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n° 09899Fiche technique6516 caractères6516
Temps de lecture estimé : 5 mn
19/11/05
Résumé:  Comment de prudes caresses restèrent un grand souvenir érotique.
Critères:  jeunes frousses inconnu train volupté cérébral odeurs fetiche nopéné
Auteur : ClubDemon  (Premier récit érotique, vécu, avant une série imaginée)            Envoi mini-message
Souvenir érotique

J’ai découvert le sexe avant de savoir ce qu’il pouvait représenter.


Encore au Primaire, je me souviens de ces soirées durant lesquelles je me glissais comme une ombre jusqu’à la télévision, pour y regarder les séries roses en caressant la coquillette qui surplombait mes cannes de serin. Mon premier fétichisme sur les collants, mes premières pollutions vinrent vite, puis la lingerie et les femmes, toutes les femmes.

Le Collège m’apprit la copulation au travers des multiples vidéos qu’un camarade tenait à ma disposition et cela renforça mon fétichisme pour les femmes, uniquement les femmes, ensemble.

Le Lycée me vit m’enfermer dans le voyeurisme.


Et cette boule de perversité qui me dévorait mit désormais un rempart entre les filles et moi. Timidité et peur de la déception m’en tinrent éloigné, jusqu’à mes 20 ans et un passage à l’acte - avec celle qui est aujourd’hui ma femme.


Mais rien ne disparaît. Le fétichisme est là, tapi.

Le liseré d’un bas, un croisement de jambes, et la bête revient.




Rien de cela pourtant, en cet été 1998.

Sur le quai d’une gare, au centre de l’Angleterre, malgré de multiples sollicitations par ailleurs, rien qui retienne notre regard, celui de deux Frenchies assis sur un banc délabré. Une vieille dame et son caniche attendent à proximité de l’escalier, une famille au bout du quai.


Je m’attarde toutefois sur le groupe. La mère est grosse, elle m’évoque le Jabba de La guerre des étoiles. Ses frusques multicolores ne la mettent pas en valeur.

C’est probablement une de ces familles ouvrières, meurtries par la crise dont les accents résonnent encore. Peu d’argent, peu d’éducation, beaucoup d’alcool, beaucoup de violence.


A côté, le couple l’évoque bien, cette violence. Une jeune fille et son compagnon semblent lutter pour mieux se manger l’un l’autre. Là encore, l’image est colorée et pauvre. Les couleurs vives qu’ils portent éclairent encore la violence de leur étreinte.

Il est court, maigrichon, mal drapé dans un survêtement trop large aux couleurs de son équipe favorite.

Je vois mal la fille, qui porte une jupe trop courte, mal taillée et un top un peu trop serré : il suit les petits bourrelets de sa taille. Le couple se tourne. Elle est rousse.

Aïe


Fétichisme.

Les rousses ont toujours retenu mon regard plus longtemps que les autres femmes. Je ne la lâche pas des yeux. Elle n’est pas très belle. Ronde, rose, elle a tout à fait ce type anglais un peu vulgaire, un peu bovin.

Il me semble qu’elle nous a vus, son regard nous a longuement étudiés tandis qu’elle était encore toute à son étreinte.


Le train arrive et à l’heure de la séparation, ils redoublent de baisers. Des gastéropodes ne renieraient pas l’union à laquelle nous assistons malgré nous.

Intrigué, je me rapproche insensiblement du wagon de tête. Elle revient vers l’arrière légèrement et nous voici assis l’un derrière l’autre.

Son ami et sa mère sont restés sur le quai, ils la saluent. À mes côtés, mon ami continue de discuter. Il n’a pas remarqué mon manège.

La bête est là. Je la sens dans mon ventre, blottie. Elle prend sa place, me donne un léger mal de cœur.


Fétichisme.

Son odeur monte vers moi, fleurie, fruitée et capiteuse - j’aurais pu m’y attendre. Envoûtante. Je suis surpris : ces odeurs de parfum trop fort me dégoûtent le plus souvent. Ma main glisse le long de la vitre.


Ses cheveux roux mi-longs se sont répandus autour de l’appui-tête. Quelques-uns sont là, sous mes yeux. J’imagine les effluves de parfum qui s’en élèvent, qui tournent dans l’air, comme cherchant leur cible, et qui viennent flotter sous mon nez.

Elles jouent avec moi. Elles évitent une première inspiration, se laissent aspirer par la suivante.


Un jardin de délices s’ouvre à moi. Des roses pourpres, des lys d’abord puis des pêches, des fraises. Mon esprit vacille, ma main plonge vers le dossier devant moi. Un doigt se tend vers les cheveux. Je les frôle du bout du doigt, de l’ongle. Je les touche de la main, les caresse avec le dos de celle-ci.


Dans mon ventre la bête grossit encore. Elle fait le gros dos. C’est elle, la petite chatte que je caresse.

Doucement je prends une mèche entre deux doigts et l’y fais rouler. Les cheveux sont doux et une nouvelle onde vient caresser ma narine.


Je me scinde en deux. Mon inconscient seul reste à discuter avec mon ami tandis que je flotte autour de cette chevelure.

Une autre mèche happe mes doigts, une autre encore, sur le côté, le long de la vitre. Mes deux premières phalanges sont plantées dans les cheveux qui retombent là.


La bête est dans ma main, elle y cloue mon esprit. Je ne peux plus me détacher de cette contemplation tactile, olfactive, sensuelle.


Soudain, un doigt vient rencontrer mon index.

Tout s’effondre, mon couple en France, ma tranquillité en Angleterre. La bête retourne au fond de sa grotte et me laisse seul, je m’apprête à faire face au scandale. Je ne bouge pas, l’air de rien. Le temps s’est figé, il semble long.


Mais le doigt revient, il glisse sur mon index, lentement, calmement, délicatement. Une décharge électrique me secoue quand il tourne autour de l’articulation des phalanges. Mon cœur bat à tout rompre, tout le monde va l’entendre.

La jeune Anglaise glisse d’un doigt vers l’autre, elle dessine ma main en autant de caresses. Je ne l’aurais jamais soupçonnée aussi délicate.

Je soulève ma main et caresse la sienne à mon tour. C’est merveilleux. Je ne suis plus dans le monde réel. Avec une sensualité qui contraste tout à fait avec son activité du quai, nous mélangeons nos doigts dans ses cheveux, sur son épaule, son bras. Elle reste assise devant moi, ne se retourne pas.


Le charme dure quelques minutes mais déjà, l’arrivée approche, le train ralentit et s’arrête. Mes doigts quittent à regret leur place et je me lève. Je quitte le wagon sans un mot, sans un regard et sans me retourner. Il me semble qu’elle descend aussi, le charme ne doit pas être rompu.


Et cela reste mon plus intense souvenir érotique.