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Temps de lecture estimé : 10 mn
25/08/05
Résumé:  Un jeune homme rentre sur Paris dans un wagon presque vide : merci Roger !
Critères:  fh fplusag hotel train nopéné
Auteur : Antoine Gentil
Vainqueur malgré lui

A l’époque où cette aventure m’est arrivée, j’étais maladivement timide. Avec les filles, cela m’handicapait, vous ne pouvez pas imaginer à quel point…


J’avais l’habitude de prendre le train, dans le cadre de mon travail, un petit boulot de commercial pour une entreprise d’import-export spécialisée dans le commerce d’objets futiles : cadeaux, souvenirs, bijoux de pacotille, porte-bonheur. Je visitais les revendeurs en essayant de leur refourguer ma marchandise. (Mais je peux vous assurer que je n’ai pas fait fortune, parce que j’étais vraiment peu doué pour le négoce.)


Toujours est-il que je prenais souvent le train : Lille, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, Rennes et Nantes, les grandes lignes n’avaient plus de secrets pour moi. Et sur place, je louais une voiture.

Un jour que je revenais du Sud-Ouest, après un détour par Arcachon, je me retrouve dans un wagon où il n’y avait pratiquement personne. Arrivés à Angoulême, nous n’étions plus que quatre : une jeune fille à l’avant puis, quelques rangs derrière, un homme mûr avoisinant la soixantaine et, en plein milieu du wagon, votre serviteur et cette bourgeoise très fardée qui n’arrêtait pas de refaire son maquillage. Mais le couloir nous séparait.


Je m’étais mis dans un carré pour quatre personnes, vous savez ces endroits où il y a des tables dépliables. Lorsque le train n’est pas bondé, c’est vraiment très agréable, car on peut y prendre toutes ses aises pour bouquiner ou même pour écrire.

Et la bourgeoise avait fait de même, mais sur le carré de l’autre côté de l’allée. C’était une femme d’une cinquantaine d’années, pas très grande, assez boulotte. En particulier, j’ai tout de suite remarqué sa généreuse poitrine. Et elle était surtout très maquillée, les yeux, la bouche, pas vraiment le style pute, mais néanmoins beaucoup trop fardée pour une simple femme d’affaires, donc plutôt le genre de femme qui cherche quand même à plaire. Evidemment, fort bien habillée et avec un sac à main très distingué. Elle faisait vraiment très classe.


Donc, à Angoulême, les portes à peine refermées, je vois le vieil homme se lever et s’approcher de nous. Je pensais qu’il ne faisait que passer et qu’il allait se diriger vers les toilettes. Mais non, voici qu’il s’arrête et qu’il s’assoit face à ma voisine, comme par hasard, alors qu’il y avait vraiment des places partout dans le wagon.



Elle ne répondit pas et se contenta de le regarder en souriant, peut-être étonnée de son audace.



Elle ne répondit pas, elle plongea la tête dans son bouquin, espérant décourager ainsi cet importun.



Et comme elle ne répondait toujours pas :





D’où j’étais, j’entendais tout de cette conversation. Certes, il devenait lourdingue mais d’un autre côté, il n’y avait pas de quoi non plus lui sauter dessus, ni l’accuser de harcèlement. J’aurais été moins craintif, je me serais peut-être levé et j’aurais dit : « Monsieur, veuillez cesser d’importuner cette dame. » Mais, en l’état, j’aurais probablement eu l’air stupide. Et puis, c’était quand même au risque de me faire casser la gueule.

Il continua encore un long moment son petit manège. Nous avions dépassé Poitiers et approchions de Tours :



Elle consentit un peu plus tard à lui laisser son numéro de portable. Ce goujat eut même l’outrecuidance de composer le numéro pour vérifier son exactitude.



Et plus le temps passait, et moins elle n’arrivait à s’en dépatouiller. Il maîtrisait tellement bien l’art de l’emberlificotage qu’elle s’en trouvait piégée, presque contrainte à accepter et à reporter à plus tard son refus, en espérant que celui-ci serait encore possible…


Nous approchions rapidement de Paris, plus de deux heures qu’il la « travaillait » et il avait presque obtenu son accord de principe, lorsqu’elle eut cette idée :



J’en fus le premier surpris. Et Roger aussi par la même occasion. Il me toisa d’un œil sévère, ne croyant pas un mot de ce qu’elle venait d’affirmer. Et je pus lire tout le mépris qu’il ressentait envers moi dans son regard glacé.

Il devait me considérer comme un gringalet, mais surtout pas comme un concurrent sérieux. Il me toisa un instant avec dédain, avant de se retourner vers la bourgeoise :



Nous arrivions en gare Montparnasse :



Et Roger dut regagner ses pénates, au minimum pour récupérer ses bagages. Vraiment mécontent, ça se voyait dans son attitude.





A cette époque, j’habitais assez loin, en banlieue sud. Alors, plutôt que de prendre le RER, c’est vrai que pour une fois, un taxi ce serait sympa.

En plus, elle avait l’air vraiment gentille et de mon côté je n’étais pas spécialement pressé. Je ne fis donc aucune difficulté pour opiner du chef, allant même jusqu’à décider de lui porter galamment sa valise.


Le vieux beau nous suivait, d’assez loin, mais furax. Et il avait l’air bien décidé à vérifier, une nouvelle fois, qu’elle n’avait pas dit de bourdes. Cela dut vraiment le foutre sur le cul quand il nous vit monter dans un taxi commun !


Toujours est-il que je me retrouvais donc avec une Carla joyeuse et décontractée, une Carla qui exultait, une Carla qui trépignait, visiblement contente de cette bonne blague.



C’est ainsi que je me suis retrouvé au bar de l’hôtel, avec cette belle bourgeoise un peu rondouillarde mais éminemment sympathique. Finalement pas bégueule pour deux sous, pas si coincée que ça, je dirais même pleine d’humour.

Certes, elle aurait pu être ma mère, et nous n’étions pas non plus du même milieu social, mais nous avons néanmoins sympathisé et, deux heures plus tard, nous étions toujours là à discuter, de tout, de rien, de la vie, de la jeunesse, des problèmes de chômage… Et, suite logique de notre bonne entente, elle m’a offert le restaurant.



C’est vrai que c’était une très jolie femme, avec un joli visage, un regard d’enfer, une poitrine généreuse, une bouche incroyablement pulpeuse. Je comprenais tous ces types. Moi aussi, j’en aurais bien croqué. Avec vingt années de moins, elle devait être canon, le style de fille pour laquelle tout le monde siffle sur son passage.


J’en étais là dans mes pensées quand j’entendis :



Hélas non, je n’en avais pas, et depuis longtemps ! J’étais surtout totalement incapable de faire des compliments à une fille, pour faire œuvre de séduction. Incapable de draguer, traumatisé à l’avance par les rebuffades que j’allais fatalement essuyer, en m’essayant à pareilles choses.


J’ignore ce qui cette fois là me fit être si « osé ». Est-ce la décontraction de nos échanges ou ces quelques petits verres de vin qui me troublaient la tête ?

Toujours est-il que je m’entendis dire :



Elle éclata de rire.



Et comme je regardais machinalement son alliance, elle ajouta :



La conversation en resta là et nous passâmes au dessert et ensuite au café. Elle me fit parler de mes études (ratées), de mon travail (peu passionnant), de mes aspirations (défaitistes).




Nous nous étions levés et allions bientôt nous séparer. Et j’en étais, pour ma part, à me demander s’il fallait que je lui fasse la bise ou que je lui serre la main : douloureuse controverse. Nous avions échangé nos téléphones et aussi nos adresses, et je crois que tout avait été dit…


Mais dans le hall de l’hôtel, juste en face la cabine d’ascenseur :



Décidé quoi. En bon benêt, je ne compris rien à ce qu’elle me demandait, il fallut alors qu’elle m’explique :



Je suis tombé des nues et j’ai rougi jusqu’aux deux oreilles, honteux de ma candeur.



Très quoi je ne savais pas, je ne trouvais plus aucun mot, ma tête semblait complètement vide.




Mais je ne pus attendre la chambre pour lui confier mon empressement. La porte de l’ascenseur à peine refermée, que je me jetais déjà sur elle pour lui prodiguer mille baisers.



Joyeuse, gaie, frivole, son corps était un vrai délice. Je ne pouvais m’empêcher de poser les mains sur elles. Elle ne me repoussait pas ou, alors, à peine. Et tous ses : « Allons, soyez sage » étaient plutôt coquins et ne faisaient que m’exciter un peu plus.




Je ne vous raconterai pas dans ce texte ce que j’ai fait ce soir-là avec elle. Peut-être une autre fois, si vous êtes sages et que vous avez apprécié ce premier récit.

En tout cas, ce fut pour moi une expérience inoubliable pendant laquelle j’appris moult choses sur la gent féminine, en particulier que les femmes sont très jouissives et qu’elles peuvent jouir de mille et unes façons.

Ce fut pour moi comme un second dépucelage, car je m’aperçus soudain, qu’au fond, je n’avais pas fait grand chose avec mes quelques copines, et que j’étais vraiment très loin d’avoir fait tout le tour du monde sexuel.


Après cette première aventure, je revis Carla cinq ou six fois, la plupart du temps à Paris lors de ses déplacements professionnels et une fois aussi à Saint-Jean de Luz où elle avait déménagé au bout d’un certain temps.

Par la suite, je n’ai plus eu de nouvelles d’elle, cela fait presque dix ans. Mais j’y repense souvent, et j’ai parfois envie de reprendre contact avec elle, pour savoir ce qu’elle est devenue, pour savoir si elle est toujours aussi chaude qu’à cette époque. En tout cas, elle fait partie de mes meilleurs souvenirs, et je ne remercierai jamais assez Roger de m’avoir permis de la rencontrer.