Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 09509Fiche technique10121 caractères10121
Temps de lecture estimé : 8 mn
02/08/05
Résumé:  Texte avec thème imposé et téléphone.
Critères:  f h couple toilettes telnet amour revede lingerie fmast hmast nopéné ecriv_f
Auteur : Lise-Elise  (Auteur en recherche de sa voie)            Envoi mini-message

Concours : La neige
Jeudi 24 février 2004, 23 heures

Il n’y a plus grand monde dans l’aéroport. L’atmosphère a commencé à se détendre. Peu à peu, chacun s’est formé une bulle, à l’aide d’un sac, d’un poudrier, d’un portable. Maintenant nous savons que nous passerons la nuit ici, alors nous en prenons notre parti. Plusieurs personnes téléphonent à leurs proches, un groupe de jeunes, peut-être des basketteurs, s’installent comme ils peuvent pour passer la nuit. Une femme fouille dans son sac, peut-être pour chercher sa trousse de toilette. Je marche un peu, salue l’homme de ménage d’un geste. Mes pas résonnent étrangement. On a si peu l’habitude de marcher lentement dans un hall de départ.


Je tripote nerveusement mon portable. J’hésite. Si elle dort, je vais la réveiller. Mais si elle attend mon appel ? Je ne sais pas.


Elle met le téléphone près du lit lorsque je m’absente. Elle dit, comme ça, je dors avec toi quand même. Quand je l’ai appelée il y a deux heures, elle avait l’air fatigué, mais ça ne veut rien dire. Juste après le boulot, elle est généralement fatiguée. Ça passe un peu plus tard. Mais pas toujours. Comment faire ?


Elle va sans doute s’inquiéter, demain, si elle ne sait pas où je suis. Si mon avion part tôt, je ne pourrais pas l’appeler avant qu’elle parte bosser. Elle n’aime pas que je lui téléphone à son bureau. Ça la déconcentre, elle doit tout reprendre ensuite. Il vaut mieux que je l’appelle maintenant. Je m’éloigne encore un peu des autres voyageurs et j’appuie sur la touche « tél. ».


Elle met un peu de temps à décrocher. Sa voix est rauque. Je l’imagine, petit animal brun noyé dans le lit crème, quelques plis tatoués sur la joue, se frottant les yeux d’une main avec le combiné dans l’autre.



Menteuse !



Je la vois, émergeant à peine, une épaule dénudée. Elle porte des chemises de nuit à fines bretelles, pour mieux me plaire. Elle sait que j’aime ses épaules. Je les trouve adorablement féminines.



Elle a toujours cette voix rauque, et ses réponses ont un accent chantant qui me trouble un peu. Et si elle ne dormait vraiment pas ? Souvent, dans les périodes où le stress m’empêche de lui faire l’amour, il m’arrive de la voir sortir de la chambre, les yeux brillants et les joues rouges, avec cette lenteur contente qu’elle a lorsqu’elle a joui. Est-ce que je l’aurais dérangée ?



Le ton un peu ironique m’intrigue.



Maintenant, je veux savoir. Elle m’a ferré.



J’entends des chocs. Elle se lève, sans doute. Elle doit se baisser pour chercher ses pantoufles, elle les envoie toujours balader. Dans ces moments-là, je me penche un peu, pour mieux voir ce que sa nuisette découvre. J’insiste.



J’ai fait ma voix de crooner, elle ne sait pas y résister.



Elle a dû trouver ses chaussons, je l’entends marcher.



À peine a-t-elle commencé que je n’écoute déjà plus. Elle peut tenir trois quarts d’heure sur une virée shopping, et l’entendre parler chiffons ne me passionne pas. Si c’est la surprise, alors il doit s’agir de vêtements. De la lingerie, peut-être. Je fais hum, de temps à autre, sans suivre. Je déambule un peu, je repense à sa voix, tout à l’heure, embrumée.


Je l’imagine dans le lit, couchée sur le côté. Elle a repoussé la couette, trop chaud, soudain. En mon absence, elle met le chauffage trop fort, elle dit qu’il fait froid quand je ne suis pas là. Je la vois de dos, ses épaules, avec le grain de beauté à gauche, à la naissance du cou. Sa chemise trop courte s’est retroussée, et dévoile impudiquement ses fesses. J’aime regarder la ligne d’ombre qui les sépare. C’est un lieu d’aventure, excitant et dangereux. J’aime glisser ma main entre ses cuisses, par derrière, pour atteindre son sexe. Elle ne me laisse progresser que peu à peu, décidant de ma progression au rythme de son désir. Je promène ma langue sur son cou, sa nuque, son oreille. Elle soupire, entrouvre les jambes, et mon doigt s’insinue. Tant qu’il n’est pas assez prés, je dois me contenter de pressions douces. Davantage la feraient se dégager. Mon autre main va chercher son sein et le caresse, paume ouverte, sans appuyer. Elle se love contre moi, ondule. J’avance encore. Avec douceur, je commence à promener mes doigts le long des lèvres rouges, et je prends, peu à peu, possession de son plaisir…



Je n’écoute que le son de sa voix, pas les mots. Elle le sait. Mais son bavardage me rassure. Il me rapproche d’elle. Je peux presque sentir son odeur. Une odeur de sommeil, chaude, avec la pointe salée du plaisir, le parfum d’herbe et d’algues de son sexe, et aussi la touche musquée, acide, de la sueur, cette odeur qui est la sienne lorsqu’elle s’est donnée seule du plaisir.


J’imagine sa main nichée au creux de ses cuisses. Ainsi, on devine le mouvement de ses doigts sur la petite colline de chair et on aperçoit, par éclair, le rouge sombre de son sexe. Les cuisses pâles, les boucles noires de sa toison, et cet incarnat. L’eau m’en vient à la bouche, je voudrais la goûter.



Elle se tait. J’entends un bruit de vaisselle. Elle doit se faire un café. C’est elle qui m’a offert cette superbe machine à expresso, un monstre chromé, qui remplit à ras bord ses hautes tasses en grés. Elle s’en sert dix fois par jour. Je me demande toujours comment elle peut boire autant de café et dormir aussi facilement.



Elle s’étrangle de rire au téléphone. La guêpière, c’est notre private joke. Je n’imagine même pas qu’elle puisse en porter une un jour.



J’ai pris ma voix la plus grave, pour dire ça. Je pense la faire rire encore. Mais la réponse me surprend



J’imagine très bien. Ses tétons bruns visibles par transparence, sa peau mate mise en valeur par le duvet blanc, et les deux pans ouverts sur son ventre, comme le rideau d’un théâtre, pour présenter le triangle noir, bien visible et ainsi souligné. Les bruits que j’entends, petits chocs de porcelaine qui parlent tellement de la vie courante, ne font que renforcer son indécence. Elle est dans la cuisine, presque nue, en train de boire un café. Je bande.



Je la vois, le ventre collé au verre froid, les tétons érigés par le contact agaçant.



Pourquoi ce mot-là ? Je ne sais pas. Je me suis juste décidé. J’ai repris ma marche, avec un but, cette fois.



Elle est amusée. Je ne lui ai jamais demandé ça.



Je l’entends sourire. Et j’entends, aussi, le léger changement dans sa respiration. J’arrive aux toilettes, et entre dans celles pour handicapés. Elles sont plus propres, en général. Je dégrafe ma ceinture, j’hésite.



Elle rit un peu, mais il y a quelque chose d’aigu dans son rire, quelque chose qui ressemble à du plaisir.

Je n’hésite plus, je me déshabille. Le carrelage froid sur mon dos, comme la vitre froide sur son ventre.



En pensée, je caresse ses fesses. J’appuie mon sexe entre elle, il est bien, là, lové entre les deux globes. Le duvet de cygne caresse mon gland à chacun de ses mouvements.



Sa voix est rauque, de nouveau, sa respiration rapide. Ma main est sur mon sexe et va-et-vient.



J’entends, je crois entendre un gémissement sourd. Je me branle plus fort. La faïence contre mon dos est chaude maintenant.



Je l’entends vraiment, maintenant. Un son sourd, étouffé, et une respiration haletante. Puis un gémissement. Elle a joui. Elle a dû jouir.



De gros flocons blancs tombent, sur le carrelage de l’aéroport.


J’entends à nouveau des bruits de porcelaine. Elle doit laver sa tasse. Elle va regagner la chambre, se lover sous la couette. Elle se caressera peut-être encore, avant de s’endormir, une main entre ses cuisses.



Je coupe le portable. Je suis seul, dans les toilettes handicapés de l’aéroport. J’essuie comme je peux le sperme sur le sol, je me lave les mains, me rhabille. Je sors, en essayant que les portes ne claquent pas. L’homme de ménage m’adresse un signe de tête au passage. Est-ce qu’il balaie ainsi toute la nuit ?


Dans la salle d’attente, certains dorment déjà. Derrière un escalier, un clochard s’est installé, trois cabas soigneusement alignés derrière lui. Il fait un peu froid.


Doucement, je monte vers la verrière. La piste est blanche, et quelques flocons volètent encore. Je suis dans la cuisine, contre elle. La lumière de la pièce voisine est allumée, créant une douce pénombre. J’ai une main sur son ventre nu, l’autre sur l’un de ses seins. On entend juste nos respirations et le tic-tac de la pendule. Je suis bien.


Je regarde tomber la neige.