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n° 09632Fiche technique22218 caractères22218
Temps de lecture estimé : 13 mn
31/08/05
Résumé:  ... où nous nous sommes aimés.
Critères:  fh jeunes amour volupté hsoumis voir odeurs init
Auteur : Jeff            Envoi mini-message
Innocence de la toute première fois...

Cela commence par la lecture sur RVB d’un très joli texte (09612 – "Plus nue que nue", par Mireille), puis un flash dans la mémoire qui surgit soudain, pour devenir lancinant, persistant, et vient vous hanter l’esprit, de plus en plus fortement : ce prénom ! Il est des prénoms qui vous marquent, vous poursuivent et qu’on n’oublie pas, celui-là en particulier. Ensuite, cela devient comme une ritournelle, dans la tête, une de ces chansons qu’on n’oublie pas non plus (Jeanne Mas… Toute première fois…) et la chanson ne vous quitte plus. Elle vous prend la tête, le corps, le ventre - qui se serre - et la main qui cherche… un clavier pour écrire…

Oui, c’est aussi comme ça qu’une idée vous vient, germe, prend forme.

Vite, il me faut l’écrire. Écrire la toute première fois…

Un exercice de style, de mémoire, difficile, délicat… Difficile car loin (c’est sûr), un peu oublié (c’est certain), enjolivé (c’est évident). Délicat car il est rattaché au premier amour de l’adolescent que je fus, aux premiers émois amoureux de mon corps de petit mâle. Il ne faut ni trahir les sentiments, ni tomber dans le vulgaire et surtout éviter d’être ridicule et pathétique… Bref, un beau challenge qui apparaît dans toute sa difficulté au fur et à mesure que les doigts glissent sur les touches du clavier.

Des doigts qui se font légers, timides et tremblent un peu, comme la toute première fois…




Cette toute première fois où, assis à côté d’Elle, je m’aventure à glisser une main moite et tremblante vers son cou, sa jambe, son ventre, ou sur sa poitrine qui se soulève déjà avec difficultés car l’émotion est partagée, l’angoisse est répartie entre les deux corps, entre nos deux êtres qui sont là, côte à côte, assis dans sa chambre, porte fermée, l’oreille aux aguets de peur de se faire surprendre par la maisonnée.


Je revois cette chambre, cette douce après-midi où un rayon de soleil venait éclairer en biais le lit et dans lequel dansaient les grains de poussière. Je revois cette tapisserie, semis de petites fleurs passées, les posters de David Hamilton (c’était l’époque) où des jeunes filles romantiques prenaient des poses ambiguës. J’ai en mémoire le moelleux du sommier et le rêche du couvre-lit. Je suis emprunté, ému, tremblant, transi, amoureux…


D’abord occuper ses yeux, sa bouche… Cueillir sa langue fraîche et encore maladroite, comme la mienne, dans un fougueux et long baiser. Croire qu’on va s’étourdir de ce baiser, prémices à d’autres jeux que ni l’un ni l’autre ne connaissons. Ses lèvres sont tendres, mes mains me démangent, picotent, m’énervent. Elles glissent sur ses épaules, chastement encore couvertes d’un chemisier gris clair à col Claudine, fermé par un long ruban noué en Lavallière lâche. À travers le tissu soyeux, le petit bourrelet de la lanière du soutien-gorge. Le picotement de mes doigts s’accélère. Passer la main dans le dos, remonter vers la nuque… toucher les cheveux… coupés courts sur la nuque, revenir sur le cou… Stratégie de mouvements volontairement lascifs qui doivent apparaître naturels et que je calcule, millimètre après millimètre… Ne jamais forcer ni brusquer… Prendre son temps, pour moi, pour Elle.


La toute première fois… Il m’a fallu du temps, de la patience… pour moi, pour Elle.


Pour moi, qui n’étais sûr de rien et en connaissais encore moins. Pour Elle, qui était moins sûre que moi et devait être rassurée, réconfortée tout en cachant son impatience. Pour nous deux, c’est la toute première fois, attendue par l’un, espérée par l’autre et redoutée par les deux…

Et si cela ne fonctionne pas, ne marche pas… et si…


Corps alanguis, énervés, qui se touchent, sont en contact, se cherchent, se bousculent, s’électrisent.

Ma main descend sur son cou… défait lentement ce fichu nœud et s’immisce doucement dans l’entrebâillement du chemisier. Sa peau, douce, voilée d’une très légère transpiration. Le contact de son sein à travers le tissu sage du soutien-gorge.


Comment faire ? Être doux, curieux ? Être rude, blasé ? Et comment passer cette barrière ?


Les mécanismes humains sont pleins de ressources imaginatives, inventives et surtout adaptatives, sauf devant la fermeture d’un soutien-gorge. Empoté ! Voilà un des rares qualificatifs que je retiendrai toute ma vie (et encore aujourd’hui) face à cette invention du diable qu’est une fermeture de soutien-gorge et l’assimile à une véritable ceinture de chasteté des temps modernes.

Rires forcés, rougeur au visage… pas besoin de me mentir, lui raconter que je ne comprends rien à la technologie, pas besoin de lui préciser que je n’y ai jamais rien compris…


Le baiser cesse, le buste s’avance, des mains fines, les doigts encore ornés de quelques taches d’encre d’un travail scolaire en cours et suspendu… Les doigts qui défont les minuscules boutons, un à un, avec lenteur et difficultés sous le coup de son émotion, tirent nerveusement sur les pans du chemisier qui s’ouvre, comme par enchantement.

Vision et découverte d’un buste, barré par les bonnets blancs opalescents à la limite de la transparence et laissent voir des seins comprimés, des bouts rosâtres bruns, malmenés, aplatis par le tissu et l’armature. Ses mains passent dans le dos et mes yeux ne savent plus où regarder : le visage de celle qui se déshabille pour moi, qui vient de me sauver d’une situation un peu (totalement) ridicule, ou les épaules nues, légèrement en avant, un peu dodues, ou avec un rapide coup d’œil d’envie et de désir vers cette poitrine qui va se libérer, pour moi, rien que pour moi !


Voilà ! Les seins sont libres !


Regard obnubilé, presque hagard ! Se reprendre… Faire comme si on en avait déjà vu d’autres (mais pas trop… et plutôt en photos qu’en réalité)…

Et comment faire ? Avancer une main ferme ? Un doigt ? Dessiner des arabesques, tordre le bout ?


Non. L’embrasser et reprendre là où l’on en était avant…


Câlinement, amoureusement ses lèvres recollent aux miennes… Ma main, plus affermie mais toujours avec timidité, effleure avec douceur le sein. Chaleur du contact de la peau, marbrée des liens d’attaches. Douceur satinée de cette peau fragile et que l’on découvre pour la toute première fois.

Cette vision, tant de fois espérée avant, tant de fois réitérée ensuite, qui émerveille lors de sa découverte, émeut puis devient routinière avant de devenir souvenir et s’effacer… pour revenir, plus tard, vous hanter, un soir après la lecture d’un simple texte…


Et la poitrine ne suffit pas. Elle ne suffit plus… Mais d’autres barrières restent à franchir, d’autres pas sont à faire…

Descente vers un ventre chaud et légèrement rebondi. Jeu de doigts dans le nombril. Atermoiements en pensant à l’étape suivante… Est-ce là une partie sensible ?


Découverte des corps mais aussi interrogations sur le pouvoir de la caresse. Charme du premier contact peau à peau… Exaspération des nerfs, des sens. Premiers effets d’un souffle que j’écoute, que je guette qui s’ébauche.

Et nos bouches sont toujours soudées. Ailes du nez qui se pincent. Aïe ! Ai-je mal fait ? J’ai du m’y prendre comme un manche…


La main s’égare sur la cuisse, couverte d’un jean serré, nouvelle barrière infranchissable… La main avance, cavalière, indiscrète, trop rapide, trop pressée, trop empressée… À travers le tissu raboteux et presque empesé, au milieu des coutures dures, la main est en contact avec l’entrejambe.

Son souffle se fait plus rauque… se ralentit… Les doigts tentent d’épouser la forme… le tissu gêne, les cuisses s’écartent et claquent sur la main… qui reste prisonnière. Mes doigts cherchent un espace de liberté, remuent, s’agitent, les cuisses s’ouvrent et un premier soupir fait comprendre qu’une vague de désir monte chez Elle (ça, on ne le comprend qu’après).


Alors sans hésitation, avec goujaterie (mais ça aussi, on ne le sait qu’après), j’abandonne l’entrejambe empaqueté dans son écrin raide et moulant pour tenter de m’attaquer à la fermeture éclair de la braguette… Doigts malhabiles, étroitesse de l’objet, nouvelles finesses de la technologie…


Le baiser s’interrompt une seconde fois.

Reprendre son souffle avant la suite…

Regarder faire, prendre une leçon… S’incruster dans la mémoire les images qui vont suivre…

Contorsion du bassin qui se découvre, pantalon qui roule sur les cuisses et emporte avec lui le slip. Jambes qui se lèvent alors que le buste bascule sur le lit, bottes qui se déchaussent, pantalon qui glisse, enlevant au passage les chaussettes.

Vision fugace, attendue, espérée d’une toison blonde, courte, frisottée. Aperçu des fesses, qui s’agitent, se ferment et s’ouvrent à quelques centimètres de mon nez, quelques poils folâtres qui en dépassent me mettent la tête à l’envers, le feu au ventre.

Tension extrême dans mon pantalon…


Le corps est couché sur le lit, les jambes sont posées, serrées l’une contre l’autre, sages. Plus aucune barrière. Moi, assis au bord, tentant de reprendre mon souffle, mes esprits.

Admirer la vision, l’enraciner dans la mémoire. Ne pas oublier.

Instants magiques de cette toute première fois où son corps apparaît nu, vulnérable et qu’elle me dédie, prête à me le livrer avec confiance.

Jamais plus je ne retrouverai cette émotion ni avec elle, ni avec d’autres.


La main tremblante avance vers les flancs, vers le ventre. Contact. Douceur déjà éprouvée et déjà renouvelée. La main s’avance sur le ventre, peau de pèche velouté d’une fragilité qui me fait prendre une attitude de papillon. Contact soyeux avec les premiers poils. Découverte de leurs entremêlements. La main glisse et s’égare, les cuisses s’ouvrent avec détermination.

Les doigts explorent cet univers inconnu, rêvé.


Sensation douce du pulpeux de ce lieu secret, tant espérée, tant convoité et si souvent évoqué et raillé (grassement) avec les copains. Ici, si délicatement offert. Doigts gênés qui se perdent dans les plis et les replis, s’égarent et avancent en terrain inconnu.

Raidissement soudain du corps, forme de tétanie passagère surprenante.

Regard vers les yeux de mon amour… Interrogation ? Mal ? Non ! C’est bon ? Encore ? C’est comment ?


Apprendre… Ne rien savoir… et apprendre l’autre, ses réactions, ses secrets, ses plaisirs, son plaisir…

Des mots qui à ce moment-là peuvent bien me venir à l’esprit mais qui sont vides de sens, vides de leur utilité, plein de futilité. Seule l’expérience guidera les prochaines fois.

A l’instant présent, lors de la toute première fois, je ne savais rien. Juste quelques conversations de cour d’école, entre garçons, ou après le catéchisme et lors de camps scouts (pourtant mixtes)… Quelques photographies trop vite aperçues et immédiatement reposées…

Là, soudain, j’étais face à la vraie vie… à la réalité… J’étais acteur et plus voyeur ou auditeur.


Continuer… C’est elle qui le demande, qui le dit… c’est elle qui prend en main les choses, parle, attire ma tête dans son cou et susurre à mon oreille.

Mon nez sur sa peau hume les odeurs de musc ambré de son parfum et l’aigrelet de sa chaleur animale.


Elle parle… pour s’étourdir elle-même ? Peut-être, mais aussi, et surtout, elle dirige ma main, mes doigts, les fait s’enfoncer plus loin, plus doucement, les fait remonter… glissant sur le haut, vers le bas… Elle me nomme les partie que je touche…

« Mes lèvres, mes grandes lèvres, mes petites lèvres, l’entrée de mon minou, mon clitoris… »


Sous mes doigts, les mots prennent du relief, de l’humidité, du sens et deviennent gémissements, petits souffles, petits cris rauques de plaisir.

Elle me serre contre elle.

Contre mon buste, sa poitrine chaude, ses seins qui me semblent plus fermes. Mon nez se noie dans sa chevelure blonde. Je suis presque étalé sur elle, le long d’elle. Ses bras m’enserrent, m’étouffent presque. Ma main devient autonome, plus à l’aise, elle a assimilé la géographie des lieux, les coins à explorer, où passer et repasser, s’attarder, se faufiler. Moi, pour l’instant j’imagine avec ma peau.


Contre sa cuisse, mon sexe, raide, a déjà des soubresauts… Il fait mal à force d’être excité…

Premiers gémissements de son plaisir trop rapidement atteint, pas tenu, et déjà retombant.

Et la main devient de plus en plus autonome, audacieuse. C’est elle qui semble maintenant commander.


L’embrasser. Pas seulement pour obtenir et prolonger cette sensation de plaisir, juste pour voir s’il y a corrélation entre le chaud et l’humide de sa bouche et en bas, son sexe que mes doigts recommencent à explorer.

Sous la poussée légère de cette nouvelle aventure, sa langue me fouille, plus loin (plus tard j’en comprendrai les signes, l’attente espérée et sa signification, mais bien plus tard car il faut du temps pour apprendre le langage du corps des femmes).

Là, cette toute première fois, mufle et goujat à la fois, j’abandonne la bouche et descend sur son cou, vers les seins…


Premier contact avec un bout durcit. Petite excroissance un peu râpeuse, plissée, hérissée de tout petits plis et picots qui roule sous les lèvres, la langue, durcit sous le mordillement de mes dents.


Doucement ! Le mot murmuré a jailli de sa bouche pour protéger sa jeune poitrine excitée et qui doit lui peser. Les seins sont devenus lourds et fermes. Les pointes arrogantes, se dressent.


En bas la main explore, palpe, tâte, tâtonne encore. Elle joue et apprend. Elle glisse dans un univers de plus en plus chaud et humide. Elle se contente de cet état de fait et s’inquiète de cette première intrusion… Et si tu allais faire mal…

Dans la tête, les récits fantasmagoriques et affabulés des copains… ceux qui racontent sans toujours savoir le fameux dépucelage avec moult détails qui vous donnent la chair de poule… et vous endorment le soir en vous emportant dans des univers oniriques.

Non, elle me rassure… Elle n’a pas mal, au contraire… Encore la main et les doigts… Maintenant, à toi de raconter… Et me voilà contraint de raconter, mais quoi ? Ce que je sens, ce je ressens… Pour l’instant, cela lui suffit…


Et sa main dans mon dos qui le presse, descend et finit par s’interposer entre le pantalon et ma peau.

Une main douce, moite aussi nerveuse que la mienne.

Elle reprend son souffle et m’invite à me déshabiller. Là ? Comme ça ? Ma pudeur, ma timidité reprennent un instant le dessus… Elle rassure, se fait enjôleuse, câline, amoureuse…

Me voilà nu… enfin, presque… Bêtement j’ai gardé mes chaussettes, moi… Sourire, puis rire, puis moquerie de sa part. Cela détend l’atmosphère, fait retomber cette exubérante pression qui animait nos corps, recule l’instant fatidique.


A mon tour d’être au centre de son intérêt… et toutes ces questions stupides qui viennent me troubler, à ce moment où l’on souhaite penser à autre chose, ou ne pas penser du tout, mais agir… Suis-je assez bien pour elle ? Comment me trouve-t-elle ?

Et soudain je ne vois plus que ça ! Ça est raide, tendu, excité, tressaillant. Le bout rouge, décalotté, brille de gouttes qui se sont échappées… Elle le regarde. Le contemple-t-elle ? Va-t-elle éclater de rire ?

Non. Son regard remonte vers mes yeux. C’est elle qui quémande un baiser et se plaque sur moi. Nos corps sont l’un contre l’autre, presque à s’emboîter. Nous avons chaud.


D’un simple regard, d’une pression de sa bouche sur la mienne, d’une pression de sa main sur mes côtes, elle me signifie qu’elle est prête, qu’elle m’attend…

Et c’est moi qui recule, tergiverse. De nouveau mes doigts et ma main repartent en exploration. Peut-être pour m’assurer que je ne rêve pas ! Peut-être pour la rassurer une fois encore ? Peut-être aussi pour lui laisser encore cette toute petite seconde de réflexion, afin qu’elle puisse dire « Non »…

Mais cette fois je sens que son corps se tend, son ventre se bombe à la recherche du mien, les cuisses claquent comme un appel.

Elle s’étend sur le dos, s’ouvre, remonte légèrement les jambes et s’offre à moi…


Enfin, je la surplombe. Hésite encore puis me penche vers son visage que je sens soudain tendu, presque sérieux… et vais, d’un doux et long baiser, cueillir ses lèvres. Ses mains se calent sur mes fesses. Elles sont chaudes, moites, tremblantes et troublantes… Elles appuient, m’incitent à m’abaisser.

Mon sexe est en contact avec le sien.

Comme par enchantement l’un trouve le chemin alors que l’autre s’écarte pour me recevoir.


Magie du contact ! Suprême moment ! Délices de ce premier frôlement de mon corps intime avec le sien.


Petite poussée, légère résistance, grimace, retrait. Mais non, ses mains me bloquent immédiatement, m’obligent à franchir le pas, aller plus loin, accélérer.

Je recommence, sous la poussée impérieuse de ses mains largement appliquées sur mes fesses et mon instinct de jeune mâle.

Cette fois j’appuie ma pression, bute et force légèrement le passage. Petit cri vite étouffé dans mon épaule puis, par un instinct ancestral, mes hanches entament une fantasia faite de va-et-vient qui nous mènent rapidement vers l’extase commune, presque immédiate.


Mon débordement soudain en elle m’affole, mais c’est trop tard ! Déjà, je m’écroule sur sa poitrine, la tête vide, le souffle court, le corps en sueur.

J’ai l’impression que cela n’a duré qu’une seconde, qu’une minute… Je suis heureux et malheureux. Sentiment mitigé et contradictoire…

Heureux d’avoir surmonté tous ces obstacles, toutes nos timidités, d’avoir «fait l’amour », de passer dans la catégorie des « hommes » ! Heureux aussi de découvrir qu’elle n’était pas « couverte de sang », comme ces crétins le faisaient croire dans la cour de récré.

Mais malheureux de mon empressement, de n’avoir pas su contrôler mes réactions (mais je découvrirai plus tard, bien plus tard, que cela s’apprend aussi).


Malheureux et embêté, soudain, d’une étreinte sans protection… Et si jamais… (Non, à cette époque, il n’y avait pas le Sida, seulement la crainte de faire un bébé… Mais elle saura me rassurer, plus tard dans l’après-midi, en me montrant sa plaquette de pilules…)


Lors de cette nouvelle découverte, je me suis senti penaud… Non seulement Elle avait pensé aux pilules, mais savait que nous aurions ces quelques instants de solitude « à deux », prévoyante et déterminée à m’offrir, à ce moment précis, sa toute première fois… En repensant plus tard à ce moment, j’ai aussi compris combien les hommes sont faibles devant la volonté et la détermination organisée de la femme.


En attendant, la tête nichée dans son cou, reprenant ma respiration, mes esprits, je n’ose lui demander comment elle se sent, comment elle va. Elle, dans un murmure aussi essoufflé, me dit juste « Merci », à quoi je réponds platement « Merci à toi » et ajoute - heureusement pas pour la première fois - « Je t’aime ».


Et nous nous sommes serrés l’un contre l’autre, comme pour ne faire qu’un.

Mais n’avons pas eu le temps de savourer très longtemps cette première étreinte car au loin dans la maison, déjà, une porte claquait et un pas résonnait, annonçant l’approche d’un familier.

Vite, se rhabiller, retaper le lit, faire comme si de rien n’était… La porte s’ouvre… Le rêve s’envole par l’entrebâillement…


Voilà, c’était comme ça, la toute première fois.

Je m’en souviens comme si c’était hier. Tout est revenu à ma mémoire, fidèlement. Les odeurs, les sensations tactiles, les sentiments. Je ne pense pas avoir oublié de détails, embelli la réalité. Plus tard, nous avons refait l’amour mais c’était différent. Et à chaque fois, ensuite, se sera encore différent. Bien sûr, toutes les fois où nous nous sommes aimés, je crois avoir essayé de retrouver ces sensations si particulières de cette toute première fois, sans jamais y parvenir.

Peut-être est-ce là l’un des moteurs de la vie du couple… et son mystère.


Les années ont passé, les étreintes aussi. Les corps se sont séparés. Avec le temps, vient l’oubli, l’enfouissement dans la mémoire de ce moment unique et intense que l’on croit alors à jamais perdu mais qui peut, au détour d’un mot, d’une phrase, d’un texte, ressurgir, clair et net comme au premier jour, comme si l’on venait de le vivre, là, à l’instant.

Pourtant, cela fait quarante ans que cela s’est passé.


Alors, tant pis pour ceux qui me classeront dans les indécrottables sentimentaux, mais je tenais à dédier ce texte à Mireille de Gironde (auteur du texte n° 09612 – "Plus nue que nue") et, surtout, lui dire « Merci ».

Merci de m’avoir permis de retrouver ma mémoire et ce moment si important de ma vie d’homme.