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n° 09910Fiche technique25837 caractères25837
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Temps de lecture estimé : 19 mn
23/11/05
Résumé:  Une jeune fille fait une bien étrange rencontre dans une vieille demeure sur la plage.
Critères:  #fantastique fh inconnu bizarre fellation pénétratio
Auteur : Bloodflower
Home by the sea

Le crépuscule arrivait sur la plage déserte. Le bruit des enfants qui jouent avait fait place au bruissement des vagues qui venaient mourir sur le sable. C’était le moment de la journée que je préférais. Jamais je ne serais venue ici à un autre instant, moi qui fuyais inexorablement le soleil, la foule de tous ces corps qui s’étalaient là, prêts à fondre sous le chaud soleil de juillet, avec leurs mômes encore heureux de vivre, encore remplis de l’espoir que la vie fut belle. Tout cela me donnait la nausée, alors je préférais rester cachée dans ma chambre, tous volets fermés, en attendant que la nuit arrive enfin. J’avais accepté de vivre seule et de ne jamais rencontrer quelqu’un à qui je pourrais, ne serait-ce qu’un instant, accorder ma confiance.


L’heure était enfin venue, la nuit commençait à tomber et le monde allait bientôt s’estomper dans les ténèbres naissantes. Je pouvais enfin sortir et commencer à vivre.


Je me dirigeai vers la plage. La digue était encore peuplée de promeneurs qui profitaient des derniers instants de leur journée avant d’aller rejoindre le monde du sommeil. Je descendis sur le sable, avançai jusqu’au bord de l’eau et me mis à longer la digue, les vagues léchant mes pieds nus et effaçant derrière moi les empreintes que je laissais. Bientôt, les lumières de la ville furent loin derrière moi et je pus enfin goûter à ce sentiment de plénitude, là, seule, au milieu de nulle part, avec la mer d’un côté et les dunes de l’autre pour uniques compagnons. La nuit était maintenant complètement tombée, mais la lueur blafarde de la lune éclairait mes pas et me guidait. C’était une nuit magique, les étoiles veillaient sur moi et j’étais heureuse. Ces moments-là étaient ce qui me donnait la force de supporter la laideur quotidienne de la vie.


Cela faisait un bon moment que je cheminais quand apparut au milieu des dunes une immense demeure. Je m’arrêtai pour la contempler. Elle était magnifique. La lumière pâle de la lune lui donnait un éclat surnaturel, un peu comme si elle n’était pas vraiment là. Sans que je m’en rende compte, j’avais traversé toute la plage et seuls les escaliers pour y accéder me séparaient d’elle. Il se dégageait de cet édifice une espèce de magnétisme, un peu comme un aimant attire à lui le fer. Je restai quelques instants à la contempler. Les escaliers en bois qui menaient au petit jardinet entouré de balustrades en pierre érodées par l’air marin, les marches du perron avec de chaque côté des lions sculptés dans le granite, la lourde porte en bois vermoulue mais pourtant si majestueuse, les fenêtres aux petits carreaux derrière lesquels je devinais les tentures soyeuses, la façade en vieilles briques, jusqu’à la toiture aux tuiles usées par le temps, tout cela aurait pu paraître sinistre et lugubre à n’importe qui d’autre, mais pas à moi, non ! Moi, je la trouvais magnifique, sublime, magique et je me sentais irrésistiblement attirée par elle, un peu comme si elle m’attendait depuis toujours.


J’étais déjà devant les marches du perron, les deux lions semblaient me fixer de leur regard bienveillant et, sans plus me poser de question, je gravis les escaliers, poussai la lourde porte et entrai dans le hall. Je vis d’abord un majestueux escalier en bois précieux aux marches luisantes et à la rampe magnifiquement sculptée. Sur le mur, des tableaux anciens aux cadres enluminés étaient exposés du bas jusqu’aux plus hautes marches. Le sol du hall était en marbre froid et brillant dans lequel je voyais se refléter un gigantesque lustre en cristal que faisait tinter doucement le léger courant d’air que j’avais provoqué en ouvrant la porte. Il illuminait la pièce de mille éclats.


Un froid glacial m’enveloppa soudainement. J’étais gelée jusqu’au plus profond de mon être malgré la douceur de la nuit quelques instants auparavant. Je vis sur la droite une double porte entrouverte d’où me semblait provenir une vague chaleur. J’avais si froid que je me dirigeai sans réfléchir vers cette porte. Derrière se trouvait une immense pièce, un salon. Elle était éclairée par une multitude de candélabres où brûlaient des dizaines de bougies, lui donnant une atmosphère spéciale. Les meubles semblaient comme animés dans cette lueur tremblante.


Au fond de la pièce se trouvait une immense cheminée de pierre où brûlait un feu de bois. Devant elle se trouvait un canapé en tissu couleur vert et or. Il semblait m’inviter à venir m’étendre sur ses coussins moelleux pour me réchauffer à la douce chaleur du feu de bois. Je ne luttai pas contre cette invitation et allai m’allonger. La sensation de froid commença à s’estomper doucement tandis qu’une légère torpeur la remplaçait. Je me sentais calme et détendue plus que je ne l’avais jamais été auparavant. Je fermai les yeux de manière à apprécier encore plus ce sentiment de bien-être.




Pas longtemps en fait. J’eus bientôt l’impression de ne plus être seule, d’être regardée. J’étais pourtant sûre que la pièce était vide quand j’y étais entrée. J’avais refermé la porte derrière moi, j’aurais donc dû entendre le grincement et le bruit métallique de la poignée si quelqu’un était entré après moi. Mais aucun bruit n’était venu troubler le crépitement des bûches dans l’âtre. Je me décidai à ouvrir les yeux et je le vis, là, debout devant moi. Il était de taille moyenne, ses vêtements semblaient être d’une autre époque. Il avait des cheveux bruns mi-longs et légèrement ondulés, ses yeux étaient d’un bleu océan, ses sourcils un peu triangulaires, son nez fin et aquilin et sa bouche parfaitement dessinée. L’ensemble de son visage me fit penser à certaines gravures anciennes sur lesquelles était représenté Satan. Il avait cette même beauté : la beauté du diable.


Il devait être le maître de ces lieux et soudain une angoisse se mit à peser sur ma poitrine. J’étais entrée ici sans y être invitée, sans avoir frappé et sans même m’être inquiétée d’une quelconque présence. Et s’il prenait mal mon intrusion chez lui ? Ce qui serait, somme toute, légitime. Pourtant son regard posé sur moi était d’une douceur extrême. Il y avait un sourire dessiné sur ses lèvres. Et comme s’il avait lu dans mes pensées, il me dit :



Sa voix douce et chaude résonna dans tout mon être. Une divine chaleur venait de naître au creux de mon ventre. Tout cela était vraiment trop bizarre, mais je ne voulais pas y réfléchir. Je voulais juste me laisser aller à cette attirance qu’il exerçait sur moi.


Il s’agenouilla et rapprocha son visage du mien, tout doucement, jusqu’à ce que ses lèvres viennent effleurer les miennes. Ce fut d’abord un baiser doux, presque enfantin, puis la pression se fit plus forte et je sentis sa langue entrer dans ma bouche et commencer à caresser la mienne voluptueusement. Ses bras m’enserrèrent et il m’attira tout contre lui, pressant mon corps contre le sien. J’avais passé mes bras autour de son cou. Je sentais son parfum d’eau de Cologne qui m’enivrait. Je caressais sa nuque et passais mes doigts dans ses cheveux. Et le feu dans mon ventre ne cessait de croître….


Soudain, il relâcha son étreinte et se releva, me laissant tremblante de désir, désemparée, avide de retrouver son corps. Il me tendit la main en disant :



Je mis ma main dans la sienne et le laissai m’entraîner hors du salon. Nous traversâmes le hall et montâmes l’immense escalier. Les tableaux sur le mur étaient des portraits d’hommes, de femmes, d’enfants ou parfois les trois à la fois, vêtus de magnifiques vêtements anciens, sûrement les habitants de cette maison dans le passé, et ils me suivaient du regard au fur et à mesure que je gravissais les marches. Certains semblaient même me sourire.


Nous arrivâmes dans un immense couloir sombre où je devinai encore d’autres tableaux sur les murs, mais la pénombre était beaucoup trop dense pour que je puisse distinguer ce qu’ils représentaient. Pourtant, je sentais toujours des regards posés sur moi.


Au bout du couloir, il ouvrit une double porte étroite et haute, derrière laquelle se trouvait une chambre immense, elle aussi éclairée par une multitude de chandeliers en fer forgé. En face de moi, il y avait un lit à baldaquin si grand qu’on aurait pu sans problème y dormir à trois ou quatre sans se gêner. De fins voilages noirs pendaient à ses quatre coins, les draps étaient noirs aussi et en satin, ils luisaient à la lueur des bougies. Il y avait deux fenêtres de chaque côté du lit, elles étaient ouvertes et le vent marin faisait se gonfler les lourdes tentures, noires elles aussi, et trembler les flammes sur les chandeliers. Sur le mur de droite, une cheminée aussi imposante que celle du bas réchauffait l’atmosphère. Devant elle, il y avait un magnifique tapis sur lequel était posé un canapé presque identique à celui où j’étais allongée un instant plus tôt, quoiqu’un peu plus petit. De l’autre côté du lit, deux fauteuils au tissu assorti au canapé étaient posés de part et d’autre d’un guéridon sur lequel trônait une carafe en fin cristal ciselé, remplie d’un liquide brunâtre et deux verres à pieds, le tout posé sur un plateau en argent. Dans le coin à gauche, je pouvais distinguer une porte qui devait sûrement mener à une salle de bains. Cette pièce, comme tout le reste de la maison, semblait avoir été gardée intacte depuis des siècles, un peu comme si le temps s’était arrêté et avait tout figé pour l’éternité.


Je me retournai vers lui, il n’avait cessé de m’observer :



Je ne répondis rien, c’était inutile, il connaissait déjà toutes mes pensées. Je me contentai de lui sourire. Il posa son index droit sous mon menton et exerça une légère pression pour me faire relever la tête, plongeant ainsi son regard bleu océan dans le mien. Je ne quittai plus ses yeux, je m’y noyai littéralement. Je sentis son doigt quitter mon menton pour se promener sur mon cou, sur ma gorge, jusqu’à la naissance de mes seins.


Je me rendis compte que je ne portais plus mon jean élimé et mon vieux tee-shirt, mais une robe noire faite de soie fine et de dentelles de Calais. Mais maintenant, plus rien ne m’étonnait, plus rien ne m’importait, à part la divine caresse de son doigt sur ma peau brûlante. Il fit délicatement glisser une bretelle puis l’autre, et la robe glissa le long de mon corps dans un bruissement de soie. Je ne fus pas surprise non plus de ne rien avoir en dessous et de me retrouver nue devant lui. Ses yeux quittèrent mon visage pour scruter mon corps frémissant :



Que répondre à cela ? Je respirais par saccades et je ne pus que murmurer dans un souffle :



Il me souleva avec une telle aisance que j’avais l’impression de ne pas peser plus lourd qu’une plume. Il alla jusqu’au lit où il me déposa délicatement sur les draps de satin noir et je m’enfonçai avec volupté dans le matelas moelleux.


Il vint s’allonger sur moi et m’embrassa, cette fois avec fougue, presque avec violence. Ses lèvres quittèrent ma bouche pour aller explorer les moindres recoins de mon corps gorgé de désir. Je fermai les yeux et me laissai aller au plaisir de ses attouchements. Je sentais ses mains, sa bouche, sa langue courir sur mon corps, s’arrêtant par moment sur un téton durci pour le caresser, le pincer, le lécher, le mordiller. Quand sa bouche quittait mon corps, c’était pour revenir sur mes lèvres tandis que ses mains continuaient leur voyage sur chaque centimètre de ma peau.


Je faisais aussi courir les miennes sur son dos, après lui avoir ôté sa chemise. Sa peau était si douce et fraîche sous mes doigts que j’aurais pu le caresser des heures durant. Je fis glisser mes paumes dans le bas de son dos, les remontai sur son ventre et son torse. Je m’y attardai un instant avant de descendre encore un plus bas, jusqu’à atteindre le velours de son pantalon. Je répondis à ses baisers tout en ouvrant un à un les boutons, pour atteindre son membre dur et raide. Je passai ma main à l’intérieur et le caressai un peu avant de faire glisser le pantalon sur ses hanches. Son sexe jaillit alors et alla cogner mon bas-ventre. Je pris un instant pour caresser ses fesses rondes et fermes, avant de le pousser doucement mais fermement afin qu’il se retrouve allongé à côté de moi. Je l’enjambai alors sans m’allonger, de manière à me retrouver à quatre pattes au-dessus de lui. Le feu au creux de mon ventre s’attisait de plus en plus à chaque seconde et je sentais mon sexe s’humidifier à un tel point que ça commençait à me dégouliner entre les jambes. J’étais impatiente de le sentir en moi, mais avant, je voulais lui donner du plaisir et amener ainsi mon désir à un point de non-retour.


Il avait deviné mes pensées intimes et attendait sans bouger que je commence, son regard me disant :



J’inclinai la tête jusqu’à ce que ma bouche se pose sur son cou. J’alternais baisers et coups de langue. Je goûtais à sa peau et je m’en délectais. En plus de sa douceur, elle avait un goût si sucré.


Je descendis le long de son corps, ma bouche rivée sur lui, allant embrasser son torse, lécher un de ses tétons puis mordiller l’autre. Je continuai ma descente, m’arrêtant encore un instant pour lécher le creux de son nombril. Je relevai la tête pour contempler son membre qui se dressait fièrement entre ses jambes écartées. Je déposai un baiser du bout des lèvres sur le gland puis un autre un peu plus bas. Je passai ensuite ma langue sur toute la longueur. Je le léchai de haut en bas, devant et derrière. Je l’entendis commencer à gémir. Je continuais à le titiller de ma langue tout en le caressant avant de le prendre dans ma bouche. Je suçai d’abord l’extrémité puis je le fis entrer presque en entier. Oh, comme j’adorais cela ! Ce sexe en érection dans ma bouche ! Le goût de sa peau ! Je l’entendais me susurrer, entre deux gémissements :



Ces mots me faisaient l’effet d’un aphrodisiaque. Je voulais l’amener au plaisir. J’accélérai mes va-et-vient. Je le suçais et le masturbais en même temps. Je sentais sa main me caresser les cheveux. J’étais comme ivre, j’aurais voulu l’avaler, que ma bouche fut plus profonde pour pouvoir le prendre en entier. Ses gémissements se firent plus forts et bientôt je sentis couler dans ma gorge le divin liquide amer. Je le bus avec délice jusqu’à la dernière goutte, j’étais au paradis.


Je me rallongeai à côté de lui. Il vint immédiatement entre mes jambes, écarta mes lèvres humides. Je sentis sa langue m’explorer, s’arrêter sur mon clitoris gonflé par le désir, repartir, s’introduire en moi, puis recommencer. Mon corps n’était plus qu’une quête du plaisir, je me laissais aller à l’extase naissante.


Quand il introduisit un doigt et me caressa divinement de l’intérieur, je me cambrai pour que cette caresse fût plus profonde encore. Je haletai, je gémissai. Sa langue, à présent, ne quittait plus mon clitoris, bientôt prêt à exploser de plaisir. Il mit un deuxième doigt en moi. Je me cambrai encore plus, ma respiration s’accéléra. Je sentais monter en moi un plaisir intense et violent au fur et à mesure des mouvements rapides de sa langue. Une onde électrique me parcourut tout le corps, mes gémissements devinrent des cris tellement l’orgasme fut puissant. Je retombai, essoufflée, dans les draps.


Je le regardai, il me souriait. Dans ses yeux semblaient brûler des flammes. Son pénis était à nouveau dur et énorme et j’étais ouverte, écartée, impatiente de le recevoir. L’orgasme qu’il venait de me donner n’avait fait qu’augmenter mon désir d’être à lui. Je sentis enfin son sexe énorme entrer en moi et commencer à bouger lentement. J’enserrais ses hanches avec ses jambes pour que sa pénétration fut plus profonde, j’accompagnais ses mouvements par autant de coups de reins, jusqu’à parfois les devancer et les faire s’accélérer. Il saisit alors une de mes jambes, la leva et la mit sur son épaule. Il fit de même avec l’autre. Il m’asséna alors de puissants coups de reins qui me déchiraient littéralement. Le plaisir arrivait, me submergeait, se retirait en laissant place instantanément à une autre vague. Mes cris couvraient le bruit des vagues sur la plage. Je m’agrippais aux montants du lit. Tout mon corps était tendu, je n’avais jamais connu un plaisir si intense. Bientôt, il me rejoignit dans cet orgasme et je sentis sa semence se répandre en moi tandis que ses cris de plaisir se mêlèrent aux miens.


Cet orgasme, au lieu de nous rassasier, avait attisé notre désir. Nous continuâmes à faire l’amour pendant des heures, on ne pouvait plus s’arrêter, le plaisir entraînant le désir et le désir, le plaisir. On n’avait de cesse d’être l’un à l’autre, de jouir encore plus. La moralité n’existait plus et je me vautrais avec délice dans la luxure avec lui. Jusqu’au moment où nous nous retrouvâmes épuisés et repus, le corps presque douloureux. Je reposais dans ses bras. Je me sentais bien et j’étais heureuse comme jamais je ne l’avais été auparavant.


Il choisit ce moment-là pour me dire ces mots qui me transpercèrent comme un poignard :



Et il commença son terrible récit :




« Je suis le propriétaire de cette demeure et je vivais à cette époque exquise où, quand on était issu de la noblesse, on avait tous les droits. Et, étant donné la fascination que j’exerçais sur la gent féminine, je menais une vie de débauche. La seule ombre au tableau était, hélas, que cette fascination était telle que bien souvent ces demoiselles ne voulaient plus me quitter. Mais, le monde étant peuplé de tant de créatures exquises, qu’il m’était inconcevable de me contenter d’une seule. Mais elles, elles me voulaient pour elles seules, elles voulaient me rendre heureux. Souvent, elles me disaient qu’elles désiraient rester avec moi toute leur vie, jusqu’à leur dernier souffle. Alors je décidai d’exaucer leur souhait. Et comme elles étaient encore dans l’extase, je les pourfendais en plantant ma dague dans leur corps trempé de sueur.

Au début, ce n’était que par pure nécessité, puis bientôt, je commençai à y prendre goût. Je prenais du plaisir à leur faire l’amour, et encore plus à transpercer ensuite leur corps, à entendre leurs cris, leurs suppliques pour que je les épargne et leur douleur. J’exultais de voir leur sang chaud gicler, m’inonder. »




Pendant qu’il me racontait tout cela, des visions effroyables passaient devant les yeux : des corps de femmes mutilés aux entrailles béantes, leur bouche tordue par la douleur, leurs yeux remplis d’effroi. Et le sang ! Oh tout ce sang ! Partout ! Je sentais son odeur. J’entendais leurs cris de douleur. Toutes ses innocentes victimes étaient là, autour de nous. Je sentais leur présence. Il continua son récit :




« C’était devenu ma drogue, j’avais besoin de cela, et de plus en plus souvent. Je faisais de plus en plus de victimes : filles de marin, filles de paysans, petites bourgeoises, peu m’importait, du moment qu’elles me donnaient du plaisir, en les baisant puis encore plus en les tuant, ce que je faisais en prenant un peu plus mon temps à chaque fois, les torturant et faisant durer leur agonie. J’étais d’une des plus puissantes familles du pays, je ne craignais ni Dieu, ni les hommes et rien ne pouvait m’arrêter. Du moins, c’est ce que je croyais, mais j’avais tort.


Un soir que j’étais seul, ma porte fut forcée par une horde de paysans qui avait été levés par cette horrible vieille femme dont j’avais tué la fille quelques semaines auparavant. D’abord ils me rouèrent de coups avant de me maîtriser. La vieille était hystérique, elle hurlait que j’étais un monstre, le diable en personne, que j’allais payer pour tous mes crimes. Elle voulait aussi que je rende tous les corps pour qu’ils puissent leur donner une sépulture et le repos éternel. Je lui dis donc qu’elle trouverait sa fille et toutes les autres catins au sous-sol, qui était devenu au fil du temps un vrai cimetière. Elle s’empara alors de ma dague encore rouge du sang de ma dernière conquête, la leva et, avant de l’abattre, proféra ces maudites paroles :



Et la sorcière me transperça le cœur !


Je me réveillai au matin, le corps intact de toute blessure ou traces de coups. La maison était en bon ordre et je me dis que tous les événements de la nuit précédente n’étaient en fait qu’un horrible cauchemar. J’étais en pleine forme et je décidai de partir en chasse. Mais, au moment de franchir la porte, je fus violemment propulsé en arrière, à travers le hall. Je me relevai et tentai à nouveau de sortir ; je fus repoussé de la même manière. Je recommençai une fois, deux fois, trois fois : impossible de la franchir. J’essayai toutes les autres issues de la maison et à chaque fois, il se produisit la même chose. Il ne me restait plus qu’à me rendre à l’évidence et cela m’anéantit. Je n’avais pas rêvé la nuit précédente, j’étais bel et bien prisonnier dans ma propre demeure !

J’errai ainsi plusieurs jours, en faisant de vaines tentatives de sortie. Ce fut alors qu’apparut l’homme noir. Il se présenta à moi comme étant le démon qui m’avait donné le goût du sang et me tint ce discours :



Et il disparut !


Depuis ce jour, beaucoup de femmes sont venues ici. Elles ont vécu ce que tu viens de vivre, je leur ai raconté ma vie, beaucoup se sont enfuies avant que je ne termine, terrorisées par les visions que leur donnait mon récit. Certaines, très peu, restèrent jusqu’au bout, mais aucune n’accepta de me donner sa vie. Voilà, tu sais tout, il ne te reste plus qu’à t’en aller maintenant ! »




Je le regardai droit dans les yeux et lui dis :



Son visage reflétait de la stupéfaction :



Je répétai doucement :



Il se releva, un sourire rayonnant sur les lèvres. Il tenait dans la main une dague au manche en argent serti de pierres précieuses. Il leva le bras et, quand il l’abaissa, je sentis la lame entrer dans ma chair. La douleur fut intense, horrible. Mais bien moins que celle que je ressentis quand il la tourna plusieurs fois dans la plaie béante avant de la retirer. Sans me laisser le moindre répit, il me redonna un autre coup, puis un autre et encore un autre. Mon sang giclait partout, recouvrant les draps, les voiles du baldaquin, les murs… Son torse, ainsi que son visage, sur lequel était dessiné une expression de joie intense, prirent bientôt une couleur pourpre. J’hurlais tellement la douleur était atroce. Mon corps se transformait en un amas de chair déchiquetée. Mes entrailles sortaient de mon ventre. Il y avait dans ma bouche le goût de mon propre sang. Il s’écoulait aussi de mon nez et de mes oreilles. Bientôt un voile rouge se mit devant mes yeux : mes larmes, elles aussi, étaient de sang. Quand il planta une dernière fois sa lame, dans mon cœur, tout devint noir.



* * * * *



Deux jours plus tard, des promeneurs retrouvèrent mon cadavre atrocement mutilé sur une plage déserte, devant une vieille bâtisse en ruine. Je fus la première d’une longue série de meurtres horribles, dont nous étions les auteurs. Les policiers enquêtèrent sans jamais trouver le moindre indice, la moindre piste d’un éventuel coupable et tous ces morts allèrent rejoindre la pile des dossiers non élucidés.


En lui donnant ma vie, je l’avais libéré de sa prison. Lui m’avait fait don de l’immortalité et de son goût du sang. La nuit venue, je partais en chasse, trouvais ma victime, me nourrissais de son plaisir, puis de son effroi et de sa douleur. Puis au petit matin, je rentrais le retrouver. Nous passions alors la journée à nous raconter nos aventures de la nuit et à faire l’amour. Nous restâmes quelques temps dans la maison de la mer puis, l’automne venant, nous décidâmes de partir à la conquête du monde.


J’étais heureuse. Avec lui pour l’éternité. Plus tout à fait vivants, mais pas encore morts pourtant. Monstres sanguinaires ne laissant sur notre passage qu’une rivière de sang et des corps en lambeaux… Amants maudits unis jusqu’à la fin des temps…