr qu’il sait déjà ce que je porte sous sa chemise. Rien. Il lit trop en moi, vraiment. Je suis le livre qu’il préfère, j’en ai peur, et il ne se gêne habituellement pas pour le feuilleter. J’adore être feuilletée… Mais pour revenir à mon livre, j’ai pu tourner quoi? Une dizaine de pages très réelles? Je suis ainsi moi… concentrée jusqu’au moindre atome, lorsque je suis plongée dans un livre vraiment excellent. Il répète une suite de sons que je comprends à moitié.
Je baisse mon livre. Je lui adresse un sourire un peu perdu. Cet homme planté devant moi, que disait-il? Je n’ai rien compris à ses mots et ses airs entendus "d’enlever une couche" m’ont échappés. Habitué à me voir absorbée dans un livre au point d’en manquer ses commentaires, il laisse tomber.
Plongée dans mes lectures, je lui aurais presque demandé "Tu veux allumer quoi?" en espérant qu’il me réponde "Toi!". Mais je suis son regard. La lampe.
Il allume la lampe, se dirige dans la cuisine.
Bien. Me voilà fixée sur ses priorités. Le souper se fera attendre. J’essaie de finir en vitesse mon chapitre, ou au moins la page et réponds distraitement par l’affirmative pour la bouteille de vin. J’en suis encore à relire des lignes déjà lues avant de retrouver pour la xième fois l’endroit où j’en étais. J’entends les casseroles qui sortent du l’armoire et je souris intérieurement. Bon, finalement, je ne sais plus trop qu’elles sont ses priorités. Je continue à lire. Mon verre de vin apparaît sans que je ne m’en aperçoive. J’en prends une gorgée entre deux moments forts de mon histoire, alors que je lève la tête pour savourer la tension et pouvoir mieux replonger. En fait, pensé-je en continuant la lecture de ma presque épopée romanesque, le souper se prépare aussi parfois tout seul chez moi. Pas besoin de fugitif un peu voyou mais combien séduisant… Je lève la tête pour observer mon homme. Jolies fesses… Ça, je le lui dis souvent à voix haute.
Bon, on ne peut pas tout avoir. En tout cas, pas un souper délicieux et un intérêt concupiscent en même temps. Ce serait dommage de faire deux choses à moitié, quand même. Il continue à fouiller dans le réfrigérateur, le cul en l’air. Je me replonge dans mon chapitre, relis encore les deux ou trois dernières lignes pour me resituer et poursuis la lecture.
Oh, les choses évoluent. Autant dans ma cuisine (Ça commence à sentir bon, dis donc) que pour mes héros du jour (Il commence à faire drôlement chaud, dis donc). Je prends une pause, replace la couverture sur mes pieds. La manoeuvre a un tout autre but: celle de me permettre de tenir le livre d’une seule main. Je glisse l’autre entre mes jambes. Je continue à lire, mais mes yeux se portent de moins en moins souvent sur les lignes et de plus en plus vers le plafond, que je ne regarde pas vraiment d’ailleurs.
J’ai les yeux mi-clos. Je semble immobile et pourtant, les mouvements légers sous la couverture témoignent du contraire. Un parfum bien caractéristique se dégage de la chemise que je porte. Mêlé avec l’arôme du souper, il n’y a qu’un seul nom qui me vient à l’esprit. Si bien que lorsque les pas du propriétaire de ce nom s’approchent derrière moi, je les entends. Je laisse mon index là où il se trouve, mais mon coude cesse d’agiter la couverture.
Je m’enfonce dans mon canapé. Il ricane en retournant à la cuisine "Quand tu veux, hein!!", me crie-t-il de la cuisine. Mouarf… je sais je sais… mais… Ahhh! Je n’ai pas envie de quitter mon canapé pour le lit… et ma moiteur actuelle demande quelques attentions… hum… solitaires… encore… Et puis le souper brûlerait, non ? Je laisse passer l’invitation, sachant très bien qu’elle se renouvellera d’ici la fin de la soirée. Et sachant très bien aussi pourquoi il n’a pas insisté. Il sait. Je sais. C’est tellement bon quand j’invite, et j’ose tellement rarement, vraiment. Il sent tout autant que moi que ce soir, ce sera le cas… peut-être…
Je ferme les yeux et me remets à fantasmer sur les invitations. Celles concernant l’héroïne de mon livre, celles qui seront fatalement lancées ce soir. Mon doigt, qui n’a pas quitté mon clitoris, effleure à nouveau ma chair en un lent mouvement circulaire. Je sens le renflement qui se tend encore davantage. Mes muscles internes se mettent à jouer à l’intérieur de moi. Mon autre main se ramène sur mon sexe. J’écarte les grandes lèvres d’une main, puis écrase mon clitoris de l’autre. J’empêche ainsi les grandes lèvres de camoufler mon bout de chair et peux continuer les caresses pendant que mon majeur avance jusqu’à l’entrée de mon vagin. Je sens mes muscles se refermer sur mon doigt encore bien solitaire. Un gémissement m’échappe. La couverture a glissé. Mon autre main retourne sur mes seins, pudiquement couverts par la chemise de mon copain, puis remonte jusqu’à mes lèvres encore gonflées de son baiser. Je les effleure d’un doigt. Plus bas, mes muscles se contractent et le mouvement d’ondulation ne s’arrêtent plus, voire s’amplifient. Je serre, resserre encore mon vagin sur mes doigts définitivement trempés. Mon dos se décolle de lui-même du dossier moelleux, alors que j’arque les reins et écrase de plus belle mon clitoris. Ce n’est pas assez… pas… assez… Ma main qui s’aventurait sur mes lèvres et mes seins retrouvent la moiteur de mes jambes. Je place mes talons sur le bord du canapé. L’angle est nouveau. J’ai le haut du dos complètement écrasé dans les coussins, le dos courbé et les hanches définitivement cambrées. La paume qui écrasait mon clitoris se soulève et fait un peu de place. Le changement me permet d’insérer davantage mes doigts à l’intérieur de moi, alors que mon autre main s’approprie la région découverte. Je continue à onduler les hanches. Mon coeur bat de manière désordonnée et j’explose soudainement, presque douloureusement, en gémissant. Je garde une position impossible un moment, le dos arqué, les fesses soulevées, tout l’intérieur crispé, avant que tous mes muscles ne se relâchent.
Moi qui avais le cou tendu vers le plafond,je regarde à nouveau droit devant moi. Mes yeux fermés s’entrouvrent légèrement et je croise… le regard de mon conjoint qui me regarde fixement, presque durement. Il est assis sur la table basse du salon, les doigts joints sur ses cuisses et le buste penché vers moi. Il a carrément l’air d’un voyeur. Lui que je connais par coeur, je ne le reconnais pas en cet instant. J’inspire profondément. Je ferme les yeux puisque je ne peux rien faire d’autres, clouées que je suis à mon canapé. Les spasmes se calment mais j’ai le coeur qui bat toujours tout autant. Suis-je vraiment une femme timide, moi? Je me pose la question, parce qu’à cet instant, je sens encore mon bassin qui ondule comme animé d’une vie propre. Et je sais que mon conjoint a la vue qu’aurait un… un… gynécologue dont la patiente a les pieds dans les étriers. Je chasse l’idée guerre réjouissante de métal froid, mais cette pensée d’étriers reste. Chaude et totalement exposée, voilà les mots qui me qualifieraient en cet instant. Je sens encore les doigts insérés en moi et mon autre main qui masse la région de mon clitoris. Mes membres s’activent à nouveau doucement, très doucement. J’ai besoin de calme et mes câlins tous doux me détendent. Mes talons plantés sur le bord du canapé me permettent de soulever les fesses. Je sens que la frénésie me reprend peu à peu. J’ai chaud. Je gémis. Je ne supporte plus les mains qui me massent intérieurement et extérieurement. Même la chemise me semble terriblement lourde. À nouveau je cherche mon air. Mes mains ne me touchent plus. J’ai placé mes bras le long de mon corps, les mains à plat sur les coussins du canapé que j’enserre fermement. Je serre les fesses et les muscles de mon vagin… je sens même des muscles se refermer sur mon anus… tient, nouveau ce muscle quand même. Il me prend l’envie d’être sodomisée, moi qui suis encore vierge dans ce coin de mon corps. L’idée me supporte un moment. J’ai l’impression de trembler comme une feuille. En fait, je tremble effectivement comme une feuille qui se perdrait entre l’arbre et le sol, durant une grosse averse bien venteuse d’une grise journée. Des spasmes puissants me secouent. Mes pieds toujours plantés au même endroit, je ramène mes genoux l’un contre l’autre, pour mieux affronter la vague, inconsciente de ce qui se passe autour de moi. Quand je sens une main se poser doucement sur ma cuisse, je sursaute violemment.
J’ai crié. J’ai hurlé même. J’ouvre les yeux et tente de reprendre mon souffle, entre une chaleur qui me fait suffoquer, une humidité qui me fait penser à une forêt tropicale chargée des plus chaudes gouttelettes en suspension et mes tremblements incontrôlables. Il m’a effrayée. Sa brusque intrusion dans mon monde si fermé m’a même terrifiée. Durement, la raison se fraie un chemin dans mon esprit. C’est lui… c’est mon amant, celui qui partage ma vie depuis de si intenses années. Je ferme les yeux, les ouvre à nouveau. Il est toujours là et me regarde, inquiet presque. Je lui envoie un pauvre sourire et murmure "me touche pas… pas… tout de suite". Mais je ne sais s’il m’a comprise, si les mots articulés ont été plus qu’un râle ou non. J’ai l’impression de flotter quelques mètres au-dessus de mon corps. J’ai l’impression d’être un énorme clitoris dont toutes les terminaisons nerveuses seraient à découverts. La chemise est insupportable. Je me ravise pour inclure mon homme dans mes besoins.
En fait c’est un ordre. Je suis complètement avachie sur le canapé. Pratiquement impuissante… et j’arrive à prendre ce ton qui lui ordonne ne me déshabiller. Pas question de me caresser. Enlève cette chemise trop lourde. Point. Ces précisions sont inutiles. Il s’exécute et déboutonne la chemise sur mon corps. Je me penche en avant, pour qu’il puisse faire passer une épaule. Le tissu humide glisse encore trop lourdement. Sa main effleure ma peau. J’ai un sursaut que je ne peux retenir. Chaque pore de ma personne est à découvert et je me sens soudainement si fragile, que j’ai besoin de me concentrer sur l’homme qui me manipule comme une poupée délicate. Il finit d’enlever la chemise qui est la sienne et s’éloigne un peu pour la déposer sur la table basse. Je cherche à analyser le mouvement qui m’a fait le craindre un moment, mais la seule pensée cohérente qui me vient, c’est que mon héros à l’eau de rose, si séduisant, viril et voyou qui m’a fait fantasmer m’a aussi soudainement menacée et terrorisée. L’homme qui se trouve dans mon salon a chassé l’inconnu et celui qui est là, juste là devant moi, est à moi. À MOI ! Bref, c’est une pensée "cohérente", mais complètement ridicule! J’observe cet homme, l’air presque calculateur. Je calcule comment faire pour qu’il sache qu’il m’appartient complètement et irrémédiablement et à nouveau, je trouve l’idée ridicule. Sa tenue est différente. Pendant que je lisais, il a enlevé sa cravate, défait le col de sa chemise et enlevé son pantalon pour mettre un jeans. Mon regard s’arrête sur son entrejambe et j’ai des idées gourmandes. Oh, j’ai déjà fait des fellations. Agréable mais c’était surtout pour son plaisir. Il sait que je n’apprécie pas particulièrement. Pourtant à l’instant, il n’a rien perdu de mon regard et de mes airs canailles. J’entends distinctement sa déglutition et la salive qu’il semble avoir une difficulté soudaine à avaler. Il reste là devant moi. Il n’ose manifestement pas me toucher sans mon autorisation et je savoure un peu le moment.
Il me regarde un brin ahuri. C’est bien la première fois que j’exige un strip-tease. Il y a beaucoup de premières ce soir, pour le vieux couple que nous formons. Oui, vraiment beaucoup.
Étrange comme mes émotions passent ce soir d’un extrême à l’autre. Mais franchement, les analyses pour ce soir, j’en ai ma claque. Il termine de se déshabiller, assez maladroitement d’ailleurs. Ça me fait presque plaisir de le voir s’affoler. Je me sens forte, séduisante. J’admire son érection un moment. Je la ressens moi-même au plus profond de moi et je m’émerveille toujours devant son sexe, si beau, comme cette première fois, il y a si longtemps, ces premières impressions où nous étions encore vierges tous les deux. Je détaille son anatomie, l’air toujours aussi gourmand. J’aurais bien du mal à me décider s’il me fallait élire une partie de son anatomie, entre ses fesses, son sexe… ses mains. Ses mains qui me semblent si fortes et aimantes. Et ses bras aussi, avec ses biceps qui n’ont rien d’un haltérophile, mais qui je sais peuvent sans problème me soulever pour me protéger, m’étreindre pour me câliner, pourraient me contraindre même et me faire exploser. Son érection est toujours aussi enthousiaste. Je regarde son visage. Mon examen appréciateur lui a fait retrouver son assurance. Mais il y a un plus… une étincelle entre nous qui passe et parasite l’espace. Ses yeux qui captent les miens échangent quelques messages indéchiffrables pour le commun des mortels. Moi-même, je n’arrive pas à savoir ce que signifient ces échanges. Je me sens tiré vers lui. Il fait un pas vers moi. Je retrouve celui que j’aime si profondément et cet amour, il le voit dans mes yeux, il le sent dans mon corps. Il le lit dans mon âme et je le lis dans la sienne. Il s’entête à rester là, immobile, devant moi, sachant que s’il avançait encore d’un pas, j’abdiquerais sans combat ni fausse pudeur. L’orgasme solitaire m’a laissé complètement vidée. L’amour que je ressens pour cette personne, cet homme et aucun autre me laisse sans voix, si totalement vulnérable. Je dois me reprendre à plusieurs fois avant qu’un son audible ne franchisse mes lèvres.
Je m’extrais difficilement de mon canapé. Il ne me tend pas la main. Il ne fait rien pour m’aider. En cet instant, c’est ce que j’attends de lui. "Recule", lui ai-je dit. Ce n’était plus un ordre. C’était une demande, un désir… il a acquiescé.
Je me retrouve debout, entièrement nue tout comme lui, face à lui et aussi excitée que lui. Je fais un pas vers lui. Il semble incertain. Il hésite entre reculer d’un pas vers la chambre ou avancer vers moi. Il reste immobile. Très bon choix. Les yeux accrochés dans les siens, j’avance encore vers lui. Mon ventre effleure le sien. Je sens son sexe sur mon pubis. Normalement, il aurait posé ses mains, ses mains que j’aime tant, sur mon corps. Mais les choses ne sont pas normales ce soir. Il ne bouge pas. C’est moi qui déglutis maintenant péniblement. Ce soir, je n’envoie aucune de ces signes qui lui demandent habituellement de reprendre le contrôle des évènements. C’est bien ainsi. Je pose mes lèvres sur les siennes. Doucement. Un petit, tout léger smac résonne dans notre salon. Je pose mes lèvres dans son cou, juste sous son oreille gauche. smac. Je descends sur son épaule, je m’attarde un peu. smac à nouveau. Je prends sa main, retourne sa paume face vers le plafond. Pas de smac. Je masse plutôt la paume de mes doigts, langoureusement, de plus en plus fort. J’arrête au moment précis où sa respiration se fait changeante. Je porte sa main à ma joue. Il complète la caresse et son bras reprend sa place le long de son corps. J’ai à nouveau le coeur qui bat la chamade. J’ai dû mal à déterminer si mes caresses timides le torturent, l’émeuvent un peu ou bien l’impatientent simplement. Je le regarde. Je dois avoir l’air un peu inquiète, parce qu’il me sourit. Je pose ma main sur son coeur. Il bat à l’unisson du mien. Si complètement à l’unisson, en fait, que s’il s’agissait d’un seul coeur, nous souffririons d’un mal cardiaque imminent. Le tout est complètement et désespérément désordonné. J’embrasse son torse. Un baiser… un autre… une pluie de baisers se déposent sur son torse parce que j’ai le coeur qui éclate soudainement. J’aime cet homme. Tout simplement. J’entends un rire sourd, faible. Légèrement courbée comme je le suis, je vois ses mains qui ont entamées un mouvement pour me relever, mais qui ont laissé tomber en cours de route. Je continue mon exploration, ignorant pourquoi une telle exploration, lui debout, moi de plus en plus accroupie, qui n’avait encore jamais eu lieu entre nous. J’ai envie, terriblement envie de poursuivre cette exploration et je m’étonne moi-même. Mes mains se joignent à ma bouche. Mon corps effleure son sexe de temps en temps. Je le vois qui serre les poings, pour s’obliger à rester immobile. Il a presque l’air de souffrir et mes envies de gourmandises me reprennent aussi soudainement que les pulsations dans mon propre sexe. Je ferme les yeux et laisse monter mon désir. Mes mains s’activent plus fermement sur le corps de mon partenaire, comme s’il s’agissait de mon propre clitoris que je caressais de ma paume. Ma bouche caresse et aspire, puis ma langue suit le cambre si léger de ses reins pendant que mes mains remontent à ses seins que j’empoigne. Le désir continue à monter. Mon souffle s’accélère. Mes mains descendent sur ses hanches et je me retrouve à genoux devant lui, son sexe si près de ma bouche. Pour la première fois, je salive de ce qui va suivre. L’odeur m’enivre. L’odeur est parfaite. Ça sent lui tout simplement. Les mains sur ses fesses, j’attire ses hanches vers moi. Son gland suinte. Je lèche. C’est juste bien, délicieux. Je m’ouvre un peu plus et le prend dans ma bouche, jusqu’au gland. Je l’entends gémir. Je serre mes mains sur ses fesses et ose un regard vers lui. Il ne me regarde pas. Il semble perdu, ailleurs. Son regard, ou plutôt son absence de regard, m’excite davantage. Je ferme les yeux, me concentre sur les gestes que je pose, sur les mouvements de ma langue… tiens oui, ma langue qui peut bouger et caresser. Explorer son sexe comme nous nous sommes explorés la bouche, il y a peu. Je prends plaisir à l’explorer. Il murmure mon prénom comme une caresse, comme un baiser… Je m’enhardis. Une de mes mains quitte la rondeur de ses fesses et s’aventure dans le vallon serré où se cache son anus. Je lève à nouveau les yeux vers lui, alors que ma bouche l’engloutit un peu plus et que mon doigt le pénètre légèrement. Je sens ses fesses se contracter et son sexe battre soudainement. Cette fois il me regarde. Ses tremblements légers dans mes bras me bouleversent. Sa respiration semble difficile. Il avance une main pour retenir mes cheveux. La douceur du geste est si en désaccord avec l’ardeur douloureuse que je lis sur son visage que son remous m’emporte aussi. Ma bouche quitte son gland pour se promener le long de son pénis. Je le goûte encore. La main encore sur une rondeur de ses fesses l’instant d’avant se colle à ses testicules dont je sens la texture comme jamais auparavant. Je lèche, embrasse, reprend son gland dans ma bouche et suce comme si je voulais qu’il se vide en moi, à l’instant. Ma main quitte ses testicules pour venir enserrer la base de son sexe, l’autre main collée à ses fesses bouge doucement et prend l’espace qu’il me donne. Je sens mes muscles vaginaux se contracter. J’aimerais caresser ma propre intimité, mais je n’ai aucune intention de laisser l’une ou l’autre de mes caresses sur son corps s’achever. Ma langue devient complètement folle. Je le regarde à nouveau. Je respire en saccades, comme lui. En fait, je ne sais plus comment respirer. Je ne sais plus où placer mes mains et mon corps, si ce n’est que je sais ne pas vouloir arrêter. Il murmure mon nom, le dit à nouveau comme une supplique. Ses mains cherchent à relever mon corps. Il sait. Bien sûr qu’il sait que ce soir, ce serait une erreur de finir dans ma bouche. "Attends, non…" Il le répète encore plusieurs fois, suivi de mon prénom. J’accélère le mouvement, je ne comprends pas vraiment. Ou plutôt si, je comprends que mon plaisir est bien près, à moi aussi… Son sexe pulse. Mon clitoris explose. Je dois reprendre mon souffle. Je m’éloigne un instant pour mieux revenir vers lui, pour mieux l’embrasser. Il profite de l’instant pour me remonter à lui par les aisselles puis me plaque contre le mur et me pénètre violemment. Le contact inattendu sur mon pubis sur le sien, de son corps contre le mien et à l’intérieur du mien génère un spasme violent qui me fait tressaillir toute entière. J’accueille son sexe plus étroitement que je ne l’ai jamais fait. Mes muscles se resserrent sur lui encore et plus fort, je tremble à nouveau. Tellement, que c’est une chance qu’il ne me laisse aucune liberté. Je me serais écroulée au sol. Je reviens peu à peu à moi quand je l’entends pousser un râle bien caractéristique. Je savoure presque le sperme qu’il laisse en moi, je sens les pulsations… une, deux… je ne compte plus, c’est trop bon. Et puis moi, les analyses, ce soir… Je sens son sexe pulser dans le mien et c’est toute entière que je m’ouvre à lui, mes gémissements se joignent aux siens et le détecteur de fumée se joint même à nous. On s’étonnerait presque qu’il n’ait rien détecté avant, tellement nous avons enflammé le salon de notre nouvelle maison.
Certes, le trio est magnifique, mais un peu inquiétant. L’orchestration a beau être heureuse (notre solo a commencé avant), il ne reste bien vite que la seule voix du détecteur de fumée.
Une paire de fesses (les miennes) se met à la recherche de l’extincteur (c’est le comble. Je préfère allumer, finalement) en laissant une trace de liquide au sol qu’aucun livre ou histoire romantique que j’ai pu lire n’a jamais raconté et ne racontera jamais. L’autre paire de fesses (les siennes) se précipite à la cuisine, empoigne l’essoreuse à salade encore emplie d’eau (je lui ai jamais demandé pourquoi diable il avait mis de l’eau dans ce plat…) et jeter son contenu (avec la salade) sur le début d’incendie. Tout a été rapidement maîtrisé.
Le souper a brûlé. La casserole est foutue, complètement noire. La cuisinière a aussi souffert. Quand on fait les choses doublement d’un côté, c’est normal que l’autre côté soit à moitié moins réussi. C’est l’équilibre. Non? Au moins, les fèves jaunes sont sauvées. Elles n’ont pas été sorties de leur conserve.
Encore nus comme des vers, nous nous asseyons côte à côte dans les marches de l’entrée. On a l’air de deux idiots, complètement perdus. Nous nous regardons. Deux idiots se sourient bêtement en laissant passer le moment.
J’acquiesce, en suggérant qu’on commence par la cuisine qui a manifestement besoin de plus d’attention… Tient, il ne rougirait pas là?
Il acquiesce en rigolant sur la pauvre, paauuuuuvre cuisinière. N’ai-je donc pas une seule goutte de compassion? Et puis si la cuisinière est abimée, que dire du canapé taché, n’est-ce pas… Magnanime, il me pardonne mes écarts avec le canapé. Je pense que j’en suis bonne pour une invitation au resto mais non, il n’en a pas fini avec moi… Il passe d’un sujet à l’autre et arrive encore à me surprendre.
Je pique un fard et regarde les chaussures que je ne porte pas. Bon, j’suis encore toute rouge. Vraiment, elle était nécessaire celle là? Ça l’amuse hein que je rougisse si vite alors que j’ai beau faire, y’a rien… presque… pour le faire changer de couleur.
N’empêche que j’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles et qu’il le sait.
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Je relis cette histoire et je n’y peux rien, j’analyse encore… Chéri… Voilà un mot qui sonne bien joliment quand je le lis en tendres pensées, mais vraiment, à voix haute, je préfère ton prénom. N’est-ce pas mon amour?