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08/11/05
Résumé:  Après quelques récits plutôt légers et libertins, j'avais envie de me lâcher... un peu. Les récents incidents en banlieue parisienne m'en donnent soudain l'occasion. Voici le récit d'une folle nuit... à chaud !
Critères:  fh inconnu uniforme jardin exhib pénétratio jeu
Auteur : Nono  (Un Nono un peu différent)      Envoi mini-message
Départ de feu

Dimanche 6 novembre. Il est dix heures du matin.

Malgré une nuit bien trop courte, je n’arrive plus à dormir. Les évènements de cette nuit repassent en boucle.

Je me lève, un petit déjeuner rapide, il faut que je mette tout ça par écrit.


Tout commence vers une heure, je rentre d’un couscous chez des amis. La conversation a, entre autres, tourné autour des incidents qui embrasent la banlieue depuis plus d’une semaine. On parle de mille voitures brûlées cette nuit, de la création probable de milices. Chacun y va de sa solution, de son idée, mais pas de catastrophisme, le ton est même à la plaisanterie, surtout que Cathy vient de Clichy-sous-bois, ville où ont commencé les incidents.



Elle n’a pas tort. Même si ça bouge aussi un peu dans notre département, on n’a pas eu à déplorer d’incident à proximité immédiate.

C’est aussi ce que je me dis tandis que je gare ma voiture dans ma cour en rentrant. J’habite une des villes qui a la pire réputation, mais dans mon quartier, je suis loin de ’la Dalle’, c’est quand même calme ici.

Un bruit de bouteilles qui se brisent, aurais-je parlé trop vite ? Je glisse un œil discret vers la place au bout de la rue. Deux jeunes, en sweat à capuche s’agitent sous les réverbères. Je n’aime pas trop ça, mais bon, ils sont souvent là, je n’ai jamais entendu de reproches à leur égard.

Je me couche, une rediffusion de l’émission d’Ardisson me tient éveillé, allons, il faut que je dorme…


Puis des éclats de voix, sonores, précipités, me réveillent en sursaut, ça vient de la rue, assurément. J’ouvre péniblement les yeux. Grr, deux heures quinze, ça fait moins d’une heure que je dormais, c’est quoi ce tintamarre ? Des lumières orangées dansent au plafond, des gyrophares ?

La curiosité me pousse à me lever et à jeter un œil au travers des persiennes.



Oui, je crois bien que ce sont mes mots. L’émotion conduit parfois à quelques excès de langage.

Une voiture de police est en travers de la rue, mais ce ne sont pas ses lumières qui illuminent la rue. Juste contre le mur qui entoure mon terrain, un conteneur à poubelles est en train de prendre feu. Oh, c’est trois fois rien, juste un départ de feu, les flammes ne dépassent pas les cinquante centimètres, mais on imagine bien un de ces incendies qu’on voit à la télé ces derniers jours. D’ailleurs, ça s’agite sur le trottoir, apparemment une patrouille est tombée sur ces deux lascars. La police a eu la chance de se trouver là au bon moment, mais pas eux !

Réflexe égoïste, la situation de ma voiture m’inquiète plus que le sort de ces deux paumés. Elle n’est pas à plus de cinq ou six mètres à vol d’oiseau du début d’incendie et le mur qui la sépare des conteneurs, malgré ses deux mètres de haut, ne m’inspire pas confiance. Pas question de laisser le feu prendre de l’ampleur.

J’enfile à la hâte ma robe de chambre, dévale l’étage et… Aïe, les cailloux. Dans la précipitation, je n’ai rien mis à mes pieds et atteindre le portail est un supplice. Tant pis, il y a urgence, des flammèches dépassent du mur.



J’ai apostrophé les hommes en uniforme qui, sur le trottoir, essayent d’approcher.



Dire que j’avais failli le rentrer la veille, en prévision des premières gelées, mais je m’étais ravisé ! J’ai bien fait, finalement ! J’oublie les cailloux, cours et déroule le tuyau, je le passe par-dessus le mur où l’agent le réceptionne et, en une seconde, les lueurs orangées se transforment en un brouillard dense, un peu fantastique, le tout dans un crépitement presque assourdissant.

Les jeunes ne passent pas un bon quart d’heure. Au milieu des bruits des poubelles que les agents entrechoquent, du sifflement du jet et du bouillonnement de l’eau dans les flammes, les éclats de voix n’ont rien d’un bavardage amical. Je suis étonné car, malgré tout ce brouhaha, je suis le seul dehors, même pas une fenêtre ouverte. Demain, en allant chercher son pain, chacun dira qu’il n’a rien entendu… puis s’empressera d’aller raconter à ses amis qu’il était aux premières loges !

Passé ce moment d’inutile amertume, j’étouffe un cri de surprise. Double surprise ! Tout d’abord, je découvre un visage féminin au travers de ce nuage de vapeur qui s’élève. Un des agents est une femme. Ça n’a rien d’extraordinaire en soi, mais je n’avais pas vu sur le coup et, au hasard des volutes, je découvre des traits agréables et des yeux ronds pleins de vie. C’est surtout à cause de ce visage que la surprise prend son importance. D’un côté du rideau dansant de fumée les yeux ronds de la fonctionnaire me fixent, et de l’autre côté je découvre avec stupeur que, dans la précipitation, ma robe de chambre ne masque pas ce qu’elle devrait masquer.


Honnêtement, je ne suis plus sûr de ce que j’ai pensé sur le moment.

Ce matin, avec le recul, je pense que se sont mêlées la crainte d’être pris pour un exhibitionniste, car après tout elle avait raison de réagir, et l’excitation, car finalement elle n’a rien dit.

À ce moment-là, en tout cas, j’ai le réflexe de refermer vivement les pans de mon habit, et de chercher à détourner mes pensées de cette situation à la fois gênante et agréable.

L’agent qui tient le tuyau en tirant dessus par à-coups m’en donne l’occasion.



L’expression m’est venue sans réfléchir et me fait pouffer, en repensant à l’image que j’ai pu donner à cette jeune femme l’instant d’avant. Il me semble que je n’étais pas vraiment à mon avantage, mais reconnaissez que la situation ne s’y prêtait guère.


J’effectue une retraite stratégique dans mon terrain, autant pour donner un peu plus de tuyau que pour mieux refermer mon habit. Car, s’il y avait de l’indolence sur le trottoir, le fait d’avoir été reluqué m’a quelque peu excité. Là aussi, ce n’est qu’un départ de feu, mais je n’aimerais pas que, dans sa progression, l’objet du délit écarte l’échancrure et pointe un ’doigt’ accusateur vers la cause de mon émoi !



Il me semble du moins que c’est ce que j’ai entendu car, masqué par le mur et avec tous ces bruits, je n’en suis pas sûr. Mais effectivement, pendant que je libère le peu de tuyau disponible, je vois la silhouette de la jeune femme apparaître à quelques mètres de moi. Fathia ! Dire que c’est peut-être son frère ou son cousin qui est menotté au bout de la rue. Les médias parlent de bandes d’origine maghrébine, ils devraient aussi passer Fathia à la télé, non ?

Masqué par la pénombre entre le mur et le tilleul, je la détaille tandis qu’elle me cherche du regard. Elle ne peut renier des origines méditerranéennes et cette brune est tout à fait charmante, malgré l’uniforme peu seyant. Quand elle me distingue enfin dans l’obscurité, elle s’adresse à moi mais, franchement, avec tout ce bruit, je ne comprends pas un traître mot.



Elle se rapproche et se fond dans cette atmosphère étonnante. Des odeurs de plastique fondu, quelques pâles rais d’un lointain réverbère au travers du feuillage, et cette fumée omniprésente, quel décor de cinéma ! À cinquante centimètres des miens, ses yeux d’obsidienne percent parfois la nuit dans ma direction.



Un instant, nos regards se figent l’un dans l’autre. Bien sûr, sa question porte sur l’incident des poubelles, sur les jeunes encagoulés, mais je ne doute pas qu’à cet instant ses pensées ne rejoignent les miennes. Oui, bien sûr que j’ai vu quelque chose, la même chose que toi, jeune fille. J’ai vu l’indécence de ma pose et j’ai vu l’insistance de ton regard.

Elle se rend compte du double sens de sa question et ne peut retenir un éclat de rire. Dans cette ambiance de tension, son rire a un effet libérateur et je l’accompagne sans retenue. Entre deux hoquets, je me dis que ce moment d’égarement est une aubaine, pour elle aussi sans doute, après plusieurs nuits que les médias commencent à qualifier d’insurrectionnelles. Même si c’est exagéré, les forces de l’ordre ont fort à faire et on ne va pas bouder cet instant de détente



La belle a de la répartie. Son regard est descendu entre nous deux et il est vrai que, là où nous sommes placés, l’obscurité est totale. Je n’ai même pas vu son bras s’avancer et je vous jure que la surprise est totale lorsque je sens des mouvements agiter mon habit. J’ai beau tenter de percer l’obscurité, il m’est impossible de discerner ce qui se passe. Mais je n’ai pas de mal à comprendre ! Une main glacée s’est posée sur ma cuisse et l’enserre, un peu comme pour jauger de l’endroit où elle se trouve. Puis, lorsque le terrain semble repéré, l’espion progresse, sachant manifestement où aller. Un quart de seconde plus tard, la place est prise. Enfin… partiellement. Non pas que j’aie des attributs hors normes, mais la main est petite… et sa présence a des effets secondaires. Voire primaires !



Je ne vois pas comment je le pourrais, le geste lancinant qu’elle impose à mon membre est sans équivoque. Et, de fait, je lui en cache de moins en moins !

Voilà une situation pas banale ! J’ai dormi une heure, été réveillé en sursaut, et quinze minutes plus tard je subis les assauts étonnants d’une fonctionnaire zélée alors que ses collègues s’escriment de l’autre côté du mur. Et, détail cocasse, j’ai toujours les pieds nus ! Mais allez donc interrompre un tel ’interrogatoire’ ! Surtout que Fathia le mène de main de maître. Collée à moi, elle semble s’imprégner de la chaleur de ma couette qui doit encore m’envelopper un peu tout en laissant sa main me masser en gestes amples et fermes. J’ai le nez dans ses cheveux, quel dommage, elle sent la cigarette… Mais non, c’est l’odeur du feu, de celui-ci et sans doute d’autres au cours de la nuit. Ah, belle et énergique femme ! Mon héroïne prend du galon à mes yeux et, m’étonnant moi-même, je la presse contre moi d’une main sur ses fesses.

Un instant elle se fige, puis elle reprend avec plus de force encore son infernal va-et-vient. J’ai oublié le froid initial de sa main ; d’ailleurs, vu l’agilité des doigts, sa peau a sûrement atteint la température de la mienne, et cette ’bestiole’ à cinq pattes qui court d’un bout à l’autre de ma hampe, qui pétrit, agace, tapote et étire est une sensation délicieuse. Délicieuse oui, mais ô combien excitante ! Entre l’exhibition involontaire, ce moment de tension urbaine et cette petite caresse coquine, je me sens capable de tout avouer dans quelques secondes. Il me faut faire diversion.



Sa main s’est plaquée un instant sur ma hampe, pourvu qu’elle ait compris la plaisanterie… Puis ses doigts m’encerclent avec encore plus de fermeté et démarrent une franche masturbation. Ce n’était jusque-là que massage, me voici agrippé et compressé de plus en plus vivement. En d’autres occasions, je trouverais le geste un peu brusque mais, bizarrement, je me laisse faire à ce jeu plutôt rude. Et s’il m’était venu à l’idée de rechigner, la réplique de ma partenaire aurait suffi à me faire taire.



Et, joignant le geste à la parole, elle me plaque contre les résineux qui font office de haie, sans cesser de me secouer la branche !



(Désolé pour le vocabulaire, c’est encore l’émotion !)



L’épine qui s’est enfoncée dans ma plante de pied a bien été un souci, mais c’était au moins une minute plus tôt et, pour ne pas perturber une situation que la belle avait bien en main, je n’avais rien dit.

Mais à cet instant l’argument me servait à merveille pour masquer un autre ’problème’. À un mètre de nous, dans le dos de Fathia, une silhouette était recroquevillée dans la pénombre. Vous comprenez mieux la grossièreté qui venait de m’échapper !

Je ne comprenais que trop ce que faisait cette personne ici. Une complice des deux jeunes ? Oui, une complice, une fille, cela ne faisait pas de doute, ma vision s’étant adaptée à l’obscurité. Pourquoi je n’ai rien dit ? Sans doute son regard, où se lisait l’angoisse. Sans doute aussi l’état de perturbation que me faisait vivre Fathia.

Au diable le civisme, pour une fois ’Carpe Diem’ !



Une voix de stentor a résonné à un mètre à ma gauche, me paralysant sur place.



Une lampe torche balaie l’espace, figeant Fathia en pleine lumière. Je suis aux trois-quarts masqué dans les branches basses, et la silhouette inconnue est à l’opposé du rayon, mais quand même je panique. Dieux des musulmans et des chrétiens, unissez-vous pour une fois et faites qu’il éteigne sa torche !



Ouf ! Le noir, à nouveau. Le contraste qui s’installe dans la seconde suivante est une violence inouïe qu’un cardiaque ne supporterait pas. La lampe s’est éteinte, nous laissant aveuglés. La main qui me brûlait me lâche et fait place à une sensation glaciale. Les bruits que j’avais oubliés, crépitements, moteurs, voix, rejaillissent comme exacerbés. Les odeurs, la fumée reviennent aussi, me donnant envie de tousser. Je me secoue pour ne pas céder ou comme pour me sortir d’un mauvais rêve. Des portières claquent, un bruit de moteur.



Fathia a disparu. Le silence est revenu. Seul le bruit de l’eau qui jaillit du tuyau trahit une présence derrière le mur. Une équipe est sans doute restée pour noyer les cendres fumantes. Mais plus rien, plus de Fathia, merde et merde (!). J’ai la rage, on ne laisse pas un mec comme ça ! Tendu comme un arc, il suffirait que j’empoigne mon membre pour faire concurrence dans la seconde au pompier occasionnel, de l’autre côté du mur.

Et, dans des moments pareils, on a beau se dire humaniste, on perd un peu de ce recul dont on est si fier.

La silhouette a bougé. Comme un renard tapi dans les fourrés, elle tente manifestement de se dérober. Un instant, je pense : ’Tu tombes mal, gamine’. Non pas que j’aie l’idée d’abuser de sa faiblesse voire de ses charmes, ça ne me frôle même pas l’esprit, mais elle a quelque chose à voir avec ces feux, c’est sûr, alors le civisme qui m’avait fait défaut quelques instants plus tôt revient au galop. Elle va tenter de fuir, je le sens. Je l’agrippe au moment où elle se redresse et bondit.



Une phrase lâchée comme un cri de détresse. Trop sonore, peut-être, et il me semble que le jet d’eau s’est fait plus silencieux. Il y avait tant de franchise dans son cri qu’à nouveau mon civisme bat de l’aile et, une main posée sur sa bouche, je l’entraîne un peu au creux des branchages clairsemés.



Elle me répond par un charabia incompréhensible, c’est vrai que si je ne retire pas ma main de sa bouche…



Oui, en effet, je me souviens de cette jeune fille, de son sourire lorsque j’avais donné quinze euros. Pour s’occuper des jeunes désœuvrés, m’avait-elle dit. J’étais un peu suspicieux, mais si ça amenait un peu de concorde dans le quartier, pourquoi pas ?



Nadia a un instant de surprise, puis se souvient que, lorsqu’elle était repartie la semaine dernière, je l’avais saluée par le prénom qu’elle arborait en pendentif. Était-ce le sien, je n’en savais rien. Mais, au moins, elle saura que j’ai de la mémoire, ça va peut-être la forcer à ne pas mentir.



Alors moi, je la crois. Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien. Il y a de l’angoisse dans sa voix, de l’angoisse dans ses tremblements, mais je sais qu’elle pourrait bien me jouer la comédie. Et puis, les tremblements pourraient être de froid, même s’il fait encore doux pour la saison. Va comprendre pourquoi je la prends dans mes bras et l’enserre, plein d’affection.

Peu importe si je ne comprends pas bien mon choix car, à la sentir s’abandonner mollement contre moi, je sais que c’est le bon. Il y a de la confiance dans cet abandon, et pour moi cela vaut tous les arguments. Et je dois avouer que sentir pour la deuxième fois en si peu de temps une femme s’abandonner contre moi me met en émoi. En émoi !


Départ de feu, troisième !

Fallait-il que ma libido se réveille à pareil moment ? Nadia n’a pas bougé. Sa manière d’être collée à moi et de me voler ma chaleur me rappelle Fathia quelques minutes plus tôt, et cette caresse inattendue me revient à l’esprit. Il n’en faut pas plus pour que mon corps entier se mette en éveil. Nadia a-t-elle senti ma respiration s’accélérer, ou une poussée s’opérer entre son ventre et le mien ? Elle cherche à s’écarter un peu, mais ma main dans son dos glisse sous son sweat au moment où mon membre prend tout l’espace qu’il veut…



Je souris de cette délicatesse car j’imagine que mon sexe qui s’impose ne doit pas la laisser insensible. Moi, en tout cas, pas de doute, les préliminaires interrompus de tout à l’heure m’ont tourné les sangs et je n’ai guère de retenue. Moi d’habitude si prévenant (trop disent certains amis, mais ce ne sont pas les premiers concernés), voilà que j’harponnerais cette jeune inconnue dans la seconde. Je glisse sans hésiter ma main dans le pantalon de jogging, oubliant le peu d’élégance de cette tenue pour en bénir la facilité à l’envahir. Les fesses sont froides, c’en est presque drôle mais je les pétris avec vigueur, les réchauffant malgré mes doigts glacés eux aussi. Puis, de plus en plus intrusif, je descends et atteins des endroits plus humides et plus chauds, arrachant un soupir à Nadia.



Elle baisse la tête, peut-être à cause de mon sourire un peu moqueur.



Et, si j’en crois sa main qui timidement se fraye un chemin entre mon ventre et le sien, ses envies ne sont pas passées. Alors, tant pis, c’est plus tard que je me poserai des questions sur le civisme, sur la vérité et mes raisons. Je m’écarte comme elle cherchait à le faire tout à l’heure, et sa main atteint d’un coup une tige qui n’attendait que ça, et s’y agrippe.



Elle s’aperçoit elle-même de son aveu involontaire, mais trop tard. Si j’avais des hésitations, ma belle, tu viens de les dissiper. Fathia était venue pour éteindre un incendie, elle m’a allumé. Toi tu voulais en empêcher un, tu es pourtant en train de me mettre le feu définitivement !

Elle sait qu’elle s’est laissé piéger, mais je ne crois pas qu’elle le regrette. Quand je la prends par les hanches et la fais se retourner, elle n’offre pas de résistance, mais ses gestes sont lents, comme si elle cherchait à garder la maîtrise du jeu. Seulement, à cet instant, je me sens des envies presque animales et suis peu enclin au jeu.

Nadia n’a pas lâché ma lance à incendie, au risque que mon feu intérieur n’éclate et ne se projette dans le jardin, ce qui ne serait pas prudent ! D’une pression, je l’oblige à me lâcher. Malgré la pénombre, je lis un instant d’inquiétude dans ses yeux quand je plaque ses mains à l’arbre, me glissant derrière elle. Je lui dirais bien comme tout à l’heure ’si on met le feu, on assume’ mais, d’une part ce ne serait pas la vérité, et d’autre part je ne suis pas sûr qu’elle comprendrait la plaisanterie.

Je préfère coller mes lèvres sur sa nuque et la mordiller tendrement, persuadé que ce geste la détendra. Le gémissement qui lui échappe à ce contact est plus que de la détente, ce serait presque un appel à la luxure la plus immédiate. Du coup, mes mains qui pétrissaient ses hanches empoignent le pantalon et le descendent d’un trait sur ses genoux. Et, avant que Nadia ne puisse réagir, je colle mon membre bouillant sur ses fesses glacées. Dans un ensemble parfait, nous avons tous les deux poussé un soupir à ce contact presque douloureux. Malgré l’intensité du moment, Nadia garde un instant de lucidité pour tourner son visage vers moi.



Je me demande si je ne serais pas passé à côté de la question, tant l’intensité du moment me perturbe. Et là, c’est la douche froide ! Elle me demande de ne pas mettre de préservatif, c’est ça ? Une requête inconcevable, mais pourtant je sais que certains jouent à cette moderne roulette russe. Mais je ne crois pas que c’était le sens de la phrase de Nadia, au contraire. Et mon problème est là. Je n’imagine même pas retourner à l’étage, au risque que les keufs ne nous voient…

Mais, pour la deuxième fois ce soir, Dieu et Allah ont uni leur force. Une de mes mains quitte les rondeurs offertes et plonge dans ma poche… Sauvé, le souvenir d’une nuit déjà ancienne traîne dans son emballage plastique. J’ai un instant d’hésitation, ancien depuis quand ? Faut-il que je compte ?

Non, et de toute façon le sourire de Nadia qui voit le sésame emporte la décision. Jamais je n’ai ouvert ni enfilé si vite cette minuscule protection. Et pourtant je ne suis pas un spécialiste… L’instant suivant je suis, tel un sprinter dans ses starting-blocks, pointé à l’entrée du monde secret que m’offre la douce Nadia. Qu’elle m’offre, il n’y a pas d’autre mot, tant ses fesses cambrées en arrière semblent appeler à la profanation la plus immédiate.



Oh, la surprise ! Un des flics restés pour fixer le feu, je crois.



Cette intervention extérieure est encore un piège à cardiaque, ce n’est pas humain ! Tant pis, je ne peux plus attendre, peu m’en chaut de savoir ce qu’il veut, sans plus attendre je plonge en enfer à la recherche du paradis. Pendant un instant le boutoir semble ne pas pouvoir entrer, puis il s’enfonce en un long et lent glissement charnel. L’envie est tellement forte que je jurerais ne pas avoir cette couche de latex que d’habitude j’exècre. Il me semble sentir, goûter, ressentir chaque centimètre de la progression.

Nadia n’est pas en reste et se tend et se cambre à s’en casser la colonne, lâchant un râle interminable.



Oui, ben pas nous, mon vieux ! Je ne voulais pas déranger, qu’il dit. Je souris car peut-être a-t-il entendu, peut-être sait-il qu’il pourrait déranger. L’hypothèse m’amuse. Je termine mon invasion de Nadia d’un dernier mouvement un peu vif.



De l’autre côté, l’agent se racle la gorge.



Décidément, il est plus qu’attentionné, le bonhomme. Nadia a compris et se met à pouffer. Plus par jeu que par remontrance, je la pilonne d’un coup qui la colle à l’arbre.



Alors, libéré dans ma tête et bien décidé cette fois à ne pas vivre un coïtus interruptus, je plonge avec ardeur dans les chairs de ma belle victime qui ne se plaint que de manière fort langoureuse. J’imagine de l’autre côté du mur les pensées de l’homme de loi, réduit à un voyeurisme aveugle. Ne jouons pas trop avec le feu toutefois, ça suffit pour ce soir.



En fait d’approche, les bruits que notre interlocuteur entend sont plutôt ceux d’une charge. Une charge légère, je ne sais pas, mais héroïque peut-être, érotique sûrement, à l’assaut de gorges et de défilés inconnus. Nadia a bien des difficultés à rester agrippée à l’arbre tant je la brutalise avec un plaisir partagé. J’en aurais presque oublié le côté purement endocrinien qui me poussait à presser le mouvement, mais décidément on ne joue pas impunément avec le feu…



Je comprends, il voudrait bien partir, le brave homme, et moi j’ai tendance à l’oublier, focalisé par ce qui risque de nous péter, mais pas à la gueule…

Et puis, si je ne veux pas que Nadia s’arrache les mains sur l’arbre…



Et, dans la seconde, je plaque Nadia contre l’arbre qui n’en a peut-être jamais connu autant, déversant en elle les effets de toute la tension de la soirée. Ma main sur sa bouche n’était pas superflue. Hormis le plaisir de cette douce domination, je pouvais la pilonner sans trop craindre que ses plaintes ne deviennent indécentes. De toute façon, je crois que notre voisin de soirée avait décidé de faire la sourde oreille, et il sifflotait en renvoyant le tuyau avec le plus de vacarme possible.


Lorsque le dernier morceau de tuyau retombe de notre côté du mur, seules nos respirations trahissent l’instant de folie lubrique que nous venons de nous offrir.

Nous avons envie de rire, je crois même que Nadia a, comme moi, envie d’embrasser ce complice inattendu. Nous restons quelques instants enlacés, enfiévrés, vidés.

Puis je décide de reprendre un peu mes esprits. Abandonnant égoïstement Nadia, je me dirige vers le tuyau et vers le mur.



C’était le moins que je puisse dire…



Il s’en allait déjà, le brave homme.

Bon, je ramasse le tuyau, Euh… je le roulerai demain, ce soir j’ai mieux à faire. Je pose mon fardeau et me retourne.

Ai-je rêvé tout cela ? La rue n’est plus que silence, il n’y a plus rien, ni personne. Où est Nadia ? Était-ce un feu follet ?


Il est maintenant vingt heures. J’ai couché ce récit pour m’assurer que je n’avais pas rêvé mais, encore à cette heure, Nadia reste un mystère…




Oh, pour être honnête, tout ne s’est pas déroulé exactement comme je vous l’ai décrit. Il faut bien un peu de fantasme, non ?

Quant à savoir quelle est la part d’imagination, vous avez libre choix…


Une dernière chose.

À chaque chose malheur est bon, dit le proverbe. Voilà comment des évènements attristants ont pu m’apporter ces plaisirs inattendus.


Mais maintenant je vais quand même aller soigner cette fichue piqûre d’épine qui me gêne !




~ FIN ~