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Temps de lecture estimé : 15 mn
23/06/05
Résumé:  Une pause au-dessus de la mêlée.
Critères:  fh magasin fellation délire fantastiqu
Auteur : Athanor      

Série : Le Bazar

Chapitre 04
Comment en apprendre sur le Bazar ?

Inspiration… Expiration…

Le bien-être se limite à peu de chose, finalement. Allez encore une fois :

Inspiration… Expiration.


Wahhh ! La vache ! C’est un mouvement tellement automatique, qu’on ne se rend même plus compte du plaisir qu’il procure. C’est une quinte flush royale, c’est comme : « Vous pouvez sortir de prison, vous placer sur la case départ et rafler mille fois la mise. Youppie ! »


Je m’étais réveillé dans un endroit inconnu. Il faisait un peu chaud et l’air semblait un peu vicié, mais qu’importe, j’étais bien. Bien, mais faible. Tourner la tête pour regarder autour de moi était un exercice difficile. Vision d’étoiles, bonbons roses, etc….



J’eus un sursaut lorsqu’elle plongea sa main gauche au niveau de mon entrejambe. Elle semblait rechercher quelque chose, puis il y eut un bruit de succion. Sa main se retrouva alors dans mon champ de vision. Elle était pleine de boue.



Elle se débarrassa d’un geste de la boue et sa main disparut une nouvelle fois de mon champ de vision.



Je sentis de l’eau couler, au niveau de mon sexe et une éponge nettoya ma queue flasque et - je le remarquai enfin - douloureuse. Elle prit mon sexe, entre l’index et le pouce, pour observer son état.



Pour la seconde fois, elle était gênée. Le plus bizarre, c’est que je trouvais ça beau. Sa main avait repris son travail et je sentis quelque chose de froid recouvrir mon entrejambe. Une nouvelle couche de boue.



Aussitôt, son ombre disparut dans la nuit. Mon sexe, au frais, reprit une taille normale. Je m’endormis.


*


Nouveau réveil…

Je sens des doigts, entre mes jambes, qui me chatouillent les bourses. J’essaye de me relever, mais cette foutue douleur au côté gauche me paralyse. Je la croyais partie, mais elle s’obstine. Je parviens malgré tout à relever la tête.


  • — Céline ? Mais qu’est-ce que tu fous ?
  • — Chuuuut… Je te soigne. Cette foutue boue n’est pas assez bien, pour une queue comme la tienne.

Elle sourit, commence à me lécher le gland et je ne peux m’empêcher de pousser un soupir de soulagement et de contentement mêlés. Sa langue est fraîche et douce. Mon érection me fait un peu mal, mais elle me prend en bouche et la douleur s’envole.


  • — C’est bon ? demande-t-elle.
  • — Plus de douleur, c’est magnifique…
  • — Ne bouge pas de trop, tu vas la gêner.
  • — Gêner qui ?

Je fais un nouvel effort pour relever la tête, mais c’est dur. J’ai juste le temps de voir Céline avec un nouveau sourire. Ce dernier m’inquiète. Ce n’est pas un sourire normal. Je jette un coup d’œil dans le miroir, qui se trouve au-dessus de ma tête et je vois.


Je la vois !


La créature blanche est à ma gauche, agenouillée près mon bras. À présent, je sens ses dents sur mon membre sanguinolent. Elle me bouffe le bras ! Cette saloperie me bouffe le bras !!!


Je tente de me dégager, mais mon côté n’est pas seulement paralysé ou douloureux, mais il est aussi pratiquement décharné. Je veux appeler Céline à mon secours, mais elle reste à sa place, gardant son sourire narquois, devant mes efforts inutiles.


D’un coup de pied, je la dégage de mon entrejambe. Elle s’affale en arrière, morte de rire. À coups de tractions et à l’aide de mon bras droit, je commence à me dégager. Ma clavicule gauche ne veut pas se décoller du sol. Je force ! L’articulation grince, craque. J’ai peur qu’elle cède et je le souhaite, en même temps. La sueur envahit mon front. Les derniers craquements raisonnent dans ma mâchoire et remonte le long de ma boîte crânienne.


Tout lâche brusquement. Le bout de la clavicule retombe par terre et, entraîné par la poussée de mon bras droit, je me relève brusquement. Mes côtes éclatent et se séparent de leurs sœurs jumelles de droite comme des boutons à pression d’un manteau dont on écarte les pans.


Mes jambes restent solidaires de mon corps. Je ne sais comment, je me redresse. La créature blanche n’a pas interrompu son repas et je vois mon cœur, toujours sur la paillasse. Il bat, il bat toujours. Seul un cordon me relie à mon côté gauche. Je crois que c’est mon intestin…


Sans la pression de mon cœur, le sang commence à quitter ma cervelle et je l’entends dégouliner par terre. Je ne regarde pas. De toute manière, je sens que je vais m’évanouir. Mais avant que je ne fasse un geste, la créature me regarde la bouche pleine de ma chair. Elle crache et me saute à la gorge. Mon hurlement n’est qu’un infâme gargouillis.


*


Nouveau réveil…

Il était vrai celui-là. Enfin, un cauchemar habituel, dirons-nous.


Le temps passa en silence. Quelques chuchotements. Des bribes de conversations dont le sens m’échappait. J’entendais souvent la voix de Tess, la seule personne que je connaissais. C’est elle qui fut ma seule « infirmière ». Elle venait ôter la boue puante, qui – selon ses dires- guérissait mon sexe. Tess était une jeune blonde, mince et musclée. Avant son entrée au Bazar, elle devait passer du temps à cultiver son corps pendant que je cultivais mon cancer à coup de clopes. J’en avais envie. De clopes aussi.


Le temps passa… Oui, mais je n’avais aucune idée du temps justement. Seul mon estomac pouvait me renseigner…



Je me redressai. Nick. Un homme d’une cinquantaine d’années, cheveux courts, poivre et sel, le visage assez sec, coupé au couteau. Une cicatrice creusait sa joue gauche.



Nick ricana et regarda autour de lui.



« Le Bazar… Depuis quand il existe ? Pourquoi certaines personnes entrent et sortent sans rien voir ? Pourquoi il s’empare de simples quidams, comme nous ? Au hasard ? Suite à une sélection précise ? Même si plusieurs d’entre nous en ont une idée… Nul ne peut être sûr de rien.


Il est là, il existe, nous sommes dedans et nous voulons sortir. C’est tout.


Je ne sais comment, il utilise nos pulsions sexuelles pour nous asservir. Toute personne qui reste trop longtemps sous son influence devient son esclave. Tu as dû remarquer que tu as changé un peu, non ? Nous devenons l’image même du désir. Nos défauts s’effacent, certaines zones de notre corps deviennent des objets de fantasmes. Ou de nos fantasmes. Combien d’hommes souhaiteraient avoir un sexe démesuré ? Et combien de femmes, même si elles s’en défendent, préféraient se faire prendre par un tel homme et s’en vanter auprès de leurs copines ? Lors de mon passage, ma musculature s’est modifiée, mon sexe est devenu plus gros et plus long. Les femmes, comme Tess, connaissent aussi des changements. Le ventre plat, les seins plus proéminents, des fesses plus rebondies… Sans compter la libido de chacun.


Le Bazar utilise en plus nos fantasmes les plus secrets. Et le pire, c’est de se rendre compte de tout ça et de ne pouvoir rien faire pour se combattre soi-même. Le fantasme, ce qui nous fait rêver depuis si longtemps, que l’on n’a jamais osé réaliser, nous tend la main et il faudrait le refuser ? Avoir assez d’énergie pour combler un groupe de femmes ou d’hommes et dire « Non, je rentre me faire moine » ? Dur… Très dur. Mais c’est la seule solution, parce que sinon, tu deviens la chose du Bazar, prêt à te jeter sur une nouvelle proie.


J’ai remarqué la créature morte qui était à tes côtés lorsque nous t’avons ramassé. Inutile de te préciser donc que le Bazar crée aussi ses propres personnages. Ceux-là peuvent être bons ou mauvais ou les deux. Comme la Buffy qui a tué la créature, mais qui s’est empressée de te sauter dessus. Je ne sais pas si tu as déjà rencontré des hermaphrodites, mais ils/elles sont légion. Ce sont des gens assez bizarres qui vivent en clans. Ils ont un visage unisexe, de la poitrine et on ne voit leur sexe féminin que lorsqu’ils/elles ont leur sexe masculin en érection. Mais la plupart du temps, les personnages du Bazar ne sont rien d’autre que de la figuration.


Pour en revenir à nous, je dirais que nous sommes un groupe assez hétéroclite. Le plus jeune d’entre nous a 20 ans et la plus âgée a 55 ans. Mais je te parle d’un âge physique, bien sûr. D’après ce que tu as dit à Tess, tu es entré dans le Bazar en 2000. Dans ce cas-là, le jeune de 20 doit avoir 60 ans. Tess a 21 ans, mais elle est entrée dans le Bazar en 1989. Moi, je suis entré en 1978.


Oui, je sais ce que tu te dis. Mais cela ne fait pas 22 ans que je suis là. Le temps comme nous l’entendons n’a pas sa place, ici. Il se peut que nous récupérions bientôt quelqu’un d’une vingtaine d’années qui ne soit pas encore né en 2000. Tu peux t’amuser à te casser la tête sur ce problème, mais je te conseille d’inventer un nouveau vocabulaire.


Voilà où nous vivons à présent.

Des questions ? »


Et en plus, il souriait, l’animal. Il me disait tout simplement que j’étais entré dans la quatrième dimension du porno, à deux doigts de devenir un vampire du sexe. Mais à part ça, la famille, ça boume ?



J’avais été à deux doigts de tomber dedans, avec la veste bleue. Je ne savais pas d’où elle venait, mais je l’avais rejetée. La contre-attaque du Bazar avait été violente. L’esprit de groupe sur l’individu isolé, on peut dire.



Sortir du grenier et retomber dans le Bazar. Ce n’était pas vraiment ce que j’espérais. Trouver une porte, ça paraissait plausible, mais une clef. Et pourquoi pas aller baiser dans une botte de foin et rechercher une aiguille entretemps ?


Une autre idée me vint en tête et ce n’était pas la meilleure du moment. Le Bazar se foutait peut-être de ma gueule. Une autre ruse de sa part. Me faire croire que j’étais en sécurité et me convaincre de retourner l’affronter. Mais toujours la même question :


Quelle en était la finalité ?


Avoir des esclaves ? Se retrouver 24 heures sur 24 sur une chaîne porno ? Tout simplement être le maître de débiles profonds qui ne pensent qu’à baiser ? Une expérience sociologique d’un savant fou ?


Nick disait que le Bazar répondait à des lois inconnues. Je n’en avais eu aucune preuve concrète. De bons effets spéciaux, de bons maquillages et quelques doses de drogue pouvaient expliquer ce qui m’arrivait. En fait, je n’avais que la parole de Nick. Et si c’était lui, tout ça ?



Je la regardai, rassuré et heureux de trouver un visage familier. Mais en même temps, je ne savais quoi dire. Nous étions, plus ou moins, redevenus normaux, mais nos uniques discussions avaient été sexuelles. Comment dire bonjour à une inconnue, après lui avoir promis de l’envoyer brutalement au septième ciel ?



Elle retourna dans la pénombre, sans doute aussi gênée que moi. Je terminai de m’habiller et décidai de laisser faire les choses. Jouer le jeu, en apprendre le plus possible, quitte à faire cavalier seul par la suite. Et surtout garder le contrôle ! D’après mes dernières expériences, ça allait être dur.



Elle se retourna vers moi.



*



Je sentis son corps se retourner vers moi. Ce n’était peut-être pas la meilleure solution. Je veux dire de dormir l’un contre l’autre. Il est vrai que nous avions chacun notre couche. Et puis, il y avait ce besoin que nous ressentions tous les deux. Etre avec une personne connue.



Elle avait dit cette dernière phrase en se redressant. Dans la pénombre, je devinais sa silhouette. Ses cheveux courts, en bataille, le contour de son visage.


J’ai caressé sa joue. Si douce. Elles étaient lointaines, ces grimaces de jouissance tant espérées et obtenues, d’une manière ou d’une autre. Elles étaient loin et tellement hors propos. Loin de me rejeter, elle inclina la tête pour suivre le mouvement de ma main. À mon tour, je me suis redressé. Mes lèvres ont frôlé les siennes et, brusquement, j’ai senti sa langue contre mes dents. Ce fut le début d’un long baiser. Passionné.


Sans faire de bruit, elle s’assit, à califourchon, sur mes hanches. En contre-jour, sa silhouette se découpait. Elle retira son T-shirt et me dévoila le haut son corps. J’ai aimé son ventre plat, sa respiration rapide qui montrait sa nervosité. J’ai aimé son visage, son sourire, presque forcé pour me rassurer ; son nez un peu retroussé et ses yeux mi-clos. Mon sexe était raide et je sentais le sien humide. Ce n’était rien, rien d’autre qu’une réaction normale. Elle s’est blottie contre moi et j’ai senti la pointe de ses seins me caresser le torse avant de s’écraser contre moi. Sa peau était douce et fraîche.


Rien d’autre qu’un doux baiser. Ne me croyez pas fleur bleue, mais c’était tellement simple. Si peu et pourtant, presque tout un univers. Car, dans cette étreinte, où le sexe n’avait pas sa place, nous avions vaincu le bazar… Tout au moins, gagné une bataille.


La douce Irina se laissa glisser dans le sommeil, contre mon épaule. Je l’ai regardée longtemps, très longtemps. J’avais des fourmis dans le bras et une crampe commençait à poindre. Je n’ai pas bougé. Je suis resté là, à avoir mal, comme un imbécile. J’étais bien.



*


Le lendemain, Tess m’attendait, prête à redescendre dans le Bazar



Tess me regarda, un peu étonnée, puis entreprit la descente. À mon tour, je passai mes pieds dans ces échelons de corde. Frissonnant à l’avance à l’idée de me découvrir.


« Connais-toi toi-même ». Je n’étais pas sûr de me plaire.


Dans les ébats que j’avais eus dans le Bazar, seul mon plaisir avait de l’importance. Non, il y avait autre chose. L’impression perverse que mes compagnes n’étaient que mes choses. Qu’elles étaient en mon pouvoir ! Je pouvais les traiter de tous les noms. De chienne, de pute, de salope… Et elles l’acceptaient. Etait-ce ça ? Est-ce que c’était ça, mon fantasme caché ? Dominer, humilier par les mots et jouir de ça ? Ce que la raison déduisait, mon esprit le refusait. Je ne pouvais pas être ainsi, je ne DEVAIS pas être ainsi !!


Lorsque ma tête passa le plancher du grenier, je regardai autour de moi. Aucun mur. Aucune limite. Que des rayons de produits variés. Des rayons à perte de vue, même si quelquefois des niveaux différents bouchaient l’horizon.


Et pourtant, quelques parts, se trouvait une jeune fille qui était la femme que j’aimais et qui suppliait qu’on la sodomise.


Et pourtant, quelque part, quelqu’un avait une clef.


Et cette clef ouvrait LA porte.