n° 09749 | Fiche technique | 10123 caractères | 10123Temps de lecture estimé : 7 mn | 05/10/05 |
Résumé: Ce que j'ai toujours voulu... | ||||
Critères: hbi voir trans init | ||||
Auteur : Armel (Libertin sentimental) Envoi mini-message |
Un silence inhabituel règne dans l’atelier de cette imprimerie perdue au fond d’un quartier délabré de la ville. Il semble que les machines n’ont pas tourné depuis de nombreuses années. Une couche de poussière impressionnante recouvre le métal des mécaniques endormies. Je n’avais jamais mis les pieds dans cet endroit avant ce soir. Je connais pourtant bien le quartier, et malgré mon attirance pour ces endroits, perdus dans les cours reculées, c’était une véritable découverte pour moi.
Pourquoi m’avoir donné rendez-vous ici, à cette heure ? Je ne la connais que depuis hier, quand je l’ai rencontrée dans cette soirée de merde chez un collègue. Je m’ennuyais ferme quand elle est apparue, en retard d’une bonne heure. La porte s’est ouverte et elle est entrée, se mêlant aux convives éparpillés dans le salon. Elle ne marchait pas, elle flottait dans cet air saturé de discussions stupides et engluées dans les lieux communs de circonstance. Quelques sourires, quelques bises sur des joues, et moi, dans mon coin, les yeux fixés sur elle, avec certainement l’air le plus idiot qui fût. Si elle paraissait si légère, pour ma part je sentis la densité de mon corps prendre des proportions mégalithiques. Je crus un moment que la pièce avait rétréci, se réduisant à sa plus simple expression et que tous les invités, hormis elle et moi, s’enfonçaient dans les murs mouvants qui étouffaient tous les sons parasites qui en émanaient jusque là.
De debout, je passais assis, et lorsque je voulus poser mon verre sur la table basse, une erreur de jugement de plusieurs centimètres le fit choir sur la coûteuse moquette et le contenu s’y répandit lamentablement. C’est ce qui avait attiré son regard. Elle avait simplement tourné la tête, avant de faire tourner la mienne, la prunelle de ses yeux d’abord attirée par la petite mare puis s’orientant ensuite vers les miennes, dont l’état devait être incertain. Elle sourit, mais il ne s’agissait pas du sourire moqueur auquel j’aurais pu m’attendre. Non, un sourire plein, entier, offert comme un ciel d’argent.
Lorsqu’elle s’est approchée pour venir s’asseoir à côté de moi, j’ai cru un instant que ce diabolique canapé allait m’absorber tout entier pour me digérer avec voracité. Alors que je prenais garde de me défendre contre l’appétit féroce de ce meuble infernal, elle avait entamé la conversation, les présentations, et tout et tout… Jamais la moindre banalité dans ses propos, pas une fois. Dans les miens, en revanche, je ne sais plus trop… Une ou deux fois, elle s’était levée, me permettant d’admirer tout son corps et la fine enveloppe de tissu dont il était recouvert. La robe d’été légère, à mi-cuisses, voletait à chacun de ses mouvements. Ses cheveux châtain roux, très longs, indiquaient comme un panneau signalétique le bas de son dos extrêmement cambré. Si l’on suivait cette direction, on parvenait dans une région aux rotondités stupéfiantes, dont je n’avais jamais connu l’équivalent dans mon existence. Quelque chose dans son allure me troublait encore plus, mais je n’avais pas réussi à définir quoi exactement. Quand je regardais son visage, je sentais confusément une sorte d’indécision. Oui, c’était ça : une indécision.
Malgré tout, j’étais là, ce soir, dans ce drôle de bâtiment, à l’attendre avec fébrilité. Elle m’avait très vite proposé de nous retrouver dès le lendemain. Un peu paumé en ce moment, j’ai d’abord eu du mal à y croire. Il y a pas mal de temps que ma vie ressemble plus au petit séminaire qu’à une folle soirée débridée des Mille et Une Nuits ! Tout s’est terminé sur une histoire désastreuse. Je n’y peux rien, je suis tout aussi attiré par les hommes que par les femmes. Mais ça, la dernière femme que j’ai connue, elle a très peu apprécié ! Je déambule dans les allées. Au-dessus de ma tête, clignote un néon. Cela m’agace, mais en même temps cet éclairage épileptique confère au lieu une apparence quelque peu irréelle qui ne me déplaît pas. Les rotatives ont dû s’arrêter en cours de route : il reste quelques feuilles engagées et à moitié imprimées. Des nouvelles qui ne paraîtront jamais…
J’en suis là de mes pérégrinations, lorsque j’entends enfin le grincement de porte qui m’a surpris quand je suis entré tout à l’heure. Dans la pénombre qui baigne le hall d’entrée, je distingue sa silhouette inoubliable et je sens mon palpitant faire des bonds de sardines. Je sens également qu’elle joue de cette atmosphère pour faire son entrée. Ne bougeant pas, je la laisse s’approcher. La lumière révèle alors une robe presque semblable à celle d’hier, aux motifs floraux d’un bleu sombre. Sur elle, c’est la ligne bleue des Vosges avec toutes ses rondeurs apaisantes. Tout près de moi, il n’est plus question d’apaisement, bien au contraire.
Prenant les devants, elle pose lentement son petit sac à main pour le déposer à ses pieds. Avec la même lenteur, si près que son souffle hérisse mes nerfs à fleur de peau, elle fait passer ses mains dans son dos, pour faire quoi, devinez quoi ? La fermeture est ouverte à une vitesse calculée. Les épaulettes glissent doucement sur le haut des bras pour finalement laisser la poitrine nue dessous s’exprimer dans toute sa plénitude. Les seins, massifs et sûrs d’eux, semblent apprécier le traitement que les fines mains lui infligent. Ils n’avaient pas besoin d’elles pour défier les lois de la gravité, mais seulement pour redresser fièrement les tétons durs sur leurs larges disques bruns. Ce sont mes lèvres qui s’en emparent alors. Le premier gémissement s’échappe des siennes et la cambrure de ses reins prend des proportions inquiétantes. Elle se donne, complètement. D’une main sur ses reins, je lui évite de tomber à la renverse. De l’autre, je m’empare de la douceur de son ventre. Je sens les oscillations que lui imprime sa respiration désordonnée.
Plus bas, je sens autre chose, une chose à laquelle, je me rends compte maintenant, je m’attendais. La robe s’est redressée anormalement, tendue visiblement par un organe qu’on ne pense pas toujours trouver comme ornement d’un tel corps. Je ne suis aucunement déstabilisé par cette découverte. Son œil inquiet et interrogateur me scrute un instant, attendant ma réaction. Ravi au fond de moi, je soulève délicatement la robe par le bas pour mettre à jour une jolie verge, de taille, ma foi, plus que raisonnable. Je crois qu’elle est l’être rêvé pour ma libido. C’est elle que je cherchais depuis toujours, l’hermaphrodite complémentaire !
Quand je m’empare du membre qui m’est ainsi offert, son gonflement subit ainsi que le sourire de béatitude de sa (ou son ?) propriétaire trahissent le soulagement. L’anxiété fait place alors à la libération des sens. Je flatte amplement la hampe, à pleine main, titille les bourses, un peu gauchement de prime abord. Elle ne tarde pas à partir à la découverte de mes propres attributs. Accroupie, elle entame un affolant ballet buccal sur leur chair délicate et presque à vif. Je dois réfréner son appétit pour ne pas me répandre trop vite sur ses papilles. Se retournant brusquement, elle s’appuie sur une des machines après s’être troussée jusqu’aux reins. La déflagration qu’inflige cette posture magnifique et obscène à mon organisme est indescriptible. Je presse la racine de mon vit afin d’en retarder les effets dévastateurs. C’est une invite sans précédent, pour moi. Je dois m’habituer, pendant quelques secondes !
L’offensive est vite décidée. Et c’est dans le corridor menant au monde des rêves que je coulisse avec délectation, arrachant à ma partenaire idéale le premier cri de ravissement. Une découverte mutuelle. Je suis aux tréfonds de son ventre et je sens que je ne pourrai plus le quitter. Sans fin, j’en écarterai les muqueuses sensibles, comme à cet instant, lorsque mon bassin vient à la rencontre de son fessier détendu. L’issue est proche. Se redressant, elle me donne à entrevoir son appendice, semblable au mien, qui bat l’air sous mes assauts de plus en plus convulsifs. Elle le saisit pour bestialement en faire sortir la pression. Planté comme jamais dans son fondement obscur, la décharge se fait liquide et ardente comme un tison. Nous braillons à l’unisson dans une jouissance simultanée, si j’en crois le déferlement de substance blanchâtre hors de son sexe. Il nous faut un certain temps pour récupérer, et pour moi, sortir d’elle. Il y a eu peu de mots, mais tout a été dit, et tout sera encore à redire. Elle m’a laissé là, pantelant presque, pour s’enfuir. C’était trop fort, trop plein et intense. La vie est à nous. Pourtant, je me sens terriblement seul, tout à coup.
Soudain, un bruit, sourd au début, puis de plus en plus assourdissant, emplit tout l’atelier. Me rajustant tant bien que mal, j’en cherche l’origine pour m’apercevoir rapidement que les rotatives se sont remises en marche ! Je me penche au-dessus de l’une d’elle et contemple avec effroi ce qui semble s’imprimer à grande vitesse sur les feuilles de papier jauni. Le journal s’appelle « Mon Quotidien ». Sous quelques gros titres plus qu’évocateurs, un semblant de reportage, et sur une multitude de photos, des plans de tout ce qui vient de se passer dans cet atelier, de près, de loin, plans d’ensemble, plans rapprochés, grain fin… Tout y est ! Je m’enfuis en courant à toutes jambes. Dehors, après quelques mètres, une question me vient brutalement à l’esprit : « Merde ! Et si ça sortait demain ? »
Trop tard !