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Temps de lecture estimé : 42 mn
17/08/05
corrigé 02/11/20
Résumé:  Amour et fantasmes d'une vraie jeune fille.
Critères:  fh ffh grp jeunes cousins copains vacances campagne magasin froid anniversai amour fsoumise hsoumis fdomine hdomine chantage revede préservati gangbang jeu aliments zoo sm attache bondage yeuxbandés glaçon bougie journal
Auteur : SophieF.      Envoi mini-message
PhiloSophie

20 octobre


Mon micro a rendu l’âme. Les parents ont en conséquence décidé d’en acheter un à Antoine, qui me refile celui qu’il avait, pas assez rapide, pas assez de mémoire vive, disque dur trop petit pour le pauvre chéri, qui vient d’avoir son Deug.


Je ne faisais plus guère de sauvegardes. Perdu, mon journal intime ! Tant pis. L’aurais-je même relu, parfois ? Au début, en troisième, je le tenais surtout pour suivre les conseils de la prof. Pas un jour sans une ligne.

Le lycée m’a ennuyée autant que le collège. Sauf le français, naturellement. J’avais redoublé ma troisième. Cette année, la philo me passionne.

Je suis loin d’être la seule à être déjà majeure en terminale. Thierry a un an de plus. Il me drague. Je ne l’aime toujours pas. Il est obstiné, ce garçon. Ce matin, dans le car de ramassage scolaire (le rama, comme nous disons) il a compris que les élèves de troisième venaient de bénéficier d’un cours d’éducation sexuelle. Il était assis à côté de moi, il s’est levé et s’est penché vers les deux gamines assises devant nous, faisant les questions et les réponses :



Puis, à moi :



Je sais qu’aux États-unis certains jeunes gens, garçons et filles, font le vœu de rester vierges jusqu’à leur mariage.


Sois franche, Sophie, c’est surtout parce que tu n’as pas rencontré un garçon qui te plaise assez, dont tu aurais été amoureuse… Amoureuse, je le suis. De David, et depuis longtemps. Mais David…


Et aussi par peur d’être déçue, comme Delphine ou Virginie, qui porte si mal son prénom.



21 octobre


J’ai mes règles. Donc, mal foutue, seins douloureux Ils sont plutôt d’une taille inférieure à la moyenne, si j’en crois les fichiers de photos qu’Antoine a laissé traîner sur son disque dur. Ceux de Liliane sont plus gros que les miens. Nettement. Et elle a, au pubis, des poils en plus grand nombre. Enfin c’est surtout parce qu’ils sont noirs, et… Quel style, Sophie ! La prof avait raison, finalement.


En cours de philo, aujourd’hui, initiation à la caractérologie. Je suis :



Donc, une passionnée.




22 octobre


David a plaqué Caroline. C’est Liliane qui me l’a dit. Elle a vu Caroline en ville avec un horrible balourd. Voilà qui change tout !



23 octobre


Une partie de mon journal disparu traitait de mes déboires avec le moniteur d’auto-école. Un beauf, un bellâtre, qui se croyait irrésistible. Mettez vos mains comme ceci sur le volant, jolie demoiselle. Puis, très vite, laisse-moi te tutoyer, c’est plus pratique. Et : Prends donc à droite, ce petit chemin, arrête le véhicule, on révise le code. Sa main sur mon épaule, autour de mon épaule, sur un sein. Ses lèvres dans les cheveux. Sur mes lèvres. Sa main sous mon chemisier, puis sous mon soutien-gorge. Je ne l’aurais pas toléré d’un garçon de ma classe.


Sophie, pas de mensonge ! Je l’ai toléré une fois de Thierry, au ciné-club. Avant de le remettre à sa place. Il avait la main sur mon slip, déjà ! Il m’a traitée d’allumeuse. Je n’allais pas lui raconter que je voulais rester intacte pour David… ou pour un autre, si David me repoussait.


Le moniteur d’auto-école aussi, je l’ai remis à sa place. Il avait sorti son attirail, avait mis ma main dessus, s’efforçait d’incliner ma tête… Il a fini par dire qu’il n’insisterait pas :



N’empêche, j’ai bien failli sauter le pas, ce jour-là.



24 octobre


Le prof de philo me dit que je me grise de mots. Celle de français soupirait que lorsqu’on avait, comme moi, le sens inné de la musicalité de la phrase française, il était criminel de ne pas travailler plus.


David viendra pour la Toussaint, c’est sa grand-mère qui me l’a dit. Elle est tellement fière de lui ! Il a eu sa licence l’année dernière, il continue, il ira loin. J’aime mon grand cousin David. Oh ! Très éloigné, le cousinage ! Quatrième ou cinquième degré, au moins. Il faudra bien qu’il me regarde, enfin, maintenant que je suis une femme.



25 octobre


Je me relis : Je suis loin d’être une femme. Une vierge ! Mallarmé parle quelque part de "l’horreur d’être vierge". Mallarmé Verlaine comme dit Liliane. Suis-je une obsédée sexuelle ?


Mes caresses intimes me laissent généralement insatisfaite. Cela ne me suffit plus. Avec Liliane, c’est mieux, certes. Mais c’est un garçon que je veux, et pas n’importe lequel : David ! David !



27 octobre


Thierry est venu me draguer, dans le rama. Je le traite par le mépris. Je ne l’aime pas.


Trop de "je". Le "je" est haïssable. Me corriger. Un style dense, sans fioritures inutiles. En voilà une : une fioriture est toujours inutile.


Très mal dormi, je pense à David. Il arrive ce soir, pour les vacances de la Toussaint.



29 octobre


Je n’ai rien écrit, hier. Il a neigé toute la journée, et pendant la nuit. David est venu ce matin seulement. Quatre bises fraternelles. Je vais écrire froidement ce qui s’est passé. Un constat, deux dissertations. Sujet de la première : Réactions d’une amoureuse en situation de libertinage.



Et je me suis lancée, j’avais préparé ma tirade dans la nuit, j’ai très peu dormi. Je lui ai dit que je savais qu’avec Caroline c’était fini, et qu’il n’irait donc pas la rejoindre comme d’ordinaire.



Je me suis ainsi livrée à lui. Il m’a regardée avec des yeux neufs.



Par bonheur, une heure plus tard, je l’ai revu chez sa grand-mère, à qui j’apportais le journal, bon prétexte. Une vieille voisine a dit qu’il allait encore neiger. David m’a fait signe, nous sommes sortis. Il avait pris son manteau de cuir. Un héros de "Il était une fois dans l’ouest", David ! Mon David !


Moi, j’étais légèrement vêtue. Par coquetterie, naturellement : une jupe longue, un chandail qui me moulait convenablement la poitrine. Un collant, car ma mère a toujours refusé que je mette des bas avec des jarretelles. Je sais que les hommes préfèrent cela, Antoine me l’a dit, en me montrant des photos téléchargées sur l’Internet. Si David le veut, il me photographiera sous toutes les coutures, avec les appareils numériques on ne craint plus les réactions des photographes.


Dehors, il a vu que j’avais froid. Il a pris ma main et l’a mise dans la poche de son manteau de cuir, avec la sienne. Nous sommes allés à la garde Bonnet, vers les carrières de pouzzolane. La neige recommençait à tomber, des flocons de plus en plus gros. Il m’a entraînée dans une des grottes des carrières. Il avait enlevé son manteau pour le mettre sur mes épaules. Il touchait presque le sol. Gelsomina. Fellini, avec des tas de signes dans le ciel. C’est avec lui que j’aurais dû voir le film, pas au ciné-club avec Thierry.


Nous étions debout, l’un en face de l’autre. Je lui ai dit que c’est lui qui allait avoir froid. J’ai ouvert le manteau. David est venu tout contre moi. Le manteau est tombé. Nous avons ri, nous étions bien. Nous nous sommes assis sur le manteau. Il a passé un bras autour de mes épaules, j’ai appuyé ma tête contre la sienne.


Il a descendu sa main, lentement, sur ma poitrine. Je voulais qu’il se dépêche de la glisser sous mon chandail, et même sous le soutien-gorge, mais il ne se pressait pas. Il pressait mon petit nichon, dont le bout était tout gonflé. Et mon bas-ventre, ah, mon bas-ventre était en feu. Je pensais : cette saloperie de membrane à la con, qu’il me la déchire, qu’il me pénètre, qu’il me transperce, qu’enfin il me dépucelle, et vite. J’avais follement envie de lui. De son membre en moi. De sa bite, comme disent les garçons. Et pourquoi pas en avoir la bouche pleine, s’il le voulait, avant ?


Au lieu de soulever mon chandail, il a passé sa main par l’échancrure, et m’a caressé le sein gauche par dessous le soutien-gorge.



Sa main droite a abandonné un sein pour tenter se faufiler sous ma jupe. Le passage était trop étroit. J’ai déboutonné la jupe, il a glissé sa main sous le collant, et sous le slip. Un doigt est venu sur mon clitoris. Mon petit bouton d’amour, comme dit Liliane.



Et aussitôt, la voilà dans la grotte, Liliane. - Oh pardon ! dit-elle, les yeux ronds. Puis, très vite, elle a dit qu’elle avait vu des traces de pas dans la neige, qu’elle avait bien pensé bien que c’était moi mais qu’elle croyait que je me promenais avec Antoine.


David n’était absolument pas gêné par la situation.



Il lui aurait bien demandé de s’asseoir, et nous aurait bien tripotées toutes les deux ! Je me suis dégagée, j’ai remis mon soutif, mon chandail. Liliane, je l’aurais tuée. Sur le chemin du retour, David a remis ma main dans la poche de son manteau. La sienne était sur mon épaule. Il en faisait tomber, parfois, de la neige qui s’accumulait. Il l’époussetait en me souriant. Liliane était sombre, et ne disait mot. Impossible de se débarrasser d’elle.


Si ! L’idée m’est venue. Antoine ! Qu’il vienne avec nous, l’après-midi, qu’il s’occupe d’elle. À plusieurs reprises, il m’avait dit qu’elle devenait bien jolie, ma copine.


Alors, après le déjeuner, je lui dis que nous allons nous promener, Liliane et moi, et qu’il y aura David. Que David est à moi, que je suis à lui, mais que Liliane n’attend que lui, Antoine. Étonné, on le serait à moins, il me répond qu’il neige beaucoup trop. Je rétorque que nous allons prendre les ponchos, tout simplement. Et même ceux des parents, en plus, pour abriter David et Liliane.


Nous allons chez elle. - Elle est dans sa chambre, me dit sa mère. Je l’appelle. Elle descend, les yeux rouges, ou du moins il me semble. Un petit air humble et triste. Fille soumise !



Sa mère dit que nous sommes fous, qu’il neige bien trop.



Antoine en tend un à Liliane. Elle le prend.



Elle y court, elle revient, radieuse. Nous sommes chez la grand-mère de David quelques instants plus tard. Il reprend son manteau de cuir. Je lui donne le poncho de mon père, il l’enfile par dessus son manteau.


Direction la garde Bonnet. Nos traces du matin sont effacées. David a de vieilles bottes. Moi aussi, j’ai des bottes, mais presque neuves. En cuir fauve. Toujours ma jupe longue. J’ai remplacé mon collant par des chaussettes, sous prétexte que je risquais d’avoir froid au pied. Prends les deux, a dit maman, impérative. J’ai enlevé le collant plus tard, dans les WC.


À peine sortis du village, David prend ma main, la faufile avec la sienne par l’ouverture du poncho jusqu’à la poche de mon manteau.


La poche a été décousue ! Enlevée, il n’y a plus de poche ! Et celle du pantalon a disparu, elle aussi ! J’ai tout de suite la main contre sa cuisse. Je le regarde, il me sourit. J’avance la main. Rien de plus facile que de la glisser sous le slip. Mais ne va-t-il pas penser que j’ai l’habitude ? La bite rude, comme dit cet âne de Thierry. Tant pis s’il le pense, après tout, ça le rassurera, le rendra plus entreprenant, moins craintif. Les hommes redoutent les vierges, j’ai lu cela quelque part.


Il semble bien apprécier. Ses deux couilles sont douces. Les poils ne gênent pas du tout mon exploration. Et cette colonne de chair ! "Douce colonne", a écrit Paul Valéry. Peut-être en parlant d’autre chose, peut-être pas.


Par le mouvement de la marche, ma main coulisse légèrement. Il me serre contre lui en me tenant par l’épaule. Il s’arrête, les deux mains autour de ma taille. Sa bouche vient à la rencontre de la mienne. Notre premier baiser ! Tout de suite, sa langue envahit ma bouche. Que c’est bon ! Et ses deux mains qui rentrent sous mon poncho, une qui me pétrit les seins, l’autre qui soulève ma jupe, se glisse dessous, puis sous le slip. Interminable baiser. Ah ! Si le temps pouvait s’arrêter ! Lamartine a dit cela avant moi.


Antoine et Liliane s’embrassent, eux aussi, mais plus sagement que nous : il a ses mains au dehors, sur le poncho, et elle aussi.


Nous sommes devenus en quelques instants, à nous quatre, deux statues de neige. David retire ses mains. Je sais que ce n’est que provisoire. Nous nous secouons en riant comme des fous, nous courrons vers la grotte. Et là, surprise ! Des traces de pas, venant du chemin du haut, et se dirigeant vers notre grotte ! On nous a entendu rire. Thierry s’avance, tout débraillé.



Dans la grotte, il y a Béatrice, allongée sur une couverture, la poitrine nue, et un garçon et une fille que je ne connais pas, couchés à côté d’elle, à moitié nus eux aussi. La fille, dont le pantalon est baissé, a une main dans la braguette du garçon. J’avais bien tenté de faire marche arrière, mais David m’entraînait. La barbe, la barbe, la barbe !!!


Thierry proclame que dans ces conditions, il veut ses bises, enfin ! Je refuse. David rit et me pousse vers Thierry : Mais fais-lui donc la bise, puisqu’il y tient tant ! Et lui se jette sur Béatrice, la prend dans ses bras, lui roule une pelle, comme on dit vulgairement. Elle affirme qu’elle est très contente de le revoir. Je comprendrai par la suite qu’ils se connaissent depuis des années, qu’ils ont fricoté ensemble, et qu’ils sont naturellement disposés à recommencer.


La présence de Thierry ne les trouble pas le moins du monde. Ils se pelotent, il lui pétrit les fesses, elle avance une main sous son manteau, vers… Je ne vais pas me mettre à pleurer comme une gourde. Ni me jeter dans les bras de Liliane. D’ailleurs, je ne pourrais pas : mon frère ignore complètement les autres, et la tient dans ses bras. Ils sont seuls au monde.

Thierry pose ses lèvres sur les miennes, sa langue se heurte à mes dents serrées. Le cœur brisé, je vais quitter la grotte, me laisser tomber dans la neige, qu’elle m’ensevelisse, qu’elle soit mon linceul. Je me moque un peu de moi en écrivant ceci : j’ai tellement changé en si peu de temps ! Je ne suis plus la même fille.


David m’empêche de partir.



Et il me reprend sous sa protection, un bras autour de mes épaules.

Les deux autres arrêtent de se tripoter, et Thierry fait les présentations : Isabelle et Germain. Et le rituel des bises de recommencer. Mais pas des bises sages sur les joues, directement sur les lèvres. Germain force le passage. Il sent un peu le tabac. David embrasse Isabelle avec un plaisir non dissimulé, ma langue fait la connaissance de celle de Germain. Pas aussi bien que David, certes, mais enfin… Antoine a pris Béatrice dans ses bras, Liliane est dans ceux Thierry mais regarde mon frère. Germain a soulevé poncho et longue jupe, sa main rampe vers mon slip.



Sophie, tu ne vas pas commencer ta vie amoureuse dans ces conditions déplorables ! Je veux bien être gentille mais de là à partouzer alors que je suis encore vierge ! J’empêche gentiment mais fermement Germain d’enlever mon poncho, j’expédie sa main à l’extérieur et je tire David par la manche.



Il s’extrait des bras d’Isabelle. Des tentacules d’Isabelle, plutôt. Ils me regardent tous, les yeux ronds. David me sourit, paraît hésiter. S’il me repousse, je me fais pute dans un bas quartier. Ou je me tue. Ou je me livre à Germain et lui crache à la figure ensuite.



Dans la chambre de David…. Mais il se fait tard. Je tombe de sommeil. J’ai un peu mal. Demain matin, je continue. Seconde dissertation : Psychologie d’une fille qui perd son pucelage dans la chambre d’un cousin qui ne l’aime pas. Pas suffisamment.



30 octobre (matin)


Je le reverrai tout à l’heure. Pas sûre d’en avoir tellement envie.


Dans sa chambre, j’avais peur que sa grand-mère vienne nous déranger. Il m’a dit qu’il n’y avait rien à craindre : avec ses rhumatismes, elle ne monte plus les escaliers. Une fois de plus, il se foutait de moi.



Il a quand même fermé sa porte en poussant une targette.


Il m’a longuement embrasée. Lapsus ! Embrassée. Embrasée aussi, of course. Ses mains farfouillaient sous mon chandail. Il a dégrafé mon soutif. J’ai enlevé le tout. Ses lèvres sur mes seins, c’était incroyablement agréable. Il me mordillait légèrement, aspirait les pointes, les faisaient rouler sous sa langue. Puis les abandonnait, pour reprendre ma bouche.



Tiens, c’est pour cela que j’ai employé l’adverbe, quelques lignes plus haut. J’ai pensé : Il a dû en connaître une flopée, des seins de très jeunes filles. Je n’ai rien osé lui dire. Il a enlevé son pull, sa chemise. Il s’est collé contre moi, poitrine nue contre poitrine nue, lèvres contre lèvres. Impérieuse, sa langue !


Il s’est mis à genoux, il a déboutonné ma longue jupe, qui est tombée à mes pieds. Je l’ai enjambée. Mes bottes ! Il fallait que je les enlève. Mes seins sont mis en valeur quand je me penche. Mais il m’a poussée sur son lit. Il a enlevé mes bottes et les a jetées dans un coin. Puis mes chaussettes. J’étais en slip. Il s’est couché sur moi. Longs baisers. En silence.



Il m’a fallu répéter la question, il ne m’écoutait pas. Il a répondu, distraitement : Oui, bien sûr. Sans conviction particulière. Mais un peu plus tard il a mis ses lèvres sur mes paupières, en murmurant qu’il avait infiniment de tendresse pour moi. Il s’est consacré à mes seins, de nouveau. Et une main se glissait vers mon slip. Il a fini par l’enlever. Debout, il a achevé de se déshabiller.


Ce que j’avais caressé une heure avant, je l’avais sous les yeux. Comment cela va-t-il pouvoir entrer en moi, me demandai-je. J’étais certes assez mouillée pour que ça coulisse, mais la taille ! Ses lèvres se sont emparées de mon minou. Sa langue. Je fondais.



Liliane était bien oubliée. La force d’un homme, c’est autre chose. J’étais sa chose. Femme objet. Qu’il fasse de moi ce qu’il veut ! C’est d’ailleurs ce qu’il était en train de faire.


Maladroitement, mes mains tentaient de le caresser. Il a bougé. Nous étions désormais tête-bêche. Le soixante-neuf de mes lectures interdites. Sa bite cognait contre mes lèvres. "Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant", comme a écrit Guillaume Apollinaire. J’ai ouvert. Mais il s’est retiré très vite en me disant qu’il ne voulait jouir qu’en me faisant jouir.



Le voilà qui se lève, pour prendre un préservatif. Quel besoin avait-il de cela ?



Il répond que je suis bien trop jeune pour être enceinte. Le voilà presque en moi. Il me dit de ne pas avoir peur, de ne pas me crisper surtout. D’être décontractée. Décontractée !


Il est très doux, ses lèvres sur mes paupières, sur ma bouche, sur mon cou, sur mes seins. Sa bite à peine en moi, contre mon hymen, sur lequel elle pèse de plus en plus fort, qu’elle va briser. Sa bouche reprend ma bouche, je balbutie les mots du plus grand amour. Il me pénètre, il est en moi. J’ai très mal mais je suis heureuse, infiniment. Il ne bouge plus. Il attend que les ondes de la souffrance s’apaisent, et que celles du plaisir les remplacent. Il va-et-vient, doucement d’abord, puis plus fort et plus vite. Soudain… On appelle cela l’orgasme. Bien plus fort que quand je suis seule. Bien plus fort qu’avec Liliane.



Il y a un peu de sang sur son lit, sur mes cuisses. Haletants, nous nous embrassons, il reprend mes seins, il redescend ses lèvres vers mon clitoris.


Mais il reprend soudain son horrible accent belge :



Quel con ! J’ai envie de le gifler. Il se fout de ma détresse, il se lève et va vers son cabinet de toilette. Il en revient, la bite pendante et me dit qu’il me laisse la place. J’y vais. Que faire d’autre ?


Il ne m’aime pas. Je suis bien conne de l’aimer. Il ne lira jamais mon journal. Il m’a dépucelée, c’est bien. Autant lui qu’un autre. Mâle, tu as rempli ton office. Correctement. Sans fioriture. Sans amour inutile. C’est bien. Tu es un salaud. Je vais être une salope.


En rentrant, je pensais qu’un œil exercé, et qui serait intéressé à moi, aurait pu se rendre compte que j’étais devenue femme. Quelque chose de plus dur dans le regard, une connaissance accrue de la vie, de ses plaisirs et de ses déboires. Un peu moins d’illusions. Une fille débarrassée de ce foutu pucelage et de l’amour qui allait avec. J’ai quand même brièvement pleuré, seule dans mon lit.



30 octobre (soir)


Dissertation : État d’esprit d’une fille, encore vierge la veille, partouzant dans un igloo de fortune.


Le pignouf est venu me chercher en début d’après-midi. Gentil, comme avant. Sans plus.



Il ne neigeait plus, il ne faisait même pas réellement froid. Je me suis habillée comme hier : gros chandail, jupe longue, chaussettes. Slip et soutif assortis, rouge sang. Tout neufs. Mes bottes de cuir fauve. Prédatrice. Attention, les mecs, c’est moi qui choisis désormais.


Pour commencer, je ne mets pas la main dans la poche de son manteau, mais dans les miennes (j’avais pris aussi un vieil imperméable).

Il tente de faire le joli cœur, me laissant entendre qu’il ne serait pas contre un petit revenez-y, de temps à autre. Mais pas question de contrat d’exclusivité, la fidélité est affaire de petits bourgeois, etc. Et comment donc ! Je réponds qu’on verra bien. Qui vivra, verra. Qui vivra, verrat ! Une fois un peu éloignés du village, il s’arrête, veut m’embrasser. Je le laisse faire. Il me tripote. Je le laisse faire. Indifférente. Qu’il puisse bien voir que je ne l’aime pas, pas vraiment. Plus jamais je ne dirai le moindre mot d’amour. Je l’aimais, ça m’a passé. J’ai cru l’aimer, c’est fini. Il me demande si je n’ai plus mal. Non. Ça aussi, c’est fini.



Dans le bois, derrière la garde Bonnet, sous un pâle soleil d’automne, l’igloo. Une tente, tout simplement, mais recouverte de vingt centimètres de neige au moins, avec une toute petite ouverture dans un mur de neige devant la porte.


Les autres se lançaient des boules de neige en riant très fort.



Combat de boules de neige. Garçons contre filles. Finalement, on est bien, ensemble. Mais ça dégénère, les garçons se rapprochent et tentent de nous mettre de la neige dans le cou. Isabelle rit comme une hystérique et se laisse faire. Germain et David immobilisent Béatrice, Thierry en profite pour glisser une poignée de neige dans l’échancrure de son corsage. Les manteaux et les impers avaient été jetés dans l’igloo, on avait trop chaud. Elle hurle : Que c’est froid, arrêtez !… Ils se jettent sur moi, me tiennent les bras, permettant ainsi à Thierry de soulever mon chandail, de sortir mon chemisier de la ceinture de ma jupe, et de me frotter la poitrine avec de la neige.



Ils savaient bien ce qu’ils faisaient. Ils s’attaquent ensuite à Liliane. Antoine tente de la défendre, sans y parvenir.



Vient le tour d’Isabelle. Ils déboutonnent son pantalon, lui badigeonnent les fesses de neige. Elle crie : Non, pas devant, pas devant, pas sur la chatte !


Nous voilà donc, nous les filles, la poitrine glacée, parfois le reste, et moi les pieds gelés. Les garçons rient, enlèvent leurs chandails, déboutonnent leurs chemises, et se lancent de la neige à qui mieux mieux. Puis se précipitent dans l’igloo en nous disant de les rejoindre en vitesse.


La tiédeur de l’air me surprend. On me jette une serviette de bain. Il y en a beaucoup, c’est Germain qui les a apportées. Sur le sol gisent quatre matelas pneumatiques, côte à côte.


Je m’essuie les seins, sans ôter mon chemisier. Béatrice a enlevé le sien. Elle a un soutien-gorge mauve, elle tente de passer la serviette dessous puis, avec un haussement d’épaules, le dégrafe et le jette dans un coin. Les garçons sont déjà tous torse nu. Mon soutif pend, humide, inutile. Je fais comme Béatrice. Mes seins sont plus petits que les siens. Ils plaisent cependant à Germain, qui se jette dessus, et en suce les pointes avec voracité, après avoir écarté ma serviette. David rit, et fait de même à Béatrice. Antoine embrasse Liliane et, très délicatement, la déshabille petit à petit. Isabelle n’a plus que son slip, qui est trempé. Elle l’enlève mais se plie dans sa serviette, sans cacher ses seins dont elle semble si fière.


À quoi bon s’entourer d’une serviette mouillée ? J’ai laissé faire Germain, il passe à Béatrice, Thierry le remplace. Je le laisse faire également. Après tout, ce n’est pas désagréable. Pointes de seins à l’ail.




Mais j’ai les pieds gelés. J’enlève mes bottes, en me cognant contre les uns et les autres.


David a laissé Liliane, que mon frère a aussitôt récupérée. Il me demande (David) si j’ai froid aux pieds. Évidemment, que j’ai froid aux pieds, les bottes pleines de neige fondue !



Les autres filles ont soudain froid aux pieds, elles aussi. Sauf Liliane, blottie dans les bras d’Antoine. Leurs lèvres sont soudées. Elle ferme les yeux, balbutie des mots d’amour. Ils seraient mieux tout seuls.


Les garçons enlèvent leur pantalon pendant que les filles se débarrassent de leurs bottes ou chaussures, puis de leur collant, celles qui en avaient. Tout le monde est à peu près nu. Tout le monde est bientôt totalement nu. Des préservatifs sortent par miracle de je ne sais où.


Mon ballot de frère n’en a pas. David lui en donne un. Couleur chair, avec un petit réservoir au bout. Hier, je n’avais pas bien regardé.



C’est à mon tour de prendre l’horrible accent belge : Mais tu sens un peu trop l’ail, une fois, sais-tu ?


Je cherche David. Béatrice s’occupe de lui. Framboise ou fraise ?

Liliane proclame que seul Antoine a le droit de la toucher. Affolée, la petite Liliane ! Mon frère aspire avec application le petit bouton d’amour que je connais si bien, et que je vais délaisser désormais. (Quoique…)


Germain pousse Isabelle dans les bras de Thierry, m’ouvre les cuisses, lèche, aspire, mordille, entreprend une reptation en poussant çà et là des corps enchevêtrés et présente à mes lèvres son sexe au goût de… la salive d’Isabelle. Reptation en sens inverse, quelques instants plus tard. Sophie, tu sens comme je te remplis bien ? Je sens. Il jouit en grognant. Moi aussi, mais en silence. On peut donc jouir avec n’importe qui ? Avec un type qu’on n’aime pas ? Sophie, que de trajet sur le chemin du libertinage, en vingt-quatre heures !


Germain m’écrase un peu. Il halète. Se retire. Jette le préservatif par l’ouverture de l’igloo. Cherche des seins à sucer, des chattes. Je ne l’intéresse plus.


Liliane sanglote parce qu’une main inconnue est venue s’insinuer entre elle et Antoine, et palpe son sein encore virginal, mais pour peu de temps. Han ! Mon frère vient de faire le nécessaire. Il y aura du sang sur le matelas pneumatique.


David en a terminé avec Béatrice. Béate, Béatrice, les bras en croix, les jambes ouvertes. Qui n’en veut, qui n’en veut, de Béatrice ?


Une seule citation, mais bienvenue, comme dans les bonnes dissertations, Norge chanté par Jeanne Moreau :


"Qui n’en veut, mes philanthropes,

De mes renonculacées,

Qui veut de ma fleur d’hysope,

Et qui veut de mes pensées ?


Non, trop tard, jeune homme…"



David vient vers moi, enlève son préservatif, qui rejoint l’autre dans la neige. Il ne bande plus guère, mon amant de la veille. Il dit que ça va revenir très vite, pour peu que j’y mette du mien.



Ils veulent Liliane, que mon frère entend garder. Elle s’accroche désespérément à lui.



Comme je ne veux pas de David, il ne me reste que Thierry.




1er novembre


Il ne neige plus, mais le froid est vif, à cause du vent du Nord. Dans les allées du cimetière, la neige craque sous nos pas. Les gens ont les bras pleins de chrysanthèmes qui commencent à geler doucement.


Je vois David, de loin, à côté de sa grand-mère. Il a les deux mains dans ses poches, donc un accès direct à son attirail. Hier, il a quitté l’igloo un peu avant moi. Thierry s’attardait :



Il n’en finissait pas, se démenait tant qu’il pouvait, et se rendait compte que cela ne me faisait pas grand effet. Il s’est mis en rogne, tout en me besognant :



Les yeux écarquillés, j’ai un peu rigolé.



Son comportement partait d’un bon sentiment, il voulait que je jouisse en même temps que lui, il était gentil.


Il m’a pincé les pointes des seins (avant, il les avait caressées, sucées, mordillées même, comme les autres. Plus fort que les autres). Je me suis raidie sous la douleur. Il a pincé plus fort. J’ai mis mes bras autour de son torse, et j’ai planté mes ongles dans la chair de son dos. Comme il relâchait prise, je lui ai soufflé :



Et j’ai joui. Lui aussi, en grognant :



Les quatre autres nous regardaient. Liliane et Antoine étaient partis depuis longtemps. David et Béatrice étaient déjà rhabillés. Pensif, David. Triste, David ? Je l’espérais vaguement. Germain remettait son slip, Isabelle agrafait son soutif, il ne l’aidait pas. Ils sont plus forts pour vous mettre à poil que pour vous aider ensuite à vous réharnacher.


Thierry a jeté son préservatif dehors. Il a rejoint les autres, ce cylindre de latex devenu chiffe molle.



Ils se sont faufilés par l’ouverture de l’igloo. Germain et Isabelle les ont suivis peu après. Thierry était naturellement habillé avant moi. J’avais de nouveau froid aux pieds, mes chaussettes étaient mouillées.


J’ai lu quelque part que l’homme est triste après l’amour. "Animal triste". Moi, je n’étais ni gaie ni triste. Une certaine impression de gâchis sans remède. Les sens repus, oui. Mais à quel prix ! Tout cela à cause du stupide accent belge de David, de sa muflerie incroyable, dont j’avais sans doute exagéré l’importance, d’ailleurs.


S’il revenait…



Trop tard jeune homme. Il va falloir gérer la suite, maintenant. Je le revois tous les jours, le Thierry… J’imagine déjà ses plaisanteries, dans le rama : Pince-mi les nichons et pince-moi les nichons sont dans un bateau…


David m’a souri de loin dans le cimetière, tristement comme il sied dans un tel endroit. Avec les parents, nous étions devant le tombeau de mon grand-père paternel. Décédé à l’age de 68 ans. Il n’était pas bien vieux, disent-ils chaque fois. Ça commençait à faire pas mal, quand même, à mon avis. Je me souviens un peu de lui, un brave homme. Je crois qu’il m’aimait bien, j’étais sa première petite-fille.


Autre caveau, ensuite. Auguste Fontangelot, 1839-1916. Notre ancêtre commun, à David et à moi. Et encore, sait-on jamais ? Si son épouse avait la cuisse légère…


Une envie de poétiser :

"Moi, femme au milieu de vos tombes

Vierge sage ou vierge folle…"


Pour la suite, on verra plus tard. Pas tellement d’inspiration, ce matin. Ou noirâtre.


C’est lorsque David et Germain me tenaient les bras, me réduisant à l’impuissance, permettant ainsi à Thierry de me badigeonner de neige la poitrine, oui c’est alors que mon émotion a été la plus forte, me préparant à tout accepter par la suite. Accepter ? Participer. Solliciter.


Avec, en plus, le désir de rendre David jaloux. Illusion de gamine, il s’en foutait comme de l’an quarante, il tripotait Béatrice.



Antoine vient de me quitter. Il avait frappé à ma porte, en disant que c’était lui. Le temps de basculer sur le solitaire de Windows, agrandi jusqu’à occuper tout l’écran, et je lui dis d’entrer. Il m’a vue, hier, me faire sauter par Germain et Thierry. Je l’ai vu baiser la douce Liliane, qui jurait qu’elle m’aimait à la folie, la semaine dernière encore. J’ai vu mon frère nu, le sexe en majesté contre le minou de Liliane. Puis dedans. Liliane, les jambes ouvertes. Moi, livrée de mon plein gré à Germain, puis à Thierry. Dans ma bouche, dans… Au plus profond de moi.


Pourquoi me faire mal à plaisir ? Quelle expression bizarre ! Mais si juste ! Le plaisir et la souffrance sont étroitement mêlés. Quel beau sujet de dissertation !

"Nous étions nus dans un igloo de fortune. Je n’étais plus vierge depuis la veille, je me refusais au garçon que j’aimais, pour subir les assauts de deux autres, et je voulais souffrir pour parvenir à la jouissance."

Jouissance rime avec souffrance. Comme l’a dit le poète chinois, plaisir et souffrance sont frère et sœur jumeaux, et qui ne se quittent pas.

J’ai toujours inventé des aphorismes de poètes chinois. Les profs n’étaient pas dupes.



Une fois les autres élèves partis, il m’entraîne dans une cave, m’attache, bras et jambes écartés, sur une planche sordide, me fouette avec des orties, me baise sauvagement et m’abandonne, un foulard sur les yeux. Qui n’en veut, qui n’en veut de la petite Sophie ?

Un journal intime, c’est fait pour cela : se défouler. Gratter le noirâtre, plonger dans sa part d’ombre. J’ai toujours aimé l’excitation que procure la souffrance. En troisième, seule à la maison pour une heure ou deux, espérant vaguement faire pousser mes seins, je mettais du coton enflammé dans des verres et m’appliquais ces ventouses sur la poitrine. Et je me caressais. Les cercles rouges autour de mes tétons malingres étaient longs à disparaître.

Et les orties ? En short, je les frôlais, les grandes orties. - Quand tu les saisis en dessous de leurs feuilles, elles ne piquent pas, m’avait-on dit. Je ne voulais pas me piquer les mains, mais la poitrine, le ventre, l’entrecuisse. Ensuite, après le plaisir fugace, un peu d’eau. - "Pour ça oui, ça fait du bien la mare", dit l’idiot du village que les gamins ont fouetté avec des orties, dans un bouquin de la comtesse de Ségur.

Et la neige ? Mon grand-père m’avait dit : Quand tu as froid aux mains, tu les mets dans la neige, tu frottes, ça te réchauffe. J’ai toujours rêvé d’être nue dans la neige.

Holà, jeune gens, attachez-moi nue à un poteau du téléphone, et bombardez-moi de boules de neige ! Venez avec les pinces à linge de vos mamans, qu’elles referment leurs mâchoires sur les pointes de mes seins, sur les lèvres de mon sexe, sur l’intérieur de mes cuisses fuselées. Et livrez-moi aux quatre vents…



Antoine n’a fait aucune allusion à ce qui s’est passé hier. Il veut revoir Liliane, et sans moi, il ne peut pas.



Qui a dit hier qu’il fallait qu’elle sorte de la famille ? Ils sont partis avant que les autres la prennent. Car ils l’auraient fait, après avoir réduit mon frère à l’impuissance. Notre petite amoureuse violée sous nos yeux… Aurais-je contribué à la maintenir ?

Je crois bien que c’est pour souffrir que je me suis refusée à David, que j’aime, pour me laisser prendre par les deux autres, devant lui. Que j’aime. C’est venu machinalement, non sous ma plume mais à mes doigts sur le clavier. Mes doigts qui sauraient dispenser plaisir ou souffrance, plaisir et souffrance…


Maman m’appelle, c’est l’heure du déjeuner. Je n’ai rien promis à mon frère, mais je l’accompagnerai chez Liliane.



1er novembre (soir)



Toute dolente, Liliane, sous sa couverture jaune. Elle se relève un peu pour les bises. Elle a un pyjama rose, dont la veste baille sur ses nichons que je connais depuis longtemps et mon frère depuis la veille.


Elle lui tend ses lèvres. Vais-je les laisser seuls ? Gentiment, elle repousse bientôt la tête de mon frère.




Je n’ai pas peur. La salive de mon frère est dans sa bouche. C’est comme si je l’embrassais, lui.



Elle se lève, jette sa veste de pyjama.



Il y a une clé sur la porte. Je la tourne. Mes vêtements rejoignent la veste de pyjama de Liliane.



Il se déshabille. Il bande déjà. Le lit est petit, pour trois. Antoine est dans le dos de Liliane. Elle est dans mes bras, mes lèvres butinent ses petits nichons. Les mains de mon frère se glissent sous mes lèvres. Liliane se tourne vers lui. J’avance les mains vers son minou qu’il a perforé hier. Très vite, le pantalon de son pyjama nous gène. Je l’enlève. Mon frère lui suce les seins, elle a les mains contre ses tempes, une telle tendresse dans le regard ! Ils s’aiment, ces deux-là ! Je n’en suis pas jalouse, je sais qu’elle m’aime aussi.


Couchée sur le dos, elle veut nos lèvres sur ses seins, joue contre joue, mon frère et moi. Si nous tournions chacun un peu la tête, si nos lèvres se rejoignaient, que ferait-elle, la petite Liliane ? Mais non. Je n’ai pas envie de mon frère. Je ne crois pas avoir envie de mon frère.


Je le repousse. Mes lèvres descendent vers le minou. Il n’a pas changé. Souples sous mes lèvres, ses lèvres. Dur sous ma langue, son petit bouton d’amour.


Je la tourne, elle est contre moi, les fesses à la disposition de mon frère. Entre ses cuisses se glisse la verge d’Antoine. Ma langue s’y pose, un instant. Il n’a pas de préservatif. Je jouis aussitôt. Je lui laisse la place. S’il lui fait un bébé, j’en serai la marraine.


Vite habillée, je descends l’escalier, je reste devant la fenêtre pour bloquer sa mère si elle revenait. Je tambourine une marche militaire sur la vitre. Aimez-vous les uns les autres, aimez vous pendant qu’il est temps encore, sa mère est au cimetière, elle reviendra zà Paques, elle reviendra zà Paques, ou à la Trinité, ou à la Trinité. Le grand amour se passe, mironton mironton mirontaine, le grand amour se passe…


La voilà.



Ils sont heureux, les tourtereaux. Le drap de dessous est humide du sperme fraternel, je ne serai pas marraine pour cette fois. Antoine se rhabille en vitesse, je jette le pyjama de Liliane sous son drap, qu’elle remonte jusqu’au menton.



Sa mère monte lourdement l’escalier, nous trouve candides.



Nous avons bu un peu d’eau teintée de cassis.



Nous sommes rentrés à la maison.


Il aurait pu se passer autre chose, alors.

Hypothèses : Ils sont en voiture, Thierry, Germain et deux autres garçons.



A / Je dis oui. Je suis assise à l’arrière, entre Thierry et un garçon que je ne connais pas. Droit acquis, Thierry m’embrasse sur les lèvres. L’autre en veut aussi. Nous allons dans l’igloo…

B / Je dis non. Ils insistent. Antoine est parti de son coté. Ils me font monter de force dans la vieille voiture. Ils m’attachent dans l’igloo, nue, bras et jambes écartées.

C / Thierry descend de la voiture, me prend la main. Romance. Direction l’igloo.

D / Ils n’insistent pas. Je cherche David. Il est avec Béatrice, dans l’igloo.



2 novembre


Liliane est chez elle, encore enrhumée. Mon frère lui envoie des SMS enflammés : Tu seras en fac l’année prochaine, nous vivrons ensemble, je t’aime… Il ne fait pas partie de ceux qui écrivent : je t’M.


David errait comme une âme en peine (me débarrasserai-je un jour de ces clichés qui alourdissent inutilement mon style ?)



Pourquoi pas ? Il a son manteau de cuir. "Les mains dans ses poches trouées", comme dit Rimbaud.


Assez vite, le grand jeu.



Direction l’igloo. En y allant, je pense encore à des hypothèses :

A / Il est vide. David me baise.

B / Il y a Béatrice, qui l’attend. Il baise Béatrice. Et moi ? Et moi.

C/ Il y a les deux autres garçons. Ils me baisent, David fout le camp. Ou reste.

D / Il y a quatre garçons. J’y passe quatre fois. Cinq avec David.


L’igloo est vide.



Gros malin, je vois clair. Tu penses que c’est le dernier qui baise qui a raison. Tu me fais un peu pitié. Dire que j’ai aimé ce grand nigaud ! Mais bon, j’ai envie de lui.


Ses lèvres sur mes nichons, sur mon clitoris. Mes lèvres autour de sa verge gonflée de stupre sardanapalesque. Je ne suis pas dupe. Il m’aime peut-être, mais il veut surtout me baiser. (Pourquoi cette connotation péjorative, quant à ce verbe : je ne veux pas me faire baiser, je l’ai bien baisé, celui-là ?)


Tout se passe correctement. On ne peut plus correctement.



Je le savais déjà.



Hypothèse A : Je réponds : Mais te voilà devenu bien sentimental, une fois, sais-tu ?

Hypothèse B : Oh ! Mon chéri, mon chéri…


Je choisis, très vite, une troisième option :




3 novembre


Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. J’ai toujours trouvé ce vers un peu débile. Mais aujourd’hui David me manque terriblement.


Porté le journal à sa grand-mère. Très bienveillante, un peu malicieuse :



Cette manie qu’ont les gens, pour le moment, de finir leurs phrases par un "hein ?" Mon père prétend que ça remonte à Mitterrand.


Elle a ajouté que je ferais bien de ne pas trop m’attacher. Que je suis si jeune encore… Et lui pas vraiment mûr, même avec sa licence.


Je lis "Jeux en société". Un roman pervers.



3 novembre (soir)


Avant midi, maman a oublié une casserole sur le feu. Elle m’a appelée, m’a dit de prendre son porte-monnaie et d’aller acheter la même chez Laporte.


Cette quincaillerie, droguerie, etc. (un capharnaüm) est tenue par les parents de Thierry. Je risquais de le rencontrer, ça m’ennuyait. J’ai dit à maman qu’elle en avait des tas, de casseroles. Mais celle-là, c’était la seule qui soit pratique pour réussir centaines sauces…


Pas de chance, c’est Thierry qui tient la boutique, en blouse grise.



Elle est immense, sa boutique. Un rayon droguerie. Un stock de vidéocassettes dans un coin, ils en louent. Des articles ménagers. Pinces à linge à foison, bougies, rubans tue-mouches. Du matos pour animaux : colliers, laisses. Martinets. Matériel de pêche.

Enfin les casseroles.



Il passe derrière moi, applique ses mains sur mes seins, commence à déboutonner mon imper. Je lui dis de me laisser tranquille. La diatribe ! En substance : Je fais ma mijaurée, je suis idiote de penser que David s’intéresse à moi, il a pris le car avec Béatrice, et il fallait voir ! Et après ce qui s’est passé dans l’igloo… Sainte Nitouche, allumeuse…



Vulgaire, rustique, obstiné, Thierry ! Mais transi d’amour, aux yeux de merlan frit ou de chien battu, c’est selon. Sophie, tu ne vas pas croire un instant à cet odieux chantage. Un ver de terre amoureux d’une étoile ne la précipite pas dans la fange. Mais sait-on jamais…

Et si je jouais à faire comme si ? Il est amoureux, j’en ferai donc ce que je voudrai. Il désire que je joue les malheurs de Sophie ? D’accord ! Mais il jouera en même temps les malheurs de Thierry.



Il est deux heures quand Thierry m’ouvre la porte de sa boutique, et aussitôt la referme à clé.



En face du rayon consacré aux animaux domestiques, je tends mes poignets, pour qu’il y boucle des colliers pour chats. Je montre mes chevilles. Un collier de chaque coté. Inutile de trop serrer, il suffit qu’on ne puisse pas s’en dégager. Un collier de chien autour de cou. Pas de laisse, je ne suis pas O, il est encore moins sir Stephen. Mais quatre dans chaque panier.


Égalité totale, ai-je dit : j’attache des colliers aux poignets, aux chevilles, au cou du docile Thierry, dont le cœur bat vite.


Il n’est pas question de s’enrhumer comme Liliane, qui est guérie, au demeurant, et qui va nous rejoindre. Thierry l’ignore. À ma demande, il fait rouler suffisamment de radiateurs à gaz, qu’il allume.


Farces et attrapes, dans un coin du magasin. Une bouteille de fluide glacial dans chaque panier. Pas de ces grotesques phallus que l’on sort, les soirs de mariage, avec des rires gras, quand les enfants sont couchés. On ne se marie plus guère, d’ailleurs, et ce genre de plaisanteries, comme les chansons graveleuses, est passé de mode : on s’est essayé depuis longtemps avant de se mettre en ménage, et c’est bien normal.


Brosses à dents. Dures. Trois chacun, il comprendra plus tard. Il a déjà saisi l’essentiel. Deux torchons.


Plumeaux. Propres ? Un chacun. Deux brosses à chiendent.


Pinces à linge, deux gros paquet chacun. Elles sont en bois, confectionnées par des taulards.

À côté des bocaux pour confitures, des petits sachets d’élastiques. On prend. Bougies rouges, un paquet dans mon panier. Bleues, un paquet dans le sien. Boites d’allumettes.


Voyons, ai-je oublié quelque chose ? Oui, au rayon jouets, un gros dé. Et par terre, assez de ces paillassons crépus dont nous garderons longtemps les marques sur les épaules, le dos et les fesses. Il faut encore retourner au rayon "animaux domestiques", c’est là que sont les martinets.



Alors que je redoublais ma troisième, la prof, épouvantée par l’inculture crasse de la majorité des élèves, et sachant qu’ils ne lisaient jamais, à certains d’entre nous prêta un livre de la comtesse de Ségur. L’un d’entre eux s’imposait pour Sophie la maladroite, la mauvaise, qui méritait ses malheurs. "Chacun a la vie qu’il mérite" a dit Sartre.

Depuis, nous jouons à nous affubler des prénoms des personnages de la Rostopchine, pris dans le livre dont il avait fallu faire un résumé, en lire, à haute voix, quelques passages, en faire la critique. "Les jeunes d’aujourd’hui sont-ils identiques à ceux d’hier ? Influence du milieu socioculturel sur les enfants", et patin couffin comme dit Damien - non, Paul.

Pour Liliane, "Les petites filles modèles" : Camille. Pour Damien, "Les vacances". C’est donc Paul. Pour Isabelle… Je ne sais plus. Elle est Madeleine. Jean, c’est Christophe, le fils du pharmacien. Jacques, Mathieu, fils de gendarme. Subséquemment, scrogneugneu, il n’était pas le dernier à tenter de me peloter dans les cabines de la piscine. Il est vrai qu’elle était un peu aguicheuse, la petite Sophie, fière de ses seins, deux petites pommes.

Il reste Marguerite, c’est Laure, la douce fille de la marchande de fleurs. Forcément. Je lui ai montré un jour les pages roses du Larousse : Marguerite, nous allons te livrer aux cochons. - Oh, oui, alors, vite !…


Quand ils sont venus, les jeunes d’aujourd’hui, manger mon gâteau d’anniversaire, ils m’ont naturellement apporté des cadeaux. Ils avaient dévalisé le magasin de lingerie sexy qui jouxte le sex-shop, derrière la gare, pas très loin du lycée.


Il a fallu les essayer tous, ces sous-vêtements. Mes parents étaient au cinéma, pour nous laisser tranquilles. Madeleine, Camille, Marguerite, Paul, Jean et Jacques ont vu Sophie en nuisette, Sophie en slip et soutien-gorge rouges, le soutien-gorge laissant voit la pointe des seins, Sophie avec un soutif qui ne laissait voir que la pointe des seins, Sophie avec un slip quasiment transparent, Sophie en porte-jarretelles et bas résille, Sophie en string. Sophie sans le string. Ils ont mangé le gâteau sur le corps nu de Sophie, barbouillé de crème chantilly qu’ils remplaçaient quand ils l’avaient léchée. Trois bombes, pour qu’ils fassent bombance.

Ils ont mis de la crème dans mon minou, sur le corail et le petit bouton d’amour. Ils ont posé l’autre minou, le vrai, entre mes cuisses ouvertes. Balthazar est son nom, quel fabuleux festin pour lui ! Ah ! La langue râpeuse du minou dans mon minou ! Et son ronronnement puissant, quand il s’est couché sur ma toison, poils contre poils, ses vibrations contre mon clitoris tout bandé ! Il n’en voulait plus partir. Il a griffé Madeleine qui voulait le chasser, pour le remplacer par ses lèvres et ses cheveux dénoués.

Sophie est néanmoins restée vierge car elle se réservait pour David. Dans la salle de bains, chacun a fait ce qu’il a voulu, seul ou non. Sophie était avec Camille.


Ils suivent Thierry dans son arrière boutique.



Paul m’enlève une chaussure, j’en enlève une aux trois garçons. Jacques m’enlève la suivante. Paul et Jean enlèvent mes chaussettes. Nous sommes tous pieds nus sur les paillassons. - Tu n’as rien de plus doux, Thierry ? Non.

Jacques vient de gagner le droit de faire glisser ma longue jupe jusqu’au sol. Mon slip est le rouge, assorti à mon soutif. Thierry retire aux filles jupe ou pantalon. J’enlève les chandails des garçons. Les nôtres disparaissent. Madeleine n’a pas de chemisier. Après une courte délibération, il est décidé qu’on ne lui retire rien alors que tombent ceux des autres filles.

Je dénude le torse des garçons. Paul est le plus costaud. De belles épaules. Jacques est un peu malingre. Des salières sous le cou gracile. Il plait à Laure depuis longtemps. Je veux dire Marguerite.

Les filles sont en soutien-gorge. Rose pour Camille et Madeleine, blanc pour Marguerite. Jean me délivre du mien. Les mains fébriles de Thierry se plaisent à enlever ceux des filles.

C’est Madeleine qui les plus gros seins, et depuis longtemps : c’était déjà le cas dans les vestiaires de la piscine. À dessein, elle choisissait des bikinis trop petits. Moi, des plutôt trop grands, qui baillaient sur les petites pommes, phototropisme pour les yeux des garçons.

Camille a enlevé le slip de Thierry. J’abaisse le boxer de Jacques, les slips des deux autres. Le jeu les a mis en bonne forme. À la piscine, d’un geste viril de la main droite, en coquille sur le slip de bain, ils relevaient tout leur attirail pour faire accroire que la masse en devenait gênante. Gamins !

Paul fait descendre ma petite culotte humide, les yeux sur mon mignon triangle. Le slip blanc de Camille disparaît. Je ne le connaissais pas, celui-là. Un vieux, sans doute. Mon frère étant parti, elle ne se met plus en frais. Ensuite, Thierry enlève les slips des deux autres filles. Dans cette arrière-boutique que chauffent en sifflant les radiateurs à gaz, nous sommes tous totalement nus, maintenant. Les garçons sont un peu gênés mais ça leur passera. Parfois, ils appliqueront leur calibre contre leur ventre, pour éviter de heurter quoi que ce soit.

Je suis la maîtresse du jeu. Je veux devenir l’esclave temporaire de la tribu, avec Thierry, à charge de revanche aussitôt après.


Nous nous couchons sur les paillassons. Les garçons prennent dans le panier les quatre laisses, les accrochent aux colliers de mes poignets et de mes chevilles et, à l’autre bout, à ce qu’ils trouvent : pieds de meubles, bouteilles de butane, bidons… Les laisses trop courtes sont complétées par des cordes, qui ne manquent pas dans cette boutique. Les filles immobilisent Thierry de la même manière. Nous sommes écartelés.



Le plumeau me chatouille les aisselles, l’intérieur des cuisses.


Les lanières du martinet glissent doucement sur mes seins, dont les pointes sont gonflées à souhait.


Les couilles de Thierry tâtent d’une brosse à dents, puis des deux autres, sous les rires des filles.


Les garçons irritent mes tétons avec leurs brosses à dents. Frottent mon ventre avec celle à chiendent. Une brosse à dent s’aventure sur les lèvres de mon délicieux minou. Le pouce et l’index de leur main gauche contre ma peau, sur les seins, le ventre, les cuisses, ils tendent les petits élastiques de la main droite, et les lâchent soudain.


Le fluide glacial sur mes seins ! Aussitôt après, les mâchoires d’une pince à linge se referment sur les pointes.



Je n’ai pas prononcé l’alexandrin, mais ils ont la gentillesse de déplacer un peu les pinces. Ils n’oublient pas que ce sera leur tour, plus tard, d’être couchés sur les paillassons.

Ils mettent les autres pinces en couronne autour de chacun de mes nichons. Dommage qu’elles soient aplaties par ma position couchée, mes petites pommes ! D’autres pinces sur l’intérieur des cuisses sont plus douloureuses. Trois coups de martinet les envoient valser. Jean est allé chercher une canne à pêche, il veut faire sauter toutes les pinces par de petits coups bien ajustés.



Garçons et filles trouvent bonne la suggestion. Des pinces fleurissent sur les poitrines. Madeleine grimace mais résiste. Les yeux de Camille sont pleins de larmes. Elle quitte un moment Thierry, bouscule les autres garçons et vient me souffler qu’elle veut avoir mal comme j’ai mal.



Une pince se referme sur chaque lèvre de mon minou, et j’ai bien envie de prononcer l’alexandrin. Par bonheur, un garçon en met une sur une couille, et deux filles sur leur minou, et les enlèvent aussitôt sous la douleur. Jacques ôte les miennes. J’ai serré les dents.

Jean ne s’est servi que deux ou trois fois de sa canne à pèche. Ils n’osent pas non plus faire sauter à l’aide du martinet les pinces qui ornent le pourtour de mes seins. Le plus méchant des garçons les enlève sans les ouvrir, en tirant. Je ne sais qui, car ils viennent de jeter le torchon sur mes yeux. Ce ne peut être que Jean.


M’avoir aveuglée leur permet de me déconcerter en faisant couler sur mes seins le reste du fluide glacial, bientôt suivi par la cire chaude des bougies. Mais je n’en suis pas surprise, j’avais entendu le craquement des allumettes.


Ils retirent le torchon pour que je puisse bien voir les arabesques rouges qu’ils dessinent sur mes seins, mon ventre, mes cuisses. Sur Thierry, c’est également assez joli. Ils permutent, les filles ajoutent du bleu sur mes seins et mes cuisses, les garçons du rouge sur le torse, les jambes et les couilles de Thierry. Puis ils reviennent vers moi, visent la pointe des seins, qu’ils veulent entourer d’une carapace écarlate. Certaines femmes se maquillent le bout des seins, je ne l’ai jamais fait. Pas encore.



Les garçons me regardent, interrogatifs.




… Elle n’a pas eu beaucoup de malheurs, en réalité, la petite Sophie, pendant ces vacances de la Toussaint.


Il est temps pour elle d’aller dormir, après avoir écrit un petit mot d’amour à David, qu’elle compte bien épouser dans quelques années.


Demain il lui faudra reprendre le rama, retrouver la douce Liliane avec qui elle n’échange que des confidences, Thierry qui aura son regard d’amoureux transi qui lui fait un peu pitié mais que décidément elle n’aimera jamais.

Elle retrouvera aussi les amis qu’elle avait invités pour son anniversaire, qui lui ont offert des livres et des disques, mais pas le moindre sous-vêtement affriolant.

Elle a de l’imagination et des fantasmes, Sophie. Pour ce qui est de l’imagination, ses professeurs le lui ont toujours dit. Quant aux fantasmes, si l’on veut les connaître, il faut connecter son ordinateur sur Revebebe, car avant de se coucher, toute seule, naturellement, Sophie va transférer PhiloSophie.


Comme elle avait pris plaisir à lire certains textes mis en ligne par ce site, elle se sentait comme redevable, et a pensé acquitter ainsi une dette. Elle s’est amusée à multiplier les références aux critères dont l’énumération l’avait amusée. Elle en oubliera sans doute, en complétant le formulaire d’envoi. Les correcteurs complèteront.


Elle en restera sans doute là. Elle a un roman à finir : "Jeux en société". Elle ne le lit pas, elle l’écrit. Elle cherche un éditeur.



"Qui n’en veut, mes philanthropes,

De mes renonculacées,

Qui veut de ma fleur d’hysope,

Et qui veut de mes pensées ? "