n° 09376 | Fiche technique | 12693 caractères | 12693Temps de lecture estimé : 8 mn | 06/07/05 |
Résumé: Quatre mois sans le voir, et aujourd'hui il est là, en haut de cet escalier. | ||||
Critères: hh couple amour volupté anulingus préservati hsodo ecriv_f | ||||
Auteur : Lise-Elise Envoi mini-message |
Quatre mois.
J’ai déjà monté cet escalier vite, mais sans doute jamais à ce point. J’arrive, haletant, sur le palier. Je n’ai pas le temps de lever le bras pour sonner. La porte s’ouvre, il me happe, il m’aspire et sa bouche enfin se colle à la mienne.
Quatre mois.
J’avais été envoyé en mission en Thaïlande. Une saloperie de plate-forme à expertiser. En fait, nous étions deux du Génie sur place. Moi pour le côté corrosion, et Denis Gédenard pour la résistance mécanique. Quatre mois à faire des mesures, décider de plans de plongées, analyser des courbes et renvoyer quatre-vingt fois les mêmes prélèvements au labo. Quand j’avais demandé à pouvoir revenir une semaine en milieu de mission, ça m’avait été refusé. On a parlé de coût, de retard, et puis l’argument ultime : « Voyez Gédenard, il a une femme et deux gosses, et il s’arrange. » Connerie d’argument. Ç’a porté, bien sûr. Ça porte toujours. Est-ce que si j’étais hétéro je n’aurais pas si peur de me défendre ?
Quatre putains de mois.
Il déboutonne ma chemise, maintenant. Je sens son souffle sur mon torse, moi je halète encore, essoufflé par ma course et surtout par le plaisir. Je cherche sa bouche. Sa joue râpeuse irrite mes lèvres, c’est bon. Je trouve sa bouche, je la prends. Ces baisers trop fougueux, ces baisers d’après l’abstinence, me font souvent penser aux luttes que peuvent avoir entre eux les mâles en parade nuptiale. Nous cherchons un accord, nous voulons trop, trop vite. Mes dents choquent les siennes, je recule un peu, il me cherche, me fouille, je réponds à mon tour, son souffle devient court, il cherche à reculer. Je passe ma main derrière sa tête, pour le garder. Il s’appuie sur mon poignet, je m’avance un peu. Sa main elle aussi vient forcer mon baiser. J’aime cela. J’aime quand nos langues mêlées, nos corps l’un contre l’autre, nous font nous retrouver.
Quatre mois.
Le samedi, le directeur de la plate-forme nous sortait, Gédenard, moi et souvent quelques clients. Il nous disait monts et merveilles d’un nouveau restaurant local, où l’on servait invariablement une cuisine salée, sucrée et épicée à la fois. J’aurais bien été incapable de dire ce qu’il y avait dans mon assiette, ou même si je trouvais ça bon. Mais ça changeait de l’alternance steak-frites/colin-haricots que l’on servait aux Européens sur la plate-forme. De toute façon, qu’importe. Car la conversation tournait inévitablement autour des escort-girls qui, dans une avalanche navrante de clichés, agrémentaient ces repas.
Quatre mois.
Ces jolies Thaïs, robe de satin noir ou rouge au décolleté sage et à la jupe fendue presque jusqu’à la taille, parlant à peine anglais, faisaient à elles seules les frais de la conversation. Gédenard les questionnait de manière innocente, puis faisait à notre intention pléthore de jeux de mots gras. Il était souvent en cela suivi par les clients. Je me bornais à sourire, en feignant de me préoccuper de ma voisine. Ces repas, heureusement, ne s’éternisaient pas. Aucun des convives masculins ne souhaitait trop boire.
Quatre putains de mois.
Ma chemise est tombée à terre, ses mains s’approprient mon dos et ses caresses dures m’arrachent des soupirs. Je me bats avec sa ceinture, il ne me rend pas la tâche facile car ses mouvements précipitent périodiquement son bas-ventre contre le mien. J’y arrive enfin, je peux, à travers le tissu du caleçon, sentir la tige dressée. Ma main s’affole. Je pourrais le branler comme ça. Il s’écarte. Il se recule. Il me toise. Il est beau et il le sait. Un minet latino, juste un peu trop grand pour rentrer tout à fait dans le moule. Son regard est défi et promesse à la fois.
« Tu la veux, ma queue ? »
Je souris. Je hoche la tête lentement, en croisant les bras.
En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, il est nu comme un ver. J’aime le regarder. La pénombre fait sur sa peau des reflets dorés. L’arc de ses sourcils, l’arête du nez, l’attache de l’épaule. Que j’aime, au moment de la jouissance, planter mes dents dans la peau tendre de son cou !
Et sa queue… Si un jour on m’avait dit qu’une queue me ferait mettre à genoux ! Mais j’y suis déjà, à genoux, et je quémande le droit de prendre possession de cette tige pâle.
Il baisse les paupières, avec ce sourire sardonique qu’il a dans les moments intimes. Je plonge mon nez parmi les poils. Je respire cette odeur un peu sure, acide. J’embrasse lentement la base de chaque couille. « Tu m’as tellement manqué », dis-je avant de l’emboucher.
Le taxi nous déposait à l’hôtel, chacun munie d’une petite femme gracile. J’entraînais généralement ma partenaire au bar, et je lui donnais un pourboire substantiel, avant de lui serrer la main en lui souhaitant bonne nuit. La surprise de ces jeunes femmes, leurs sourires, étaient l’illumination de ces soirées.
Gédenard mit du temps à se rendre compte de mon manége. Mais dès qu’il s’en aperçut, il prit ses distances. Une sensation de panique trop bien connue me submergea dès les signes d’alerte. Je sais trop ce qu’homo veut dire, dans les milieux d’hommes. Cette altérité-là est trop dure à dépasser quand on passe de longues semaines sans autres contacts humains que professionnels. Mais ma tactique est bien rodée. Il y eut un moment où je réquisitionnais une bonne copine pour aller boire un verre en riant ostensiblement. Ce n’est plus nécessaire. J’attaque.
Venant de ma part, la question surprend. Je suis plus réservé d’habitude. Il est un peu sur sa défensive.
Il se détend un peu. Il est vrai que la professionnelle dont il avait hérité avait des gestes d’une sensualité émouvante. Il se rengorge.
Il est sur le point de repartir. Puis il se ravise. Je crois connaître cette chorégraphie par cœur.
Est-ce que c’est le reflet de son alliance qui m’a donné envie de mordre ? Ou sa grossièreté ? Je suis plus amène d’habitude. J’ai répondu :
Il a changé de couleur. Le lundi suivant, il m’a pris à part, avec un air de complicité qui m’a écœuré.
J’ai eu honte, ensuite. Cette vertu-là, je ne sais pas si elle me va bien. Je n’ai jamais payé encore. Mais je ne sais pas ce que je ferais si, au lieu de ces jeunes femmes dociles, on me proposait un homme aux lèvres pleines et au petit cul doré. Est-ce qu’alors je refuserais vaillamment ? Il est si facile de décliner ce qu’on n’apprécie pas.
Je pompe avec délice. La peau fine et sèche devient plus tendue encore, et ma salive imprègne peu à peu le membre. Ma langue joue avec le bourrelet de peau, agace le gland dur et chaud, lisse, que j’aime coiffer de mes lèvres. J’agace le frein, il est si tendu qu’il en est presque coupant. Christophe gémit :
Je m’éloigne. Me relève. Je me dirige vers la chambre, je termine d’ôter mes vêtements. Christophe s’approche de moi, m’enlace. Il m’embrasse la nuque pendant que ses mains descendent sur mon bas-ventre. Il procède par effleurements, et ces caresses trop légères sont insoutenables. Il cueille une goutte à la pointe de mon sexe, et la porte à sa langue. Puis il conduit mes lèvres vers les siennes. Sa barbe naissante agace ma peau.
Je saisis son poignet au moment où sa main redescend. J’ai trop de désir pour jouer.
Quand le retour est arrivé dans la conversation, Gédénard a proposé de me déposer.
J’avais envie de gueuler que ce n’était pas la peine, qu’il n’avait pas besoin de se faire pardonner. Je voudrais, parfois, pouvoir être moi-même. Mais j’ai décidé de cacher ma vie privée, et je savais, lors de ma décision, ce qu’il en coûterait.
Mieux à faire que me retrouver ? Que de se garer sur une voie sans issue ou dans une friche industrielle pour prendre tout de suite un plaisir que nous ne voulons pas attendre ? Mieux que de m’offrir sa bite dure, excitée plus encore par la situation inconfortable ? Des sensations de métal chaud, de soleil, de frottement de corps et de tissus. Non.
Marie-Thérèse est l’exact contraire de ces prostituées que Gédenard s’était envoyé. Blonde, grande, opulente, les seins et les fesses ondoyant au rythme de ses pas. Elle se parfume beaucoup et dans la voiture, derrière elle, j’ai mal au cœur. Je ne sais si c’est le parfum ou la situation de complice à laquelle m’astreint mon collègue. Je dépose ma valise. J’hésite à prendre une douche, mais non, l’abominable odeur ne m’a pas suivi. J’ai trop de désirs pour m’attarder. Christophe habite à deux pas.
En souriant - et son sourire, par sa tranquillité, allume en moi un éclair de jalousie - Christophe s’étend sur le lit. Il est vain d’espérer que ce charmant diable soit fidèle… Il dit que je l’aime pour son cul. Et il me le tend, son cul.
Je patiente encore. Je fourre ma langue entre ses fesses. Je sais que cette caresse-là le ravit. Je m’applique à déplisser sa rosette, avant d’aller un peu plus avant. Le goût est amer, âpre, et rappelle vaguement la poudre de cacao pure. La respiration de Christophe s’accélère, il pousse les fesses en arrière. À moi de le faire languir.
«Qu’est-ce que t’attends, putain ! »
Je me lève, attrape un préservatif, le déroule avec attention. Je ne me presse pas, pour donner à mon excitation le temps de légèrement descendre. Si je le prends maintenant, je vais jouir sans attendre. Je m’assois au bord du lit, et toujours sans me presser, entreprend d’enduire mon sexe de lubrifiant.
Il se relève, se penche sur mon épaule, et murmure « Si tu ne te magnes pas, je te jure que c’est ta fête » Je souris, passe mes doigts gluants le long de ma tige, et lui appuie sur l’épaule. Il pivote, m’offre son cul, jambes ouvertes et dos cambré. Je ne peux résister au plaisir de passer d’abord mes doigts, couverts du baume, sur sa raie.
Il se cambre plus encore, ondule, et grogne. Je n’ai pas plus envie que lui de faire durer cette attente. En d’autres moments. Pour l’instant, je me campe entre ses jambes, et, de la main, guide mon engin sur le chemin de nos plaisirs.
Je le pénètre lentement. Il regimbe, et d’un coup de fesses, s’empale à fond. Mon sexe serré par son fourreau, mes couilles caressées par son entrejambe, c’est lui qui mène le jeu. Ses secousses rageuses sont une délicieuse torture. Je contrôle mon plaisir, comme je peux. Pas encore.
Je reprends la main. J’impose un rythme lent, profond. Il soupire. Sa respiration devient hachée, il gémit. J’aime ces moments-là.
Peu à peu, j’accélère. L’approche de la jouissance me fait perdre le contrôle. Je donne des coups de reins désordonnés, violents. Mes bras tremblent. Tout mon corps tremble. Je jouis.
Je me dégage, ôte la capote flasque, et m’affale sur le dos. Avec tendresse, il vient donner de petits coups de langue sur mon torse trempé de sueur. Il m’embrasse, avec douceur. Il me semble que je bois à ses lèvres. Il susurre :
Quatre mois.