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19/08/05
Résumé:  La Marhashka doit choisir un époux. Choisira-t-elle le fort, le sage ou le paisible ?
Critères:  fh cunnilingu pénétratio conte ecriv_f
Auteur : Lise-Elise            Envoi mini-message
Le choix de la Marhashka

Tous les conteurs sont des menteurs, je le sais, moi qui vous conte.

Et si vous ne me croyez, voyez ce que je vais raconter.


Dans ce pays, trop petit pour être un royaume, que l’on nommait les Trois Provinces, ne gouvernait ni roi, ni président, ni empereur. Pour choisir leur dirigeant, les habitants avaient suivi la voie de la sagesse : c’était une femme, la Marhashka, fille aînée de sa mère, la Marha, qui choisissait, en même temps que son compagnon, celui qui dirigerait la contrée. Et ce, jusqu’à ce que sa fille aînée, la nouvelle Marhashka, soit en âge à son tour de chercher un époux.


Ce jour-là, le bruit s’était répandu très vite. De place en place, de rue en rue, de chemin en chemin, chacun délaissait son ouvrage et colportait la nouvelle : « la proclamation va être faite ! La Marhashka va prendre mari »


Alors tous les jeunes hommes des Trois Provinces, et même nombre des moins jeunes, se réunirent sur la place de la Mahari. Certains étalaient comme des paons leurs parures, d’autres se défiaient pour prouver leur valeur. Quelques-uns, installés sous les arbres, affectaient un amusement distant devant tout ce tapage. Ils surveillaient néanmoins du coin de l’œil l’apparition de la Marhashka.


Celle-ci parut. Elle portait les vêtements rituels, le diadème d’or couvrant presque entièrement le front, faisant ressortir le velouté de sa peau mate, le pectoral d’or également, et la longue robe de cérémonie, descendant jusqu’aux pieds. Son porte-parole, qui paraissait petit et terne à côté d’elle, déroula le parchemin qu’il tenait sous le bras. Il se racla la gorge, toussa trois ou quatre fois, leva le nez, et proclama.



Tous scrutaient le visage de la jeune femme. Elle était plus impassible qu’une statue de bronze. Une cloche sonna au loin, et, comme répondant à un signal, le porte-parole sauta de l’estrade, la Marhashka pivota lentement sur elle-même, sans qu’un de ses muscles ne semble bouger. Elle s’éloigna d’un pas saccadé d’automate, tandis que derrière elle une clameur naissait comme l’écume d’une vague.


Tout le jour, la Marhashka, assise au pied de sa mère, assista impassible au saccage de son jardin par des centaines de prétendants. Ils n’obtinrent d’elle qu’un sourire hiératique, et parfois, un mouvement de menton de la Marha. On déclama des poèmes, on offrit des plantes rares, certains chantèrent leurs propres mérites et d’autres s’inclinèrent en bafouillant. Le porte-parole, d’une voix de plus en plus enrouée, annonçait chaque homme. De temps à autre, la Marhashka faisait signe à une petite fille pour qu’elle lui apporte, là son éventail, là un plateau de friandises, ou une coupe de liqueur.


Parmi les hommes à saluer ce jour-là, était Morak, fier et respecté chasseur. Il avait de ses seules mains tué un ours, et personne ne ramenait plus belles peaux de lynx. Il joua des coudes pour s’approcher de la Marhashka, et déposa un magnifique tapis de fourrure à ses pieds, formé d’un morceau de peau de tous les animaux qu’il avait pu chasser. Il salua d’un geste fier, la couva d’un regard de braise, et partit. Il laissa dans son sillage une odeur chaude, animale.


Cet homme, en quittant le jardin, fut suivi par une servante, jusqu’à savoir où il campait. Le soir tombait, la lune se levait, et le porte-parole, bondissant sur ses pieds, annonça que l’audience du jour était terminée


Dans la lueur rougeoyante du feu de bois, Morak et ses compagnons chantaient, mangeaient et buvaient. Puis la fatigue vint, et chacun regagna sa tente.


Dans la sienne, Morak découvrit une jeune femme, nue, peau de bronze, cheveux noirs coulants sur des seins opulents. Il ne se posa pas de questions, goûta un sein, froissa l’autre, et passa deux doigts sur la douce fente bordée de fourrure. La trouvant humide à son goût, il bouscula la femme sur la peau de loup qui lui servait de couche, lui ouvrit les jambes sans s’apercevoir de sa résistance, sortit un sexe épais et s’enfonça en elle. Il eut quelques gestes, un grognement, puis il roula sur le dos, et sans une parole, congédia la jeune femme.


Au deuxième jour, quelques fleurs encore s’épanouissaient dans la rosée du jardin. Le défilé reprit, le porte-parole suçant sans cesse des pastilles de jujube, et claironnant toujours. Le soleil se leva dans le ciel, puis se coucha à l’horizon, sans qu’un seul homme n’obtienne autre chose que ce demi-sourire de statue, figé sur les lèvres de la Marhashka.


Parmi les hommes, ce jour-là, était Badiant, savant et reconnu philosophe. Il excellait en cosmogonie, et personne ne maniait mieux que lui la rhétorique. Il avait péroré tout le jour, et déclamé à la Marhashka un discours que nombre d’auditeurs auraient qualifié d’impertinent. Il salua en inclinant la tête, plissa les yeux, et partit. Il laissa dans l’air une légère odeur de violette.


Cet homme, en quittant le jardin, fut suivi par une servante, jusqu’à savoir où il logeait. Le soir tombait, la lune se levait, et le porte-parole, bondissant sur ses pieds, annonça que l’audience du jour était terminée.


Dans la tiédeur de la salle d’auberge, Badiant abreuva ses disciples de connaissances. Puis la fatigue vint, et chacun regagna sa chambre. Dans la sienne, Badiant découvrit une jeune femme, nue, jambes de gazelle, ventre rond terminé par une douce fourrure noire. Il lui demanda ce qu’elle faisait là, et, comme elle ne répondait pas, reprit ses péroraisons, parlant de ce qu’est l’homme pour la femme, de ce qu’est la femme pour l’homme, en se déshabillant. Une fois en chemise, il s’assit au bord du lit, attira la femme entre ses jambes, lui appuya doucement sur les épaules, sans cesser de discourir. Elle s’agenouilla, il lui pencha la tête vers son sexe à peine bandé, et soupira de satisfaction lorsqu’elle le prit en bouche.


Son débit devint de plus en plus saccadé, ses phrases de moins en moins construites, puis il se tut, enfin, en jouissant. Il ne vit pas la femme partir : il ronflait déjà.


Au troisième jour, l’herbe elle-même commençait à se flétrir dans l’ombre du jardin. Le défilé continuait, le porte-parole croissait ses annonces, ne voulant pour rien au monde renoncer à sa charge. Le soleil se leva dans le ciel, puis se coucha à l’horizon, sans que la Marhashka n’ait seulement cillé, impériale dans ses atours d’idole.


Parmi les hommes, ce jour-là, était Terbin, cultivateur sage et patient. Il semait chaque plante en sa saison, sans se soucier des oracles, et personne ne savait mieux que lui lire le ciel. Il était arrivé tard, après avoir veillé à ce qu’hommes et bêtes se portent bien, et avait offert à la Marhashka quelques modestes produits de ses cultures. Il salua bien bas, regarda la Marhashka comme s’il voulait graver son souvenir en lui, et parti. Il laissa dans l’air des senteurs de terre.


Cet homme, en quittant le jardin, fut suivi par une servante, jusqu’à savoir où il retournait. Le soir tombait, la lune se levait, et le porte-parole, bondissant sur ses pieds, annonça que l’audience du jour était terminée.


Dans salle commune de la ferme, Terbin mangea silencieusement en compagnie de ses gens, et fit le tour des dépendances. Puis la fatigue vint, et chacun regagna son lit. Près du sien, Terbin découvrit une jeune femme, nue, hanches fécondes, yeux d’eau bordés des roseaux des cils. Il la regarda en silence, ému, et posa doucement la main sur elle. Comme elle se laissait faire, avec un léger sourire, il s’enhardit. Il caressa, avec des gestes lents, les fesses rondes, les jambes. Il soupesa les seins et en lécha les tétons. Il respira l’odeur de la chevelure, embrassa le cou. Il but à ses lèvres. Il la serra dans ses bras, fort, la fit gémir. Il l’étendit sur la couche, plongea entre ses jambes, déplia du bout de la langue chaque recoin du sexe rose. Il déchiffra les soupirs, les frémissements, joua de la sensibilité du clitoris, de l’appel affolé au creux des reins.


Des ses doigts un peu rudes, il écarta les chairs, il pénétra, d’abord avec lenteur, puis au rythme de plus en plus rapide de la respiration de la jeune femme, la conque ouverte. Il la sentit s’abandonner dans le plaisir, et apaisa ses caresses.

Il revint sur les seins, en joua de sa bouche, obtint des soupirs en pressant le téton de ses lèvres. La femme à son tour se mit à le caresser, et ses mouvements étaient doux ou forts, comme son souffle. Ses jambes se nouèrent autour de celles de l’homme, son sexe se frotta sur la perche tendue, elle gémissait à petits coups, comme manquant d’air.


L’homme se dégagea, ôta les vêtements qu’il portait encore, baisa avec force le coquillage humide, et devant les mouvements désordonnés de la jeune femme, répondit à son appel et la pénétra. Il fit longuement coulisser son sexe en elle, lui arrachant des soupirs, de petits cris. Il adapta ses mouvements à son plaisir, la faisant se tordre sous lui. Dans sa jouissance, elle lui enfonça les ongles dans la peau. Il donna alors un autre rythme, et se répandit en elle. Le petit matin les prit alors qu’ils dormaient, enlacés l’un à l’autre. Il eut un geste pour la retenir, un geste qui retomba, une simple prière.


Sur la place de la Mahari, la foule était grande. Il y avait là des gens venant de tous les coins des Trois Provinces, venus pour apprendre qui serait le mari de la nouvelle Marha, gouverneur de la contrée.


La Marhashka, parée des vêtements rituels, et précédée du porte-parole, parut. Elle regarda longuement la foule, et parla. Sa voix s’éleva, claire.



Il y eut quelques rires, vite étouffés.



Un frémissement se propagea dans la foule.



Celui-ci se campa sur ses jambes, dans une attitude martiale. Il y eut quelques sifflets approbateurs.



Le chasseur, rouge de honte, disparu dans la foule.



L’intéressé prit une posture avantageuse, et adressa quelques mots à son voisin.



Le philosophe, blême, en resta muet.



La foule, curieuse, se tourna vers le fermier, qui se tenait au bord de la place.



La foule bruissa, murmura. Le choix de la Marhashka paraissait étrange à certains, sage à d’autres. Mais pendant qu’on débattait, la Marhashka cessait d’être la Marhashka.


Terbin s’était avancé vers elle, tandis qu’on la délivrait du lourd diadème, du pectoral, de la robe cérémonielle. Elle portait en dessous une fine chemise blanche, brodée simplement, et, sous les atours cérémoniels, Terbin découvrait l’inconnue de la veille, et lui prenait la main.


Autour d’eux, on conjecturait sans fin pour deviner comme la nouvelle Marha avait fait son choix.


Tous les conteurs sont des menteurs, je vous le dis et je le sais.

Mais essayez, si vous l’osez, de trouver dans mon conte ce qui est vérité.