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01/12/05
Résumé:  Les conséquences d'une baignade innocente dans un étang de Sologne...
Critères:  fh bain forêt nudisme humour
Auteur : Gabi      Envoi mini-message

Concours : Stupéfiants secrets
Baignade interdite


Nous sommes à la mi-juillet, en début d’après-midi, et une jeune fille pédale joyeusement dans la forêt solognote.

Clothilde Fortiplot accuse, au moment où nous avons l’insigne honneur de faire sa connaissance, dix-huit printemps, trois mois, douze jours et quelques heures. Elle est grande et mince, mais avec des rondeurs harmonieuses, gracieusement réparties. Son visage aux traits réguliers est illuminé par deux grands yeux du plus joli vert et encadré par une abondante chevelure blonde, qui retombe élégamment sur les épaules.


Clothilde Fortiplot est la fille de Justine Fortiplot, elle-même fille de Marthe et de feu Aldebert Fortiplot.

Dame Marthe est l’une des personnalités les plus marquantes de Gorcy-Sainte-Frédégonde, charmante bourgade du pays solognot. Marquante d’abord par sa fortune, l’une des plus «coquettes» de la commune, mais aussi par la rigueur morale intraitable qu’elle impose à tous ceux que sa position sociale lui permet de torturer.

Dame Marthe est par ailleurs présidente du conseil d’administration de l’Institut "sainte Jeanne d’Arc", un pensionnat tenu par des religieuses et qui dispense un enseignement de qualité à des jeunes filles de bonne famille. C’est dans cet établissement que Clothilde, notre héroïne, vient, trois semaines auparavant, de décrocher brillamment un baccalauréat en section "Littérature".


Justine Fortiplot est une jeune femme charmante, mais d’une intelligence fort médiocre et surtout d’une grande faiblesse de caractère, faiblesse dont sa dominatrice de mère s’est abondamment servie pour asservir totalement la pauvre fille. Le seul «écart de conduite» de sa morne existence a eu pour cadre le grenier du presbytère et pour partenaire un touriste parisien de passage. Si le jeune séducteur n’avait même pas daigné laisser son prénom à Justine, il lui avait par contre fait cadeau «d’une petite graine», qui avait donné naissance à la charmante Clothilde.


Si Clothilde, qui avait eu la bonne fortune d’hériter du charme physique de sa mère, mais aussi et surtout de l’intelligence de sa grand-mère, avait brillé dans toutes les disciplines du cursus offert à ses pensionnaires par les dignes religieuses de l’Institut "sainte Jeanne d’Arc", c’était surtout dans le domaine musical que ses dons intellectuels s’étaient le plus révélés, et ce dès l’âge de quatre ans et demi.

Clothilde n’avait pas tout à fait treize ans lorsque, grâce à la générosité de la richissime châtelaine de Gorcy, la comtesse de Vaubuisson, on inaugura un splendide orgue dans la spacieuse église de la bourgade solognote. Clothilde, déjà excellente pianiste, se passionna immédiatement pour ce nouvel instrument.

Une organiste de grand talent, sœur Elizabeth, fut chargée de faire sonner comme elles le méritaient les grandes orgues de l’église, mais fut aussi chargée de l’éducation musicale de Clothilde. Et ce fut cette religieuse qui amena progressivement la jeune fille à un niveau lui permettant de se présenter, dans un mois, au concours d’orgue, clou du "Festival Musical" institué quelques six ans plus tôt par la comtesse de Vaubuisson.


Cette année d’ailleurs, le concours revêt un intérêt tout particulier, car la comtesse, que sa fortune autorise à être un important mécène des arts en général et de la musique en particulier, a réussi, pour la composition de la pièce originale écrite spécialement pour le concours, à s’assurer les services du célèbre Jules Charlin.


Jules Charlin est aussi connu pour ses nombreuses musiques de film, qui lui ont déjà valu deux Oscars et moult autres récompenses internationales, que pour l’étrange mystère qui entoure le personnage. En effet, le talentueux Jules est un misanthrope forcené, fuyant médias et grand public comme la peste. Aucune archive de presse ne possède même une photo de lui. On estime, de par les dates de ses premières œuvres, son âge autour d’une quarantaine d’années, mais on ne sait même pas si son patronyme, pourtant typiquement français, n’est pas le pseudonyme d’un artiste étranger.


Mais revenons à Clothilde, notre charmante héroïne, plus sympathique que le sombre et mystérieux Jules Charlin.


Si depuis la fin de l’année scolaire Clothilde consacre beaucoup de temps à la préparation du fameux concours, elle s’accorde néanmoins, en début d’après-midi, une récréation quotidienne qu’elle occupe rituellement par une trempette dans un petit étang très discret, situé au fin fond du très protégé domaine de Vaubuisson.

Au moment où nous retrouvons Clothilde, elle vient justement de franchir les imposantes grilles du domaine. Après un échange de civilité avec Auguste, le vieux gardien des lieux, elle dirige sa bicyclette vers l’orée de la vaste forêt privée qui ceinture le château. Alors qu’elle descend de sa fringante monture, elle aperçoit au loin un grand jeune homme, qui pourrait être plus attirant si sa mise était plus soignée.

En effet, un visiteur, qui ne saurait pas qu’il se trouve face au filleul de la châtelaine des lieux, pourrait aisément le prendre pour un jeune vagabond égaré dans le parc du château.


Marie-Sophie Gorcy de Mercantour, comtesse de Vaubuisson, est une alerte et dynamique sexagénaire, grand amateur d’art, et surtout de musique, mais aussi une brillante femme d’affaires. Étant dans l’incapacité physique d’engendrer une progéniture, elle a préféré rester célibataire, tout en accordant toujours un intérêt bienveillant à tous les enfants du voisinage, d’où l’autorisation donnée de longue date à Clothilde de venir s’ébattre dans les étangs de son domaine.


Jean-Marc Davoutier, son filleul, est le fils de l’une de ses cousines éloignées. Suite à un tragique accident de voiture, il s’est retrouvé orphelin à l’âge de onze ans et a été immédiatement adopté par sa marraine.

Malheureusement, la rumeur court que les espoirs de Marie-Sophie concernant son filleul ont été fortement déçus. La faute en reviendrait d’ailleurs à la comtesse elle-même qui, lui ayant prodigué une éducation trop laxiste, aurait encouragé le goût assez prononcé du jeune homme pour l’oisiveté chronique. Dame Marthe, toujours fort bien informée sur les secrets cachés des familles, avait même révélé à Clothilde que la comtesse avait pris ses dispositions pour que, après sa mort, Jean-Marc ne bénéficie que d’une modeste pension de survie et ne puisse ainsi dilapider la fortune des Vaubuisson.


Clothilde connaît bien Jean-Marc, pour l’avoir à de maintes reprises croisé dans le parc ou dans les couloirs du château, mais leurs relations, et ceci est peut-être dû au fait que le filleul de la comtesse a huit ans de plus qu’elle - donc 26 ans au début de notre chronique - n’ont jamais été que d’une cordialité un peu distante. C’est pourquoi, après un court instant d’hésitation, elle décide de poursuivre sa route, ne ressentant guère l’envie de perdre quelques secondes précieuses de sa récréation aquatique à papoter avec le jeune homme.


Elle atteint assez rapidement l’arbre contre lequel elle repose habituellement sa bicyclette, la dense végétation des abords de l’étang interdisant à la fidèle mécanique d’accompagner sa maîtresse jusqu’à destination. Avant de s’éloigner, Clothilde fouille dans ses sacoches afin d’en extraire son maillot de bain et sa serviette… pour, hélas, s’apercevoir que, dans sa précipitation, elle a oublié l’un et l’autre !

Si sa première idée est de rebrousser chemin pour aller quérir les accessoires manquants, elle réalise qu’une telle démarche ne lui laisserait ensuite qu’à peine le temps d’effectuer sa trempette habituelle. Il ne reste que deux solutions à son cornélien problème. La première est d’aller s’asseoir au bord de l’eau et de passer son temps de récréation à lancer des cailloux, cracher dans l’eau, ou s’intéresser aux us et coutumes des batraciens dont le petit étang possède une large population.


La deuxième solution est de se baigner… sans maillot. Certes, les principes inculqués par les religieuses et sa grand-mère sont fortement en défaveur d’une telle licence. Mais Clothilde qui, sans partager tous les excès de son aïeule, est quand même une jeune fille assez prude et peu encline à l’exhibitionnisme, sait très bien, pour en avoir fait l’expérience quotidienne, qu’elle est la seule à fréquenter cet étang. De plus, à force d’en avoir plusieurs fois fait le tour, elle connaît un endroit où elle risque encore moins qu’ailleurs d’être découverte à son insu.


Elle a repéré, lors de ses pérégrinations précédentes, une minuscule plage recouverte d’une herbe moelleuse, protégée par une telle densité de végétation qu’il n’est possible de l’atteindre qu’en rampant. De plus, à cet endroit, un immense et vénérable saule plonge ses feuillages très loin dans l’eau, délimitant ainsi une sorte de crique naturelle, où il sera aisé à la jeune fille de barboter sans risquer d’être surprise à son insu.


C’est d’ailleurs cachée par le tronc du saule que Clothilde entreprend de se débarrasser de ses vêtements. Ce strip-tease ingénu nous permet de découvrir les trésors que jusqu’ici l’héritière des Fortiplot nous avait cachés.

Une taille très fine s’évase sur un petit fessier à la rondeur parfaite. Une pilosité pubienne, blonde et peu fournie, permet de distinguer la naissance de lèvres bien charnues. Après avoir jeté un regard de connaisseur sur le galbe fort harmonieux des jambes, remontons plus haut, afin d’admirer la superbe poitrine dont les deux globes fermes se dressent fièrement, ornés de petits tétons roses des plus attendrissants.


Clothilde risque un œil vigilant hors de son abri puis, rassurée sur la solitude des lieux, elle s’avance délicatement jusqu’au bord de l’étang. Après avoir joui quelques instants du plaisir de sentir les chauds rayons du soleil sur sa peau, elle entre lentement dans l’eau fraîche, dans laquelle elle finit par plonger avec délectation.

Toujours masquée par les branches du saule, Clothilde s’éloigne un peu de la rive, afin d’atteindre une zone plus profonde où elle pourra nager plus à son aise. En effet, sa tenue actuelle - ou plutôt, pour être plus précis, son absence de tenue - lui procure une sensation tout à fait nouvelle et inconnue.

L’eau fraîche, qui circule librement sur la peau de Clothilde, lui procure un sentiment de libération des plus agréables. Elle se surprend même à écarter les cuisses, afin de permettre au revigorant liquide de caresser sa petite fente intime. C’est presque plus agréable que le jet de la douchette qu’elle promène distraitement sur cet organe sensible, lors de son bain du matin…


Sont-ce ses pensées, un peu perverses, qui l’ont amenée à nager plus loin qu’elle ne l’aurait souhaité ? En effet, elle s’aperçoit tout à coup qu’elle a atteint la limite de la zone protégée par les branches du saule. Alors qu’elle se prépare à faire demi-tour pour revenir vers des lieux plus discrets, elle aperçoit un objet insolite flottant sur l’eau. Et une inspection plus minutieuse lui permet de réaliser que cet objet insolite n’est autre que la tête d’un homme !

Sa première pensée est de bondir le plus rapidement possible hors de l’eau. Mais elle garde heureusement la tête froide et se rappelle à temps que sa tenue vestimentaire plutôt réduite lui interdit ce genre de réaction irréfléchie.



Cette courte phrase l’incite à faire ce que la panique l’a jusqu’ici empêchée de faire : regarder d’un peu plus près la tête flottant sur l’eau, afin de vérifier si l’identité de son propriétaire lui était ou non connue. Et elle reconnaît instantanément le baigneur solitaire.

Il s’agit de Jean-Marc, le filleul de la Comtesse de Vaubuisson.


Clothide, en accord pour une fois avec l’opinion de sa grand-mère et de nombreux autres résidents de Gorcy-Sainte-Frédégonde, avait jusqu’alors estimé que la tenue de Jean-Marc, et en particulier sa coiffure, ne faisait guère honneur à son élégante marraine. Or, elle est obligée d’admettre que l’eau, en plaquant sur le crâne les cheveux d’ordinaire hirsutes, rend le faciès du jeune homme nettement moins antipathique. Quant à sa tenue, qui doit, elle le devine, consister en un simple maillot de bain, elle ne peut en aucun cas être considérée comme négligée au milieu d’un étang !



Clothilde, que la situation oblige à dévisager Jean-Marc avec une attention nettement moins distraite qu’à l’accoutumée, remarque que ses yeux sont d’une jolie couleur bleue. Le sourire, qui dégage deux solides rangées de dents bien blanches, est un autre détail sur lequel Clothilde se repent de n’avoir pas jusqu’ici porté une attention plus soutenue.

Pourtant, et même si Clothilde est soulagée que son compagnon imprévu ne soit pas, ainsi qu’elle l’avait craint un instant, un vagabond égaré dans le parc, elle n’en est pas moins consciente que sa situation «vestimentaire» présente toujours quelque difficulté. Il ne lui reste donc plus qu’à attendre que le jeune homme se lasse le premier de la baignade.


Après un assez long silence meublé d’échanges de sourires, Clothilde estime qu’il serait opportun de suggérer au jeune homme la conduite qu’elle désire le voir adopter :



Apparemment, Jean-Marc semble mieux renseigné sur l’emploi du temps de Clothilde qu’elle ne l’est sur le sien. Intriguée, elle engage le dialogue. Et elle découvre que Jean-Marc, à qui l’on prête une souveraine indifférence à tout ce qui l’entoure, connaît beaucoup de choses sur le Festival et le concours.



Et Clothilde ne peut s’empêcher de penser que, si elle veut avoir une chance d’obtenir un résultat honorable face aux vingt-trois autres candidats, il va peut-être falloir qu’elle songe à aller travailler à l’église. Comme son sympathique interlocuteur ne semble pas vouloir interrompre son bain, elle finit par décider d’être plus explicite dans ses suggestions :



Une expression de surprise et d’incompréhension envahit les beaux yeux bleus du jeune homme :



Une ombre passe sur le visage de Clothilde. Se serait-elle fait, à cause de leur récente conversation, une opinion un peu fausse de son compagnon ? Ne serait-il pas seulement, comme le suggère Dame Marthe, un parasite inutile vivant au crochet de sa marraine, mais aussi un garçon à l’intellect un peu déficient ? C’est d’une voix qu’elle tente néanmoins de garder calme qu’elle lui répond :



C’est au tour de Clothilde d’afficher une expression presque aussi ahurie que celle de son compagnon et puis, d’un seul coup, un éclair illumine son esprit, et elle se met à rire un peu nerveusement :



Après un court silence un peu embarrassé, Jean-Marc finit par dire :



Est-ce la chaleur de cette belle journée d’été ? Est-ce le trouble dû à l’incongruité de leur situation ? Ou tout simplement le fait que Clothilde est une jeune fille normalement constituée, pubère depuis l’âge de treize ans, mais dont l’éducation «intime» a été quelque peu négligée ? Toujours est-il qu’elle ressent tout à coup un étrange désir l’envahir, désir qui lui provoque d’ailleurs une crispation soudaine au creux de l’estomac.


Si Clothilde connaît les grandes lignes des principes qui régissent la reproduction des vertébrés supérieurs - plus, il faut le reconnaître, par les échanges d’informations chuchotées en secret dans les recoins les plus discrets de la cour de récréation de l’Institut "sainte Jeanne d’Arc", que par les soins des religieuses du même établissement - il demeure encore de larges zones d’ombre dans cette connaissance, limitée et fragmentaire.


L’anatomie intime des messieurs est, par exemple, un sujet qu’elle maîtrise mal. Les statues antiques et les peintures de la Renaissance, ou les quelques bébés qu’elle a entrevus, ne lui en ont donné qu’une idée un peu décevante. À l’inverse, la photo, apportée par une camarade de collège, d’un homme équipé d’un poteau télégraphique entre les jambes, l’avait un tantinet effrayée, même si, après réflexion, elle avait fortement soupçonné la photographie d’avoir été «truquée».


Or, elle a là, sous la main - quasiment au sens propre du terme ! - une occasion de voir enfin ce que les hommes cachent si jalousement aux regards des demoiselles.

Et la pensée qu’un tel sujet d’étude lui est servi, de façon aussi imprévue, quasiment sur un plateau, lui provoque une certaine montée de température que la fraîcheur des eaux de l’étang ne peut que difficilement calmer.

La voix avec laquelle elle s’adresse à son compagnon est maintenant nettement moins assurée qu’elle ne l’avait été précédemment :



Ça, c’est ce qu’entend Jean-Marc. Ce qu’il n’entend pas, et que nous pouvons révéler à nos lecteurs, c’est ce que Clothilde se dit en son for intérieur :


«Non mais, t’es folle… Tu te rends compte de ce que tu viens de lui proposer ? De parader à poil devant lui. Même à ton confesseur, t’oseras jamais avouer ça !… Et pourtant, si tu veux que lui aussi en fasse autant, il n’y a guère d’autre solution. Quand tu t’es fait opérer de l’appendicite, il y a plein d’hommes, les médecins, les infirmiers… qui t’ont vue à poil… Alors, un de plus…»


Et comme elle sait que ce ne sont que de mauvaises raisons pour se donner bonne conscience et que, si elle hésite encore quelques secondes de plus, tous les principes inculqués depuis sa plus tendre enfance vont remonter à la surface et la faire se rétracter, elle se met résolument en marche vers le rivage.


«… Ça y est, mes seins sont sortis de l’eau. Alors, maintenant, ou bien je m’écroule dans la flotte, et j’ai l’air d’une gourde. Ou bien…»


Clothilde se retourne et tend la main vers son compagnon, qui la regarde avec une expression où se mêlent l’incompréhension et une certaine pointe de lubricité face à la magnifique poitrine, bien ferme et bien galbée, qui s’offre à son regard.



Après un léger temps d’hésitation, Jean-Marc se met en mouvement à son tour, mais avec peut-être un peu moins d’assurance que sa compagne.


Clothilde essaie de ne pas trop porter son regard vers ce qui est le seul objet de sa mise en scène un peu gauche mais, après avoir apprécié mentalement les belles épaules bien découpées et le ventre plat et musclé qu’une faible pilosité permet de mieux détailler, elle ne peut que darder un œil un peu concupiscent vers l’objet anatomique qui vient juste d’émerger des eaux sombres de l’étang.

Elle en est à la fois déçue et rassurée. Déçue parce que, si l’appareillage ainsi exposé est nettement plus gros que celui des bébés ou des statues antiques, il est loin d’avoir les dimensions impressionnantes de la photo de sa copine. Mais rassurée aussi, parce que cela confirme sa certitude que cette monstruosité était un trucage photographique, et qu’elle ne peut s’empêcher de penser qu’un tel balancier accroché au bas du ventre de Jean-Marc, non seulement aurait choqué son sens de l’esthétique, mais l’aurait certainement aussi un peu effrayée.


Jean-Marc, qui semble moins à son aise que Clothilde se force à le paraître, effleure à peine la main qu’elle lui tend, puis continue son chemin vers la petite clairière à l’herbe moelleuse, sur laquelle il s’écroule… malheureusement allongé sur le ventre ! Certes, Clothilde peut ainsi admirer tout à loisir le dessin harmonieux de son dos et de ses fesses, rondes et musclées, mais elle aurait aimé avoir le loisir d’une étude plus prolongée de ce qu’elle n’a que furtivement entrevu.

Jean-Marc, à qui cette nouvelle position, plus pudique, semble redonner confiance, se tourne vers Clothilde :



Clothilde, à laquelle la déception a ôté toute pudeur, s’assoit par terre, les jambes en tailleur, sans même réaliser que cette position permet à son compagnon d’avoir une vue plongeante sur ses trésors les plus intimes :



Après quelques instants d’une conversation un peu décousue, Clothilde prend la décision de clore là les festivités :



Clothilde est déjà debout et se dirige vers l’endroit où elle a déposé ses vêtements, lorsqu’une voix un peu hésitante lui répond :



Clothilde se retourne et regarde Jean-Marc d’un air intrigué. Quelque chose ne lui semble pas normal, pas clair, dans sa réponse.



Clothilde est debout, les jambes légèrement écartées, à moins d’un mètre du visage de Jean-Marc. Et il lui semble qu’il évite de la regarder.

Et comment, qu’il évite de la regarder !… Il suffirait qu’il lève les yeux pour embrasser d’un seul regard les jolies petites lèvres duveteuses et la superbe poitrine en contre-plongée… De quoi perturber n’importe quel mâle de 26 ans normalement constitué !




Clothilde est assez déçue. Elle avait eu jusqu’ici l’impression que le jeune homme appréciait sa compagnie autant qu’elle appréciait la sienne. Alors, pourquoi la rejette-t-il comme ça, tout à coup… et surtout de cette façon étrange, inexplicable.

Elle le voit alors glisser une main furtive sous son ventre, puis la ressortir tout aussi rapidement, et une de ces fameuses conversations, chuchotées au fond de la cour de récréation, lui revient soudain en mémoire. Elle hésite, car elle n’est pas habituée, même entre filles, à utiliser un vocabulaire aussi cru, mais elle se lance néanmoins :



Au moins, cette phrase, dont l’incongruité lui fait monter le rouge aux joues, a le mérite de faire réagir le jeune homme. Il la regarde, à la fois surpris et, semble-t-il, un peu choqué. Clothilde a tout à coup peur de passer pour une dévergondée, et elle s’empresse de le rassurer en bafouillant :



Comme Jean-Marc reste toujours sans voix, elle continue :



Jean-Marc la regarde longuement puis il dit :



Il se lève assez rapidement - trop rapidement au goût de Clothilde - et il est à peine debout qu’il a déjà masqué sa fière virilité et qu’à grandes enjambées il se dirige vers le saule. C’est alors qu’il est déjà baissé pour passer sous le lourd feuillage qu’il dit :



Clothilde, qui n’a pas eu l’hypocrisie de tenter de cacher la direction de son regard, a quand même eu le temps d’apercevoir - trop furtivement à son gré ! - le bel objet, fièrement dressé et, si elle se souvient bien des explications de ses copines, il lui a même semblé que l’extrémité du gland pointait un peu sa frimousse rose hors du capuchon préputial !


Jean-Marc revient bientôt. Comme à l’accoutumée, il porte un tee-shirt publicitaire et un vieux jean. Il reste pieds nus, ses mocassins à la main. Clothilde, perdue dans ses rêveries érotiques, a été plus lente dans son rhabillage et finit seulement d’attacher son soutien-gorge.


Ils sont maintenant sur le petit sentier qui mène à l’endroit où Clothide a laissé son vélo. Après quelques pas en silence, Clothilde lui prend machinalement la main. Le jeune homme se laisse faire. Elle lui demande :



Un temps, puis Clothilde enchaîne :



Jean-marc sourit :



Clothilde ne peut s’empêcher de rire :



Jean-Marc lui sourit :



Clothilde a failli répondre «Je sais», mais elle se retient, ne voulant pas qu’il comprenne que dame Marthe est au courant des secrets les plus intimes de sa famille.

Ce n’est que lorsque la silhouette de Jean-Marc disparaît au détour du sentier, sur lequel elle a engagé son vélo, que Clothilde comprend qu’elle est tombée amoureuse de Jean-Marc, comme n’importe laquelle des héroïnes un peu niaises des romans à l’eau de rose qu’elle a eu l’occasion de lire… en cachette de sa grand-mère !


Et c’est ainsi que les deux jeunes gens prennent leurs habitudes quotidiennes. Clothilde découvre rapidement que, si le plumage de ce bel oiseau laisse parfois un peu à désirer, le contenu de sa sympathique et avenante caboche n’est pas en rapport avec sa mise un peu négligée. Et elle révise ainsi les affirmations sentencieuses de sa grand-mère.

Pour dame Marthe, en effet, non content d’être mal fagoté, le filleul de la comtesse est un nigaud de la plus belle eau.

Or, à la surprise ravie de Clothilde, il n’en est rien. Non seulement elle peut, avec lui, disserter de musique presque aussi bien qu’avec sœur Elizabeth, mais elle peut aussi aborder tous les sujets les plus divers.

Si, bientôt donc, les deux jeunes baigneurs se découvrent une belle harmonie spirituelle et intellectuelle, leur communion de pensée ne s’arrête pas au cerveau, mais descend nettement plus bas que les sourcils !…


Quelques premiers baisers, un peu furtifs, évoluent rapidement vers des choses nettement plus sérieuses. Des caresses manuelles on en vient rapidement aux caresses buccales. Et, enfin ! le délicat petit orifice intime de Clothilde s’ouvre généreusement pour accueillir le bel objet qu’elle avait tant admiré lors de leur première séance de bronzette…

Et comme les joies de la maternité sont un peu prématurées pour être à l’ordre du jour, il leur faut bien envisager une protection contraceptive. Jean-Marc, auquel son âge et son expérience donne une meilleure connaissance de ces accessoires, surtout face à une jeune fille dont la seule éducation sexuelle est le fruit de conversations furtives dans un recoin de la cour d’un digne établissement religieux, se fend d’une fastidieuse explication technique. Celle-ci amène une petite grimace de dégoût sur les lèvres sensuelles de Clothilde :



Heureusement, il reste une solution de rechange ! Et c’est ainsi que, par une belle après-midi ensoleillée, sous le regard, surpris mais dénué de tout jugement moral, d’un écureuil perché sur un arbre voisin, Clothilde découvre les joies de l’une des formes de plaisir intime les plus vivement condamnées par notre sainte mère l’Eglise.

Pourtant, ce n’est pas par une réflexion de honte et de repentir que cette excellente élève de dignes et respectables religieuses commente l’expérience :



Si Clothilde est maintenant totalement comblée dans sa vie intime, elle l’est aussi dans sa vie artistique. Même sœur Elizabeth, critique sévère s’il en est, se doit de reconnaître que les progrès de sa jeune élève sont surprenants, surtout en ce qui concerne l’œuvre finale du concours, celle écrite par le mystérieux Jules Charlin que nous avons brièvement évoqué au début de cette chronique.


Or, ce talentueux compositeur, qui n’est jusqu’ici pour Clothilde que le nom inscrit sur la couverture de sa partition, va prendre dans la vie de la jeune fille une importance nettement plus envahissante.


Dans le but de flatter au maximum sa fierté de grand-mère le jour du concours, dame Marthe a envoyé ce soir-là sa petite-fille au salon de coiffure de la place de la Mairie, afin qu’elle y subisse un toilettage complet.

Dans ce temple de la permanente et du bigoudi, la seule lecture offerte à la clientèle est un assortiment de ce que l’on range habituellement sous le vocable générique de «magazines féminins». Faute de mieux, Clothilde y jette un œil distrait et un peu ennuyé.

Elle est prête à abandonner totalement une lecture aussi indigente lorsque, sur la couverture d’un magazine récent, son œil est attiré par un nom qu’elle connaît bien, celui de Jules Charlin.

Elle tourne rapidement les pages jusqu’à l’article incriminé. Cet article est l’interview d’une certaine Marilyne, mannequin de son état. Une photo en pleine page permet aux lectrices de remarquer que cette jeune femme possède tout ce qu’il faut, là où il faut, pour attirer l’œil de l’homme le plus blasé.


Cette Marilyne explique donc, à la journaliste qui l’interroge, qu’elle a rencontré le mystérieux musicien dont la traque est l’obsession de tous les paparazzis de la planète. La rencontre, qui remonte à la fin du mois de mai, a eu pour cadre une propriété de la Côte d’Azur, où une figure marquante de la jet-set avait invité quelques amis judicieusement sélectionnés. Le soir, un jeune avocat, apparemment sous l’emprise d’une forte dose d’alcool, avait confié à Marilyne que le jeune homme à l’allure de vagabond sans-le-sou qui se faisait appeler Pierre, était en réalité le fameux et célèbre compositeur Jules Charlin. Et l’avocat avait même ajouté que ledit musicien, non content d’engranger de colossaux droits d’auteur avec ses musiques de films à succès, était aussi l’héritier d’une immense fortune.


Marilyne, faisant preuve d’un opportunisme assez remarquable, alors qu’elle n’avait prêté jusque là qu’une attention plus que distraite au peu reluisant jeune homme, opte pour un changement complet d’attitude à son égard. Malheureusement pour elle, le jeune homme était loin d’être aussi nigaud qu’il n’y paraissait au premier abord, et il avait vite compris les raisons qui avaient poussé ce fort séduisant mannequin, qui avait tous les mâles de la réception à ses pieds, à s’intéresser tout à coup à un être insignifiant, mal habillé, mal coiffé, mal rasé.

Marilyne conclut ses confidences en expliquant que son ami avocat, une fois dessoûlé, lui avait expliqué que l’une des raisons de la misanthropie forcenée de son ami «Pierre» était justement qu’il désirait par-dessus tout rencontrer un jour une femme qui l’aime pour lui-même, pour sa personne, et non pas pour son génie ou pour son argent,… ou pour les deux conjugués !


La lecture de cet article a provoqué un étrange malaise chez Clothilde. Elle sait qu’il est on ne peut plus fréquent que des starlettes en mal de publicité prétendent avoir été la maîtresse secrète de tel ou tel artiste fort connu. Mais, outre que la jeune Marilyne avoue humblement ne pas avoir «consommé» le fameux musicien, plusieurs détails évoqués dans cet article ne peuvent que troubler notre jeune héroïne.


D’abord, ce qui peut paraître surprenant, vu les dates de ses premières œuvres, Jules Charlin serait beaucoup plus jeune qu’on ne le prétendait jusqu’ici. «Entre vingt-cinq et trente ans» explique le mannequin. Cet âge pourrait donc très bien être de vingt-six ans. Et puis, le mystérieux «Pierre» est brun aux yeux clairs, bien bâti, mais d’une mise plus que douteuse. S’il est un musicien de génie, il est aussi l’héritier d’une grande fortune… Fortune qui pourrait bien, pourquoi pas, provenir d’une marraine qui serait devenue sa mère adoptive…


Cette nuit-là, dans l’intimité de son lit, Clothilde tourne et retourne dans sa séduisante caboche tous les arguments en faveur, mais aussi ceux, tout aussi nombreux, en défaveur des soupçons extravagants qu’a initiés en elle sa lecture du salon de coiffure.


Après avoir tergiversé toute la matinée, elle en est arrivée, à l’heure de son rendez-vous quotidien avec le jeune homme, à estimer qu’il valait mieux garder pour elle des suppositions aussi saugrenues, plutôt que de risquer de se couvrir de ridicule en les exposant à son amant. Malheureusement pour elle, l’amant en question est, comme tous les amoureux du monde, très sensible à tout changement d’attitude de l’être aimé.

Dès les premières minutes de leurs retrouvailles, il perçoit qu’un problème inhabituel tracasse sa tendre amie. Après avoir malhabilement nié une telle possibilité, Clothilde finit par craquer :



Le visage de la jeune fille s’illumine soudain, car elle croit avoir trouvé le moyen de tester son amant, sans lui dévoiler ses soupçons… qu’elle estime de plus en plus être stupides et non fondés.



Elle interrompt brutalement les compliments qu’il avait sur les lèvres :



Clothilde s’attendait à ce que le nom de cette revue n’amène qu’une expression d’incompréhension sur le visage de son ami. Or, c’est une expression un peu soucieuse qui assombrit les traits fins et réguliers :



La stupeur de Clothilde augmente encore lorsque Jean-Marc continue :



Clothilde trouve enfin la force… et l’opportunité… de placer une parole :



Jean-Marc prend son air un peu penaud de jeune garçon surpris la main dans le pot de confiture :



La réponse à cette question ne fut pas une longue tirade littéraire, mais un long baiser amoureux.


Ce ne fut que quelques longues - très longues - minutes plus tard que, aussi nue qu’il l’était lui-même, et lovée contre son torse musclé, Clothilde eut enfin l’explication du mystère.


Comme elle-même, Jean-Marc s’était montré, dès son plus jeune âge, très doué pour la musique. Sauf que, dans son cas, c’est vers la composition que s’était très tôt porté son intérêt. Tant et si bien qu’il avait éveillé l’intérêt d’un vieil ami de sa marraine, directeur d’une société de production cinématographique. Et c’est ainsi qu’à l’âge de treize ans, Jean-Marc avait composé sa première musique de film.

C’était la comtesse de Vaubuisson qui, sachant le jeune garçon très fragilisé psychologiquement par le décès tragique de ses parents, avait demandé à ce qu’il restât anonyme. Mais c’était Jean-Marc lui-même qui avait trouvé le pseudonyme de Jules Charlin. Charlin était le nom de jeune fille de sa mère, et Jules venait de Marie-Julie, prénom de sa grand-mère maternelle.


Arrivé à un âge où il aurait pu revendiquer la paternité de ses œuvres, il avait préféré garder l’anonymat qui lui permettait de mener une vie plus sereine.

Sœur Elizabeth était une amie d’enfance de la mère de Jean-Marc. C’est donc lui qui l’avait fait nommer à la tribune de l’église de Gorcy.


Si Jean-Marc avait, pour ainsi dire, vu naître Clothilde, il ne s’était, jusqu’à ce qu’elle devienne l’élève d’Elizabeth, pas plus intéressé à elle qu’il ne s’intéressait aux autres gamins qui venaient régulièrement goûter au château. Elle avait déjà quatorze ans lorsqu’Elizabeth lui avait pour la première fois parlé de Clothilde et de ses dons musicaux. Mais, pendant les deux années suivantes, Jean-Marc avait beaucoup voyagé et avait un peu oublié la jeune organiste.


Clothilde avait donc seize ans lorsque Jean-Marc l’avait revue… et il était instantanément tombé amoureux d’elle. Cependant, fidèle au principe qu’il s’était fixé, il ne voulait pas que la jeune fille tombât amoureuse du musicien de génie, mais bien du personnage qu’il avait forcé sa marraine à donner de lui, celui du filleul gentillet mais peu présentable.

D’autre part, Jean-Marc désirait aussi attendre que Clothilde soit majeure et qu’elle puisse donc répondre en adulte aux avances du jeune homme.

Pour donner un petit coup de pouce au destin, c’était Jean-Marc qui avait suggéré à Elizabeth et à sa marraine de décider dame Marthe à inscrire Clothilde au concours d’orgue. Enfin, c’est en pensant à elle qu’il avait écrit la pièce originale du concours. Jean-Marc était ensuite venu régulièrement, toujours en secret, écouter Clothilde travailler pour donner ensuite des conseils d’interprétation à sœur Elizabeth…


Jean-Marc regarde Clothilde qui le dévisage avec amour.



Clothilde sourit :



Lorsque Jean-Marc reprend sa respiration après le long et fougueux baiser que sa toute nouvelle fiancée vient de lui donner, c’est pour conclure son récit :



Clothilde, qui a obtenu un très honorable troisième prix avec "Mention Spéciale du Jury", doit partir dès le lendemain pour un voyage aux États-Unis en compagnie de Jean-Marc. En effet, Jules Charlin a quelques rendez-vous discrets à Hollywood. Dame Marthe, que l’on a bien entendu omis de mettre dans le secret de la véritable identité du jeune homme, ne comprend toujours pas pourquoi sa petite-fille a tout à coup décidé d’épouser ce garçon insignifiant, peu présentable et que, personnellement, elle trouve un tantinet bêta. Mais, la comtesse lui ayant affirmé que l’avenir financier du jeune couple était assuré, elle a dû faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Clothilde est venue faire ses adieux à sa mère et, accessoirement, à sa grand-mère. Au moment où elle s’apprête à franchir le seuil de la maison, dame Marthe ne peut retenir son humeur :



Dame Marthe évite, par un haussement d’épaules significatif, de donner son opinion sur certaines lois laxistes de la République :



Clothilde n’en peut plus : elle a envie d’aller rejoindre l’homme qu’elle aime, mais elle veut auparavant s’offrir ce dont elle rêve depuis toujours, c’est-à-dire la joie d’avoir enfin le dernier mot avec son acariâtre aïeule :



Comme elle l’a prévu, sa grand-mère, pour la première fois depuis que Clothilde est en âge de s’exprimer, ne trouve rien à répondre. Alors qu’elle sort de la maison et se dirige vers la voiture dans laquelle des domestiques du château empilent les valises qu’elle a préparées, la jeune fiancée entend la voix timide de sa mère demander :