n° 09097 | Fiche technique | 13542 caractères | 13542Temps de lecture estimé : 9 mn | 16/05/05 |
Résumé: Comment un jeune gay, tiraillé par ses pulsions, va être conduit à rencontrer une mystérieuse rose, aux épines présentes, mais bien dissimulées. | ||||
Critères: fh inconnu vengeance attache | ||||
Auteur : Vital |
Concours : Les préliminaires |
Marc jeta son livre sur le sol dans un geste négligé. Ce styrien, étudiant à l’université, avait renoncé à la dernière manière raisonnable de passer le temps. Il était dans ces périodes de vacances où il n’y avait rien de mieux à faire que d’assister impuissant au cruel égrenage des secondes, jusqu’à ce que la rentrée arrive enfin. Pour en rajouter au désarroi du jeune homme, son copain Georg était absent cette semaine et l’abstinence digne d’un moine paroissial se faisait de plus en plus sentir.
Dans un dernier sursaut de volonté, l’Autrichien, au visage anguleux et éclaboussé de mèches dorées, se leva et entreprit avec un espoir de nouveau-né les fastidieuses révisions de ses cours d’économie. Il abandonna au bout de quelques minutes, la moindre ligne lui rappelant un sexe dressé, le moindre chiffre aux courbes arrondies une paire de fesses. Ses hormones étaient en totale effervescence, sa libido pratiquement incontrôlable.
À la fois frustré et furieux contre lui-même, Marc se dit par dépit qu’il ne pouvait pas aller contre ses pulsions, que d’avoir du sexe sans sentiments, ce n’était pas vraiment tromper. Il saisit presque à contrecœur sa veste au cuir aussi noir que ses yeux. Un seul lieu pour confesser (ou plutôt pour assouvir) son désir charnel : le café bar Dizzy’s, le meilleur endroit pour faire des rencontres d’une nuit.
Il sortit, se confondant déjà dans la traînée de piétons qui arpentaient les rues de Graz à cette époque de l’année, alors que les dernières lueurs du soleil dépeignaient encore leurs nuances crépusculaires dans le ciel printanier. À Hauptplatz, il bifurqua dans une petite ruelle, par laquelle sortirent deux gars respirant le sexe et le schnaps. Il eut malgré lui une envie folle d’en plaquer un contre le mur pour l’embrasser sauvagement, mais se ravisa. Trente mètres et quinze passants-mannequins-bogoss-de-la-mort plus tard, il pénétra d’une allure, qu’il savait rendre discrète et sensuelle dans le fameux café.
Le serveur, un sourire onctueux de rigueur collé aux lèvres, l’accueillit dès son entrée. Le jeune homme en manque commanda un Sexe on the betch, son cocktail préféré. Un rapide coup d’œil panoramique sur la salle l’informa qu’il n’y avait aucune proie masculine digne de ce nom. Un peu déçu, il s’apprêtait à se faire à l’idée qu’il devrait rentrer bredouille, quand son regard croisa celui d’une jeune femme. Elle avait le sourire que devraient avoir les anges.
Assise gracieusement dans un angle avec une autre fille, elle aussi l’avait remarqué et un éclat, dans ses yeux ombrés de cils, trahit l’évident intérêt qu’elle lui portait. Un fil invisible maintenant tendu entre eux deux, Marc se dit qu’à défaut d’avoir la virilité d’un homme ce soir, il aura la douceur d’une femme, c’était mieux que rien. Il haussa un sourcil, sa manière à lui de dire « Viens donc à ma table, la conversation y est plus intéressante ». La belle créature n’attendait apparemment rien d’autre pour se décider à aller l’aborder.
Après quelques mots à son amie, elle se leva, la température dans la salle grimpait au fil de son ascension. Sa démarche était calculée pour faire naître la plus soudaine et irrépressible bouffée de chaleur chez quiconque la remarquerait et ça marchait. Marc déboutonna un bouton de sa chemise. Ses déhanchements faisaient penser à une féline se mouvant avec subtilité vers sa proie. Le tintement, de ses talons sur le sol dallé, décomptait des secondes interminables. Elle s’assit finalement en face de lui, ses yeux pétillaient de malice. Pour retrouver un soupçon de contenance, le jeune homme but une gorgée de son cocktail, dont le rouge paraissait fade à côté de celui des lèvres charnues de la belle. Ce visage rond, cette chevelure cuivrée en cascade, il aurait juré l’avoir déjà vue. Mais après tout, pour lui toutes les filles se ressemblaient, sauf ce soir.
De biais, elle croisa ses jambes dans un soupir, façon deux silex qui se frôlent. Une étincelle, Marc commençait à doucement perdre pied. Elle releva par la même occasion sa jupe, dévoilant deux jambes divinement galbées. Il but une autre gorgée.
Elle éluda la question, un sourire encore plus large s’esquissa sur ses lèvres et rehaussa ses pommettes.
Sa position changea avec une fluidité liquide, elle se mit de face. Le jeune homme constata avec effarement que cette inconnue peu farouche avait commencé à effleurer ses chevilles nues avec la pointe de son escarpin. Elle inclina son visage vers l’avant pour lancer un regard entendu à l’objet de son désir, jouant sadiquement à émoustiller le jeune homme en glissant sur ses poils, sans jamais toucher la jambe. Le résultat fut immédiat. Émoustillé, Marc sentit le tissu de son boxer se tendre, et constata le résultat de cette caresse très peu orthodoxe, couplée à ce regard intenable.
Cet interrogatoire à sens unique paraissait suspicieux pour Marc, mais plus fort encore que cette impression, c’était le sentiment d’être en face d’une femme sans scrupule, au charme limite magnétique et à la perversion qui égalait la sienne. Il était dorénavant convaincu que, même s’il se considérait comme gay, il ne pourrait résister à cet ange de la nuit. Il se demandait néanmoins ce qui poussait une telle beauté à le choisir lui. Peut-être était-ce le seul qui avait l’air d’un hétéro. Le pied qui serpentait sa jambe, qui remontait inlassablement vers le centre de son attention, le sortit de ses pensées. La jeune femme releva sa tête, et passa d’un mouvement léger de la main les lourds bandeaux de ses cheveux derrière son oreille.
L’air mutin qu’elle prit ne laissait aucune autre réponse possible, ce serait chez lui ou rien. Il tentera simplement de cacher à sa partenaire d’un soir ses préférences sexuelles.
Il paya sa consommation, elle entoura pour le remercier son bras autour de sa taille. À chaque pas vers le retour, la hanche de la jeune femme frôlait de manière imperceptible la sienne, les doigts de sa fine main dessinaient sur l’arrière de son jean des tracés réveillant les sens primaires du grand blond. Des coups d’œil dérobés s’échangeaient entre les deux amants, aiguisant l’excitation muette de chacun.
Dans le petit ascenseur, Marc n’eut pas le temps d’appuyer sur l’avant-dernier étage que l’intrigante lui saisit le col et riva ses lèvres contre les siennes. Pris au dépourvu, le pauvre garçon resta impuissant à subir ce baiser, sentant seconde après seconde son érection renaître. La langue agile de la jeune femme saisissait celle de l’Autrichien dans une danse torride et éreintante, dont le rythme était décompté par la respiration saccadée de chacun.
Arrivés à l’étage, les deux complices saluèrent, comme si de rien n’était, une vieille dame, dont l’odorat défaillant l’empêcha de remarquer l’odeur entêtante, de transpiration et de désir, imprégnée dans l’ascenseur. Marc, les joues pourpres d’excitation, inséra la clé dans la serrure, ce qu’il considéra être ironiquement un signe flagrant de ce qui allait arriver inévitablement.
Dans l’appartement, la sculpturale nymphe resta interdite à la vue de photos, où Marc était en compagnie de Georg. Elle le dévisagea alors, ses sourcils en forme de points d’interrogation.
Marc se força à sourire, malgré le souvenir de son ami refaisant surface dans son esprit. Un bruit de zip le ramena à la réalité, elle défaisait sa robe. Sans se presser, l’étoffe coulait sur son corps, centimètre par centimètre, avec une lenteur confinant au sadisme. Le bel étudiant commença à faire de même, et stoppa net devant l’expression réprobatrice de la demoiselle. Elle voulait le faire elle-même, en prenant tout son temps. La robe se figea dans sa chute, retenue par ses bras satinés. Le vêtement s’étouffa finalement sur le sol dans un murmure, dévoilant un corps aux courbes harmonieuses. L’inconnue s’approcha alors de ce qui était son spectateur, elle l’embrassa à nouveau. Le mélange des salives donnait un goût velouté, presque sirupeux, le contact des lèvres hérissait chaque poil.
Des deux mains expertes, la muse déboucla la ceinture de son homme, sans ne serait-ce songer à interrompre le balai concupiscent du baiser. De deux mains un peu moins expertes, il entreprit de dégrafer son soutien-gorge. Alors qu’elle attaquait la chemise, le balconnet céda, libérant deux seins pulpeux, à la rondeur d’un fruit d’été. Excité à la fois par la nouveauté et par les mains de sa maîtresse roulant sur son corps ciselé, il palpa les deux rondeurs et lui arracha des gémissements de jouissance. Sa vengeance fut immédiate. Elle empoigna d’une main ferme la bosse apparente sur le short et griffa la joue, à la barbe naissante, de l’autre.
Ils s’effondrèrent sur le lit. Marc sentait cette paire de mains parcourir son corps en des caresses à la délicatesse décuplant les sensations. Les mains, telles des frissons incontrôlables, se dirigeaient vers son sexe, tellement dressé qu’il lui faisait presque mal. La jeune femme le libéra, l’expression sur son visage fut témoin de sa satisfaction. Elle sortit une langue alerte et commença à humecter le gland turgescent. Déjà, un liquide transparent s’en extirpait, présage de l’explosion imminente. La rousse aux yeux de braise n’avait le sexe en bouche que depuis dix secondes qu’elle entendit une voix tressautante la supplier :
Assez éveillée pour avoir compris le message dès la première sommation, elle cessa et se redressa sans se déparer de son sourire.
À nouveau debout, elle détacha ces escarpins et langoureuse retira les deux lacets qui nouaient ses chevilles. De son string, elle récupéra deux autres ficelles, laissant voleter le voilage retenu auparavant par les deux liens. Une paire de fils dans chaque main, elle commença à tournoyer dans l’air. De temps en temps, les courroies la fouettaient et dessinaient sur sa peau de pêche, des marques rectilignes carmin qui s’estompaient au rythme de ses courbures. Dans une dernière ondulation, elle revint vers Marc. Elle saisit sa main droite et l’attacha au barreau du lit, avec une lueur étrange aux pupilles. Le jeune homme, en transe, se laissait faire, littéralement emporté dans le flot du désir de cette fille. Elle fit de même avec chaque membre, de façon à ce que le corps nu de Marc forme une croix incapable de mouvements.
Satisfaite, elle l’embrassa furtivement et recommença à le branler, avec la même douceur doublée de violence. Elle lécha les bourses de ce garçon, qui maintenant ne pouvait plus rien faire que de subir. Le jeune étudiant, sentant à nouveau sa sève monter, tenta de la calmer, avec une simple question :
Comme il l’attendait, elle stoppa. Ses sourcils étaient légèrement froncés. Ce qu’il n’attendait pas, en revanche, c’est qu’elle réponde.
Devant la mine déconfite de sa victime, elle reprit la queue en main, accélérant la cadence. Marc n’avait jamais dit son nom de famille à cette fille, ça voulait dire qu’elle le connaissait.
Sans arrêter ce qu’elle faisait, elle répondit, d’une voix dénuée de sentiments :
Tout lui revenait à l’esprit maintenant. Dans un état second, à mi-chemin entre la jouissance et la peur, il dévisagea cette fille…
Il voulait se débattre, mais il ne pouvait pas. La seule chose qu’il savait, c’est qu’il allait jouir, d’un instant à l’autre.
Elle accéléra ses va-et-vient, amplifia son étreinte sur le membre raidi au maximum. Elle voulait qu’il jouisse, comme jamais auparavant.
Alors qu’il ferma les yeux dans des convulsions incontrôlées, elle plaça deux doigts de son autre main dans l’anus du jeune homme, décuplant ainsi son orgasme.
Il éjacula en longue saccade, chacune d’elle lui arracha un râle hébété. Le foutre était étalé sur sa queue et autour comme les pétales d’une rose.
Presque en état de choc, Marc ne pouvait absolument rien dire. Il ne pouvait qu’observer, sidéré, Rose se rhabiller, avec un naturel irréel. Avant de sortir, ses yeux perçants croisèrent à nouveau le cadre contenant la photo du couple. Elle le saisit, l’embrassa délicatement, et sortit en claquant la porte. Sur le cadre, entre les deux garçons, était à présent gravée la trace d’une rose, d’un rouge sanglant.