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Temps de lecture estimé : 7 mn
08/11/05
Résumé:  Correspondance entre deux amants : elle fait partager à son partenaire sa réflexion face à l'évolution de leur vie sexuelle et son intérêt pour le sm.
Critères:  fsoumise hdomine cérébral jeu sm tutu lettre -articles
Auteur : Azz
Le SM cérébral

Personne n’oblige personne à lire un texte qui va à l’encontre de ses valeurs. J’ai envie de répondre via ce texte, à ceux qui comprennent peu ou pas le sm ou les jeux de domination ou soumission…






Correspondance entre deux amants, elle écrit :


J’ai envie d’essayer de comprendre ce qui dans le sm m’allume parce que tel était, et est encore, mon questionnement. J’ai besoin de comprendre. Suis-je une déviante sexuelle ? Suis-je folle ou perverse ou alors suis-je simplement un être humain complexe avec une sexualité et un monde fantasmagorique qui sort de l’ordinaire ? Voilà donc la raison de l’exercice de cette écriture : essayer de me comprendre et partager avec toi ma réflexion. Je crois qu’il y a deux aspects au sm, il y a la dimension davantage cérébrale et émotive et l’autre, davantage physique.


Si je remonte le temps, lorsqu’on a fait l’amour pour les premières fois, déjà à l’époque, j’ai été séduite par ta manière de me prendre. Cette force et cette énergie m’ont dès le départ beaucoup plu, cette nouvelle manière de faire l’amour, était une découverte pour moi. Je te l’ai souvent dit d’ailleurs. J’ai donc l’impression que j’en avais marre de l’« amour-tendresse » toujours trop « drab pâle » et répétitive.


Avec l’« amisodo », on est allé plus loin. J’ai alors découvert cette sensation de douleur / plaisir, j’ai réalisé que j’aimais les sensations fortes physiquement. Je crois qu’à la base, les caresses toujours trop douces m’endorment et me font (pas toujours) peu d’effets. Mon corps est sans doute un peu capricieux car j’ai besoin de caresses vigoureuses pour être en mesure de les ressentir sur mon corps. Aussi, que ce soit la stimulation du clitoris ou des seins ou simplement du contact des mains, des doigts sur ma peau, j’ai besoin d’une certaine intensité et force dans le geste pour être excitée. Il s’agit d’une nouvelle information que je viens de découvrir et qui vient agrémenter de beaucoup ma sexualité.


Pour ce qui est de l’« amisodo », humm ce très cher ami… Je ne te laissais pas toujours faire aisément car j’avais un peu peur d’avoir mal. Mais un ami n’est pas là pour faire mal. Voilà, un autre élément important, la confiance en l’autre.


Ce retour en arrière m’aide à comprendre d’où me viennent cette attirance et cette curiosité. Donc physiquement, les actes qui associent douleur et plaisir m’allument, je dois me l’avouer. C’est un peu le constat que j’en fait aujourd’hui. Dans la mesure où le plaisir prend plus de place. Lorsqu’on est dans un plaisir dit « normal » et que vient s’ajouter une « caresse ou une sensation plus douloureuse » cela amplifie le plaisir premier. Concrètement, hier je te parlais des sensations au niveau de mes seins, j’ai appris à aimer ces caresses avec toi, parce que je ressens enfin quelque chose maintenant. Les caresses trop douces sont attendrissantes mais présentent peu d’intérêt, enfin pour moi ! Cela est aussi vrai pour n’importe quel acte qui me fait ressentir n’importe quelle autre partie de mon corps de manière très forte. C’est comme le sucré / salé… (sourire) l’association de deux sensations opposées, le contraste créé dans mon corps, agit comme une explosion de sensations et cela m’excite vraiment beaucoup. Ce n’est pas tout, il y a aussi le contexte et / ou l’ambiance qui vienne influencer le moment. C’est un peu comme si la domination physique venait se superposer à une autre dimension disons plus cérébrale et émotive.


Bien que nous n’avons jamais véritablement expérimenté le sm du genre « donjon » avec tous les jouets qui s’y retrouvent, nous avons déjà vécu des scènes qui m’ont amené à expérimenter ce que je suis en train de te raconter. J’essaie simplement de mettre des mots sur ce vécu. Lorsque physiquement tu t’imposes, et / ou que tu me domines ou exiges, et que je m’exécute, je sais que je réponds à un désir très ardent et présent à l’intérieur de toi et cela accroît ma propre excitation. Je te sens devenir très allumé, très bouillant. Le mâle prend sa femelle en répondant à une pulsion, la sienne ! Du même coup, je sais que tes exigences souvent me poussent plus loin et lorsque toi tu vas plus loin, je m’expose à de l’imprévisible. Je deviens curieuse et « game », j’ai envie d’explorer des sensations et émotions nouvelles et /ou différentes, et explorer cette mince ligne douleur / plaisir…


L’aspect imprévisible est très excitant, je deviens intriguée et très allumée car je dois en même temps te faire confiance car quand tu prends les guides, toi seul connaît l’issue de l’expérience. Alors j’anticipe, j’appréhende un peu dans mon corps et dans ma tête. Je joue avec mes propres limites et c’est fou ce que ça me fait ressentir. Je deviens intriguée, fébrile, fascinée, excitée en même temps, cela me demande un certain courage et un laisser-aller que j’aime et qui me fait vivre pleins d’émotions, émotions que je sais que tu ressens également. On devient alors très attentif l’un à l’autre, très à l’écoute de ce qui se vit.


Tu connais mon intérêt pour les jeux sexuels ou les jeux de rôle. Cela nous permet de réinventer de nouveaux scénarios, contextes, de nouveaux personnages pour expérimenter des sensations et émotions de part et d’autre, la limite étant notre imagination. Je crois qu’en même temps que je te raconte tout ça, je suis en train de comprendre et de m’expliquer le plaisir de notre scénario sur le « viol » dans lequel plusieurs éléments du sm étaient présents. Ce petit jeu que nous avons réalisé était fort excitant. Nous l’avons fait à l’intérieur de nos limites individuelles, avec notre amour pour les jeux de rôles et notre côté théâtral à chacun. Mais je dirais aussi que l’avons fait avec, étrangement, l’amour que nous nous portons l’un à l’autre.


Nous avons sans contredit, tous les deux trouvé notre plaisir. Plusieurs personnes nous traiteraient sans doute de fous ! Tu as réalisé mon fantasme sans m’exposer à un danger quelconque, sans me faire vraiment mal, et cela s’est passé entre deux adultes consentants. Nous avions un code pour nous permettre de sortir du jeu instantanément. Était-ce si fou que ça ?!


Nous serions sans doute très étonnés de savoir combien de femmes fantasment sur un scénario de viol… Mais attention, j’ai bien dit « scénario » de viol, pas le vrai viol, pas celui qui est réel et qui blesse. Un scénario fondé sur la confiance que l’on a, l’un vis à vis de l’autre et qui permet l’exploration d’une multitude de sensations et d’émotions, des limites individuelles. Jamais je n’aurais fantasmé d’être violée pour vrai ! Je parle ici du viol qu’on peut jouer comme deux acteurs de cinéma. C’est de l’improvisation, on joue sexuellement avec nos corps en cherchant les zones d’excitation de l’autre tant au niveau cérébral, qu’émotif, que corporel. Il n’y a pas de véritable violence (non-souhaitée), il n’y a pas de véritable prise de contrôle ou d’abus, pas de véritable perte de dignité.


Néanmoins, on ressent toute une gamme d’émotions qui sont absolument incroyables. Cela dure le temps d’un jeu. Lorsque le jeu est terminé, c’est terminé, voilà tout ! Un peu comme dans les soirées « meurtres et mystères ». Plus le talent des acteurs amoureux qui jouent est grand, plus le scénario est bon, plus le souvenir demeure vivant et plus on a envie de recommencer. C’est ainsi que je me l’explique et que je me sens.


Cela me fait penser un peu a ce que j’avais écrit sur le film 9 semaines et demi, lequel je retourne lire.


En voici un petit Extrait, lorsque tu verras le mot « jeu » remplace ce mot par sm ou domination:


« Par ses jeux, elle est amenée à explorer le monde de ses propres fantasmes et limites. En bandant les yeux de sa partenaire, il lui fait vivre plein de sensations qui seraient autrement impossibles de ressentir. Les yeux bandés, tous les autres sens deviennent en alerte. Elle ne peut plus se fier à ses connaissances habituelles. Le "ressentir" prend sans doute une toute autre forme et intensité. Ensuite, elle expérimente l’abandon à l’autre, elle doit lui faire entièrement confiance, tout en acceptant d’être dans un état de grande vulnérabilité. Leurs jeux de séduction laissent planer le mystère. Elle est intriguée et son imaginaire est sollicité. Elle anticipe le plaisir mais en a peur en même temps.


Par ses jeux qu’il lui propose ou lui impose, il lui fait explorer l’intensité de plusieurs émotions ; tantôt l’amour voire la passion, tantôt le plaisir ensuite l’intrigue mais aussi l’humiliation, la douleur et la peur. La peur, étrange émotion, on n’a qu’à penser à tous ceux qui vont voir des suspenses, l’être humain aime éprouver de légères peurs lorsqu’il sait que rien de vraiment dangereux ne lui arrivera. Certains d’entre nous aiment flirter avec le danger. C’est excitant ! Elle, elle expérimente l’absence de contrôle, soit la soumission, l’exploration de ses propres limites et de diverses sensations, de ses désirs, de ce qu’elle aime et de ce qu’elle n’aime pas. Lui, par ses jeux, fait vivre à sa partenaire des émotions intenses pour ne pas dire extrêmes, il lui fait découvrir un univers complètement inconnu. Je crois qu’il tire son plaisir à être l’auteur de ce qui lui fait vivre et découvrir. Il devient l’auteur d’un plaisir paradoxal et étrange dont elle ressent toujours l’envie. Le fait qu’elle soit sous son emprise, lui procure plus de pouvoir, d’excitation et de plaisir. »


Suite à cette lecture, je crois qu’effectivement, ce que j’essaie d’exprimer, est très près de cette réalité. J’ai toutefois envie de te dire que le sm tel que je le vois, fait davantage référence au jeu et doit donc se vivre à l’intérieur de scénario ou de jeu. Par conséquent, si on y réfléchit, il s’agit de la « fausse domination ou fausse soumission » car à n’importe quel moment le jeu peut être arrêté. Enfin, je crois que c’est aussi ce qui est attrayant, puisque c’est un jeu sexuel et non un mode de vie.


Je ne sais pas si cela t’apporte un nouvel éclairage sur l’être complexe que je suis ? Toutefois, en ce qui me concerne, je comprends mieux ce qui m’attire dans ces lectures disons un peu étranges dans lesquelles, je peux projeter et alimenter mon imaginaire fantasmagorique.


Je t’aime… au plaisir de faire et de refaire et refaire encore l’amour avec toi…